“Aucune vie humaine n’est dépourvue de valeur” insistent les évêques irlandais dans leur lettre pastorale
7 mars 2018, lettre pastorale des évêques catholiques d’Irlande sur le droit à la vie
Conférence des évêques catholiques d’Irlande (*)
La Conférence des évêques catholiques d’Irlande a tenu son Assemblée plénière de printemps du 5 au 7 mars 2018 à Maynooth, (comté de Kildare). Lors de leurs travaux, les évêques d’Irlande ont réexaminé leur message pastoral Deux vies, un amour – document initialement rendu public en décembre 2016. Alors que l’Irlande se prépare à un référendum sur le droit à l’avortement au mois de mai 2018 et pour apporter leur contribution au débat national sur le droit à la vie, ils ont publié, le 7 mars 2018, une édition révisée du précédent document. Les évêques irlandais y réaffirment leur conviction : « aucune vie humaine n’est dépourvue de valeur ». Par conséquent, ils réfutent la possibilité pour certains de décider de la mort d’autres personnes. Distinguant les droits fondamentaux des droits civils, ils rappellent que tandis que les derniers sont « accordés par la loi aux citoyens », les premiers sont tout simplement inaliénables. Et, dans un contexte où l’avortement est maintenant présenté comme un droit humain, ils évoquent la Convention européenne des droits de l’homme qui souligne l’importance de protéger le droit de toute personne à la vie. Ils s’opposent à toute modification ou à la suppression de l’article 40.3.3 de la Constitution irlandaise qui pourrait autoriser l’avortement. Cet article, insistent-ils, a « une vision particulière, fondée sur le respect du droit à la vie de toute personne ». Aussi, exhortent-ils, en conclusion, leurs concitoyens à défendre le « maintien du droit à la vie dans la Constitution ». La DC
1. Introduction
Après avoir soigneusement consulté les fidèles laïcs, hommes et femmes, la Conférence des évêques catholiques irlandais souhaite présenter les considérations suivantes afin de contribuer à l’actuel débat national sur le droit à la vie.
L’Église catholique a récemment conclu une Année jubilaire de la miséricorde. Cette initiative du pape François a été célébrée par l’Église universelle et elle nous a appelés à la fois à nous ouvrir à la miséricorde de Dieu dans notre vie et à rechercher les moyens d’être plus miséricordieux envers les autres, et en particulier les plus vulnérables. La Constitution irlandaise célèbre l’égalité de la mère et de l’enfant à naître dans son Huitième amendement. Nous nous devons donc d’être extrêmement compatissants et miséricordieux quand de futurs parents et leur enfant à naître ont besoin de soutien au cours d’une grossesse non désirée. Mais il faut plus que des mots pour exprimer ce soutien. Les ressources publiques devraient par exemple être employées avec davantage de pragmatisme et d’imagination. Soutenir et pérenniser une culture de la vie est dans l’intérêt de chaque génération et cela nous définit en tant que société.
Nous croyons que la vie humaine est sacrée de la conception jusqu’à la mort naturelle et que l’Article 40.3.3 reflète le juste équilibre des droits. Nous demandons à Dieu de bénir et de guider les membres de notre société afin que chacun assume la lourde responsabilité qui lui incombe et que nous défendions ce droit pour la génération actuelle et celles à venir.Certaines personnes soutiennent que le droit à la vie de l’enfant à naître devrait être une question de choix personnel de la part de la mère. D’autres, bien qu’opposés par principe à l’avortement, pensent que ce droit ne s’applique pas à certains enfants parce qu’on leur a diagnostiqué un problème médical grave ou parce que leur conception résulte d’un viol. Nous souhaitons affirmer notre ferme conviction, fondée autant sur la raison que sur la foi, qu’aucune vie humaine n’est dépourvue de valeur. Nous acceptons, bien sûr, que la mort fasse partie de notre condition humaine. Mais nous rejetons l’idée que n’importe qui puisse décider du moment où, pour une autre personne, il est temps de mourir.
2. Le droit à la vie en tant que droit personnel fondamental
L’article 40 de la Constitution s’intitule « Droits personnels » et se trouve dans une section intitulée « Droits fondamentaux ». Ainsi, bien avant que la Déclaration universelle des droits de l’homme ne soit promulguée par les Nations unies, le peuple irlandais a reconnu la nature fondamentale des droits tels que le droit à la vie, le droit à la liberté, le droit au respect de la vie privée et le droit à la liberté d’expression.Les droits humains fondamentaux sont différents des droits civils. Alors que les droits civils sont les droits accordés par la loi aux citoyens dans une société particulière, les droits humains fondamentaux appartiennent à chaque personne tout simplement parce qu’elle est une personne. Les droits humains fondamentaux ne sont pas « donnés » par la société, qui ne peut pas non plus les soustraire.