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Témoignages - Page 87

  • La présence chrétienne attestée en Chine il y a 1900 ans ?

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    Vue d'ensemble du bas-relief de Kong Wang Shan

    Vue d'ensemble du bas-relief de Kong Wang Shan

    De Vatican News (Claire Riobé) :

    Les bas-reliefs de Kong Wang Shan, témoins de la présence chrétienne en Chine?

    Des roches sculptées il y a 1900 ans, considérées des siècles durant d’origine bouddhiste, pourraient en réalité être un témoignage de la présence des premiers chrétiens dans le pays.

    L’hypothèse est ambitieuse, mais suscite à Rome un vif intérêt. À l’occasion d’un colloque interdisciplinaire sur l’histoire des premiers siècles de l’Église, organisé du 27 au 29 octobre 2021 à proximité du Vatican, le scientifique Shueh-Ying Liao a fait part de ses recherches sur l’origine de la célèbre fresque de Kong Wang Shan. Les bas-reliefs chinois, considérés pendant des siècles comme d’origine bouddhiste, font de nouveau l’objet d’une étude plus approfondie depuis les années 1980. Ils pourraient en réalité témoigner de la présence des tout premiers chrétiens en Chine, explique le chercheur de l’université Bordeaux-Montaigne.

    Un trésor archéologique inestimable  

    Le colloque «Enquête sur l’histoire des premiers siècles de l’Église» a été initié par le Comité pontifical des Sciences historiques, en collaboration avec l’Université Catholique de Lyon. Il avait pour objectif d’élargir le périmètre de la recherche historique bien au-delà du bassin méditerranéen, en permettant notamment à des chercheurs aux origines variées de présenter l’objet de leurs travaux.

    On apprend que des traces du christianisme antique ont été identifiées jusqu’en Inde et en Chine, terres qui, selon la tradition, ont été évangélisées par l’apôtre Thomas. Il en est ainsi des bas-reliefs de Kong Wang Shan, situés dans l’enceinte de l’ancienne ville portuaire de Lianyun (Est du pays), sur la mer de Chine. S’étalant sur 20 mètres de roche, la frise se compose d’un ensemble de plus d’une centaine de sculptures, gravées entre l’an 58 et 75 de notre ère.

    Véritable trésor archéologique, admirablement conservée, elle aurait été commandée par le prince Liu Ying, demi-frère de l'empereur Han Mingdi. Selon Shueh-Ying Liao, «c’est la plus ancienne frise conservée en Chine actuellement», qui «n’a pas son équivalent archéologique ou littéraire» aujourd’hui.

    Une origine bouddhiste «peu probable»

    Les bas-reliefs de Kong Wang Shan ont fait l’objet d’études successives de la part d’archéologues et chercheurs depuis les années 1980. Si la majorité des chercheurs chinois pense toujours que cette frise signe l'arrivée du bouddhisme en Chine, une autre hypothèse est aujourd’hui avancée. C’est d’ailleurs «le vide laissé par la recherche dans ce domaine», qui a poussé Shueh-Ying Liao à approfondir l’hypothèse d’une origine chrétienne de la célèbre frise.

    Le chercheur Pierre Perrier, dans son ouvrage L'apôtre Thomas et le prince Ying, a été un des premiers à remettre en question l'attribution bouddhiste ou taoïste des bas-reliefs de Kong Wang Shan. La logique des figures gravées dans la pierre, avance-t-il, ne devient compréhensible que lorsque l'on prend en considération le judéo-christianisme et la culture parthe.

    Le témoignage d’une première persécution religieuse

    Pierre Perrier défend depuis la thèse suivante : le thème de la frise est la prédication évangélique initiale de l'apôtre Thomas. Arrivé dans l’Empire impérial par la mer de Chine, depuis le sud de l'Inde, il aurait été accueilli par le Prince Ying. Des propos que corrobore, de son côté, Shueh-Ying Liao. La mort du prince Ying, assassiné sur ordre de l’empereur Ming après gravure de la frise, pourrait être considérée comme «la première persécution religieuse d’un culte divin barbare» en Chine.

    Si toute la lumière n’a pas encore été faite sur les origines des bas-reliefs de Kong Wang Shan, leur intérêt pour l’histoire des premiers siècles de l’Église s’en trouve renforcé. Et permet de nous éclairer sur la formation de la chrétienté en Asie mineure. 

  • Un film colorisé montre le pape Léon XIII, le plus ancien personnage à avoir été filmé

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    Une archive exceptionnelle où l’on voit le pape Léon XIII en 1896 dans les jardins du Vatican, filmé par Vittorio Calcina, le représentant des Frères Lumière en Italie.

    La première scène montre le pape Léon XIII âgé de 86 ans bénissant les spectateurs, la seconde arrivant dans une calèche et la troisième s’asseyant dans les jardins du Vatican.

    Né en Italie en 1810, le pape Léon XIII a succédé à Pie IX et assuré un pontificat de 25 ans, entre 1878 et 1903. C’est le 3ème pontificat le plus long de l’Histoire de l’Eglise après son prédécesseur Pie IX (32 ans) et après saint Pierre (34 ans). Décédé à l’âge de 93 ans, Léon XIII reste le Pape qui a vécu le plus longtemps. (source)

  • RDC : le président du Sénat congolais regrette que les « experts » chargés d’instruire, en commission parlementaire belgo-belge, le procès de l’œuvre colonisatrice de la Belgique au Congo aient omis d’en souligner les aspects positifs.

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    Lu sur le blog de la journaliste du « Soir », Colette Braekmann (extrait) :

    Statue du roi Léopold II au Congo, près de Kinshasa, ex-Léopoldville

    « Nous recevant en marge de la visite de parlementaires belges à Kinshasa, le président du Sénat congolais Modeste Bahati Lukwebo  a accepté de commenter le rapport présenté par les experts chargés de présenter le travail de la commission décolonisation.  Pour lui en effet, « il importe d’être réaliste et de rappeler toutes les facettes de l’entreprise coloniale. Certes, il y a eu des contraintes, la chicotte a été utilisée, mais en même temps les ressources du Congo ont été mises en valeur. L’’impunité n’existait pas et les lois étaient appliquées ; les enfants étaient obligés d’aller à l’école  et  sanctionnés s’ils n’y allaient pas… » Se souvenant d’un passé qui n’est pas si éloigné, le numéro deux de l’Etat congolais regrette que les experts aient omis de souligner les aspects positifs de la colonisation : « il n’y avait pas que les questions politiques.. Il ne faudrait pas oublier que des plantations ont été créées, que de nouvelles villes sont apparues, dotées d’un plan d’urbanisation.  Bukavu en est un exemple : créée par les Belges, la ville était très belle, très attrayante pour les touristes. Aujourd’hui elle est ravagée par les érosions, les maisons s’effondrent ou sont ravagées par des incendies : c’est un effet de la guerre, de la mauvaise gouvernance . Bravant les règlements, les gens ont construit dans des parcelles qui ont été loties, on a coupé les arbres.. Au fil du temps,  beaucoup de Congolais se souviennent de l’époque coloniale avec nostalgie  et beaucoup seraient tentés de dire « c’était mieux avant » ajoutant  que les nouveaux dirigeants n’ont pas valu mieux que les Belges ! Ces derniers  veillaient à ce que les règles soient appliquées et obligeaient les gens à travailler, mais pour leur bien… Si on veut se développer, il faut de la discipline…»

    L’ancien colonisateur devrait il présenter des excuses ? « Oui, il faudrait s’excuser pour les excès qui ont été commis, mais aussi faire la balance entre le positif et le négatif.. Tout n’était pas mauvais, il faut avoir le courage de le dire. Et de nombreux compatriotes ont regretté que Patrice Lumumba ait manqué de respect envers le roi Baudouin.. » […]

    Ref. Le président du Sénat congolais se montre indulgent envers la colonisation belge 

  • Un secrétaire de Padre Pio se souvient de l'infatigable saint

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    Du Père Seán Connolly sur The Catholic World Report :

    Un secrétaire de Padre Pio se souvient de l'infatigable Saint

    "La grandeur de Padre Pio, dit le père John Aurilia, O.F.M. Cap, réside dans sa fidélité au simple désir d'être "un pauvre frère qui prie"."

    2 novembre 2021

    Le père John Aurilia, O.F.M. Cap., qui a été le secrétaire personnel de saint Padre Pio.

    La plupart d'entre nous connaissent les saints à travers les récits écrits de leur vie. Beaucoup de saints sont devenus saints eux-mêmes en lisant la vie des saints. Dans une lettre à sa tante, sainte Thérèse écrivait : "J'aime beaucoup lire la vie des saints. Le récit de leurs actes héroïques enflamme mon courage et m'incite à les imiter."

    Connaître personnellement un saint est tout autre chose. Nous avons tous probablement rencontré des "saints de tous les jours" qui, bien que cachés du monde, atteignent néanmoins de grands sommets de vertu en accomplissant fidèlement les devoirs ordinaires de leur état de vie. Bien que leurs actes ne soient pas célèbres, ce sont les Béatitudes vivantes qui nous inspirent. Peu de gens, cependant, ont l'occasion de connaître personnellement ces saints qui ont atteint le sommet de la vertu héroïque reconnue par l'Église à travers la canonisation.

    Padre Pio, décédé il y a 53 ans, est l'un des plus grands saints de notre temps. Au milieu de notre époque moderne et séculaire, Dieu a suscité ce prophète, thaumaturge et "Crucifix vivant" à travers les stigmates pour nous rappeler le surnaturel et nous montrer le chemin du retour vers Lui. Chaque année, il y a de moins en moins de personnes qui ont connu Padre Pio personnellement ; il y en a certainement encore moins qui l'ont connu aussi bien que John Aurilia, O.F.M. Cap. qui a été son secrétaire personnel.

    J'ai pu récemment passer un agréable dimanche après-midi avec le père Aurilia dans le presbytère de sa paroisse où il a répondu avec plaisir à mes nombreuses questions, déclarant au début de notre conversation : "C'est un honneur pour moi de servir en tant qu'ambassadeur de Padre Pio !".

    Le père Aurilia a maintenant 80 ans et est prêtre depuis 55 ans ; il est curé de la paroisse de l'Immaculée Conception dans le Bronx, à New York. Il est né à Montemarano, dans la province d'Avellino, en Italie. À l'âge de 14 ans, il est entré au petit séminaire des Franciscains capucins, nouvellement créé, situé à Pietrelcina, la ville natale de Padre Pio.

    L'histoire de la construction de ce séminaire est très connue à l'époque. Lorsque Padre Pio était un jeune prêtre, il passait beaucoup de temps dans sa ville natale pour se remettre de ses problèmes de santé. Au cours d'un de ces séjours, il se promenait avec le pasteur local, Don Alfredo. Lorsqu'ils arrivèrent à un champ ouvert, Padre Pio remarqua qu'il avait remarqué une forte odeur d'encens et que Dieu devait avoir des projets pour cet endroit. Quelques années plus tard, une convertie américaine riche et généreuse, Mary Pyle, acheta le même champ et y construisit un nouveau séminaire pour les Capucins.

    Les séminaristes se rendaient chaque année à San Giovanni Rotondo, qui, dans les années 1950, était devenu un lieu de pèlerinage. Des milliers et des milliers de personnes venaient chaque année pour voir le célèbre stigmate qui résidait dans son couvent. La petite ville était inondée de pèlerins de tous horizons - paysans, médecins, avocats et journalistes - qui étaient prêts à dormir dehors dans les champs et à attendre jusqu'à deux semaines pour se confesser au Padre. Le Père Aurilia n'avait que 15 ans lorsque, en tant que novice, il rencontra pour la première fois Padre Pio. Il s'est laissé aller à l'exubérance de sa jeunesse en serrant la main de Padre Pio, la tenant fermement et la rapprochant de lui pour qu'il puisse voir de ses propres yeux la blessure des stigmates. Le Padre s'empresse de retirer sa main en disant : " Ça fait mal ! Y prêtes-tu attention ?"

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  • Beaucoup d'enfants pour fêter HolyWins à Liège

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    Lumière sur la 13ème HolyWins, fête familiale autour des saints

    Liège, 1 novembre 2021. "Holywins, c'est bien mieux et surtout plus lumineux que les histoires de sorcières. C'est comme la Toussaint, c'est la lumineuse fête de tous les saints et les saintes." "Nous préférons la bonne soupe au potiron de grand-mère que les horribles araignées de la sorcière." Grand succès pour cette 13ème HolyWins avec plus de 150 participants ce 31 octobre 2021 au Sanctuaire de sainte Julienne de Cornillon à Liège. Plus de 100 enfants sont venus avec leurs parents ou leur groupe de catéchisme d’un peu partout en Wallonie : Liège, Verviers, Namur, Louvain-la-Neuve, Bruxelles, Mons.

    Initiée en 2008 en Belgique, la fête de HolyWins pour les enfants redonne tout son sens à la fête de la Toussaint qui prend un peu d’ombre avec la fête d’Halloween venue des Etats-Unis et qui envahit nos magasins. Dans une société qui élude souvent la question de la mort, la fête d’Halloween a le mérite de nous interroger sur ce thème, mais sans autres références que celles empruntées à des rituels morbides et macabres. C’est pourquoi HolyWins met en valeur la fête de tous les saints. Elle rappelle que la mort est habitée par l’Espérance. A la Toussaint, l’Eglise célèbre tous les saints – connus ou anonymes – qui sont vivants auprès de Dieu. Selon la foi chrétienne, la mort constitue en effet un passage vers la vie éternelle à la suite du Christ. Soutenus par cette espérance, les croyants se rappellent le lendemain 2 novembre les défunts de leur famille.

    Jean, co-organisateur, dit : « Cette 13ème édition de Holywins a regroupé enfants, parents et grands-parents sous un beau soleil. Nous avons heureusement échappé à la pluie. Les participants étaient invités, s’ils le souhaitaient, à venir déguisés en saints ou saintes, voire en anges avec leurs grandes ailes blanches. C’était très coloré. L’accueil s’est fait près du vieux puits de Cornillon, signe que le site fut une léproserie au Moyen-Âge et devint ainsi le premier hôpital de Liège. Après un grand jeu par équipe à la découverte de belles figures de saintes et de saints, les enfants ont résolu une énigme qui les a menés devant la grande statue de saint Joseph dans l’église du sanctuaire. Ils étaient ainsi en phase avec l’année spéciale dédiée à saint Joseph décidée par le pape François. »

    Laurence, co-organisatrice, poursuit : « Les participants ont ensuite été invités à vivre un petit temps de prière adapté aux enfants, avec des chants, des prières, des histoires et des bougies. Enfin, la belle après-midi festive s’est clôturée par un délicieux goûter avec gaufres, crêpes et chocolat chaud préparé par des volontaires et les sœurs clarisses. Toute la compagnie s’est régalée ! Merci à toutes celles et tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette belle après-midi. » 

    Aline, maman participante, dit : « en tant que chrétienne catholique, je trouve que c’est important d’honorer nos saints, on n’a pas besoin de squelettes ni de sorcières. Nous avons besoin de lumière pour que cette lumière puisse briller dans nos vies. »

    Cette fête familiale de #HolyWins, liée à la Toussaint, se développe un peu partout dans le monde, notamment au Brésil, en Espagne, en Chine, en Colombie, au Panama, aux Philippines, en France, en Italie et en Belgique.

    HolyWins pour les enfants est une initiative de membres et d’amis de la Communauté de l’Emmanuel et du Sanctuaire de sainte Julienne de Cornillon.

    Pour en savoir plus : https://blog.egliseinfo.be/holywins-fetons-les-saints/

  • KTO dans la série la foi prise au mot : histoire des Jésuites

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    En 2021, les Jésuites ont lancé une « année ignacienne » pour fêter le 500e anniversaire de la conversion d'Ignace de Loyola, leur fondateur. Voilà une excellente occasion de revenir sur leur riche histoire. En effet, depuis leur fondation jusqu'à la nomination du pape François, ils ont offert de multiples visages, traînant parfois derrière eux une certaine réputation. Ce soir, Régis Burnet propose de partir à la découverte des multiples métamorphoses de cet ordre central dans le catholicisme en compagnie de l'historien Jean-Pascal Gay et du jésuite et théologien Patrick Goujon.

  • Le cardinal Müller : réflexion sur les droits de l’homme

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    Lu sur le site web du mensuel « La Nef » :

    "Le cardinal Gerhard Ludwig Müller intervient sur « La nature comme fondement de l’image de l’homme ». Interview de Lothar C. Rilinger sur kath.net traduit en français par Jean Bernard.

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    Les évolutions sociales issues de la philosophie et de la théologie ont toujours façonné l’image que l’homme se fait de lui-même. Comment l’homme se considère-t-il ? Se voit-il comme faisant partie du monde ou bien – pour utiliser des termes chrétiens – comme faisant partie de la création ? Se regarde-t-il de manière inconditionnelle comme un détenteur de droits ou bien, au contraire, comme une chose appartenant à d’autres personnes ayant une capacité juridique ? Est-il considéré comme un égal parmi les égaux ou comme quelqu’un qui doit bénéficier des droits de l’homme dans la seule mesure où sa position dans la société l’impose ? Si ces questions sont discutées de manière superficielle dans le domaine des droits de l’homme, elles reposent sur l’image de l’homme telle qu’elle est véhiculée par la société et ses membres. Nous devons nous demander ce qu’est l’être humain. En tant qu’objet, est-il une chose ou un sujet de droit ? C’est une question qui touche aux fondements mêmes de l’humanité et qui est certainement aussi capable de les ébranler. Puisque la discussion a repris depuis la fin de l’esclavage, qui traitait les personnes comme des choses, et que les personnes sont divisées selon la dualité du corps et de l’esprit et donc, sur la base de la théorie de l’évolution, en choses animales et personnes spirituelles, nous avons souhaité consacrer plusieurs discussions à la question de l’image de l’homme, question dont découle la nature même des droits de l’homme. Dans le cadre de cette discussion qui porte sur les fondements du vivre-ensemble des êtres humains, notre interlocuteur est le cardinal Gerhard Ludwig Müller, théologien et philosophe, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (2012-2017).

    Rilinger : Avant d’aborder l’image de l’homme, nous devons discuter de ce que nous entendons par « nature ». Devons-nous imaginer la nature comme une creatio ex nihilo, comme quelque chose venant du néant, qui s’est développée sans aucune influence régulatrice et qui est donc exclusivement due au hasard, ou bien la terre s’est-elle formée sur la base d’une pensée venant de Dieu, sous la forme de principes et de règles insufflés dans le monde et à partir desquels le développement est possible ?

    Cardinal Gerhard Ludwig Müller : Il s’agit de la question fondamentale : Qu’est-ce que l’être humain ?

    Dans la tradition judéo-chrétienne, si la nature humaine a un caractère particulier, c’est parce que cette nature s’ancre dans le fait que l’être humain a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. L’être humain existe et vit orienté vers Dieu dans une relation qui transcende le monde et à l’égard de laquelle tout est relatif. Dieu est l’origine et le but de tous les êtres, lesquels parviennent à l’existence grâce à sa connaissance et à sa volonté, et sont maintenus en existence selon leur nature et leur causalité secondaire interne. Mais Dieu n’est en aucun cas le démiurge qui forme son œuvre, le monde et l’être humain, comme un constructeur humain à partir d’un matériau présent et transitoire – tel que nous le connaissons dans la philosophie classique gréco-romaine. Pour cette philosophie – qui partage une compréhension idéaliste et matérialiste de l’être du cosmos –, l’idée même d’un être divin personnel ou trinitaire, de même que celle d’un monde existant à partir de la création du néant sont complètement étrangères. Selon Platon et Aristote, pour ne citer ici que les plus grands penseurs, le cosmos est imprégné de la raison divine – le Logos. Ainsi, le sens du monde est révélé dans la causalité émanant du Logos. En ce qui concerne la chose individuelle en tant que telle, il s’agit d’une combinaison de la cause formelle et de la cause matérielle. Par contre, par rapport à l’ensemble de l’être, le Dieu-Logos, c’est-à-dire la raison qui se pense elle-même, se manifeste dans la cause active et finalisée, qui classe et assigne les choses individuelles dans le contexte de la signification de l’ensemble du cosmos (Dieu qui se déplace mais n’est pas déplacé ; Dieu qui est recherché mais qui, parce qu’il est sans recherche, ne recherche rien d’autre que lui-même). À l’opposé, il y a – pour faire simple – la vision atomiste du monde de Démocrite, Épicure et Lucrèce, vision qui explique tout en termes d’effets mécaniques. Selon ce point de vue, toutes les choses et tous les phénomènes du monde sont liés par un lien causal global. Mais l’ensemble de l’être ne débouche pas sur un Logos supérieur et omniprésent. Au lieu du Logos, c’est le destin aveugle ou le hasard qui règne sur elle. En ce sens, la science naturelle moderne, dont la méthodologie est limitée à la forme mathématique-géométrique de la pensée et au lien causal mécanique, demeure impuissante devant l’énigme impénetrable que constituent l’univers dans son ensemble, l’origine de la vie ou encore le caractère unique de la raison humaine qui s’élève vers l’être en tant que tel, comme l’a formulé Stephen Hawkins. Ou bien, en ce qui concerne l’émergence du substrat matériel de la raison humaine, c’est-à-dire dans le cadre de l’évolution de l’espèce biologique « homme », seule la catégorie interprétative du « hasard » peut être supposée. Ce que l’on entend ici, bien sûr, n’est pas le hasard absolu, c’est-à-dire que ce qui existe existe sans la raison de son existence. Il s’agit plutôt d’un hasard relatif, à savoir que ce qui existe est dépourvu de sens ou s’est produit en l’absence de toute planification. Ce qui existe par hasard n’a donc pas d’essence qui rassemble ses composants à partir d’un principe intérieur et les unit en un tout significatif. Philosophiquement, nous appelons cela le nihilisme, c’est-à-dire l’expérience négative et l’opinion désespérée que l’être est sans signification et sans but et que l’homme se ridiculise dans sa recherche du sens de l’être et de l’orientation de ses actions vers le bien. L’homme serait ainsi simplement jeté dans un abîme qui ne pourrait jamais constituer un soutien pour supporter nos titubations et nos chutes. Il serait condamné à attribuer de manière autonome un sens à son existence factuelle, car son existence serait par elle-même dépourvue de substance, comme l’a écrit Jean-Paul Sartre (1905-1980).

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  • Relire Soljenitsyne pour retrouver une source de vérité et de courage

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    «Relire Soljenitsyne pour retrouver une source de vérité et de courage»

    FIGAROVOX/TRIBUNE - À l'occasion du dixième anniversaire de la mort d'Alexandre Soljenitsyne et du quarantième anniversaire de son discours d'Harvard, Laurent Ottavi revient sur les maux occidentaux que pointait le dissident russe. Il y voit une dimension prophétique.


    Laurent Ottavi est journaliste à la Revue des Deux Mondes et à Polony TV.

    (...) Le dissident russe, auteur d'Une journée d'Ivan Denissovitch et de L'Archipel du Goulag, fût une figure controversée, souvent qualifiée de «réactionnaire». Le ressentiment de l'élite libérale américaine à son égard remonte à un discours retentissant, Le déclin du courage, (...) . 

    Il faut le resituer dans son contexte et dans la biographie de son auteur, pour en saisir toute la portée.

    Du Goulag à Harvard

    À la veille de la victoire des Alliés, Alexandre Soljenitsyne écrit dans une correspondance que Staline est un chef de guerre incompétent, qui a affaibli l'Armée rouge par les purges et s'est imprudemment allié à Adolf Hitler. Cette critique le conduit pendant huit années dans l'enfer du Goulag, «où ce fut, écrit-il, mon sort de survivre, tandis que d'autres -peut être plus doués et plus forts que moi- périssaient». Il révèle l'existence des camps de travaux forcés au monde dans Une journée d'Ivan Denissovitch. Staline, depuis, est mort. Ce texte est publié dans une revue littéraire avec l'autorisation de Nikita Khrouchtchev. Il donne à son auteur une renommée en Russie mais aussi dans le monde.

    Alexandre Soljenitsyne est récompensé du prix Nobel de littérature en 1970. Après d'autres écrits et sa demande de supprimer toute censure sur l'art, il fait paraître en 1973, à Paris, son livre le plus connu, L'Archipel du Goulag. Le dissident est déchu de sa nationalité et exilé. Il vit d'abord à Zurich puis s'installe aux États-Unis. Il y réside depuis deux ans, dans la plus grande discrétion, quand il est invité par l'université d'Harvard à prononcer un discours lors de la séance solennelle de fin d'année, le 8 juin 1978.

    Alexandre Soljenitsyne, pensent les Occidentaux, est venu faire l'éloge du monde libre. Mais le dissident ne fait pas le procès du communisme ; il fait un portrait à charge de l'Occident.

    La parole du dissident, dans le contexte de guerre froide, est très attendue. Alexandre Soljenitsyne, pensent les Occidentaux, est venu faire l'éloge du monde libre. Quelle ne fût pas leur surprise! Le dissident ne fait pas le procès du communisme ; il fait un portrait à charge de l'Occident.

    L'amère vérité

    Il le fait «en ami», mais avec l'exigence, presque toujours amère, de la vérité, qui est la devise (Veritas) d'Harvard. Le texte qu'il prononce ce jour-là a traversé le temps de la guerre froide pour nous renseigner, encore aujourd'hui, sur ce que nous sommes. C'est pourquoi il mérite encore toute notre attention. Il n'est pas, comme a pu le penser l'élite américaine, celui d'un réactionnaire ou d'un homme ingrat à l'égard du pays qui l'a accueilli. Alexandre Soljenitsyne reste fidèle dans ce discours à sa ligne de conduite passée, à l'honneur, à la Vérité.

    «Ne pas vivre dans le mensonge» était le nom de son dernier samizdat paru en URSS. Qu'est-ce que le totalitarisme, en effet, sinon essentiellement un mensonge en ce qu'il cherche à dénaturer l'homme en faisant fi de sa condition et à transfigurer le monde? Alexandre Soljenitsyne parle d'autant plus librement pendant son discours d'Harvard qu'il se trouve dans une démocratie. La réception si controversée de ce discours l'amènera à faire cette réflexion dans ses mémoires: «Jusqu'au discours d'Harvard, écrit-il, je m'étais naïvement figuré vivre dans un pays où l'on pouvait dire ce qu'on voulait, sans flatter la société environnante. Mais la démocratie, elle aussi, attend qu'on la flatte».

    Le discours d'Alexandre Soljenitsyne, à la fois méditatif et audacieux, est une alerte, une mise en garde, un avertissement. Comme la vigie, son auteur envoie des signaux. Ce qu'il pointe n'a fait que s'aggraver depuis. A posteriori, le discours d'Harvard s'est donc avéré, en grande partie, prophétique. Soljenitsyne voit suffisamment bien ce qui est, pour anticiper ce qui sera. «En ami», il a le courage de le dire.

    Il vise ici, à la fois la prétention des Occidentaux à se croire la pointe avancée du Progrès dans ses multiples dimensions et à vouloir imposer leur modèle.

    Le déclin du courage

    Dès le début de son texte, il remet l'orgueil du «monde libre» à sa place, en affirmant qu'il ne recommanderait pas la société occidentale comme «idéal pour la transformation» de la sienne: «Étant donné la richesse de développement spirituel acquise dans la douleur par notre pays en ce siècle, le système occidental dans son état actuel d'épuisement spirituel ne présente aucun attrait». Le caractère de l'homme s'est affermi à l'Est et affaibli à l'Ouest. Il vise ici, à la fois la prétention des Occidentaux à se croire la pointe avancée du Progrès dans ses multiples dimensions et à vouloir imposer leur modèle - les autres pays étant jugés «selon leur degré d'avancement dans cette voie» - mais aussi la décadence de l'Occident. Il souligne sa débilité, c'est-à-dire sa faiblesse, liée à ce qu'il nomme le déclin du courage, «qui semble, dit-il, aller ici ou là jusqu'à la perte de toute trace de virilité» et qui «a toujours été considéré comme le signe avant-coureur de la fin». Pour lui, l'esprit de Munich continue à dominer le XXe siècle.

    Alexandre Soljenitsyne cible plus particulièrement la couche dirigeante et la couche intellectuelle dominante, c'est-à-dire ceux qui donnent «sa direction à la vie de la société». Il parle notamment des mass-médias qui (dés)informent avec hâte et superficialité. La presse, alors qu'elle n'est pas élue, est d'après lui la première force des États occidentaux et encombre l'âme de futilités au nom du «droit de tout savoir». Elle est marquée par l'esprit grégaire, comme le milieu universitaire, empêchant aux esprits fins et originaux de s'exprimer.

    La lâcheté, l'indisposition au sacrifice des classes les plus socialement élevées trouvent évidemment un écho dans notre monde contemporain marqué par la révolte des élites des pays occidentaux et l'expansion de l'islamisme, qui a su habilement tirer parti de nos lâchetés. Aujourd'hui comme hier, le défaut de courage et le refoulement du tragique de l'Histoire se paient par le grossissement du monstre. Que l'on songe à l'après-Bataclan et aux injonctions au «tous en terrasse!» qui l'ont accompagné en lisant ces lignes: «un monde civilisé et timide n'a rien trouvé d'autre à opposer à la renaissance brutale et à visage découvert de la barbarie que des sourires et des concessions (…) vos écrans, vos publications sont emplis de sourires de commande et de verres levés. Cette liesse, c'est pourquoi?».

    Juridisme sans âme

    L'Occident, nous dit Soljenitsyne, s'est perdu en atteignant son but. Dans la société d'abondance déchristianisée, l'homme est amolli. Son confort sans précédent dans l'histoire lui fait rechigner au sacrifice et perdre sa volonté, ce qui est un problème bien plus grave que l'armement: «quand on est affaibli spirituellement, dit-il, cet armement devient lui-même un fardeau pour le capitulard». Il a l'illusion d'une liberté sans borne («la liberté de faire quoi?») mais il ne fait que se vautrer dans l'insignifiance. Comme l'homme-masse décrit par le philosophe espagnol Ortega y Gasset, il réclame sans cesse des droits et délaisse ses devoirs. Les grands hommes, dans ce contexte, ne surgissent plus.

    Autant l'URSS est un État sans lois, autant l'Occident est aujourd'hui, selon Soljenitsyne, un juridisme sans âme.

    Cette société d'abondance déchristianisée est le fruit d'une conception du monde née avec la Renaissance et qui «est coulée dans les moules politiques à partir de l'ère des Lumières». C'est le projet d'autonomie: l'homme est sa propre loi. De l'Esprit (Moyen Âge), le curseur a été excessivement déplacé vers la Matière (à partir de la modernité), au risque de la démesure. L'érosion de ce qu'il restait des siècles chrétiens a ensuite amené, selon Soljenitsyne, à la situation contemporaine.

    Corollaire de la société de l'abondance où le marché est roi, le droit est omniprésent en Occident. Ne permet-il pas de compenser la dégradation des mœurs? Autant l'URSS est un État sans lois, autant l'Occident est aujourd'hui, selon Soljenitsyne, un juridisme sans âme. Il est dévitalisé par un droit «trop froid, trop formel pour exercer sur la société une influence bénéfique». Il encourage la médiocrité, plutôt que l'élan. Il ne peut suffire à mettre les hommes debout, comme l'exigent pourtant les épreuves de l'Histoire.

    Pour se hisser, l'homme a besoin de plus. Chez le chrétien orthodoxe qu'est Soljenitsyne, le remède est spirituel. En conclusion de son discours, il juge que «nous n'avons d'autre choix que de monter toujours plus haut», vers ce qui élève l'âme, plutôt que vers les basses futilités. Ce plus-haut est un frein aux pulsions, aux passions, à l'irresponsabilité. Il donne du sens. Il donne des raisons de se sacrifier, de donner sa vie. Le propos de Soljenitsyne est condensé dans la célèbre phrase de Bernanos: «on ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l'on n'admet pas d'abord qu'elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure». Cette vie intérieure, chez le dissident passé par l'enfer du Goulag, est ce qui nous est le plus précieux. À l'Est, elle est piétinée par la foire du Parti, à l'Ouest ; elle est encombrée par la foire du commerce.

    «Ne soutenir en rien consciemment le mensonge»

    La philosophe Chantal Delsol, en s'appuyant en grande partie sur les dissidents de l'est (dont Soljenitsyne), a démontré dans La Haine du monde que la postmodernité poursuivait les mêmes finalités que les totalitarismes. Celles de transfigurer le monde et de renaturer l'homme. Seulement, elle le fait sans la terreur mais par la dérision.

    Le matérialisme, qu'il soit communiste ou postmoderne, se déploie sur la destruction de ce qui ancre l'individu à un lieu et à une histoire et de ce qui le relie à un Plus-haut que lui-même.

    La postmodernité, comme le communisme, engendre des démiurges qui font le choix du mensonge. Le démiurge se désintéresse de sa vie intérieure. Il veut, non pas se parfaire, mais être perfection. Il veut, non pas parfaire le monde, mais un monde parfait. Les apôtres de la gouvernance mondiale jettent les nations aux poubelles de l'Histoire. Les idéologues du gender font fi des différences sexuelles. Les transhumanistes promettent «l'homme augmenté» débarrassé de sa condition de mortel et capable de s'autocréer.

    Comme Chantal Delsol, Alexandre Soljenitsyne explique l'attraction longtemps exercée par le communisme sur les intellectuels occidentaux par le lien avec les Lumières françaises, et leur idéal d'émancipation perverti, excessif, qui est toujours celui de la postmodernité. Dans ce cadre, l'enracinement est l'ennemi à abattre. Le matérialisme, qu'il soit communiste ou postmoderne, se déploie sur la destruction de ce qui ancre l'individu à un lieu et à une histoire et de ce qui le relie à un Plus-haut que lui-même.

    Dans un autre discours, celui relatif à son prix Nobel qu'il n'a jamais prononcé, Alexandre Soljenitsyne écrit que seul l'art a le pouvoir de détruire le mensonge. L'homme simple, cependant, peut et doit le refuser: «par moi, ne soutenir en rien consciemment le mensonge». Relire le discours du dissident russe, c'est retrouver la source de vérité et de courage. Sans elle, l'Occident ne se remettra pas debout face à ceux qui ne lui laissent le «choix» qu'entre deux options: la soumission ou la mort.

  • Le cardinal Tisserant "juste parmi les nations"

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    De Vatican News (Manuella Affejee) :

    Le cardinal Eugène Tisserant, déclaré «Juste parmi les nations»

    Ce titre, décerné par le mémorial Yad Vashem à Jérusalem, distingue les hommes et femmes qui, au péril de leur vie, ont sauvé des juifs durant la Seconde guerre mondiale. Trois Français en sont aujourd’hui honorés: le diplomate François de Vial, le recteur de Saint-Louis-des-Français, Mgr André Bouquin, et le cardinal Eugène Tisserant, grande figure de la Curie romaine. L’information a été révélée par l’hebdomadaire Le Point.

    C’est dans une tribune, publiée en 1998 dans le journal Libération que Miron Lerner révèle avoir été sauvé par le cardinal Tisserant et Mgr André Bouquin. Tout se passe en 1944-1945. Alors âgé de 17 ans, orphelin, et séparé de sa sœur déportée à Auschwitz, le jeune Lerner se retrouve à Rome, seul et démuni. Il parvient à rencontrer le secrétaire de la Sacrée congrégation pour les Églises orientales, qui décide immédiatement de lui venir en aide. Le cardinal Tisserant réussit d’abord à le cacher au sein même du Vatican, avant de le confier au recteur de Saint-Louis-des-Français, Mgr Bouquin. «Ce que je peux vous affirmer, c'est qu'il y avait dans les couvents de Rome pas mal de juifs cachés, ainsi qu'à Saint-Louis-des-Français, par le cardinal Tisserant», écrivait Lerner dans ce témoignage bouleversant.

    Issu d’une famille bourgeoise de Lorraine, fin connaisseur de langues anciennes -dont il parle couramment un certain nombre- et exégète, Eugène Tisserant est appelé à Rome en 1930 par le Pape Pie XI qui lui confie l’organisation de la Bibliothèque vaticane. C’est le début d’une longue carrière au service du ministère pétrinien. Créé à cardinal en 1936, le Français se voit ensuite remettre les rênes de la Sacrée Congrégation pour les Églises orientales jusqu’en 1959. Il remplira par la suite d’autres éminentes fonctions.

    Personnalité au caractère affirmé, connu pour sa grande liberté de parole et de pensée, le cardinal français meurt en 1972; ses funérailles seront célébrées par le Pape Paul VI.

    Étienne Fouilloux, historien et biographe du cardinal Tisserant, revient sur l’aide qu’il apporta, de diverses manières, aux juifs menacés par le régime nazi et ses alliés.

    En tant que biographe du cardinal, que suscite en vous l’annonce de cette distinction?

    J’en suis très heureux. Je sais que sa petite-nièce souhaitait cette distinction, mais jusqu’à présent, nous n’avions pas trouvé de personne sur laquelle fixer l’attention, puisque Yad Vashem demande que ce soit la famille de quelqu’un qui a été sauvé qui fasse les démarches. Nous avions de multiples preuves que Tisserant avait aidé des juifs sous le fascisme, avant et pendant la guerre. Mais nous n’avions pas de nom auquel accrocher cette aide. Donc au-delà de la personne de Miron Lerner -que je ne connais pas du tout-, il y a beaucoup d’autres personnes qui auraient pu faire la même démarche.

    De quelle manière ce soutien aux juifs s’est-il manifesté?

    C’est tout un ensemble. Le cardinal Tisserant a aidé un certain nombre de personnes en les cachant, en les employant à la Bibliothèque vaticane dans les années 1930 -quand elles étaient privées de leur poste par l’État fasciste-, ou en facilitant l’obtention de visas pour qu’elles puissent aller se réfugier aux États-Unis.

    L’appui qu’il apporta aux réseaux français de la résistance étaient connus, en revanche…

    Il a lui-même une attitude de résistant. Il ne s’est en effet jamais rallié au maréchal Pétain. À Rome, il est considéré comme un opposant, y compris par l’ambassadeur de Vichy, Léon Bérard. Publiquement, il ne s’exprime pas beaucoup, parce qu’il est soumis à un devoir de réserve, et que l’on est dans un contexte de guerre, mais, dans les milieux de la France Libre, tout le monde sait qu’à Rome, Tisserant est quelqu’un qui résiste à sa manière, et qu’on peut compter sur lui.

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  • Avortement : « C’était tellement écrasant que je me suis mise à pleurer »

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    IVG : « C’était tellement écrasant que je me suis mise à pleurer »

    19 Oct, 2021

    Erica est Australienne. Elle vit en Australie occidentale où le délai légal pour avorter est de 20 semaines. Enceinte après une brève relation, elle ne s’en aperçoit pas tout de suite à cause de ses retards de règles. Le test sanguin montre qu’Erica est enceinte de six à douze semaines.

    Son corps se transforme

    Elle avait toujours dit que si elle tombait enceinte de façon inattendue, elle ne garderait pas le bébé, elle ne savait même pas si elle voulait avoir des enfants. Mais brusquement, elle a senti que son corps se transformait sous l’effet des hormones liées à sa grossesse, et tout était remis en question. Cependant, après des hésitations, elle a décidé d’avorter sans pour autant réussir à vivre comme avant : « Je me sentais tellement coupable de boire un verre de vin », explique-t-elle.

    Elle contacte une clinique qui lui indique qu’elle ne pourrait pas avorter avant un mois : « Ce fut un choc », explique la jeune femme, qui s’inquiète : « Et si j’étais en fait à 12 semaines et que j’allais plus loin dans mon deuxième trimestre ? ».

    Un avortement chirurgical

    Etant donné l’avancement de sa grossesse, Erica est informée qu’elle devra subir un avortement chirurgical : « Je ne savais pas ce que c’était » et personne ne lui a « rien dit à ce sujet au téléphone ».

    Après avoir pris rendez-vous, Erica a reçu un dossier d’information contenant des renseignements généraux sur l’intervention et les effets secondaires possibles, tels que saignements, douleurs, nausées et gêne mammaire. Elle explique : « Je ne voulais pas continuer à lire ce genre de choses parce que je ne voulais pas que ça me fasse peur et que ça me décourage d’aller à la clinique ».

    « C’était tellement écrasant que je me suis mise à pleurer ».

    Quand arrive le jour de l’avortement, Erica va dans la clinique privée. La prise de sang montre qu’elle est enceinte de 11 semaines. Quand elle entre au bloc, elle commence à « être émotive et à paniquer ». Elle ajoute : « C’était tellement écrasant que je me suis mise à pleurer ». L’infirmière lui tapote l’épaule et, pour Erica, « on aurait dit qu’elle était irritée ».

    Après l’intervention, elle est somnolente et elle pleure. Elle sent « toutes les autres filles » autour d’elle. Elle voit une autre femme sortir du bloc. Il n’y avait plus de chaise vide pour elle, alors « l’infirmière a attrapé une chaise de bureau à roulettes et l’a installée dans un bureau ». « Nous étions toutes face à elle. Elle avait l’air si vulnérable. Je n’arrivais pas à croire qu’ils puissent renvoyer ces filles si rapidement, ni qu’il n’y avait même pas assez de place pour qu’elles puissent s’asseoir et récupérer ».

    Depuis, elle se sent « toujours si triste à ce sujet (…) C’est l’une des choses les plus éprouvantes que j’aie jamais vécue. (…) C’est très différent de ce que l’on imagine. Je ne sais pas si je serais capable de recommencer ».

    Source : ABC news, Holly Edwards-Smith (18/10/2021)

  • Un témoin raconte le miracle dû à l'intercession de Jean-Paul Ier

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    D'Ermes Dovico sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    "Moi, un témoin, je vous raconte le miracle de Jean-Paul Ier".

    18-10-2021

    22 juillet 2011 : Candela Giarda, alors âgée de 11 ans, était intubée en soins intensifs, ne pesant que 19 kilos, souffrant depuis des mois d'une encéphalopathie épileptique aiguë, entre-temps aggravée par un état septique dû à une broncho-pneumonie. "Les médecins ont prévenu la mère que Candela ne passerait pas la nuit, prédisant la mort imminente de sa fille. La Nuova Bussola a interviewé le père José Dabusti, le prêtre qui, le soir du 22 juillet, à Buenos Aires, a invité la mère de Candela, au chevet de sa fille, désormais étudiante universitaire, à demander l'intercession du pape Albino Luciani. Au grand étonnement des médecins, elle a apporté une amélioration soudaine et durable qui a conduit l'Église à reconnaître le miracle.

    Candela Giarda_padre José Dabusti_Giovanni Paolo I

    Candela Giarda_Père José Dabusti_Jean Paul Ier

    La nouvelle de la reconnaissance du premier miracle attribué à l'intercession du vénérable Jean-Paul Ier (17 octobre 1912 - 28 septembre 1978), le pape décédé 33 jours seulement après son élection au trône de Pierre et dont on a célébré hier l'anniversaire de la naissance, a déjà fait le tour du monde. L'événement, qui remonte à 2011, concerne une jeune fille argentine, Candela Giarda, alors âgée de 11 ans et aujourd'hui étudiante universitaire, qui fait du sport, fréquente la paroisse et appartient à un groupe de scouts. Une vie normale, comme on dit dans ces cas-là.

    Le décret sur son miracle, promulgué par la Congrégation pour les causes des saints après autorisation du pape François, est daté du 13 octobre. C'était le dernier jour, comme on le sait, du cycle des apparitions de Notre-Dame de Fatima, auquel Albino Luciani était très attaché. En juillet 1977, un peu plus d'un an avant de devenir pape, celui qui était alors patriarche de Venise avait rencontré, au carmel de Coimbra, sœur Lucia dos Santos qui, au cours d'une conversation intense, lui avait dit, entre autres, quelle était la seule façon de sortir des problèmes de l'Église, à savoir la nécessité d'avoir - comme Luciani lui-même l'a rapporté - "des religieuses, des prêtres et des chrétiens à la tête ferme". Radical comme les saints : ou tudo ou nada, tout ou rien, si tu veux être de Dieu sérieusement".

    Et un saint, reconnu par l'Église, pourrait un jour être Jean-Paul Ier lui-même. En attendant, le décret du 13 octobre signifie qu'il sera bientôt proclamé bienheureux ; il ne reste plus qu'à décider de la date de la cérémonie. Mais dans quelles circonstances le miracle a-t-il eu lieu ? Le père José Dabusti, le curé basé à Buenos Aires qui a invité Roxana, la mère de Candela, au plus fort d'une maladie qui s'était manifestée quatre mois auparavant (le 20 mars 2011 les premiers symptômes douloureux, le 26 mai le transfert dans la capitale argentine), à demander l'intercession de Jean-Paul Ier au moment le plus critique de la vie de sa fille, a déclaré par téléphone à la Nuova Bussola.

    Père José Dabusti, voudriez-vous expliquer d'où vient votre dévotion pour le pape Luciani et ce qui vous frappe le plus chez lui ?
    Deux choses, en particulier. Quand Albino Luciani a été élu au trône pontifical, en 1978, j'avais 13 ans ; j'ai été frappé par sa joie et l'expression de son visage et, en outre, par son humilité. Dès mon adolescence, j'ai développé une affection intime pour Jean-Paul Ier, et je le priais intérieurement. Et lorsque je me rendais à Rome, ou que je connaissais des gens qui s'y rendaient, je leur disais toujours de prier sur la tombe du pape Luciani.

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  • Nouvelle béatification de martyrs tués en haine de la foi par les "Rouges" lors de la Guerre civile espagnole

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    De Vatican News (Gabriella Ceraso) :

    Juan Elias Medina et ses 127 compagnons, martyrs durant la guerer civile espagnole (1936-1939)Juan Elias Medina et ses 127 compagnons, martyrs durant la guerer civile espagnole (1936-1939)
    A Cordoue, la béatification de Juan Elias Medina et ses 127 compagnons, martyrs
    Un pan de l'Histoire dont la mémoire peut devenir un lieu d'évangélisation dans des contextes sécularisés : tel a été le témoignage des martyrs de la guerre civile espagnole du début du XXe siècle, selon les mots du cardinal Marcello Semeraro, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, qui a présidé samedi matin la messe de béatification dans la cathédrale de Cordoue.

    C’est en novembre 2020 que le Pape François a promulgué les décrets de béatification de ces 127 martyrs, tués en haine de la foi à Cordoue, durant la guerre civile espagnole (1936-1939).

    Il s'agissait de prêtres, dont Juan Elias Medina, mais aussi de religieux et de laïcs, dont les exécutions brutales s'inscrivaient dans le climat de persécution que la milice républicaine avait instauré contre tous ceux qui osaient professer leur appartenance à l’Église catholique. Certains d'entre eux étaient impliqués dans des activités ecclésiastiques ou étaient membres d'associations telles que l'Action catholique ou l'Adoration nocturne du Saint-Sacrement. Don Juan Elias lui-même a apporté réconfort et assistance spirituelle à ses compagnons pendant ses jours d'emprisonnement. Et la foi qu'ils ont confessée, ils l'ont portée dans leur cœur jusqu'au moment de la mort, l'exprimant fièrement par les mots “Viva Cristo Rey” (Vive le Christ -Roi), avant d’accorder leur pardon à leurs bourreaux.

    Les élus du Seigneur

    Mais quelle est cette haine du monde et qui sont ces martyrs ? Dans son homélie, le cardinal Marcello Semeraro, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, a parlé d'eux comme étant «choisis» par le Seigneur, c'est-à-dire «retirés du monde», et pour cette raison même haïs : «Dans la haine du monde, il y a donc comme la jalousie et l'envie de ceux qui ont perdu leur proie, de ceux à qui on l'a enlevée. Voici donc le double engagement que la parole du Seigneur entend susciter dans notre volonté : s'éloigner du “monde”, qui désigne ici le groupe de ceux qui préfèrent les ténèbres à la lumière, l'erreur à la vérité, l'amour à la haine ; et puis, aussi, veiller à ne pas se laisser ensorceler par la nostalgie du péché.» 

    La lumière, l'amour, la vérité, le détachement du péché ont ainsi marqué la vie des disciples, ainsi que celle de ces frères, mais aussi la «proximité de Dieu» : «Le scénario ouvert par l'annonce de la haine du monde est exactement le contraire de l'autre parole réconfortante et pleine de promesses : “Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique”. Il nous semble alors entendre l'écho de l'hymne pascal : “Mors et vita duello conflixere mirando ... La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux : le maître de la vie mourut ; vivant, Il règne”. C'est cette conscience qui a animé nos martyrs, dont beaucoup, comme l'a rappelé l'évêque de Cordoue Adolfo Pérez y Muñoz, ont crié “Vive le Christ Roi” au moment de leur mort.»

    Détestés par le monde parce qu'ils appartiennent à Jésus

    Le cardinal prévient toutefois que la haine du monde ne doit pas être confondue avec une «difficulté» ou une adversité «qui ne vient pas du fait que nous sommes de vrais disciples du Seigneur, mais qui est la conséquence de notre infidélité, du fait que nous sommes entrés dans la logique du monde». La haine du monde n'est, explique-t-il, que la «violence qui nous atteint parce que nous appartenons au Seigneur». A cause de son nom. C'est à cause de cette certitude intérieure que le chrétien en vient même à être heureux de souffrir, comme nous le lisons dans les Actes des Apôtres, explique encore le cardinal. C'est pourquoi, ajoute-il «la haine du monde est inséparable de la vie de disciple de Jésus et constitue aussi sa meilleure apologie».

    La vie et l'histoire des 127 martyrs espagnols que l'Église a déclaré bienheureux, s'inscrivent dans ce contexte : une telle variété de profils humains «s'exprime dans la multiplicité des vies quotidiennes, avant d'atteindre le sommet du martyre qui scelle de son sang toute l'existence». Et le cardinal Semeraro de conclure : «Nous sommes confrontés à un pan de l'Histoire dont la mémoire peut devenir un lieu d'évangélisation dans des contextes sécularisés. C'est le témoignage d'une Église circumdata varietate. C'est comme l'explosion de la Pentecôte, l'accomplissement de la prophétie de Joël : l'Esprit Saint se répand sur tous : jeunes et vieux, fils et filles, et quiconque invoque le nom du Seigneur sera sauvé».

    A l'issue de l'Angélus ce dimanche, le Pape François a évoqué la mémoire de ces martyrs : «Que leur fidélité nous donne à tous, en particulier aux chrétiens persécutés dans les différentes parties du monde, la force de témoigner courageusement de l'Évangile», a-t-il lancé avant d'inviter les fidèles réunis sur la Place Saint-Pierre à applaudir les nouveaux bienheureux.