Une lettre mensuelle de Gènéthique Magazine :
IVG : une femme témoigne « ce n’était pas “mon choix”, mais “ma peur”»
Le 28 février, le Sénat a adopté le projet de loi visant à inscrire dans la Constitution « la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une IVG » (cf. IVG dans la Constitution : le vote téléguidé des sénateurs ). Le texte va désormais être présenté au Congrès le 4 mars. Il faudra une majorité de trois cinquièmes des suffrages exprimés pour que le texte soit ajouté à la Constitution.
Au cours des débats, aucun parti politique ou parlementaire n’a abordé « le sort des enfants à naître, les causes et les circonstances sociales de l’IVG, ainsi que les conséquences de l’avortement sur les femmes elles-mêmes » dénonce le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) (cf. « Deuil caché » : « une réhabilitation de la souffrance » des femmes qui ont avorté). Dans ce contexte, l’organisation non-gouvernementale (ONG) spécialisée dans les droits de l’homme a décidé de lancer une initiative afin de permettre à douze femmes de témoigner de l’avortement qu’elles ont vécu. Le but : faire émerger les « angles morts » du débat.
Sous prétexte de liberté, une orientation automatique
« De nombreuses femmes souhaitent être entendues, réellement accompagnées et aidées dans cette période difficile d’un début de grossesse imprévue, lorsqu’elles se demandent “Que faire ?” » souligne l’ONG qui reçoit de nombreux témoignages. Parmi eux, celui de S., 44 ans et déjà mère de 3 enfants, qui a avorté à Limoges après avoir consulté l’espace Choisir, le centre d’IVG et de planning familial du CHU.
Elle a écrit une « lettre ouverte » à l’attention du personnel de l’hôpital « de la Mère et de l’Enfant » de Limoges, et plus particulièrement des professionnels du groupe Choisir. Elle y révèle combien l’orientation automatique, et presque forcée, vers l’avortement a été pour elle cause de souffrance, avant comme après cet acte. La « liberté » mise en avant par le projet de loi adopté au Sénat est bien loin de ce qu’elle a vécu (cf. IVG dans la Constitution : une « liberté » ne peut pas être subie).
Sa lettre est reproduite dans les lignes qui suivent.
« Lettre ouverte » au planning familial
« “Choisir”, quel nom pour un centre d’IVG ! Comme si on vous laissait vraiment choisir, car pour avoir le choix, il faut voir se dessiner plusieurs alternatives possibles. Or, quand on se présente à votre service, c’est qu’on a l’impression de ne pas avoir d’autre solution.
Si vous voulez vous targuer du titre de « choisir », il faudrait donc aider les femmes à faire le point sur leur situation afin qu’elles voient se profiler devant elles plusieurs chemins, et non un seul.
C’est justement là que pèche votre service : il ne m’a pas aidée à choisir, je n’ai pas été orientée vers une psychologue, on ne m’a pas proposé d’entretien psycho-social alors que j’étais dans une situation de peur et de détresse. Il est regrettable qu’un entretien avec un psychologue ne m’ait été proposé qu’un mois après la procédure, quand j’ai avoué à la gynécologue que je n’étais pas bien et que je regrettais ma décision.