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Société - Page 430

  • Mon corps, mon choix ?

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    D'Iris Bridier sur aleteia.org :

    Mon corps, mon choix ?

    Aujourd’hui l’avortement passe pour un droit acquis aux yeux de la société. Dans son premier roman, Clotilde Merza, assistante sociale, soulève la question de la liberté du choix face à une grossesse non prévue.

    Entre l’image du « tueur à gages » employée par le Pape François rappelant qu’on ne règle pas un problème en supprimant une vie humaine, le débat télévisé récent sur l’avortement et la réaction immédiate de Marlène Schiappa « J’ai rappelé à Cyril Hanouna que l’entrave à l’IVG est un délit », ou le Planning familial militant pour le rallongement à 20 semaines du délai légal de l’avortement pour s’aligner sur nos voisins européens, la défense de la vie reste un sujet brûlant d’actualité.

    Loin de tout discours idéologique, une assistante sociale s’est inspirée directement de son expérience professionnelle  pour soulever la question de la liberté intérieure. Dans son premier roman, Un pas en avant deux pas en arrière, Clotilde Merza montre « ce qui se passe sur le terrain » et explique « que l’on nous endort gentiment en n’osant plus s’interroger sur les raisons qui conduisent à l’avortement. La femme s’imagine qu’un de ses droits durement acquis est en danger, sans même se demander ce qu’il représente ou engendre pour elle dans sa vie. »

    Un roman novateur

    Alors elle met en scène deux femmes, l’une adolescente et l’autre se croyant ménopausée, toutes deux confrontées à une grossesse imprévue. Le ton, rappelant à certains égards celui de Bridget Jones, est volontairement léger pour rendre plus accessible un sujet grave, sans pour autant nier la réalité de l’acte.

    Clotilde Merza souhaite sensibiliser l’opinion aux pressions matérielles et normes sociales qui pèsent sur les épaules de celle qui n’a pas désiré être enceinte. « Comment faire un choix à quinze ans lorsque tout le monde nous dit qu’on est trop jeune et qu’on n’y arrivera pas ? Et pourtant on ne cessait de me répéter que j’étais libre de choisir, que c’était mon corps et que je faisais ce que je voulais. Mais étais-je libre de penser autrement, différemment d’eux ? » s’interroge Claire, la jeune protagoniste.

    Outil pédagogique

    N’en déplaise aux féministes, l’homme, trop souvent déresponsabilisé dans la prise de décision, retrouve sa juste place sous la plume de Clotilde Merza. Invité à se désengager par le slogan « Mon corps, mon choix, mon droit », le futur papa peut aussi parfois, se sentir concerné et soutenir la maman. Véritable outil de réflexion pour des solutions alternatives, ce roman plein d’espérance et de surprises nous interroge sur la place de l’imprévu dans une société de la parfaite maîtrise. Une ode à l’amour de la vie et à la vérité qui rend libre…

    Un pas en avant deux pas en arrière, par Clotilde Merza, éditions des Béatitudes, 137 pages, 12 euros.

  • France : 175 associations de soignants et bénévoles disent non à l'euthanasie

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    De Benoît Pénicault sur le site de l'hebdomadaire Famille Chrétienne :

    Vidéo - 175 associations de soignants et bénévoles disent non à l'euthanasie

    Représentant plusieurs milliers de bénévoles en soins palliatifs, le collectif La vie pas la mort s'est créé pour dire non à l'euthanasie. Ils publient sur leur site internet un liste de 12 raisons de s'opposer à l'euthanasie ainsi qu'une vidéo rappelant leur attachement à la vie et leur volonté de l'accompagner dignement jusqu'à son terme.

  • Liège (cathédrale), 1er décembre à 20H00 : Veillée pour la Vie

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    Photo de Claire Junker.

    Veillée pour la Vie à la Cathédrale de Liège

    QUOI? Une belle veillée de prière pour la Vie, faite de chants, d'intentions, etc.

    ? Nous prions en communion avec des milliers de paroissiens. En effet des centaines d'autre veillées auront lieu au même moment dans le monde. 

    POUR QUI? Pour tous !!

    POURQUOI? Pour répondre à l'appel de Saint Jean-Paul II, du Pape Benoit XVI et du Pape François à prier ensemble pour la vie menacée des enfants à naître ou des personnes âgées, pour les couples en désir d’enfant ou les familles qui accueillent un enfant portant un handicap, 
    En bref, pour soutenir tout particulièrement les plus faibles et les plus vulnérables d'entre nous.

    Plus d'infos sur les veillées pour la Vie : https://www.veilleespourlavie.org/

    Soyons nombreux à nous rassembler lors de cet événement annuel et n'hésitons pas à inviter largement!

  • L’Eglise : ni sainte, ni catholique ?

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    Le site « didoc » reprend cet  article du professeur Miguel Pastorino publié dans  « aleteia »

    « En 1969, Joseph Ratzinger, à l’époque théologien, écrivait dans son œuvre « Introduction au christianisme » un bref chapitre sur l’Église qui commençait d’une manière qui peut nous paraître quelque peu familière actuellement.

    putaindebabylone.jpg« Parlons également de ce qui nous accable de nos jours. N’essayons pas de le cacher ; aujourd’hui nous sommes tentés de dire que l’Église n’est ni sainte, ni catholique… L’histoire de l’Église est remplie d’humains corrompus. Nous pouvons comprendre l’horrible vision de Dante qui voyait monter dans la voiture de l’Église les prostituées de Babylone, et nous comprenons les terribles mots de Guillaume d’Auvergne (XIIIe siècle), qui affirmait que nous devrions trembler face à la perversion de l’Église : « L’Église n’est plus une épouse, mais un monstre effrayant, difforme et sauvage… »

    La catholicité de l’Église nous semble tout aussi problématique que la sainteté. Les partis et les batailles ont divisé la tunique du Seigneur, ont divisé l’Église en de nombreuses Églises qui prétendent être, de manière plus ou moins vive, la seule vraie et unique Église. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui l’Église est devenue pour de nombreuses personnes l’obstacle principal à la foi. On ne peut voir en elle que la lutte pour le pouvoir humain, le misérable théâtre de ceux qui, avec leurs affirmations, veulent absolutiser le christianisme officiel et paralyser le réel esprit du christianisme ».

    Il l’affirme de la manière la plus claire et dure qu’il soit, convaincu qu’on ne peut réfuter ces arguments et que cette perception se base non seulement sur des raisons fondées, mais aussi sur des cœurs déçus et blessés qui ont vu leurs attentes s’effondrer. Et c’est à partir de là, de ce contraste entre l’opinion que l’on a de la foi et ce que l’on perçoit dans la réalité, qu’on se demande : « Pourquoi, en dépit de tout, aimons-nous l’Église ? »

    Église sainte ?

    « Église sainte » ne sous-entend pas que chacun de ses membres est saint, immaculé. Joseph Ratzinger soutient que le rêve d’une église immaculée renaît à toutes les époques mais n’a pas sa place dans le Credo, et qu’en réalité les critiques les plus vives envers l’Église viennent de ce rêve irréaliste d’une église immaculée.

    « La sainteté de l’Église réside dans ce pouvoir de sanctification que Dieu exerce malgré le caractère pécheur de l’homme. Elle est donnée par Dieu comme une grâce, qui subsiste en dépit de l’infidélité de l’homme. C’est l’expression de l’amour de Dieu qui ne se laisse pas vaincre par l’incapacité de l’homme, mais qui continue, malgré tout, à être bon avec celui-ci, il ne cesse de l’accueillir justement en tant que pécheur, il se tourne vers lui, il le sanctifie et l’aime. »

    Tout comme ce qui est gratuit ne dépend pas du mérite des croyants, la sainteté de l’Église est celle du Christ, pas la nôtre. « Mais c’est toujours vraiment la sainteté du Seigneur qui se fait présente ici, et il choisit aussi et justement les mains sales des hommes comme réceptacle de sa présence. »

    Pour Joseph Ratzinger, la déconcertante association de la sainteté de Dieu et de l’infidélité de l’homme est l’aspect dramatique de la grâce de ce monde, car elle rend visible l’amour gratuit et inconditionnel de Dieu, qui hier comme aujourd’hui s’assied à la table des pécheurs.

    Le rêve d’un monde pur

    L’idée selon laquelle l’Église ne se mêle pas au péché est une pensée simpliste et dualiste, qui présente une image idéale et noble, mais pas réelle. Joseph Ratzinger rappelle que ce qui était déjà perçu comme scandaleux dans la sainteté du Christ, aux yeux de ses contemporains, était qu’il ne faisait pas descendre le feu sur ceux qui étaient indignes et ne cherchait pas la pureté en séparant le blé de l’ivraie.

    « La sainteté de Jésus se manifestait précisément dans ses rencontres avec les pécheurs, qu’il attirait à lui, en complète communauté de destin avec les égarés, révélant ainsi ce qu’est la véritable sainteté : non pas une séparation mais une unification ; non pas un jugement mais un amour rédempteur. »

    Les questions qui surviennent de cette manière de voir les choses sont effroyables, mais pleines d’espoir : « L’Église n’est-elle pas simplement la poursuite de cet abandon de Dieu à la misère humaine ? N’est-elle pas la continuation des repas pris par Jésus avec les pécheurs ? N’est-elle pas la continuation de ses contacts avec la pauvreté du péché, au point d’avoir l’air d’y sombrer ? Dans la sainteté de l’Église, bien peu sainte par rapport à l’attente humaine d’une pureté absolue, n’y a-t-il pas la révélation de la véritable sainteté de Dieu qui est amour, un amour qui toutefois ne se réfugie pas dans le noble détachement de l’intangible pureté, mais qui se mêle à la saleté du monde de façon à la nettoyer ? La sainteté de l’Église peut-elle être autre chose que le fait que les uns portent les charges des autres, ce qui vient évidemment, pour tous, du fait que tous sont soutenus par le Christ ? »

    S’aider les uns les autres, car Il a porté le fardeau avec nous

    Il confesse, de sa plume toujours lucide et transparente, que la sainteté presque imperceptible de l’Église a quelque chose de consolateur. Parce que nous serions découragés face à une sainteté immaculée, dévastatrice et qui nous juge ; une sainteté qui ne comprendrait pas la fragilité humaine et qui n’offrirait pas toujours le pardon à celui qui se repent de tout son cœur. En réalité, nous devrions tous être radiés de l’Église si elle était une communauté de personnes qui méritent un prix pour leur perfection.

    Ceux qui vivent en étant conscients d’avoir besoin du soutien des autres ne pourront pas refuser de porter le poids de leurs frères. La seule consolation que la communauté chrétienne peut offrir est de porter les autres comme on est nous-mêmes portés.

    Ce qui importe réellement aux croyants

    L’idée réductrice que l’on se fait de l’Église ne tient pas compte de l’opinion qu’a l’Église d’elle-même, ni de son centre, Jésus-Christ. La particularité de l’Église se situe au-delà de son organisation, « dans la consolation de la Parole de Dieu et des sacrements qu’elle apporte dans les jours de joie ou de tristesse. »

    « Les vrais croyants ne donnent jamais une importance excessive à la lutte pour la réorganisation des formes ecclésiales. Ils vivent de ce que l’Église est toujours. Si l’on veut savoir ce qu’est vraiment l’Église, c’est eux qu’il faut aller voir. L’Église n’est pas là où l’on organise, où l’on réforme, où l’on dirige ; elle est présente en ceux qui croient avec simplicité et qui reçoivent en elle le don de la foi, qui devient pour eux source de vie. »

    Pour Joseph Ratzinger, l’Église vit de la lutte de ceux qui ne sont pas saints pour parvenir à la sainteté, mais c’est une lutte qui n’est constructive que si elle est portée par un authentique et véritable amour. Une Église aux portes fermées détruit ceux qui sont à l’intérieur, et Joseph Ratzinger considère qu’il est une illusion de croire qu’en nous isolant du monde, on peut le rendre meilleur, car c’est aussi une illusion de croire en une « Église des Saints », car ce qui existe réellement est une « Église sainte », car « le Seigneur lui prodigue le don de la sainteté, sans aucun mérite de notre part. »

    Miguel Pastorino est professeur de philosophie et écrit régulièrement sur Aleteia. Ce texte a été publié sur ce site le 30 août sous le titre : Comment garder la foi quand l’Église est frappée par de graves scandales ? Source : https://fr.aleteia.org/2018/08/30/comment-garder-la-foi-quand-leglise-est-frappee-par-de-graves-scandales/. Lire aussi "Pourquoi suis-je encore dans l'Eglise ?".

    Ref. Peut-on croire en la sainteté de l’Eglise ?

    Sans autre commentaire, le petit catéchisme de notre enfance disait, dans une formule lapidaire mais juste : l’Eglise est sainte parce que son chef Jésus-Christ est saint. Point à la ligne. L’idée selon laquelle l’Église ne se mêle pas au péché du monde est -peut-être- une image idéale et noble, mais pas réelle.  Ignorer ou, pire, vouloir taire ou masquer le drame du monde déchu dans lequel nous vivons est une vue simpliste et dualiste. Et c’est une illusion de croire qu’en nous isolant de lui on peut le rendre meilleur, car  c’est aussi une illusion de croire en une « Église des Saints » : ce qui existe réellement est une « Église sainte », car « le Seigneur lui prodigue le don de la sainteté, sans aucun mérite de notre part. ».

    Une fois de plus, la pensée limpide du pape Benoît XVI remet chaque chose à sa juste place et le professeur Pastorino nous le rappelle opportunément.

    JPSC

  • Religio depopulata in Europa : l’exception polonaise

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    Vous voulez comprendre la Pologne d'aujourd'hui dans son rapport à la religion catholique ? Oubliez votre environnement occidental et acceptez de plonger dans une autre histoire, dans une autre grille de lecture politique, dans une culture où l'identité catholique polonaise reste très forte. 1989 a été un bouleversement considérable en Pologne. Depuis lors la hiérarchie catholique polonaise cherche à maintenir ses valeurs dans un monde devenu complexe.

    Une corpoduction KTO/Grand Angle Production 2016 - Réalisé par Françoise Pons Documentaire du 26/07/2016. 

    JPSC

  • Le Synode des Jeunes : un synode manipulé ?

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    Lu ICI (Pro Liturgia) :

    L’Abbé Javier Olivera Ravasi, professeur d’université, rapporte le récit d’un jeune qui, ayant participé au récent synode, a constaté comment certains ont pu orienter les débats dans un sens incontestablement progressiste.

    Voici un bref résumé du témoignage de ce jeune :

    Certains « auditeurs » qui avaient participé aux sessions et au « pré-synode » n’étaient pas jeunes du tout : il s’agissait de professionnels de l’éducation et de responsables de congrégations religieuses invités pour proposer et promouvoir des modifications progressistes. Tout au long du synode il y avait des « supporters » qui applaudissaient et criaient dans l’aula chaque fois qu’un évêque parlait d’ « ouverture », de la présence des jeunes et des femmes dans « tous » les espaces de décision de l’Eglise, de l’accueil et de l’intégration des homosexuels. D’aucuns ont interprété ces manifestations de joie juvénile comme des « signes de l’Esprit ». Au contraire, on constatait de l’indifférence dès qu’on parlait de Saint Jean-Paul II et de la clarté de la doctrine. 

    Une majorité des évêques officiellement délégués par leurs conférences épiscopales respectives n’étaient pas favorables à ces changements souhaités et les ont beaucoup critiqués. Mais le « staff » du synode ainsi que ces jeunes auditeurs enthousiastes qui constituaient la minorité voulait donner l’impression qu’ils étaient la voix de la majorité et insistaient pour qu’on « approfondisse » les thèmes au goût du jour : l’homosexualité au sein de l’Eglise, le célibat sacerdotal, la communion pour les divorcés remariés, la participation de la femme, etc. Toujours avec les mêmes slogans : « empathie », « ne pas exclure », « valoriser la diversité », « ne pas stigmatiser », etc.

    Les apports au document final ont consisté en des corrections allant dans le bon sens qui n’ont pas empêché de nombreux évêques de faire part en privé de leur propre inquiétude.

    Les jeunes « mandatés » pour assister au pré-synode et au synode avaient été triés sur le volet afin que soient écartés d’autres jeunes à l’esprit plus « traditionnel ».

  • Asia Bibi n'est pas tirée d'affaire; l'espoir de sa libération broyé par la haine

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    Comment ne pas voir dans les évènements du Pakistan où la foule crie "pendez-la, pendez-la !" un rappel tragique de ces évènements fondateurs de notre foi où le Juste fut condamné à mort par la foule aveuglée de haine qui vociférait "crucifiez-le, crucifiez-le !". Ainsi, Asia Bibi nous apparaît comme une authentique figure christique qui révèle en même temps le mystère du mal et l'impuissance de ceux qui s'y opposent sans vraiment oser le dénoncer.

    De RFI - Les Voix du Monde :

    Pakistan: la libération d'Asia Bibi remise en question, son avocat fuit le pays

    Le sort de la chrétienne Asia Bibi, en prison depuis 2009 pour blasphème et symbole national de la lutte contre l'intolérance religieuse, reste incertain malgré son acquittement par la Cour suprême. Un accord conclu vendredi entre le gouvernement et les islamistes compromet sa libération. Son avocat, craignant pour sa vie, a quitté le pays ce samedi.

    Alors que la libération d'Asia Bibi semblait imminente, voilà qu'un accord controversé conclu dans la nuit de vendredi à samedi entre le gouvernement et les islamistes vient tout remettre en cause.Les manifestants islamistes radicaux qui bloquaient le pays depuis trois jours ont obtenu que le gouvernement s'engage à lancer une procédure visant à interdire à Asia Bibi de quitter le territoire et à ne pas bloquer une requête en révision du jugement d'acquittement déposée jeudi dernier à Lahore par un religieux.Non seulement le gouvernement ne s’oppose pas au dépôt d’une requête en révision du jugement, mais en plus, contrairement à ce qui avait d’abord été assuré, la chrétienne ne pourra plus partir si elle le souhaite. Une procédure d’interdiction de quitter le territoire va ainsi être lancée. Et tant pis pour la crédibilité du Premier ministre Imran Khan, qui avait prononcé un discours de fermeté à l'égard des islamistes mercredi soir.

    Cela signifie qu'Asia Bibi, actuellement incarcérée à Multan, dans le centre du pays, devra soit rester en prison soit dans un autre endroit sûr, en attendant que la requête soit examinée, a estimé son avocat, Saif-ul-Malook, interrogé samedi par l'AFP.

    Son avocat quitte le pays

    Maître Saif-ul-Malook a décidé de quitter le pays craignant pour sa vie. « J'ai besoin de rester en vie, car je dois poursuivre la bataille judiciaire pour Asia Bibi », a-t-il expliqué. S'il s'attendait à la réaction violente des extrémistes, il déplore la réaction du gouvernement. « Ce qui est douloureux, c'est la réponse du gouvernement. Ils ne peuvent même pas (faire) appliquer un jugement de la plus haute cour du pays », a-t-il déclaré.Pendant trois jours, les extrémistes ont bloqué les grands axes routiers et contraint les commerces et les écoles à fermer dans les grandes villes du pays.« Le gouvernement n'aurait jamais dû passer un tel accord », a déploré ce samedi Ashiq Masih, le mari d'Asia Bibi, interrogé par la radio allemande Deutsche Welle. « Il est mauvais de créer un précédent consistant à faire pression sur la justice », a-t-il souligné. « La situation actuelle est très dangereuse pour nous. Nous n'avons aucune protection et nous nous cachons, changeant fréquemment de lieu », a-t-il ajouté. Ashiq Masih a demandé au gouvernement de renforcer « la sécurité » de son épouse « en prison ».

    Pour lui, la Cour suprême pakistanaise s'est montrée « très courageuse » mercredi dernier en acquittant Asia Bibi, une mère de famille illettrée d'une cinquantaine d'années, dont le cauchemar avait commencé en 2009 alors qu'elle travaillait aux champs. Invoquant des raisons religieuses, deux femmes musulmanes avaient refusé de partager un verre d'eau avec elle et une querelle avait éclaté. Quelques jours plus tard, ces femmes avaient relaté l'affaire à un imam local qui avait accusé la chrétienne d'avoir « insulté » le prophète de l'islam, ce que celle-ci a toujours nié. Elle a été emprisonnée, condamnée à mort, avant d'être acquittée le 31 octobre par la Cour suprême.

  • La mobilisation des islamistes pakistanais contre la libération d'Asia Bibi

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    Une mobilisation haineuse dont on aurait bien du mal à trouver l'équivalent dans le christianisme :

    De Julien Bouissou sur le site du journal le Monde :

    Au Pakistan, des islamistes se mobilisent contre l’acquittement de la chrétienne Asia Bibi

    L’employée agricole avait été condamnée à mort pour blasphème. Des manifestants bloquent les rues dans plusieurs villes et un parti radical a appelé à tuer les juges qui l’ont acquittée

    Par Julien Bouissou (New Delhi, correspondant en Asie du Sud)

    La chrétienne Asia Bibi attend toujours la liberté. Deux jours après son acquittement par la Cour suprême pakistanaise, mercredi 31 octobre, cette mère de cinq enfants, incarcérée depuis sa condamnation à mort en 2010 pour blasphème, était gardée dans un endroit tenu secret alors que des manifestants islamistes réclamaient sa pendaison.

    Pour le troisième jour d’affilée, ils bloquaient, vendredi, les principales artères de plusieurs grandes villes du pays, et ont été autorisés à pénétrer dans la « zone rouge » de la capitale Islamabad, quartier qui réunit les principales institutions de l’Etat pakistanais. La sécurité a été renforcée aux abords des lieux de culte chrétiens, des écoles ont été fermées et les réseaux de téléphonie mobile ont été suspendus dans les grandes villes.

    Depuis le durcissement du code pénal condamnant le blasphème, en 1986, sous la dictature du général Zia-ul-Haq, grand artisan de l’islamisation du Pakistan, les accusations se sont multipliées dans le pays, au risque de servirde prétexte pour régler des conflits personnels. Dans le cas d’Asia Bibi, c’est une dispute qui a mal tourné : en 2009, cette employée agricole avait bu un verre d’eau provenant d’un puits réservé en principe aux musulmans, et été dénoncée par des voisines avec lesquelles sa famille était en froid. On l’accusa d’avoir insulté le Prophète. Les juges l’ont finalement acquittée mercredi au « bénéfice du doute ».

    Appel à la mutinerie

    « L’acquittement d’Asia n’est pas seulement un déni de justice, mais aussi une manière de satisfaire les demandes des opposants à la loi sur le blasphème, et des avocats de la liberté d’expression (haineuse) débridée », a posté sur les réseaux sociaux Khadim Hussain Rizvi, chef du parti radical Tehreek-e-Labaik Pakistan (TLP) à l’origine des manifestations. Son parti a appelé à une mutinerie des officiers de l’armée et à l’assassinat des juges responsables du verdict. « Nous tolérons des remarques contre nous, mais des actions peuvent être prises conformément à la loi et à la Constitution », a rétorqué vendredi l’armée pakistanaise, qui a menacé d’« entrer en action ». Cette dernière a toutefois indiqué qu’elle n’interviendrait qu’en suivant les instructions du gouvernement.

    Or le premier ministre pakistanais, Imran Khan, qui est aussi chargé du ministère de l’intérieur, vient d’entamer un voyage de quatre jours en Chine pour négocier une aide financière de plusieurs milliards d’euros. Mercredi soir, il avait adopté un ton ferme à l’égard des manifestants, prévenant que l’Etat ne « tolérerait pas le sabotage » et « prendrait ses responsabilités » si nécessaire, tout en rappelant que la Constitution était conforme avec les enseignements du Coran. Mais depuis, le gouvernement dit vouloir privilégier les négociations.

    « Le pays ignore qui est chargé de régler la crise, si c’est le gouvernement ou l’armée, observe Khurram Husain, éditorialiste au quotidien pakistanais DawnLa situation est très instable : du côté des manifestants, il n’y a ni front uni ni leadership clairement identifié, il est difficile de connaître leurs revendications. »Une requête en révision du jugement de la Cour suprême a été déposée mercredi à un tribunal de Lahore, ainsi qu’une demande d’interdire à Asia Bibi de quitter le territoire. Interrogé par Dawn, le frère d’Asia Bibi a expliqué qu’elle n’aurait « pas d’autre option que de partir à l’étranger » pour sa sécurité.

    « N’importe qui peut me tuer »

    Les minorités religieuses, qui ne dépassent pas les 3 % de la population du Pakistan, sont surreprésentées parmi les cibles des plaintes déposées pour blasphème. « Le verdict montre que les pauvres, les minorités et la fraction la plus modeste de la société peuvent obtenir justice dans ce pays en dépit de ses défauts », s’est félicité l’avocat d’Asia Bibi, Saif-ul-Mulook, lui-même désormais en danger : « Je suis une cible très facile, a-t-il reconnu, n’importe qui peut me tuer. » Le gouverneur de la province du Pendjab, Salman Taseer, qui avait défendu Asia Bibi et demandé une révision de la loi sur le blasphème, a été assassiné en 2011 par son garde du corps.

    En novembre 2017, Islamabad avait été paralysé pendant près de trois semaines par des manifestants pour des motifs similaires. Leur colère avait été déclenchée par un changement de formulation du serment que prononcent tous les candidats à des élections, et où la phrase « je jure solennellement » avait été remplacée par « je crois », pour affirmer que Mahomet est le dernier prophète de l’islam. Un fléchissement à peine perceptible, mais qui équivalait, selon les manifestants, à un blasphème. Le ministre de la justice pakistanais, Zahid Hamid, avait dû présenter sa démission.

    A cette époque, Imran Khan s’était bien gardé de critiquer les manifestations. Il faisait alors campagne pour les élections législatives de juillet 2018 qui allaient le porter au pouvoir, et avait promis de défendre la loi du blasphème pour s’assurer du soutien de la droite religieuse.

  • L'épreuve endurée par Asia Bibi améliorera-t-elle le sort des chrétiens pakistanais ?

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    De Marc fromager sur le site du Figaro Vox :

    Au-delà d'Asia Bibi, tous les chrétiens d'Orient se sentent menacés

    Au-delà d'Asia Bibi, tous les chrétiens d'Orient se sentent menacés

    FIGAROVOX/TRIBUNE - Asia Bibi a été libérée. Cette chrétienne avait été condamnée à mort au Pakistan pour blasphème. Tout en se réjouissant de cette décision, Marc Fromager espère que l'épreuve endurée par la jeune femme améliorera le sort des chrétiens pakistanais.


    Marc Fromager est directeur de l'AED (Aide à l'Église en Détresse), qui soutient les chrétiens en danger partout dans le monde.


    Comment ne pas se réjouir de la libération d'Asia Bibi, pour laquelle nous étions mobilisés depuis le départ, depuis neuf ans. L'AED (Aide à l'Eglise en Détresse) avait d'abord lancé une pétition en 2009 avec plus de 11 000 signatures, apportées au Quai d'Orsay. Une large mobilisation avait sans doute sauvé Asia Bibi dans un premier temps mais avait ensuite compliqué sa libération. Entre-temps, elle était devenue une icône, voire une victime expiatoire.

    C'est la raison pour laquelle nous avons plus tard cessé de la médiatiser, sur les conseils de l'Église au Pakistan qui souhaitait la faire oublier. Nous n'avons pas cessé de la soutenir pour autant, notamment à travers la Commission Justice et Paix de la Conférence épiscopale pakistanaise qui prenait en charge des frais d'avocat et de soutien financier de la famille.

    Pour revenir à sa libération, nous ne pouvons que nous en réjouir. J'étais moi-même il y a deux semaines à Londres avec le mari et une des filles d'Asia Bibi. Ils avaient l'air assez confiants mais évidemment, il fallait attendre que la décision finale soit rendue publique.

    A ce stade, il est important de saluer le courage des juges pakistanais. On sait que le gouvernement pakistanais souhaitait la libération d'Asia Bibi depuis assez longtemps, pour des raisons d'image internationale, mais la menace de désordre majeur a fait traîner ce cas toutes ces années.

    Il faut dire que de nombreuses personnes ont été assassinées ces dernières années pour avoir publiquement pris position contre la loi anti-blasphème. Je pense notamment à Salman Taseer, gouverneur musulman du Punjab qui a été assassiné en 2011 par son garde du corps pour avoir défendu Asia Bibi. Nous ne les oublions pas en ce jour de sa libération.

    On peut imaginer qu'au-delà de la Cour Suprême, le gouvernement pakistanais a donné son feu vert pour l'acquittement et nous l'en félicitons. Il va maintenant falloir faire face, alors que des émeutes ont déjà éclaté dans le pays. Les groupes islamistes mettent à exécution les menaces proférées en amont du jugement. Ils souhaitent, là comme ailleurs, imposer leur loi.

    Au cours des prochains jours, nous serons particulièrement attentifs au sort des communautés chrétiennes, des cibles faciles pour les représailles des groupes extrémistes musulmans.

    Au-delà de la libération d'Asia Bibi, on ne peut que déplorer le sort des minorités religieuses au Pakistan, en particulier les chrétiens, qui représentent à peu près 3% de la population, souvent marginalisés, discriminés, au plus bas de l'échelle sociale, et qui font régulièrement l'objet d'attentats, surtout au moment des grandes fêtes chrétiennes.

    Pour conclure, nous pouvons espérer que cet acquittement fera jurisprudence et que, dorénavant, la justice pakistanaise surveillera de plus près toute éventuelle accusation de blasphème. À terme, nous espérons que très rapidement, la loi anti-blasphème soit supprimée. Il n'est pas question d'encourager le blasphème mais de supprimer une loi inepte qui est le plus souvent instrumentalisée pour simplement régler des problèmes de voisinage.

    Si les chrétiens au Pakistan pouvaient dorénavant être un peu plus respectés, la dramatique épreuve d'Asia Bibi n'aura pas été vaine.

  • 12 raisons de dire non à l'euthanasie et oui aux soins palliatifs

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    3. L’interdit de tuer structure notre civilisation

    Légaliser l’euthanasie, c’est inscrire au cœur même de nos sociétés, la transgression de l’interdit de tuer. Un principe élémentaire de précaution devrait nous dissuader de suspendre désormais nos valeurs collectives à un « Tu tueras de temps en temps » ou « sous certaines conditions ». Notre civilisation a progressé en faisant reculer les exceptions à l’interdit de tuer (vengeance, duels, peine de mort…). Légaliser l’euthanasie ou le suicide assisté serait une régression.

    4. Demander la mort n’est pas toujours vouloir mourir

    Très peu de patients nous disent vouloir mourir et bien moins encore le redisent quand ils sont correctement soulagés et accompagnés. Beaucoup, en outre, veulent signifier bien autre chose que la volonté de mourir lorsqu’ils demandent la mort. Vouloir mourir signifie presque toujours ne pas vouloir vivre dans des conditions aussi difficiles. Et demander la mort parce qu’on souffre, est-ce vraiment un choix libre ? Les soins palliatifs permettent de restaurer la liberté du patient en fin de vie en prenant en charge sa douleur comme sa souffrance psychique. De façon ultime, la loi française permet au patient de demander l’arrêt des traitements de maintien en vie et que soit mise en place une sédation dite profonde et continue jusqu’au décès quand il est en fin de vie et qu’il juge ses souffrances insupportables.

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  • Militantisme végan et idéologie antispéciste

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    De Paul Sugy sur le site du Figaro Vox :

    Derrière le militantisme végan, la puissante idéologie antispéciste

    FIGAROVOX/ANALYSE - Le 1er novembre est la journée mondiale du véganisme. Ce combat militant devenu très médiatique interpelle par la radicalité de ses positions. Mais derrière la violence caricaturale du mouvement, l‘antispécisme est une doctrine bien plus inquiétante et cohérente qu'il n'y paraît.

    «Jeudi 1er novembre 2018, les passants flânant près de la place du Palais-Royal tomberont nez à nez avec une scène sanglante, organisée par notre association à l'occasion de la Journée mondiale végan» prévient l'association Vegan Impact dans un appel au rassemblement envoyé à ses militants. Et en matière de mises en scène sanglantes, les végans ne sont en effet pas en reste.

    Un renouveau militant?

    L'activisme en faveur des droits des animaux semble faire de plus en plus appel à la violence en France, calquant les mouvements créés aux États-Unis où cette violence n'est pas neuve: l'Animal Liberation Front (ALF) par exemple, fondé en 1976, s'était immédiatement fait connaître pour ses actions illégales dont la plus célèbre fut l'opération Bite Black, en 1991, une série de raids incendiaires visant à détruire les élevages destinés à produire de la fourrure.

    Mais de ce côté-ci de l'Atlantique, c'est récemment que la montée en puissance d'une tendance abolitionniste, plus violente, a donné au mouvement une visibilité médiatique accrue. Jusqu'ici, les végans s'étaient concentrés sur des actions essentiellement à visée symbolique, destinées à éveiller les consciences: production de documentaires ou d'affichages «choc». À présent, les happenings publics se multiplient, au cours desquels des militants miment des animaux conduits à l'abattoir, à grand renfort de mises en scènes ensanglantées allant parfois jusqu'au marquage au fer rouge.

    L'association 269 Libération animale appartient à ce renouveau militant, avec le mouvement Vegan Impact ou encore Boucherie Abolition. Ces organes de lutte ne dissimulent pas leurs divergences avec l'association historique, L214, créée en France en 2008. «On ne travaille plus ensemble parce qu'on n'est pas sur les mêmes axes politiques»confie à La Dépêche une militante de «Boucherie Abolition».

    Ainsi, et c'est la nouveauté, parmi les actions menées désormais par ces associations, de nombreuses dégradations commises sur des boucheries ont eu lieu depuis cet été, au point d'inquiéter le président de la Confédération française de la boucherie Jean-François Guihard qui a alerté à ce sujet le ministère de l'Intérieurpour demander une protection policière.

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  • Intelligence artificielle : notre faculté de jugement menacée

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    « L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE NOUS DESSAISIT DE NOTRE FACULTÉ DE JUGEMENT »

     de genethique.org :

    Eric Sadin, écrivain et philosophe, est spécialiste du numérique et de son impact sur nos vies et nos sociétés. Dans son dernier essai, L’Intelligence artificielle ou l’enjeu du siècle[1], il « appelle à une révolte de la société civile contre l’inféodation de la technique et de la science aux opportunités économiques considérables que promet l’intelligence artificielle ».

    « Nous vivons un changement de statut des technologies numériques : elles ne sont plus seulement destinées à nous permettre de manipuler de l’information à diverses fins, mais à nous divulguer la réalité des phénomènes au-delà des apparences », explique Eric Sadin. Par conséquent, « la technique se voit attribuer des prérogatives inédites : éclairer de ses lumières le cours de notre existence ». Ainsi, les analyses produites par les systèmes d’intelligence artificielle ne se contentent plus de « produire une exactitude supposée », mais elles « recouvrent une valeur de vérité » qui impliquent de s’engager dans le sens de leurs conclusions, de s’y conformer. Par exemple, une application de coaching sportif va inciter l’utilisateur à acheter tel complément alimentaire, ou un robot numérique va sélectionner tel candidat à recruter. De façon plus coercitive encore, des systèmes dictent à des personnes les gestes à exécuter dans le champ du travail. Ce « tournant injonctif de la technique » impacte le libre exercice de notre faculté de jugement, qui « se trouve remplacée par des protocoles destinés à orienter et à encadrer nos actes ». On est ici loin de la « complémentarité homme-machine » largement invoquée.

    Dans le domaine de la santé, le philosophe est tout aussi alarmant : si « on ne cesse de louer les avantages que la médecine est supposée tirer de l’intelligence artificielle », « on n’évoque jamais le fait que ces systèmes sont déjà dotés de la faculté de prescription, appelée à entrainer l’achat de mots-clés par les groupes pharmaceutiques ». Ces systèmes préparent la fin de la consultation « au profit d’abonnements qui, via des capteurs sur les corps, promettent d’interpréter les états et de recommander des produits de bien-être ou des traitements thérapeutiques ». Il faut faire état des « effets collatéraux induits par l’intégration de systèmes d’intelligence artificielle dans la médecine »,demande Eric Sadin.

    Il appelle également à un débat « à la hauteur des enjeux, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui » sur ces sujets. Enjeu économique de taille, l’intelligence artificielle concentre de grands investissements. Le risque, « c’est l’imposition du primat de l’impératif économique sur toute autre considération ». Eric Sadin interroge : « Allons-nous accepter, au nom de la croissance, de voir s’instituer, par le fait de ces systèmes, un dessaisissement de notre faculté de jugement, une marchandisation intégrale de la vie ainsi qu’une extrême rationalisation de tous les secteurs de la société ? ».

    Enfin, le philosophe se méfie des « pouvoirs de la régulation », « sans cesse invoqués comme susceptible de faire contrepoids aux évolutions technologique ». Car, dans notre régime d’ « ordolibéralisme », le rôle du législateur ne consiste plus à nous prémunir des dérives, mais à rédiger des lois « en vue de soutenir l’économie de la donnée, des plateformes et de l’intelligence artificielle ».En outre, « établir des règles en vue d’entraver la recherche » se révèlerait peine perdue estime-t-il, les chercheurs participant du mouvement « croissant de marchandisation intégrale de la vie et d’organisation automatisée à des fins d’optimisation de la société » imposé par le développement de l’IA. Il appelle donc chacun à « faire œuvre de politique », à sortir de l’ « apathie »actuelle face aux « évangélistes de l’automatisation du monde » pour « contredire les technodiscours fabriqués de toute pièce et colportés de partout par des experts patentés ». « Nous devrions manifester notre refus à l’égard de ces dispositifs lorsqu’ils bafouent notre intégrité et notre dignité. Contre cet assaut antihumaniste, faisons prévaloir une équation simple mais intangible : plus on compte nous dessaisir de notre pouvoir d’agir et plus il convient d’être agissant ».


    [1] Eric Sadin, L'intelligence artificielle ou l'enjeu du siècle. Anatomie d'un antihumanisme radical (L'échappée, 2018).

    Sources: Le Figaro, Eugénie Bastié (29/10/2018)