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Témoignages - Page 105

  • France : Mgr de Moulins-Beaufort va défendre le secret de la confession devant Gérald Darmanin

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    Le président de la Conférence des évêques de France rencontrera le 12 octobre le ministre de l’Intérieur pour « s’expliquer sur ses propos » au sujet du secret de la confession. Interrogé sur France Info après la remise du rapport sur les abus sexuels dans l’Eglise, il expliquait en quoi ce secret était « plus fort que les lois de la République ». Un compte rendu précis fait le point avec clarté sur le site web du magazine « Famille chrétienne » :

    mgr_de_moulins_beaufort.jpg« Le Président de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Éric de Moulins-Beaufort, a reçu du ministre de l’intérieur à 13h15 un message [exprimant son] souhait de ‘’convenir d’un entretien’’ », a fait savoir la CEF dans un communiqué ce jeudi 7 octobre. Ce rendez-vous se tiendra le 12 octobre à 14 heures, a-t-elle précisé. En cause, la déclaration de Mgr de Moulins-Beaufort le 6 octobre sur France Info expliquant en quoi le secret de la confession était « supérieur aux lois de la République », pour reprendre les mots des journalistes qui l’interrogeaient au lendemain de la remise du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise. Ce rapport préconise justement la levée du secret de la confession en cas de révélation d’abus sexuels, ravivant un débat récurrent depuis plusieurs mois.

    Les prêtres soumis au secret professionnel

    Les propos de l’archevêque de Reims ont provoqué un tollé sur les réseaux sociaux, si bien qu’il a « souhaité apporter des précisions » dans un communiqué le soir même sur Twitter. « Il ne faut pas opposer le secret de la confession aux lois de la République puisque celles-ci n’imposent pas sa levée (Articles 226 13 et 14), a-t-il précisé. « Mgr Éric de Moulins-Beaufort sera heureux d’échanger avec M. le Ministre de l’Intérieur sur le sens du sacrement de la confession pour les catholiques et sur les fondements théologiques, spirituels et canoniques du secret de la confession. Ce sera pour lui l’occasion de rappeler qu’aujourd’hui, le secret de la confession, imposé aux prêtres par le droit canonique, n’est pas contraire au droit pénal français, comme le souligne la circulaire de la chancellerie du 11 août 2004 », a déclaré à son tour la CEF dans son communiqué du 7 octobre après-midi.

    Certains des contradicteurs de Mgr de Moulins-Beaufort brandissaient l’article 434-3 du code pénal, punissant l’absence de dénonciation en cas de violences sexuelles. L’article indique que « le fait, pour quiconque ayant connaissance d’agressions ou atteintes sexuelles infligés à un mineur de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives […] est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende. » Une peine qui monte à « cinq ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende » pour des faits concernant un mineur de moins de 15 ans.

    En réalité, la loi française n’oblige pas les prêtres à briser le secret de la confession pour révéler des cas d’abus sexuels.  « Cette obligation de dénonciation ne s’applique pas pour les personnes soumises au secret professionnel, ce qui est le cas des prêtres lors de la confession ou de leurs mission de ministres du culte », précise l’avocat Me Emmanuel Le Miere à Famille Chrétienne. En effet les prêtres sont soumis au secret professionnel dans le cadre d’une jurisprudence de 1891, qui confirme celle de 1810. « La loi de 1905 n’y a rien changé », poursuit Me Le Miere. La trahison du secret professionnel est punie par la loi française « d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. » (article 226-13 du code pénal).

    Ces sanctions ne s’appliquent pas si le professionnel choisit d’alerter les autorités compétentes dans plusieurs cas exceptionnels, notamment les cas de « violences physiques, sexuelles ou psychiques ». Article 226-14 du code pénal). Mais le professionnel n’est pas obligé d’alerter. Ainsi le prêtre n’est pas « contraint » par la loi française de briser le secret de la confession –secret professionnel aux yeux de la loi – en cas d’abus sexuel. Et le droit canon, quant à lui, le lui interdit.

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    Sanctions, levée du secret de la confession, réforme de l'Eglise : les recommandations chocs du rapport Sauvé

    La loi française pourrait lever le secret de la confession

    Un risque réel plane cependant sur le secret de la confession en France : « Le fait que les prêtres soient soumis au secret professionnel [protégeant ainsi le secret de la confession] est simplement le fait d’une jurisprudence et non d’une loi spécifique, comme c’est le cas pour les avocats, alerte Me Emmanuel Le Miere. Ainsi, une nouvelle loi pourrait être votée pour défaire les prêtres du secret professionnel, ou les obliger à le rompre dans certains cas notamment les cas d’abus. »

    Que faudrait-il faire, dans ce cas où le droit français s’opposerait alors frontalement au droit canon ? « Ce dernier n’a aucune valeur aux yeux de la République. Il faudrait passer par les juridictions internationales, notamment la cour européenne des droits de l’homme et son article 9 évoquant la notion de ‘’confident nécessaire’’ », explique Me Le Miere. Pour l’heure, impossible de savoir jusqu’où envisage d’aller Gérald Darmanin. Inutile d’imaginer en tout cas une réforme du droit canon sur le secret de la Confession. Ce point « ne peut même pas être discuté en droit Canon, il est inaliénable », souligne le père Thomas Poussier, qui a publié en février l’ouvrage Le secret de confession (Salvator). En 2019, alors que la crise des abus sexuels battait déjà son plein, la pénitencerie apostolique avait déjà rappelé dans une note que le secret de la confession était « inviolable ».

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  • Le texte intégral du rapport de la CIASE sur les abus sexuels dans l'Eglise de France

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    Du site du diocèse de Lille :

    PUBLICATION DU RAPPORT DE LA CIASE

  • Requiem pour Bernard Tapie : parmi les mille facettes du personnage, il y avait celle du "croyant".

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    Tapie 870x489_maxnewsspecial410919.jpgComme chez François Mitterrand et bien d’autres vedettes du théâtre d’ombres que constitue cette vie passagère, la dimension religieuse n’était pas absente dans le répertoire de Bernard Tapie. Jusqu’à quel point? C’est le secret intime entre Dieu et chaque créature humaine. Sur le site « aleteia » de ce jour, Lauriane Vofo Kana écrit :

    « Bernard Tapie est mort ce dimanche 3 octobre des suites d'un cancer de l'estomac et de l'œsophage. Parmi les milles facettes du personnage, il y avait celle du "croyant". Vers la fin de sa vie, l'homme d'affaires avait évoqué à plusieurs reprises la foi qui l'animait.

    Homme d’affaires, acteur ou encore ministre, les vies de Bernard Tapie ont été nombreuses. C’est entouré des siens qu’il est décédé ce dimanche 3 octobre à Paris, à l’âge de 78 ans. Bernard Tapie n’avait pas caché son combat contre le cancer de l’estomac et de l’œsophage. Dès l’annonce, en septembre 2017, il avait voulu apparaître déterminé dans l’épreuve qui le mettait face à la mort. Une mort que le « croyant » ne vivait pas comme une fatalité : « La mort c’est l’épisode ultime de la vie. Celui qui a peur de la mort a peur de la vie », confiait-il sur France 2.

    « Ça m’est tombé dessus »

    Durant ses quatre années de lutte contre la maladie, Bernard Tapie s’est livré à des confidences sur son parcours de fils d’ouvrier, sa vie de président de l’Olympique de Marseille ou encore de patron de presse. Quelques fois, il s’est aussi attardé sur la foi qui l’animait : « Je veux rester ce que j’ai toujours été face à la religion, un pratiquant monolithique, convaincu que c’est la loi du cœur ».

    Invité sur le plateau de BFMTV à l’hiver 2020, l’habitué des coups d’éclat était revenu pudiquement sur les origines de sa foi. « Ça ne m’est pas tombé dessus parce que mes parents me l’ont inculquée ! Ça m’est tombé dessus parce que je jouais au violon le dimanche matin dans une église et qu’un jour, je n’ai pas joué du violon comme les autres fois. » Dans ses mémoires [Bernard Tapie, leçons de vie, de mort et d’amour, Ndlr], écrits par Franz-Olivier Giesbert, on découvre un homme qui se met à « genoux » pour prier chaque matin. Même dans les moments de difficulté, cette habitude ne l’aurait pas quitté.

    Tous les soirs à 18 heures lorsqu’il était en prison, il avait un rite avec Dominique, sa femme. […] Ils priaient l’un et l’autre et ils faisaient comme s’ils se tenaient la main, et ça l’aidait à passer la nuit et à repartir pour la journée.

    Mis en cause dans le match truqué Marseille-Valenciennes en 1993, Bernard Tapie est condamné à huit mois de prison en 1995. Un proche de l’ancien homme d’affaires assure même que tout le temps de sa détention le businessman Tapie serait resté attaché à la prière : « Tous les soirs à 18h lorsqu’il était en prison. Il avait un rite avec Dominique sa femme. […] Ils priaient l’un et l’autre et ils faisaient comme s’ils se tenaient la main, et ça l’aidait à passer la nuit et à repartir pour la journée. »

    Une messe en mémoire de Bernard Tapie sera célébrée ce mercredi en l’église Saint-Germain-des-Prés, à Paris, à 11h.

    Mais c’est à Marseille, sa ville de cœur, que ses obsèques auront lieu vendredi à la Major, cathédrale Sainte-Marie-Majeure. Elles seront présidées par l’archevêque de Marseille, Mgr Jean-Marc Aveline, à 11h.

    Lire aussi :Le credo de Bernard Tapie sur le plateau de BFMTV

    Lire aussi :L’inattendu témoignage de foi de Bernard Tapie

    Ref. Bernard Tapie, la foi lui était « tombé dessus »

    « Anima vagula blandula », la foi n’aurait-elle pas encore dit son dernier mot dans l’Europe apostate ?

    JPSC

  • Mais où sont les neiges d’antan ? à la recherche d’une littérature catholique disparue

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    "Le XXème siècle: un âge d’or des écrivains catholiques ? A la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la France connaît une période d’effervescence religieuse, perceptible dans le monde de l’art et de la pensée. Alors que triomphent la séparation des Églises et de l’État, la laïcisation de la société, bien des intellectuels adhèrent à la foi catholique. Qui sont ces hommes ? Quel est leur parcours ? Comment l’Église réagit-elle à ce phénomène ? Comment l’écrivain voit-il son propre rôle après sa conversion ? Et, au fond, l’écrivain catholique ne se pense-t-il pas tout autant nécessaire que le prêtre, pour la conversion des âmes ? L’émission Au risque de l’histoire propose de percevoir le XXe siècle comme un âge d’or des écrivains catholiques. Pour éclairer cette question, Christophe Dickès reçoit les historiens Frédéric Gugelot et Claire Daudin". Diffusé sur KTO, dans la série "Au risque de l'histoire".

    Cliquer sur ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=KM_XoFKsVOY

    JPSC

  • Nouvelle abbaye traditionnelle en France : La charité, seule vraie grandeur

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    Fondé par l’abbaye du Barroux en 2002, le monastère Sainte-Marie de la Garde a été érigé en abbaye au printemps dernier. La bénédiction abbatiale du nouveau Père Abbé a eu lieu le 24 juin 2021. Entretien avec ce dernier lu sur le site web du mensuel « La Nef » :

    La Nef – Vous venez d’être érigé en abbaye et vous-même avez reçu la bénédiction abbatiale récemment : qu’est-ce qu’un tel événement dans la vie d’une communauté comme la vôtre ?
    abbaye image (1).jpgTRP Dom Marc Guillot
    – Notre monastère bénédictin de Sainte-Marie de la Garde a été élevé à la dignité d’abbaye. Cela signifie qu’une grâce toute particulière et un certain honneur enveloppent désormais ce lieu. À ce privilège insigne, la communauté doit cependant répondre par la vraie grandeur. Or, comme le Christ nous l’a enseigné, il n’y a en ce monde qu’une seule vraie grandeur : celle de la charité. Certes, le rang d’abbaye nous établit, nous fonde, nous enracine sur cette terre agenaise afin qu’en émane un certain éclat sur l’Église et sur le monde. Mais à quelle fin et pour quel but ? En saint Jean, Jésus donne la réponse : afin que nous portions le seul fruit qui demeurera ici-bas et dans l’éternité bienheureuse, le fruit de la charité. Cette charité, elle est dans le Christ Jésus, et c’est en Lui, dans une communion toujours plus profonde et passionnée avec Lui, que nous la trouverons. En outre, cette charité, il faut également que nous soyons capables de la laisser transparaître et de la dispenser auprès de tous ceux qui viennent nous visiter. Ce témoignage-là est incontournable.

    Le 24 juin dernier, il y a eu aussi – en quelque sorte – la naissance d’un abbé. Bien vite après l’élection, les mots bien connus de Jésus ont fait irruption en ma mémoire : à travers le choix des frères, « c’est Moi qui t’ai choisi ». Je me suis alors immédiatement senti poussé à mettre sur les lèvres du Seigneur des paroles comme celles-ci : souviens-toi toujours que nul ne s’arroge cet honneur, mais on y est appelé par Dieu seul, par ma pure miséricorde. Tout abbé que tu es dé­sormais, tu apprendras l’obéissance par ce que tu souffriras ; rendu un peu moins imparfait chaque jour si tu es fidèle à ma grâce, tu deviendras pour ta communauté un petit instrument entre mes mains, afin que vous cheminiez tous ensemble et joyeusement, afin que vous pénétriez un jour par-delà le rideau, là où Moi, Jésus, je suis entré pour vous en avant-coureur. Et que vous me rejoigniez dans le sein du Père de toute gloire !

    Quels sont désormais vos liens avec l’abbaye-mère du Barroux ? Et quelles sont maintenant les différences entre les deux abbayes ?
    Désormais, Sainte-Marie de la Garde jouit d’une complète autonomie. Les conditions pour cela étaient les suivantes : que la vie régulière puisse être menée en conformité avec nos Constitutions ; que l’emplacement du monastère et ses bâtiments soit adaptés pour mener notre vie bénédictine ; que l’espérance fondée de vocations sérieuses et de leur formation de manière convenable soit bien réelle ; que la communauté subvienne à ses besoins économiques. Au fil des ans, le Seigneur a bâti la communauté, l’a faite mûrir afin qu’elle puisse aujourd’hui voler de ses propres ailes. Ceci dit, il restera bien évidemment un lien familial très fort entre nos deux maisons. Nous avons tous Dom Gérard comme fondateur, nous vivons selon les mêmes Constitutions et nous restons attachés à un unique coutumier monastique. Par ailleurs, les échanges de services continueront : je pense en particulier à l’entraide dans le domaine de la formation philosophique et théologique des frères appelés au sacerdoce.
    Mais, à votre question, je crois qu’il y a une réponse plus profonde et dès lors plus cruciale à donner. L’autonomie véritable, qu’est-ce donc ? C’est être désormais plus ancrés dans l’esprit de saint Benoît de façon à ce qu’il imprègne peu à peu toute notre existence ; c’est être avec cette soif au cœur que le Père soit en nous et que nous soyons en Lui ; c’est être des frères qui, à travers les joies et les croix, les offenses et les pardons, se trouvent de plus en plus accomplis dans l’unité : c’est être une communauté pour laquelle, « ne préférer absolument rien au Christ » équivaut à cette liberté de livrer sa vie pour nos frères devenus, en quelque manière, nos amis.

    Cette indépendance change-t-elle quelque chose à votre identité, vos charismes ?
    Comme je vous le disais à l’instant, nous demeurons avec les mêmes Constitutions. Nous envisagerions même de créer une Congrégation rassemblant nos maisons ; mais ce projet ne dépend pas uniquement de nous.
    Quant aux charismes, à l’esprit de nos deux abbayes, souvenez-vous de cette parole de sagesse des anciens : « la reine fait la ruche ». Nous bénéficions effectivement de la même vie, de la même Règle, des mêmes usages, et pourtant, chaque monastère a son faciès propre. Comment en serait-il autrement puisque nous constituons, chacun pour notre part, une vraie famille. Ceci posé, du Barroux et de la Garde, c’est tout un ! Certes, ici ou là-bas, la pluviométrie n’est pas la même ; le tempérament et la personnalité des deux abbés en charge non plus ; les richesses naturelles et surnaturelles s’expriment en nos deux communautés de façon différente, et pourtant – nos amis et visiteurs en témoignent constamment : « De Sainte-Madeleine et de Sainte-Marie, c’est tout un ! »

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  • Le mythe Casaroli

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    De George Weigel sur le Catholic World Report :

    Le mythe Casaroli

    La célébration romaine de l'Ostpolitik de Casaroli comme un triomphe de la diplomatie vaticane et un modèle pour l'avenir est un pur mythe.

    29 septembre 2021

    Lorsque j'ai rencontré le cardinal Agostino Casaroli le 14 février 1997, l'architecte de l'Ostpolitik du Vatican et de son approche discrète des régimes communistes d'Europe centrale et orientale dans les années 1960 et 1970 n'aurait pas pu être plus cordial. Je préparais alors le premier volume de ma biographie du pape Jean-Paul II, Témoin de l'espoir, et en demandant une séance avec le cardinal retraité, j'ai insisté sur deux points : Je voulais comprendre la théorie derrière l'Ostpolitik, et j'étais impatient de connaître les impressions de Casaroli sur le cardinal Karol Wojtyła avant que l'archevêque de Cracovie ne devienne pape. Nous avons discuté pendant près de deux heures, et en repensant à mes notes de cette rencontre, je trouve toujours les observations du cardinal fascinantes.

    Il est intéressant de noter qu'il a exprimé son admiration pour le cardinal Stefan Wyszyński, qui a été béatifié le 12 septembre. Les deux hommes se sont affrontés pendant des années - Wyszyński pensait que l'Ostpolitik était singulièrement malvenue - mais Casaroli a fait l'éloge du primat polonais, qu'il a surnommé "un vrai prince... bien qu'il soit issu d'une famille plutôt pauvre." Ce que le diplomate du Vatican admirait chez Wyszyński, semblait-il, était le sens tactique aigu de ce dernier. Ainsi, à un moment donné, le cardinal a dit que le Primat était "comme un de ces jouets de garçon que l'on remonte" - et qui s'arrête juste avant de s'écraser (une manœuvre que Casaroli a illustrée en promenant ses doigts sur le bord de la table basse entre nous). Quant à l'homme qui l'a fait secrétaire d'État du Saint-Siège, Casaroli pensait que "la Pologne était trop petite pour la grande personnalité du cardinal Wojtyła [qui était] plus adaptée à un pape."

    Le cardinal Casaroli a longuement discuté de sa relation avec le pape Paul VI, dont les portraits et les photographies étaient amplement exposés dans l'appartement du cardinal au Palazzina dell'Arciprete. L'Ostpolitik que Casaroli a menée pour le pape Paul partait d'une prémisse et d'une question : pour sauver l'Église derrière le rideau de fer, il fallait que les catholiques aient accès aux sacrements ; mais comment maintenir cet accès sous le totalitarisme ?

    La réponse de l'Ostpolitik s'ensuivit : l'accès aux sacrements nécessitait des prêtres ; l'ordination de prêtres nécessitait des évêques ; obtenir des évêques en place signifiait conclure des accords avec les régimes communistes ; obtenir ces accords signifiait éviter les confrontations rhétoriques. Paul VI avait compris que ce n'était "pas une politique glorieuse" (comme il l'a dit un jour à Casaroli). Casaroli se souvient qu'"il était difficile pour [le pape Paul] de ne pas s'exprimer ouvertement et fermement" pour défendre la liberté religieuse ; l'autocensure était un "tourment pour lui". Paul VI disait souvent, à propos de diverses situations de persécution derrière le rideau de fer, "C'est impossible, je dois dire quelque chose." Mais le pape est resté "fidèle à la vision" de l'Ostpolitik, même si cela a nécessité que Casaroli le "retienne", et "ce fut une agonie pour nous." Sans surprise, Casaroli a intitulé ses mémoires publiées à titre posthume Le martyre de la patience.

    Quelles que soient ses intentions, cette stratégie n'a pas réussi à créer une situation catholique viable derrière le rideau de fer. Et l'affirmation toujours entendue à Rome selon laquelle l'Ostpolitik de Casaroli a été un grand succès, ouvrant la voie à la révolution non violente de 1989 et à l'effondrement du communisme en Europe centrale et orientale, n'a aucun fondement dans la réalité historique.  L'Ostpolitik a transformé l'Église catholique de Hongrie en une filiale virtuelle du parti et de l'État communistes hongrois. L'Ostpolitik a démoralisé les parties vivantes de l'Église dans ce qui était alors la Tchécoslovaquie. Elle compliquait inutilement la situation de l'Église polonaise. Et elle a donné une marge de manœuvre dans toute la région à des organisations faussement catholiques composées de partisans et de compagnons de route des régimes communistes. Telles étaient les réalités sur le terrain. Tout étudiant sérieux de cette période le sait.

    L'Ostpolitik a également permis aux services de renseignements communistes de pénétrer au Vatican et de compromettre davantage les positions de négociation du Saint-Siège : une sale affaire que j'ai documentée dans le deuxième volume de ma biographie de Jean-Paul II, The End and the Beginning, en utilisant des documents originaux provenant des archives du KGB, de la Stasi allemande, du SB polonais et d'autres.

    J'ai été reconnaissant de la courtoisie du cardinal Casaroli lorsque nous nous sommes rencontrés il y a 24 ans. Et si j'avoue que, contrairement à son récent critique papal, j'ai trouvé son mémoire peu instructif, je ne lui en veux pas. Néanmoins, la célébration romaine actuelle de l'Ostpolitik de Casaroli comme un triomphe de la diplomatie vaticane et un modèle pour l'avenir est une pure fabrication de mythes - et une fabrication de mythes préjudiciable. Car ce mythe façonne les politiques vaticanes d'accommodement et de "dialogue" du XXIe siècle qui sapent le témoignage moral de l'Église catholique contre la répression à Hong Kong, en Chine, au Venezuela, en Biélorussie, à Cuba, au Nicaragua et ailleurs.

    L'Église persécutée mérite mieux. Il en va de même pour un monde qui a un besoin urgent de clarté morale.

  • Un ange de la charité face à la cruauté nazie

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    De Vatican News (Benedetta Capelli / Adelaide Patrignani) :

    Don Giovanni Fornasini (à gauche), prêtre de l'archidiocèse de Bologne béatifié ce 26 septembre

    Don Giovanni Fornasini (à gauche), prêtre de l'archidiocèse de Bologne béatifié ce 26 septembre 

    Béatification de don Fornasini, un ange de charité face à la cruauté nazie

    Ce dimanche 26 septembre aura lieu à Bologne la béatification de don Giovanni Fornasini, tué à l'âge de 29 ans par des soldats allemands à proximité de Bologne, lors du massacre du Monte Sole, l’un des épisodes les plus sanglants de la Seconde guerre mondiale sur le sol italien. Don Angelo Baldassarri, responsable du comité de béatification, estime que la charité et le sens fraternel de ce jeune prêtre sont un exemple pour les jeunes d’aujourd’hui.

    «Nous voulons être le levain qui agit de manière cachée dans les masses, pour les masses». Tel est l'objectif de la "République des Rêveurs", née le 5 avril 1942 comme projet de vie de quelques séminaristes. Une alliance au nom de Jésus, «le plus grand rêveur de l'histoire», comme l’écrivent ces jeunes hommes, futurs prêtres, prêts à s’entraider dans une période sombre comme l’est celle qu’ils traversent, la Seconde guerre mondiale. Parmi eux, Giovanni Fornasini a comme ses confrères l'intention de devenir «un saint prêtre». Une prophétie qui se réalise, moins de soixante ans plus tard. La messe de sa béatification aura en effet lieu ce dimanche 26 septembre à Bologne. Elle sera célébrée par le cardinal Marcello Semeraro, préfet de la Congrégation pour les causes des saints.

    Tué en apportant les derniers sacrements

    Le Pape François a reconnu en janvier dernier le martyre du jeune prêtre, mort le 13 octobre 1944 en «haine de la foi», tué par les nazis-fascistes près du cimetière de San Martino di Caprara, l’un des lieux des massacres du Monte Sole (ou «massacres de Marzabotto»), alors qu'il apportait les sacrements aux mourants. Entre l’été et l’automne 1944, plus de 1600 personnes ont été tuées par les nazis et les fascistes dans cette zone de la campagne bolognaise. Les SS, qui voulaient chasser les partisans, s’en prenaient même aux jeunes et aux personnes âgées.

    Don Giovanni, curé d’une localité du Monte Sole, se retrouve dans les derniers jours de sa vie à seulement enterrer les morts. «Il était simplement un bon prêtre, jusqu'à la fin, qui pensait à lui avec son peuple, qui n'avait pas peur parce que son amour pour le Seigneur était plus fort que la peur», a déclaré à son sujet le cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne.

    «L’ange de Marzabotto»

    Giovanni Fornasini est né à Pianaccio di Lizzano à Belvedere, dans les Apennins, le 23 février 1915. Dix ans plus tard, la famille déménage à Porretta Terme et c'est là que le jeune homme grandit, jusqu’à vouloir devenir prêtre. En 1931, il entre au séminaire, période marquée par la fatigue des études et une mauvaise santé. Ordonné prêtre en 1942, il est envoyé à Sperticano, une petite communauté d’à peine plus de 300 habitants près de Marzabotto, où il reste jusqu'à sa mort. Certains l'appellent encore «l'ange de Marzabotto», d'autres le «petit prêtre», qui a offert sa vie pour sauver les autres.

    Don Angelo Baldassarri, responsable du Comité pour la béatification de don Giovanni Fornasini, explique: «C’est un prêtre qui, en temps de guerre, a essayé de faire de sa paroisse une communauté accueillante, attentive aux petits, aux jeunes, au service, à la prière. Puis, lorsque la guerre est revenue, il a ressenti le désir et le besoin d'aider tous ceux qui étaient dans le besoin. C'est une charité silencieuse, sans distinctions, qui a fini par le compromettre, l'exposant à être jugé par les autorités comme "quelqu'un qui se mêle de ce qui ne lui appartient pas"». Une charité «qui se salit les mains», comme le dirait le Pape François.

    La charité jusqu’au bout

    La veille de sa mort, don Giovanni se rend à une fête organisée par les soldats allemands, conscient du danger que couraient certaines filles du village. Le soir même, le commandant des SS l'invite à se rendre le lendemain sur les lieux du massacre. Malgré les craintes de son entourage, le prêtre part. Il ne reviendra jamais. Il est tué derrière le cimetière de Caprara et ce n'est qu’après l'analyse de ses restes que l'on a compris qu'il avait été frappé et visé au cou par une baïonnette. La dépouille de don Giovanni, dont la tête était détachée, n'a été retrouvée qu'au printemps 1945 par son frère.

    «Sa charité, souligne don Angelo Baldassari, était dirigée vers tous. Un amour qui ne s'éteint pas même lorsque la violence se déchaîne, ce qui a troublé les soldats qui, en le tuant, pensaient l'anéantir et le faire oublier rapidement. Ça n’a pas été le cas». «Ce qui est frappant dans la figure de don Giovanni, ajoute-t-il, c'est qu'il a pu vivre les derniers moments de sa vie avec courage et aussi avec une grande force physique, lui qui avait été malade, qui avait été pauvre, qui avait échoué plusieurs fois à l'école. Dans la figure de Giovanni, il apparaît que la fragilité et les difficultés de sa vie l'ont fait devenir un levain, car il a su se mettre à la place de ceux qui vivaient les mêmes difficultés».

    Un vélo près de l'autel

    Lors de la béatification du prêtre italien seront visibles des objets liés à sa vie et à son martyre. Son vélo par exemple, qui était pour lui «l'instrument pour le rapprocher encore plus de ses paroissiens». Mais aussi ses lunettes et son goupillon, trouvés à côté de son corps martyrisé. «Les lunettes, précise don Angelo, représentent le fait qu'il allait voir ce qu'il pouvait faire pour les autres et le goupillon était pour bénir les morts. C'était aussi le dernier outil pastoral de sa vie car, dans ses derniers jours, il n'avait fait qu'enterrer les morts du massacre». «Beaucoup de gens se souviennent que le père Giovanni avait l'habitude de se parfumer, probablement pour pouvoir supporter la mauvaise odeur et pour pouvoir faire au moins ce dernier acte de charité», ajoute-t-il. Il y aura aussi son sac à provisions, le sac dans lequel il avait toujours du pain, des bonbons ou ce dont les gens qui le rencontraient avaient besoin.

    Qu’aurait fait Jésus à ma place ?

    Un des secrets de la sainteté de don Fornasini se trouve dans une question. Certains de ses confrères qui l'avaient vu à la fin du mois d'août 1944 l'accusaient d'exagérer avec la charité, surtout en temps de guerre. Don Giovanni avait alors répondu: «Mais Jésus aurait-il dit ce que tu dis ? Aurait-il fait comme vous ?» «Il y a un message qui me semble très fort pour tous les jeunes - conclut don Angelo, lié au fait que Fornasini n'était pas un “super-héros”. Dans sa vie il a eu beaucoup de difficultés et beaucoup de fragilités, mais c'est précisément dans ces difficultés qu'il a appris à donner le meilleur de lui-même. Il n'est pas un héros inaccessible, mais il nous montre le chemin de ceux qui apprennent de leurs épreuves, il nous dit que face à la violence qui voulait diviser, lui, par sa charité, par son accueil, est devenu un point de référence pour unir et marcher ensemble».

    Un extrait de ses écrits

    Don Fornasini avait écrit dans son journal de séminariste :

    «pas la sagesse, pas le succès. Le Christ est ta joie. Tu es à Lui et tu n'y penses pas, tu es à Lui et tu cherches ce qui n'est pas à Lui, et tu t'arrêtes aux créatures et tu t'attaches aux choses. Tu es à Lui et tu ne veux pas du manteau de la dérision, du diadème d'épines, de la condamnation injuste. Tu es à Lui et tu refuses de partager son lit, la croix; tu es à Lui et tu te plains, et tu as peur et tu es triste... Qui veillera avec toi dans la nuit noire, qui te tiendra la main dans la solitude ? Marie, cause de joie ! Avec elle, nous remontons la route obscure pour revenir à la lumière et pour reprendre et chanter à nouveau le Magnificat de la vie sacerdotale.

    Une vie qui exalte la grandeur du Christ Jésus, Prêtre avec son prêtre».

  • Eglise vivante : dix nouveaux Jésuites ordonnés prêtres le 10 juillet 2021 … à Kimwenza (RDC)

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    Par Mgr Carlos Ndaka, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Kinshasa:

    JPSC

  • France: rigides les jeunes prêtres en soutane ou en col romain ?

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    Ce film (2010) propose de découvrir ces jeunes prêtres, sur les épaules desquels l'Église toute entière reposera dans quelques années (nous y sommes). Pendant une semaine nous suivons trois d'entre eux dans leur vie quotidienne: rencontres avec leurs ouailles, réunions, organisation, célébrations en paroisses, temps de prières et de détente. Source: KTO.

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  • Contrairement à la légende du "pape d'Hitler", Eugenio Pacelli était hostile au parti nazi dès son apparition

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    D'Andrea Gagliarducci sur kath.net/news :

    Les interventions de Pie XII contre le national-socialisme

    La "légende noire" du silence de Pie XII face à la Shoah se nourrit d'une autre légende : Que Pacelli n'a rien fait contre le National Socialisme. Ici aussi, les faits disent le contraire.

    Vatican (kath.net/ACI Stampa)

    La légende noire sur le prétendu silence de Pie XII remonte à l'époque précédant le pontificat. C'était à l'époque où Eugenio Pacelli était nonce apostolique en Allemagne, précisément dans les années de la montée du national-socialisme. Et au lieu de protester contre ce qui s'est avéré être une dictature avec toute sa brutalité, y compris l'antisémitisme, Pacelli serait resté inactif. Il aurait même approuvé un Concordat avec l'Allemagne en 1933, alors qu'il était cardinal secrétaire d'État du Vatican, qui était presque une "carte blanche" pour le national-socialisme. Mais est-ce vraiment le cas ?

    Les faits parlent contre elle, et les recherches du diacre Dominiek Oversteyns, basées sur des sources primaires, montrent que le nonce Pacelli est intervenu 326 fois contre le nazisme[1]. Mais un discours en particulier mérite d'être lu avec attention : Il s'agit d'un discours prononcé le 1er septembre 1929, quatre ans avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir, dans lequel le nonce Pacelli, alors nonce, a critiqué à 44 reprises le parti national-socialiste[2].

    Le programme du parti national-socialiste, qui avait tenu son quatrième congrès à Nuremberg trois semaines auparavant, du 1er au 4 août 1929, est remis en question. Lors de ce congrès, la popularité d'Hitler commence à croître, si bien qu'à partir de ce moment et jusqu'en 1933, le parti reçoit en moyenne 11 % de voix supplémentaires à chaque élection nationale.

    Eugenio Pacelli a immédiatement reconnu le danger et a exprimé son inquiétude dans ce discours, dans lequel il a vivement critiqué le programme électoral d'Hitler. Ce n'était pas la seule fois. Du 4 août 1929 au 10 décembre de la même année, le nonce Pacelli a dénoncé la personne d'Hitler et son programme NSDAP à 70 reprises au total. De 1923 à 1929, années de son expérience en tant qu'"ambassadeur" du pape en Allemagne, Pacelli est intervenu 326 fois contre Hitler et le programme nazi. Ces interventions se retrouvent dans 40 discours et huit documents.

    Examinons maintenant brièvement quelques exemples de critiques à l'encontre d'Hitler et du programme de son parti. Nous laissons aux historiens et aux analystes le soin de les examiner plus en détail entre les plis du langage diplomatique, qui - surtout le langage papal - n'est pas toujours direct, mais cela ne signifie pas qu'il ne dénonce pas des situations.

    Dès le début de son discours, Pie XII a critiqué le point 24 du programme national-socialiste, dans lequel Hitler exigeait "la liberté pour toutes les confessions religieuses dans l'État, dans la mesure où elles ne mettent pas en danger l'existence de l'État et ne heurtent pas les sensibilités germaniques".

    Le Nonce Pacelli a critiqué d'une manière très diplomatique. Il a salué les catholiques comme : "tous des camarades dans la foi réunis ici parmi des leaders éprouvés". En appelant les catholiques "camarades dans la foi", Pacelli critiquait directement le point 24 du programme du NSDAP, dans lequel Hitler résumait qu'il était au-dessus de l'Église catholique et au-dessus de Dieu. Mais tout catholique fervent sait que Dieu est au-dessus d'Hitler ! 12 fois dans son discours, Pacelli critiquera le point 24 du programme.

    En utilisant le terme "Glaubensgenossen", le nonce Pacelli a directement critiqué le point 4 du programme du NSDAP, dans lequel Hitler parle de "Volksgenosse" comme étant le seul type de concitoyens ayant le droit de vivre dans son Reich. En bref, Pacelli dépeint ironiquement les catholiques comme des "coreligionnaires", par opposition aux "coreligionnaires" d'Hitler. A quatre reprises dans ce discours, le Nonce Pacelli critiquera ce point du programme.

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  • Ce qui s'est vraiment passé au Congrés eucharistique international de Budapest

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    De Peter Heltai sur le National Catholic Register :

    Que s'est-il vraiment passé au Congrès eucharistique de Budapest ?

    COMMENTAIRE : Un événement merveilleux qui a donné de l'espoir à des centaines de milliers de pèlerins au cœur de l'Europe sécularisée a malheureusement été présenté par beaucoup comme une rencontre entre un pape " libéral " et un premier ministre " illibéral ".

    Pilgrims at the 52 International Eucharistic Congress participate in a candlelight procession and adoration Sep. 11 in Budapest, Hungary.
    Les pèlerins du 52e Congrès eucharistique international participent à une procession à la bougie et à une adoration le 11 septembre à Budapest, en Hongrie. (photo : Daniel Ibanez / Catholic News Agency)

    21 septembre 2021

    Cela fait une semaine que l'avion papal a atterri sur le sol hongrois et a amené le pape François à Budapest, où il a célébré la messe de clôture du 52e Congrès eucharistique international. 

    Cependant, si l'on regarde la couverture du Congrès, de nombreux yeux de la presse grand public étaient fixés sur la rencontre entre le pape François "libéral" et le Premier ministre hongrois "illibéral" Viktor Orbán. 

    Il en a résulté une politisation malheureuse d'un événement merveilleux qui a donné de l'espoir à des centaines de milliers de pèlerins au cœur d'un continent européen sécularisé. 

    Comme toujours, les grands médias anti-chrétiens et leurs promoteurs ont été très créatifs pour trouver des moyens de détourner l'attention de ce qui s'est réellement passé pendant le Congrès et entre le chef de l'Église catholique et le chef d'un nouveau "bloc politique chrétien européen." Ils avaient plusieurs raisons pour cette manipulation, car aucun des deux événements ne correspond à la narration qu'ils souhaitent. Voyons pourquoi.

    Le communisme goulash

    Cette année, c'était, en fait, la deuxième fois que la Hongrie accueillait un congrès eucharistique. Le premier s'était tenu à la veille de la Seconde Guerre mondiale, en 1938. Le 34e Congrès eucharistique de Budapest devait être l'une des dernières expressions publiques de la chrétienté européenne avant le début d'une ère très sombre de persécutions, de répression et de difficultés. Les organisateurs étaient loin de se douter que le souvenir de ces journées servirait d'espoir aux fidèles souffrant de l'occupation nazie ou de la brutale oppression communiste soviétique qui a suivi. 

    Des figures historiques comme le cardinal József Mindszenty, renforcées par l'expérience du Congrès de 1938, font depuis lors partie de la mémoire commune du pays. Ainsi, les organisateurs du dernier congrès, qui avait dû être reporté d'un an en raison de la pandémie, savaient qu'un héritage très sérieux était en jeu. Non seulement ce Congrès représentait une énorme opportunité de renforcer les fidèles, mais il pouvait également prouver que le catholicisme n'a pas seulement un passé brillant, mais aussi un avenir plein d'espoir en Hongrie. Ceux qui ont eu la chance d'assister à la procession aux chandelles du 11 septembre ou à la messe papale du lendemain n'ont eu aucun doute sur le fait que le Congrès, comme l'a fait remarquer un pèlerin américain, "était ainsi une déclaration sur la renaissance de la Hongrie et la persistance de la foi." 

    Cette "renaissance" est essentielle car, malgré la rhétorique politique actuelle, la religiosité en Hongrie n'est pas sensiblement meilleure qu'en Occident. Plusieurs raisons expliquent cette réalité. La première réside dans l'expérience de la Hongrie avec le "communisme goulash". 

    Après la révolte des combattants de la liberté hongrois contre le communisme en 1956, le régime hongrois a changé de tactique. Au lieu de l'oppression sévère qu'il utilisait auparavant, le régime "réformé" visait le compromis en échange d'avantages économiques.

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  • Le cardinal Sarah, ni traditionaliste, ni progressiste, mais intransigeant

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    «Je ne suis ni traditionaliste, ni progressiste. J’enseigne ce que les missionnaires m’ont enseigné. Je veux être fidèle, c’est tout.» Le cardinal Robert Sarah n’aime pas les étiquettes. Mais il admet celle d’intransigeant «parce que Dieu est exigeant, parce que l’amour est exigeant».

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