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Société - Page 258

  • Belgique coloniale : Commission Vérité et réconciliation, un accord politique à la belge?

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    Vérité et réconciliation 70fcb77e6349f4467edd7227baa73222-1593630026.jpgConstituée, de façon discutable et discutée, dans le sillage international encore plus discuté du mouvement politique radical des Black Lifes Matter, cette commission parlementaire belge a pour prétention d’instruire le procès de la gestion du Congo par le Roi Léopold II (de 1885 à 1908) puis du Congo (1908-1960) et du Ruanda-Urundi (1923-1962) par la Belgique mais le drame transfrontalier des guerres ethniques post-coloniales s’est rapidement invité à la table des débats pour en faire dévier l’objet initial.

    C’est ce que constate ici un billet de Colette Braekmann, pour conclure : « Mais en Belgique, la vérité du fait colonial est-elle réellement cachée ? Et n’a-t-on pas confondu les revendications de la diaspora africaine, qui se réclame de l’héritage colonial, avec les sentiments des Congolais eux-mêmes ? En ce moment déjà, on constate beaucoup de divisions et de mécontentement : parmi les Rwandais, au sein des Belges ayant vécu au Congo et dont les associations n’ont pas été écoutées, sans parler des Congolais du Congo qui ne se sentent pas représentés et au sein de la diaspora elle-même… Vous avez dit réconciliation ? » JPSC :

    « Les accords de non belligérance entre les partis politiques belges, surtout s’ils viennent enfin de former une large coalition gouvernementale, valent sans doute plus que les chances de succès d’une commission qui, à propos de la colonisation, porte un nom déjà difficile : Vérité et réconciliation. En effet, alors que l’on s’attendait à une discussion de fond, portant entre autres sur la présence, parmi les experts, de Mme Laure Uwase, une avocate d’origine rwandaise, la réunion entre les parlementaires qui feront partie de la commission et les experts chargés de préparer le travail a été assez rapidement « expédiée » et aucun vote n’a été réclamé. L’historien Pierre- Luc Plasman (UCL) ayant présenté sa démission, arguant du manque de temps, comme avant lui un autre expert incontestable Guy Van Temsche, (VUB) une place s’est libérée au sein du groupe des experts. Ce qui a permis à Ecolo Groen et à Wouter De Vriendt qui préside la commission de proposer d’inviter, aux côtés de Laure Uwase, un historien rwandais, en l’occurence Paul Rutayisire (université de Kigali). Il ne faut pas être grand devin pour supposer que cette proposition sera déclinée, tant la présence de Mme Uwase est problématique. En effet, cette jeune avocate, fortement soutenue par le CDNv avait été invitée à la place de Filip Reyntjens (université d’Anvers). Ce dernier connaît incontestablement le Rwanda, mais il est très marqué par son hostilité radicale au Front patriotique rwandais. Mme Uwase, membre de l’asbl Jambo, n’est ni experte ni historienne et au sein du groupe d’experts elle assure le lien avec la diaspora africaine. Même si, en principe, son ascendance familiale ne devrait pas être une raison éliminatoire, il se fait qu’après un quart de siècle seulement ce facteur pèse encore très lourd aux yeux des victimes du génocide : son père, Anastase Nkundakozera,en Belgique depuis 1997 a comparu in absencia devant les tribunaux gaçaça, (ce que Jambo dément). Plus largement, l’asbl Jambo recrute largement au sein de la « deuxième génération », c’est-à-dire les enfants des auteurs du génocide réfugiés arrivés en Belgique à la fin des années 90 et n’a jamais démenti les thèses révisionnistes. Si une pétition rédigée par Jambo et soutenant Mme Uwase a recueilli 1124 signatures, d’autres lettres ouvertes ont pesé tout aussi lourd, le Parlement rwandais a protesté, l’asbl Ibuka représentant les victimes du génocide a refusé de participer à la commission et on peut douter de la venue d’un historien rwandais. La présence de Mme Uwase au sein du groupe d’experts est cependant, avant tout, une histoire belgo- belge : voici une semaine, la charge la plus dure contre elle a été menée par le député Anseeuw, ( NVA). Non pas au nom de l’ethnicité mais parce que, globalement, son parti est hostile à une commission qui pourrait faire le procès de la colonisation. Et lorsqu’il s’est agi de trancher, le suffrage des députés représentant l’actuelle majorité gouvernementale a été fondé sur le principe de l’équilibre ethnique entre Hutus et Tutsis. Même si on sait où a mené cette démarche.

    Le député George Dallemagne, dont le parti Cdh n’a pas droit de vote au sein de la commission, se montre déjà très critique, même si, selon le président Wouter Devriendt (Groen), les travaux de la commission avancent bien. Dallemagne rappelle que « la commission dite Vérité et Réconciliation a été créée dans la foulée du mouvement de protestation aux Etats Unis, Black Lifes Matter. Mais en Belgique, la vérité du fait colonial est-elle réellement cachée ? Et n’a-t-on pas confondu les revendications de la diaspora africaine, qui se réclame de l’héritage colonial, avec les sentiments des Congolais eux-mêmes ? En ce moment déjà, on constate beaucoup de divisions et de mécontentement : parmi les Rwandais, au sein des Belges ayant vécu au Congo et dont les associations n’ont pas été écoutées, sans parler des Congolais du Congo qui ne se sentent pas représentés et au sein de la diaspora elle-même… Vous avez dit réconciliation ? »

    Bref, un échec prévisible mérité pour un procès téméraire.

    JPSC

  • RTB(F) : une politisation inscrite dans les gènes de la radio-télévision de service public

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    De Paul Vaute sur le blog "Le Passé belge" :

    Service public et militantisme à la RTB(F)

    La politisation était inscrite dans les gènes de la radio-télévision de service public. Le pluralisme y a consisté en un partage d’influences entre les partis. Quand ceux-ci ont perdu un peu de leur emprise sur l’information, ce fut au profit d’un certain vent soixante-huitard , qui a soufflé sur tous les médias (1960-1977)

     L’épisode est resté célèbre. Le 26 mars 1955, une manifestation interdite a été néanmoins organisée pour la défense de l’enseignement catholique contre les projets scolaires portés par le ministre socialiste Léo Collard. Alors que 100.000 personnes défilent dans les rues de Bruxelles, l’INR, ancêtre de la RTBF et de la VRT, est sommée par le cabinet de l’Intérieur de diffuser à plusieurs reprises, notamment au journal parlé de 13 heures, un communiqué ministériel affirmant « qu’il n’y a pas eu de manifestation à Bruxelles » ! L’incident donnera lieu à plusieurs interpellations parlementaires.

       Ce n’est pas la première fois que la question de l’influence du politique sur le secteur audiovisuel est posée en Belgique. Et elle va rebondir souvent, jusqu’à nos jours inclus. Les travaux de Jean-Claude Burgelman (Vrije Universiteit Brussel) ont montré l’ampleur de ladite influence, même si elle ne fut pas la seule à s’exercer. Flore Plisnier, archiviste aux Archives générales du Royaume, traite en profondeur des problèmes du pluralisme, de l’autonomie et de la tutelle dans un ouvrage issu de sa thèse de doctorat, défendue en 2017 à l’Université libre de Bruxelles [1]. La chercheuse a elle-même inventorié les sources en provenance de la place Flagey ou du boulevard Reyers. Son étude s’étend plus précisément sur les années RTB (après l’INR et avant la RTBF), soit de 1960 à 1977.

    Lire la suite sur "Le Passé belge"... mais retenons déjà la conclusion de cette étude :

    Le paysage a-t-il changé depuis ? En partie oui, l’extrême gauche ayant perdu une grande partie du terrain. Demeure en revanche une doxa très largement socialisante, écologisante, laïciste, libertaire… qui ne singularise d’ailleurs pas la seule RTBF. Selon la dernière enquête nationale sur les journalistes belges, menée par des chercheurs des Universités de Bruxelles, Mons et Gand, la majorité d’entre eux, exactement 58,4 %, se positionnent à gauche de l’échiquier politique, contre seulement 26 % au centre et 15,6 % à droite. On ne relève pas de différences sur ce plan entre Flamands et francophones. Une autre étude, menée en 2013, allait plus loin encore, concluant que 80 % des journalistes belges se réclament de la gauche. Pour expliquer ces proportions, qui ne reflètent absolument pas les rapports de force existant au sein de l’électorat ou de la population en général, il faudrait au moins une autre thèse de doctorat.

  • Fratelli tutti : le pape François ou la vertu d’utopie

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    Tanouarn ob_2dcd16_paris-8.jpgAutre point de vue, autre regard:  lu sur le site web « aleteia » cette analyse de l’abbé Guillaume de Tanoüarn, membre fondateur de l’Institut traditionaliste du Bon Pasteur et animateur du Centre culturel Saint-Paul :

    « Comment « changer le cours de l’histoire en faveur des pauvres » ? Loin du rationalisme des Lumières, explique l’abbé de Tanoüarn, auteur du “Prix de la fraternité”, le grand dessein du pape François est de montrer que les hommes doivent découvrir leur unité à travers la conscience retrouvée d’une foi naturelle commune.

    Le pape François a choisi de mettre sa troisième encyclique, Fratelli tutti, comme la précédente, Laudato si, sous le signe de saint François d’Assise. Il invoque celui qu’il a choisi comme patron dans le ministère apostolique et il exalte « son cœur sans limites, capable de franchir les distances liées à l’origine, à la nationalité, à la couleur ou à la religion » (n. 3). Il me semble que d’emblée il dévoile ses batteries. L’encyclique commence par François d’Assise et se conclut par une évocation du bienheureux Charles de Foucauld, celui qui, dans son désert, voulait être « le frère universel ». On sent bien, à travers cette double référence que le premier objectif du pape François est de présenter l’Église catholique comme « la sœur universelle » justement, celle qui accompagne tout être humain, aussi bien le migrant sans papier que le mâle blanc hétérosexuel, dont on dit aujourd’hui tant de mal. Cette encyclique, qui comporte tout un chapitre de réflexion sur la parabole du Bon Samaritain, unit étroitement la charité et la politique jusqu’à les identifier : « La charité, écrit le pape François, est le cœur de l’esprit de la politique » (n. 187). 

    Lire aussi :

    Fratelli tutti : l’encyclique de la fraternité et de l’amitié sociale

    L’amitié politique

    Autant que de fraternité, il entend donc nous parler d’« amitié politique » conformément au sous-titre de son encyclique . Qu’est-ce que l’amitié politique ? Un concept qui provient d’Aristote, repris par saint Thomas d’Aquin et que l’on peut identifier à une autre expression souvent utilisée dans l’encyclique : celle du bien commun. C’est à ma connaissance la première fois qu’un pontife se montre aussi ambitieux dans sa description du bien commun politique mondial. Pour lui, l’Église a une mission politique, qui n’est pas la mission pragmatique des hommes politiques, mais une sorte d’aiguillon, qui les pousserait à aller plus outre : « Si l’Église respecte l’autonomie du politique, elle ne limite pas sa mission au domaine privé » (n. 276) déclare François. Et il ajoute, rappelant que toute société doit faire sa place à Dieu : « Lorsqu’au nom d’une idéologie on veut expulser Dieu de la société, on finit par adorer les idoles. L’homme s’égare lui-même, sa dignité est piétinée, ses droits violés » (n. 274). Non à la société sans Dieu ! Non au libéralisme qui fait bon marché de toutes valeurs qui n’est pas marchande : François est ici très proche du discours ecclésial antilibéral du XIXe siècle. Certes il ne parle pas de libéralisme mais d’individualisme, ici par exemple : « L’individualisme indifférent et impitoyable n’est-il pas le résultat de la paresse à rechercher les valeurs les plus élevées, qui, elles, sont au-dessus des besoins et des circonstances » (n. 209).

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  • Eglise de Belgique : un état des lieux peu réjouissant...

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    Extrait du Rapport 2019 de l'Observatoire des Religions et de la Laïcité (ORELA) (Université Libre de Bruxelles) sur LES RELIGIONS ET LA LAÏCITÉ EN BELGIQUE

    (L'extrait reproduit ci-dessous ne comporte pas les nombreuses notes en bas de page qui y figurent et que l'on pourra consulter en ouvrant le PDF.)

    "ÉTAT DES LIEUX DE L’ÉGLISE DE BELGIQUE

    Depuis le milieu du XXe siècle, la diminution de la pratique dominicale et des vocations alimente un discours sur la crise de l’Église catholique. En 2018, le prêtre ouvrier Jacques Meurice en faisait le constat : « Les paroisses sont désertées, des églises sont à vendre, les séminaires ferment, les couvents se vident et se transforment en maisons de repos, les religieux et religieuses de différents ordres ou congrégations fusionnent. Il n’y a plus que les brasseries monastiques qui sont en pleine expansion et parfois jouent un rôle social régional qui n’est pas négligeable. »

    Mais face à des chiffres que personne ne conteste, l’Église catholique reconfigure tant sa gestion que ses activités, pour s’adapter à de nouvelles manières d’être catholique. Ainsi, si le nombre absolu de baptêmes effectués chaque année décroit (44 850 en 2018), le phénomène des baptêmes à l’âge adulte est en augmentation depuis 2010. En 2018, 219 catéchumènes de plus de 13 ans ont reçu le baptême, et 369 adultes ont reçu la confirmation. La participation à la messe dominicale concerne environ 2,6 % de la population âgée entre 5 et 69 ans (238.298 participations à l’Eucharistie au troisième dimanche d’octobre 2018), mais d’autres pratiques religieuses se maintiennent et se créent.

    Des initiatives pastorales naissent pour répondre à de nouvelles demandes, comme un « ThéoBar » qui a ouvert à Bruxelles pour accueillir des rencontres avec des « témoins inspirants » à destination des jeunes, ou la transformation de l’église du Béguinage à Bruxelles en « House of Compassion » pour une période d’essai de trois ans, un projet visant à « proposer une nouvelle manière de faire communauté au cœur de la ville et aux côtés des plus pauvres ».

    Des manifestations comme la « bénédiction des motos », à Jette, rencontrent toujours beaucoup de succès, tout comme la première « Nuit blanche solidaire » organisée à Bruxelles à l’occasion des Journées mondiales de la Jeunesse. Les principaux sanctuaires belges de Scherpenheuvel, Banneux, Beauraing et Oostakker ont réuni 1.547.500 pèlerins en 2018.

    À côté de ces quêtes d’une forme de spiritualité, le patrimoine religieux demeure assurément source d’intérêt. 48 lieux de retraites spirituelles à travers le pays ont comptabilisé 227.279 nuitées en 2018, les cathédrales ont attiré 2.853.040 visites touristiques, et les monastères ont à nouveau ouvert leurs portes aux étudiants pendant le blocus. De l’avis des historien·ne·s du catholicisme, on assiste depuis cinquante ans à une transformation du monde catholique belge et de ses institutions, qui fondent désormais leur identité sur un socle de valeurs communes partagées, et non plus sur des rites et des croyances. Ce passage d’un catholicisme d’église à un catholicisme socio-culturel concerne une grande partie de la population et des institutions formant le « pilier chrétien », qui ont pris leurs distances avec l’Église belge. Au niveau de la pratique religieuse et du rapport à l’institution ecclésiale, l’incidence de la génération a été largement démontrée. Les chiffres les plus récents le confirment : le nombre de jeunes se disant catholiques en Belgique est très faible (22 % selon un rapport de la St Mary’s University Twickenham et de l’Institut catholique de Paris, basé sur les chiffres de l’European Social Survey 2014 et 2016), et seulement 2 % d’entre eux se disent pratiquants.

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  • France : jeudi noir pour le droit à la Vie

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    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    08.10.2020

    JEUDI NOIR À L’ASSEMBLÉE NATIONALE POUR LE DROIT À LA VIE

    Ils l’ont fait ! Ce jeudi matin, 8 octobre, par 102 voix contre 65, les députés ont voté en première lecture l’extension de 12 à 14 semaines de grossesse (16 semaines d’aménorrhée) du délai légal de l’IVG. Le prétexte est toujours celui d’ « entraves au droit des femmes », alors que la France, avec 232 000 IVG en un an (soit environ une pour trois naissances), bat ses propres records d’avortements depuis trente ans (NB : moins de 100 000 en Allemagne). L’après-midi de ce même jeudi noir, la majorité LREM de l'Assemblée nationale s’employait à mettre fin aux spectacles d'animaux sauvages dans les cirques ambulants et des numéros de dauphins ou d'orques, au nom de la « souffrance animale ». Ainsi les mêmes qui veulent interdire les spectacles de cirque pour mettre un terme à « la souffrance animale », autorisent l’élimination d’enfants à naître, quitte à leur broyer le crâne en raison de leur développement après 12 semaines. Fermement opposé à cette extension à 14 semaines de l’IVG, le Collège national des gynécologues-obstétriciens français (CNGOF) s’alarme de la « forme d’indifférence des parlementaires à la réalité de gestes qu’ils ne connaissent pas ».

    Cette proposition de loi (texte à l'initiative des parlementaires à ne pas confondre avec un projet de loi, à l’initiative du gouvernement) a été portée par la députée du groupe EDS (Écologie, démocratie, solidarité) et ex-LREM Albane Gaillot. Soutenue par l'ensemble de l'opposition de gauche, elle embarrasse le gouvernement. Selon Le Canard enchainé, le président serait « furieux » que ce « débat de société » ait été abordé « en catimini » à l’Assemblée nationale. Non certes en raison de convictions pro-vie qui lui seraient soudainement advenues, mais du désir de sauver les apparences d’un positionnement politique « modéré », et de l’effet qu’il redoute sur le corps médical si ce texte homicide était définitivement adopté en seconde lecture, au terme de la navette parlementaire entre les deux chambres. De nombreux gynécologues et sages-femmes vont en effet refuser d’accomplir un acte qui s’apparente clairement à un infanticide. Quoiqu’obligés par ce texte à communiquer « immédiatement » à l'intéressée « le nom de praticiens susceptibles de réaliser cette intervention », ce qui constitue une grave atteinte à la liberté de conscience à laquelle s’opposent le Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (SYNGOF) et le Conseil national de l'ordre des médecins, ces médecins et sages-femmes pourraient néanmoins toujours faire prévaloir pour eux-mêmes leur droit à ne pas pratiquer l’IVG au nom de la clause de conscience générale prévue à l'article R. 4127-47 du code de la santé publique. Concrètement, loin d’avoir l’effet « libérateur » affiché par les promoteurs, cette extension de la pratique de l’IVG pourrait aboutir à l’entraver, comme l’a souligné le Collège national des gynécologues-obstétriciens français (CNGOF).

    Politiquement, ce vote de l’article 1er de la proposition de loi trahit la faiblesse du gouvernement. Le groupe LREM a choisi de s’émanciper en soutenant majoritairement la proposition de loi d’EDS. Sur les 74 députés marcheurs présents au moment du vote de cet article 1er, 56 ont voté pour, 12 contre, et 6 se sont abstenus. Déstabilisé, le gouvernement cherche à temporiser. Olivier Véran, le ministre de la Santé, invoquant un « avis de sagesse », a annoncé une saisine du gouvernement auprès du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) « en raison des risques sanitaires potentiels pour la femme qui va avorter entre 12 et 14 semaines ». Le CCNE doit rendre son avis courant novembre, avant le passage du texte au Sénat. Du CCNE, on peut s’attendre à un avis mi-chèvre, mi-chou. Finalement, cet « avis de sagesse » n’est qu’un dispositif à la Ponce-Pilate destiné pour le gouvernement à afficher des réserves sans se mettre en porte-à-faux avec sa majorité en peau de chagrin. C’est ainsi qu’au cœur de l’été, Olivier Véran avait déjà laissé voter l’extension de l’interruption médicale de grossesse (IMG) permettant un avortement jusqu’au terme ultime de la grossesse en cas de « détresse psychosociale », alors qu’elle ne figurait pas dans le projet de loi de bioéthique du gouvernement (cf. LSDJ n°1030).

  • Québec : 26 lieux de culte "requalifiés"

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    De François Gloutnay sur Présence (site canadien d'information religieuse) :

    Des églises bientôt converties en musées, salles de concert et centre des congrès

    Le Conseil du patrimoine religieux du Québec vient de dévoiler la carte interactive des 26 lieux de culte qui recevront cette année une subvention du nouveau programme qu'il gère et qui vise la requalification des lieux de culte patrimoniaux excédentaires. 

    2020-10-06

    Si les résultats des études de faisabilité commandées sont positifs, une vingtaine d'églises du Québec pourraient devenir, dans les prochains mois, sinon les prochaines années, des centres multifonctionnels, un lieu de mise en valeur de la villégiature et de la pêche au saumon, un atelier communautaire artistique, une salle de concert, un musée d'art social et même un centre régional des congrès.

    Le Conseil du patrimoine religieux du Québec vient de dévoiler la carte interactive des 26 lieux de culte qui recevront cette année une subvention du nouveau programme qu'il gère et qui vise la requalification des lieux de culte patrimoniaux excédentaires.

    C'est la ministre de la Culture et des Communications Nathalie Roy qui a annoncé, le jeudi 3 septembre 2020, l'octroi d'une somme de 5 M$ à ce programme afin de «donner une seconde vie à d'anciens lieux de culte et [de] redonner leur accès aux citoyens».

    Les propriétaires de quatre lieux de culte ont ce jour-là appris qu'ils se partageront la moitié de cette somme afin de mener à terme leur projet. Les municipalités de Saint-Ubalde, de Saint-Vallier et de Saint-Mathieu pourront ainsi transformer leur église locale en centre multifonctionnel grâce à des subventions respectives de 540 000 $, 680 000 $ et 561 465 $. De son côté, la Corporation d'innovation et de développement économique des Îles-de-la-Madeleine pourra convertir l'église Saint-André de Cap-aux-Meules en un incubateur d'entreprises grâce à un octroi de 626 812 $.

    Les projets de requalification de vingt-deux lieux de culte ont aussi obtenu des subventions plus modestes (une moyenne de 24 000 $). Les promoteurs de ces projets pourront réaliser des études techniques et se doter d'un plan d’affaires avant d'entreprendre la transformation des lieux de culte qu'ils convoitent.

    La municipalité de Saint-André-d'Argenteuil souhaite, par exemple, transformer l'église anglicane Christ Church en musée. Le Domaine Forget de Charlevoix voudrait de son côté convertir l'église Saint-Irénée en lieu de diffusion et d'enseignement de la musique et de la danse. Quant au Centre d'action bénévole de Port-Cartier, il entend établir ses nouveaux bureaux dans l'église Saint-Alexandre.

    Plusieurs municipalités québécoises ont aussi entrepris des études afin de vérifier combien il leur en coûterait pour transformer l'église locale en bibliothèque ou en salle de spectacle.

    À Percé, les élus municipaux rêvent plutôt d’édifier un Centre des congrès à l’intérieur de l'église Saint-Michel. À Saint-Hyacinthe, le conseil municipal réfléchit à la faisabilité d'un musée d'art social à l'intérieur de l'église Notre-Dame-du-Rosaire. La Corporation du patrimoine religieux de Rivière-du-Loup veut, de son côté, entreprendre des démarches afin de trouver une nouvelle vocation à l'église Saint-François-Xavier, fermée au culte depuis janvier 2020 en raison de problèmes structurels.

  • Chanoine de Beukelaer : Que penser du port du voile, moi qui porte publiquement un signe vestimentaire religieux, soit le clergyman ?

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    Habillement clergé : la simple élégance du clergyman

    Une fois établi que le voile est un marqueur religieux, comment répondre à la question de son port - ou non - dans l’espace public ? Une contribution externe du chanoine Eric de Beukelaer dans « La Libre Belgique » de ce jour :

    « Alors que la pandémie charrie de nombreuses polémiques sur le port du masque, voici que le port du voile est débattu dans diverses communes de la périphérie bruxelloise. Face à cet enjeu, la plupart de nos formations politiques sont mal à l’aise. La question est, en effet, délicate. De surcroît, elle divise les politiciens progressistes entre une tendance universaliste et une aile particulariste. La première est plutôt hostile au port de signes religieux au nom de l’égalité et de la laïcité, alors que la seconde défend le port du voile, en ce compris derrière un guichet d’administration, afin d’encourager la représentation sociale d’une communauté économiquement précarisée.

    Poser le débat

    Pour prendre part au débat, il s’agit de d’abord en poser les termes. Je sais bien que nos grands-mères se couvraient la tête jusque dans les églises, mais il ne s’agit pas de cela. Le voile est aujourd’hui devenu un marqueur d’identité religieuse pour nombre de femmes musulmanes. Argumenter qu’il n’est qu’une banale coiffe en tissu est donc inadéquat. Si demain, je m’essuie les pieds en public sur le drapeau belge, en arguant qu’il ne s’agit somme toute, que d’un bout d’étoffe, personne ne me prendra au sérieux. Tout drapeau est un symbole et mon acte sera lourd de sens. Il en va de même pour le voile, la kippa ou l’habit ecclésiastique. Ce ne sont pas de simples pièces de vêtements, mais des marqueurs symboliques. Ne pas le reconnaître est fausser le débat.

    Une fois établi que le voile est un marqueur religieux, comment répondre à la question de son port - ou non - dans l’espace public ? Quand une question ne me concerne pas personnellement (car c’est un fait établi : je ne suis pas une femme musulmane), je tâche d’y répondre en me l’appliquant à moi-même. Ceci est d’autant plus aisé que j’ai fait le choix, en tant que prêtre catholique, d’également porter publiquement un signe vestimentaire religieux, soit le clergyman. Je juge, en effet, qu’il est enrichissant pour notre société que la dimension spirituelle dont témoigne le prêtre, puisse s’exprimer sans honte et ce, jusque dans l’espace public. De manière similaire, je n’ai donc rien à redire quand une femme musulmane, ou un juif observant, porte paisiblement en rue le signe de son appartenance religieuse. Imaginons cependant que dans un pays où il n’y a pas de financement des cultes, je devienne fonctionnaire pour gagner ma vie… Admettrait-on que je porte le clergyman durant mes heures de travail ? Et si - fort de ma formation en droit - je suis nommé magistrat, accepterait-on de me voir siéger, habillé en ecclésiastique ? S’il n’y a rien à redire quant au port d’un signe religieux dans l’espace public, il existe selon moi des endroits où la neutralité de l’État enjoint la retenue. Celui qui y exerce une fonction doit s’abstenir d’y afficher ses convictions.

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  • Dans l'ombre de Trump : Mike Pence, le "bon soldat"

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    De Nicolas Bérubé sur le site de La Presse (Canada) :

    Mike Pence, le bon soldat dans l’ombre de Trump

    Le vice-président doit se tenir prêt à prendre la tête du pays

    Responsable du groupe de travail de la Maison-Blanche sur le nouveau coronavirus, le vice-président Mike Pence pourrait devoir assumer les fonctions de la présidence, si la santé de Donald Trump devait se détériorer davantage.

    Dans le livre A Soldier of the Great War, l’auteur Mark Helprin raconte l’histoire d’un jeune soldat de la Première Guerre mondiale qui devient un héros à un moment-clé de l’histoire de l’Europe.

    Mike Pence, qui a déjà affirmé qu’A Soldier of the Great War était son roman favori, pourrait à sa façon devoir devenir un héros dans l’histoire surréelle d’octobre 2020 aux États-Unis.

    Le vice-président de 61 ans devrait assumer les fonctions de la présidence, si la maladie de Donald Trump venait à l’empêcher de gouverner. Le test de COVID-19 subi par Mike Pence s’est avéré négatif vendredi.

    « Trump est vivant et est toujours le porte-étendard, alors Mike Pence serait loyal s’il devait remplacer Trump pendant quelques semaines, ou quelques mois », explique en entrevue téléphonique Jaime A. Regalado, analyste politique et professeur émérite de sciences politiques à la California State University.

    Pratiquement tous les politiciens républicains ont peur de prendre des décisions qui iront à l’encontre de ce que Trump veut, dit-il.

    Avec Pence, on se retrouverait avec un adulte dans la pièce, si vous voulez, mais il devrait aussi faire attention de ne pas décevoir la base qui appuie Trump.

    Jaime A. Regalado, analyste politique

    Michael LaBossiere, auteur et spécialiste des théories du savoir à la Florida A&M University, note que le style de gouvernance risque de changer.

    « Pence ne déclenchera pas des tempêtes sur Twitter, sa rhétorique sera plus cohérente et moins extrême, dit-il. Pence semble aussi à l’aise de ne pas être tout le temps sous les projecteurs. En bref, les choses seront très calmes. »

    Mais les différences entre les politiques implantées par Pence seront « minimes », dit-il.

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  • Fratelli tutti : une encyclique très politique du pape François sur la fraternité universelle

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    fratelli-tutti.jpgEn la fête du « Poverello » d’Assise, le pape François publie ce dimanche 4 octobre une très longue (270 pages!) encyclique intitulée «Tous frères». Première réaction à chaud de Jean-Marie Guénois sur le site web du « Figaro » :

    « C’est le texte le plus politique du pape François: une lettre encyclique intitulée «Fratelli tutti», «Tous frères» avec ce sous-titre «Sur la fraternité et l’amitié sociale», publiée le 4 octobre, où il pourfend «le racisme», un «virus qui mute», certaines «formes de nationalisme» fondées sur «le repli sur soi (...), des attitudes xénophobes, le mépris», le «populisme malsain» qui «cache le mépris des autres» et les «visions libérales individualistes» et leurs «intérêts économiques effrénés» fondé sur «le dogme de foi néolibéral», alors que «la grande question, c’est le travail» pour tous.

    Il s’agit, au contraire, de construire une  «autre logique» par une «bonne politique» non guidée par la seule économie. Une politique «noble» dont «l’âme serait la charité sociale» ou «l’amour social», en vue d’une «société fraternelle» où les «migrants» notamment et les plus pauvres doivent avoir leur «droits» où qu’ils soient.

    Une société où « les mouvements populaires rassemblant des chômeurs, des travailleurs précaires» doivent donc avoir leur «place» pour une «économie populaire et de production communautaire». Ce sont en effet des «poètes sociaux» qui doivent édifier une «politique sociale» non pas «vers les pauvres» mais «avec les pauvres».

    S’appuyant sur la parabole du Bon Samaritain, le pape estime par conséquent «inacceptable» que des chrétiens fassent «prévaloir certaines préférences politiques» qui n’iraient pas dans ce sens car «la dignité inaliénable de chaque personne» surpasse «son origine, sa couleur, sa religion» et institue «la loi suprême de l’amour fraternelle». Le pape parle même de «mystique de la fraternité» qui a pour finalité la «fête de la fraternité universelle».

    François insiste en particulier - et de façon nouvelle - sur trois points précis:

    Sur les frontières tout d’abord. Les «limites et les frontières des Etats ne peuvent pas s’opposer» à l’arrivée d’un migrant car il n’est pas un «usurpateur». Ainsi «personne ne peut être exclu, peu importe où il soit né» puisque «chaque pays est également celui de l’étranger». Il est donc «important d’appliquer aux migrants arrivés depuis quelque temps et intégrés à la société le concept de ‘citoyenneté’» et «renoncer à l’usage discriminatoire du terme ‘minorités’». En effet, «les migrants, si on les aide à s’intégrer, sont une bénédiction, une richesse, un don qui invitent une société à grandir».

    Sur la «propriété privée» ensuite, François rappelle qu’elle n’est pas exclusive mais elle est «secondaire» et donc relative à sa «fonction sociale» d’aider les plus pauvres. Il y a une «subordination de toute propriété privée à la destination universelle des biens de la terre et par conséquent, le droit de tous à leur utilisation».

    Troisième nouveauté, déjà évoquée dans des discours mais confirmée dans cette encyclique, la notion de «guerre juste». Elle n’est plus pensable et François demande de transformer les budgets d’armement, en un «fond mondial» de lutte contre la faim. «Nous ne pouvons plus penser à la guerre comme une solution, du fait que les risques seront probablement toujours plus grands que l’utilité hypothétique qu’on lui attribue. Face à cette réalité, il est très difficile aujourd’hui de défendre les critères rationnels, mûris en d’autres temps, pour parler d’une possible guerre juste. Jamais plus la guerre». Ce qui suppose «l’impératif» de «l’élimination totale des armes nucléaires» au titre d’un «objectif ultime».

    Une encyclique inspirée par le grand imam du Caire

    Autre originalité de cette encyclique - dans la tradition catholique, une encyclique synthétise l’enseignement d’un pape sur une question précise, ici le social et le politique - elle a été inspirée par la pandémie mondiale du Covid-19 mais aussi, révèle François, par le grand imam du Caire, Ahmad Al-Tayyeb, cité à cinq reprises au fil des 270 pages. Ils avaient rédigé ensemble un appel commun, à Abou Dhabi (Emirats Arabes Unis) en février 2019 qui est reproduit à la fin du texte. Dans ce cadre, le pape remet d’ailleurs en cause la «violence fondamentaliste» dans «l’une ou l’autre religion» sans accuser l’islamisme.

    C’est sur le tombeau de Saint François, à Assise, apôtre de la pauvreté sous lequel François a placé son pontificat lors de son élection le 13 mars 2013, que le pape a signé symboliquement cette troisième encyclique, samedi 3 octobre dans l’après-midi. La précédente encyclique de François, «Laudato Si» a été publiée il y a cinq ans, elle portait sur l’écologie. »

    Ref. L’encyclique très politique du Pape sur la «fraternité»

    JPSC

  • L'ex-directrice d'une clinique d'avortement se confie

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    D'Antoine Pasquier sur le site de Famille Chrétienne :

    Les confidences de l’ex directrice d’une clinique d’avortement qui a inspiré le film Unplanned

    1/10/2020

    Le film Unplanned, diffusé en France à partir du 1er octobre, s’est inspiré de l’histoire vraie d’Abby Johnson, ancienne directrice d’un planning familial au Texas devenue une farouche opposante à l’avortement. Depuis, 550 autres employés ont suivi son exemple. Entretien.

    Le film « Unplanned » sort en France cette semaine. Pourquoi avez-vous accepté de raconter votre vie dans un film ?

    Eh bien, ce n’était pas prévu ! J'ai été approchée par les réalisateurs après qu’ils aient lu mon livre intitulé, lui aussi, « Unplanned ». Ils voulaient en faire un film. J'ai accepté leur proposition après avoir beaucoup prié parce que je pense que ce film peut (et a déjà) apporté beaucoup de guérison et contribué à sauver de nombreuses vies.

    Quand avez-vous changé d'avis sur l'avortement ?

    Au moment précis où, lorsque je travaillais au Planning Familial, j'ai vu ce bébé bouger sur l'écran de l’échographie juste avant son avortement. J'ai alors réalisé que la vie humaine existe dans l'utérus et que l'avortement tue cette vie.

    Êtes-vous une autre personne depuis que vous avez changé de camp ?

    Je suis une autre personne grâce à Dieu. Cela a été un long cheminement avec Lui, et même si je n’ai pas perdu l’essentiel de ma personnalité lorsque je suis devenu pro-vie, j’ai changé d’une manière significative grâce à Lui.

    Qui vous a aidé à quitter le Planning Familial ?

    Les membres de la Coalition for Life au Texas ont été d'une aide considérable. C’est seulement quand j’ai quitté Planned Parenthood (le Planning familial américain, NDLR) que j'ai découvert que beaucoup de gens priaient pour mon départ. Leurs prières ont été exaucées.

    D'autres femmes ont-elles suivi votre exemple en abandonnant le Planning Familial après avoir découvert la vérité sur l'avortement ?

    Mon ministère au sein de ATTWN (And Then There Were None), un mouvement d’anciens salariés du Planned Parenthood, a aidé plus de 550 employés de cliniques d’avortement à quitter leur travail. Donc oui, beaucoup ont suivi mes traces !

    Qu'est-ce qui choque le plus les anciens employés dans les pratiques du Planning Familial ?

    Outre les terribles conséquences de l'avortement lui-même, les anciens employés du Planned Parenthood découvrent vraiment comment l'industrie de l'avortement traite les femmes, comment elles les poussent à avorter et leur disent qu'elles ont besoin de l'avortement pour réussir dans la vie. C'est un énorme mensonge. Et les nombreuses révélations des cliniques et des médecins de l'avortement eux-mêmes – comme l'utilisation de médicaments périmés, le manque de personnel médical approprié à la clinique ou le refus d'appeler des ambulances lorsque la vie d'une femme est en danger – démontrent à ces employés que l'industrie de l'avortement ne se soucie que de l'argent, et rien d’autre.

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  • En son âme et conscience, le cardinal Barbarin reconnaît ses erreurs

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    Lu sur cathobel.be :

    Livre du cardinal Barbarin

    Le cardinal Barbarin livre sa vision de l’affaire Preynat

    « J’ai voulu rétablir la vérité et aussi dire à toutes les victimes que je continue de prier pour elles », a expliqué le cardinal Philippe Barbarin à l’occasion de la parution de son nouveau livre « En mon âme et conscience » sorti en librairie le 1er octobre 2020.

    Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque émérite de Lyon, revient sur quatre ans de tempête médiatico-judiciaire autour de l’affaire Preynat du nom de ce prêtre coupable d’abus sexuels sur mineurs.

    « La cour d’appel a clos le débat: je n’étais pas coupable de ce dont on m’accusait. J’ai voulu rétablir la vérité et aussi dire à toutes les victimes que je continue de prier pour elles », explique le cardinal dans un entretien au quotidien La Croix .

    « Mon nom est devenu symbolique de la pédophilie », raconte le cardinal. »Je suis encore pris à partie dans les gares, sur les quais de métro… Parce qu’un prêtre pédophile, c’est le scandale extrême. Je comprends la colère des gens contre l’Eglise. Que je ne sois plus archevêque de Lyon, c’était majeur. Et légitime. »

    Le prélat reconnaît ses erreurs:« Pourquoi n’ai-je pas été plus rapide et incisif avec Preynat ? » Il revient aussi sur le combat judiciaire. « La justice oblige à écouter l’autre. J’avais déjà beaucoup écouté les victimes. Au tribunal, j’ai encore appris. Quand mon avocat a dit aux victimes: ‘Vous vous rendez compte que le cardinal Barbarin est traîné dans la boue depuis trois ans ?’, Didier Burdet a répondu: ‘Oui, c’est vrai, mais vous rendez vous compte que nous souffrons depuis trente et quarante ans ?’. Je m’en souviendrai toujours ».

    Une fin très violente

    Revenant sur sa démission de sa charge d’archevêque de Lyon, le cardinal parle d’une fin extrêmement violente. « Pendant dix-sept ans, j’ai fait corps avec ce diocèse, j’y ai tellement donné, célébré, accompagné de jeunes, ordonné de prêtres ! », relève le cardinal. « C’est aussi la fonction de l’évêque de payer pour tout le monde. Il fallait que je parte, c’est bien pour Lyon », conclut-il.

    « En mon âme et conscience » ne comporte pas de grandes révélations. En trois cents pages, le cardinal livre sa vérité, après avoir été emporté dans un tourbillon médiatique, avant d’être innocenté par la justice. Il se répète bouleversé par le fléau des abus sexuels et espère que le combat mené par l’Eglise aidera à lutter dans les autres structures, notamment dans les familles.

    Lire également : https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/religions-le-cardinal-barbarin-rompt-son-silence-6996478

  • Espagne : les jeunes se détournent massivement de la foi catholique

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    De Xavier Le Normand sur le site du journal la Croix :

    Les jeunes espagnols se détournent de plus en plus de la foi

    Les faits 

    Selon une étude parue mercredi 30 septembre, de plus en plus de jeunes espagnols se désintéressent de l’enseignement religieux à l’école. De même, ils sont bien plus nombreux que leurs aînés à se déclarer athées ou agnostiques.

    01/10/2020

    Aux termes des accords signés en 1979 entre le Saint-Siège et l’Espagne, tout juste sortie de la dictature franquiste, les écoles du pays doivent obligatoirement offrir aux élèves la possibilité de suivre un enseignement religieux dans leurs locaux. La sélection des professeurs et de la définition des programmes sont assurées par les évêques. Quant aux élèves, ils doivent impérativement choisir entre cette matière – qui est notée comme les autres – ou un autre enseignement.

    Mais, cet équilibre très favorable à l’Église catholique est actuellement remis en cause par la majorité de gauche au pouvoir, qui voudrait rendre cet enseignement totalement facultatif. Âprement défendu par l’épiscopat, cet enseignement intéresse cependant de moins en moins les jeunes espagnols.

    Selon un rapport de la fondation catalane Ferrer i Guàrdia présenté mercredi 30 septembre à la presse locale, 36 % des élèves du primaire et 42 % des élèves du secondaire ont choisi pour l’année scolaire 2017-2018 (les derniers chiffres disponibles) un enseignement alternatif, des chiffres en augmentation. Au total, le nombre des élèves qui ont suivi l’enseignement de religion entre 2013-2014 et 2017-2018 a connu une baisse de 8 %.

    La pratique divisée par deux en 15 ans

    Pourtant, l’Église catholique ne ménage pas ses efforts en recrutant toujours plus de professeurs de religion, dont le nombre a augmenté de plus d’un tiers sur la même période. Ainsi, pour l’année scolaire 2013-2014 il y avait 7,3 professeurs de religion pour mille élèves, contre 10,6 pour l’année 2017-2018. Ces enseignants étant payés par l’État pour les établissements publics ou sous-contrat, il y a fort à parier que ces chiffres devraient renforcer les arguments du camp gouvernemental.

    Ce désintéressement des jeunes pour l’enseignement religieux se manifeste également dans le rapport des Espagnols à la foi : plus ils sont jeunes, plus ils sont susceptibles de se déclarer non-croyant. Plus de la moitié des 18 à 24 ans se déclare athée ou agnostique, quand seulement 10 % des plus de 65 ans déclarent n’avoir pas de religion. Ainsi, en 15 ans, le nombre de catholiques pratiquants a été divisé de moitié.

    Pour l’Église catholique, cet éloignement de la foi a des conséquences très concrètes puisque les Espagnols peuvent choisir de lui verser une partie de leur impôt sur le revenu. Ils étaient ainsi 37 % à le faire en 1998, contre seulement 12 % en 2016. Une baisse importante, qui a toutefois permis de recueillir cette année-là pas moins de 232,7 millions d’euros.