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Actualité - Page 143

  • Les chrétiens sont toujours les plus persécutés à travers le monde

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    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    Les chrétiens sont toujours les plus persécutés dans le monde

    Plus de 200 morts et 300 blessés, hommes, femmes, enfants… Multipliant les atrocités, les djihadistes ont choisi la nuit de Noël pour perpétrer cette tuerie dans une vingtaine de villages chrétiens de l'État du Plateau, dans le centre du Nigéria. De nombreux survivants ont été enlevés. « Certains habitants ont déclaré qu'il avait fallu plus de 12 heures avant que les services de sécurité ne répondent à leur appel à l'aide » rapporte Causeur (29 décembre). Les critiques redoublent contre le président fédéral, Bola Ahmed Tinubu, élu en mai dernier avec la promesse de mettre fin à ces attaques.

    Avec plus de 203 millions d'habitants, la République fédérale du Nigéria est le pays le plus peuplé d'Afrique. La population est à 53,5 % musulmane et à 45,9 % chrétienne. Mais malgré ce relatif équilibre numérique, les chrétiens sont des cibles privilégiées, pour des raisons à la fois religieuses et ethniques : dans les régions du centre et du nord-ouest, les Peuls, musulmans et éleveurs transhumants, s'opposent aux Biroms, chrétiens, et agriculteurs sédentaires. En outre, certains États du nord du pays, adeptes d'une charia radicale, pratiquent une discrimination légalisée.

    L'incendie islamiste qui embrase le Proche-Orient depuis l'intervention américaine en Irak, la guerre civile en Syrie, le terrorisme de Daech et les résurgences d'Al-Quaïda, a gagné l'Afrique. Des groupes armés djihadistes multiplient les razzias au Nigéria, au Burkina Faso, au Mali, au Niger. Avec le groupe Boko Haram, affilié à Daech, le Nigéria cumule des records d'exactions contre les chrétiens. Selon un rapport sur les « chrétiens martyrs au Nigéria », publié par la Société internationale pour les libertés civiles et l'État de droit, plus de 50 000 chrétiens ont perdu la vie au Nigéria depuis le début de l'insurrection de Boko Haram en 2009 ; 18 000 églises et 2 200 écoles chrétiennes ont été incendiées. D'après l'ONG protestante Portes Ouvertes, sur les 5.259 chrétiens enlevés dans le monde en 2022, 4.726 sont nigérians. Mais les musulmans n'embrassant pas la cause islamique n'ont pas été épargnés : 34 000 d'entre eux ont été tués au Nigéria.

    Les chrétiens, toutes confessions confondues, sont les plus nombreux dans le monde (2,2 milliards de fidèles, soit près d'un tiers de la population mondiale, loin devant les musulmans,1,8 milliard). Ils sont aussi « les fidèles les plus persécutés » souligne Charlotte d'Ornélas dans le JDD (24 décembre, en lien ci-dessous). C'est une véritable épidémie : « En 30 ans, le nombre de pays touchés par la persécution des chrétiens a presque doublé » constate Portes ouvertes dans son « Index mondial des persécutions des chrétiens 2023 » : en 1993, année du premier index, 40 pays étaient concernés. Ils étaient 76 en 2023. Même constat de l'association catholique Aide à l'Église en détresse (AED) : « Les ennemis de l'Église sont nombreux et de plus en plus virulents », explique au JDD Benoît de Blanpré, directeur de l'AED. « Nous identifions trois menaces majeures : l'islamisme, les pouvoirs autoritaires et les nationalismes ethnoreligieux qui relèguent au rang de citoyens de seconde zone toute minorité. »

    En Asie, les lois anti-conversion et anti-blasphème sont une arme redoutable dont les chrétiens font particulièrement les frais. Notamment au Pakistan (le pays des « purs » musulmans). Si le monde a vibré pour Asia Bibi, cette humble mère de famille catholique qui a passé neuf ans de sa vie dans une cellule de condamnée à mort pour un prétendu « blasphème » avant d'être libérée et exilée avec sa famille sous la pression internationale, beaucoup d'autres chrétiens sont emprisonnés ou victimes d'émeutes dans l'indifférence générale. En août dernier encore, une quinzaine d'églises ont été attaquées et des centaines de maisons de chrétiens détruites par des musulmans fanatisés au Pakistan. Des exactions semblables se produisent au Bangladesh ou en Indonésie…N'oublions pas de mentionner la Chine où des persécutions ou discriminations plus subtiles se poursuivent malgré les efforts du pape François pour amadouer le régime.

    En Inde, ce sont des hindouistes non moins fanatisés que leurs ennemis musulmans qui persécutent les croyants d'autres religions avec le silence complice du Premier ministre Narendra Modi, un hindouiste nationaliste (Courrier International). En mai dernier, ils ont tué 185 chrétiens, chassé de leurs villages 100 000 catholiques, brûlé plus de 300 églises.

    Bien qu'essentiellement chrétiennel'Amérique latine reste en proie aux persécutions, naguère inspirées par des pouvoirs francs-maçons comme au Mexique, aujourd'hui par des narcotrafiquants (70 prêtres mexicains ont été tués au cours des trente dernières années pour s'être dressés contre leur domination) ou par des pouvoirs dictatoriaux plus ou moins badigeonnés de marxisme, comme à Cuba, dans le Venezuela du dictateur Maduro, ou au Nicaragua dirigé par le couple Ortega/Murillo (Le Monde) qui vient d'emprisonner un deuxième évêque (1000RCinfo). Si « le sang des martyrs est une semence de chrétiens » selon la célèbre formule de Tertullien (160 – 220), la fécondité chrétienne du XXIe siècle s'annonce exceptionnelle !

    Pour aller plus loin :

    Un chrétien sur sept est persécuté dans le monde : « Le martyre n’est pas qu’une histoire du passé »

    >>> Lire l'article sur : Le JDD

  • Analyse critique de Fiducia supplicans

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    Ref. revue mensuelle « La Nef », 29/12/29

    (https://lanef.net/2023/12/29/analyse-critique-de-fiducia-supplicans/):

    Le Dicastère pour la Doctrine de la foi a publié le 18 décembre une « Déclaration », Fiducia supplicans, « sur la signification pastorale des bénédictions », ouvrant la porte aux bénédictions aux couples de personnes homosexuelles ou aux couples de divorcés remariés, au prix d’un trouble immense dans l’Eglise. Analyse critique :

    « Alors que la déclaration Fiducia supplicans rappelle clairement la doctrine traditionnelle sur les conditions de la bénédiction liturgique d’un couple dans le mariage, elle ouvre la voie à une bénédiction hors liturgie des ‘couples’[1] homosexuels ou de couples en situation irrégulière. Cette déclaration porte des difficultés de compréhension prêtant à une grande confusion.

    Jusqu’où peut aller la bénédiction de personnes homosexuelles ? Telle est l’une des grandes questions pastorales que soulève ce texte. Qu’une personne homosexuelle désireuse de faire un pas dans la foi puisse recevoir personnellement une bénédiction est certainement non seulement envisageable mais souhaitable. Chaque personne à tendance homosexuelle doit être accueillie avec respect et délicatesse et peut recevoir, en tant que personne, toute la tendresse de son Père du Ciel.

    Lire la suite sur le site de La Nef

  • Voici où les chrétiens ont été persécutés en 2023

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    De Tyler Arnold sur CNA :

    Voici où les chrétiens ont été persécutés en 2023

    30 déc. 2023

    Les chrétiens ont été persécutés par des groupes adverses depuis l'époque des apôtres et, dans diverses parties du monde, ils continuent de faire face à des menaces existentielles de la part de gouvernements et d'autres entités.

    À l'occasion de la fête de saint Étienne, premier martyr chrétien mort en 34 après Jésus-Christ, le pape François a déclaré lors de l'Angélus que "2000 ans plus tard, nous constatons malheureusement que la persécution se poursuit".

    "Il y a encore ceux, et ils sont nombreux, qui souffrent et meurent pour témoigner de Jésus, tout comme il y a ceux qui sont pénalisés à différents niveaux pour le fait d'agir de manière cohérente avec l'Évangile, et ceux qui s'efforcent chaque jour d'être fidèles, sans ado, à leurs bons devoirs, alors que le monde se moque et prêche le contraire", a déclaré le souverain pontife. 

    La persécution s'aggrave 

    Selon de nombreux rapports, la liberté religieuse est en recul dans le monde. Un rapport du groupe de surveillance Open Doors a révélé que la persécution des chrétiens est à son plus haut niveau depuis trois décennies. Les pires pays pour les chrétiens sont la Corée du Nord, la Somalie, le Yémen, l'Érythrée, la Libye, le Nigeria, le Pakistan, l'Iran, le Soudan et l'Inde.

    Un rapport publié en juin par l'Aide à l'Église en détresse a révélé que plus de la moitié de la population mondiale vit dans un pays où sévit une grave persécution religieuse, qu'elle soit le fait du gouvernement ou d'autres entités. Parmi les pays les plus durement touchés, on retrouve certains de ces mêmes pays : Le Nigeria, le Pakistan, l'Afghanistan, la Somalie, l'Arabie Saoudite et la Corée du Nord, entre autres. 

    Dans 23 des 28 pays classés dans la catégorie "rouge", qui est la pire catégorie en matière de persécution religieuse, la situation s'est aggravée par rapport au rapport précédent. 

    Voici quatre exemples de pays où les chrétiens ont été victimes d'une persécution brutale en 2023 :

    Nigeria
    Les conflits ethniques et religieux au Nigéria ont fait de ce pays l'une des régions les plus dangereuses au monde pour les chrétiens. Au cours du week-end de Noël, près de 200 chrétiens ont été tués lors d'une attaque terroriste dans l'État nigérian du Plateau.

    "Pas moins de 17 communautés ont été complètement touchées et détruites par ces bandits et ces criminels", a déclaré le gouverneur du Plateau, Caleb Mutfwang, dans un communiqué publié à la suite des attentats. 

    "Ce fut un Noël terrifiant pour nous sur le Plateau", a ajouté M. Mutfwang. "Cette série d'attaques a été bien coordonnée avec des armes lourdes. 

    Trois mois auparavant, en septembre, des terroristes avaient enlevé un pasteur protestant et plus de 80 autres chrétiens lors d'attaques contre deux églises distinctes. L'une des églises est située dans le nord-ouest du Nigeria et l'autre dans le centre-nord du pays. 

    Plus de 5 000 chrétiens ont été tués dans des attaques au Nigéria en 2021 et au cours des trois premiers mois de 2022, mais les chiffres complets pour 2023 ne sont pas encore disponibles.

    Libye
    Prêcher le christianisme en Libye, en particulier encourager les musulmans à se convertir au christianisme, peut encore conduire les chrétiens en prison en Libye et dans de nombreux autres pays à majorité musulmane. En avril, six Libyens, deux Américains et un Pakistanais ont été arrêtés en Libye pour avoir prêché le christianisme.

    "Les attaques contre notre vraie religion ne sont pas différentes des actes d'extrémisme et de terrorisme, et par le biais de la surveillance et de l'enquête, l'agence a surveillé l'augmentation des activités hostiles à l'islam véritable, ciblant nos jeunes des deux sexes, dont beaucoup ont quitté le pays", indique un communiqué de l'Agence de sécurité intérieure. 

    Mozambique
    Des rapports en provenance du Mozambique indiquent que les combattants de l'État islamique réduisent des femmes chrétiennes en esclavage sexuel et les forcent à se convertir à l'islam. Les terroristes tuent également ceux qui refusent de se convertir à l'islam. 

    Nicaragua
    La dictature du président Daniel Ortega a systématiquement persécuté l'Église catholique en fermant les écoles et les médias catholiques. Le régime a également arrêté des membres du clergé. 

    En décembre, juste après Noël, le gouvernement a arrêté quatre prêtres catholiques. Au total, la dictature a arrêté plus d'une douzaine de prêtres, dont l'évêque Rolando José Álvarez, qui est toujours emprisonné.

    Tyler Arnold est journaliste au National Catholic Register. Il a travaillé auparavant pour The Center Square et a été publié dans divers médias, dont The Associated Press, National Review, The American Conservative et The Federalist.

  • En 2023, 20 missionnaires ont été tués dans le monde

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    VATICAN - Missionnaires et Agents pastoraux tués en 2023

    30 décembre 2023

    Cité du Vatican (Agence Fides) - Les informations recueillies par l'Agence Fides indiquent qu'en 2023, 20 missionnaires ont été tués dans le monde : 1 évêque, 8 prêtres, 2 religieux non-prêtres, 1 séminariste, 1 novice et 7 laïcs entre hommes et femmes. Bien que les listes élaborées par Fides soient toujours susceptibles d'être mises à jour et corrigées, il y a eu 2 missionnaires tués de plus que l'année précédente. Selon la répartition continentale, cette année encore, le nombre le plus élevé est enregistré en Afrique, où 9 missionnaires ont été tués : 5 prêtres, 2 religieux, 1 séminariste, 1 novice. En Amérique, 6 missionnaires ont été assassinés : 1 évêque, 3 prêtres, 2 laïques. En Asie, 4 laïcs sont morts, tués par la violence. Enfin, en Europe, un laïc a été assassiné.

    Comme les années précédentes, l’Agence Fides utilise le terme ‘ missionnaire’ pour tous les baptisés, reconnaissant que « En vertu du Baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire. Chaque baptisé, quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation » (Pape François, Exhortation apostolique Evangelii gaudium, 120). Par ailleurs, depuis longtemps, la liste annuelle de Fides ne couvre pas seulement les missionnaires ad gentes au sens strict, mais prend en compte tous les baptisés impliqués dans la vie de l'Église qui sont morts de manière violente, même lorsque cela ne se produit pas expressément « en haine de la foi ». C'est pourquoi nous préférons ne pas utiliser le terme « martyrs », sauf dans son sens étymologique de « témoins », afin de ne pas entrer dans le jugement que l'Eglise peut éventuellement porter sur certains d'entre eux en les proposant, après un examen attentif, à la béatification ou à la canonisation.

    L'un des traits distinctifs que la plupart des agents pastoraux tués en 2023 ont en commun est sans aucun doute leur normalité de vie, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas réalisé d'actions sensationnelles ou d'actes hors du commun qui auraient pu attirer l'attention et les mettre dans le collimateur de quelqu'un. En parcourant les quelques notes sur les circonstances de leur mort violente, nous trouvons des prêtres qui étaient en route pour célébrer la messe ou pour exercer des activités pastorales dans une communauté éloignée ; des attaques à main armée perpétrées le long de routes très fréquentées ; des attaques contre des presbytères et des couvents où ils étaient engagés dans des activités d'évangélisation, de charité, de promotion humaine. Ils se sont retrouvés, sans en être responsables, victimes d'enlèvements, d'actes de terrorisme, impliqués dans des fusillades ou des violences de toutes sortes.

    Dans cette vie ‘normale’ vécue dans des contextes de pauvreté économique et culturelle, de dégradation morale et environnementale, où il n'y a pas de respect pour la vie et les droits de l'homme, mais souvent seulement l'oppression et la violence, ils étaient également unis par une autre ‘normalité’, celle de vivre la foi en offrant leur simple témoignage évangélique en tant que pasteurs, catéchistes, travailleurs de la santé, animateurs de la liturgie, de la charité…. Ils auraient pu partir ailleurs, s'installer dans des lieux plus sûrs, ou renoncer à leurs engagements chrétiens, voire les réduire, mais ils ne l'ont pas fait, même s'ils étaient conscients de la situation et des dangers qu'ils affrontaient chaque jour. Naïfs, aux yeux du monde. Mais l'Église, et finalement le monde, avancent grâce à eux, qui « ne sont pas des fleurs poussant dans un désert », et à tous ceux qui, comme eux, témoignent de leur reconnaissance pour l'amour du Christ en le traduisant dans des actes quotidiens de fraternité et d'espérance.

    Lors de l'Angélus en la fête de Saint Étienne, premier martyr de la communauté chrétienne, le Pape François a rappelé : « Il y a encore - et ils sont nombreux - ceux qui souffrent et meurent pour témoigner de Jésus, comme il y a ceux qui sont sanctionnés à différents niveaux pour avoir eu un comportement conforme à l'Évangile, et ceux qui luttent chaque jour pour rester fidèles, sans faire d'histoires, à leurs bons devoirs, alors que le monde se moque d'eux et prêche quelque chose d'autre. Ces frères et sœurs peuvent aussi apparaître comme des ratés, mais nous voyons aujourd'hui qu'il n'en est rien. Aujourd'hui comme hier, en effet, la semence de leurs sacrifices, qui semblait mourir, germe, porte du fruit, parce que Dieu, à travers eux, continue à faire des merveilles, à changer les cœurs et à sauver les hommes » (Angélus, 26 décembre 2023). (Agence Fides 30/12/2023)

  • Quand, pour la première fois depuis Vatican II, des cardinaux et des évêques…

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    De l'abbé Claude Barthe sur Res Novae :

    Pour la première fois depuis Vatican II, des cardinaux et des évêques…

     

    Du mal, Dieu peut providentiellement faire surgir un plus grand bien. La déclaration Fiducia supplicans du Dicastère pour la Doctrine de la Foi[1], affirmant dans son n. 31 qu’« il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe » a créé une situation nouvelle : un nombre important d’évêques dans le monde, parfois des épiscopats entiers, ont fait savoir qu’ils ne recevaient pas cet enseignement officiel en rupture avec l’enseignement pérenne de l’Église et ont interdit à leurs prêtres de procéder à de telles bénédictions. C’est un signe d’espérance au sein de l’immense déréliction d’un troupeau des fidèles qui a souvent l’impression d’être sans pasteurs.

    Deux remarques s’imposent :

    1°/ On note que beaucoup de réactions épiscopales interdisent seulement à leur prêtres de bénir des couples homosexuels.

    Cependant, il faut prendre garde au fait que refuser la bénédiction des couples de même sexe – qui causent assurément un très grand scandale – sans s’exprimer sur la bénédiction des couples irréguliers, tend à légitimer de facto ces « remariages ». Or, la demande de cette bénédiction, ou d’une prière, est de très loin la plus fréquente dans les paroisses. C’est à elle surtout que sont confrontés les curés. Un nombre non négligeable d’entre eux acceptent de bénir les couples irréguliers dans un cadre familial ou même à l’église sans être condamnés ni même rappelés à l’ordre. Il faut donc saluer les réactions épiscopales, comme celle de l’épiscopat de Hongrie, qui visent tant les bénédictions de couples du même sexe que celles des couples non mariés validement.

    2°/ On constate ainsi, à l’occasion de ces déclarations épiscopales, que les atteintes à la doctrine morale de l’Église provoquent plus aisément de salutaires réactions que d’autres infléchissements doctrinaux, comme ceux qu’on a pu noter à l’occasion du concile Vatican II et qui ont été confirmés par l’enseignement postérieur.

    Pourtant, les bouleversements de l’ecclésiologie, tels que la doctrine de la liberté religieuse ou celle de l’œcuménisme, ont été de bien plus grande conséquence du point de vue de la compréhension que l’Église a d’elle-même et de sa mission que la déclaration Fiducia supplicans ou que l’exhortation Amoris lætitia.

    Ce sont d’ailleurs ces inflexions ecclésiologiques majeures qui ont permis ensuite, comme une deuxième étape, celles concernant la morale, dans la mesure où elles ont ouvert la possibilité d’un enseignement officiel qui ne s’estime pas obligé à une cohérence rigoureuse avec le magistère antérieur.

    Ces deux points précisés, il faut saluer dans l’action de grâces le fait que, pour la première fois depuis Vatican II, des cardinaux et des évêques en exercice ont publiquement protesté contre un enseignement officiel qui n’est pas en adéquation avec la transmission ininterrompue de la Révélation par le magistère de l’Église.

  • Quand Benoît XVI concluait l'année écoulée et inaugurait l'an neuf

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    unnamed (2).jpgHOMÉLIE du pape Benoît XvI
    Premières Vêpres et Te Deum en la Solennité de Sainte Marie Mère de Dieu
    (Samedi 31 décembre 2011)

    Messieurs les Cardinaux,
    Chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
    Autorités,
    Chers frères et sœurs,

    Nous sommes réunis dans la Basilique Vaticane pour célébrer les Premières Vêpres de la solennité de Sainte Marie Mère de Dieu et pour rendre grâce au Seigneur au terme de l’année, en chantant ensemble le Te Deum. Je vous remercie vous tous qui avez voulu vous unir à moi en cette circonstance toujours dense en sentiments et en signification. Je salue tout d’abord Messieurs les Cardinaux, les vénérés Frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, les religieux et les religieuses, les personnes consacrées et les fidèles laïcs qui représentent la communauté ecclésiale de Rome tout entière. Je salue de façon spéciale les Autorités présentes, à commencer par le Maire de Rome, le remerciant pour le don du calice qui, selon une belle tradition, se renouvelle chaque année. Je souhaite de tout cœur que l’engagement de tous ne manque pas afin que le visage de notre ville soit toujours plus conforme aux valeurs de foi, de culture et de civilisation qui appartiennent à sa vocation et à son histoire millénaire.

    Une autre année s’achève alors que nous en attendons une nouvelle : avec l’anxiété, les désirs et les attentes de toujours. Si on pense à l’expérience de la vie, on demeure étonnés de ce qu’au fond elle soit brève et fugace. C’est pour cela, qu’il n’est pas rare que nous nous interrogions : quel sens pouvons-nous donner à nos jours ? Quel sens, en particulier, pouvons-nous donner aux jours de difficulté et de souffrance ? C’est une question qui traverse l’histoire, qui traverse même le cœur de toute génération et de tout être humain. Mais à cette question il y a une réponse : elle est écrite sur le visage d’un Enfant qui, il y a deux mille ans, est né à Bethléem et qui aujourd’hui est le Vivant, ressuscité de la mort pour toujours. Dans le tissu de l’humanité déchiré par tant d’injustices, de méchancetés et de violences, fait irruption de manière surprenante la nouveauté joyeuse et libératrice du Christ Sauveur qui, dans le mystère de son Incarnation et de sa naissance, nous fait contempler la bonté et la tendresse de Dieu. Dieu éternel est entré dans notre histoire et demeure présent de façon unique dans la personne de Jésus, son Fils fait homme, notre Sauveur, venu sur la terre pour renouveler radicalement l’humanité et la libérer du péché et de la mort, pour élever l’homme à la dignité de fils de Dieu. Noël ne rappelle pas seulement la réalisation historique de cette vérité qui nous concerne directement, mais, de façon mystérieuse et réelle, nous la donne de nouveau.

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  • Eglise du Saint-Sacrement à Liège (Bd d’Avroy, 132) : Fête de l’Épiphanie, le samedi 6 janvier 2024 à 17h00

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  • En hommage à Benoît XVI, docteur de la foi, pour le premier anniversaire de sa mort

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    Du Père Jean-Gabriel, ocd, prieur du couvent des Carmes de Toulouse, sur le site de la Nef :

    Benoît XVI, docteur de la foi

    Le pape Benoît XVI nous a quittés il y a un an, le 31 décembre 2022. Petit hommage pour le premier anniversaire de sa mort.

    « Dieu est le véritable Père de sa créature. Ce Dieu est la vie, et la mort est donc la contradiction totale de la réalité de Dieu. Dieu ne veut pas son contraire. […] C’est pourquoi Dieu cherche la vie de sa créature, non pas la punition, mais la vie au sens plein : la communication, l’amour, l’épanouissement de l’être, la participation à la joie de la vie et à la grâce d’exister » (Le Ressuscité, DDB, 1986, p. 50). Ces propos du Cardinal Ratzinger, tirés de la retraite de Carême qu’il avait prêchée au Vatican en 1985 devant Jean-Paul II, constituent une sorte de préambule à l’enseignement que prodigua toute sa vie durant cet éminent théologien dont nous avons fêté le 31 décembre le premier anniversaire de la mort. C’est que celui qui devint pape le 19 avril 2005 sous le nom de Benoît XVI ne cessa d’affirmer – tant dans son enseignement universitaire que dans son magistère pétrinien – le primat de l’Amour de Dieu. Un Dieu créateur et rédempteur fidèle à la promesse de son Alliance avec l’homme qu’Il n’abandonne jamais en dépit de son péché, à qui Il veut communiquer Sa Vie pour le faire participer à Sa joie. La théologie du pape Benoît XVI est donc extrêmement joyeuse parce qu’elle s’enracine dans cette vertu d’Espérance dont il fera le thème principal de son encyclique Spe Salvi, du 30 novembre 2007. Une encyclique qu’il faudrait lire avec deux autres de ses textes magistériels : Deus Caritas est, sa première encyclique, qui porte sur le thème de la Charité divine, et celle que le pape François valida après la renonciation de son prédécesseur, mais dont celui-ci est l’auteur, à l’exception du dernier chapitre : Lumen fidei, l’encyclique tant attendue de Benoît XVI sur la vertu de la Foi.

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  • Note de Mgr Marc Aillet à propos de la déclaration Fiducia supplicans

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    Du site du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron :

    Note de Mgr Marc Aillet à propos de la déclaration Fiducia supplicans

    29 décembre 2023

    « Le Dicastère pour la Doctrine de la Foi (DDF) vient de publier, le 18 décembre 2023, avec l’approbation du Pape François, la Déclaration Fiducia Supplicans « sur la signification pastorale des bénédictions ».

    Saluée comme une victoire par le monde laïque, et en particulier par les lobbies LGBT qui y voient enfin une reconnaissance par l’Eglise des relations homosexuelles malgré les multiples restrictions rappelées par le document romain, elle fait l’objet d’une désapprobation publique inédite de la part de conférences épiscopales entières, en particulier d’Afrique et d’Europe de l’Est, ainsi que d’évêques de tous les continents. En outre, de nombreux fidèles, y compris des recommençants, et nombre de prêtres, qui font face, dans une société en perte de repères, à des situations pastorales complexes, en faisant preuve d’autant de fidélité à l’enseignement du Magistère que de charité pastorale, expriment leur trouble et leur incompréhension.

    Interpellé par ces réactions et après avoir pris le temps de la réflexion, je souhaite adresser, comme évêque, aux prêtres et aux fidèles de mon diocèse, une note en vue des les aider à accueillir cette déclaration dans un esprit de communion avec le Saint-Siège apostolique, en donnant quelques clés de compréhension, tout en interrogeant respectueusement certains points de la déclaration susceptibles de clarification. Enfin, je voudrais inviter les prêtres de mon diocèse à la prudence, vertu par excellence du discernement. J’ai conscience que cette note est dense, mais il me semble important de traiter la question avec suffisamment de hauteur théologique et pastorale.

    Une doctrine inchangée sur le mariage

    Fiducia supplicans commence par rappeler que l’enseignement de l’Eglise sur le mariage, comme union stable, exclusive et indissoluble entre un homme et une femme, naturellement ouverte à la génération de nouvelles vies, reste ferme et inchangée (n. 4). C’est la raison pour laquelle, insiste le texte, il est impossible de donner une bénédiction liturgique ou rituelle à des couples en situation irrégulière ou de même sexe, ce qui risquerait d’induire une grave confusion entre le mariage et les unions de fait (n. 5). Il est ainsi précisé que c’est la raison pour laquelle l’ancienne Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dans une réponse ad dubium, le 22 février 2021, avait conclu à l’impossibilité de donner une bénédiction aux « couples » de même sexe.

    Distinction entre les bénédictions liturgiques et les bénédictions pastorales

    Il est proposé ensuite tout un parcours biblique pour fonder la distinction entre les bénédictions liturgiques (n. 10) et les bénédictions que l’on qualifiera de pastorales, en vue d’éclairer la possibilité d’une bénédiction accordée à une personne qui, quelle que soit sa condition de pécheur, peut la demander à un prêtre, hors contexte liturgique ou rituel, pour manifester sa confiance en Dieu et sa demande d’aide afin de « mieux vivre » et de mieux ajuster sa vie à la volonté de Dieu (n. 20). Cela fait d’ailleurs partie d’une pratique pastorale élémentaire et bimillénaire de l’Eglise, en particulier dans le cadre de la dévotion populaire (n. 23-24), où il ne s’agit jamais d’exercer un contrôle sur l’amour inconditionnel de Dieu envers tous ni d’exiger un certificat de moralité, étant entendu qu’il s’agit ici d’un sacramental, qui n’agit pas comme un sacrement ex opere operato, mais dont l’efficacité de grâce dépend des bonnes dispositions de celui qui la demande et la reçoit. Jusqu’ici, le texte n’apporte rien de nouveau à l’enseignement ordinaire de l’Eglise, en ces matières.

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  • Sans prendre de gants, comment François efface l'héritage théologique de Benoît XVI

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    De sur le site du Figaro :

    Comment François efface l’héritage théologique de Benoît XVI depuis son décès

    30 décembre 2023

    ENQUÊTE - Depuis la mort du pape émérite il y a un an, son successeur impose sa vision de l’Église, sans prendre de gants.

    Le 13 mars 2013, jour de l’élection de François, la succession de Benoît XVI était actée. Le 31 décembre 2022, jour de la mort du pape émérite, sa succession était totalement accomplie. Non que l’épanouissement du pontificat de François ait été empêché par la cohabitation entre les «deux papes» mais une série de décisions drastiques prises par François depuis l’enterrement de son prédécesseur, donnent l’impression que le pontife argentin, aujourd’hui âgé de 87 ans, presse le pas pour imprimer encore plus profondément sa marque.

    Comme si la mort de Benoît XVI avait libéré son successeur d’un poids qui l’empêchait d’aller jusqu’au bout de ses réformes dont la plus durable serait une nouvelle approche de la doctrine catholique.

    «Un docteur au sein de l’Eglise»

    Dieu sait que le pontificat de Benoît XVI (2005-2013) fut précisément caractérisé par la clarté de la doctrine. Dans le quotidien Il Giornale de ce vendredi, un important cardinal italien, ancien numéro trois du pape allemand, souhaite à ce titre que ce théologien devienne…

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  • 4 prêtres enlevés en deux jours par la dictature au Nicaragua

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    D'Andrés Henríquez sur aciprensa :

    4 prêtres enlevés en deux jours par la dictature au Nicaragua

    29 décembre 2023

    Quatre prêtres ont été enlevés en seulement deux jours au Nicaragua. Entre le 28 et le 29 décembre, le régime sandiniste, dirigé par Daniel Ortega, a enlevé les prêtres, dont on ne sait toujours pas où ils se trouvent.

    Le 28 décembre, l'évêque auxiliaire de Managua, Mgr Silvio José Báez, a dénoncé sur le réseau social X (anciennement Twitter) l'enlèvement de trois de ces prêtres.

    Il s'agit du père Carlos Avilés, vicaire général de l'archidiocèse de Managua, du père Héctor Treminio, curé de l'église Santo Cristo de Esquipulas, dans le même archidiocèse, et du père Fernando Calero, curé de Nuestra Señora de Fátima Rancho Grande, dans le diocèse de Matagalpa.

    Mgr Báez, qui est en exil aux États-Unis en raison des persécutions de la dictature Ortega, a déclaré : "Je suis scandalisé par l'enlèvement injuste de trois prêtres bien-aimés de Managua par la dictature sandiniste criminelle".

    Le 29 décembre, la presse nicaraguayenne et l'avocate Martha Patricia Molina ont dénoncé l'enlèvement d'un autre prêtre, le père Marcos Diaz Prado, vicaire de l'église Santo Tomás Apóstol del Puerto de Corinto, dans le diocèse de León.

    Isidoro del Carmen Mora Ortega, évêque du diocèse de Siuna, a également été enlevé et emprisonné à la mi-décembre. En outre, deux séminaristes ont été enlevés en même temps que l'évêque Mora, et aucune autre information n'est disponible à leur sujet. Oscar Escoto, vicaire général du diocèse de Matagalpa, a également été enlevé pendant quelques heures.

    Un autre prêtre, le père Jader Guido, a été enlevé le 24 décembre, puis relâché.

    La persécution de l'Église catholique par le régime de Daniel Ortega et de son épouse et vice-présidente, Rosario Murillo, s'est intensifiée au cours des derniers mois. Le cas le plus emblématique est celui de Mgr Rolando Álvarez, évêque du diocèse de Matagalpa, enlevé et emprisonné en août 2022 et condamné en février de cette année à plus de 26 ans de prison pour "trahison".

    2023 : L'année des "nouvelles attaques" contre l'Église catholique au Nicaragua

    Le 28 décembre, M. Molina, également auteur de l'étude "Nicaragua : une Église persécutée", a déclaré à ACI Prensa que les personnes enlevées "sont des prêtres qui ont une longue vie pastorale et qui sont très aimés par les laïcs". Il a également déclaré que la dictature sandiniste les avait enlevés "sans raison, sans mandat d'arrêt et dans des véhicules privés appartenant à des paramilitaires".

    Outre les cas de disparitions forcées, 177 religieux ont été directement empêchés d'exercer leur ministère pastoral, ce qui les a contraints à l'exil.

    Molina a rappelé que le pape François s'est exprimé à plusieurs reprises sur la grave crise que traverse l'Église catholique au Nicaragua depuis avril 2018. Cette année, le Saint-Père a comparé le régime sandiniste aux dictatures "grossières" du début du XXe siècle. Il a également qualifié Daniel Ortega de personne souffrant d'un "déséquilibre".

    Le chercheur nicaraguayen a assuré que "le Saint-Siège poursuit ses négociations avec la dictature, mais ce qui se passe, c'est que la famille Ortega-Murillo veut avoir un contrôle absolu sur la nomination des évêques ou des cardinaux".

    Andrés Henríquez est un écrivain vénézuélien spécialisé dans la religion et la politique. Plus de 5 ans d'expérience dans les médias bilingues. Membre de la Fédération Regnum Christi.

  • Bénédiction des couples homosexuels : pourquoi des évêques africains contestent-ils la décision du pape ?

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    TV5 Monde : LE 28 DÉC. 2023 À 10H58 (TU)  Par Juliette Ossola :

    Depuis l'autorisation de la bénédiction des couples de même sexe par le Vatican, de vives réactions se sont faites entendre sur le continent. Plusieurs évêques africains ont contesté cette déclaration, et certains refusent de bénir ces couples. Ces réactions s'expliquent à la fois par le contenu du texte, dans un continent dans lequel l'homosexualité reste encore majoritairement pénalisée ou mal perçue, mais aussi par la manière dont le Vatican a pris cette décision. Analyse : "Il n’y a aucune possibilité dans l’Église de bénir les unions et activités homosexuelles. Cela irait à l’encontre de la loi de Dieu, de l’enseignement de l’Église, des lois de notre nation et des sensibilités culturelles de notre peuple". Le ton du communiqué du 20 décembre de la Conférence épiscopale du Nigeria est direct. Du Nigeria à Kinshasa, nombreux sont les prélats africains qui refusent de suivre le pape dans sa décision.

    Or, le 18 décembre dernier, le dicastère pour la Doctrine de la foi, autorisait la bénédiction aux "couples irréguliers" (couples de divorcés ou de même sexe) dans une déclaration approuvée par le pape François, sans que ce pape ne remette en cause la doctrine de l'Église selon laquelle le mariage est un sacrement entre une femme et un homme.

    (Re)lire : Bénédiction des couples homosexuels : des archevêques africains contestent la décision du pape

    32 pays africains répriment l'homosexualité :

    "L’Église catholique en Afrique est extrêmement conservatrice sur le plan des mœurs". Jean-Pierre Dozon, anthropologue et spécialiste de l'Afrique : Ces réactions hostiles à la décision du pape s'inscrivent dans un continent où l'homosexualité est souvent réprimé. Sur 69 pays dans le monde réprimant l’homosexualité, 32 sont situés en Afrique, selon l'observatoire des inégalités.

    "L’Église catholique en Afrique est extrêmement conservatrice sur le plan de mœurs" constate Jean-Pierre Dozon, anthropologue et spécialiste de l'Afrique. Selon lui, cette "hostilité de certains prélats africains à la bénédiction de couples homosexuels n'est donc pas surprenante"

    "Les premières législations contre les homosexuels ont été mises en place par les pays colonisateurs. Il y a un ensemble de raisons politiques, culturelles et religieuses et il faut replacer cela dans son contexte. Les Églises locales sont placées dans des contextes nationaux divers et variés et il est intéressant de voir si elles sont sous influence de la politique locale dans leurs prises de positions, ou si elles se positionnent en fonction de leur compréhension du dogme et de la doctrine catholique", détaille François Mabille, directeur de l'Observatoire géopolitique des Religions au sein de l'IRIS. 

    "Plusieurs questions se posent: quelles seraient les incidences pour eux (les prêtres qui béniraient les couples homosexuels) du point de vue de leurs États s’ils faisaient autrement ? Est-ce que les forces de police pourraient arriver au cours de la bénédiction pour arrêter les homosexuels, vu qu’ils seraient au courant de leur homosexualité ?" ajoute une source bonne connaisseuse du Vatican. 

    Au Nigéria par exemple, la loi prévoit une peine de 14 ans de prison en cas de mariage homosexuel et 10 ans d'emprisonnement pour les personnes de même sexe affichant publiquement leur relation.

    Une prise de position du pape 

    (Re)lire : Bénédiction des couples homosexuels : le pape change la pratique de l’Église mais pas sa doctrine

    De plus, un synode sur l'avenir de l'Église, une grande assemblée d'ecclésiastiques rassemblant des représentants de l'Église catholique issus de tous les continents, évêques, religieux mais aussi des fidèles laïcs, s'est tenu à Rome du 4 au 29 octobre 2023. Durant cette assemblée, a été évoqué la question de la bénédiction des couples homosexuels, donnant lieu, selon cette même source, à "des confrontations de points de vue particulièrement vigoureuses".

    C’est une pratique un peu solitaire du pouvoir du pape de prendre position par la publication de ce texte" commente François Mabille, directeur de l'Observatoire géopolitique des Religions au sein de l'IRIS

    À l’issue de ce synode, aucune déclaration en faveur de la bénédiction des couples homosexuels n'avait été retenue. François Mabille y voit "une sorte de contradiction dans la gouvernance du pape actuel : il organise un synode qui dresse des perspectives de collaboration dans la réflexion sur l’Église, sa gouvernance et les prises de positions doctrinale. Alors que sur un sujet sur lequel le synode n’a pas pu se prononcer, le pape publie ce texte. C’est une pratique un peu solitaire du pouvoir, le pape prend position par la publication de ce texte". 

    Déclin de l'Église catholique en Occident 

    Or, si le catholicisme a tendance à décliner en Europe et en Amérique du Nord, ce n'est pas le cas dans les pays du Sud et la part de l'Église africaine dans le monde est aujourd'hui très importante. "L’Europe a colonisé et évangélisé l’Afrique. Le catholicisme a été approprié et est devenu une affaire africaine" explique Jean-Pierre Dozon.

    Selon François Mabille, "ce qui est de plus en plus sensible c’est la position à la fois minoritaire et à la fois une sorte de mise à distance des Églises catholiques en Europe de la part des Églises catholiques en Asie et en Afrique." Des prêtres dans l'Église catholique flamande ou en Allemagne ont en effet béni des couples de même sexe.

    "On peut dire que le Sud global a ce regard des anciens colonisés sur le catholicisme européen, qui est jugé comme à la fois déclinant, ce qu’il est, et avec l’idée que les Églises catholiques en Europe ne sont pas en mesure de conforter la doctrine et de faire passer des lois dans les pays européens", ajoute François Mabille

    L'avenir de l'Église catholique

    Au vu de ces divisons, la question de l'avenir de l'Église catholique se pose. "Le risque est de voir apparaitre une fracture dans l’Église catholique d’une manière très forte" précise François Mabille. Selon l'expert, "d’une certaine manière, par la méthode et par le contenu il y a un risque que cela cristallise l’opposition à la fois au pape, et aux ouvertures pastorales de l’Église catholique. Ça pourrait devenir l'un des enjeux dans l’élection du successeur du pape".

    C'est aussi ce risque de fracture que souligne Jean-Pierre Dozon : "il y aura un retour de bâton après lui (le pape François), à la curie romaine, comme les prélats africains sont nombreux et importants, il y aura un retour à quelque chose de beaucoup plus traditionaliste". 

    L'anthropologue évoque la possibilité de l'élection d'un prochain pape africain,: "à ce moment-là, ça serait un pape qui serait évidemment très conservateur", ajoute-t-il. » …