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BELGICATHO - Page 198

  • Les élections du 5 novembre et la métamorphose des catholiques américains

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Les élections du 5 novembre et la métamorphose des catholiques américains

    On vote dans quelques jours aux États-Unis et les résultats sont plus que jamais incertains, à tel point que même l’exubérant Pape François a préféré taire ses sympathies et rester au balcon. Interpellé par Anna Matranga pour CBS News dans l’avion de retour de Singapour à Rome le 13 septembre, il a donné la consigne aux électeurs de « choisir le moindre mal » entre Donald Trump et Kamala Harris, c’est-à-dire entre « chasser les migrants » et « tuer les enfants ».

    Et même ce dilemme n’est ni évident ni bien clair, étant donné que Trump aussi a épousé les thèses « pro choice » sur l’avortement, en laissant les différents États libres de légiférer comme bon leur semble et les électeurs libres de « suivre leur propre cœur ». En novembre 2023, l’assemblée d’automne des évêques catholiques réunie à Baltimore avait encore déclaré que l’avortement constituait la « priorité essentielle » pour orienter le vote des fidèles. Mais l’union historique entre le mouvement pro-vie et l’ancien Parti républicain touchait alors à sa fin et on ignore dans quelle mesure le choix du catholique converti J.D. Vance comme vice-président pourra convaincre les catholiques anti-avortement de voter pour Trump, sauf justement à choisir un « moindre mal » par rapport aux politiques d’avortement les plus débridées de Kamala Harris.

    Les sondages donnent les catholiques divisés pratiquement à part égale, avec une légère prévalence en faveur de Trump. Mais la véritable nouveauté de ces élections, c’est que le facteur religieux joue désormais un rôle bien moins important que par le passé.

    Dans le camp démocrate, on assiste à une véritable fin de règne. Après son retrait de la course, surtout sous la pression de la présidente de la Chambre Nancy Pelosi, le catholique Joe Biden ne laisse derrière lui ni héritier ni prétendant. Biden était déjà en délicatesse depuis longtemps avec la Conférence épiscopale américaine et les guerres en Ukraine et en Terre Sainte avaient jeté un froid sur ses relations avec le Pape. Si beaucoup de ses partisans étaient nés et avaient grandi dans la foi catholique, bon nombre d’entre eux l’avaient bien vite abandonnée au profit de la justice sociale qui tenait lieu chez eux aussi bien de doctrine que de sacrements.

    En 1970, plus de la moitié des catholiques américaines allait à la messe le dimanche. Ils ne sont plus que 17% aujourd’hui, selon un sondage du CARA, un centre de recherche affilié à l’université de Georgetown. Et à peine 9% chez ceux qui sont nés dans les années 1990. Dans le même laps de temps, les baptêmes sont passés de 1,2 millions par an à un peu plus de 400 000. Et ce en dépit du fait que le nombre de catholiques soit en augmentation, allant jusqu’à frôler les 70 millions, surtout grâce à l’immigration latino-américaine.

    Les États-Unis ont longtemps été le pays le plus religieux d’Occident, avec le sentiment diffus d’être un « peuple élu » avec une mission unique confiée par Dieu. Mais cette exception américaine est en train de disparaître rapidement, quoiqu’à un rythme et selon des modalités différentes de celles qui ont désertifié l’Europe.

    Il s’agit d’un déclin qui affecte toutes les confessions chrétiennes confondues. Les grandes figures religieuses qui exerçaient une grande influence sur le monde politique, de Martin Luther King à Billy Graham, ont toutes disparu. L’Association of Statisticians of American Religious Bodies révèle que les baptistes de la Southern Baptist Convention ont chuté de 11%, les épiscopaliens et les méthodistes de 19% chacun, les luthériens de 25% et les presbytériens de 40%. Les seules à être encore en croissance sont les Églises protestantes « non-denominational », c’est-à-dire indépendantes, il s’agit surtout de petites réalités locales davantage actives sur les réseaux sociaux que sur le territoire. Dans leur ensemble, 64% des Américains se déclarent chrétiens aujourd’hui, alors qu’ils étaient encore 90% il y a cinquante ans. Et un tiers d’entre eux est âgé de plus de 65 ans, tandis qu’un trentenaire sur trois a abandonné le christianisme dans lequel il a été élevé.

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  • Le Congo belge au passé singulier

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    De Paul Vaute, historien, journaliste honoraire, sur son blog Le passé belge :

    Le Congo belge au passé singulier

    26 octobre 2024

       Le 30 juin 1960, au temps fort de la cérémonie qui marque l'indépendance du Congo, le roi Baudouin s'adresse à un parterre de dignitaires. Il fait l'éloge des artisans de l'œuvre coloniale "qui, consacrant tous leurs efforts et même leur vie à un grand idéal, vous ont apporté la paix et ont enrichi votre patrimoine moral et matériel" . En réponse, Patrice Lumumba, Premier ministre du nouvel Etat, dresse un long catalogue de griefs où figurent, entre autres, "les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres" . Dans cette scène étonnante, Jean Stengers verra "le choc, non pas de deux interprétations historiques, mais de deux mythologies[1].

       Le temps passant, nombre d'études sont venues faire davantage la part des choses, mais une grande partie du terrain reste encore à défricher. Et il est, pour ce faire, devenu urgent de recueillir un maximum de témoignages parmi ceux qui n'ont pas été écrits. Moult démarches ont été récemment initiées en ce sens. Je retiens ici celle de l'ASBL Ages & Transmission, à laquelle on doit la collecte de quatorze  récits de témoins directs, congolais, anciens coloniaux ou métis, venus de milieux différents et représentant diverses sensibilités [2]. Ils ont vécu, pour l'essentiel, la période 1945-1960. Une limite cependant: aucun d'entre eux ne réside actuellement en République démocratique du Congo. Précieux pour leurs éclairages sur le passé, ils sont moins en mesure de mettre celui-ci en parallèle avec le présent africain. Il s'agira avant tout, comme l'écrit en postface Enika Ngongo (Université Saint-Louis – Bruxelles), de "contribuer à l'élaboration d'une histoire commune qui, dans le respect mutuel, déconstruit, rapproche et apaise" (p. 191).

  • Holocauste au Congo; l'omerta de la communauté internationale

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    Du site PUELAQ :

    Holocauste au Congo

    28 octobre 2024


    Plus de 10 millions de morts, au moins 500 000 femmes violées, des enfants martyrisés et torturés, l’un des pires crimes contre l’humanité depuis 1945 se déroule en ce moment et depuis presque 30 ans en RD Congo.

    Pourquoi une telle impunité et ce silence médiatique ?

    Entre avril et juillet 1994, l’est du Congo-Zaïre est pris d’assaut par un afflux de réfugiés rwandais. Les dirigeants zaïrois et plusieurs organisations humanitaires internationales croient alors qu’il s’agit-là d’une conséquence directe du génocide rwandais.

    La réalité est tout autre.

    Le politologue Charles Onana démontre ici que l’on assiste déjà, sans le savoir, à l’exécution du plan d’invasion du Congo-Zaïre dans le but de prendre le contrôle total des énormes ressources minières de l’est du Congo-Zaïre en y exterminant le maximum de populations.

    L’auteur s'appuie sur des archives de la Maison Blanche et sur les documents du Pentagone mais aussi sur plusieurs rapports de l’ONU et de l’Union Européenne.

    Qui sont les auteurs de ces actes criminels et les bénéficiaires de ce pillage en bande organisée ?  Que fait la communauté internationale devant cette situation insoutenable qui dure maintenant depuis 28 ans ?

    Ce livre brise enfin le mur du silence et apporte des preuves.

    Charles ONANA est docteur en science politique. Spécialiste de l'Afrique des Grands Lacs et des conflits armés, il est l’auteur de plusieurs ouvrages de référence.

    Le préfacier, Charles MILLON, était ministre de la Défense de Jacques Chirac entre 1995 et 1997.

    Holocauste au Congo: 
    L'Omerta de la communauté internationale
    de Charles Onana,
    préface de Charles Millon,
    chez L'Artilleur,
    à Paris,
    le 12 avril 2023,
    504 pages,
    ISBN-13 : 978-2810011452

  • Synode : un atterrissage en douceur ?

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    De John L. Allen Jr sur Crux Nox :

    Finalement, le pape François a conduit son synode vers un atterrissage en douceur

    ROME – Depuis le début, l’une des accusations les plus persistantes contre le Synode des évêques du pape François sur la synodalité, qui a débuté en 2021 et s’est terminé hier soir à Rome, est que le jeu était truqué avec des voix progressistes, créant un sentiment non représentatif de la totalité de l’opinion catholique mondiale.

    Pour citer un exemple classique, les critiques ont noté que de nombreux défenseurs du clergé féminin et de la sensibilisation LGBTQ+ figuraient parmi les délégués officiels, mais aucun fidèle de la messe latine traditionnelle et peu de militants pro-vie de premier plan. (Il convient de noter que le mot « avortement » n’apparaît jamais dans le document final de 51 pages.)

    Un examen superficiel du vote sur le document final, adopté samedi soir, pourrait donner une impression de fausse conformité. La plupart de ses 155 paragraphes ont été adoptés par une majorité écrasante des 355 participants ayant voté, le résultat typique étant de 352 contre 3 ou 350 contre 5.

    Le seul cas où le vote « oui » est tombé en dessous de 300 était pour le paragraphe 60, qui traite des femmes diacres, mais même les 97 votes contraires qu’il a suscités ne représentent pas nécessairement un registre de dissidence conservatrice.

    L'esprit de gauche du synode était peut-être le plus clair le 24 octobre, lorsque le cardinal argentin Victor Manuel Fernandez, préfet du Dicastère de la Foi du Vatican, a tenu une réunion ouverte avec environ 100 participants pour discuter du rôle des femmes, y compris une déclaration antérieure de Fernandez selon laquelle « il n'y a toujours pas de place pour une décision positive » sur le diaconat.

    Pour être clair, Fernandez n'est pas vraiment l'idée que l'on se fait d'un traditionaliste. Il a été le nègre d' Amoris Laetitia en 2016 , ouvrant une porte prudente à la communion pour les catholiques divorcés et remariés civilement, et le rédacteur officiel de Fiducia Supplicans , le texte de décembre 2023 autorisant la bénédiction des personnes vivant une relation homosexuelle.

    (Nous connaissons le contenu de cette discussion parce que le Vatican en a publié un enregistrement audio, malgré un black-out général sur les discussions internes du synode.)

    Au cours de la discussion, Fernandez a répondu à un total de 12 questions, dont presque toutes, à un degré ou à un autre, étaient critiques.

    Un intervenant a par exemple demandé pourquoi, parmi les dix groupes d'étude créés par le pape François pour réfléchir aux questions sensibles soulevées par le synode, le groupe traitant du ministère, y compris les femmes diacres, est le seul confié à un département du Vatican, suggérant qu'il ne s'agit pas d'un arrangement très « synodal ».

    Un autre a posé une question moqueuse sur les affirmations répétées selon lesquelles les conditions ne sont pas « mûres » pour résoudre le problème des femmes diacres. Pour les fruits, a-t-il dit, on détermine la maturité en regardant la couleur, l’arôme et la texture. Quels sont, a-t-il demandé, les indicateurs pour l’Église ? Sans de tels critères clairs, a-t-il averti, « nous pourrions faire cela pour le reste de notre vie. » (Cette phrase a suscité l’une des trois seules salves d’applaudissements de la session.)

    Un autre intervenant a fait remarquer qu’une étude de 1997 de la Commission théologique internationale, favorable à l’idée de femmes diacres, n’a jamais été publiée, et a déclaré que « l’on soupçonne que quelque chose de similaire » se produit actuellement.

    Le dernier intervenant a évoqué les récentes décisions du pape François d'ouvrir les ministères d'acolyte, de lecteur et de catéchiste aux femmes, en déclarant que lorsqu'il a débuté dans l'Église il y a des décennies, sa communauté locale comptait déjà des femmes jouant ces rôles. Combien de temps, s'est-il demandé, faudra-t-il attendre pour que le pape et le Vatican reconnaissent qu'une fois de plus, ils ont cinquante ans de retard ?

    Tout au long de son discours, Fernandez a souvent semblé un peu sur la défensive, essayant d'assurer à tout le monde qu'il n'était pas le stéréotype du fonctionnaire du Vatican des années passées.

    « Je ne suis pas connu dans l’Église pour être resté bloqué au Moyen-Âge », a-t-il insisté à la fin. « Vous pouvez vous détendre, sachant que j’ai le cœur ouvert pour voir où le Saint-Esprit nous mène. »

    Dans ces conditions, la véritable question qui se pose à propos du synode de 2024 est de savoir comment une assemblée apparemment aussi biaisée a pu produire un résultat fondamentalement prudent et non révolutionnaire. En examinant le document final, on constate que sur la plupart des points, il semble se plier en quatre pour trouver un équilibre entre innovation et continuité, et n’approuve jamais de changement radical sur aucun front. En fait, le tremblement de terre que beaucoup attendaient il y a trois ans s’est avéré être une secousse mineure.

    On peut expliquer cela par le fait que la minorité la plus conservatrice du synode a fait mieux que ce qu'elle pouvait, par une lassitude générale des participants face aux disputes qui ont éclaté la dernière fois et par un désir de terminer sur une note pacifique. Mais il faut surtout dire que c'est le pape François qui a guidé le synode vers cet atterrissage en douceur, en écartant la plupart des questions brûlantes et en envoyant le signal qu'il voulait que l'accent soit mis sur le chemin et non sur la destination.

    Le pape François a également annoncé samedi soir que, contrairement aux précédents synodes, il n’y aurait pas d’exhortation apostolique pour tirer des conclusions – le document final constituerait l’acte de clôture. De cette manière, le pape a court-circuité la possibilité que des militants déçus par l’absence de percées du synode puissent espérer les obtenir du pape.

    Quant à la raison pour laquelle le pontife a choisi cette voie, plusieurs explications sont possibles. Peut-être l'exemple du système synodal allemand, avec son risque apparemment réel de schisme, a-t-il servi d'avertissement ; peut-être le pontife ne voulait-il pas que l'année jubilaire de 2025 soit éclipsée par des récits de guerre civile catholique.

    Quelle que soit la raison, François a conçu un dénouement à son synode qui ne suscitera peut-être pas l'imagination de qui que ce soit, mais qui ne créera pas non plus de nombreuses nouvelles lignes de fracture. Autrement dit, l'aile conservatrice de l'Église n'était peut-être pas bien représentée dans la salle du synode, mais elle semblait bel et bien présente dans les calculs du père fondateur du synode.

    Alors, le résultat du synode est-il une déception, un cas de fin timide plutôt que de fin éclatante ?

    Peut-être, mais il y a une autre perspective à considérer. Dans une époque profondément divisée et polarisée, le fait que l'Église catholique ait pu organiser un exercice de consultation aussi massif et réussir malgré tout à réunir tout le monde à la fin, même si personne n'est pleinement satisfait, doit être considéré comme un miracle mineur – et, à bien y réfléchir, peut-être pas si mineur que ça après tout.

  • Le pape François ratifie le document final du Synode sur la synodalité, marquant une nouvelle approche de la réforme de l'Église

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    D'Hannah Brockhaus pour CNA :

    Le pape François ratifie le document final du Synode sur la synodalité, marquant une nouvelle approche de la réforme de l'Église

    Dans un geste surprenant à la conclusion du Synode sur la synodalité, le samedi 26 octobre au soir, le pape François a ratifié le rapport final, approuvé sa publication immédiate et déclaré qu'il ne publierait pas de document post-synodal séparé. (Crédit : Vatican Media)
    Dans un geste surprenant à la conclusion du Synode sur la synodalité samedi soir, le pape François a ratifié le rapport final, approuvé sa publication immédiate et déclaré qu'il ne publierait pas de document post-synodal séparé.

    Le droit canon autorise le pape à ratifier le document final d'un synode des évêques, donnant ainsi plus de pouvoir aux « directives » de l'assemblée, ce qui n'a jamais été fait auparavant.

    « Je veux ainsi reconnaître la valeur du chemin synodal accompli, que je remets au saint peuple fidèle de Dieu à travers ce document », a déclaré le pape dans un discours diffusé en direct aux participants du synode dans la salle Paul VI du Vatican, le 26 octobre.

    « C’est pourquoi je n’ai pas l’intention de publier une exhortation apostolique, ce que nous avons approuvé suffit . Il y a déjà dans le document des indications très concrètes qui peuvent servir de guide pour la mission des Églises, sur les différents continents, dans les différents contextes : c’est pourquoi je le mets immédiatement à disposition de tous, c’est pourquoi j’ai dit qu’il fallait le publier ».

    En 2018, le pape François a décrété dans la Constitution apostolique Episcopalis Communio qui a réformé le Synode des évêques que le pape avait l’autorité d’approuver et de promulguer le document final, ce qui fait partie « du Magistère ordinaire ». Cette autorité est également stipulée dans le canon 343 du Code de droit canonique .

    « Ce qu'a dit le pape François après avoir approuvé le document est conforme à ce que prévoit Episcopalis Communio ... », a affirmé le père Riccardo Battocchio, secrétaire spécial du synode, lors d'une conférence de presse présentant le document final le 26 octobre.

    Le Synode des évêques a été fondé en 1965 par le pape Paul VI afin de réunir les évêques du monde entier pour discuter de questions importantes pour l'Église et pour donner des conseils au pape.

    Une nouveauté des sessions 2023 et 2024 du Synode sur la synodalité a été l'inclusion de laïcs, hommes et femmes, non seulement comme « auditeurs », comme cela se faisait auparavant, mais comme délégués avec pleine participation aux côtés des évêques, y compris le droit de vote sur les questions du synode et sur le document final de l'assemblée.

    Le Synode sur la synodalité est le cinquième synode du pontificat du pape François. C'est la première fois qu'il choisit de renoncer à rédiger une exhortation apostolique post-synodale en faveur de l'adoption du texte rédigé par les participants au synode.

    « Il y a et il y aura des décisions à prendre », a déclaré François dans son discours final samedi, peu avant que l'assemblée ne prie le Te Deum pour marquer la fin des discussions du Synode sur la synodalité.

    Le rassemblement d'un mois se terminera officiellement par une messe dans la basilique Saint-Pierre le 27 octobre.

    Pour certaines des indications du document — et pour les sujets examinés par les dix groupes d'étude, « qui doivent travailler avec liberté pour me faire des propositions », a déclaré le pape, « il faut du temps pour arriver à des choix qui impliquent toute l'Eglise ».

    « Je continuerai donc à écouter les évêques et les Églises qui leur sont confiées. Ce n’est pas la manière classique de reporter indéfiniment les décisions. C’est ce qui correspond au style synodal avec lequel doit s’exercer également le ministère pétrinien : écouter, convoquer, discerner, décider et évaluer. »

    Le pontife a ajouté que le secrétariat général du synode et les dicastères du Vatican l'assisteront dans cette tâche.

    L’Église synodale « a désormais besoin de paroles partagées accompagnées d’actes », a-t-il déclaré.

  • Le document final du Synode a été publié

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    De Vatican News (Giampaolo Mattei) :

    La synodalité, une conversion pour être plus missionnaire

    Publié ce samedi 26 octobre, le document final de la XVIème Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques raconte et relance une expérience d'Église entre «communion, participation, mission», avec la proposition concrète d'une nouvelle vision qui bouleverse les pratiques établies. En voici les orientations générales.

    Le document final voté ce samedi 26 octobre est désormais publié et ne fera pas l'objet d'une exhortation finale du Pape: François a décidé qu'il devait être diffusé immédiatement afin qu'il puisse inspirer la vie de l'Église. Cependant «Le processus synodal ne s'achève pas avec la fin de l'assemblée -qui a commencé le 2 octobre et se termine ce dimanche avec la messe présidée par François- il comprend la phase de mise en œuvre» (9). Il s'agit d'impliquer tout le monde dans le «cheminement quotidien avec une méthodologie synodale de consultation et de discernement, en identifiant des moyens concrets et des parcours de formation pour parvenir à une conversion synodale tangible dans les diverses réalités ecclésiales» (9).

    Dans le document, les évêques en particulier sont beaucoup interrogés sur leur engagement en faveur de la transparence et de la responsabilité, tandis que -comme l'a également déclaré le cardinal Férnandez, préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi- un travail est en cours pour donner plus d'espace et de pouvoir aux femmes.

    Les deux mots-clés qui émergent du texte -traversé par la perspective et la proposition de conversion- sont «relations» -qui est une manière d'être Église- et «liens», sous le signe de «l'échange de dons» entre les Églises vécu de manière dynamique et, par conséquent, pour convertir les processus. Ce sont précisément les Églises locales qui sont au centre de l'horizon missionnaire, fondement même de l'expérience de la pluralité de la synodalité, avec tout ce qui a trait au service, précisément, de la mission avec les laïcs de plus en plus au centre et acteurs. Dans cette perspective, le caractère concret de l'enracinement dans le «lieu» ressort fortement de ce document final. La proposition présentée dans le document de garantir que les dicastères du Saint-Siège puissent lancer une consultation «avant de publier d'importants documents normatifs» (135) est également particulièrement significative. 

    La structure du document

    Le document final est articulé en cinq parties (11). La première est intitulée le cœur de la synodalité, la deuxième, ensemble, dans la barque de Pierre, est consacrée à la conversion des relations qui construisent la communauté chrétienne et façonnent la mission dans l'entrelacement des vocations, des charismes et des ministères. 

    La troisième partie, sur ta paroleidentifie trois pratiques intimement liées: le discernement ecclésial, les processus de prise de décision, la culture de la transparence, de la responsabilité et de l'évaluation. La quatrième partie -une pêche abondante- décrit la manière dont il est possible de cultiver sous de nouvelles formes l'échange de dons et l'entrelacement des liens qui nous unissent dans l'Église, à une époque où l'expérience de l'enracinement dans un lieu est en train de changer profondément.

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  • "Construisez votre vie sur le roc de l'amitié avec le Christ" (cardinal Müller)

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    D'Edward Pentin sur le NCR :

    Cardinal Müller : Construisez votre vie sur le roc de l'amitié avec le Christ

    S'adressant aux pèlerins catholiques traditionnels lors de la procession annuelle Summorum Pontificum, l'ancien préfet de la CDF a mis en garde contre le fait que la foi devienne une « routine irréfléchie » et a souligné l'appel à une foi vraie et vivante.

    Le cardinal Gerhard Müller a souligné que la foi chrétienne est une « relation personnelle » avec le Dieu trinitaire en communion avec son Église, et a mis en garde contre le fait de laisser cette relation « s'atrophier en une tradition mécanique, une coutume extérieure ou une routine irréfléchie ».     

    Dans une homélie sur la distinction entre idéologie et foi prononcée le 26 octobre dans la basilique Saint-Pierre aux participants à la conclusion de la 13e procession traditionnelle annuelle Summorum Pontificum , il a observé qu'en tant que croyants « liés à Jésus par une amitié personnelle, nous ne nous comportons pas comme des gardiens dans un musée d'un monde révolu ».  

    Au lieu de cela, a-t-il ajouté, « nous avançons en présence de Dieu, devant qui nous devons répondre de nos vies en pensées, en paroles et en bonnes œuvres. » 

    Le cardinal Müller, qui a été préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi de 2012 à 2017, a prononcé son homélie lors d'une courte cérémonie liturgique dans la basilique.  

    Le cardinal Gerhard Müller célèbre la messe du 13e pèlerinage Summorum Pontificum le 26 octobre 2024.
    Le cardinal Gerhard Müller et les participants du 13e pèlerinage Summorum Pontificum le 26 octobre 2024. (Photo : Edward Pentin)

    Depuis 2023, et à la lumière du motu proprio Traditionis Custodes du pape François de 2021 qui a imposé des restrictions radicales à la messe traditionnelle en latin, les pèlerins participant à la procession annuelle ne sont plus autorisés à faire célébrer une messe de conclusion selon l'ancien rite dans la basilique.   

    Le cardinal Müller a commencé son homélie en soulignant que la distinction entre foi et idéologie était quelque chose sur laquelle le pape Benoît XVI « a attiré l’attention à plusieurs reprises ».  

    Le christianisme, a souligné le cardinal Müller, apporte « la vérité et la liberté, l’amour et la vie » et « l’unité universelle de tous les peuples dans l’amour du Christ ». Il ne s’agit pas d’une « théorie abstraite » mais d’une « relation avec une Personne » qui « nous donne sa grâce pour participer à la vie divine ».  

    Le cardinal Gerhard Müller célèbre la messe le 26 octobre 2024.
    Le cardinal Gerhard Müller le 26 octobre 2024 à l'intérieur de la basilique Saint-Pierre. (Photo : Edward Pentin)

    « C’est pourquoi nous pouvons placer toute notre espérance en lui, dans la vie et dans la mort », a déclaré le cardinal, qui est l’éditeur des Œuvres complètes de Joseph Ratzinger . « Le Fils de Dieu est l’unique Sauveur du monde, car seul Dieu dans sa toute-puissance peut nous sauver de la souffrance, du péché et de la mort », a-t-il ajouté. « Aucun homme, aussi brillant soit-il, ne peut nous sortir de l’abîme de la finitude, seul ou même avec les forces combinées des talents de tous les hommes. » 

    Mais le cardinal Müller met en garde contre la « tentation existentielle » de placer notre confiance dans les hommes plutôt que dans Dieu, ajoutant que « à cause de la sécularisation », beaucoup croient que l’on peut « vivre comme si Dieu n’existait pas ». Cela conduit à adorer les « faux dieux de l’argent, du pouvoir et de la luxure », a-t-il expliqué, rappelant que « toutes les idéologies athées de notre temps, avec leurs chefs autoproclamés, n’ont fait que plonger le monde dans une misère plus profonde ».  

    À titre d’exemple, il a cité les régimes fascistes et communistes du passé, ainsi que « le consumérisme capitaliste, le genre et l’idéologie transhumaniste » — qui, selon lui, « ont transformé le monde en un désert de nihilisme ».  

    « Le XXe siècle a été peuplé de dictateurs et de monstres qui voulaient imposer leur volonté au monde, sans se soucier du bonheur de millions de personnes », a-t-il déclaré. « Ils croyaient que leurs idées étaient le salut du monde et que le nouvel être humain devait être « créé » à leur image et à leur ressemblance et « béni » selon leur logique.  

    Le cardinal Gerhard Müller célèbre la messe le 26 octobre 2024.
    Le cardinal Gerhard Müller à l'intérieur de la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 26 octobre 2024. (Photo : Edward Pentin)

    « Aujourd’hui encore, a-t-il ajouté, nous constatons comment les terroristes, les exploiteurs et les tyrans sans scrupules déclarent que la haine et la violence sont les moyens de parvenir à un « monde meilleur ». Les superpuissances d’aujourd’hui, a poursuivi le cardinal, « s’engagent dans une géopolitique impitoyable au détriment de la vie et de la dignité des enfants et des adultes ».  

    Mais Dieu « manifeste sa puissance précisément en ne sacrifiant pas les autres à ses propres intérêts, comme le font les dirigeants de ce monde, mais en se donnant lui-même dans son Fils, qui par amour a pris notre chair mortelle », a déclaré le cardinal.   

    C’est pourquoi, contrairement aux « idéologies mortifères » qui séduisent les gens avec leur propagande, « le christianisme est la religion de la vérité et de la liberté, de l’amour et de la vie », et l’amour que Dieu accorde « à nous tous en abondance » conduit à « la charité envers les autres qui est l’accomplissement de l’être humain », a-t-il expliqué.  

    Le cardinal Gerhard Müller célèbre la messe le 26 octobre 2024.
    Le cardinal Gerhard Müller le 26 octobre 2024 à l'intérieur de la basilique Saint-Pierre. (Photo : Edward Pentin)

    Le cardinal Müller a souligné les « magnifiques témoignages » de la culture chrétienne, représentant une « synthèse de la foi et de la raison » et l’unité entre le service de Dieu et la responsabilité du monde, fondée sur l’Incarnation.  

    « Du christianisme procède une humanisation universelle du monde », a-t-il souligné. « Par leurs paroles et leurs actes, les chrétiens sont appelés à contribuer à la paix entre les peuples. »  

    Le cardinal a conclu en exhortant les personnes présentes à « ne pas construire la maison de leur vie sur des idéologies conçues par les hommes, mais sur le roc de l’amitié personnelle avec le Christ dans les vertus divines – la foi, l’espérance et l’amour – pour pouvoir dire avec saint Paul : « La vie que je vis maintenant dans ce corps, je la vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Galates 2, 20). » 

    Le cardinal Müller était à Rome pour participer au Synode sur la synodalité de ce mois-ci en tant que délégué pontifical. 

  • "Jésus, Fils de David, prends pitié de moi"; homélie pour le 30e dimanche du temps ordinaire

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    Homélie du Père Simon Noël pour le 30e dimanche année B, l'aveugle de Jéricho :

    L'aveugle de Jéricho, qui mendiait au bord du chemin, se mit à crier au passage de Jésus : « Jésus, Fils de David, prends de moi ». Et alors qu'on le rabrouait il criait de plus belle : « Jésus, Fils de David, prends de moi ». La prière de ce malheureux consistait donc à répéter sans cesse la même chose. De même le publicain dans le temple ne cessait de répéter : « Ô Dieu, sois propice au pécheur que je suis ». Ces deux exemples, l'aveugle de Jéricho et le publicain de la parabole donnée par Jésus, sont à l'origine d'une forme de prière qu'on appelle la prière monologique, et qui consiste à répéter sans cesse la même petite formule. Jésus lui-même priera ainsi au jardin des oliviers lorsqu'il répétera pendant des heures la même chose : « Père, s'il est possible, éloigne de moi cette coupe. Mais que ta volonté soit faite, et non la mienne ».

    La plus célèbre des prières de type monologique est celle qu'on appelle en orient la prière de Jésus. En égrenant leur rosaire, les moines et les pieux laïcs orientaux ne cessent de murmurer l'invocation : « Seigneur Jésus-Christ, ayez pitié de moi, pécheur ». Cette invocation est en fait une combinaison de la prière de l'aveugle et de celle du publicain. Elle consiste en deux éléments : l'invocation du Nom de Jésus et une supplication pour le pauvre que je suis. C'est donc une prière toute simple, qui ne fatigue ni l'esprit ni le cœur, mais qui est, lorsqu'on la reprend sans cesse, très puissante pour nous conduire à la paix profonde et nous envelopper de la Divine miséricorde. Pourquoi ne l'essayeriez-vous pas aujourd'hui, tout de suite après avoir reçu la sainte hostie : redire pendant quelques instants cette formule toute simple à Jésus réellement présent avec tout son amour au fond de votre cœur : « SeigneurJésus-Christ, ayez pitié de moi ».

    « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » : telle est la demande de Jésus à l'aveugle qui le supplie. C'est aussi la même demande que Jésus-Christ nous fait quand nous prions ou quand nous venons de le recevoir dans la sainte communion. Jésus est tout prêt à répandre ses grâces, il vient dans notre cœur les mains chargées de grâces. Encore faut-il que nous les lui demandions. En fait il connaît nos besoins, mieux que nous, il n'a pas besoin de notre prière, mais c'est nous qui en avons besoin, afin de prendre conscience de notre pauvreté et de notre dépendance face à la libéralité divine. Ce que nous devons demander avant tout c'est le divin amour, car alors nous sommes riches de l'essentiel, ainsi que les vertus chrétiennes qui nous manquent. Mais nous pouvons aussi lui confier tous nos soucis quotidiens et lui recommander ceux qui sont dans notre cœur, en disant simplement : « Dans ton royaume, souvenez-vous, Seigneur, de telle ou telle personne ».

    Je voudrais aussi dire un mot sur un passage de l'épître. Il est dit qu'un prêtre « est capable de compréhension envers ceux qui commettent des fautes par ignorance ou par égarement, car il est lui aussi rempli de faiblesse ». Ainsi un prêtre, par exemple lorsqu'il administre le sacrement de la réconciliation, se doit d'être plein de miséricorde et de compréhension, comme le pape François aime souvent à le rappeler. Le prêtre est lui-même faible et pécheur. Mais Jésus-Christ est quant à lui notre grand-prêtre. Sa miséricorde est infinie, dès qu'on se repent sincèrement. Mais ce qu'il y a de merveilleux dans cette miséricorde divine, c'est que non seulement Jésus pardonne et oublie nos fautes, mais qu'en outre il nous comprend, car il sait mieux que nous de quoi nous sommes façonnés. Ressentir cette compréhension du Christ de notre misère est l'un des bienfaits du sacrement de la réconciliation, qui est ainsi source de paix et de joie dans notre vie. Comme le dit si bien le Père Joël Guibert, si nous comprenions cela, nous irions à confesse avec le même entrain et la même joie que nous allons communier.

    Ainsi donc ces deux lectures de ce jour nous parlent une fois de plus de l'amour insondable du Sacré-Cœur de Jésus-Christ, source et océan infini de miséricorde, comme cela est affirmé dans les douze promesses de ce Sacré-Cœur, faites à sainte Marguerite-Marie. Cet amour, nous en faisons l'expérience dans la prière et dans les sacrements. Mais si nous ne prions pas et si nous ne vivons pas les sacrements avec une ferveur suffisante, nous ne pouvons connaître cet amour suréminent qui est dans le Christ Jésus, et notre religion deviendra quelque chose de sec, de froid et d'ennuyeux. Oui, ce à quoi nous sommes appelés, c'est de vivre avec le Christ une relation d'amitié et d'intimité, qui en imprégnant toute notre existence nous fera déjà connaître le bonheur qui sera éternellement le nôtre au paradis.

  • Soyons comme les prophètes qui disent ce que Dieu leur fait voir (homélie du 30e dimanche)

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    De l'abbé Christophe Cossement sur son blog :

    Solidaires de ceux qui ne voient pas encore

    homélie du 30e dimanche B (archive 24 octobre 2021)

    Pensez-vous parfois à la joie de Dieu de venir en aide à celui qui crie vers lui, à la joie du ciel quand quelqu’un ouvre son cœur à la grâce ? Quand nous vivons dans la morosité ou que le monde autour de nous nous paraît sombre, c’est bon de regarder la réalité sous cet angle : Dieu se réjouit de conduire l’aveugle, le boiteux, tous ceux qui sont fragiles, par un chemin où ils ne tomberont pas (Jr 31,9). Avec cette joie de Dieu comme lunettes, nous pourrons regarder les faits les plus inquiétants de notre monde sans nous décourager. Et c’est vrai qu’en matière de faits inquiétants, nous sommes servis. Prenez ce que nous avons appris ce lundi : qu’une émission de télé-réalité va mettre en scène des gens qui veulent se « fabriquer » un enfant en dehors d’une relation conjugale, un enfant qui fera l’objet d’un contrat entre des personnes qui s’imaginent être leur parent à temps partiel. J’utilise le terme fabriquer à dessein, car ici nous sortons complètement du cadre de l’enfant comme don, pour entrer dans celui de l’enfant comme objet de consommation, un peu comme si on créait une association pour acheter un château ou une vigne. Heureusement il y a quelques personnes pour dire que cela ne va pas, mais aussi plein d’autres pour argumenter que cela se fait déjà, que c’est juste mettre en avant une nouvelle conception possible. Ah, quel aveuglement sur la dignité humaine, lorsque l’enfant devient une production pour réaliser un désir d’adulte ! Comment en est-on arrivé là ? Par petites touches, à partir de techniques médicales pour aider les couples stériles, en apparence bonnes parce qu’utiles aux éprouvés, puis nous en sommes arrivés à utiliser cette procréation médicale aussi pour ceux qui ne souffraient pas d’infertilité mais désiraient simplement l’impossible. Et maintenant nous en sommes à l’enfant-contrat, avant sans doute d’autres dérives. C’est le processus d’un aveuglement progressif. Quand l’Église a dit que le bébé-éprouvette nous mettait sur une pente dangereuse, on lui a répondu qu’elle exagérait. On l’a fait il y a longtemps aussi au sujet de la contraception, envers laquelle l’Église émettait beaucoup de réserves alors qu’elle était censée résoudre tous les problèmes de couples… Et maintenant on voit que la domination de la femme par l’homme semble ne plus avoir de limite, comme en témoigne abondamment l’actualité.

    Jésus guérit l’aveugle Bartimée, qui a crié vers lui : « fils de David, prends pitié de moi ! ». Jésus guérissant les aveugles qui viennent à lui nous montre le grand don de la vue qu’il veut restaurer en chacun : le don de regarder sa vie, d’y voir ce que Dieu attend de nous et ce qui, au contraire, bien que cela nous plaise, finira par nous conduire dans le vide. Jésus propose la vue à l’homme aveuglé par ses mauvais choix ou par son ignorance. Mais devant l’homme qui ne veut pas voir, que peut-il faire ? « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : “Nous voyons !”, votre péché demeure », disait Jésus aux pharisiens qui lui cherchaient querelle après la guérison de l’aveugle-né (Jn 9,41). Voici la situation qui s’est répandue lentement chez nous depuis le XVIIIe siècle : dire à Dieu que c’est sans lui que nous voyons le mieux et que sûrement ce n’est pas à lui que nous allons demander de voir.

    Au milieu d’une humanité qui se comporte ainsi, soyons comme les prophètes qui disent ce que Dieu leur fait voir. Et soyons aussi comme les prophètes qui se font solidaires du peuple qui s’égare, et qui disent : Seigneur, prends pitié de nous, fais-nous revenir à toi ! L’humanité n’a pas besoin de chrétiens qui se mettent à l’écart pour tirer à boulets rouges sur ce qui ne va pas. Elle n’a pas davantage besoin de chrétiens timorés et silencieux qui n’osent pas dire ce que le Seigneur leur souffle dans le cœur, qui n’osent peut-être même pas chercher hors des rabâchages du monde la vérité de l’Évangile. Elle a besoin de chrétiens qui pensent à la joie qu’a Dieu de rendre la vue aux aveugles. Elle a besoin de chrétiens qui disent la vérité selon le Christ, celle que l’Église discerne pas à pas selon les défis qui surgissent. Elle a besoin de chrétiens qui restent en même temps solidaires de cette société blessée par le péché, en y travaillant, en se rendant présents pour accueillir, pour écouter, pour souffrir avec et pour y prier. Ainsi nous serons disciples de Celui qui rend la vue aux aveugles, et déjà nous verrons le Royaume venir.

  • Le navire amiral de la flotte du Saint-Siège, le HSS Synodality, est dans une situation désespérée

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    Du sur The Catholic Thing :

    Un puis beaucoup de fiascos du cardinal Fernández

    26 octobre 2024

    Le navire amiral de la flotte, le navire du Saint-Siège Synodality, est dans une situation désespérée (les fuites sur le document final qui sera publié aujourd'hui suggèrent que ce sera, pour ceux qui nourrissent des espoirs radicaux, une déception). Le HSS Synodality a été sérieusement touché en décembre dernier par le fiasco de Fiducia Supplicans concernant la bénédiction des couples de même sexe, et a commencé à pencher sérieusement sur tribord.

    L'assemblée synodale sur la synodalité qui se tient actuellement à Rome vient de porter un nouveau coup à bâbord. Un autre fiasco s'est produit concernant les femmes diacres. Et l'homme responsable de ces deux coups est le cardinal Victor Manuel Fernández, l'un des plus anciens amiraux en service sur la barque de Pierre.

    HSS Synodality a pris le large lorsque le pape François a annoncé en mars 2020 la mise en service d’un grand nouveau navire. Le processus synodal sur la synodalité pour une Église synodale fêtera ainsi son cinquième anniversaire au début de l’année prochaine. Il a navigué dans des eaux agitées, mais même après cinq ans, on ne sait pas exactement où se dirige la synodalité. HSS Synodality a donc entrepris un voyage sans destination.

    Peut-être que le but est le voyage, et non la destination – telle est la devise des agents de voyages et des recruteurs militaires depuis des générations. Ce n’est pas la destination du navire qui compte, mais la manière dont il y arrive. C’est pourquoi le cardinal Fernández s’est révélé si néfaste pour la synodalité. Dans sa marine, les amiraux ne consultent pas les sous-officiers – ni même les commandants.

    En ouvrant cette assemblée du processus synodal, le pape François a prêché plus tôt ce mois-ci que « chaque parole doit être accueillie avec gratitude et simplicité et peut devenir un écho de ce que Dieu a donné pour le bien de nos frères et sœurs ».

    « Plus nous nous rendons compte que nous sommes entourés d’amis qui nous aiment, nous respectent et nous apprécient, d’amis qui veulent écouter ce que nous avons à dire, plus nous nous sentirons libres de nous exprimer spontanément et ouvertement », a déclaré le Saint-Père.

    Ouverture, consultation, transparence, respect, écoute : telles sont les caractéristiques de la synodalité. Toutes les voix doivent être entendues. Tous sont des amis à chérir.

    Ce fut donc un coup mortel quand, en décembre dernier, sans rien dire à personne, le cardinal Fernández lança la torpille Fiducia supplicans, autorisant la bénédiction des couples de même sexe. La réaction du côté « tribord » de l’Église fut violente, menée par les évêques africains. Fernández fut contraint de faire marche arrière, annulant en substance ses propres ordres.

    Certains du côté du « port » avaient accueilli favorablement les nouveaux ordres – le capitaine James Martin, SJ, les avait immédiatement mis en œuvre – mais personne ne pouvait les défendre comme étant synodaux dans un sens quelconque. L’assemblée synodale d’octobre 2023 avait soigneusement décidé de ne pas aborder la question. Pendant ce temps, le cardinal Fernández travaillait à l’autorisation des bénédictions homosexuelles et gardait tout cela clandestin. La synodalité était démasquée comme un prétexte.

    La synodalité HSS a courageusement continué à naviguer, boitant et gîtant, une mutinerie se préparant. Le pape François, sachant que la synodalité ne pouvait pas subir un autre coup pareil, a décidé dans les mois qui ont suivi Fiducia Supplicans de créer des « groupes d’étude » sur dix thèmes, éliminant ainsi toutes les questions de fond du processus synodal. Il n’y aurait plus de débats préjudiciables sur la direction que prenait la synodalité HSS. Il n’y aurait plus que des réflexions sur le plaisir du voyage.

    Les groupes d’étude ne rendraient pas leur rapport avant juin 2025 – prolongeant ainsi le processus synodal au-delà de son cinquième anniversaire – mais fourniraient un rapport intermédiaire en octobre 2024.

    En juillet, la composition des 15 groupes d’étude sur les dix thèmes a été annoncée. Le groupe 5, chargé de « la question de la participation nécessaire des femmes à la vie et à la direction de l’Église », n’a pas dévoilé sa composition. On a seulement indiqué qu’il avait été « confié au Dicastère pour la doctrine de la foi ». L’amiral Fernández en serait le chef.

    Fernández a présenté son rapport intermédiaire au début du mois à l’assemblée. Il a confirmé que les femmes diacres – c’est-à-dire dans les ordres sacrés – n’étaient pas possibles, ce que le Saint-Père lui-même avait déclaré sans ambages dans le forum extra-synodal de 60 Minutes, auquel il avait accordé une interview en avril dernier. Fernández n’a pas fait la lumière sur le déroulement des discussions ni sur les personnes consultées ; il n’a même pas révélé qui faisait partie du groupe d’étude 5. Tout cela était très secret et pas du tout synodal – même si le Saint-Père avait demandé aux groupes d’étude de procéder de manière « synodale ».

    Le feu qui s’est abattu sur le côté bâbord a été immédiat et violent. Le capitaine Martin et d’autres qui étaient prêts à abandonner la synodalité lorsque cela convenait à leur défense des droits des personnes de même sexe n’étaient pas ravis d’être exclus du processus lorsqu’il s’agissait de femmes diacres.

    Les responsables du synode avaient un problème sur les bras. Le fiasco de Fiuducia Supplicans avait aliéné beaucoup de ceux qui n’étaient pas favorables à la synodalité au départ. Mais en ce qui concerne les femmes diacres, la substitution du secret à la synodalité a mis en colère ceux qui étaient les plus désireux de monter à bord de la synodalité de la HSS. Cette mutinerie allait être plus grave.

    Un ajout au programme du synode a été annoncé à la hâte. Vendredi dernier, il y aurait une occasion de rencontrer les groupes d'étude et de tenir une petite consultation synodale de rattrapage.

    Cela ne s’est pas bien passé. Plus d’une centaine – plus d’un quart – des délégués du synode ont choisi d’assister à la discussion avec le groupe d’étude 5. Sauf qu’aucun membre du groupe d’étude 5 ne s’est présenté et que leur identité est restée secrète. Fernández a dépêché deux jeunes marins du bureau doctrinal pour distribuer une adresse électronique à laquelle les commentaires pouvaient être envoyés.

    Le côté bâbord n’a pas été amusé. En fait, « l’indignation palpable » était le thème, reconnu même par Austen Ivereigh, un promoteur par ailleurs fiable du processus synodal. En quelques heures, Fernández a essayé de limiter les dégâts en publiant un message d’excuses pour le « malentendu » et en proposant une autre réunion à laquelle il assisterait personnellement.

    Lundi matin, Fernández a de nouveau abordé la question lors de l'assemblée elle-même, tentant de contenir le feu dans les coulisses. Il a expliqué que le pape François avait déjà fermé la porte aux femmes diacres dans 60 Minutes et ailleurs, que les femmes dans le diaconat n'avaient pas abordé la situation réelle de la grande majorité des femmes catholiques et que l'ouverture par le Saint-Père du ministère de catéchiste aux femmes avait été un échec. Néanmoins, si les délégués souhaitaient le rencontrer au sujet du groupe d'étude 5, il serait heureux de le faire le jeudi 24 octobre . En plus d'une adresse électronique, d'autres moyens d'envoi de matériel seraient fournis.

    Hélas, le sérieux de cette proposition a été immédiatement remis en cause lorsqu’on a annoncé le matin même que la quatrième encyclique du pape François – Dilexit nos , sur le Sacré-Cœur – serait publiée le même jour. Ainsi, jeudi, l’encyclique a été publiée et une conférence de presse a eu lieu pour la présenter. Il y a eu également une conférence de presse sur l’assemblée synodale. À cet ordre du jour chargé s’ajoute la réunion sur le groupe d’études 5, une réflexion de dernière minute ajoutée à une journée où l’attention serait portée ailleurs.

    Ainsi, sur deux questions majeures, le cardinal Fernández a (fatalement ?) mis à mal la synodalité, révélant qu’aux plus hauts niveaux de l’Église, sur des questions d’importance significative, les processus secrets sans aucune consultation sont la méthode privilégiée pour procéder. La synodalité n’est qu’une façade alors que les véritables manœuvres se déroulent à huis clos.

    Vu de tribord ou de bâbord, le HSS Synodality est en train de couler. Combien de personnes sont prêtes à abandonner le navire ?

  • L'euthanasie en Belgique : le glissement des cas difficiles vers la « fatigue de la vie »

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    De Benoît Beuselinck sur le Catholic Herald :

    L'euthanasie en Belgique : le glissement des cas difficiles vers la « fatigue de la vie »

    24 octobre 2024

    La Belgique a introduit en 2002 une loi autorisant l'euthanasie. Bref, elle dispose désormais d'une expérience significative en la matière. Entre-temps, d'autres pays ont adopté des lois similaires, tandis que d'autres débattent de cette possibilité.

    En ce qui concerne les autres pays qui décident de mettre en œuvre de telles mesures – comme c’est le cas au Royaume-Uni – il est utile d’observer l’impact de cette loi sur la pratique clinique quotidienne en Belgique. Le dépassement des limites éthiques, comme le meurtre de patients, peut avoir un impact non seulement sur la médecine, mais aussi sur la société, et cet impact peut évoluer au fil des ans. Par conséquent, un examen attentif de l’expérience belge pourrait être très utile pour adapter les propositions législatives – ou pour les éviter.

    Depuis 2002, le nombre de patients décédés par euthanasie en Belgique n'a cessé d'augmenter et atteint aujourd'hui 3,1 % de tous les décès. L'euthanasie n'est plus une mesure exceptionnelle. Au Québec, par exemple, elle représente jusqu'à 6,8 % des décès, soit 1 patient sur 15.

    En Belgique, dans 50 à 55 % des cas, l'euthanasie est pratiquée dans les dernières semaines de vie du patient, c'est-à-dire dans des circonstances où la mort naturelle est susceptible de survenir. Le patient est donc dans une position où il peut garder une certaine perspective, alors qu'il peut généralement être aidé très efficacement par des soins palliatifs, y compris une sédation palliative si nécessaire. Ainsi, dans une euthanasie sur deux, le personnel soignant applique une procédure difficile alors qu'elle n'est pas réellement nécessaire.

    En revanche, dans 21 % des cas en Belgique, l'euthanasie est pratiquée sur des patients qui ne sont pas en phase terminale, donc dont l'espérance de vie est de plusieurs mois, voire de plusieurs années. C'est souvent le cas chez les patients atteints de maladies neurodégénératives, de maladies psychiatriques et de polypathologie, qui touchent surtout les personnes âgées. Ainsi, dans un cas sur cinq, les médecins interrompent la vie de patients qui ne sont pas en phase terminale, ce qui peut rendre l'acte plus difficile à réaliser.

    Comme le montrent les rapports annuels sur l’euthanasie, même en présence de pathologies physiques graves, les patients demandent l’euthanasie principalement pour des raisons psychologiques. Ces raisons peuvent être la peur de souffrances futures, la perte d’autonomie, l’impossibilité de poursuivre certaines activités, des problèmes sociaux – comme l’isolement –, la peur d’être un fardeau pour les autres, l’épuisement mental et la souffrance existentielle.

    Ces problèmes ne sont généralement pas des problèmes médicaux et de nombreuses équipes de soins palliatifs ont développé des mesures sociales, spirituelles et psychologiques pour les résoudre avec succès. Cependant, les médecins sont désormais appelés à décider si une vie vaut encore la peine d'être vécue et à résoudre ces problèmes psychologiques en administrant la mort.

    La souffrance physique peut être plus ou moins objective, mais elle est modulée de manière importante par les circonstances et les cofacteurs. Une personne malade bien entourée aura plus de courage qu'une personne isolée. Même des problèmes financiers, comme des factures médicales répétitives ou les coûts élevés d'une maison de retraite, peuvent alors devenir des cofacteurs d'influence, qui peuvent faire passer la souffrance physique de supportable à insupportable.

    De plus, les promoteurs de l'euthanasie affirment que chaque cas de souffrance est en grande partie subjectif et qu'il appartient donc au patient de décider de l'importance de sa souffrance. Toute décision du médecin qui irait à l'encontre de la demande d'euthanasie est alors facilement perçue – ou présentée – comme un manque de respect de la volonté et de l'autonomie du patient.

    La décision d'un patient de recourir à l'euthanasie n'est pas une décision facile à prendre, comme le montre le fait que dans 10 à 17 % des cas, l'euthanasie n'a finalement pas lieu parce que le patient a changé d'avis. Dans 23 % des cas, le médecin qui donne le deuxième avis requis n'est pas d'accord avec le médecin qui a donné le premier avis sur des points critiques de la loi, comme le caractère insupportable des souffrances, la décision du patient ou les alternatives thérapeutiques et palliatives possibles.

    On peut également se demander si toutes les mesures palliatives possibles ont été explorées dans tous les cas, sachant que dans seulement 40 % des cas, l'orientation vers une unité de soins palliatifs est proposée ou conseillée. La loi belge ne fixe en effet pas de référence en matière de soins palliatifs. Elle stipule seulement que toutes les alternatives doivent être envisagées ; le patient peut cependant parfaitement refuser ces possibilités et ainsi obtenir l'euthanasie.

    La réalité en Belgique est que de nombreux patients demandent l’euthanasie parce qu’ils ne veulent pas aller dans un centre de soins palliatifs, le patient pensant que cela ne servirait qu’à le laisser souffrir quelques jours ou semaines de plus pendant que sa famille l’entoure sans savoir quand la mort surviendra. De plus en plus de personnes considèrent l’euthanasie comme la façon normale de mourir, alors que les soins palliatifs sont une alternative pour ceux qui le choisissent.

    Même si l'euthanasie devient de plus en plus fréquente, les médecins ne sont pas pressés de la pratiquer. Elle demeure un acte difficile. Plusieurs centres de soins palliatifs tentent de limiter autant que possible le nombre de cas d'euthanasie dans leurs murs afin de préserver leur mission initiale.

    Enfin, l'euthanasie est désormais également promue par les médias et lors de conférences, y compris dans les maisons de retraite. Dans certains cas, ces conférences sont promues par les organismes d'assurance maladie.

    Le PDG de l’un d’entre eux a même déclaré en 2024 que l’accès à l’euthanasie devrait être accordé aux personnes âgées fatiguées de vivre ou qui considèrent leur vie comme « accomplie », afin de résoudre le problème de l’augmentation des coûts de santé et du manque d’infirmières et d’autres professionnels de la santé.

    EN RELATION : Le suicide assisté est une proposition dangereuse qui met tout le monde en danger

    Benoit Beuselinck a obtenu son doctorat en médecine à l'UCLouvain et son doctorat en oncologie à la KULeuven (2009). Il a obtenu son doctorat en 2014 sur la base de son travail translationnel sur les facteurs pronostiques et prédictifs du cancer du rein traité par inhibiteurs de l'angiogenèse. Il est professeur au département d'oncologie de la KULeuven et traite les patients atteints de tumeurs malignes urogénitales à l'UZLeuven.

  • Pologne : le président Duda condamne le gouvernement Tusk et ses méthodes soviétiques

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    De Wlodzimierz Redzioch sur la NBQ :

    LA POLOGNE À LA CROISEE DES CHEMINS

    Le président Duda condamne le gouvernement Tusk et ses méthodes soviétiques

    La Pologne est souvent considérée comme une nation gouvernée par un gouvernement libéral pro-européen, après une période obscurantiste. Ce n'est pas comme ça. Écoutez le discours difficile du président Duda pour le comprendre.

    26_10_2024

    Il y a un an, des élections législatives ont eu lieu en Pologne : le parti au pouvoir, le PiS, a conservé la première place parmi les partis, mais n'a pas réussi à former le nouveau gouvernement. Pour créer le nouvel exécutif, il fallait un bloc de trois coalitions comptant plus de dix partis, dirigé par le parti de Donald Tusk, la Plateforme civique. Le seul ciment de cette large coalition est la soif de pouvoir et la haine envers le PiS.

    Le 16 octobre, à l'occasion du premier anniversaire des élections, le président polonais Andrzej Duda a décidé d'user de son droit constitutionnel et de prononcer un discours important devant le Sejm (la chambre basse du Parlement polonais).  

    Le président a commencé son discours en parlant de la sécurité qui aujourd'hui «est devenue une question absolument fondamentale pour toutes les nations et tous les États de notre partie de l'Europe et du monde», c'est pourquoi «assurer la sécurité est l'une des tâches les plus importantes de chaque gouvernement et autorité. " Il a rappelé que depuis l'arrivée au pouvoir du PiS en 2015, «une série de décisions extrêmement importantes ont été prises dans ce domaine. Nous développons notre armée et mettons en œuvre des contrats pour des armes stratégiques qui sont cruciales pour l'avenir de nos forces armées. » Duda a remercié le ministre de la Défense Kosiniak-Kamysz "pour la poursuite des projets commencés sous le gouvernement de droite" et pour les nouveaux contrats comme celui d'achat des hélicoptères américains Apache. Il convient de rappeler que la Pologne consacre plus de 4 % de son PIB à la défense.

    Mais la question de la défense est la seule appréciation du gouvernement par le président qui se montre très critique sur l'économie, la justice et la vie politique.

    Le gouvernement précédent a assuré un développement économique dynamique tout en élaborant d'importants projets d'avenir, notamment la construction de centrales nucléaires, le grand aéroport qui devait devenir une plaque tournante pour l'Europe centrale, le port à conteneurs de Swinouscie, l'adaptation du fleuve Oder pour l'Europe centrale. navigation des navires, pour n'en nommer que quelques-uns. Malheureusement, il semble que le gouvernement actuel ne prête pas attention aux intérêts polonais, ce qui pourrait peut-être déranger l'Allemagne, grand sponsor de Tusk : le projet d'aéroport est oublié (ce serait une concurrence pour les aéroports de Berlin et de Francfort), le la construction de centrales nucléaires traîne (le gouvernement parle d'éoliennes, peut-être achetées en Allemagne) tout comme le port à conteneurs qui concurrencerait le port de Hambourg. Cependant, l’adaptation de l’Oder à la navigation a été contrecarrée par l’intervention des Verts. C'est pourquoi Duda a clairement reproché au gouvernement cette inaction délibérée : « Nous devons honnêtement dire, en regardant ce qui s'est passé l'année dernière, que les questions liées aux grands investissements ne sont clairement pas devenues la priorité du gouvernement actuel. Malheureusement, c'est tout le contraire."

    Au lieu de mettre en œuvre ces plans économiques ambitieux, le gouvernement se concentre sur la lutte contre l’opposition et l’Église. "Les énergies et les ressources de l'État ont été réorientées vers l'organisation de chasses aux sorcières et, désolé, la satisfaction de certains instincts les plus bas." Pour le président, cela "n'apporte absolument rien au développement de la Pologne, bien au contraire : cela divise la société et perpétue les divisions existantes".

    Pour satisfaire son électorat le plus radical, le pouvoir donne en spectacle sa « revanche » politique. «Vous gaspillez votre énergie – a reproché le président aux gouvernements – dans des spectacles médiatiques devant des commissions d'enquête qui n'ont pratiquement rien trouvé, au lieu de vous concentrer sur ce qui est le plus important pour les Polonais, c'est-à-dire construire un Etat moderne, créer les conditions pour accroître le niveau de vie et garantir la sécurité des citoyens ».

    Le gouvernement axé sur la vengeance politique est incapable de gérer l'économie, notamment en raison de l'incompétence de nombreux ministres et des dirigeants placés à la tête des entreprises publiques. «Dites-moi – demande Duda – que s'est-il passé l'année dernière après les élections précédentes pour provoquer une augmentation aussi dramatique du déficit budgétaire ? D’où viennent ces informations soudaines et inquiétantes sur l’état des finances publiques ? Pourquoi les bénéfices auparavant records des entreprises publiques diminuent-ils aujourd’hui rapidement ?

    La gravité de la situation peut être soulignée par les informations du ministère de la Santé sur les projets de fermeture des hôpitaux et de limitation de la disponibilité des services médicaux. Pour le président "le gouvernement a l'entière responsabilité !".

    A la fin de son discours, le président a soulevé le problème des ambassadeurs polonais que le ministre des Affaires étrangères Sikorski a renvoyés à Varsovie sans possibilité de nommer des remplaçants. Duda a rappelé que la Constitution polonaise parle de coopération entre le gouvernement et le président en matière de politique étrangère. «La coopération – a-t-il rappelé – consiste, entre autres, dans la définition des candidats aux ambassadeurs qui sont nommés par le Président de la République de Pologne conformément à la Constitution». Mais Tusk se sent au-dessus de la Constitution.

    En snobant le Président, on a créé une situation grave, dénoncée par Duda: «Le gouvernement porte l'entière responsabilité du fait qu'aujourd'hui la Pologne a réduit sa représentation diplomatique dans de nombreux pays et que les missions diplomatiques polonaises ont donc une capacité d'action limitée». Et cela affaiblit la position du pays.

    Mais le plus grave concerne le personnel que le gouvernement Tusk souhaite envoyer dans des missions importantes pour la Pologne. Duda a révélé que « parmi eux figurent des diplômés de l'Institut d'État des relations internationales de Moscou, une université post-soviétique qui est infiltrée par les services de renseignement russes depuis le début de son existence et qui est un lieu de recrutement d'agents clés dans le monde entier (…) Ces étudiants diplômés de cette université soviétique constituaient la base de l'appareil diplomatique communiste de la République populaire de Pologne, un appareil qui a participé à l'esclavage de nous tous, citoyens libres de la République de Pologne et de notre pays. Aujourd'hui, ce sont des gens de la même université qui nous représentent à l'étranger." Pour Duda, il est dommage que les personnes formées à l'Institut géré par les services russes puissent représenter la Pologne dans le monde.

    Le discours du président polonais devrait ouvrir les yeux de nombreuses personnes en Italie qui reçoivent des informations sur la situation en Pologne filtrées par les grands médias mondiaux qui, depuis le début, ont soutenu de manière partiale le gouvernement « pro-européen » de Tusk.