Jean-Marie Guénois commente le récent consistoire où aucun des six cardinaux promus n'est italien ni même européen :
Depuis presque un siècle, les prélats italiens ont toujours pesé massivement sur les destinées de l'Église. Les nouveaux cardinaux venus d'Amérique, d'Afrique et d'Asie vont-ils changer l'Église ?
Du jamais vu à Rome depuis 85 ans: Benoît XVI créé samedi six nouveaux cardinaux en ayant volontairement écarté les Italiens. Et même des Européens! Puisque son ami Mgr Gerhard Ludwig Müller qu'il a nommé en juillet dernier, au poste le plus important de l'Église catholique après le Pape - Préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, (c'est-à-dire gardien de l'interprétation catholique du christianisme) - n'a pas été retenu. Il était pourtant le premier à pouvoir légitimement prétendre à la «pourpre cardinalice» en référence à l'habit rouge que revêtent les cardinaux pour marquer le don de leur vie jusqu'au martyr.
Voici des extraits de l'allocution prononcée par le pape lors du consistoire (V.I.S.):
"Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique.. Ces paroles que d’ici peu les nouveaux Cardinaux prononceront solennellement en émettant la profession de foi, font partie du symbole de Nicée-Constantinople, synthèse de la foi de l’Eglise que chacun reçoit au moment du baptême. C’est seulement en professant et en gardant intacte cette règle de vérité que nous sommes des disciples authentiques du Seigneur. Je voudrais m’arrêter en particulier sur la signification du terme catholique, qui indique un trait essentiel de l’Eglise et de sa mission... L’Eglise est catholique parce que le Christ embrasse toute l’humanité dans sa mission de salut. Tandis que la mission de Jésus durant sa vie terrestre était limitée au peuple juif..., elle était toutefois orientée dès le début, à porter à tous les peuples la lumière de l’Evangile et à faire entrer toutes les nations dans le Royaume de Dieu... Cette perspective universaliste affleure, entre autres, dans la présentation que Jésus fait de lui-même non seulement comme Fils de David, mais comme Fils de l’homme". Il se sert de cette expression riche et complexe et la rapporte à lui-même pour manifester le vrai caractère de son messianisme, comme mission destinée à tout l’homme et à tout homme, dépassant tout particularisme ethnique, national et religieux. Et c’est justement dans la suite de Jésus, dans le fait de se laisser attirer à l’intérieur de son humanité et donc dans la communion avec Dieu qu’on entre dans ce nouveau royaume, que l’Église annonce et anticipe et qui vainc morcellement et dispersion".