Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

BELGICATHO - Page 1097

  • Une Europe qui renie ses racines et qui a honte d’être ce qu’elle est

    IMPRIMER

    Lu sur Atlantico.fr :

    Chantal Delsol : “Cette Europe qui renie ses racines pour ne pas déplaire à ses nouveaux hôtes déplairait certainement à ses pères fondateurs”

    Dans son manifeste intitulé "La déclaration de Paris", signée par une douzaine d'intellectuels européens, la philosophe Chantal Delsol nous livre sa vision de l'Europe, aujourd'hui en proie à un choc des civilisations et à la mondialisation.

    "L'Europe nous appartient et nous appartenons à l'Europe". Ainsi commence votre manifeste, "La déclaration de Paris", signée par douze intellectuels européens, manifeste pour une Europe dans laquelle vous pourriez "croire", une Europe charnelle, incarnée, enracinée qui s'oppose à l'Europe telle que nous la connaissons aujourd'hui. L'Europe, au-delà de réalités géographiques, économiques ou géopolitiques est-elle donc avant tout un projet ? Quel rapport entretient votre projet pour l'Europe par rapport à celui prévu par ses pères fondateurs ?

    Je ne pense pas que les pères fondateurs avaient prévu cela : une Europe qui renie ses racines pour ne pas déplaire à ses hôtes, et qui a honte d’être ce qu’elle est. Les pères fondateurs, ceux du début, étaient d’opinions diverses, mais leur Europe était ancrée dans sa culture et son histoire, ce n’était pas une machinerie administrative activée par une méritocratie.

    En septembre dernier, Emmanuel Macron avait donné un discours sur l'Europe à la Sorbonne dans lequel il déclarait qu'il fallait "retrouver l'ambition" du projet européen, assumer un "sursaut des consciences [...] au moment où cet obscurantisme" se libère en Europe". Que dit pour vous ce retour d'une vraie défense du projet européen sur notre scène politique au même moment où sa contestation est de plus en plus visible partout en Europe (en Italie dernièrement, par exemple) ? Emmanuel Macron dit ce qu’il faut dire. C’est du théâtre ! Les mots sont parfaits. Il n’y a rien derrière.

    L'Europe ne saurait être guidée par un dogme "multiculturaliste", responsable selon vous de son délitement actuel. Aujourd'hui, elle doit faire avec l'Islam. Quelle place y a-t-il pour l'Islam dans cette Europe en laquelle vous croyez ?

    Il y a la place d’un hôte qu’on accueille quand il arrive en situation de détresse, par hospitalité, et auquel on demande de respecter nos lois et coutumes, comme c’est normal. C’est parce que nous n’exigeons rien à cet égard que nous laissons croitre dangereusement la xénophobie. La question de l’accueil des immigrés est une question tragique, parce qu’elle met en jeu deux valeurs essentielles qui se contredisent : l’hospitalité, et la sauvegarde de la culture d’accueil. Quand une question tragique se pose, seule la conscience personnelle fait face et doit répondre – ici, chaque pays européen donne en conscience sa propre réponse. J’estime qu’on n’a pas le droit de décréter des quotas d’immigrés que chacun doit recevoir, et ensuite de jeter le discrédit moral sur ceux qui n’auraient pas fait assez bien. Les Allemands ont le droit de nier la valeur de la sauvegarde de la culture d’accueil, et de ne tenir compte que de la valeur d’hospitalité. C’est leur pays, c’est leur décision. Mais personne n’a le droit de décerner des notes de morale ici ou là, ni de prétendre, ce qui est tout à fait faux, que seule la valeur essentielle de l’hospitalité est en cause dans cette affaire. 

    Vous affirmez dans votre essai que le multiculturalisme est l'apanage des empires, alors que vous défendez l'Etat-nation comme forme la "marque de fabrique de l'Europe". Mais comment brise-t-on l'emprise d'un "imperium" américain, techniciste, "ultra-libéral" ? La seule solution pour lutter contre un empire n'est-elle pas sa dissolution, comme l'a bien souvent montrée l'Histoire ?

    On ne peut pas comparer l’empire américain aux grands empires historiques ! C’est un empire au sens dérivé. Le multiculturalisme appartient surtout à la culture anglo-saxonne. La France a une autre vision des choses. Si nous acceptons le multiculturalisme en France (ce que nous sommes en train de faire non par conviction mais par simple lâcheté), alors il faudra revoir tout ce qui fait la France, par exemple l’école républicaine.

    Vous insistez beaucoup sur les racines spirituelles chrétiennes et les racines intellectuelles classiques de l'Europe. Comment redonner du sens à ces racines dans une Europe de plus en plus déchristianisée et où l'athéisme progresse fortement (64% des 19-24 ans en France se déclare athée) et où la culture gréco-latine est culturellement supplantée par la culture de masse américaine ?

    Ce n’est pas parce que l’Europe est déchristianisée que sa culture a fondamentalement changé. Les racines chrétiennes ont été reprises par les Lumières et se déploient d’une autre manière. La réaction de violente culpabilité des Européens après la Schoah montre bien que nous n’avons perdu ni le sens de la dignité humaine, ni l’idée de la faute. Quant à la culture de masse, elle est moins américaine que l’héritière d’une démocratie mal comprise ou dévoyée. Si vous estimez que la démocratie exige d’envoyer tout le monde à l’université, même ceux qui n’ont jamais lu un livre et n’en liront jamais, donc de donner des diplômes au rabais, alors vous fabriquez de la culture de masse. C’est de la démocratie devenue démagogie.

  • L'existence de l'enfer

    IMPRIMER

    Du site de France Catholique :

    L’enfer existe-t-il ?

    par Françoise Breynaert, docteur en théologie

    Le pape françois, d’une part réaffirme l’existence de Satan : «  Si tu commences à dialoguer avec Satan tu es perdu, il est plus intelligent que nous et il te renverse, te fait tourner la tête et tu es perdu. Non, va-t’en !  (1) » Et d’autre part minimiserait ou nierait l’existence de l’enfer : «  L’enfer n’existe pas, ce qui existe c’est la disparition des âmes pécheresses  », aurait-il déclaré (2). De tels propos reflètent tout un courant de pensée. Replacés dans l’histoire de la théologie, ils apparaissent comme de simples déductions logiques et émotionnelles. Cette simple page nous invite à revenir à l’Évangile, complet…

    Le Christ a souvent parlé de la Géhenne ou du feu éternel, on lit par exemple : «  Alors il dira encore à ceux de gauche : "Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges"  » (Mt 25, 41). Et on lit dans l’Apocalypse : «  Et celui qui ne se trouva pas inscrit dans le livre de vie, on le jeta dans l’étang de feu  » (Ap 20, 15).

    Le Christ a aussi donné un enseignement sur la vie éternelle (l’éternelle Vie !), donnée aux disciples dès cette terre (Jn 5, 24), dès maintenant aux défunts qui accueillent la voix du Fils de l’homme (Jn 5, 25), et à travers un ultime jugement au dernier jour, pour la résurrection finale (Jn 5, 27-28). La première lettre de saint Pierre déclare plus simplement : «  La Bonne Nouvelle a été également annoncée aux morts…  » (1P 4,6). Ce que le Credo exprime en disant «  Jésus-Christ… est descendu aux enfers  » (non pas «  en enfer  », l’enfer de Satan, mais «  aux enfers  », le séjour des morts).

    En contradiction avec ces passages, saint Augustin enseigne qu’il faut que tout soit déjà joué durant la vie terrestre, sans quoi, explique-t-il (3), les exhortations morales seraient inutiles sur la terre, de même que l’évangélisation ! De la sorte, saint Augustin, vers l’an 400, a opéré un tournant dont il ne pouvait sans doute pas imaginer les conséquences…

    Dans l’Église latine, depuis saint Augustin, la Bonne Nouvelle aux défunts ayant été passée sous silence, on ne voyait plus comment ceux qui n’avaient pas été évangélisés pouvaient invoquer le Christ : vont-ils donc en enfer ? Et l’augustinisme produisit (à l’époque médiévale) l’imaginaire d’un enfer débordant ! En compensation, et pour ne pas dire que les non-chrétiens sont forcément en enfer, les théologiens occidentaux ont produit des systèmes plus ou moins obscurs ou erronés.

    Avec la bonne intention de ne pas dire que les non-chrétiens sont damnés, un type de raisonnement, contradictoire avec le Nouveau Testament, a été d’imaginer que l’enfer ne soit que virtuel, ou qu’il soit momentané, ou que les âmes non méritantes disparaissent, etc. Toutes ces solutions re­lèvent de préoccupations affectives de la part des théologiens. Elles sont en réalité absurdes : car alors était-ce bien la peine que Jésus parle de l’enfer et accomplisse la Rédemption au prix de la croix ?

    C’est pourtant le raisonnement d’un très grand théologien, Urs von Balthasar. Le volume et la complexité de son œuvre écrite ne parvient pas à cacher ni la contradiction interne ni l’omission de cette vérité que le Christ est venu pour détruire l’œuvre du diable (1Jn 3, 8 : si diable il y a, l’enfer n’est donc ni vide, ni virtuel).

    En corollaire, si l’enfer n’a plus de consistance, la morale non plus.
    Le récent Catéchisme de l’Église catholique remet en valeur la Bonne Nouvelle aux défunts (§ 634-635). Il peut alors réaffirmer le Paradis et l’enfer en toute équité, en évitant les deux excès inverses d’un enfer débordant et d’un enfer inexistant. Il peut affirmer à la fois que Dieu est amour et miséricorde, et qu’il est juste (1Jn 1,9 ; 3, 7).

    — -

    (1) 2 décembre 2017, conférence de presse dans l’avion.

    (2) Dans un entretien redoutablement informel avec Eugenio Scalfari, le fondateur du journal italien La Repubblica, paru le vendredi 28 mars 2018.

    (3) Saint Augustin, Lettre 164 à Evodius.

    Françoise Breynaert, La bonne nouvelle aux défunts. Perspective de la théologie des religions, Via Romana, préface Mgr Minnerath, 260 pages, 19 e.
    www.foi-vivifiante.fr

    https://sites.google.com/site/fbreynaert/

  • Un site pour recenser le patrimoine chrétien et yézidi d'Irak

    IMPRIMER

    De RCF :

    Mésopotamia Héritage: un site pour recenser le patrimoine chrétien et yézidi d'Irak

    Présentée par Pauline de Torsiac 

    Mésopotamia Héritage: un site pour recenser le patrimoine chrétien et yézidi d'Irak

    © Mai 2011 - Pascal Maguesyan - Mesopotamia

    Collecter des informations précieuses sur le patrimoine détruit par le groupe Etat Islamique en Irak : une façon de sauver la mémoire, mais aussi de relever les hommes.

    Faire l’inventaire du patrimoine des chrétiens d’orient, lui redonner vie, c’est l’objectif de l’association Mésopotamia qui a lancé officiellement mercredi soir à Lyon un grand site de mémoire, mesopotamiaheritage.org.

    Ce site recense une centaine d’édifices emblématiques du patrimoine irakien chrétien mais aussi yézidi, des communautés dont les églises, les temples, les monastères et les trésors millénaires qu’ils contiennent ont été pillés, vandalisés anéantis par Daech.

    Pascal Maguesyan, chargé de mission pour l'association Mesopotamia, a lancé ce projet d'inventaire. "Le patrimoine est d'abord monumental, mais à travers ce patrimoine monumental sont aussi affectés les oeuvres et les manuscrits qui constituent le tissu culturel et cultuel de ces communautés". 

    COLLECTER L'HISTOIRE, ET LES SOUVENIRS

    Depuis un an, Pascal Maguesyan arpente l’Irak avec une équipe de 5 personnes pour documenter les églises, les  monastères, les temples qui figureront sur le site. L’équipe a déjà recensé une soixantaine de sites dans la plaine de Ninive, au Kurdistan irakien à Kirkouk ou Bagdad. A chaque fois, la méthode est la même : collecter les informations auprès d’experts sur la construction et l’histoire de chaque édifice chrétien. Faire des photos, des croquis, interroger la population, recueillir les témoignages de villageois qui permettront de raviver des souvenirs de mariage, baptême dans ces églises mises à sac par l’Etat islamique....

    Ce contact auprès des populations sur leur patrimoine est fondamental, souligne Pascal Maguesyan. "A travers ce travail, les populations locales prennent conscience de la valeur de leur patrimoine. Pendant des dizaines d'années, ils ont subi des guerres et des persécutions, ils n'ont pas eu le luxe de s'intéresser à leur patrimoine. Il fallait survivre au quotidien, aux bombardements, à la destruction psychique. En leur posant des questions sur les édifices, cela réveille chez eux le sentiment de l'ancienneté de leur civilisation". 

    RELEVER LES HOMMES

    Si cet inventaire vise à sauvegarder et à faire mémoire de ce patrimoine, il pourrait aussi à terme contribuer à permettre à la population de retrouver du travail, selon le Professeur Christian Cannuyer, membre du conseil scientifique du projet MESOPOTAMIA HERITAGE, professeur à l’Université Catholique de Lille. "Les églises chrétiennes de Mésopotamie portent la marque des origines juives du christianisme mésopotamien. Le programme décoratif est semblable en grande partie aux mosquées. Les yézidis ont une part de spiritualité commune avec les chrétiens. Sauver ce patrimoine, c’est aussi sauver cette mémoire partagée qui est un gage d’avenir. Il ne faut pas oublier que ce travail peut donner de l’emploi aux locaux. Après la sauvegarde viendra l’étape de la restauration : les compétences locales seront sollicitées".

    Derrière ce projet d’inventaire, il y a non seulement la volonté de préserver la mémoire mais aussi celle de reconstruire des édifices et de relever des hommes. Ce sont bien les fidèles qui sont tout particulièrement affectés par les destructions de leurs églises temples et monastères. Le père Muhannad Al Tawil peut en témoigner. C’est le curé de la paroisse Saint-Ephrem des chaldéens de Lyon. Ses fidèles sont presque tous des réfugiés originaires de la plaine de Ninive en Irak : "Les paroissiens parlent sans cesse des monastères et des églises endommagés, brûlés... avec les larmes aux yeux".

    Pour en savoir plus sur ce projet soutenu notamment par la Fondation RCF,  KTO l’œuvre d’Orient le magazine Pèlerin et la fondation Saint Irénée à Lyon, rendez vous sur le site mesopotamia heritage.org. Vous pouvez également soutenir ce projet en allant sur credofunding.fr

  • Revisiter la Révolution française avec Augustin Cochin

    IMPRIMER

    Du blog de la lettre d'information de Denis Sureau "Chrétiens dans la Cité" :

    Découvrir un penseur essentiel : Augustin Cochin est réédité

    L’édition des œuvres d’Augustin Cochin (1876-1916) permet de redécouvrir un penseur indispensable de la Révolution et du totalitarisme.

    « Tocqueville et Cochin sont les seuls historiens à proposer une conceptualisation rigoureuse de la Révolution française » : c’est par cette affirmation vigoureuse que l'historien François Furet ouvrait son essai remarqué Penser la Révolution française, qui éreintait le « catéchisme révolutionnaire ». C’était en 1978. Augustin Cochin fut exhumé après un demi-siècle d’oubli. Ses deux principaux livres furent réédités. Puis il retomba dans le silence – sauf en Italie où ses livres ont été traduits. La publication par un grand éditeur, Tallandier, de ses œuvres presque complètes, offre l’occasion de retrouver non seulement un historien, mais aussi un philosophe soucieux d’élaborer, selon ses propres dires, « une sociologie du phénomène démocratique ».

    Si les ouvrages majeurs de Cochin (Les Sociétés de pensée et la démocratie moderne, La Révolution et la libre-pensée) sont de temps à autre réédités, ce n'est le cas ni d'Abstraction révolutionnaire et réalisme catholique (réflexions philosophiques), ni des études sur le protestantisme dans le Midi au XVIIe siècle (publiées il y a un siècle dans des revues savantes), ni de sa correspondance, très vivante, permettant de découvrir sa riche personnalité. C'est l'honneur de Tallandier d'oser faire redécouvrir ces oeuvres oubliées. Dans sa préface, l'historien Patrice Gueniffey souligne leur actualité. A l'origine de ce projet éditorial, Denis Sureau retrace dans son introduction la vie et la postérité de Cochin. 

    Augustin Cochin La Machine révolutionnaire Oeuvres Préface de Patrice Gueniffey Introduction de Denis Sureau Tallandier, 688 pages 

    Augustin Cochin
    La Machine révolutionnaire
    Oeuvres

    Préface de Patrice Gueniffey
    Introduction et notes de Denis Sureau
    Tallandier, 688 pages

    29,90 €

  • 40 Days for Life : 618 enfants à naître ont échappé à l'avortement

    IMPRIMER

    618 enfants à naître sauvés ! (source)

    La coordination internationale des 40 Days for Life nous informe aujourd’hui, jeudi 5 avril que, selon les informations remontées à elle à ce jour, 618 enfants à naître ont été sauvés de l’avortement au cours de la campagne qui s’est déroulée pendant les quarante jours du Carême, du mercredi des Cendres 14 février au dimanche des Rameaux 25 mars…

  • L’Eglise, combien de divisions ?

    IMPRIMER

    De Philippe Maxence sur le site web du bimensuel « L’Homme Nouveau » :

    Resurrection.jpg« L’Église, combien de divisions ? On connaît la célèbre phrase de Staline, bien révélatrice de son matérialisme et de sa volonté hégémonique qui entendait écarter définitivement l’Église de la face du monde. L’Église, combien de divisions ? Mais, beaucoup, aurait-on tendance à répondre aujourd’hui. Et, même, beaucoup trop ! Non plus, cette fois, en référence aux unités blindées ou, plus largement, aux armées auxquelles pensait le maître du Kremlin, mais à celles qui divisent les catholiques entre eux. 

    Certes, c’est une vieille histoire. Dès les origines, l’Église fut traversée par des courants et des tentatives de scission. Judas, choisi par le Christ, reste la figure emblématique de la trahison radicale et donc de cette division au sein du collège des Apôtres. Saint Paul ne cesse d’intervenir auprès des chrétientés qu’il a créées pour calmer les passions et ramener les récents prosélytes à l’unité de la doctrine. Plus tard, les grandes hérésies vont traverser l’Église, offrant à celle-ci la possibilité d’approfondir sa doctrine, de la préciser et de la définir. Saint Paul, encore lui, avait d’ailleurs prévenu les Corinthiens : « Oportet haereses esse ». Il faut qu’il y ait des hérésies. Terrible constat ! Terrible nécessité ! 

    Par une étrange sorte d’optimisme, bien peu surnaturel, nous voudrions échapper à cette loi qui n’a cessé d’habiter l’Église, depuis Arius jusqu’au modernisme en passant par le protestantisme. Nous aimerions l’unanimisme que l’on confond facilement avec l’unité. Saint Pie X s’était attaqué avec force au modernisme qu’il qualifiait de « rendez-vous de toutes les hérésies ». Plus récemment, après le concile Vatican II, Jacques Maritain qualifia, dans son Paysan de la Garonne, la crise moderniste de « rhume de foin » en comparaison de « l’espèce d’apostasie “immanente” » qui s’affichait alors. Ne nous y trompons pas ! Maritain n’était en rien ce qu’on appelle couramment un intégriste. Dans le même livre, il dénonce les « ruminants de la Sainte-Alliance », à savoir la droite catholique avec laquelle il avait rompu au temps de la crise de l’Action française. 

    Des aveugles conduisant des aveugles ?

    Et, aujourd’hui ? Il faut vraiment être aveugle, et parfois aveugle volontaire, pour ne pas constater une réelle division dans l’Église. Il suffit de le voir à travers la production des faiseurs d’opinion au sein du catholicisme français. Récemment, Le Figaro publiait un sondage mettant le Pape au centre des discussions des catholiques. Pour ou contre, en tout ou en partie ? À l’aune d’un tel procédé, Pie IX, béatifié par le pape Jean-Paul II, n’aurait eu que peu d’opinions favorables, lui dont les Romains voulurent jeter la dépouille mortelle dans le Tibre. 

    L’esprit du monde a vraiment pénétré l’Église et nous sommes sommés maintenant d’être pour ou contre le Pape, comme s’il n’était qu’un vulgaire chef d’État d’une vulgaire démocratie. Comme si nous oublions aussi sa mission de service de l’unité et de la vérité catholique. Des prêtres sur twitter s’agitent dans ce sens. Des laïcs s’écharpent à ce sujet sur facebook ou via des sites internet. Des livres prétendent expliquer le changement radical de notre époque, que nous n’aurions pas perçu. On est allé jusqu’à demander à Benoît XVI de préfacer l’ouvrage d’un hérétique sous prétexte que ­celui-ci présentait un aspect de la pensée théologique du pape François (cf. p. 11). 

    Ne pas varier

    C’est peu dire que la confusion règne ! Au risque de ne pas suivre ceux qui veulent absolument sauver la situation, il me semble que ce temps d’épreuve est aussi un temps de grâce. La Semaine sainte que nous venons de vivre nous a montré l’abandon du Christ, y compris par ses Apôtres et saint Pierre lui-même. Elle nous a permis de revivre la solitude absolue du Christ face à sa Passion, au point d’avoir sué des gouttes de sang. Mais, nous avons revécu aussi son triomphe, celui de la Résurrection et nous allons suivre désormais les Apôtres autour de saint Pierre et de saint Paul dans la conquête (pacifique) du monde, jusqu’au prix de leur sang, à eux aussi. 

    Dans les périodes de crise, de doute et de souffrance, il faut s’enraciner dans un regard surnaturel. Celui-ci ne nie pas la réalité de ce qui se déroule sous ses yeux. Il ne tente même pas de l’effacer par de pieux discours. Le constatant, et parce qu’il le constate, il recourt encore plus fortement aux moyens certains du salut. Comme l’enseignent nombre d’auteurs spirituels, dans la désolation, il écarte les nouveautés et s’en tient aux vérités de la doctrine et de la théologie traditionnelles, aux sacrements, à une foi renouvelée et une prière plus intense. Il prépare ainsi l’avenir qui débouchera à l’heure de Dieu sur une renaissance et un renouveau. 

    Notre espérance ? C’est bien le Christ ressuscité, l’Église qu’il a établie et la doctrine ne varietur qu’il a enseignée. Le reste n’est certes pas un simple rhume de foin. Il s’agit bien d’une croix. Grave, pénible, source de souffrance. Mais qui conduit involontairement et malgré tout à la Résurrection. Saint temps pascal à tous ! 

    Ref. Oportet haereses esse !

    L’histoire de l’Eglise n’a jamais été un long fleuve tranquille et les grands conciles oecuméniques qui jalonnent son existence ont été le théâtre des enjeux majeurs qu’elle dût maintes fois affronter. A Nicée (325) c’était la divinité même de la personne du Christ qui était la cause d’une controverse dont l’issue incertaine faillit  emporter l’objet de la révélation chrétienne. Et plus tard, à Trente (1545-1563) comme à Vatican II (1962-1965), ce sont des mutations anthropologiques majeures de la société qui ont appelé, de la part de l’Eglise, une réponse fidèle au dépôt de la foi reçue des apôtres. Dans l’un comme dans l’autre cas, une mise en œuvre équilibrée suppose du temps: plus de cinquante ans après la clôture de Vatican II, oscillant aujourd’hui encore entre les pontificats contrastés de Benoît XVI et de François, l'histoire de ce concile n’est manifestement pas encore vraiment écrite, contrairement à celle du Christ ressuscité, seule Espérance de notre salut.

    JPSC  

  • Pas de trève pascale au sommet de l’Eglise catholique

    IMPRIMER

    rome-7-avril-2018.png

    De Sandro Magister, vaticaniste à l'Espresso, en traduction sur le site Diakonos.be :

    Dans une Eglise sans guide, deux nouvelles protestations d’évêques et de fidèles

    Pas de trève pascale au sommet de l’Eglise catholique. En l’espace de quelques jours, deux des tournants les plus révolutionnaires du Pape François viennent d’être contestés par autant de déclarations publiques émanant de cardinaux, d’évêques et de membres du peuple chrétien.

    Il s’agit des deux tournants qui admettent à la communion eucharistique aussi bien les divorcés-remariés que les protestants.

    *

    A propos de la communion aux divorcés-remariés, en 2016 déjà quatre cardinaux s’étaient prononcés contre les « ouvertures » de François en lui soumettant leurs « dubia » avant de lui demander dans une lettre d’être reçus. Sans jamais obtenir de lui la moindre réponse.

    A présent, deux de ces cardinaux, l’allemand Walter Brandmüller et l’américain Raymond L. Burke sortent à nouveau du bois et, ensemble avec tous les participants d’un colloque qui s’est tenu à Rome aujourd’hui samedi 7 avril, viennent de publier une « Declaratio », une profession de foi, qui réaffirme les points-clés de la doctrine de l’Eglise mis en doute par le raz-de-marée novateur du pontificat actuel.

    On trouvera le texte de cette « Declaratio », disponible en plusieurs langues, ci-dessous sur cette même page.

    *

    En ce qui concerne en revanche la communion aux protestants pendant les messes catholiques, il se fait que sept évêques d’Allemagne, dont le cardinal de Cologne, Rainer Maria Woekli, en ont appelé au Saint-Siège contre la décision qui vient d’être prise par la Conférence épiscopale allemande de l’autoriser.

    Cette décision – qui se présente sous la forme d’un « guide d’orientation » – est entrée en vigueur le 22 mars au terme d’une réunion de la Conférence épiscopale où elle a été votée à la majorité après une discussion animée.

    Les évêques qui contestent cette décision estiment qu’elle touche à une question trop sensible, qui met en péril la doctrine et l’unité de l’Eglise catholique, que pour être laissée au seul jugement d’Eglises nationales, d’évêques ou de prêtres. C’est justement pour cela qu’ils ont fait appel à Rome, demandant un éclaircissement à la Congrégation pour la doctrine de la foi, dont le préfet est l’archevêque jésuite Luis Ladaria et au Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens présidé par le cardinal Kurt Koch.

    C’est le journal allemand « Kölner Stadt-Anzeiger » qui a donné cette information le 4 avril dernier. Les sept signataires de ce recours, outre le cardinal Woekli, sont Ludwig Schick, archevêque de Bamberg, Konrad Zdarsa, évêque d’Augsbourg, Gregor Maria Hanke, évêque d’Eichstätt, Stefan Oster, évêque de Passau, Rudolf Voderholzer, évêque de Ratisbonne et Wolfgang Ipolt, évêque de Görlitz.

    Quant à savoir si le Saint-Siège répondra et comment, cela dépendra naturellement de ce que décidera le Pape François.

    Lire la suite

  • Selon Annie Laurent, les chrétiens d’Orient ont besoin de se réapproprier leur vocation

    IMPRIMER

    Du site du journal "L'Orient - Le Jour" :

    Annie Laurent : Les chrétiens d’Orient ont besoin de se réapproprier leur vocation

    ESSAI

    Pour l’essayiste, « le modèle libanais dépend du maintien d’une influence réelle de ses chrétiens sur les institutions et la culture ».

    Rien n’arrêtera Annie Laurent dans sa défense des chrétiens d’Orient. Depuis Guerres secrètes au Liban (1987), c’est une battante qui consacre d’incalculables conférences, articles, émissions à ce sujet. Elle est de surcroît une spécialiste académique de l’islam. Son essai, Les chrétiens d’Orient vont-ils disparaître ?, s’attaque aux problèmes actuels sociopolitiques et moraux des chrétiens dans un entourage de plus en plus hostile, miné par les guerres pernicieuses où se mêlent les grandes puissances sans connaissance approfondie ni considération des vicissitudes de l’histoire. 

    Il y a plus de 30 ans, vous découvriez le Proche-Orient, auquel vous avez consacré une thèse à l’Université de Paris. Depuis lors, vous êtes reconnue comme une spécialiste de notre région, notamment dans ses composantes religieuses, ce qui vous a valu de participer en tant qu’experte au synode pour le Moyen-Orient (Rome 2010). Votre dernier livre* porte un double titre, qui semble paradoxal. Pouvez-vous nous l’expliquer ?

    Le titre principal, Les chrétiens d’Orient vont-ils disparaître ?, veut attirer l’attention de mes lecteurs en France sur la menace existentielle qui pèse sur l’avenir du christianisme dans son berceau d’origine. Certes, les chrétiens d’Orient suscitent un regain d’intérêt dans mon pays, mais je le trouve trop limité à l’aide humanitaire et à l’approche sociologique. Pour réagir à cette insuffisance, je propose une réflexion en profondeur sur ce que les chrétiens proche-orientaux ont à apporter à leurs sociétés, aussi bien dans les pays arabes qu’en Iran, en Turquie et en Israël. Je dresse un état des lieux sociopolitique actuels dans toutes ces contrées, précédé par l’histoire et l’identité de chaque Église, ainsi que l’explication de leurs options face aux défis redoutables qu’elles affrontent. Ainsi, on n’est pas chrétien de la même manière selon qu’on appartient à telle ou telle communauté ou à tel ou tel pays. Mon intention est de faire comprendre cette complexité ; ce n’est pas suffisant, d’où le sous-titre, Une vocation pour toujours, qui veut encourager l’espérance. Il est essentiel que les chrétiens orientaux reprennent conscience des exigences de leur baptême. En me gardant de juger qui que ce soit et en m’appuyant sur les recommandations émises par Benoît XVI dans son exhortation apostolique Ecclesia in Medio Oriente, j’observe les fragilités qui affaiblissent aussi bien les hiérarchies religieuses que les laïcs : mondanité, amour de l’argent et des apparences, sécularisation, crise de la famille, imitation servile des mœurs occidentales, etc. Mais je suis aussi attentive aux admirables témoignages de sainteté que donnent tant d’Orientaux chrétiens. 

    L’une des causes de l’affaiblissement du christianisme au Proche-Orient ne résulte-t-elle pas de l’insuffisante solidarité entre Églises ?  

    Certainement ! L’unité est primordiale face aux défis auxquels sont confrontés les chrétiens au Levant, ceux-ci en sont de plus en plus conscients, comme le montre la création de structures vouées à la concertation, mais cela ne suffit pas. Les chrétiens ont à se libérer des conditionnements hérités d’une longue histoire tourmentée qui a engendré des mentalités confessionnelles. Je pense d’abord à l’éclatement de l’Église indivise des premiers siècles ; à partir du VIIe siècle, l’irruption de l’islam, profitant de ces divisions, a accru les clivages. Puis, l’instauration de la dhimmitude a poussé de trop nombreux chrétiens à se faire musulmans pour échapper à ce régime humiliant. Quant au millet** mis en place par l’Empire ottoman, il a accru les rivalités et la méfiance des Églises entre elles, dans un rapport malsain à l’autorité musulmane. De la communion entre chrétiens dépend aussi la crédibilité et l’efficacité du témoignage évangélique. Dans mon livre, je décris les progrès accomplis pour relever le défi de l’unité, mais aussi les échecs. Je n’oublie pas que Rome est elle aussi appelée à mieux respecter les particularités orientales pour rassurer les Églises qui sont encore séparées. 

    À l’aune des changements géopolitiques au Proche-Orient, comment voyez-vous les rapports entre les religions qui le composent ? 

    Entre musulmans de diverses obédiences et nationalités, la haine atteint un niveau terrifiant, si bien que l’on peut craindre l’éclatement de la région sur des bases ethniques et confessionnelles. Pour les chrétiens, l’alliance des minorités est un piège si, au nom de la solidarité et de la sécurité, elle conduit à les séparer de leur environnement. Or ce concept est promu au niveau stratégique par les dirigeants d’Israël, qui cherchent chez eux à séparer leurs citoyens arabes, selon qu’ils sont chrétiens ou musulmans. En entrant dans ce jeu, les chrétiens renonceraient à leur vocation missionnaire et médiatrice, privant les non-chrétiens des bienfaits de l’Évangile. Ils ont donc raison de réclamer de tous les États l’adoption du concept de citoyenneté. 

    Le Liban, confronté à l’installation massive de réfugiés étrangers et à l’émigration incessante de ses chrétiens, n’est-il pas menacé dans son identité et sa vocation ? 

    Évidemment... La pérennité du Liban en tant que modèle dépend du maintien d’une influence réelle de ses chrétiens sur les institutions et la culture, ce qui, outre un taux démographique suffisant, exige de leur part une réelle conscience de leurs responsabilités. Ils sont donc appelés à une forme de conversion pour renoncer à des pratiques archaïques en vue de faire prévaloir le bien commun, au bénéfice de tous, et surtout de la paix. Avec sa formule unique, le Liban n’est-il pas le ferment providentiel placé dans la masse et qui doit lever grâce à l’intercession de ses saints ? 

    *Éd. Salvator, 2017. 

    **Nation (sous-entendu confessionnelle).

  • Vient de paraître : le magazine trimestriel « Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle », n° 106, printemps 2018

    IMPRIMER

    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) a publié sa livraison du printemps 2018. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation.Les articles mentionnés en bleu sont disponibles sur le blog de l'église du Saint-Sacrement (cliquez sur les titres ci-dessous pour y accéder).

    mag_106_final-page-001.jpg

    Au sommaire de ce numéro n° 106 (printemps 2018) : 

    contrat Delta ingenieur stabilité339.jpg

    Liturgie au Pays de Liège

    La réception de l’Eucharistie à travers le temps

    Eclipse de Dieu, éclipse de l’homme

    contrat Delta ingenieur stabilité340.jpg

    Rome et le monde : 

    Comment vivre en chrétien dans un monde qui ne l’est pas ?

    Comment notre monde a cessé d’être chrétien

    RDC : une Eglise qui dérange le pouvoir

    Belgique :

    Le débat sur la laïcité est relancé

    De passage à Bruxelles, le Cardinal Sarah pointe les dérives du monde occidental 

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Rue Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien à la revue sont reçus  avec gratitude au compte IBAN:

     BE58 0016 3718 3679   BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000, B-4000 Liège

     JPSC

  • Corriger le pape pour obéir au Christ ?

    IMPRIMER

    Où va l'Eglise ? (source : "Benoît et moi")

    En marge d'un congrés qui se tiendra à Rome demain en mémoire du cardinal Caffara, Riccardo Cascioli (Nuova Bussola Quotidiana) s'entretient avec le cardinal Burke, qui n'a pas perdu une once de sa pugnacité (6/4/2018)

    sml304418a8bc088a4101.jpg

    A noter parmi les intervenants, outre le cardinal Burke, les cardinaux Brandmüller et Zen, Mgr Athanasius Schneider et l'ami de Benoît XVI Marcello Pera.

    Ce qui s'est passé avec la dernière interview donnée à Eugenio Scalfari pendant la Semaine Sainte et rendue publique le Jeudi Saint est allé au-delà du tolérable. Qu'un athée notoire prétende annoncer une révolution dans l'enseignement de l'Église catholique, considérant qu'il parle au nom du Pape, niant l'immortalité de l'âme humaine et l'existence de l'enfer, a été source de profond scandale non seulement pour beaucoup de catholiques mais aussi pour beaucoup de laïcs qui respectent l'Église catholique et ses enseignements, même s'ils ne les partagent pas.

    Cardinal Burke

    BURKE: CORRIGER LE PAPE POUR OBÉIR AU CHRIST (www.lanuovabq.it, 5 avril 2018, traduction de "Benoît et moi") :

    Certains accusent de désobéissance ceux qui ont exprimé des doutes, des questions et des critiques sur l'action du Pape, mais «la correction de la confusion ou de l'erreur n'est pas un acte de désobéissance, mais un acte d'obéissance au Christ et donc à son Vicaire sur terre». Ainsi s'exprime le Cardinal Raymond Leo Burke dans cet entretien avec La Nuova BQ, à la veille d'une importante conférence qui se tiendra à Rome le samedi 7 avril sur le thème «Où va l'Église» (voir ici), dont lui-même sera l'un des intervenants. La conférence de Rome aura lieu à la mémoire du cardinal Carlo Caffarra, disparu en septembre dernier, l'un des signataires des Dubia. Comme on s'en souvient, il s'agit de cinq questions au Pape François visant à obtenir une déclaration claire de continuité avec le Magistère précédent suite à la confusion créée par les interprétations différentes et parfois opposées de l'exhortation apostolique post-synodale Amoris Laetitia. A ces Dubia, dont le Cardinal Burke est également signataire, aucune réponse n'a jamais été donnée et le Pape François n'a jamais répondu à la demande répétée d'audience de la part des cardinaux signataires.

    La Bussola: Eminence, vous serez l'un des principaux orateurs de la conférence du 7 avril qui, au nom du Cardinal Caffarra, s'interrogera sur l'orientation de l'Eglise. Le titre de la conférence laisse déjà percevoir l'inquiétude pour la direction prise. Quelles sont les raisons de cette inquiétudes?

    Cardinal Burke: La confusion et la division dans l'Église sur les questions les plus fondamentales et les plus importantes - le mariage et la famille, les sacrements et la juste disposition pour y accéder, les actes intrinsèquement mauvais, la vie éternelle et les "novissimes" [ndt: c'est-à-dire ce qui arrive à l'homme à la fin de sa vie, la mort, le Jugement, le destin éternel: le ciel ou l'enfer] - se répandent de plus en plus. Et le Pape refuse non seulement de clarifier les choses par l'annonce de la doctrine constante et de la discipline saine de l'Église, responsabilité inhérente à son ministère de successeur de saint Pierre, mais il augmente même la confusion.

    Lire la suite

  • Liège, la religion s’enseigne avec les « valeurs démocratiques »

    IMPRIMER

    Professeur de religion dans un collège-lycée catholique de Liège, en Belgique, Sébastien Belleflamme multiplie les initiatives depuis deux ans pour faire réfléchir ses élèves sur le phénomène djihadiste. En croisant les disciplines, il veut les aider à sortir d’une « lecture fondamentaliste » des textes sacrés et à forger leur « esprit critique ». Interview publiée par Anne-Bénédicte Hoffner dans le journal « La Croix » :

    La Croix : Vous enseignez la religion dans un établissement catholique à Liège, en Belgique. Pourquoi et comment avez-vous décidé de traiter l’actualité, et notamment cette question de la violence commise au nom de Dieu ?

    Sébastien Belleflamme : Mon cours de religion s’adresse à tous les élèves de l’établissement, qu’ils soient catholiques, protestants – évangéliques surtout –, musulmans ou indifférents. Nous nous appuyons surtout sur les ressources de la foi chrétienne mais pas seulement : c’est un cours ouvert sur la pluralité des convictions.

    Le déclic s’est fait il y a deux ans, en pleine vague d’attentats en France et en Belgique, quand certains de mes élèves musulmans m’ont dit qu’ils n’osaient plus parler de leur foi et gardaient les yeux baissés en marchant dans la rue. Je me suis dit qu’il fallait agir. En terminale, j’ai proposé à certains de travailler sur les motivations des jeunes djihadistes : j’ai assisté avec eux à des colloques, des pièces de théâtre (comme Djihad d’Ismaël Saïdi). Devant leur enthousiasme, nous avons fait intervenir au lycée Laura Passoni, une « revenante » de Syrie, ainsi qu’Hicham Abdel Gawad, un doctorant en sciences des religions à Louvain (1). Cette rencontre a nourri beaucoup d’échanges entre les élèves, certains se montrant très durs vis-à-vis d’elle.

    Comment parvenez-vous à faire s’exprimer et s’écouter des jeunes avec des sensibilités très différentes au sujet de la radicalisation islamiste ?

    S.B. : Avec mes élèves de troisième cette fois, nous avons lu la pièce Nour, pourquoi n’ai-je rien vu venir ? de l’islamologue Rachid Benzine, qui met en scène le dialogue entre un père universitaire et sa fille partie rejoindre un djihadiste à Falloujah en Irak dont elle aura une fille. Je leur ai proposé d’écrire chacun leur propre lettre à l’un des protagonistes de la pièce.

    À lire aussi : Enquête inédite sur la « tentation radicale » des lycéens

    Je suis seulement en train de les lire, mais j’observe déjà qu’elles témoignent de sentiments extrêmement variés : certaines filles disent leur colère à Nour et l’interpellent sur la question de la dignité des femmes. D’autres élèves lui demandent comment elle a pu faire autant de peine à son père. D’autres encore expriment plutôt de la compassion, notamment pour son geste final. Il y a vraiment de tout : de la condamnation au respect en passant par l’incompréhension…

    Les élèves d’origine syrienne ou maghrébine livrent parfois leur souffrance devant une stigmatisation qu’ils ne comprennent pas, leurs questions aussi devant cette violence commise au nom de Dieu.

    Comment ce travail est-il perçu par la direction de votre établissement, par les parents ? Quels résultats percevez-vous chez vos élèves ?

    S.B. Au départ, notre travail a suscité quelques questionnements, légitimes, sur sa visée pédagogique mais aujourd’hui, les retours sont globalement très positifs. Nous croisons les disciplines – philosophie, histoire notamment – pour mieux analyser le discours djihadiste : moi j’apporte l’éclairage théologique, d’autres collègues complètent sous d’autres angles. Nous aidons ainsi les élèves à comprendre que « Dieu » est un mot-valise qui, s’il est mal exploité, peut conduire des hommes à commettre les pires horreurs. Je les initie aussi à l’exégèse pour sortir d’une lecture fondamentaliste des textes.

    Finalement, toutes ces initiatives servent le même objectif : enseigner la religion en défendant les valeurs démocratiques de notre pays. L’éducation est le seul moyen d’aider nos élèves à se forger un esprit critique. La religion vise bien sûr le rapport à Dieu, mais il faut un minimum de culture pour cela.

    Ref. Liège, la religion s’enseigne avec « les valeurs démocratiques »

    Pour mémoire, le réseau de l’enseignement catholique accueille, bon an mal an,  la moitié de la population scolaire en Belgique. L’enseignement de la religion ou de la morale laïque est obligatoire dans tous les réseaux mais dans les écoles créées par les pouvoirs publics les élèves peuvent opter entre l’un des six cultes reconnus et  la morale laïque. Dans les écoles catholiques seule la religion du même nom est enseignée, ce qui n'empêche pas ces écoles d’accueillir bon nombre de musulmans. D’où l’intérêt de l’initiative prise à Liège par un professeur de ce réseau.

    JPSC

  • Allemagne : fronde de sept évêques contre l’accès à la communion sacramentelle du conjoint luthérien en cas de couple mixte luthéro-catholique

    IMPRIMER

    Le 22 février, la Conférence des évêques allemands avait annoncé avoir adopté « après d’intenses débats » un projet de texte sur la possibilité pour les couples luthéro-catholiques de communier ensemble à l’eucharistie.

    Estimant que ce projet viole « la foi catholique et l’unité de l’Église », sept évêques ont écrit à Rome.  Commentaire d' Anne-Bénédicte Hoffner dans le quotidien « La Croix » :

    "La possibilité pour les couples luthéro-catholiques de participer ensemble à l’eucharistie fait débat en Allemagne.

    Le 22 février, au terme de l’Assemblée plénière de printemps des évêques allemands et après « d’intenses débats », le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich, président de la Conférence épiscopale allemande et membre du C9 (le groupe de cardinaux chargés de conseiller le pape dans sa réforme de la curie) avait annoncé un texte qui faciliterait, dans certains cas, la communion pour le conjoint de confession protestante.

    Pour certains évêques allemands, une telle décision outrepasse les compétences de la conférence des évêques et relève de l’Église universelle, autrement dit de Rome. Sept d’entre eux viennent d’écrire au préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr Luis Ladaria, et au cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens pour leur demander leur « aide » et « des éclaircissements », révèle le Kölner Stadt-Anzeiger, le quotidien de la ville de Cologne, dans son édition du 4 avril, qui a pu lire la missive.

    Majorité des deux tiers

    Selon l’article, le document pastoral annoncé en février – et adopté par une majorité des deux tiers des évêques – serait « illégal » car il « violerait de leur point de vue la foi catholique et l’unité de l’Église ».

    En plus du cardinal Rainer Woelki, archevêque de Cologne, cette lettre de « trois pages » datée du 22 mars, est signée également par l’archevêque de Bamberg, Mgr Ludwig Schick, et par les évêques d’Augsbourg, Eichstätt, Görlitz, Ratisbonne (Regensburg) et Passau. « L’opposition au cardinal Marx et à la majorité des évêques se concentre donc en Bavière », relève le quotidien allemand, en rappelant que cette région est aussi celle du cardinal Marx, archevêque de Munich et président de la conférence épiscopale bavaroise…

    Les sept signataires n’ont en outre pas « consulté préalablement » le président de la Conférence des évêques allemands (DBK). Le cardinal Woelki ne lui a écrit que le lendemain, le 23 mars, pour l’avertir de leur initiative.

    « Des changements toujours possibles »

    Le cardinal Marx leur répond dans une lettre datée du 4 avril, adressée à l’ensemble des évêques d’Allemagne, et publiée sur le site Internet de la conférence des évêques. Sur le fond, ce proche de François justifie cette décision – prise « à une écrasante majorité » rappelle-t-il – par l’encouragement du pape « à faire de nouveaux pas dans le domaine de l’œcuménisme et de la pastorale ».

    Concernant les doutes exprimés par les sept signataires, il rappelle que « la gravité du besoin spirituel » de chaque couple mixte sera vérifiée et que la décision ayant été prise en cohérence avec les « textes de référence » sur l’œcuménisme et avec le droit canonique, le lien « avec l’Église universelle » est assuré. « Il a été démontré à maintes reprises et clairement qu’un évêque diocésain (canon 844) et bien sûr une conférence nationale des évêques peuvent formuler des critères qui permettent la communion à des chrétiens qui ne sont pas en pleine communion avec l’Église catholique », écrit-il également.

    Il invite enfin les signataires à « informer » tous les évêques et non pas seulement lui puisque leur courrier « concerne toute l’Assemblée plénière ».

    « Le procédé est sans précédent dans l’histoire récente de l’Église » allemande, indique l’article, qui fait toutefois référence au conflit qui avait opposé à la fin des années 1990 la majorité des évêques allemands au pape Jean-Paul II sur l’accompagnement des femmes enceintes dans les Centres de consultation pré-avortement.

    « Pour des raisons de conscience », l’ancien archevêque de Cologne, le cardinal Joachim Meisner, s’était publiquement désolidarisé d’une décision prise en juin 1999 à la majorité des évêques allemands de rester dans le système consultatif du gouvernement.

    Ref. Fronde de sept évêques allemands contre le projet de communion pour les couples mixtes

    Des appels à Rome dans la constellation actuelle d’un pouvoir auquel le Cardinal Marx est étroitement associé ont-il quelque chance d’être entendus ?  

    JPSC