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  • Quand Benoît XVI fustigeait le rejet croissant du christianisme en Europe

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    Voici peu,  le commissaire européen Pierre Moscovici ,  le  pape François, et bien d’autres à la suite de leurs déclarations, ont relancé dans la presse le vieux débat sur les racines chrétiennes de l’Europe. Pour ceux qui ont la mémoire courte, le blog informatique « Le Rouge et le Noir »  rappelait, en 2014 déjà, le point de vue de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, qui s’est maintes fois exprimé à ce sujet au cours de sa longue vie au service de l’Eglise :

    Benoit XVI.jpg« Sous de nouvelles formes, se font jour des tentatives pour marginaliser l’influence du christianisme dans la vie publique – parfois sous le prétexte que ses enseignements porteraient atteinte au bien-être de la société –. Ce phénomène doit nous inciter à prendre le temps de la réflexion. Comme je l’ai suggéré dans mon Encyclique sur l’Espérance chrétienne, la séparation artificielle de l’Évangile avec la vie publique et intellectuelle devrait nous pousser à engager une mutuelle « autocritique de la modernité » et « autocritique du christianisme moderne », regardant spécifiquement l’espérance que chacun peut offrir au genre humain (cf. Spe Salvi, n. 22) » [1].

    « Il existe en outre des formes plus élaborées d’hostilité envers la religion, qui, dans les pays occidentaux, se manifestent parfois par le reniement de l’histoire et des symboles religieux dans lesquels se reflètent l’identité et la culture de la majorité des citoyens. Ces attitudes alimentent souvent haine et préjugés et ne sont pas cohérentes avec une vision sereine et équilibrée du pluralisme et de la laïcité des institutions, sans compter qu’elles peuvent empêcher les jeunes générations d’entrer en contact avec le précieux héritage spirituel de leurs pays. »

    « On ne peut oublier que le fondamentalisme religieux et le laïcisme sont des formes spéculaires et extrêmes du refus du légitime pluralisme et du principe de laïcité. Tous deux, en effet, absolutisent une vision réductrice et partiale de la personne humaine, favorisant dans le premier cas, des formes d’intégralisme religieux, et dans le second, de rationalisme. La société qui veut imposer, ou qui, au contraire, nie la religion par la violence, est injuste à l’égard de la personne et de Dieu, mais aussi envers elle-même » [2].

    L’Europe, construite par la chrétienté

    «  Des voix chagrines contestent avec une stupéfiante régularité la réalité des racines religieuses européennes. Il est devenu de bon ton d’être amnésique et de nier les évidences historiques. Affirmer que l’Europe n’a pas de racines chrétiennes, équivaut à prétendre qu’un homme peut vivre sans oxygène et sans nourriture. Il ne faut pas avoir honte de rappeler et de soutenir la vérité en refusant, si nécessaire, ce qui est contraire à elle » [3].

    Ces années de pontificat ont ainsi été pour l’Europe une invitation incessante à « renforcer ses racines chrétiennes et à intensifier ainsi son engagement en faveur de la solidarité et de la ferme défense de la dignité de l’homme » [4].

    A travers de nombreuses catéchèses et audiences, Benoît XVI a rappelé la participation essentielle de l’ Église à la construction de l’Europe, que ce soit à travers « l’œuvre merveilleuse accomplie par le saint à travers la Règle pour la formation de la civilisation et de la culture européenne » [5], le témoignage des saints Cyrille et Méthode, « pionniers de l’évangélisation de l’Europe » [6] ou celui de l’héritage clunisien qui a permis d’esquisser ainsi « une Europe de l’esprit » [7].

    Il a invité à de multiples reprises l’homme européen à « ne pas renier l’héritage chrétien qui appartient à son histoire, mais au contraire qu’’il le conserve jalousement et l’amène à porter encore des fruits dignes du passé » [8]. Que ce soit en Croatie [9], en Autriche [10], en République Tchèque [11], en Italie [12], aux membres du parlement européens [13], … Benoît XVI n’a eu de cesse de rappeler lors de ses visites l’importance des « racines chrétiennes de l’Europe qui lui ont conféré sa grandeur par le passé et qui peuvent aujourd’hui encore favoriser l’unité profonde du continent » [14].

    Les racines chrétiennes de l’Europe

    L’Europe contemporaine est « le fruit de deux mille ans de civilisation » et elle plonge ses racines à la fois dans l’immense patrimoine d’Athènes et de Rome, et surtout dans le « terrain fécond du christianisme  » qui s’est révélé capable de « créer de nouveaux patrimoines culturels tout en recevant la contribution originale de chaque civilisation » [15].

    « Quand l’Europe écoute l’histoire du Christianisme, elle entend sa propre histoire. Sa notion de justice, de liberté et de responsabilité sociale, en même temps que les institutions culturelles et juridiques établies pour préserver ces idées et les transmettre aux générations futures, sont modelées par l’héritage chrétien » [16].

    « Dans l’histoire complexe de l’Europe, le christianisme représente un élément central. La foi chrétienne a façonné la culture du vieux continent et s’est mêlée de manière indissoluble à son histoire, au point que celle-ci ne serait pas compréhensible si l’on ne faisait pas référence aux événements qui ont caractérisé tout d’abord la grande période de l’évangélisation et ensuite les longs siècles où le christianisme a pris un rôle toujours plus important ».

    « Les Européens sont appelés à s’engager pour créer les conditions d’une profonde cohésion et d’une collaboration réelle entre les peuples. Pour construire la nouvelle Europe sur des bases solides il ne suffit pas de faire appel aux seuls intérêts économiques, mais il faut plutôt se baser sur les valeurs authentiques qui ont leur fondement dans la loi morale universelle inscrite dans le cœur de chaque homme » [17].

    « Rappeler ces origines est nécessaire, même pour la vérité historique, et il est important de savoir lire en profondeur ces racines, pour qu’elles puissent aussi animer l’aujourd’hui. C’est-à-dire qu’il est décisif de saisir le dynamisme qu’il y a – par exemple – dans l’événement de la naissance d’une université, ou d’un mouvement artistique, ou d’un hôpital. Il faut comprendre le pourquoi et le comment cela est arrivé, pour valoriser dans l’aujourd’hui ce dynamisme, qui est une réalité spirituelle qui devient culturelle et donc sociale. À la base de tout, il y a des hommes et des femmes, il y a des personnes, des consciences, mues par la force de la vérité et du bien » [18].

    «  L’on ne peut pas penser édifier une authentique "maison commune" européenne en négligeant l’identité propre des peuples de notre continent. Il s’agit en effet d’une identité historique, culturelle et morale, avant même d’être géographique, économique ou politique ; une identité constituée par un ensemble de valeurs universelles, que le christianisme a contribué à forger, acquérant ainsi un rôle non seulement historique, mais fondateur à l’égard de l’Europe. Ces valeurs, qui constituent l’âme du continent, doivent demeurer dans l’Europe du troisième millénaire comme un "ferment" de civilisation. Si elles devaient disparaître, comment le "vieux" continent pourrait-il continuer de jouer le rôle de "levain" pour le monde entier ? »

    «  N’est-il pas surprenant que l’Europe d’aujourd’hui, tandis qu’elle vise à se présenter comme une communauté de valeurs, semble toujours plus souvent contester le fait qu’il existe des valeurs universelles et absolues ? Cette forme singulière d’"apostasie" d’elle-même, avant même que de Dieu, ne la pousse-t-elle pas à douter de sa propre identité ? De cette façon, on finit par répandre la conviction selon laquelle la "pondération des biens" est l’unique voie pour le discernement moral et que le bien commun est synonyme de compromis. En réalité, si le compromis peut constituer un équilibre légitime d’intérêts particuliers différents, il se transforme en mal commun chaque fois qu’il comporte des accords qui nuisent à la nature de l’homme » [19].

    « Même si hélas de nombreux Européens semblent ignorer les racines chrétiennes de l’Europe, celles-ci sont vivantes, et devraient tracer le chemin et nourrir l’espérance de millions de citoyens qui partagent les mêmes valeurs » [20]. L’unité des peuples européens ne sera solide que si elle est basée sur les racines chrétiennes communes. Grâce à celles-ci « l’Europe sera capable de donner une orientation sûre au choix de ses citoyens et de ses peuples, elle renforcera sa conscience d’appartenir à une civilisation commune et elle consolidera l’engagement de tous dans le but de faire face aux défis du présent en vue d’un avenir meilleur » [21].

    _____

    [1] Benoît XVI, Rencontre œcuménique, salle du Trône de l’Archevêché de Prague, 27 septembre 2009, Voyage Apostolique, République tchèque, 26-28 septembre 2009

    [2] Benoît XVI, Message pour la célébration de la Journée Mondiale de la Paix 2011, 1er janvier 2011

    [3] Benoît XVI, Discours à l’ambassadeur de Croatie, 11/04/2011

    [4] Benoît XVI, Lettre en conclusion de l’Année sainte de Compostelle 2010, 18 décembre 2010

    [5] Benoît XVI, audience générale, 09/04/2008

    [6] Benoît XVI, A la délégation bulgare en la mémoire liturgique des saints Cyrille et Méthode, 23 mai 2011

    [7] Benoît XVI, Audience Générale, 11 novembre 2009

    [8] Visite officielle du Pape Benoît XVI au Quirinal, 24 juin 2005

    [9] Benoît XVI, Rencontre avec les représentants de la société civile, du monde politique, académique, culturel et de l’entreprise, avec le corps diplomatique et avec les chefs religieux, 4 juin 2011

    [10] Benoît XVI, Visite apostolique en Autriche, 07/09/2007

    [11] Benoît XVI, Rencontre œcuménique, salle du Trône de l’Archevêché de Prague, 27 septembre 2009, Voyage Apostolique, République tchèque, 26-28 septembre 2009

    [12] Visite officielle du Pape Benoît XVI au Quirinal, 24 juin 2005

    [13] Benoît XVI, Discours aux participants au Congrès promu par le Parti populaire européen, 30 mars 2006

    [14] Visite officielle du Pape Benoît XVI au Quirinal, 24 juin 2005

    [15] Zenit, Les racines chrétiennes de l’Europe sont vivantes, constate Benoît XVI, 9 décembre 2008

    [16] Benoît XVI, Rencontre œcuménique, salle du Trône de l’Archevêché de Prague, 27 septembre 2009, Voyage Apostolique, République tchèque, 26-28 septembre 2009

    [17] Benoît XVI, A la délégation bulgare en la mémoire liturgique des saints Cyrille et Méthode, 23 mai 2011

    [18] Benoît XVI, Rencontre avec les représentants de la société civile, du monde politique, académique, culturel et de l’entreprise, avec le corps diplomatique et avec les chefs religieux, 4 juin 2011

    [19] Benoît XVI, Audience au Congrès promu par la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (COMECE), 24 mars 2007

    [20] Benoît XVI, Message pour la journée d’étude sur le dialogue entre cultures et religions, 3 décembre 2008

    [21] Benoît XVI, Discours aux participants au Congrès promu par le Parti populaire européen, 30 mars 2006

     Ref. Quand Benoît XVI fustigeait le rejet croissant du christianisme en Europe

    A propos des racines de l’Europe, Paul-Henri Spaak,  l’un des « pères » fondateurs des Communautés européennes, déclarait en 1957 :       

    « Cette civilisation - et pour tous ceux qui connaissent mes tendances philosophiques ce que je vais déclarer paraîtra peut-être surprenant - cette civilisation est, que nous le voulions ou non, la civilisation chrétienne. Je l'ai dit un jour à Strasbourg : quand les temps seront révolus, lorsque nous aurons tous disparu depuis de longues et de longues années et quand on voudra raconter l'aventure humaine que nous avons vécue, on ne pourra pas, quelles que soient nos convictions religieuses ou philosophiques, dire autre chose que ceci : les gens de ce temps-là, les gens de ce siècle-là ont vécu ensemble l'aventure, l'immense aventure de la civilisation chrétienne. Et, étant donné que je ne suis pas un philosophe cherchant à résumer en peu de phrases ce qui paraît l'essentiel de cette civilisation, je crois pouvoir dire que la civilisation chrétienne a apporté au monde une conception particulière de l'homme, fondée sur le respect qu'il faut avoir pour la personnalité humaine, et que c'est de cela que découle tout le reste ». (extrait de «  Une révolution européenne ? »,  discours de Paul-Henri Spaak à la Banco di Roma sur les traités de Rome, 26 mars 1957).

    Avis aux partisans des identités multiples et du multiculturalisme.

    JPSC

  • De l'oralité à l'écrit : l'Evangile composé dès les premiers moments du christianisme

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    "...nous sommes en train de rétablir l’immédiateté de la composition orale et de la mise par écrit des 20% les plus précis dogmatiquement de l’Évangile dans la première année suivant l’Ascension et la Pentecôte. Ce sera le scoop du livre que nous préparons pour l’année prochaine."

    à lire sur "le Rouge et le Noir" : http://www.lerougeetlenoir.org/opinions/les-inquisitoriales/entretien-avec-pierre-perrier

  • Au Portugal : la GPA autorisée comme remède à l’infertilité et accès élargi à la PMA

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    Du bulletin d'information de l'Institut Européen de Bioéthique :

    Portugal : autorisation de la GPA comme remède à l’infertilité et élargissement de l'accès à la PMA

    Le vendredi 13 mai 2016, le Parlement portugais a voté l’autorisation des mères porteuses à titre gratuit pour les femmes frappées d’infertilité liée à une absence ou à une lésion de l’utérus « qui empêche de façon définitive et absolue la grossesse. »

    La pratique des mères porteuses, également appelée Gestation Pour Autrui (GPA) consiste pour une femme à porter un enfant et à le céder à un couple tiers (le couple commanditaire) à sa naissance (Fiche Didactique IEB). Mettant un voile sur la réalité de la vie intra-utérine de l’enfant et sur son lien maternel avec la femme qui l’a porté, elle considère que seul le couple commanditaire, par son « désir d’être parent » a la légitimité de la parentalité.

    Dans un souci éthique, le Portugal n’autorisera que la GPA dite « altruiste » ou « non-commerciale ». Or,il n’existe pas de GPA éthique puisque, rémunérée ou non, cette pratique recouvre la même réalité de réification du corps de la femme et de l’enfant.

    En parallèle, le Parlement portugais a élargi l’accès à la Procréation Médicalement Assistée (PMA) aux couples de lesbiennes et aux femmes seules. Les techniques de PMA consistent à féconder un ovule par un spermatozoïde par une intervention médicale, soit in utero par l’insémination artificielle, soitex utero par la Fécondation In Vitro. (Fiche Didactique IEB). Elles étaient jusqu’ici réservées aux couples hétérosexuels afin de garantir à l’enfant le droit d’avoir un père et une mère.

  • Brasménil, 22 mai : pèlerinage à sainte Rita

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    p5220194.jpgPèlerinage à Sainte Rita à Brasménil (Péruwelz) le 22 mai (source)

    Comme chaque année depuis plus de 30 ans, le Pèlerinage à Sainte Rita aura lieu le 22 mai, jour de sa fête liturgique.

    Cette année, la messe sera célébrée par Mgr Rudolf Michael Schmitz, ICRSP, provincial pour la France et la Belgique, le dimanche 22 mai à 15h à l’église de Brasménil (Belgique).

    A l’issue de la messe aura lieu la distribution des roses, de l’huile et des médailles de Sainte Rita.

    Oeuvre Sainte-Rita

  • "Nous sommes fatigués des promesses de ceux qui disent que Daesh va être éradiqué rapidement"

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    Du site de Famille Chrétienne via aleteia.org :

    Mgr Sharaf : « Nous sommes fatigués des promesses de ceux qui disent que Daesh va être éradiqué rapidement »

    L’archevêque syriaque orthodoxe de Mossoul, exilé au Kurdistan irakien depuis 2014, est en colère contre l'Occident qui se désintéresse du sort des minorités d’Irak.

    Mgr Nicodemus Daoud Sharaf est l’archevêque syriaque orthodoxe de Mossoul. Il entame une série de conférences en France pour témoigner de la situation de son Église.

    Famille Chrétienne : Quelle est la situation actuelle des Syriaques orthodoxes chassés de Mossoul en août 2014 ?

    Mgr Nicodemus Daoud Sharaf : Lorsque Daesh est arrivé à Mossoul, toute notre communauté a fuit vers le Kurdistan irakien. C’est à partir de là que certains ont commencé à émigrer vers la Turquie, le Liban ou bien la Jordanie. Aujourd’hui, il y a environ 6 500 familles syriaques orthodoxes déplacées au Kurdistan irakien. Elles se trouvent principalement à Erbil, mais aussi à Dohuk (au Nord) et à Kirkouk (au Sud). La moitié de ces familles vit dans des appartements partagés où une famille entière loge dans une chambre. Environ mille autres familles sont dans des caravanes. Enfin, le reste loue des appartements. Même si la sécurité est assurée au Kurdistan irakien, la vie y est difficile car il n’y a pas de travail et que le prix des loyers est élevé.

    Sentez-vous une amélioration depuis votre arrivée à Erbil ?

    La réalité n’a pas changé et nous supplions Dieu pour que notre situation s’améliore. Nous sommes fatigués des promesses de beaucoup de gens qui nous disent que Daesh va être éradiqué rapidement. Cela fera bientôt deux ans qu’ils ont pris Mossoul !

    Rester au Kurdistan irakien, est-ce une possibilité envisagée ?

    Le Kurdistan est aussi notre terre. Nous, chrétiens des origines, nous sommes les vrais habitants de l’Irak. Il n’y a pas de problème à demeurer au Kurdistan. Mais rester vivre dans la situation actuelle n’est pas acceptable. Que des familles vivent dans des caravanes ou bien dans une seule chambre d’appartement est insupportable. Nous avons besoin d’argent pour les aider à financer les loyers. Nous demandons également des soutiens pour construire des écoles et développer l’aide médicale.

    Avez-vous l’espoir de retourner un jour à Mossoul ?

    Dans l’état actuel des choses, un retour à Mossoul est évidemment impossible. Mais si Daesh part, cela ne voudra pas dire non plus que nous y retournerons ! Nous avons besoin de garantie, avoir l’assurance d’une sécurité forte et durable. Parce que nous avons déjà tout perdu et que nous ne voulons pas perdre davantage. En tant que chrétiens, nous n’avons pas les capacités et les armes pour combattre comme les autres. Nous sommes une minorité, et comme toutes les minorités, nous devons faire confiance aux lois du pays dans lequel nous vivons. Or, aujourd’hui, les lois ne garantissent rien.

    Quel regard portez-vous sur la politique de l’Occident au Moyen-Orient ?

    On ressent chez les Occidentaux une certaine cupidité diabolique. En politique internationale, ils ont toujours tout fait pour servir leurs propres intérêts. Regardez : l’Europe et les États-Unis mettent continuellement en avant leurs nouvelles technologies, et notamment, les qualités de leurs satellites. Ils disent même qu’ils peuvent lire l’étiquette d’un pull-over depuis l’espace ! Et comment peut-on croire qu’ils n’aient pas réussi à voir la montée de Daesh et la prise de Mossoul ? Qui peut croire que Daesh est né tout seul, comme par surprise ? Les Occidentaux cherchent toujours à tirer profit de la situation. Ici, c’est le pétrole qui gouverne tout.

    De l’autre côté, les élites irakiennes ne sont pas irréprochables. Il y a un vrai aveuglement, une certaine inintelligence de nos élites orientales dans les choix qu’ils opèrent et dans la manière de s’entendre. Alors, quand la cupidité occidentale rencontre la folie des orientaux, les premiers qui souffrent sont toujours les minorités.

    Cette tragédie qui touche les chrétiens d’Irak renforce-t-elle les liens entre les Églises orthodoxes et catholiques ?

    Le malheur qui nous frappe nous fait marcher vers l’unité. En arrivant à Mossoul, les hommes de Daesh ont chassé les chrétiens sans distinction. Alors pourquoi ferions-nous des distinctions entre nous ? L’ennemi a réussi à nous réunir ! À Erbil, je suis constamment en contact avec Mgr Petros Moshe, archevêque syrien-catholique de Mossoul, et Mgr Bashar Warda, archevêque chaldéen d’Erbil. Nous travaillons ensemble sur tous les sujets. Je vois que les fidèles sont très heureux de cette unité dans l’épreuve. En 1984, le pape Jean Paul II et le patriarche syriaque orthodoxe Zakka Ier Iwas s’étaient rencontrés et avaient signé un accord selon lequel ils affirmaient qu’il n’y avait pas de différence fondamentale entre les deux Églises mais des spécificités d’usages et de pratiques. Cette déclaration a permis à nos fidèles d’échanger et de prier les uns pour les autres. Car si les hommes de Daech nous ont tout pris, ils ne nous ont pas pris notre foi. Aujourd’hui en Irak, nous travaillons comme une seule Église chrétienne.

    Propos recueillis par Hugues Lefèvre

    Lire aussi : L'Occident-est-complice-du-genocide-qui-se-deroule-en-syrie/

  • Belgique : un refus d'euthanasie par une maison de repos jugé pour la première fois

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    Lu sur le site de 7 sur 7 :

    « La direction d'une maison de repos catholique située à Diest (Brabant flamand) devra comparaître mercredi devant le tribunal civil de Louvain pour avoir refusé l'accès à un médecin venu pratiquer une euthanasie. C'est la première fois en Belgique que la justice se penche sur un tel cas. Il met en lumière le manque de clarté de la loi.

    Mariette Buntjens, une femme de 74 ans en phase terminale d'un cancer métastasique à la maison de repos Sint-Augustinus, avait formulé sa demande d'euthanasie en 2011 et celle-ci était en ordre après une procédure longue de six mois. La maison de soins avait cependant refusé d'accueillir le médecin qui devait pratiquer l'acte dans ses murs. La patiente a dès lors dû être transportée à domicile afin de voir sa volonté exécutée.

    La famille a depuis lors attaqué l'établissement car sa décision a eu pour conséquence d'encore aggraver les souffrances physiques et psychiques de la patiente.

    D'après la loi de 2002 relative à l'euthanasie, "aucun médecin" ni "aucune autre personne" ne sont tenus de pratiquer ou de participer à une euthanasie. Mais la question de savoir si une institution peut refuser une euthanasie n'est pas clairement envisagée. Le verdict du tribunal civil de Louvain devrait donc faire jurisprudence. »

    Ref. un refus d'euthanasie par une maison de repos jugé pour la première fois

    Pour être précis, le droit à « l’objection de conscience » n’est garanti qu’aux personnes qui ont une conscience morale. Les institutions n’ont pas cette conscience ontologique. Cela étant, les institutions fondées sur des convictions morales ou religieuses ont le droit de fonctionner conformément à leurs convictions. En l’espèce, ce n’est pas vraiment le droit à l’objection de conscience qui est en cause, mais la combinaison de deux droits fondamentaux : le droit d’association, et le droit à la liberté de religion. Il sera en effet intéressant d’observer comment les juges se prononceront sur base de ces deux droits reconnus par la constitution belge et par les traités internationaux directement applicables auxquels la Belgique a souscrit et qu’elle a ratifiés.

    JPSC

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  • CRISPR-CAS9 : un nouveau dossier de l'Institut Européen de Bioéthique

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    Un nouveau dossier publié par l'Institut Européen de Bioéthique :

    CRISPR-CAS9 : quand l'Arlésienne refait surface ou le retour de la thérapie génique

    Elle a été portée dès le début des années ’80 par les premiers triomphes de la biologie moléculaire, attendue comme la solution nette et définitive par tous deux qui devaient leur pathologie à une mutation unique, par tous ceux dont le cancer semblait devoir son existence au dérapage d’un proto- ou d’un anti-oncogène ; et par extension, par tous ceux qui pensaient qu’on allait enfin se montrer maître d’un génome hérité sans choix de ses père et mère.

    Quelques essais fondateurs ont tourné court. Normal : on avait sans doute brûlé quelques étapes essentielles. Le succès devait être pour demain. Mais les lendemains successifs ont tardé à faire poindre les victoires attendues. Le temps a passé. La désillusion a grandi ; à tel point que la « thérapie génique » - puisque c’est d’elle qu’il s’agit – a été déclarée en état de mort clinique dans les toutes premières années du XXIe siècle. On avait rêvé. On y avait cru. On en avait parlé plus qu’on ne l’avait vu agir. Trop beau, trop complexe. Trop dangereux sans doute aussi. Et l’Arlésienne est repartie dans le maquis de l’illusion scientifique.

    Mais la recherche progresse ; dans les mille et une...

    Voir le DOSSIER CRISPR-Cas9 en ligne

  • Euthanasie : trois médecins belges accusent le Canada de ne pas respecter la conscience des médecins

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    EUTHANASIE : TROIS MÉDECINS BELGES ACCUSENT LE CANADA DE NE PAS RESPECTER LA CONSCIENCE DES PRATICIENS

     (genethique.org)

    Dans l’une des trois vidéos réalisées pour le Collectif Vulnerable – The Euthanasia Deception, trois médecins belges opposés à l’euthanasie accusent le Canada de ne pas respecter la conscience des médecins.

    Ils dénoncent la nouvelle loi canadienne, basée sur l’autonomie du patient qui veut mourir, qui nie le choix en conscience du médecin, de l’institution, de refuser de pratiquer l’euthanasie. Dans cette logique législative, tout médecin se voit contraint de pratiquer l’euthanasie. Pour le patient, la mort devient un droit, les alternatives n’ont pas à être présentées, même si la souffrance physique, qui peut être soulagée maintenant, n’est pas au cœur de la question.

    L’autonomie du patient est exaltée, mais celle du médecin refoulée constatent ces trois docteurs.

    Sources: Mercator, Michael Cook (16/05/2016)

  • Un plan de rationalisation des cultes qui risque bien d'esquinter l'Eglise de Belgique

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    Sur lalibre.be, Stéphane Tassin résume les propositions formulées par Pierre-Yves Jeholet, député et président du groupe MR au "parlement de Wallonie", pour rationaliser les cultes dans notre pays; des propositions qui ne laisseraient pas l'Eglise indemne :

    "Pourquoi ne pas fusionner les fabriques d’églises?"

    Pierre-Yves Jeholet (MR) veut ouvrir le débat sur la gestion des cultes au Parlement wallon.

    Pour son premier rapport d’initiative parlementaire (permis par le nouveau règlement du Parlement wallon), le chef du groupe MR, Pierre-Yves Jeholet s’attaque à un sujet sensible : les cultes. Son rapport, rédigé avec l’aide de Caroline Sägesser (ULB) et Jean-François Husson (ULg), propose un état des lieux de la gestion des différents cultes reconnus en Wallonie. "Il faut savoir que certaines dispositions sont réglées par des lois datant de 1809" , précise Pierre-Yves Jeholet. Celui qui est aussi bourgmestre de Herve veut sensibiliser ses collègues à la situation rencontrée par les pouvoirs locaux, confrontés à de multiples problèmes en la matière : entretien du bâti, reconnaissance des mosquées, membres vieillissants de fabriques d’églises, enjeux budgétaires, etc. Ce rapport sera très prochainement discuté en commission du Parlement wallon. "Je veux éviter les clivages. Je propose quelques pistes qui sont ouvertes à discussion."

    La tutelle et le financement. M. Jeholet propose de regrouper la tutelle et le financement à un seul niveau de pouvoir. Les pratiques et les interventions actuelles sont différentes d’une commune ou d’une province à l’autre. Il y a par exemple un manque de visibilité des autorités locales sur les mosquées. Ces dernières étant financées par la province.

    La rationalisation des lieux de culte. "De l’avis même des représentants du culte catholique, essentiellement concerné par cette mesure, il faut réduire le nombre de lieux de culte" , explique Pierre-Yves Jeholet, qui propose par exemple des affectations partagées, l’utilisation par un autre culte, etc.

    La reconnaissance des communautés cultuelles locales. Le rapport propose une nouvelle procédure visant la reconnaissance et le financement public pour une communauté qui souhaiterait être reconnue. Une procédure en deux étapes (reconnaissance et financement) est proposée. Précisons que Paul Furlan, le ministre PS en charge de cette compétence, prépare un décret allant dans ce sens.

    Le regroupement des établissements. En prenant l’exemple de Tournai où les différentes fabriques d’églises se sont regroupées, M. Jeholet imagine de généraliser une telle expérience pour répondre notamment aux problèmes de vieillissement rencontrés chez les bénévoles qui gèrent les fabriques d’églises mais également pour des raisons de planification budgétaire à plus grande échelle.

    Les interventions budgétaires publiques. Le député vise ici, notamment, les logements mis à disposition des ministres du culte. Si actuellement la situation ne fixe pas de règles précises en termes de montants octroyés pour le logement d’un ministre du culte, par exemple, Pierre-Yves Jeholet considère qu’il serait bien de fixer un cadre précis.

    Voir le rapport dans son intégralité

    Voir la synthèse de ce rapport

  • Le Vatican de François abandonne-t-il les catholiques chinois au parti communiste ?

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    CINA_Zen_Ze-kiun.jpgLe cardinal Zen Ze-kiun n'a jamais hésité à dénoncer les atteintes à la liberté religieuse mises en œuvre par Pékin. Depuis Hongkong, il répond aux questions de Famille Chrétienne :

    " À 84 ans, le cardinal Zen Ze-kiun est un homme libre. Évêque émérite de Hongkong – un diocèse qu’il a dirigé de 2002 à 2009 –, il est devenu la « conscience » de cette ancienne colonie britannique retournée en 1997 sous le drapeau chinois.

    Originaire de Shanghai – une ville que ses parents ont fuie en 1948, juste avant la prise du pouvoir par les communistes –, il connaît parfaitement les réalités de l’Église en Chine. Et il ne s’est jamais privé de dénoncer les atteintes à la liberté religieuse mises en œuvre par le Parti communiste chinois.

    Très critique ces dernières années des négociations menées par le Saint-Siège avec Pékin, le cardinal irrite jusqu’à Rome. 

    Quelle est la portée du geste posé par Mgr Ma Daqin le 7 juillet 2012, à Shanghai, en quittant l’Association patriotique sous tutelle de l’Etat le jour de son ordination ?

    Dans sa Lettre aux catholiques de Chine de 2007, le pape Benoît XVI a nettement dit que les principes qui sont à la base de l’Association patriotique sont inacceptables pour l’Église catholique.

    Afin de se tenir informé des réalités de l’Église de Chine, il avait mis sur pied au Vatican une « Commission Chine » réunissant différentes personnes – dont j’étais. Lors de nos rencontres, nous étions arrivés à la conclusion que, après des années de patience où nous avons attendu que l’Association patriotique change de l’intérieur, il était temps de dire clairement que cette instance était inacceptable pour les catholiques. Pour moi, Mgr Ma n’a donc fait qu’agir selon ce que le Saint-Siège demande.

    Malheureusement, quand Mgr Ma a agi comme il l’a fait en juillet 2012 à Shanghai, il n’a pas reçu de soutien explicite de la part du Saint-Siège. J’aurais aimé alors que le pape fasse une déclaration, par exemple, pour dire simplement qu’il était soucieux du sort de Mgr Ma. Le simple fait pour le pape de mentionner Mgr Ma aurait suffi pour que Pékin comprenne que le Saint-Siège était derrière lui.

    De ce fait, la portée du geste posé par Mgr Ma est, pour certains sur place, à Shanghai et en Chine, moins claire : le Vatican soutient-il vraiment ce genre d’initiative ? Alors que, lors des réunions de la Commission vaticane pour l’Église en Chine, nous avions été très clairs sur le fait que le temps de la tolérance était révolu.

    J’admire vraiment ce qui s’est passé à Shanghai. Le geste de Mgr Ma a pour moi une portée exemplaire, prophétique, et pourrait être le début d’un mouvement de fond pour l’Église en Chine.

    Le courage d'un évêque

    7 juillet 2012, cathédrale de Shanghai, Mgr Thaddée Ma Daqin vient d’être ordonné évêque et prend la parole : « Je me souviens de ce que notre sainte Mère l’Église m’a rappelé récemment : quand tu auras reçu le ministère épiscopal pour seconder Mgr Jin [Luxian], il faudra consacrer toutes tes énergies au ministère épiscopal et au travail d’évangélisation, et il sera gênant de continuer d’assumer certaines responsabilités. C’est pourquoi à partir de ce moment de mon ordination, il n’est désormais plus souhaitable pour moi d’être membre de l’Association patriotique. » Stupeur dans les rangs des représentants des autorités, mais longue et vibrante ovation de l’assistance qui applaudit sans retenue. En posant ce geste, Mgr Ma est le premier évêque « officiel » à ainsi publiquement annoncer qu’il quitte l’Association patriotique. Âgé de 47 ans, originaire d’une famille de la communauté « clandestine », il a fait ses études au séminaire « officiel » de Sheshan. Dans les années 2000, lorsqu’il est évident que les évêques « officiel » et « clandestin » de Shanghai – Mgr Jin Luxian et Mgr Fan Zhongliang – approchent de leur mort, Rome leur demande de se mettre d’accord sur un successeur. À Mgr Xing Wenzhi, nommé par Benoît XVI en 2005, mais écarté en 2011 par les autorités chinoises, succède Mgr Ma Daqin en 2012 jusqu’à son ordination épiscopale. Il est depuis ce jour empêché de gouverner son diocèse.

    Près de quatre ans après, quelle est la situation à Shanghai ?

    Le Saint-Siège, Mgr Jin Luxian [l’évêque « officiel » de Shanghai, décédé le 27 avril 2013 à l’âge de 96 ans] et Mgr Ma étaient tous très conscients que sa démission de l’Association patriotique poserait de grandes difficultés. Je pense que la décision n’a pas dû être facile à prendre pour Mgr Jin.

    Vous devez savoir qu’à Shanghai, les deux administrations qui ont à voir avec l’Église sont le Bureau des Affaires religieuses et la Sécurité publique. Le Bureau des Affaires religieuses a toujours été contre l’Église, agissant pour créer des problèmes, des difficultés à l’Église. La Sécurité publique avait des rapports bien plus cordiaux avec Mgr Jin. Celui-ci a donc dû planifier tout cela dans la plus grande discrétion, et ils n’ont pas réalisé ce qui se tramait. Ils ont donc été très surpris, se sont sentis offensés, car ils ont perdu la face.

    Pour autant, depuis, les autorités chinoises n’ont pas osé « faire » un nouvel évêque pour combler l’absence actuelle d’évêque en position de gouverner. Cela signifie que lorsque le clergé reste uni, le gouvernement se montre très prudent et ne peut agir à sa guise. Ils ont certainement essayé de convaincre tel ou tel d’accepter de devenir évêque à la place de Mgr Ma, mais personne n’a accepté, et ils n’ont pas osé non plus nommer quelqu’un qui viendrait d’un autre diocèse.

    Nous sommes certes pour l’heure dans une impasse, car ni le gouvernement ni l’Église ne veulent « perdre la face », mais c’est le prix à payer pour sortir de l’ambiguïté.

    Quelle issue désormais peut-on entrevoir pour le diocèse de Shanghai ?

    L’impasse n’est pas qu’à Shanghai. C’est toute l’Église en Chine qui se trouve dans une impasse. La situation présente est objectivement parlant celle d’une Église « officielle » qui se trouve en situation schismatique. L’Association patriotique ne peut pas être acceptée, et ceux qui travaillent avec elle – qu’ils le fassent bon gré ou mal gré – se placent dans une situation schismatique.

    Je comprends que le gouvernement ne veuille pas « perdre la face » dans cette affaire, mais nous non plus, nous ne pouvons nous asseoir sur nos principes ! Si donc, aujourd’hui, il n’y a pas de possibilité de sortir de l’impasse sans renier nos principes, alors nous devons en rester là où nous en sommes actuellement. Pourquoi vouloir sortir de l’impasse à tout prix ?

    En juillet 2012, Mgr Ma a posé un geste fort. Il serait insensé de revenir en arrière. Certes, il est très difficile pour un diocèse de ne pas avoir d’évêque, et de très nombreuses activités sont actuellement gelées. Tout le monde est dans l’expectative, et c’est une situation douloureuse et dangereuse, mais nous n’avons pas le choix.

    Ma position est que nous devons affirmer clairement nos principes, nous ne pouvons les renier pour avoir… Pour avoir quoi exactement ? Récolter une Association patriotique toujours plus puissante et une Église au final qui est schismatique ? Est-ce cela que nous voulons ?

    Peu avant le Nouvel An chinois, le pape François a donné un entretien, publié à Hongkong, au sujet de la Chine. Comment avez-vous accueilli ses propos ?

    Tout le monde admire les efforts déployés par le pape. Il fait preuve de tant de bonne volonté dans l’expression de son désir de se rendre un jour en visite en Chine. Mais je ne peux pas cacher que j’ai été déçu par cette interview, car la religion a été exclue du champ de l’interview : comment imaginer interviewer le pape et ne pas parler de religion ?

    Le pape parle de culture. Très bien. J’entends des personnes dire qu’il met ses pas dans ceux du jésuite Matteo Ricci, auteur en 1595 d’un Traité de l’amitié à l’adresse des Chinois et de l’empereur. De grâce, laissez Matteo Ricci en paix ! Matteo Ricci avait affaire à un empereur. Nous avons affaire à un Parti communiste. Chacun sait que les communistes chinois ont piétiné plus que n’importe qui la culture. Ils ne défendent que la culture socialiste.

    De même, le pape dit qu’il ne faut pas avoir peur de la Chine. Mais, ici, à Hongkong, les gens rient lorsqu’ils lisent cela. Rome est loin de la Chine, nous en sommes tout près ici, et tous, nous avons peur. Alors, pourquoi donner une telle interview ?

    La réponse de Pékin est venue, très claire : les journaux chinois officiels ont répondu : « Nous voulons des faits », autrement dit : « Rendez les armes ! Soumettez-vous aux demandes de Pékin ! » Et on peut bien comprendre pourquoi la Chine n’a aucune raison de faire des compromis. Ils dominent la partie « officielle » de l’Église et maintenant, ils veulent que l’autre partie, la partie « clandestine », se fonde dans la partie « officielle ». Et ils veulent que le Saint-Père donne sa bénédiction à l’Association patriotique !

    Mais la politique du kowtow, à savoir s’abaisser devant le pouvoir central chinois, ne peut porter de bons fruits. Le pape parle d’adopter une attitude humble. Très bien, l’humilité est une vertu cardinale, mais il ne faut pas le faire en abandonnant toute dignité, la dignité de notre foi, la dignité de l’Église. Nous ne devons pas « faire kowtow ». Or, je pense que cette interview ne peut que convaincre le pouvoir chinois à Pékin que le Saint-Siège est prêt à tout pour parvenir à un accord.

    On entend dire qu’en décembre 2016, le gouvernement chinois va convoquer à Pékin l’Assemblée nationale des représentants catholiques. Comment l’interpréter ?

    La tenue de cette assemblée serait le signe le plus éclatant que nous sommes en présence d’une Église schismatique. J’espère que le Saint-Père ne se fait pas d’illusions, mais à Rome, ceux qui négocient ne comprennent pas les communistes chinois. Cela renvoie à l’Ostpolitik (1), qui certes avait trait aux négociations entre Rome et les régimes communistes d’Europe de l’Est et en Russie. Certains à Rome se scandalisent que j’en parle pour qualifier les négociations avec Pékin. Mais je dois rappeler ici que l’Ostpolitik a été un échec. Les Églises en Europe de l’Est n’ont pas gagné une once de liberté grâce aux négociations menées par Rome. Elles ont eu la liberté quand le Rideau de fer est tombé. Alors, comment militer aujourd’hui pour une Ostpolitik en direction de la Chine ? Pourquoi reprendre des méthodes qui ont pourtant fait la preuve de leur inefficacité ?

    Les personnes qui n’ont pas vécu sous un système dictatorial ne peuvent pas comprendre. Jean-Paul II avait vécu sous le nazisme et le communisme, il comprenait. Le pape actuel vient d’Amérique du Sud, et ces pays ont eux aussi connu des dictatures dominées par les militaires, les classes riches et l’impérialisme américain. Les gens ont souffert sous ces régimes et ils se sont tournés vers le marxisme, qui avait là un « marché » à prendre. Même parmi les catholiques, la tentation a été forte, avec la théologie de la libération.

    Pour sûr, le Père Bergoglio à l’époque n’a jamais fait sienne la théologie de la libération, mais on peut penser que lui et ses amis jésuites ont eu à souffrir des régimes militaires. Dès lors que vous vouliez aider les pauvres, vous étiez soupçonnés, accusés d’être communiste. Il est donc naturel que le pape ait une certaine sympathie pour les communistes, car il n’a connu que le communisme persécuté sous la botte des militaires. Mais il n’a pas connu les communistes qui ont tué des millions et des millions d’innocents. Il n’a pas connu ces communistes-là ! Et, à Rome, ils ne connaissent pas la Chine, ils ne parlent ni ne lisent le chinois, ils n’ont pas pratiqué les communistes chinois.

    Mes craintes sont donc fortes, même si le Saint-Père n’a pas encore pris position clairement [au sujet du « dossier chinois »]. J’ai très souvent écrit au pape François. Ce que j’espère, c’est qu’il écoute, qu’il écoute tout le monde, tous ceux qui ont des avis divergents sur cette question des rapports avec la Chine. Mais je ne cache pas que la situation actuelle est lourde de dangers, car il y a tant de gens autour de lui qui poussent à conclure un accord avec Pékin. Des personnes qui ne rêvent qu’à une chose : pouvoir dire enfin, urbi et orbi, qu’un accord a été conclu avec la Chine !

    Est-il envisageable que Pékin amende sa politique religieuse ?

    Comment la Curie romaine pourrait-elle penser qu’elle aboutira à un accord pour les catholiques chinois alors que les autres religions restent soumises au contrôle du gouvernement ? C’est une illusion.

    Quand il n’y a pas de dialogue, paradoxalement, vous pouvez tolérer beaucoup de choses. Il y a eu ainsi, les années passées, des ordinations épiscopales pour des évêques qui avaient été acceptés par les deux parties, Rome et Pékin. Chacun disait avoir donné son accord, tout en prétendant ignorer ce que faisait ou disait l’autre partie. Tant que les choses étaient laissées dans un certain flou, vous pouviez vous satisfaire de la situation, mais du moment où vous fixez les choses dans un document, fruit d’une négociation, l’équivoque n’est plus possible. Or, il n’y a aucun signe que Pékin va changer.

    Un temps, je me suis dit que la situation pourrait s’améliorer avec le nouveau président Xi Jinping [au pouvoir depuis fin 2012]. Je me disais que peut-être qu’une fois qu’il aurait tous les leviers du pouvoir en main, il ferait bouger les choses dans un sens positif. Mais ce « peut-être », je le crains, était une illusion ! Le pouvoir se raidit de toutes parts.

    Un prêtre de Chine continentale, mort récemment dans des circonstances non élucidées (les autorités disent qu’il s’est « suicidé », mais sans rien apporter à l’appui de leurs dires), a écrit qu’il n’y avait aucun espoir que la situation s’améliore dans un proche avenir. Il ajoutait qu’il fallait donc attendre. Selon lui, l’Église pouvait attendre. L’Église primitive a bien attendu trois cents ans pour convertir l’empire romain ! Mais ce qu’il nous est impossible de faire, c’est de nous trahir nous-mêmes.  

    Vers un accord avec le Saint-Siège ?

    Le 27 avril, à l’issue de l’audience générale du mercredi, des prêtres chinois en visite à Rome saluent le pape François et lui disent leur désir de le voir en Chine. « Oui, oui, j’aimerais venir », leur répond-il, réitérant là sa volonté souvent exprimée d’être au plus proche des catholiques de Chine. Une visite du pape à Pékin est-elle pour autant envisageable ? Rien n’est moins sûr, tant la méfiance des dirigeants chinois envers l’Église est forte. Témoins de l’effondrement du communisme en ex-URSS, ils savent très bien le poids qu’a pesé Jean-Paul II dans la chute du Rideau de fer. Même si la Chine d’aujourd’hui – avec à peine 1 % de catholiques – ne peut être confondue avec la très catholique Pologne, les communistes chinois savent leur pouvoir fragile. Pourtant, des contacts existent entre le Saint-Siège et la Chine, et il semble même qu’ils s’accélèrent. En juin 2014, une délégation chinoise était à Rome pour rencontrer de hauts responsables de la Curie. En octobre 2015, c’était au tour d’une délégation vaticane d’aller dans la capitale chinoise. En janvier de cette année enfin, une délégation chinoise était à Rome. Dernièrement, fin avril, une délégation du Vatican était à Pékin.

    Juin 2014, octobre 2015, janvier 2016, avril 2016 : les visites se suivent, le rythme s’accélère, mais… rien ne filtre. Aucune communication officielle tant de la part de Rome que de Pékin sur le contenu de ces négociations. Ce 4 mai toutefois, dans le Corriere della Serra, le cardinal Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, a évoqué des « perspectives prometteuses », les deux parties cherchant à « trouver ensemble des solutions aux problèmes de la présence de l’Église catholique dans ce pays immense » ; Mais il n’a pas caché qu’une des caractéristiques du « dialogue avec la Chine » était qu’il connaissait « des hauts et des bas ».

    Pour le Saint-Siège, l’enjeu est clair : à l’heure où la Chine connaît des mutations sociales profondes, où l’Église locale voit disparaître la génération des évêques qui ont aujourd’hui 90 ans et plus, le pape doit nommer de nouveaux évêques, souvent jeunes, qui seront aux commandes pour les années à venir. Avec ces nominations, Rome veut favoriser l’unité de l’Église en donnant, pour chaque diocèse, un évêque unique aux communautés « officielles » et « clandestines ». Il s’agit aussi d’obtenir de Pékin des garanties quant à la liberté de fonctionnement et d’organisation de l’Église en Chine. À ce jour, les évêques n’ont en effet strictement aucune liberté pour se réunir. Pour Pékin, un accord avec le Saint-Siège permettrait sans doute d’obtenir que la nonciature, qui est à Taipeh (Taïwan) depuis 1952, revienne sur le continent, en Chine populaire. Ce serait un succès diplomatique certain, le Saint-Siège étant le seul État d’importance à – encore – entretenir des relations diplomatiques avec Taipeh. Mais on voit mal aujourd’hui que la Chine accorde à l’Église catholique une véritable autonomie de fonctionnement, autonomie qui est refusée à toutes les autres religions présentes en Chine ainsi qu’à la société civile dans son ensemble. Les 22 et 23 avril, le président Xi Jinping a présidé une réunion au sujet de la politique religieuse, et il y a réitéré une vieille antienne des communistes chinois, à savoir que le pays « devait résolument se prémunir contre toute infiltration étrangère menée au nom de la religion ». Sous la langue de bois, c’est bien l’Église qui est visée dans son lien à Rom

    Régis Anouil »

    Régis Anouil est rédacteur en chef d’Eglises d’Asie, l’agence d’information des Missions étrangères de Paris (MEP)

    • Dans les années 1960-1970, le Saint-Siège – via le cardinal Casaroli, architecte de l’Ostpolitik – entame des négociations avec les régimes communistes d’Europe de l’Est pour tenter d’organiser un espace de liberté pour les Églises locales, persécutées. L’élection de Jean-Paul II en 1978 marquera la fin de l’Ostpolitik, le pape s’attachant à encourager les Églises locales face au communisme."

    Ref. Le Vatican de François abandonne-t-il les catholiques chinois au part  communiste ?

    JPSC 

  • Laïcité de l'Etat : d'après Wouter Beke, nous serions en présence d'un agenda des Loges

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    Lu sur lalibre.be :

    Wouter Beke et la laïcité de l'Etat: "Nous sommes en présence d'un agenda des loges"

    Faut-il ajouter un préambule à notre Constitution dans lequel on rappellerait nos valeurs fondamentales, comme le voudraient le PS, le MR et l'Open VLD? Pour rappel, la N-VA le refuse et souhaite simplement modifier l'article 21 de la Constitution en ajoutant "Personne ne peut, sur la base de motifs religieux ou idéologiques, se soustraire aux normes juridiques, ni limiter les droits et libertés d’autrui". Wouter Beke, président du CD&V, explique sa position dans une interview au magazine Knack.

    Toute la question est là : est-ce que les termes "laïcité" ou "neutralité" devraient être inscrits dans la Constitution? Pour Wouter Beke, président d'un parti prônant des valeurs chrétiennes, la réponse est claire. "La question de savoir si tout un chacun partageait nos valeurs s'est transformée en une question sur la foi. Mais la radicalisation des jeunes ne s'est pas passée dans une mosquée. Les prédicateurs sont venus contacter les jeunes via Internet".

    Il poursuit en pointant du doigt une intention de la franc-maçonnerie belge : "Soyons clairs, nous sommes confrontés à un agenda des loges. Tout à coup, un Etat laïque à la française doit être introduit en Belgique. Mais l'Etat laïque français n'a quand même pas pu empêcher les attentats terroristes à Paris, si? Certains veulent utiliser ce préambule pour mettre en oeuvre l'agenda anti-religieux des loges, certains pour importuner les musulmans, d'autres pour harceler les nationalistes flamands. Selon moi, les valeurs de la Belgique sont précisément les mêmes que les valeurs européennes. Pourquoi ne prenons-nous pas juste le préambule de la Constitution européenne?"

    Le CD&V et le CDH craignent qu'en cas d'introduction d'une laïcité à la française chez nous, l'enseignement catholique (réseau libre) et les cultes ne soient, comme en France, plus financés par l'Etat.

  • Notre-Dame de Chrétienté : mais qu’est-ce qui les fait marcher ?

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    Vu sur le blog « salon beige »:

    Voir par ailleurs : Le pape François au journal « La Croix » : les racines de l’Europe sont plurielles

    JPSC