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  • Vietnam : le diocèse de Xuan Loc enterre 700 fœtus avortés dans la ville de Bien Hoa

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Le diocèse de Xuan Loc enterre 700 fœtus avortés dans la ville de Bien Hoa

    03/02/2023

    Le dimanche 29 janvier à Bien Hoa, dans le diocèse de Xuan Loc (dans le sud-est du Vietnam), le père Joseph Nguyen Van Tich, du comité pro-vie diocésain, a célébré l’enterrement de 700 fœtus en présence de plusieurs milliers de militants et volontaires. Selon le groupe, qui a débuté ses activités en 2011, le cimetière compte plus de 62 000 enfants non nés. « Les enterrer, c’est demander pardon pour la peine et la souffrance que nous leur faisons endurer, et c’est aussi prier pour la sécurité des autres enfants », a confié le père Tich.

    Le 29 janvier dans l’église de Bac Hai, le père Joseph Nguyen Van Tich (à gauche) et le père Vincent Nguyen Minh Tien bénissent des fœtus morts avant leur enterrement.

    Dimanche 29 janvier, un groupe pro-vie du diocèse de Xuan Loc a célébré une messe spéciale de requiem et l’enterrement de 700 fœtus avortés dans l’église de Bac Hai, dans la ville de Bien Hoa (dans le sud-est du Vietnam). Les participants se sont également engagés à sensibiliser la nation communiste sur la dignité humaine, alors qu’on compte de nombreux jeunes parmi les demandes d’avortement dans le pays.

    Plusieurs centaines de militants pro-vie de différentes confessions étaient présents. Le cimetière compte plus de 62 000 enfants non nés. Avant les enterrements, les fœtus morts ont été nettoyés avec de l’alcool et enveloppés dans du linge blanc. Ils ont aussi reçu un nom et ont été disposés dans l’église avec des fleurs, afin de permettre aux gens de prier pour eux.

    « Enterrer des fœtus, c’est demander pardon aux enfants non nés pour la peine et la souffrance que nous leur faisons endurer, et c’est aussi prier pour la sécurité des autres enfants », explique le père Joseph Nguyen Van Tich, qui a concélébré la messe avec le père Vincent Nguyen Minh Tien.

    Même si les habitants ont pris dix jours de congé pour célébrer la fête du Têt (le Nouvel an lunaire) en janvier, les interruptions prématurées de grossesses n’ont pas cessé et les volontaires ont collecté près de 700 fœtus le mois dernier dans les cliniques et hôpitaux de la région, précise le père Tich.

    Près de 300 000 avortements par an au Vietnam

    Le pays asiatique, qui compte près de 99,4 millions d’habitants, enregistre un triste record avec environ 300 000 avortements par an, dont une majorité de filles âgées entre 15 et 19 ans. Parmi elles, entre 60 et 70 % sont toujours scolarisées, selon les études. Les volontaires du groupe vietnamien expliquent collecter entre 700 et 1 500 fœtus par mois, dont des enfants mort-nés, selon le père Tich, qui a lancé ces activités pro-vie au Vietnam en 2011.

    Le prêtre souligne que le groupe diocésain a aussi sauvé plusieurs centaines d’enfants de l’avortement et fourni un logement sûr à plus de 2 000 mères célibataires, abandonnées par leurs partenaires et leurs proches pour avoir refusé de mettre fin à leur grossesse.

    Au Vietnam, les avortements en début de grossesse ont été déclarés comme un droit des femmes dans le cadre de la loi de 1989 sur la santé. Plus de 14 millions d’habitants du Vietnam – le troisième pays le plus peuplé d’Asie du Sud-Est – sont âgés entre 10 et 19 ans, ce qui représente près de 14,4 % de la population. Selon une étude menée en 2021 pour les Objectifs de développement durable des Nations unies, on comptait un avortement pour mille filles de 15 à 19 ans au Vietnam en 2021.

    Le père Tich explique que le comité pro-vie du diocèse offre également un soutien psychologique et spirituel à ceux qui ont été impliqués dans un avortement. Le prêtre note toutefois qu’il est triste que des parents paient des soignants pour supprimer leurs enfants. Durant les enterrements, le 29 janvier, il a insisté sur le fait que l’interruption volontaire de grossesse est un crime grave contre l’humanité.

    (Avec Ucanews)

  • Un pape a-t-il jamais entendu le récit de telles atrocités ?

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via Il Sismografo :

    En Afrique, le Pape François «sous le choc» des violences subies et racontées par de jeunes rescapés

    1er février 2023

    Mercredi, le chef de l'Église catholique, en visite en République démocratique du Congo, a rencontré des jeunes victimes des conflits qui ravagent l'est du pays depuis trois décennies. -- Mercredi, le chef de l'Église catholique, en visite en République démocratique du Congo, a rencontré des jeunes victimes des conflits qui ravagent l'est du pays depuis trois décennies. 

    Un pape a-t-il jamais entendu le récit de telles atrocités ? Mercredi, à la nonciature de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, François a reçu une délégation de victimes. Il devait initialement les rencontrer à Goma, ville du Nord-Kivu, à l'est du pays mais l'insécurité qui y règne l'a empêché de célébrer la messe prévue dans un camp de réfugiés. De fait, les témoignages de victimes entendus en direct par François ont donné une idée aussi précise que terrible de l'insoutenable terreur qu'ils ont vécue. 

    Ladislas Kambale Kombi, 17 ans, raconte comment son «grand frère a été tué» puis, ajoute : «mon père a été tué en ma présence (…) par des hommes en pantalon training et chemise militaire». Le jeune homme se souvient : «depuis ma cachette, j'ai suivi comment ils l'ont découpé en morceaux, puis sa tête tranchée a été placée dans un panier». Il dit ne plus dormir et «ne pas comprendre une telle méchanceté, cette brutalité quasi animale». La voix nouée, il assure avoir « pardonné à (nos) bourreaux». Léonie Matumaini, encore à l'école primaire, ajoute : «Tous les membres de ma famille ont été tués en ma présence». 

    Le témoignage de Bijoux Makumbi Kamala, est ensuite lu par son amie. Elle raconte comment elle a été « violée comme un animal» pendant 19 mois par le chef de la bande de «rebelles» qui l'avait kidnappée. Elle relate que «les enfants» dont les parents ont été tués «sont exploités dans les mines», les filles subissant «le calvaire des violences sexuelles». 

    L'abbé Guy-Robert Mandro Deholo, dont les mains ont été «mutilées», lit le témoignage de Désiré Dhetsina, disparu aujourd'hui : «j'ai vu la sauvagerie, des gens découpés comme on découpe la viande à la boucherie», des «femmes mutilées sans aucune raison». Deux d'entre elles lèvent leur bras… Sans main. Silence de mort dans l'assistance. 

    Enfin, Aimée, lit un dernier témoignage, celui d'Emelda M'karhungulu, «retenue comme esclave sexuelle», qui raconte : «on nous faisait manger la viande des hommes tués.» Celui qui refusait, «on le découpait et on nous le faisait manger». Mais elle termine contre toute attente : «nous pardonnons à nos bourreaux tout ce qu'ils nous ont fait». 

    Le reflet glaçant des lames 

    Ces récits atroces se terminent par le dépôt, devant une croix du Christ placée à la droite du pape, d'instruments identiques à ceux qui ont blessé ou tué : machette, couteaux, marteau, lance, hachoir… Le reflet des lames posées à même le carrelage est glaçant. En quarante voyages pontificaux, peu de scènes n'auront été aussi poignantes. 

    Toutes ces victimes ont moins de trente ans. L'âge de ces violences et guerres multiples dans l'Est de la RDC, zone ravagée par la convoitise de l'extrême richesse des sous-sols et de ses minerais rares. Selon les estimations, il y a eu entre cinq et dix millions de morts, à la 2e place du classement de l'horreur de ce continent après le génocide du Rwanda. 

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  • "L'héritage de Benoît" : un nouveau livre de Peter Seewald

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    De Petra Lorleberg sur Kath.Net/News :

    "Pape Benoît, qu'est-ce qui vous console ?" - "Que Dieu garde tout entre ses mains".

    2 février 2023

    Interview kath.net de Peter Seewald à propos de la parution aujourd'hui du nouveau livre "L'héritage de Benoît" -

    Benedikts Vermächtnis: Das Erbe des deutschen Papstes für die Kirche und  die Welt : Seewald, Peter: Amazon.de: Bücher

    Monsieur Seewald, votre nouveau livre est en quelque sorte un compendium de votre biographie de Joseph Ratzinger/ Pape Benoît XVI. Avec votre ouvrage de base sur la vie de ce pape et notamment grâce à vos recueils d'entretiens avec lui, vous avez ouvert une fenêtre sur un regard intense sur le devenir et l'action de ce pape.

    Peter Seewald : "L'héritage de Benoît" est en effet un compendium ; un livre pour les lecteurs qui veulent s'informer de manière compacte sur le parcours, la personne et l'importance du pape allemand. En fait, je ne voulais rien faire de plus. Mais Tim Jung, l'éditeur de Hoffmamn und Campe, m'a convaincu de l'idée d'atteindre d'autres cercles de lecteurs avec un livre moins volumineux, sous forme de dialogue narratif, après ma grosse biographie du pape. C'est important. Dans le débat sur l'interprétation de Benoît XVI, il faut de la compétence matérielle.

    Avec votre travail de journaliste, vous vous placez sur un pied d'égalité avec des historiens de l'Eglise comme Ludwig von Pastor et Hubert Jedin, malgré certaines différences. Est-ce que ce sont des spécialistes comme vous qui ouvrent aujourd'hui aux gens ce que les théologiens faisaient autrefois ?

    Peter Seewald : Oh là là, c'est beaucoup trop ambitieux. Je ne suis qu'un journaliste à qui l'on a confié une tâche précise. Le défi est de transmettre les choses de la foi à partir de la compréhension de la foi, et de le faire sous une forme que l'on comprend, qui soit lisible et passionnante.

    Les théologiens sont indispensables s'ils font vraiment de la théologie. Une théologie à l'écoute, qui transmet la parole de Dieu dans le langage et avec les connaissances de l'époque, mais aussi fidèlement à la doctrine. Aujourd'hui, la plupart des théologiens qui se pressent sur la scène publique ne voient le mystère chrétien que comme un projet académique, comme l'a fait remarquer un jour Benoît XVI, qui n'a rien à voir avec leur vie. Ratzinger a passionné ses étudiants pour les mystères et la vérité de la foi. Je doute qu'on puisse en dire autant de son successeur actuel à son ancienne chaire de Münster. Cela devient particulièrement gênant lorsque de telles personnes reprochent à quiconque s'exprime ne serait-ce qu'une seule fois en faveur du pape allemand de vouloir construire des légendes et un mythe, alors qu'elles n'ont elles-mêmes rien fait d'autre que de peindre au public une image hideuse de l'ennemi en ce qui concerne Benoît.

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  • L'avortement libre et sans limite entre en vigueur au Minnesota

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    De gènéthique.org :

    Minnesota : l’avortement sans limite entre en vigueur

    2 février 2023

    Mardi, le gouverneur du Minnesota, Tim Walz, a signé une loi visant à « protéger » l’avortement et la contraception.

    Ce texte, baptisé « PRO Act » pour « Protect Reproductive Actions », dispose que « chaque individu a le droit fondamental de prendre des décisions autonomes concernant sa propre santé reproductive ». Un terme qui englobe l’avortement et la contraception.

    L’avortement est désormais possible « pour n’importe quelle raison pendant les neuf mois de la grossesse », indique la sénatrice Julia Coleman qui s’est opposée au projet. S’il s’agit de mineures, aucun consentement parental n’est requis. Les parents n’ont pas même l’obligation d’être informés, que leur fille subisse un avortement ou une stérilisation.

    La Maison blanche a salué la signature de cette nouvelle loi.

    Aucune concession

    Dans le Minnesota, les démocrates détiennent le contrôle des deux chambres. Les représentants ont adopté le texte par 69 voix contre 65 il y a environ deux semaines, le Sénat samedi dernier, avec 34 votes favorables. 33 sénateurs s’y sont opposés au terme de 15 heures de débat.

    Les républicains ont tenté d’amender le projet à 35 reprises. En vain à chaque fois. Ils ont proposé d’interdire l’avortement au cours du troisième trimestre sauf en cas de danger pour la vie de la femme enceinte, d’interdire l’avortement uniquement en raison du sexe ou du handicap du fœtus, ou de rétablir l’information des parents de mineures.

    « Nous avions même des amendements disant que si l’on veut avorter à un stade avancé, il faut le faire dans un hôpital pour la sécurité de la femme », indique Julia Coleman. Tous ont été rejetés.

    Des restrictions jugées inconstitutionnelles

    En 1995, une décision de la Cour suprême du Minnesota connue sous le nom de Doe v. Gomez, avait établi que « la Constitution de l’Etat protège le droit à l’avortement ».

    En outre, l’été dernier, un juge du tribunal de district a déclaré inconstitutionnelles « plusieurs restrictions mises en place par les législatures précédentes ». Parmi elles, le délai de réflexion de 24 heures avant de subir un avortement, ou encore l’obligation d’informer les parents de mineures.

  • Controverse sur l'avortement libre : quand deux évêques s'affrontent

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de diakonos.be) :

    Même l’avortement libre est devenu matière à controverse. Deux évêques s’affrontent en duel

    On pourrait bien sûr trouver étonnant qu’un évêque ait jugé nécessaire d’intervenir pour défendre une doctrine à première vue indiscutable au sein de l’Église : l’intangibilité de toute nouvelle vie humaine dès sa conception. Cet évêque est Mgr Domenico Sorrentino (photo), 74 ans, titulaire du diocèse d’Assise, Nocera Umbra, Gualdo Tadino et Foligno, ancien secrétaire au Vatican de la Congrégation pour le culte divin. Il l’a fait dans un article de deux pages dans la revue catholique historique de la ville natale de saint François, « Rocca », dans le dernier numéro en date du 1er février.

    Il avait pourtant une bonne raison de le faire, et non des moindres. Parce que quelques mois plus tôt, dans cette même revue, un autre évêque très estimé, Mgr Luigi Bettazzi, 99 ans, le dernier évêque italien encore en vie à avoir pris part au Concile Vatican II, n’a pas hésiter à contester cette même doctrine, en prétendant qu’on ne devient une « personne humaine » qu’après « le quatrième/cinquième mois » de grossesse, et que donc avant cette date, l’avortement n’est pas un homicide et pas même un péché, s’il est accompli pour de bonnes raisons.

    C’est dans cette même revue « Rocca » que Mgr Bettazzi a soutenu cette thèse explosive le 15 août dernier. Et à la mi-novembre, toujours dans la même revue, un autre théologien moraliste renommé, Giannino Piana, est intervenu pour lui prêter main-forte. Settimo Cielo l’avait signalé le 23 novembre dans cet article :

    > Avortement libre jusqu’au cinquième mois. Un évêque et un théologien expliquent pourquoi

    L’évêque d’Assiste objecte et explique à Bettazzi et Piana que les raisons qu’ils avancent ne peuvent pas être approuvées. Certes, admet-il, la doctrine catholique « connaît un développement », mais pas « dans la direction opposée » que celle qu’ils proposent, c’est-à-dire à rebours, en résumant comme ils le font « la théorie médiévale de l’animation retardée du fœtus ». Parce que les découvertes scientifiques modernes ont confirmé que « dès la conception, nous sommes en présence d’un être humain à part entière, avec son patrimoine génétique propre qui le caractérise pour toute la vie », dès le début « autre » par rapport à la mère.

    Et ce nouvel être humain, poursuit Mgr Sorrentino, est depuis sa conception également une « personne ». Il l’est pour des raisons « philosophiques et juridiques, en connexion avec la génétique et la biologie ». Il l’est également pour ceux qui ne croient pas en une âme immortelle infusée par Dieu dans l’ovule à peine fécondé.

    À l’objection suivant de Mgr Bettazzi, du fait que de nombreux ovules fécondés se perdent avant de nidifier dans l’utérus de la mère : « Alors même la nature tue 40% des êtres humains ?», Mgr Sorrentino répond : « Qui nous autorise à considérer les ovules qui n’ont pas nidifié comme étant simplement perdus ? Nous ne pouvons qu’entrer sur la pointe des pieds dans la logique de la nature et du Créateur, quand il s’agit du mystère de la vie dans son expression aussi multiforme et en grande partie insaisissable. Ici, nous nous trouvons vraiment entre terre et ciel ».

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  • Catholicisme et "inclusion"

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    De George Weigel sur First Things :

    L'"INCLUSION" ET LE CATHOLICISME

    1er février 2023

    Dans le temps, les petits catholiques ont appris que l'Église avait quatre "qualités" : L'Église est une, sainte, catholique (comme dans "universelle") et apostolique. Ces qualités découlent du Credo de Nicée-Constantinople, que nous récitons à la messe du dimanche et des solennités liturgiques. Le Catéchisme de l'Église catholique enseigne que l'Église "ne possède pas" ces caractéristiques "inséparablement liées" "d'elle-même" ; plutôt, "c'est le Christ qui, par l'Esprit Saint, fait son Église une, sainte, catholique et apostolique, et c'est lui qui l'appelle à réaliser chacune de ces qualités" (CEC 811).

    Vous noterez que le terme "inclusif" n'est pas une des qualités de l'Église donnée par le Christ, alors que le terme "universel" l'est. Les distinctions, comme toujours, sont importantes.

    L'universalité doit caractériser la mission évangélique de l'Église, car le Seigneur nous a ordonné d'aller "faire de toutes les nations des disciples" (Mt 28,19). Et un certain type d'inclusivité dénote une réalité ecclésiale cruciale : " Car tous ceux d'entre vous qui ont été baptisés dans le Christ ont revêtu le Christ. Il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme ; car tous, vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus" (Ga 3,28). De plus, l'Église est appelée par le Seigneur à servir tout le monde, et pas seulement les siens ; comme l'a souligné le sociologue historique Rodney Stark, les soins paléochrétiens apportés aux malades qui n'appartenaient pas à la communauté croyante ont attiré des convertis dans l'Antiquité classique, alors que les malades étaient généralement abandonnés, même par leur propre famille.

    Ces expressions de l'inclusivité ecclésiale (ou de la catholicité, ou de l'universalité) ne sont toutefois pas ce que la culture occidentale contemporaine entend par "inclusion". Tel qu'il est typiquement utilisé aujourd'hui, le terme "inclusion" est un code pour accepter la définition de soi de chacun comme si cette définition de soi était manifestement cohérente avec la réalité, était intrinsèquement incontestable, et commandait donc l'affirmation.

    Dans ce contexte, il convient de noter que le Seigneur Jésus a parfois pratiqué une sérieuse exclusion. Ainsi, il a exclu de la béatitude un type de pécheur : "Celui qui blasphème contre le Saint-Esprit n'a jamais le pardon" (Marc 3,29). Et sa condamnation de l'impitoyable : " Retirez-vous de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges " (Mt 25, 41). Et le sort de celui qui scandalise l'innocent : "Il vaudrait mieux pour lui qu'on lui attache au cou une meule de moulin et qu'on le jette dans la mer" (Luc 17,2). Et sa détermination à jeter "le feu sur la terre" (Luc 12,49) et à brûler tout ce qui est contraire au Royaume de Dieu.

    La question de l'"inclusion" et de l'auto-compréhension de l'Église a été récemment soulevée par un article publié en Amérique par le cardinal Robert McElroy, car la sensibilité exposée dans l'article du cardinal n'est pas celle de la Bible, des Pères de l'Église, du Concile Vatican II ou du Catéchisme. C'est la sensibilité de l'obsession de la culture woke pour l'"inclusion".

    L'article suggère, bien qu'elliptiquement, qu'en raison des préoccupations concernant l'inclusion, l'ordination des femmes au sacerdoce ministériel et l'intégrité morale du sexe gay sont des questions ouvertes. Mais ce n'est pas l'enseignement établi de l'Église catholique. Comment un homme très intelligent qui a prêté des serments solennels dans lesquels il a accepté cet enseignement et promis de le faire respecter peut-il penser autrement ?

    Comme la culture woke contemporaine, l'article du cardinal semble considérer la théorie du genre comme une forme séculaire de vérité révélée. En fait, les théories du "genre" construit culturellement et de la "fluidité du genre" contredisent carrément la révélation divine : "Il les créa mâle et femelle" (Gen. 1:27).

    L'article fait des affirmations extravagantes (et sans source) sur l'"animosité" généralisée contre "les communautés LGBT", jugeant ces attitudes "viscérales" "démoniaques". Mais le cardinal McElroy n'a rien à dire sur les pressions culturelles, professionnelles et légales sévères (et facilement documentables) qui s'exercent sur ceux qui refusent de participer à la culture woke concernant l'ordre propre à l'amour humain.

    L'hymne de la woke inclusion-mania est le concept enfantin de liberté de Frank Sinatra : "Je l'ai fait à ma façon." Brûler de l'encens sur l'autel d'un tel infantilisme ne va pas amener des hommes et des femmes au Christ qui a lié la liberté à la vérité : "vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres" (Jean 8:32). L'Église catholique est une communion d'hommes et de femmes, qui luttent tous contre la faiblesse humaine face aux vicissitudes de la condition humaine. Mais cette communion de disciples a également reçu du Seigneur lui-même les vérités qui libèrent vraiment, des vérités qui ne sont pas sujettes à être affirmées ou niées par des groupes de discussion. Comme l'auteur biblique l'a rappelé à ses lecteurs (et à nous), "ne vous laissez pas égarer par toutes sortes d'enseignements étranges" (Héb. 13:9), qui mettent en péril l'évangélisation.

    L'"inclusion" woke n'est pas une authentique catholicité.                

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la chaire William E. Simon en études catholiques.

  • La rencontre du pape avec des victimes de l'est du Congo

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    De Delphine Allaire sur Vatican News :

    RDC, le Pape aux victimes de l'Est: la paix naît des cœurs libérés de la rancœur

    Le point culminant du 40e voyage apostolique en RDC a eu lieu ce mercredi après-midi 1er février à la nonciature apostolique de Kinshasa. Le Pape François a écouté quatre récits crus et déchirants de victimes d’exactions physiques et mentales dans la guerre qui ravage l’Est de la RDC. Dans un discours dense, l’évêque de Rome s’est uni aux douleurs du peuple éprouvé, s’adressant fermement aux «entités» à l’œuvre dans cette guerre. «Cela suffit», a tancé François.

    Le Souverain pontife a pris la parole après l’écoute des quatre victimes venues de différentes provinces de l’Est. Ces quatre représentants ont chacun apposé un geste fort de réconciliation, déposant au pied de la Croix les objets de leurs tortionnaires. Et c’est le sentiment du choc qu’a éprouvé en premier le Saint-Père. «Il n’y a pas de mots; il faut seulement pleurer en silence», a-t-il relevé, énumérant les noms des localités d’origines des victimes. «Bunia, Beni-Butembo, Goma, Masisi, Rutshuru, Bukavu, Uvira, des lieux que les médias internationaux ne mentionnent presque jamais.» Le Pape l’assène très clairement: «Il n’y aura pas de paix en RDC tant qu’elle ne sera pas obtenue dans la partie orientale du pays». À ces Congolais de l’Est, le Pape a souhaité insister: «Je suis proche de vous. Vos larmes sont mes larmes, votre souffrance est ma souffrance».

    “Il n’y aura pas de paix en RDC tant qu’elle ne sera pas obtenue dans la partie orientale du pays.”

    Pardon pour la violence de l’homme sur l’homme

    «À chaque famille en deuil ou déplacée en raison des villages brûlés et d’autres crimes de guerre, aux survivants des violences sexuelles, à chaque enfant et adulte blessé, je dis: je suis avec vous, je veux vous apporter la caresse de Dieu. Son regard tendre et compatissant se pose sur vous», a-t-il poursuivi, leur assurant ces paroles d’Isaïe «Tu as du prix à mes yeux, tu as de la valeur et je t’aime». (Is 43, 4).

    LIRE AUSSI : Les victimes des violences à l’Est de la RDC portent leurs souffrances au Pape

    Le Pape François a condamné les violences armées, les massacres, les viols, la destruction et l’occupation des villages, le pillage des champs et du bétail qui continuent d’être perpétrés, tout comme «l’exploitation, sanglante et illégale, de la richesse du pays», ainsi que les tentatives de partition dans le but de pouvoir le gérer. Inclinant la tête, la douleur dans le cœur, le Saint-Père a demandé pardon pour la violence de l’homme sur l’homme.

    «Père, aie pitié de nous. Console les victimes et ceux qui souffrent. Convertis les cœurs de ceux qui commettent de cruelles atrocités qui jettent la honte sur l’humanité tout entière! Ouvre les yeux de ceux qui les ferment ou qui se détournent devant ces abominations», a-t-il supplié. Le Pape a qualifié cette guerre de «déchainée par une insatiable avidité de matières premières et d’argent», alimentant «une économie armée laquelle exige instabilité et corruption». «Quel scandale et quelle hypocrisie: les personnes sont violées et tuées alors que les affaires qui provoquent violences et morts continuent à prospérer!», s’est-il indigné.

    «Cela suffit de s’enrichir avec de l’argent entaché de sang!»

    L’évêque de Rome a alors adressé un vibrant appel à toutes les personnes, entités internes et externes qui tirent les ficelles de la guerre en RDC, «en la pillant, en la flagellant et en la déstabilisant».«Vous vous enrichissez par l’exploitation illégale des biens de ce pays et le sacrifice cruel de victimes innocentes. Entendez le cri de leur sang: faites taire les armes, mettez fin à la guerre. Cela suffit! Cela suffit de s’enrichir sur le dos des plus faibles, cela suffit de s’enrichir avec des ressources et de l’argent entachés de sang!»

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  • Quand vient Celui que nous attendons

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    Fra Angelico, fresque au Couvent Saint-Marc (Florence)

    Le 2 février 2011, lors de la CÉLÉBRATION DES VÊPRES DE LA FÊTE DE LA PRÉSENTATION DE JÉSUS AU TEMPLE, le pape Benoît XVI prononça cette homélie :

    Chers frères et sœurs!

    En la fête d’aujourd’hui, nous contemplons le Seigneur Jésus que Marie et Joseph présentent au temple «pour l’offrir au Seigneur» (Lc 2, 22). Dans cette scène évangélique se révèle le mystère du Fils de la Vierge, le consacré du Père, venu au monde pour accomplir fidèlement sa volonté (He10, 5-7). Syméon l’indique comme «lumière pour éclairer les nations païennes» (Lc 2, 32) et annonce à travers des paroles prophétiques son offrande suprême à Dieu et sa victoire finale (cf. Lc2, 32-35). C’est la rencontre des deux Testaments, l’Ancien et le Nouveau. Jésus entre dans l’antique temple, Lui qui est le nouveau Temple de Dieu: il vient visiter son peuple, en portant à son accomplissement l’obéissance à la Loi et en inaugurant les temps ultimes du salut.

    Il est intéressant d’observer de près cette entrée de l’Enfant Jésus dans la solennité du temple, dans un grand «va-et-vient» de nombreuses personnes, prises par leurs occupations: les prêtres et les lévites avec leurs tours de service, les nombreux fidèles et pèlerins, désireux de rencontrer le Dieu saint d’Israël. Mais aucun de ceux-ci ne se rend compte de rien. Jésus est un enfant comme les autres, fils premier-né de deux parents très simples. Les prêtres sont eux aussi incapables de saisir les signes de la nouvelle présence particulière du Messie et Sauveur. Seules deux personnes âgées, Syméon et Anne, découvrent la grande nouveauté. Conduits par l’Esprit Saint, ils trouvent dans cet Enfant l’accomplissement de leur longue attente et veillée. Tous les deux contemplent la lumière de Dieu, qui vient illuminer le monde, et leur regard prophétique s’ouvre à l’avenir, comme annonce du Messie: «Lumen ad revelationem gentium!» (Lc 2, 32). Dans l’attitude prophétique des deux vieillards, c’est toute l’Ancienne Alliance qui exprime la joie de la rencontre avec le Rédempteur. A la vue de l’Enfant, Syméon et Anne ont l’intuition que c’est précisément lui qui est l’Attendu.

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  • 2 février : fête de la chandeleur

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    La fête du 2 février est, en premier lieu, une fête de Notre Seigneur et, en second lieu, une fête de la Sainte Vierge. Pour bien comprendre cette fête, il faut la situer dans la série des grandes fêtes du cycle de Noël : Noël, l’Épiphanie et la Chandeleur sont les points dominants du cycle d’hiver. Nous pouvons même remarquer une belle progression, tant dans le symbole de la lumière que dans la participation de l’humanité à la manifestation de Dieu. A Noël, la lumière « brille dans les ténèbres » et bien peu nombreux sont ceux qui « la reçoivent » (la Mère de Dieu, les bergers à la Crèche). A l’Épiphanie, la « lumière » rayonne sur Jérusalem (l’Église), « la gloire du Seigneur s’est levée sur Jérusalem » et le monde païen « afflue » des ténèbres vers la ville de lumière. Aujourd’hui, à la Chandeleur, la lumière est dans nos mains, nous la portons en procession et à la messe ; la lumière fait aujourd’hui partie essentielle de la liturgie. Mais, aujourd’hui aussi, l’Église s’avance comme une Épouse au-devant du Seigneur et « reçoit avec amour la miséricorde (faite Homme) dans ses bras » (Intr.).

    Un second thème important de cette fête, c’est la lumière. Nous connaissons déjà le haut symbolisme de la lumière. Elle signifie le Christ et la vie divine du Christ en nous. Les paroles du vieillard Siméon : « la lumière qui éclaire les nations » donnent à l’Église l’occasion de célébrer une véritable fête de lumière. (Notre fête fut instituée pour remplacer les Lupercales païennes, fêtes dévergondées qui consistaient dans des processions nocturnes aux flambeaux, c’est pour cette raison que le célébrant et ses ministres portent, à la bénédiction des cierges et à la procession, des ornements violets). L’Église bénit aujourd’hui des cierges pour son usage liturgique, mais elle met aussi des cierges dans les mains des fidèles. Ils doivent faire brûler ces cierges chez eux, dans leurs cérémonies domestiques, au moment de l’orage et du péril, et, spécialement, au moment du Saint-Viatique et de l’Extrême-Onction. L’Église veut nous faire souvenir en même temps de notre cierge de Baptême, signe de notre titre d’enfants de Dieu et du ministère sacerdotal constant des fidèles. Tous les ans, nous recevons de nouveau le cierge du Baptême, afin que nous puissions aller en hâte « avec une lampe allumée » au-devant de l’Époux quand il viendra pour les noces.

    Qu’il est beau ce symbolisme de la lumière ! Nous recevons les cierges des mains de l’Église. (Il faudrait que les prêtres de paroisse, conformément aux prescriptions liturgiques, remettent vraiment les cierges aux fidèles). Quel est le sens de ce rite ? L’Église nous donne sans cesse le Christ et la vie divine. Nous portons aujourd’hui, en procession, la lumière allumée, c’est le symbole de la vie chrétienne ; ainsi devons-nous porter le Christ en nous. Avec la lumière dans nos mains, nous rentrons, après la procession, dans l’église ; c’est la maison de Dieu, symbole du ciel. Ainsi marchons-nous avec le Christ à travers la vie en nous dirigeant vers le ciel. Il est particulièrement beau et significatif de voir les fidèles, pendant le chant de l’Évangile et pendant le Canon jusqu’à la Communion, tenir leurs cierges allumés à la main. Quel est le sens de cette cérémonie ? A l’Évangile et au Canon, le Christ est présent parmi nous. C’est pourquoi, à la grand’messe, on porte à ces deux moments les cierges et l’encens. Mais aujourd’hui, l’Église nous dit : il faudrait qu’à chaque messe, vous portiez des cierges à la main ; d’ordinaire, les acolytes vous remplacent, mais aujourd’hui vous remplirez ce ministère du sacerdoce général. Ainsi la messe d’aujourd’hui est une véritable messe de « Chandeleur » presque la seule de l’année.

    Extrait de Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique . Ci-dessous, la fête de la Chandeleur à Rome sous Benoît XVI. JPSC

  • La Chandeleur : une fête assez mystérieuse

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    De Presence-Info.ca : 

    Chandeleur: la recherche historique stagne

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    La Présentation de Jésus au Temple, par Fra Angelico (1440-41). 

    Pour plusieurs, la chandeleur est d'abord et avant tout synonyme de crèpes, reléguant l'aspect religieux de la fête de la Présentation de Jésus au temple au second rang. C'est en se penchant récemment sur les origines, les développements de cette fête et les rites qu'on y associe que le professeur Philippe Roy-Lysencourt, spécialiste en histoire du christianisme à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université, a constaté que la recherche historique bat de l'aile sur cette question. Portrait d'un terrain de recherche en attente d'être labouré.

    Présence : Que fête-t-on exactement le 2 février?

    Philippe Roy-Lysencourt : Le 2 février, en s’appuyant sur l’évangéliste saint Luc (Luc 2, 22-38), l’Église commémore trois épisodes bibliques qui eurent lieu le même jour: la Purification de la Vierge Marie, la Présentation de Jésus au Temple et la double rencontre de la Sainte Famille avec le vieillard Siméon et avec la prophétesse Anne.

    Les deux premiers événements font référence à deux prescriptions juives: celle qui imposait la purification de la mère après un enfantement et celle qui ordonnait de consacrer au Seigneur tout mâle premier-né. La première est une loi de Moïse qui ordonnait aux femmes juives ayant enfanté de demeurer quarante jours sans s’approcher du tabernacle. À l’issue de cette période, elles devaient offrir un sacrifice à Dieu pour être purifiées. Ce sacrifice consistait en l’offrande d’un agneau qui devait être consommé en holocauste, auquel devait s’ajouter une tourterelle ou une colombe. Si la famille était trop démunie pour offrir un agneau, ce qui était le cas de Marie et Joseph, il était permis de le remplacer par une autre tourterelle ou une autre colombe.

    La seconde loi ordonnait aux juifs de racheter à Dieu tout mâle premier-né. Pour comprendre cette prescription, il faut remonter à l’esclavage des juifs en Égypte et aux plaies qui touchèrent ce pays suite au refus obstiné du pharaon de les laisser quitter le pays. Après la dixième plaie au cours de laquelle tous les premiers-nés d’Égypte moururent – sauf ceux des enfants d’Israël – tous les garçons premiers-nés des juifs devinrent propriété de Dieu et devaient lui être rachetés (Exode 13). Ainsi, un mois après sa naissance, le premier-né tombait sous la loi du rachat dont le prix était de 5 sicles d’argent. Marie et Joseph se soumirent à cette prescription le jour où ils présentèrent Jésus au Temple. Il faut mentionner ici que cette dernière démarche n’était pas obligatoire ; ce qui était requis, c’était uniquement le rachat. Cependant la présentation de l’enfant était possible et c’était une pratique pieuse à laquelle Marie et Joseph s’astreignirent.

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  • La vie consacrée est devenue un signe évangélique de contradiction

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    HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI en la Basilique vaticane, le 2 février 2013 (source)

    Chers frères et sœurs !

    Dans son récit de l’enfance de Jésus, saint Luc souligne que Marie et Joseph étaient fidèles à la loi du Seigneur. Avec une profonde dévotion, ils accomplissent tout ce qui est prescrit après la naissance d’un garçon premier-né. Il s’agit de deux prescriptions très anciennes : l’une concerne la mère et l’autre l’enfant nouveau-né. Pour la femme, il est prescrit de s’abstenir des pratiques rituelles pendant quarante jours, et d’offrir ensuite un double sacrifice : un agneau en holocauste, et un pigeon ou une tourterelle pour le péché ; mais si la femme est pauvre, elle peut offrir deux tourterelles ou deux pigeons (cf. Lv 12, 1-8). Saint Luc précise que Marie et Joseph offrirent le sacrifice des pauvres (cf. 2, 24), pour souligner que Jésus est né dans une famille de gens simples, humble mais très croyante : une famille appartenant aux pauvres d’Israël, qui forment le véritable peuple de Dieu. Pour le fils premier-né, qui, selon la loi de Moïse, est la propriété de Dieu, le rachat était en revanche prescrit et établi au moyen de l’offre de cinq sicles, à payer à un prêtre n’importe où. Ceci pour faire éternellement mémoire du fait qu’au temps de l’Exode, Dieu épargna les premiers-nés des juifs (cf. Ex 13, 11-16).

    Il est important d’observer que pour ces deux actes — la purification de la mère et le rachat de l’enfant — il n’était pas nécessaire d’aller au Temple. Pourtant, Marie et Joseph veulent tout accomplir à Jérusalem, et saint Luc montre comment toute la scène converge vers le Temple, et se concentre ensuite sur Jésus qui y entre. Et voici que, précisément à travers les prescriptions de la Loi, l’événement principal devient un autre, c’est-à-dire la « présentation » de Jésus au Temple de Dieu, qui signifie l’acte d’offrir le Fils du Très-Haut au Père qui l’a envoyé (cf Lc 1, 32.35).

    Ce récit de l’évangéliste trouve un écho dans les paroles du prophète Malachie que nous avons entendues au début de la première lecture : « “Voici que je vais envoyer mon messager, pour qu’il fraye un chemin devant moi. Et soudain il entrera dans son sanctuaire, le Seigneur que vous cherchez ; et l’Ange de l’alliance que vous désirez, le voici qui vient !” dit le Seigneur... Il purifiera les fils de Lévi... et ils deviendront pour le Seigneur ceux qui présentent l’offrande selon la justice » (3, 1.3). Il est clair qu’on ne parle pas ici d’un enfant, et pourtant, cette parole trouve un accomplissement en Jésus, parce que « soudain », grâce à la foi de ses parents, Il a été amené au Temple ; et dans l’acte de sa « présentation », ou de son « offrande » personnelle à Dieu le Père, transparaît clairement le thème du sacrifice et du sacerdoce, comme dans le passage du prophète. L’enfant Jésus, qui est tout de suite présenté au Temple, est le même qui, une fois adulte, purifiera le Temple (cf. Jn 2, 13-22 ; Mc 11, 15, 19) et surtout, fera de lui-même le sacrifice et le prêtre suprême de la Nouvelle Alliance.

    Telle est également la perspective de la Lettre aux Hébreux, dont un passage a été proclamé dans la deuxième lecture, de sorte que le thème du nouveau sacerdoce est renforcé : un sacerdoce — celui inauguré par Jésus — qui est existentiel : « Car du fait qu’il a lui-même souffert par l’épreuve, il est capable de venir en aide à ceux qui sont éprouvés » (He 2, 18). Et ainsi, nous trouvons également le thème de la souffrance, très accentué dans le passage de l’Évangile, lorsque Syméon prononce sa prophétie sur l’Enfant et sur la Mère : « Vois ! Cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction, et toi-même [Marie], une épée te transpercera l’âme ! » (Lc 2, 34-35). Le « salut » que Jésus apporte à son peuple, et qu’il incarne en lui-même, passe par la croix, par la mort violente qu’Il vaincra et transformera avec le sacrifice de la vie par amour. Ce sacrifice est déjà entièrement annoncé dans le geste de présentation au Temple, un geste certainement motivé par les traditions de l’Ancienne Alliance, mais intimement animé par la plénitude de la foi et de l’amour qui correspond à la plénitude des temps, à la présence de Dieu et de son Saint Esprit en Jésus. L’Esprit, en effet, plane sur toute la scène de la Présentation de Jésus au Temple, en particulier sur la figure de Syméon, mais également d’Anne. C’est l’Esprit « Paraclet », qui apporte le « réconfort » d’Israël et anime les pas et les cœurs de ceux qui l’attendent. C’est l’Esprit qui suggère les paroles prophétiques de Syméon et d’Anne, paroles de bénédiction, de louange à Dieu, de foi dans son Consacré, d’action de grâce parce que finalement nos yeux peuvent voir et nos bras embrasser « son salut » (cf. 2, 30).

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  • Être chrétien dans le monde : le refuge et le risque

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    Article de Pierre Manent lu  dans la revue mensuelle « La Nef » :

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    La situation actuelle rend le pari bénédictin désirable et plausible, mais il n’est pas sans risque de glissement vers le communautarisme. Et un chrétien ne peut fuir ses responsabilités d’ordre temporel, et notamment politiques.

    La situation présente de l’Église catholique dans notre pays me semble déterminée par les trois paramètres suivants : d’abord la diminution rapide de la présence sociale du catholicisme depuis les années 60, diminution quantitative qui approche d’un seuil où la disparition du fait catholique devient envisageable ; ensuite, l’irruption d’un facteur historiquement inédit, l’islam, qui occupe une place croissante, visiblement croissante, dans la société française ; enfin, l’intronisation de l’idéologie des droits de l’homme comme principe exclusif de la légitimité politique, sociale et morale, installant chaque « moi » dans une immanence sûre de son droit.

    De quelque côté que se tourne le catholique français, il voit gonfler une menace qui peut lui sembler insurmontable, venant simultanément de l’intérieur, de l’extérieur et de lui-même ! La tentation est grande de répondre à cette triple offensive par le recours à la stratégie éternelle du parti le plus faible : la défensive, le refuge dans une place forte. De fait, nous avons encore des ressources suffisantes pour construire une forteresse catholique de bonne apparence : à l’abri derrière ses remparts, nous ne serions plus démoralisés par l’indifférence ou l’hostilité de la société globale, les musulmans nous redeviendraient extérieurs et étrangers comme ils l’étaient encore il y a quarante ans, et en « serrant les boulons » d’une vie chrétienne délivrée des équivoques et des timidités, en formant entre nous cette « société chrétienne » que la France n’est plus, nous serions en mesure de réorienter nos vies en direction du Transcendant.

    Nécessité des appuis sociaux

    Ce dernier argument est à prendre au sérieux. En effet, aussi surnaturelle qu’elle soit dans sa source et ses ressorts intimes, la vie chrétienne dépend inévitablement d’appuis sociaux mis à notre disposition par l’organisation collective dont nous sommes membres : des lieux de culte, des moyens financiers, des administrateurs compétents, des pasteurs respectés, et en général tout ce qui contribue à l’autorité sociale de l’institution religieuse. C’est seulement lorsqu’ils sont soumis à une persécution systématique – une situation, on le sait, qui n’exclut pas une grande fécondité spirituelle – que les chrétiens sont entièrement privés de tels appuis. C’est d’ailleurs la nécessité de trouver de tels appuis qui jadis a conduit l’Église à réclamer l’aide du pouvoir politique, aide qu’elle a obtenue au prix souvent d’un obscurcissement de sa vocation propre qui a fait à son crédit une blessure incurable. Personne aujourd’hui ne réclame ni ne propose un tel appui politique. Il est inenvisageable. C’est pourquoi le dépérissement de la vitalité sociale de l’Église, cette vitalité sociale qui lui avait permis durant la première partie du siècle dernier de s’adapter avec quelque succès à son exclusion de la sphère politique, est un tel motif d’inquiétude ou d’angoisse pour les catholiques aujourd’hui, une inquiétude ou une angoisse qui rend l’« option bénédictine » désirable et plausible.

    Pourtant, si celle-ci aurait pour effet – c’est son propos – de concentrer les forces des catholiques et de leur redonner un sentiment de force, ce regain serait, je crois, de courte durée. Cette option me paraît présenter trois inconvénients.

    1.Tout regroupement défensif comporte un risque de fermeture sectaire, avec l’affaiblissement inévitable de l’exigence intellectuelle et même morale puisque nous serions désormais « entre nous ». Dès lors que nous renonçons à convaincre, persuader ou seulement intéresser ceux qui sont « dehors », un grand ressort de perfectionnement est perdu. En outre, nous prétendrions moissonner avant que ne soit parvenu à maturité ce renouveau de la vie intellectuelle catholique qui constitue l’aspect le plus encourageant de la situation présente du catholicisme.

    2.Étant entendu que nous avons besoin d’appuis collectifs ou sociaux, il ne faut pas exagérer leur contribution à la vie chrétienne. Quelle que soit la situation politique et sociale, mener une vie vraiment chrétienne reste la chose du monde la plus difficile et la plus improbable, elle reste ce fragile miracle qui éclaire et renouvelle incessamment la vie du monde. Si les catholiques ou en général les chrétiens sont sincères, ils admettent que de notre peu de foi, d’espérance et de charité, il n’y a pas d’autre responsable que notre peu de foi, d’espérance et de charité. Le seuil de la vie chrétienne n’est donc pas l’accusation du « monde » ou de la « société » mais la pénitence, « la conversion qui mène à la vie » (Actes, 11, 18).

    3. Il n’y a pas de remède, et il n’en faut point chercher, à la situation exposée du chrétien. Elle entraîne une double obligation, de fidélité à l’Église et de mission à l’égard du prochain, mission aussi urgente et périlleuse aujourd’hui qu’au temps des apôtres. Ne convoitons pas, craignons plutôt l’impression de force recouvrée que susciterait aisément un « rassemblement » catholique. L’autorité de Paul nous l’assure, nous sommes toujours assez nombreux pour que la force de Dieu se donne à voir dans notre faiblesse.

    Du reste, notre responsabilité de chrétiens n’est pas moins politique ou civique que proprement religieuse. Cette Europe qui nous tourne le dos, ne lui tournons pas le dos à notre tour. Si nous voulons donner un sens généreux à ce qui autrement risque de rester un slogan, les « racines chrétiennes de l’Europe », nous devons nous tenir pour responsables de ce qui se passe en Europe, co-responsables avec les autres citoyens préoccupés du sort commun, mais aussi spécialement responsables en tant que chrétiens qui revendiquent la part à nulle autre pareille – bien et mal mêlés – que leur religion a prise dans l’approfondissement de l’âme européenne.

    L’obligation civique des chrétiens

    C’est ici que surgit le nœud où se nouent le rapport de l’Église à elle-même, à sa vie propre, et son rapport à l’Europe. Les chrétiens ne sauraient se consacrer exclusivement à l’approfondissement de leur vie sacramentelle, aussi primordiale soit-elle. En tant que citoyens et en tant que chrétiens ils ne peuvent abandonner l’Europe à son sort. Ils ont une obligation inséparablement civique et chrétienne de préserver ce que, faute d’une meilleure expression, j’appelle la « marque chrétienne » de l’Europe. Or, l’infléchissement imposé par le présent pontificat a redoublé la difficulté de cette tâche. D’une part, ad intra, on obscurcit ou on « floute » la règle sacramentelle, on efface ces seuils qui donnent son sens et son relief à la vie intérieure de l’Église ; d’autre part, ad extra, on égalise les religions, on manifeste son indifférence à leur contenu dogmatique et moral, on se montre supérieurement indifférent à la composition religieuse de la population européenne. Ainsi les articulations politiques et religieuses du monde présent sont-elles ignorées ou brutalisées. Cette humanité politiquement et religieusement informe est le sujet et le véhicule d’une religion sans autre contenu qu’affectif ou sentimental. Dans une telle involution, l’affadissement de l’exigence religieuse ne fait qu’un avec l’obscurcissement du regard politique. On le voit, l’urgence pour les citoyens chrétiens de l’Europe n’est pas moins civique que religieuse. Il s’agit pour eux de préserver ou ranimer la marque chrétienne des nations européennes, et inséparablement de préserver ou ranimer la légitimité politique de celles-ci. Au lieu de chercher refuge dans une « petite société chrétienne », accepter d’être citoyen et chrétien dans la grande société, inhospitalière comme elle l’a toujours été.

    Pierre Manent

    © LA NEF n°303 Mai 2018, mis en ligne le 31 janvier 2023