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Le pape François promeut la synodalité : tout le monde doit pouvoir parler, tout le monde doit être entendu. Ce n’est guère le cas avec son motu proprio Traditionis Custodes récemment publié, un ukase qui doit immédiatement mettre un terme à la messe latine traditionnelle. […] Le fait que François s’empare ici de la parole du pouvoir sans aucune consultation indique qu’il perd de l’autorité. Cela est devenu évident plus tôt lorsque la Conférence épiscopale allemande n’a pas tenu compte de l’avis du Pape concernant le processus de synodalité. La même chose s’est produite aux États-Unis, où le pape François a appelé la Conférence épiscopale à ne pas préparer un document sur la communion. […]
Le langage est très similaire à une déclaration de guerre. Chaque pape depuis Paul VI a toujours laissé des ouvertures pour l’ancienne messe. Si des changements ont été apportés, il s’agissait de révisions mineures, voir par exemple les indults de 1984 et 1988. Jean-Paul II croyait fermement que les évêques devaient être généreux en autorisant la messe tridentine. Benoît a même ouvert grand la porte avec Summorum Pontificum : « Ce qui était sacré alors, l’est encore aujourd’hui ».
François claque violemment la porte avec Traditionis Custodes. Cela ressemble à une trahison et est une gifle pour ses prédécesseurs. L’Église n’a jamais aboli les liturgies. Pas même le Concile de Trente. François rompt complètement avec cette tradition. Le motu proprio contient quelques instructions et commandes succinctes. Ceci est expliqué plus en détail au moyen d’une déclaration plus longue. Cette déclaration contient de nombreuses inexactitudes factuelles. L’une est l’affirmation que ce que Paul VI a fait après Vatican II serait la même chose que ce que Pie V a fait après Trente. C’est complètement loin de la vérité. N’oublions pas qu’avant cette époque divers manuscrits (transcrits) circulaient et que des liturgies locales avaient vu le jour ici et là. C’était le bordel.
Trente voulait restaurer les liturgies, éliminer les inexactitudes et vérifier l’orthodoxie. Le Concile de Trente n’a pas demandé de réécrire la liturgie, ni de nouveaux ajouts, de nouvelles prières eucharistiques, un nouveau lectionnaire ni un nouveau calendrier. Il s’agissait de garantir une continuité organique ininterrompue. Le missel de 1517 renvoie au missel de 1474 et ainsi de suite au IVe siècle. Il y avait une continuité à partir du 4ème siècle. Même après le XVe siècle, il y a quatre siècles de continuité. De temps en temps, seuls quelques changements mineurs ont été apportés ou l’ajout d’une célébration, d’un mémorial.
Vatican II, selon le document du concile Sacrosanctum Concilium, a demandé des réformes liturgiques. Tout bien considéré, il s’agit d’un document conservateur. Le latin est maintenu, les chants grégoriens conservent leur place légitime dans la liturgie. Cependant, les développements qui ont suivi Vatican II sont très éloignés des documents conciliaires. Le tristement célèbre « esprit du concile » ne se trouve nulle part dans les textes conciliaires eux-mêmes. Seulement 17% des prières de l’ancien Missel (Trente) se retrouvent dans le nouveau Missel (Paul VI). Il est alors difficile de parler de continuité d’un développement organique. Benoît l’a reconnu et, pour cette raison, a donné une large place à l’ancienne messe. Il a même dit que personne n’avait besoin de sa permission (« Ce qui était sacré à l’époque, l’est encore aujourd’hui »).
Le pape François prétend maintenant que son motu proprio se situe dans le développement organique de l’Église, ce qui contredit complètement la réalité. En rendant la messe latine pratiquement impossible, il rompt avec la tradition liturgique séculaire de l’Église catholique romaine. La liturgie n’est pas un jouet des papes, mais un héritage de l’Église. L’Ancienne Messe n’est pas une question de nostalgie ou de goût. Le Pape devrait être le gardien de la Tradition ; le Pape est le jardinier, pas le fabricant. Le droit canon n’est pas seulement une question de droit positif, il existe aussi une chose telle que la loi naturelle et la loi divine, et de plus il y a une chose telle que la Tradition qui ne peut pas être simplement écartée.
Ce que fait le pape François n’a rien à voir avec l’évangélisation et encore moins avec la miséricorde. C’est plutôt de l’idéologie. Rendez-vous dans une paroisse où est célébrée l’ancienne messe. Que rencontrez-vous là-bas : des gens qui veulent juste être catholiques. Ce ne sont généralement pas des gens qui s’engagent dans des disputes théologiques, ni contre Vatican II (mais contre sa mise en œuvre). Ils aiment la messe latine pour sa sainteté, sa transcendance, sa centralité pour le salut des âmes, la dignité de la liturgie. Vous croisez des familles nombreuses, les gens se sentent les bienvenus.[…]
Pourquoi le Pape veut-il refuser cela aux gens ? Je reviens à ce que j’ai dit tout à l’heure : c’est de l’idéologie. […] Le nombre relativement restreint de croyants (qui, d’ailleurs, augmente, tandis que le novus ordo s’effondre) qui se sentent chez eux à la messe traditionnelle doit et sera banni. C’est de l’idéologie et de la malveillance.
Si vous voulez vraiment évangéliser, vraiment faire preuve de miséricorde, soutenir les familles catholiques, alors honorez la messe tridentine. L’ancienne messe ne peut plus être célébrée dans les églises paroissiales à partir d’aujourd’hui, vous avez besoin d’une autorisation explicite de votre évêque, qui peut ne l’autoriser que certains jours, et pour ceux qui seront ordonnés à célébrer l’ancienne messe, l’évêque doit demander conseil à Rome. Dictatorial, antipastoral, impitoyable ! […] »
Dans une vidéo relayée sur les réseaux sociaux par l'association Notre-Dame de Chrétienté, une soixantaine de jeunes du monde entier interpellent le pape François et les évêques, pour témoigner de leur attachement à la messe tridentine. Le site web « aleteia » en assure à son tour le relai :
« Nous aimons la messe latine traditionnelle parce qu’elle est la même messe partout dans le monde, elle est universelle, catholique, au sens premier du terme ». Quelques jours après la publication du motu proprio Traditionis Custodes, qui a suscité une vague de réactions en France et dans le monde entier, une soixantaine de jeunes s’adressent directement au pape François et aux évêques, dans une vidéo de près de deux minutes, publiée sur le compte YouTube de Young Catholics for Holy Mass et relayée, entre autres, par l’association Notre-Dame de Chrétienté.
Sur un ton très respectueux et qui semble dépourvu de toute volonté de polémique, ils expliquent pourquoi ils regrettent certains passages de la lettre du pape François accompagnant le motu proprio. « Nous n’encourageons pas “les désaccords qui blessent l’Eglise” », affirme une jeune fille. « Nous ne “bloquons pas son chemin” ni ne l’ “exposons au péril de la division” », insiste un autre. Réaffirmant leur loyauté, ces jeunes affirment au Pape et aux évêques être « votre jeunesse » et « vos brebis ». « Nous prions pour vous tous les jours », concluent-ils »:
Motu proprio « Traditionis Custodes » : Mgr Rey évêque de Toulon et Fréjus veut aussi demeurer fidèle au désir de réconciliation voulu par Benoît XVI. Une interview réalisée par Philippe de Saint-Germain et publiée sur le site web « Aleteia » :
« Pour l’évêque de Fréjus-Toulon, le pape François n'a pas aboli le missel de saint Jean XXIII, mais il veut s'assurer que ceux qui le suivent demeurent dans l’unité de l'Église universelle, et qu'ils restent fidèles au désir de réconciliation voulu par son prédécesseur Benoît XVI.
Dans le diocèse de Fréjus-Toulon, de nombreuses communautés religieuses et paroisses pratiquent la forme extraordinaire du missel romain, dans une pleine communion avec l’évêque du lieu, et la fidélité au concile Vatican II. C’est dire l’incompréhension que ces fidèles peuvent ressentir face aux restrictions apportées par le motu proprio du pape François dans l’usage de la messe tridentine. Pour Mgr Dominique Rey, qui se félicite de la « grande force missionnaire » des communautés traditionnelles dans son diocèse, le motu proprio peut contribuer à renforcer le dialogue et l’intégration de tous les fidèles à la mission évangélisatrice de l’Église, sans renoncement à une « liturgie si féconde en saints et en vocations ». Il s’en explique à Aleteia :
Aleteia : Monseigneur, comme d’autres évêques de France, vous vous félicitez de « l’esprit évangélique et de la communion ecclésiale » des fidèles et des prêtres attachés à la messe tridentine dans votre diocèse. Comprenez-vous l’émoi et l’inquiétude que le motu proprio Traditionis Custodes a suscité chez eux ?
Mgr Dominique Rey : Dans le Var, la grande majorité des catholiques attachés à la messe tridentine cherchent vraiment à s’intégrer au tissu diocésain, à tisser des relations fraternelles avec les autres fidèles et les autres prêtres et à œuvrer de concert avec eux, dans une même charité. Cette décision prise pour l’Église universelle peut donc donner l’impression de nier leur désir d’unité, vécu dans mon diocèse comme dans de nombreux autres diocèses français. Cette lettre apostolique a également pu être incomprise par de nombreux catholiques attachés au nouveau missel, qu’ils aient fréquenté ou non les richesses de l’ancien. Nous devons tous recevoir ce motu proprio dans l’obéissance et la confiance. Je crois que les fidèles attachés à la messe tridentine qui s’associeront au souci d’unité affiché par le Saint-Père montreront aux différents évêques que la forme extraordinaire a toute sa place dans leur diocèse. J’en suis déjà convaincu pour le mien.
Partagez-vous cependant la double « angoisse » du pape François devant les dérives liturgiques mais aussi devant l’attitude des catholiques qui auraient abusé de la protection de Benoît XVI pour refuser l’enseignement du concile Vatican II ?
Le pape François a raison de se méfier de toute tendance au monopole, de toute tendance à « établir sa propre justice », selon l’expression de saint Paul aux Romains (10, 3). Mais, encore une fois, ce n’est pas ce que j’ai expérimenté dans mon diocèse, où les communautés traditionalistes m’ont paru faire au contraire preuve d’une grande fidélité à tout le magistère de l’Église, et notamment au concile Vatican II. D’ailleurs, en effet, cette tendance n’est pas le propre des communautés attachées à l’ancien missel, et le pape rappelle dans Traditionis custodes que le nouveau missel est sujet à de nombreux abus. Toutes les communautés, surtout si elles suivent des règles spécifiques ou si elles ne sont pas enracinées dans la Tradition, peuvent chercher à s’arroger la loi, les sacrements et même la grâce. Mais ces biens ne sont la propriété de personne : ce sont des dons divins, et il revient à l’Église de les recevoir et de les administrer pour tous. En ce sens, la mission des chrétiens n’est pas de « s’approprier » la liturgie ou les sacrements, mais de gagner le cœur des pécheurs. L’Église est là pour tous les hommes (2 Co 12, 14) et le rôle de l’évêque et des prêtres est donc de faire en sorte qu’ils puissent s’incorporer toujours plus au Corps du Christ, pour y recevoir pleinement la vie divine.
Pour le Père Daniel-Ange, auteur de « Ces enfants partis dès l’aube » (éd. Saint-Paul, 2011), l’Église gagnerait à proposer davantage de jeunes enfants non-martyrs comme modèles de sainteté.
Ce 12 septembre à Toulon, Mgr Dominique Rey a ouvert le procès de béatification de la petite Anne-Gabrielle Caron. Enfin un évêque qui prend au sérieux la sainteté d’une enfant ! Mais pourquoi donc l’Église catholique n’a-t-elle encore béatifié, encore moins canonisé aucun enfant, à moins qu’il ne soit martyr ? Les seuls jusqu’à présent étant Jacinta et Francisco de Fatima, béatifiés par saint Jean-Paul II en 2000 puis canonisés par François en 2017. Mais tous les enfants n’ont pas eu le privilège de voir la Sainte Mère de Dieu !
À ma connaissance, aucun autre ! Pas un seul ! C’est tout simplement incroyable, incompréhensible, inconcevable. Oui, pourquoi ? Voici une trentaine d’années, je rencontre le préfet de la Congrégation pour la cause des saints, à Rome, et lui pose la question. Sa réponse m’a sidéré : impossible de béatifier un enfant, parce qu’il ne peut avoir vécu aucune vertu de manière héroïque, étant « naturellement vertueux ». Sous-entendu : étant déjà saint « automatiquement ». J’ose lui rétorquer : « Monseigneur, on voit que vous n’avez jamais été papa ! » Est-ce ce « virus » idéologique qui continuerait à infester ladite Congrégation, et, avant cela, les évêchés ? Virus que seul jusqu’à présent Jean-Paul II a réussi à éliminer, et encore, une seule fois !
Je ne parle pas ici des adolescents, et encore moins des jeunes – non-martyrs ou non-religieux –, encore qu’il n’y en ait finalement qu’une toute petite poignée en sept siècles de canonisations ! Cela va de Dominique Savio à Carlo Acutis, en passant par Frassati et Chiara Luce.
Au seuil de la béatification
Pourquoi donc Anne de Guigné n’a-t-elle jamais franchi le seuil de la béatification, alors qu’elle a entraîné des générations d’enfants et d’ados sur le chemin de la sainteté, et continue d’obtenir des miracles à profusion ? Cela, c’était la génération de nos grands-parents. Mais plus proches de nous chronologiquement, il y en a tellement parfaitement canonisables. J’en donne de beaux exemples dans mon livre.
Parmi ceux qui sont un peu connus en France, grâce à une biographie, signalons, outre Anne-Gabrielle déjà mentionnée, Audrey Stevenson, le petit Philippin Darwin Ramos ou encore Ambroise Ficheux. Et bien sûr Jeanne-Marie Kegelin, violée et tuée à 10 ans, en Alsace.
Si eux ne sont pas saints, qui donc le sera jamais ? Je désespérerais de la sainteté.
Mais alors, pourquoi aucun évêque n’a-t-il encore introduit leurs causes ? Et pourquoi, alors que les évêques italiens ont envoyé bon nombre de procès à la Congrégation pour la cause des saints, celle-ci semble-t-elle toujours réticente ?
Thomas d’Aquin nous dit qu’un enfant est un adulte dans l’Esprit-Saint. Il peut faire preuve d’une maturité spirituelle, à faire pâlir les adultes, rejoignant les plus grands saints. Cela transparaît tout au long de cet autre de mes livres : Ton enfant, il crie la vérité. Catéchisme pour théologiens. Des enfants par millions attendent d’avoir au moins quelques-uns de leur peuple mondialement glorifiés.
Et puis il y a les plus grands d’entre eux, les plus puissants sur le cœur du Père : ces millions de victimes du mépris et de la haine de la vie, les Innocents de Bethléem d’aujourd’hui. Ceux de l’Évangile sont fêtés en rouge, donc célébrés comme les tout premiers martyrs pour Jésus, avant Jean-Baptiste et Étienne. Tout inconscients qu’ils en soient. Ceux d’aujourd’hui pourraient tous être globalement canonisés. Jean-Paul II l’a osé, de manière discrète, dans sa grande encyclique, plus actuelle que jamais, Evangelium vitae : « Ton enfant, il vit désormais dans le Seigneur. » C’est-à-dire dans sa Gloire.
Mais déjà ou pas encore béatifiés, j’ose leur appliquer ce que le cardinal Felici, alors préfet de la Congrégation pour la cause des saints m’écrivait sur les jeunes : « Faut-il nécessairement cette reconnaissance officielle de l’Église pour que leurs vertus rayonnent et que leur intercession au Ciel soit bienfaisante auprès des jeunes d’aujourd’hui ? Il suffit de les connaître, pour les aimer, pour les imiter, pour les invoquer. »
"En ce 23 juillet 2021, fête de sainte Marie-Madeleine, le cardinal Burke a diffusé le texte suivant (traduction via le FC) :
”De nombreux fidèles – laïcs, ordonnés et consacrés – m’ont exprimé la profonde détresse que leur a apporté le Motu Proprio «Traditionis Custodes». Ceux qui sont attachés à l’Usus Antiquior (usage plus ancien), ce que le Pape Benoît XVI a appelé la Forme Extraordinaire du Rite Romain, sont profondément découragés par la sévérité de la discipline imposée par le Motu Proprio et offensés par le langage qu’il emploie pour les décrire, leurs attitudes et leur conduite. En tant que membre des fidèles, qui a également un lien intense avec l’Usus Antiquior, je partage pleinement leurs sentiments de profonde tristesse.
En tant qu’Évêque de l’Église et Cardinal, en communion avec le Pontife romain et avec une responsabilité particulière pour l’assister dans sa pastorale et la gouvernance de l’Église universelle, je fais les observations suivantes:
1. À titre préliminaire, il faut se demander pourquoi le texte latin ou officiel du Motu Proprio n’a pas encore été publié. Autant que je sache, le Saint-Siège a promulgué le texte en versions italienne et anglaise, et, par la suite, en traductions allemande et espagnole. Puisque la version anglaise est appelée une traduction, il faut supposer que le texte original est en italien. Si tel est le cas, il existe des traductions de textes significatifs dans la version anglaise qui ne sont pas cohérentes avec la version italienne. Dans l’article 1, l’adjectif italien important, “unica“, est traduit en anglais par “unique“, au lieu de “seulement“. À l’article 4, le verbe italien important, ”devono”, est traduit en anglais par ”devrait”, au lieu de ”doit”.
2. Tout d’abord, il importe d’établir, dans cette observation et les suivantes (nos 3 et 4), l’essentiel de ce que contient le Motu Proprio. Il ressort de la sévérité du document que le pape François a publié le Motu Proprio pour s’attaquer à ce qu’il perçoit comme un mal grave menaçant l’unité de l’Église, à savoir l’Usus Antiquior. Selon le Saint-Père, ceux qui pratiquent selon cet usage font un choix qui rejette ”l’Église et ses institutions au nom de ce qu’on appelle la «vraie Église», un choix qui «contredit la communion et nourrit la tendance à la division… contre laquelle l’apôtre Paul a si vigoureusement réagi.”
3. Clairement, le Pape François considère le mal si grand qu’il a pris des mesures immédiates, n’en informant pas les évêques à l’avance et ne prévoyant même pas l’habituelle vacatio legis, une période de temps entre la promulgation d’une loi et son entrée en vigueur. La vacatio legis donne aux fidèles, et surtout aux évêques, le temps d’étudier la nouvelle législation concernant le culte de Dieu, l’aspect le plus important de leur vie dans l’Église, en vue de sa mise en œuvre. La législation, en effet, contient de nombreux éléments qui nécessitent une étude quant à son application.
4. De plus, la législation impose des restrictions à l’Usus Antiquior, qui signalent son élimination définitive, par exemple, l’interdiction d’utiliser une église paroissiale pour le culte selon l’Usus Antiquior et l’établissement de certains jours pour un tel culte. Dans sa lettre aux évêques du monde, le pape François indique deux principes qui doivent guider les évêques dans la mise en œuvre du Motu Proprio. Le premier principe est de «pourvoir au bien de ceux qui sont enracinés dans la forme de célébration précédente et qui ont besoin de revenir en temps voulu au rite romain promulgué par les saints Paul VI et Jean-Paul II». Le deuxième principe est «d’interrompre l’érection de nouvelles paroisses personnelles davantage liées au désir et aux souhaits des prêtres individuels qu’aux besoins réels du ‘saint Peuple de Dieu’».
5. Apparemment, la législation vise à corriger une aberration principalement attribuable au «désir et aux souhaits» de certains prêtres. À cet égard, je dois observer, surtout à la lumière de mon service d’Évêque diocésain, que ce ne sont pas les prêtres qui, en raison de leurs désirs, ont exhorté les fidèles à demander la Forme extraordinaire. En fait, je serai toujours profondément reconnaissant aux nombreux prêtres qui, malgré leurs engagements déjà lourds, ont généreusement servi les fidèles qui ont légitimement demandé l’Usus Antiquior. Les deux principes ne peuvent que communiquer aux fidèles dévots, qui ont une profonde appréciation et attachement à la rencontre avec le Christ à travers la Forme Extraordinaire du Rite Romain, qu’ils souffrent d’une aberration qui peut être tolérée pendant un certain temps mais doit finalement être éradiquée.
La lettre du pape François aux évêques apparaît comme un jugement et une mesquinerie, empestant une herméneutique du soupçon.
17 juillet 2021
Le vendredi 16 juillet, nous nous sommes tous réveillés avec un nouvel exemple de la lourdeur du Pape Bergoglio, avec la promulgation de son dernier motu proprio, Traditionis Custodes, qui annule la législation de ses prédécesseurs, Saint Jean-Paul II (1984 et 1988) et Benoît XVI (2007), sur l'utilisation du Missel du Pape Saint Pie V, appelé "forme extraordinaire" du Rite Romain par Benoît XVI (1).
Dans l'intérêt d'une divulgation complète, permettez-moi de dire d'emblée que je n'ai pas vraiment de cheval dans cette course. Bien que je célèbre la Messe de la "forme extraordinaire" (FE) quand on me le demande, ma préférence personnelle va à la "forme ordinaire" (FO) en latin, tournée vers l'Est. Cela dit, comme les lecteurs réguliers de CWR le savent grâce aux homélies publiées ici, j'aide fréquemment la paroisse Holy Innocents à Midtown Manhattan et j'y célèbre la Messe dans les deux formes. En fait, j'ai aidé cette paroisse pendant plus de vingt-six ans. Avant l'introduction de la messe tridentine (ou FE - Forme Extraordinaire -) en 2008, j'offrais la FO - Forme Ordinaire - en latin.
Dans la "lettre de présentation" de François à l'épiscopat mondial, il dit :
"Après 13 ans de pratique, j'ai chargé la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de faire circuler un questionnaire aux évêques concernant la mise en œuvre du Motu proprio Summorum Pontificum.
Les réponses révèlent une situation qui me préoccupe et m'attriste, et me persuade de la nécessité d'intervenir.
Malheureusement, l'objectif pastoral de mes Prédécesseurs, qui avaient l'intention de "tout faire pour que tous ceux qui ont vraiment le désir de l'unité trouvent la possibilité de rester dans cette unité ou de la redécouvrir", a souvent été gravement négligé.
L'opportunité offerte par saint Jean-Paul II et, avec encore plus de magnanimité, par Benoît XVI, destinée à retrouver l'unité d'un corps ecclésial aux sensibilités liturgiques diverses, a été exploitée pour élargir les fossés, renforcer les divergences et encourager les désaccords qui blessent l'Église, bloquent son chemin et l'exposent au péril de la division."
En d'autres termes, sa principale motivation pour restreindre l'"ancienne" messe est la crainte qu'elle ait favorisé la désunion. C'est ici que j'ai un "cheval dans la course". Dans ma prédication et mon enseignement liturgique (par le biais d'un programme d'éducation théologique permanent, étendu et régulier) à Holy Innocents, je cite régulièrement le Catéchisme actuel de l'Église catholique et les documents de Vatican II et, lorsque cela est approprié, j'explique les différences entre la FO et la FE, ainsi que leurs calendriers respectifs. Je n'ai jamais perçu le moindre signe d'opposition. En outre, Holy Innocents offre cinq messes quotidiennes pendant la semaine de travail, la messe du soir étant célébrée en FE. Une fois de plus, je dois dire que je n'ai jamais rencontré de division entre les participants réguliers à l'une ou l'autre forme ; encore une fois, il faut observer que pas mal de personnes qui assistent aux célébrations dominicales en FE et qui ne travaillent pas dans la région de Holy Innocents assistent à la messe quotidienne en FO. Nous reviendrons sur cette évaluation en temps voulu.
La lettre de François aux évêques apparaît comme un jugement et une mesquinerie, empestant une herméneutique du soupçon. Il est très ironique que le Pape, décidé à faire preuve de "miséricorde" envers les militants homosexuels et les adultères (c'est-à-dire les divorcés et les remariés), ne fasse pas preuve d'une once de sollicitude pastorale envers les catholiques fidèles. Si la situation désastreuse de désunion qu'il évoque existe quelque part, n'incombe-t-il pas à l'évêque diocésain de s'en occuper ? Quelqu'un qui souffre d'un ongle incarné ne mérite pas l'amputation de son doigt ou de sa main. En réalité, il est perversement amusant que le Pape s'engage dans la même conduite que certains traditionalistes radicaux lorsqu'ils découvrent un abus liturgique dans l'Eglise "traditionnelle" et accusent ainsi la FO du problème.
Un article renversant publié sur le site de la RTBF (radio télévision belge francophone) :
Le saviez-vous : Mère Teresa était contre l’avortement
Adulée par les foules, Mère Teresa de Calcutta est célébrée comme une icône de la lutte en faveur des pauvres et des souffrants. Pourtant, le processus de canonisation express en 2016 de la “sainte des caniveaux” ne fait encore l’unanimité…
Mère Teresa à Calcutta, le 23 août 1996
Défenseure d’une doctrine traditionaliste
Alors qu’elle consacrait sa vie à soulager la misère des plus malheureux, Mère Teresa ne s’est jamais cachée de sa fidélité aux valeurs traditionalistes de l’Église catholique. Des principes moraux, dira-t-on, allant bien à l’encontre de l’émancipation des femmes.
Deux discours de la sainte albanaise d’origine et naturalisée indienne traduisent son rejet viscéral pour le divorce, la contraception et l’avortement : En 1979, lorsqu’elle reçoit le prix Nobel de la Paix, elle déclare :
"L’avortement est la plus grande force de destruction de la paix aujourd’hui, par le meurtre d’innocents enfants, un meurtre commis directement par la mère elle-même. Que signifie de s’entretuer ainsi ? Même si les mères oublient leurs enfants tués, moi je n’oublierai pas ces millions d’enfants non nés parce que tués. Et personne ne parle d’eux. Pour moi, les pays qui légalisent l’avortement sont de pauvres nations".
Lors de la Conférence internationale sur la population au Caire, en 1994, elle va jusqu’à condamner l’avortement même dans les cas les plus extrêmes, comme le viol.
"C’est pour moi en contradiction avec sa sincère compassion pour la personne souffrante." commente Matreyi Chaterjee, personnalité féministe indienne.
Également présidente du Forum against Oppression of Women (Association contre l’oppression des femmes), Chaterjee poursuit dans cet article de Libération : "On ne peut lui reprocher ce qui fait partie du discours officiel de l’Eglise catholique, mais qu’est-ce qui l’oblige à faire du zèle dans un pays qui souffre de surpopulation ?".
Mère Teresa ne s’est pas arrêtée à ces deux déclarations publiques. Immiscée dans le débat sur l’avortement en Espagne, en 1983, elle était également proche des “pro life” américains. En 1995, en France, elle avait également parrainé un colloque du cercle Renaissance, lié au Front National.
Une critique parmi d’autres
Comme le rappelle Le Courrier international ou encore L’Express, on reproche également à la Sœur au sari de coton blanc un dogmatisme excessif, des adoptions polémiques, une accointance avec des personnalités controversées, un penchant pour la mortification et même, des doutes sur l’existence de Dieu.
Certaines critiques plus méritées que d’autres mais, quoi qu’il en soit, le mythe d’altruisme et de générosité accolé à “la petite sœur des pauvres” a pour le moins été remis en question.
Archevêque Cordileone : La messe traditionnelle en latin se poursuivra à San Francisco
Il semble que les messes traditionnelles en latin dans les diocèses des États-Unis vont se poursuivre comme prévu, pendant que les évêques préparent les réponses à Traditionis custodes.
L'archevêque Salvatore Cordileone de San Francisco. (photo : CNA / CNA)
16 juillet 2021
Alors que les évêques diocésains examinent comment mettre en œuvre le motu proprio du pape François sur l'utilisation de la messe traditionnelle en latin, l'archevêque de San Francisco a déclaré qu'elle continuerait à être disponible dans son église locale.
L'archevêque Salvatore Cordileone de San Francisco a déclaré à CNA le 16 juillet que "la messe est un miracle sous toutes ses formes : Le Christ vient à nous dans la chair sous l'apparence du pain et du vin. Ce qui compte, c'est l'unité sous le Christ. Par conséquent, la messe traditionnelle en latin continuera d'être disponible ici dans l'archidiocèse de San Francisco et fournie en réponse aux besoins et désirs légitimes des fidèles."
Il semble que les messes traditionnelles en latin dans les diocèses à travers les États-Unis vont largement continuer comme prévu, pendant que les évêques préparent les réponses à Traditionis custodes.
Le motu proprio indique qu'il est de la "compétence exclusive" de chaque évêque d'autoriser l'utilisation du Missel romain de 1962 dans son diocèse.
Il définit également les responsabilités des évêques dont les diocèses comptent déjà un ou plusieurs groupes qui offrent la messe sous la forme extraordinaire, en demandant aux évêques de déterminer si ces groupes ne nient pas la validité de Vatican II et du Magistère.
Les évêques ont pour instruction de "désigner un ou plusieurs lieux où les fidèles adhérents de ces groupes peuvent se réunir pour la célébration eucharistique (pas toutefois dans les églises paroissiales et sans l'érection de nouvelles paroisses personnelles)".
Le sentiment de Mgr Cordileone a rejoint celui d'autres évêques.
Mgr Edward Scharfenberger, évêque d'Albany, a écrit : "En ce qui concerne la célébration de la liturgie romaine avant les réformes de 1970, je souhaite réitérer le grand bien pastoral et spirituel qui a été expérimenté par ceux qui ont été et qui sont engagés dans cette forme de liturgie. Je voudrais également reconnaître les nombreuses et précieuses contributions apportées à la vie de l'Église par ces célébrations."
Il a ajouté que lui, ainsi que les autres évêques, ont été consultés l'année dernière au sujet de la messe traditionnelle en latin : "Celle-ci a été dûment remplie et expédiée, bien que, à ma connaissance, aucun résumé des différentes réponses des évêques n'ait été fourni à ce jour. Ma réponse donnait des détails sur les dispositions et expériences actuelles au sein du diocèse ; ainsi que d'autres points, tels que ceux mentionnés dans le paragraphe ci-dessus."
Le diocèse d'Arlington a déclaré à CNA que toutes les paroisses qui avaient prévu d'offrir des messes sous la forme extraordinaire seraient en mesure de le faire.
"L'évêque Burbidge a lu le motu proprio concernant le Missel de 1962", a déclaré une déclaration de Billy Atwell, responsable de la communication du diocèse d'Arlington. "Il l'examinera plus en détail et donnera des conseils supplémentaires à nos prêtres dans un avenir proche. Les paroisses qui doivent actuellement célébrer la messe sous la forme extraordinaire ce week-end ont reçu la permission de le faire."
Mgr Thomas Tobin, évêque de Providence, a qualifié le motu proprio de "défi et d'opportunité". "Dans le diocèse de Providence, nous allons l'étudier et le mettre en œuvre ensemble, dans la paix et la prière. Mais par-dessus tout, nous affirmerons notre amour pour la Sainte Messe, et notre unité dans le Christ et sa Sainte Église", a-t-il déclaré.
À propos du Nouveau mouvement liturgique, Gregory DiPippo a noté que le motu proprio a été publié le jour de la fête de Notre-Dame du Mont Carmel, et que "lorsque les ordres mendiants comme les Carmes sont apparus au 13ème siècle, dans le cadre du mouvement de réforme en cours dans l'Église, ils ont été attaqués pour divers motifs par les représentants des institutions ecclésiastiques plus établies, qui n'aimaient pas voir leur propre décadence et leur complaisance remises en question par la vitalité évangélique du nouveau mouvement. Semper idem". "Si vous aimez l'Église et la liturgie traditionnelle, adoptez une dévotion mariale, si vous n'en avez pas déjà une, et faites-vous un devoir de demander l'intercession de la Vierge pour dénouer ce nœud d'injustice flagrante. De même, invoquons continuellement l'intercession de saint Joseph, que nous honorons du titre de Patron de l'Église universelle, qui a le plus grand besoin de sa puissante protection, et de saint Pie V, dont le Missel reste l'expression la plus authentique de la lex orandi de l'Église romaine."
Le point de vue de Christophe Geffroy, Fondateur et directeur du mensuel « La Nef », publié ce jour sur le site web de la revue :
« L’incompréhension est ce qui domine en lisant le motu proprio Traditionis Custodes et la lettre aux évêques qui l’accompagne. On ne comprend pas la justification ni la nécessité d’un tel texte, et ce d’autant plus que le pape a légiféré sur la base d’un argument incomplet et d’informations fausses.
1/ L’argument incomplet. Affirmer que le motu proprio Ecclesia Dei de Jean-Paul II n’était motivé que pour « une raison ecclésiale de recomposer l’unité de l’Église » n’est pas exact. Certes, cela en était une raison majeure, mais il y en avait une autre omise par François : « tous les pasteurs et les autres fidèles doivent aussi avoir une conscience nouvelle non seulement de la légitimité mais aussi de la richesse que représente pour l’Église la diversité des charismes et des traditions de spiritualité et d’apostolat. Cette diversité constitue aussi la beauté de l’unité dans la variété : telle est la symphonie que, sous l’action de l’Esprit-Saint, l’Église terrestre fait monter vers le ciel » (Ecclesia Dei n. 5-a).
2/ Les informations fausses. Le pape François affirme que la générosité de Jean-Paul II et Benoît XVI aurait été utilisée par les tradis pour s’opposer à la messe de Paul VI et au concile Vatican II en mettant en péril l’unité de l’Église. Il écrit en effet : « L’occasion offerte par saint Jean-Paul II et avec encore plus de magnanimité par Benoît XVI de restaurer l’unité du corps ecclésial, dans le respect des diverses sensibilités liturgiques, a été utilisée pour accroître les distances, durcir les différences et construire des oppositions qui blessent l’Église et entravent son progrès, l’exposant au risque de la division. […] Mais je suis également attristé par l’utilisation instrumentale du Missale Romanum de 1962, qui se caractérise de plus en plus par un rejet croissant non seulement de la réforme liturgique, mais du Concile Vatican II, avec l’affirmation infondée et insoutenable qu’il a trahi la Tradition et la “vraie Église”. […] Il est de plus en plus évident, dans les paroles et les attitudes de beaucoup, qu’il existe une relation étroite entre le choix des célébrations selon les livres liturgiques antérieurs au Concile Vatican II et le rejet de l’Église et de ses institutions au nom de ce qu’ils considèrent être la “vraie Église”. Il s’agit d’un comportement qui contredit la communion, alimentant cette pulsion de division. »
Le vocabulaire même utilisé par François est celui de la Fraternité Saint-Pie X : la « vraie Église » ! Aucun tradi fidèle à Rome ne l’emploie ! Donc, son constat est vrai si on se limite à la Fraternité Saint-Pie X. Mais il est faux si on l’applique à la mouvance « Ecclesia Dei » dans sa grande majorité ; qu’il existe des cas répondant à ce que dit le pape est vrai, mais ils sont très minoritaires : pourquoi appliquer une punition collective pour la faute de quelques-uns, n’aurait-il pas suffi de sévir contre ceux-là ? Visiblement, nous ne connaissons pas le même monde tradi que le pape ou ses conseillers, car cela ne correspond tout simplement pas à la réalité ; ils le voient comme un monde homogène qui serait en fait celui de la seule Fraternité Saint-Pie X ! Qui conseille et éclaire le pape sur ces sujets ?
À partir d’informations biaisées sur la situation réelle, on fait croire que le pape répond à une demande qui n’est que celle d’une petite minorité qui a toujours été farouchement hostile à la forme extraordinaire.
3/ L’objectif du pape… et ses conséquences dramatiques prévisibles : « C’est pour défendre l’unité du Corps du Christ que je suis obligé de révoquer la faculté accordée par mes Prédécesseurs. L’usage déformé qui en a été fait est contraire aux raisons qui les ont conduits à accorder la liberté de célébrer la messe avec le Missale Romanum de 1962. » En voulant défendre l’unité, ce motu proprio va apporter incompréhension, désarroi, drames et finalement attiser les divisions au lieu de les réduire : il va aboutir à l’inverse de son objectif ! En un coup de crayon, il balaie 35 années d’efforts de Jean-Paul II et Benoît XVI pour apaiser la situation et apporter une paix certes imparfaite mais réelle. Même la synthèse de la CEF, pourtant peu bienveillante à l’égard du monde tradi, reconnaissait que Summorum Pontificum avait conduit globalement à une « situation apaisée », ce que notre enquête a largement confirmé (cf. le dossier sur les « tradis » dans La Nef n°338 de juillet-août 2021).
Il va réveiller la guerre liturgique, exacerber la résistance des tradis et, surtout, entraîner pas mal de départs vers la Fraternité Saint-Pie X (qui doit se réjouir de ce motu proprio qui va alimenter leurs troupes et confirmer ce qu’ils ne cessent de répéter depuis 1988, à savoir qu’on ne peut faire confiance à Rome, les confortant dans le refus de toute réconciliation) – ce que précisément Jean-Paul II et Benoît XVI avaient su éviter par leur attention à l’égard de ce monde tradi. Cela risque d’être un immense gâchis.
Ajoutons une remarque importante d’un point de vue historique et psychologique : Paul VI était prêt à des concessions sur la messe si Mgr Lefebvre n’avait pas rejeté Vatican II (c’est la fameuse déclaration du 21 novembre 1974 contre la « Rome moderniste » du concile qui a fait difficulté) ; mais Jean-Paul II et Benoît XVI avaient compris que l’apaisement liturgique était la condition nécessaire pour que les tradis les plus réservés sur Vatican II puissent s’ouvrir au concile et se l’assimiler. En resserrant l’étau sur la messe, François va aboutir au résultat inverse à celui légitimement recherché.
4/ Deux poids, deux mesures ? Le ton du motu proprio et de la lettre est d’une dureté et sévérité telles à l’encontre des tradis que l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a deux poids, deux mesures : alors que François insiste si souvent sur la miséricorde, la mansuétude, le pardon… alors qu’il est si patient avec l’Église d’Allemagne qui est au bord du schisme, lui, le Père commun, ne montre pas l’ombre d’un signe d’amour ou de compréhension pour ceux qui sont pourtant une petite partie de son troupeau ! À travers ces textes, les tradis apparaissent comme nuisibles, en étant juste tolérés dans des « réserves d’Indiens » le temps qu’ils rentrent dans le rang, l’objectif affiché étant de les faire disparaître (sans jamais s’interroger pour savoir s’ils pouvaient apporter quelque chose à l’Église, en termes de jeunesse, dynamisme, vocations…). Y a-t-il tant de catholiques pratiquants convaincus en Occident qu’il faille prioritairement limiter drastiquement une partie d’entre eux ?
L’histoire récente a montré que mépriser ainsi les tradis, les persécuter n’aide pas à les faire évoluer ; au contraire, on attise la résistance des plus durs, ils deviennent plus rigides, cela va à l’encontre du but recherché de favoriser l’unité.
Rendons hommage ici à la Conférence des évêques de France pour leur communiqué du 17 juillet qui montre de l’estime pour les « tradis » : « Ils [les évêques] souhaitent manifester aux fidèles célébrant habituellement selon le missel de saint Jean XXIII et à leurs pasteurs, leur attention, l’estime qu’ils ont pour le zèle spirituel de ces fidèles, et leur détermination à poursuivre ensemble la mission, dans la communion de l’Église et selon les normes en vigueur. »
5/ Le mépris pour la grande œuvre de Benoît XVI ! Ces deux textes du pape reviennent sans nuance aucune sur l’œuvre de réconciliation de Jean-Paul II et surtout de Benoît XVI à partir d’une analyse des faits qui est fausse, et vont jusqu’à annuler l’apport essentiel du pape émérite qui avait distingué les deux formes ordinaire et extraordinaire du même rite romain ; ce faisant, le pape supprime du même coup toute existence juridique à l’ancienne forme extraordinaire (comme si elle n’existait plus), replongeant ainsi l’Église dans une querelle liturgique sans fin sur le statut juridique de la messe de saint Pie V. On revient au régime de la tolérance selon des modalités plus sévères que celles de 1988, celui de la « parenthèse miséricordieuse »… qui n’est plus guère miséricordieuse ! Soit un recul de plus de trente ans par un seul geste de gouvernement.
6/ Quelle stratégie de Rome peut-on lire en filigrane ?Les deux textes de François montrent très clairement que le pape veut éradiquer le monde tradi dans l’Église, faire en sorte que la messe de saint Pie V disparaisse : tout est fait pour empêcher que croisse cette mouvance (interdiction de tout nouveau groupe et parcours du combattant pour le prêtre diocésain qui voudrait célébrer avec l’ancien Ordo), ce motu proprio étant là le temps que les adeptes de la forme extraordinaire s’approprient le nouveau missel. Tout est fait pour qu’à terme la messe traditionnelle ne soit plus célébrée que dans la Fraternité Saint-Pie X et ses satellites.Il semble donc que la stratégie du pape est de pousser les récalcitrants vers la Fraternité Saint-Pie X, afin que tout le monde tradi s’y retrouve : ils seront ainsi parfaitement maîtrisés et isolés dans une réserve d’Indiens coupée de Rome et des diocèses mais avec laquelle on maintient un lien minimum pour éviter un schisme formel. Cela explique que le pape ne cherche plus de réconciliation avec la Fraternité Saint-Pie X, mais montre une grande générosité à son égard en leur reconnaissant la pleine validité des mariages et des confessions, en encourageant à les recevoir dans des églises lors de pèlerinages, etc. Tout cela est cohérent… et à l’exact opposé de tous les efforts passés de Jean-Paul II et Benoît XVI… pour l’unité de l’Église.
7/ Exclusivisme liturgique ? Ce motu proprio n’est-il pas l’occasion, pour les instituts qui refusent de célébrer la forme ordinaire (qui, précisons-le, sont minoritaires au sein de la galaxie « Ecclesia Dei »), de s’interroger très sérieusement sur le bien-fondé liturgique, théologique et ecclésial de ce refus ? Depuis 1988, les papes invitent à ne pas refuser le principe même de la célébration du nouvel Ordo (il est vrai que les positions de la Commission Ecclesia Dei ont été plus fluctuantes sur le sujet, ne contribuant pas à l’éclairer), ce qui ne retire en rien le charisme propre de ces instituts pour l’ancienne messe. Benoît XVI avait été très explicite dans sa lettre aux évêques de 2007 et, à cet égard, force est de constater que les lignes n’ont guère bougé depuis. En obéissant au pape sur ce point névralgique, ces instituts ne démontreraient-ils pas, par leur exemple même, que François se trompe dans son analyse ?
8/ Conclusion. Tout cela est triste car injuste, il est donc légitime de s’en plaindre, d’argumenter, de demander inlassablement une réforme de ce motu proprio ou une application la plus souple possible de ce texte, dans le respect de l’autorité et de la fonction du pape. Les évêques vont avoir un rôle essentiel à jouer, tout dépendra de la façon dont ils vont appliquer ce motu proprio – les premières réactions observées sont encourageantes, un grand merci à ces évêques soucieux de tout leur troupeau. C’est aussi à eux de faire remonter à Rome une information plus juste sur ce que sont réellement les tradis. L’histoire récente a montré qu’ils n’étaient pas habitués à se laisser faire sans réagir : espérons que la plupart ne retombent pas dans une « résistance » qui verse dans la révolte et la désobéissance ouverte : l’exemple à ne pas suivre est celui de Mgr Lefebvre et de la Fraternité Saint-Pie X, on voit où cela conduit… Il est dur de souffrir par l’Église, mais cela ne peut pas ne pas porter de fruits… »
Sur ce sujet, la rédaction de KTO vous propose l'édition spéciale que voici ce dimanche 18 juillet à 20h15: enjeux, débat et perspectives avec Mgr Olivier Leborgne, évêque d'Arras et vice-président de la Conférence des évêques de France (CEF), l'abbé Alexis Garnier, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre et Christophe Geffroy, directeur du magazine La Nef. L’émission est animée par Philippine de Saint Pierre:
A propos de CHRISTOPHE GEFFROY:
Fondateur et directeur de La Nef, auteur notamment de Faut-il se libérer du libéralisme ? (avec Falk van Gaver, Pierre-Guillaume de Roux, 2015), Rome-Ecône : l’accord impossible ? (Artège, 2013), L’islam, un danger pour l’Europe ? (avec Annie Laurent, La Nef, 2009), Benoît XVI et la paix liturgique (Cerf, 2008).
Voici le texte de Mgr Aillet publié sur le site web du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron dont on voudrait espérer que l’exemple sera suivi par un grand nombre de ses confrères :
« Chers frères et sœurs,
Le Pape François a promulgué le vendredi 16 juillet 2021, en la mémoire de Notre-Dame du Mont Carmel, un Motu proprio, intitulé Traditionis Custodes - Gardiens de la Tradition -, sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la Réforme de 1970. Il va sans dire que nous accueillerons ce motu proprio avec le même sens de l’Eglise et la même communion avec le Successeur de Pierre que le Motu proprio Summorum Pontificum, promulgué par le Pape Benoît XVI, le 7 juillet 2007.
Le Pape rappelle qu’en tant que « gardiens de la tradition, les évêques, en communion avec l’évêque de Rome, constituent le principe et le fondement visible de l’unité dans leurs Eglises particulières ». Aussi, comme le stipule l’art. 2 du Motu proprio, « En tant qu’il est le modérateur, le promoteur et le gardien de toute la vie liturgique dans l’Eglise particulière qui lui a été confiée, c’est à l’évêque diocésain qu’il appartient de régler les célébrations liturgiques dans son propre diocèse. Par conséquent, c’est sa compétence exclusive d’autoriser l’usage du Missel Romain de 1962 dans le diocèse, selon les orientations du Saint-Siège ».
Dans la lettre adressée aux évêques pour accompagner ce motu proprio, le Pape François explique pourquoi il a été amené à prendre de nouvelles dispositions qui abrogent celles prises par ses vénérés prédécesseurs. Tout en saluant la sollicitude paternelle et la magnanimité de Saint Jean Paul II et du Pape émérite Benoît XVI, pour faciliter l’usage du Missel de 1962, en vue de promouvoir la communion au sein de l’Eglise, le Saint-Père dit sa tristesse de constater, au terme de l’enquête qu’il a diligentée auprès des évêques du monde entier, que la possibilité offerte par ses prédécesseurs « ait été utilisée pour augmenter les distances, durcir les différences, construire des oppositions qui blessent l’Eglise et en entravent la progression, en l’exposant au risque de divisions ».
Conscient de possibles dérives induites ici ou là dans l’Eglise et toujours à corriger, j’atteste pour ma part que l’application loyale du Motu proprio Summorum Pontificum dans le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron, a favorisé un climat de paix et de respect mutuel entre les prêtres et les fidèles attachés à ce que Benoît XVI désignait comme la forme ordinaire et la forme extraordinaire de l’unique rite romain. Il me semble pouvoir attester que les prêtres assurant dans le diocèse de Bayonne le service de la liturgie selon le Missel de 1962, adhèrent pleinement au Concile Vatican II, reconnaissent la légitimité du Missel de 1970, expression par excellence de la lex orandi de l’Eglise latine, et cultivent un sens aigu de la communion ecclésiale en participant activement aux manifestations et célébrations, comme aux orientations pastorales et missionnaires du diocèse. Je sais qu’ils ont le souci de faire grandir dans la foi, la vie chrétienne et le sens de la communion et de la mission, les fidèles qui participent habituellement ou occasionnellement aux célébrations liturgiques qu’ils président. Je constate d’ailleurs que leurs assemblées sont relativement jeunes et qu’on y trouve des familles très soucieuses de transmettre la foi à leurs enfants et de les éduquer à « sentire cum Ecclesia – sentir avec l’Eglise ».
Je veux leur redire ma confiance et les invite à poursuivre leurs efforts dans le même sens, dans l’esprit du nouveau Motu proprio Traditionis Custodes, dont je préciserai ultérieurement les modalités d’application. Et s’ils ressentent de l’incompréhension, je les invite à ne pas céder à la colère ni à des attitudes de fermeture ou de repli, mais bien plutôt, à l’instar de l’apôtre Thomas dans l’Evangile (cf. Jn 14, 5-6), à demander au Seigneur lui-même des explications, dans une prière d’abandon à sa volonté.
Les prêtres qui célèbrent le Missel de 1962, en communion avec l’évêque, appartiennent pleinement au presbyterium du diocèse, au sein duquel ils entretiennent des relations fraternelles avec les autres prêtres et y assument des services diocésains appréciés. Je redis aux fidèles attachés au Missel de 1962 qu’ils sont membres à part entière de la communauté des fidèles qui constituent le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron et je les invite à recevoir ce Motu proprio avec foi, confiance et sens de l’Eglise.
Asia Bibi veut être une voix pour les chrétiens persécutés dans le monde entier
"Joignons nos mains et restons unis pour pouvoir être une voix pour nos frères et sœurs chrétiens qui souffrent, et les aider à sortir de leur situation", a déclaré Asia Bibi, ajoutant : "Comme le Seigneur l'a fait pour moi."
Asia Bibi, une chrétienne condamnée à mort pour blasphème au Pakistan mais finalement libérée, veut maintenant être la voix des chrétiens du monde entier.
Mme Bibi, qui s'est adressée mercredi au Sommet international sur la liberté de religion par le biais d'un message vidéo depuis le Canada, a exprimé sa gratitude envers les personnes qui ont œuvré pour qu'elle soit libérée de prison, et a remercié Dieu pour sa libération.
"Du fond de mon cœur, je suis très reconnaissante envers le Seigneur, qui m'a sauvée de mes souffrances et de mes difficultés", a déclaré Mme Bibi dans un discours traduit en anglais. "Il m'a donné un nouveau départ et la possibilité de commencer une nouvelle vie avec ma famille".
Désormais en sécurité au Canada, Bibi a déclaré qu'elle "veut être une voix pour les chrétiens, les chrétiens en prison et dans les difficultés."
Bibi a été reconnue coupable de blasphème en 2010 et condamnée à mort, suite à un incident survenu en 2009.
Bibi a déclaré que, alors qu'elle travaillait dans un champ, une autre personne l'a vue boire de l'eau dans une tasse utilisée auparavant par les musulmans et lui a fait savoir qu'il n'était pas correct pour un chrétien d'utiliser cette tasse. Une dispute s'en est suivie, et Bibi a été dénoncée à un religieux musulman cinq jours plus tard pour son supposé blasphème. Bibi et sa famille étaient les seuls chrétiens résidant dans la région, et avaient subi des pressions pour se convertir à l'islam.
Elle a été condamnée à la mort par pendaison pour blasphème présumé. Le code pénal pakistanais criminalise les propos qui insultent ou souillent la religion d'État qu'est l'islam, mais il est souvent utilisé contre les minorités religieuses et de nombreuses accusations seraient fausses. Le Pakistan possède l'une des lois les plus strictes au monde en matière de blasphème, puisqu'il est l'un des quatre seuls pays où la peine de mort est prévue pour ce type d'infraction.
Bibi a immédiatement fait appel de sa condamnation à mort, mais la Haute Cour de Lahore a confirmé sa condamnation en 2014. Elle a ensuite fait appel devant la Cour suprême du pays, et a été acquittée en 2018. Elle a ensuite obtenu le statut de réfugiée au Canada et s'y est installée en mai 2019 avec sa famille.
"Lorsque j'étais en prison, j'étais très inquiète pour mes enfants et mon mari", a déclaré Bibi. "Je ne savais pas où ils étaient et s'ils étaient en sécurité ou non".
"En même temps, j'avais un espoir dans le Seigneur", a déclaré Bibi. "Merci à tous les frères et sœurs qui ont prié et jeûné. Grâce à leurs prières, je suis maintenant libre."
Bibi a expliqué que ses "frères et sœurs chrétiens ont travaillé très dur pour ma liberté", et a dit qu'elle est "très reconnaissante à tous du fond du cœur."
"Joignons nos mains et restons unis afin de pouvoir être une voix pour nos frères et sœurs chrétiens qui souffrent, et les aider à sortir de leur situation", a-t-elle déclaré. "Comme le Seigneur l'a fait pour moi."
Au début de la vidéo, Bibi a décrit ce qu'était sa vie au Pakistan avant son arrestation et sa condamnation pour blasphème. Elle a déclaré que certains de ses souvenirs les plus heureux de son village au Pakistan étaient la célébration de Pâques et de Noël avec sa famille.
Le Pakistan a appliqué ses lois sur le blasphème 184 fois entre janvier 2014 et décembre 2018, soit le nombre le plus élevé de tous les pays du monde, selon la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale. En 2020, il y aurait eu 30 chrétiens emprisonnés pour blasphème au Pakistan, dont sept dans le couloir de la mort. Le pays n'a encore exécuté personne pour blasphème.
Un appel sans ambigüité du Cardinal Sarah sur sa page facebook :
« Dans l'histoire, on se souviendra de Benoît XVI, non seulement comme d’un grand théologien mais aussi comme du Pape de Summorum Pontificum, le Pape de la paix liturgique, celui qui aura construit un pont œcuménique avec l'Orient chrétien à travers la liturgie latino-grégorienne.
Il restera comme le Pape qui aura eu à cœur la volonté de retrouver les racines chrétiennes et l'unité de l'Europe et se sera opposé au laïcisme vide de sens et à la déstructuration de la culture européenne.
À partir du Motu Proprio Summorum Pontificum, malgré les difficultés et les résistances, l'Église a entamé un chemin de réforme liturgique et spirituelle qui, bien que lente, est irréversible.
En dépit des attitudes cléricales intransigeantes d’opposition à la vénérable liturgie latino-grégorienne, attitudes typiques de ce cléricalisme que le Pape François a dénoncé à plusieurs reprises, une nouvelle génération de jeunes a émergé au coeur de l'Église.
Cette génération est celle des jeunes familles, qui montrent que cette liturgie a un avenir parce qu’ elle a un passé, une histoire de sainteté et de beauté qui ne peut être effacée ou abolie du jour au lendemain.
L'Église n'est pas un champ de bataille où l'on joue pour gagner en essayant de nuire aux autres et à la sensibilité spirituelle de ses frères et sœurs dans la foi.
Comme Benoît XVI l'a dit aux évêques français : « Dans l'Église il y a de la place pour tout le monde », parce que nous savons nous traiter avec respect et vivre ensemble en louant le Seigneur dans son Église et en restant dans l'unique vraie foi.
La crise liturgique a conduit à la crise de la foi. De la même manière, le respect des deux formes ordinaire et extraordinaire de la liturgie latine, nous conduira à un élan missionnaire d'évangélisation, et nous pourrons enfin sortir du tunnel de la crise. »