Du Figaro :
Interdiction des cultes publics : le Conseil d'État rejette le référé liberté déposé par l'Église catholique
Seules les célébrations d'obsèques restent autorisées, dans la limite de 30 personnes.
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Du Figaro :
Interdiction des cultes publics : le Conseil d'État rejette le référé liberté déposé par l'Église catholique
Seules les célébrations d'obsèques restent autorisées, dans la limite de 30 personnes.
Alors que le Royaume-Uni a entamé le jeudi 5 novembre un reconfinement pour au moins quatre semaines, le chef de l'Église catholique d'Angleterre et du Pays de Galles, Mgr Vincent Nichols, a déclaré que l'interdiction des célébrations religieuses pendant le confinement "n'est pas fondée" sur des preuves scientifiques. De Marzena Devoud sur le site web « Aleteia » :
« Après la France, le Royaume Uni ? Dans le cadre du reconfinement entamé au Royaume Uni le 5 novembre pour au moins quatre semaines, les offices religieux publics sont, comme en France, suspendus. Une mesure à laquelle s’oppose le président de la Conférence des évêques catholiques d’Angleterre et du Pays de Galles, Mgr Vincent Nichols, qui s’est joint aux chefs religieux britanniques pour écrire au Premier ministre Boris Johnson afin de lui rappeler que cette interdiction n’est « pas fondée » sur des preuves scientifiques. Pour le cardinal Nichols, cette décision « démontre clairement un malentendu sur l’importance de la foi religieuse ». Il a également ajouté que selon lui, les églises sont « parmi les endroits les plus sûrs ».
D’après Boris Johnson cette mesure est nécessaire pour lutter contre la hausse du nombre de personnes positives au Covid-19. Contrairement à la première vague du virus au printemps dernier, le gouvernement a cependant autorisé l’ouverture des églises et autres lieux de culte mais uniquement pour la prière privée. En revanche, à l’exception des funérailles qui sont autorisées, toutes les célébrations sont suspendues pour toute la durée du confinement.
Le gouvernement britannique a pour le moment répondu à la lettre par le refus. Toutefois, le cardinal Nichols, a déclaré au micro de la BBC qu’il pensait qu’un changement de décision allait probablement survenir : « Je pense que cela va changer. Au cours des deux derniers jours (depuis la mise en œuvre du confinement, ndlr), la décision du gouvernement démontre clairement sa méconnaissance de l’importance de la foi religieuse. Je pense que les choses vont changer. Dès que possible, j’espère voir à nouveau les lieux de culte ouverts aux offices ».
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« Le secrétaire d’État à la Santé a indiqué continuer à travailler en étroite collaboration avec les représentant religieux et le groupe de travail sur les lieux de culte, « comme nous l’avons fait tout au long de la pandémie ». « Nous savons que les lieux de culte apportent un grand réconfort, en particulier pendant cette période difficile, et c’est pourquoi ils restent ouverts pour la prière privée et les funérailles », a-t-il précisé.
Interdiction des messes en France
En France suite à l’annonce du gouvernement du reconfinement national avec suspension des messes publiques au moins jusqu’au 1er décembre, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF) a déposé, après consultation de tous les évêques de France réunis en Assemblée plénière ce lundi 2 novembre, un référé devant le Conseil d’État afin de dénoncer une atteinte à la liberté de culte et permettre la reprise des offices religieux publics. »
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Words, words, words, comme on dit Outre-Manche: les mots sont des mots. Et les actes des actes : il sera donc surtout intéressant de lire les attendus de la décision du juge français des référés, quelle qu’elle soit.
JPSC
Une synthèse de presse de gènéthique.org :
« Sans respect de la vie, la société cesse d’être une société de droits »
Jeudi, à l’Université CEU de San Pablo de Madrid, les évêques espagnols ont dénoncé une « batterie de lois extrêmement injustes telles que l’euthanasie ou l’avortement ». Trois évêques participent au congrès « Catholiques et Vie Publique » : Mgr Luis Argüello, secrétaire général de la Conférence épiscopale espagnole (CEE), Mgr Ginés García Beltrán, évêque de Getafe, et Mgr Juan Antonio Reig Plá, évêque d’Alcalá de Henares. Sous le thème « Il est temps de défendre la vie ! », les évêques ont averti que l’avortement et l’euthanasie imposaient une vision « utilitaire » de la vie. « Nous sommes devant une anthropologie utilitaire qui a derrière elle la situation économique, la culture du bien-être, le plaisir de la beauté physique et qui laisse de côté toute autre sphère de vie », explique Mgr Beltrán. Selon lui, une « culture de l’éphémère » et du « j’utilise puis je jette » s’est propagée dans notre regard à la vie, qui « ne vaut plus la peine d’être vécue ». Et comment décider qu’une vie a encore de la valeur ou non ? Etre en bonne santé ? Réussir dans les affaires ? Qui va décider ? « Toi-même ou une tierce personne, par exemple le Papa-Etat, qui te dit où se trouve la limite de la vie et quand elle doit être stoppée ». La « culture de l’élimination » impose ce qu’il faut désormais comprendre comme « un niveau de vie acceptable ». Cette « vision utilitariste de la vie (…) ne la reconnaît pas comme une valeur en soi ».
L’évêque explique également que c’est une erreur de vouloir restreindre la question de la vie à la sphère privée, « comme si l’avortement relevait d’un droit de décider d’une personne ». Non, car, « la société toute entière doit prendre soin » et garder « le don de la vie humaine ».
Dans la majorité des lois qui se décident actuellement en Espagne, ajoute l’évêque d’Alcalá de Henares, « l’autonomie radicale de l’individu » est mise en avant, comme un « dogme séculier », ce qui est « un mensonge ». « La société est très loin de rendre justice à la personne humaine », a-t-il ajouté.
Mgr Reig Pla a affirmé que « toutes ces lois sont terriblement injustes », car elles ne prennent en compte ni « la dignité de la personne humaine » ni le « caractère inviolable et sacré de la vie ». « La vie est devenue une opinion de plus en désaccord avec d’autres opinions, qui sont changées par ceux qui, avec l’ingénierie sociale, sont capables de transformer l’esprit des Espagnols », explique l’évêque. « Sans le respect de la vie, la société se décompose et cesse d’être une société de droits ». L’évêque a également regretté le mauvais usage de certains concepts utilisés pour défendre l’euthanasie, comme la compassion et la mort digne. Comme déjà expliqué précédemment, « la compassion ne signifie pas provoquer la mort mais accompagner la personne dans sa souffrance ». « L’euthanasie ne soutient pas. Il y a des patients impossibles à soigner mais pas de patients impossibles à soulager », rappelle-t-il.
Pour Monseigneur Luis Argüello, face à la crise anthropologique actuelle, il est « temps de promouvoir la vie et aussi de la défendre » et pour cela, il ne faut « pas rester assis et attendre que des solutions viennent d’en haut ».
Sources : ABC, Laura Daniele (05/11/2020) ; La Vanguardia (05/11/2020) ; Europa Press (05/11/2020)
De Zhang Feng sur Bitter Winter :
Les religieuses catholiques sont considérées comme "dangereuses" et forcées de quitter le couvent
3 novembre2020
Le PCC intensifie l'intimidation et la persécution des catholiques qui refusent de rejoindre l'Église patriotique.
Huit religieuses catholiques ont décidé de quitter leur couvent dans la province du Shanxi, dans le nord du pays, cet automne, après avoir subi des harcèlements et des intimidations répétés de la part des autorités locales. Les religieuses étaient sous surveillance constante, mais l'ordre donné en août de retirer la croix du couvent a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
"La croix est un symbole de salut. L'enlever, c'était comme couper notre propre chair", a déclaré l'une des religieuses. "Si nous avions refusé de l'enlever, le gouvernement aurait démoli le couvent." Les religieuses ont également reçu l'ordre de supprimer tous les autres symboles religieux, ce qui a entraîné le retrait de toutes les croix et d'une douzaine de statues religieuses à l'intérieur du couvent.
Les fonctionnaires nous ont déclarés "personnes dangereuses" et nous ont harcelées à plusieurs reprises", a poursuivi la religieuse. "Ils nous ont demandé de mettre par écrit ce que nous avions fait depuis les jardins d'enfants et ont exigé de divulguer tout ce que nous avions fait au cours des derniers mois. Ils voulaient même que nous nous souvenions des plaques d'immatriculation des véhicules que nous avons utilisées pendant nos voyages".
Quatre caméras de surveillance ont été installées dans le couvent pour surveiller les religieuses et les visiteurs. Il était même prévu d'installer des caméras dans leur salle à manger, leur cuisine et leur buanderie, mais les religieuses ont réussi à empêcher cela.
"Trois personnes, un officier de police et deux fonctionnaires locaux, ont été désignés pour nous surveiller", a déclaré la religieuse. "Ils se rendaient souvent à l'intérieur du couvent pour s'enquérir de nos activités, parfois la nuit. Le gouvernement a même engagé des voyous pour nous harceler. Ils entraient dans la cuisine pendant que nous cuisinions pour faire des bêtises ou agir lascivement, nous invitant à dîner avec eux".
Les catholiques en Chine subissent des persécutions de plus en plus sévères. Les attaques contre eux se sont multipliées à l'approche du renouvellement de l'accord Vatican-Chine de 2018 en octobre dernier.
Le 13 septembre, une église catholique de la ville de Shenzhou, dans le Hebei, a été fermée pour avoir refusé de rejoindre l'Association catholique patriotique chinoise (CPCA) après que la croix, d'autres symboles religieux et des statues aient été enlevés.
Une église catholique de Shenzhou a été vidée avant d'être fermée.
"Le Parti communiste exerce une répression encore plus sévère sur la religion que pendant la Révolution culturelle", a commenté un membre de la congrégation.
Une église catholique non enregistrée dans le village de Youtong, dans le district de Luancheng de la ville de Shijiazhuang de Hebei, a été fermée le 3 septembre, également pour avoir refusé de rejoindre l'Église patriotique. Les responsables du village ont supervisé les membres de la congrégation qui ont enlevé les statues religieuses et l'autel avant de fermer l'église.
"Si nous rejoignons la CPCA, nous serons complètement contrôlés par le PCC, coupés de Dieu. Nous ne nous rendrons pas", a déclaré avec détermination un membre de l'église.
L'église catholique du village de Youtong a été transformée en parking.
Le 5 août, une église catholique non enregistrée dans le district de Chang'an à Shijiazhuang a été mise sous scellés par les autorités locales avant les inspections des gouvernements provinciaux et municipaux.
L'église catholique fermée dans le district de Chang'an.
Une autre église catholique de Shijiazhuang a été fermée en mai parce qu'elle ne disposait pas du certificat d'enregistrement des lieux d'activités religieuses. Les autorités locales ont fait pression sur le prêtre de l'église pour qu'il rejoigne le CPCA, le menaçant de le priver du droit de célébrer la messe. Peu enclin à faire des compromis, le prêtre a déménagé et organise maintenant de petits rassemblements de congrégation en secret.
En nous forçant à rejoindre les églises "légales", le gouvernement vise à éliminer notre foi, à faire en sorte que tous les gens ne croient qu'au Parti communiste", a déclaré un catholique local.
© DR
Blanche Streb revient sur une enquête parue dans La Croix l’hebdo. Une enquête menée tambour battant, en Inde, Au Népal, en Irlande, en France, par la journaliste Louise Audibert.
Mais pourquoi les promener dans les airs, me demanderez-vous ? C’est ce qui fait tout l’intérêt de cette enquête : elle met la lumière sur l’un des maillons de l’immense chaine de production que constitue la Gestation Par Autrui. La GPA.
Ces embryons, conçus en éprouvette à un endroit du globe, sont tout simplement déracinés pour être implantés dans un nouvel univers, temporaire, le corps, et si possible pas le cœur, d’une mère porteuse. Une femme, qui, presque toujours pour de l’argent, portera cet enfant, tachera d’obéir aux consignes qui lui seront données, fera en sorte d’honorer le contrat qu’elle aura signé, mais surtout essayera, à son cœur défendant, de ne pas s’attacher à celui ou celle qui prend vie, et grandit, en son sein et sa vie.
À Kiev, en Ukraine, l’un des pays où le marché de la GPA est le plus développé, la journaliste a rencontré Katarina, qui a été mère porteuse pour un couple égyptien. Au troisième mois de grossesse, Katarina a dû quitter sa propre famille et s’installer chez les commanditaires pour mettre au monde, dans leur pays, la petite fille portée pour eux. Elle raconte avoir subi une césarienne sans péridurale, avoir vu et entendu pleurer le bébé, mais n’avoir pas voulu la prendre dans ses bras, car sinon, confie-t-elle, elle savait ne plus vouloir, ou pouvoir, la donner.
La réalité de la GPA, c’est aussi celle-là. Ces embryons humains sont figés dans le temps. Parfois, ils ont été conçus totalement hors-sol, "hors- corps", car issus d’hommes et de femmes qui ne se connaissent même pas et ne seront jamais les parents de l’enfant en question. Nous sommes entrés dans l’ère du "bébé Amazon", ce bébé qu’on commande assis derrière son ordinateur. En achetant ici du sperme, là-bas une donneuse d’ovocytes, ailleurs, encore, une mère porteuse. En enrichissant, au passage, nombre d’intermédiaires, selon les pays, depuis les cliniques high tech à but lucratif qui ont pignon sur rue aux sordides "usines à bébé" dans lesquelles des femmes sont exploitées.
Nous sommes là dans l’œil d’un marché (in)humain, mondial et colossal.
De Frédéric Close, en "opinion" sur le site de la Libre :
6 novembre 2020
Pourquoi la Belgique se déchristianise-t-elle ?
Dans un monde où la sécularisation et le matérialisme gagnent du terrain, la catholicité a perdu une grande part de sa crédibilité auprès des Belges. Comment expliquer ce recul de la spiritualité ? Au sortir de la Première Guerre mondiale, Paul Valéry constata que les civilisations étaient mortelles. C’était une évidence que le déclin de l’Occident ne cesse de confirmer en ce qui concerne la nôtre. Quelques décennies plus tard, on a prêté à André Malraux la prédiction que le XXIe siècle serait religieux. Ici, rien ne semble moins sûr, quand bien même, comme d’aucuns le soutiennent, la prophétie aurait annoncé un siècle, non pas "religieux", mais "spirituel" (ce qui l’élargissait aux philosophies athées).
Voici bien des années que, dans nos régions, les croyants de toutes obédiences craignaient non tant de nouvelles "guerres de religion" que "la guerre aux religions", autrement dit la recherche d’une prédominance toujours plus invasive du matérialisme à tous les niveaux de la société. Ceci aurait entraîné une atteinte insidieuse à la liberté des cultes mais aussi une inquiétante progression des fondamentalismes. On observe, en réalité, que d’aucuns renoncent soit à la pratique religieuse soit même à leurs convictions, tandis que certains autres, au contraire, manifestent leur foi avec une radicalité parfois aveugle, intolérante et prosélyte. Entre ces deux tendances extrêmes, la majorité des croyants se font de plus en plus discrets, de crainte d’être reniés par les uns ou injustement assimilés aux autres…
Et de la sorte, les monothéismes et leurs règles morales ont tous été victimes ces derniers temps d’une évolution irréversible des mentalités et des législations. Il s’agit notamment de la libération sexuelle et de ses conséquences en matières éthiques, mais il s’agit surtout de leurs répercussions sur la cellule familiale et, par là même, sur l’éducation des enfants et l’accompagnement des jeunes.
Du blog "Le goût des lettres" :
5 novembre 2020
L’Église catholique est-elle fidèle à l’héritage de Jean-Paul II ?
Jean-Paul II, on le sait, a beaucoup produit. À la fois grand philosophe et grand mystique, ascète, sportif, miraculé, il a traité de quasiment tous les domaines de la vie religieuse, intellectuelle et sociétale : sur ses quatorze encycliques, trois sont consacrées aux différentes personnes de la Trinité, d’autres sont consacrées à la morale, à la défense de la vie, aux rapports entre foi et raison, au travail dans le monde moderne, à l’action sociale de l’Église, etc. Une pensée extrêmement profonde, documentée, qui puise sa richesse dans la prière et la vie de la foi, et pas seulement dans les livres. Le massif est très imposant. A-t-il été reçu à sa juste mesure ?
Dans sa première encyclique, Deus caritas est (2005), Benoît XVI cite le philosophe Friedrich Nietzsche dès le troisième paragraphe. C’est, à ma connaissance, la première fois que ce penseur est cité dans une encyclique catholique. Jean-Paul II, lui, n’est cité que deux fois dans tout le texte, et pas avant le chapitre 27. Jean-Paul II avait pour sa part rendu hommage à son prédécesseur Jean-Paul Ier dès le second paragraphe de sa première encyclique, Redemptor hominis.
à découvrir sur ce site
De Philippe Oswald sur la Sélection du Jour :
5 novembre 2020
La cohésion européenne à l’épreuve de la Turquie
« Nous avons franchi avec la Turquie un palier inadmissible », a affirmé le 4 novembre le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, en réponse aux questions des sénateurs sur les tensions diplomatiques avec ce pays. « Nous attendons de la Turquie, qu’elle cesse son comportement belliqueux dans le voisinage européen » (en Syrie, en Méditerranée orientale, en Libye, au Haut-Karabagh) et que son président arrête de menacer la France et d’insulter son président, a précisé Jean-Yves Le Drian. Et le ministre d’évoquer le Conseil européen de décembre pour lequel, a-t-il dit, « toutes les options sont sur la table » s’agissant des relations de l’UE avec la Turquie. Toutes les options, y compris celle du profil bas ?
Le contentieux avec la Turquie est redoutable pour l’unité de l’UE et pour la crédibilité de la France. Celle-ci est devenue la cible principale d’Erdogan, après s’être retrouvée bien seule pour soutenir la Grèce contre les incursions et les activités de forage turques dans ses eaux territoriales, en déployant des navires de guerre et des avions de combat dans la région. Pour avoir défendu le droit de publier des caricatures lors de l'hommage à Samuel Paty, l’enseignant décapité, Emmanuel Macron a été accusé d’« islamophobie » par le président turc qui en a rajouté en estimant qu'Emmanuel Macron devait « faire des examens de santé mentale » et en appelant tous les musulmans à boycotter les produits français. L’annonce par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le 2 novembre, de la dissolution du groupe ultranationaliste turc « Les Loups gris » après des attaques de Turcs (ils sont 700 000 en France) contre des Arméniens près de Lyon et de Vienne, a ravivé les tensions. Ankara a crié à la « provocation » et annoncé qu’il répliquerait « de la plus ferme des manières ».
Du côté de l’UE, on se hâte lentement vers la fermeté. Les dirigeants de l'UE ont condamné jeudi 29 octobre les provocations et la rhétorique « totalement inacceptables » d'Ankara à l'encontre de la France, mais ne décideront aucune mesure avant leur sommet en décembre, a annoncé le président du Conseil, Charles Michel. Dans une langue toute diplomatique, il a indiqué que l'UE avait décidé de « travailler sur deux pistes : une piste positive et une piste moins positive... Jusqu'à présent la Turquie n'a pas choisi la voie positive (sic). Nous aurons l'occasion de revenir sur ce sujet en décembre », s’est-il hâté de conclure. Pas de quoi faire trembler Erdogan !
« Si Ankara poursuit ses actions illégales, nous utiliserons tous les instruments à notre disposition », avait averti Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Mais son pays, l’Allemagne, qui accueille 4 millions de Turcs sur son territoire, est le plus tiède des 27. La chancelière Angela Merkel ne veut pas subir les contre-coups de réactions un peu vigoureuses des Européens. Engagée dans une perpétuelle médiation avec le président turc, elle bloque les demandes de sanction des autres États membres. Parmi ces membres de l’UE, outre l’Allemagne, plusieurs ont des intérêts économiques avec la Turquie : commerce, investissement, services bancaires mais aussi ventes d'armes : la Grèce a demandé à l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie de suspendre les licences accordées à la Turquie. Enfin, à des degrés divers, les pays européens subissent le chantage migratoire pratiqué sans vergogne par le président turc qui menace de dénoncer l’accord sur les réfugiés négocié en 2016 directement par Merkel au nom de l’UE avec Erdogan. Cette menace est assortie d’allusions à de possibles attentats islamiques : le 22 mars 2017, Recep Tayyip Erdogan avait carrément déclaré qu'aucun Européen ne pourrait plus « faire un pas dans la rue en sécurité » si l'Union européenne (UE) maintenait envers la Turquie une attitude hostile.
« Ce n'est pas une question uniquement grecque, chypriote ou française, c'est une question européenne qui est sur la table. C'est pourquoi nous devons, tous ensemble, répondre à ces attaques contre l'Union européenne », insiste le leader du Parti Populaire Européen (PPE), Manfred Weber. Parmi les députés européens qui s’indignent de la passivité de l’UE et osent « mettre les pieds dans le plat », François-Xavier Bellamy (PPE) : « Erdogan frappe toujours l'Arménie, et fait de nombreuses victimes. Il menace encore la Grèce et Chypre. Il reproche maintenant à nos pays de vouloir lutter contre le terrorisme islamiste... Et le Conseil européen n’ose même pas parler de sanctions. C’est un Munich de chaque jour. » (Son intervention 21 octobre au Parlement européen) Munich ? « La politique de l’apaisement revient à nourrir un crocodile en espérant qu’il vous mangera en dernier » avait alors prévenu Churchill.
De Sandro Magister sur Settimo Cielo :
5 novembre 2020
Cloches des jours de fête pour le cardinal Pell. Glas pour la Secrétairerie d'État
"Les affaires du Vatican. La vengeance de Pell sur la Secrétairerie d'État" : tel était le titre d'un billet de Settimo Cielo du 11 juin dernier.
Mais aujourd'hui, les cloches sonnent pour cette revanche. Parce que la salle de presse du Vatican a fait circuler le texte d'une lettre du pape François qui donne le coup de grâce précisément à ces mêmes chefs de la Secrétairerie d'État qui, en 2017, avaient rejeté et humilié les projets de réforme du cardinal australien.
(Pour mémoire, c'est le pape François lui-même qui a donné à George Pell les pleins pouvoirs pour réformer les finances du Vatican, puis les a rapidement révoqués au profit de ses adversaires, sauf aujourd'hui pour enregistrer ce nouveau tournant, cette fois-ci en soutien au cardinal).
Le texte complet de la lettre de François au Cardinal Secrétaire d'Etat Pietro Parolin se trouve à la page 7 de l'édition d'aujourd'hui de "L'Osservatore Romano", avec la référence en première page.
La lettre porte la date du 25 août et se termine par la fixation "avant le 1er novembre" de la mise en œuvre des changements qui y sont édictés.
Mais il est évident qu'à la Secrétairerie d'État, ils n'ont pas dû se mettre au travail avec la diligence requise, étant donné que ce n'est que "dans la soirée d'hier, 4 novembre" - comme l'a indiqué la salle de presse du Vatican - que le cardinal Parolin et les autres membres se sont réunis autour du Pape pour une première réunion visant à l'entreprise.
Et l'entreprise consiste précisément dans ce que le Secrétariat d'État a jusqu'à présent toujours refusé de faire : la livraison de tous ses biens mobiliers et immobiliers à la banque centrale du Vatican, l'APSA, sous "le contrôle du Secrétariat à l'économie", c'est-à-dire du bureau initialement présidé par le cardinal Pell.
Mais dans sa lettre, le pape en dit plus.
Il fait explicitement référence aux "investissements réalisés à Londres" et au tristement célèbre "Centurion fund", dont - ordonne-t-il - "nous devons partir le plus vite possible".
De ses recettes et dépenses ordinaires, le secrétariat d'État devra rendre compte et obtenir l'approbation. Et ses activités secrètes devront également passer par le contrôle de la commission "pour les affaires confidentielles" récemment créée sous la présidence du cardinal Kevin Farrell.
Le Secrétariat d'État ne pourra pas non plus prétendre superviser un autre organe du Saint-Siège, en matière économique et financière.
En bref, "sachant que la Secrétairerie d'État n'aura plus à administrer ni à gérer de biens, il sera opportun qu'elle redéfinisse sa charge administrative, ou qu'elle évalue la nécessité de son existence".
Le "terminus ad quem" fixé par le pape pour ce dépouillement était, comme on l'a dit, le 1er novembre, la fête de la Toussaint.
Peut-être que le 2, le jour des morts, aurait été plus approprié.
Lire également, sur Vatican News : La gestion des fonds de la Secrétairerie d'État est transférée à l'Apsa