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Patrimoine : logements, musées, hôtels, murs d’escalade… que faire de nos églises désacralisées ?
23 janvier 2022
Une idée... cardinale pour la Cité Ardente. Cette semaine, un choix très attendu, a été arrêté: l’imposante "Basilique" (qui est en fait une église) implantée sur le mémorial interallié de Cointe et qui domine la ville de Liège, va être réhabilitée. Et c’est le projet baptisé "Basilique Expérience" qui a décroché la timbale. Un projet qui fait la part belle à… l’escalade. Le Groupe Gehlen a, en effet, voulu tirer parti de la hauteur sous plafond de 40 mètres de l’édifice. En association avec d’autres sociétés, il va y aménager ce qui deviendra la plus haute salle d’escalade d’Europe. Un parcours d’accrobranche sera aussi construit, de même qu’une extension proposant restaurant panoramique, cinéma de quartier et espace polyvalent.
L’occasion pour nous de revenir sur cette question très actuelle : ils sont très nombreux dans nos contrées, ces bâtiments religieux. Ces églises, chapelles et couvents qui parsèment nos villes et nos campagnes. De moins en moins occupés, leur entretien coûte cher et ils sont de plus en plus à être désacralisés. Que faire de ce patrimoine parfois cher à nos villes et nos villages, une fois qu’il a "perdu sa foi"?
Emotionnel
Une église peut revêtir une charge émotionnelle forte dans une entité. Une communauté de personnes s’est souvent attachée au bâtiment pour diverses raisons. Un lieu de rassemblement pour divers grands moments de l’existence : baptême, mariages, mais aussi funérailles ou catéchisme… La silhouette rassurante d’un clocher dans le paysage, le son régulier du carillon, la richesse d’un patrimoine…
Des lieux dont la destination première est de vivre, mais qui, en de nombreux endroits, se voient de plus en plus désertés. "Les églises sont des lieux d’accueil dont les portes sont ouvertes. On y entre et on en sort comme on veut. […] Ce sont des lieux ouverts pour tous, croyant ou non. Des lieux publics, uniques en leur genre " ont écrit les évêques de Belgique dans une lettre de 2019. Un bâtiment religieux a donc vocation à rester ouvert : "Les églises fermées toute la semaine ou seulement ouvertes pour les services liturgiques, n’émettent pas un bon signal" déclarent-ils.Les prélats ne nient pas que les temps ont changé, et la pratique religieuse aussi. Ainsi, ils écrivent également : " L’infrastructure héritée du passé ne correspond plus à la situation réelle de l’Eglise dans notre société".
Les restaurations coûtent cher aux finances communales – rappelons que dans nos contrées, les édifices sont gérés par les "fabriques d’Eglise"- et pour ne pas voir tout ce patrimoine tomber en lambeaux, il faut donc procéder à des réaffectations. Selon les Evêques, certaines églises se voient donc attribuer une destination partagée (comme dans le cas de Cointe, où une partie ne sera pas désacralisée). D’autres monuments sont désaffectés et reconvertis. Un choix parfois cornélien et déchirant pour les communautés ecclésiastiques.
Autel et platines
Désacraliser et réhabiliter les monuments religieux… Très bien, mais pas de n’importe quelle manière. Les évêques plaident ainsi pour une politique globale, et pas seulement à l’échelle locale. Et si la décision est entérinée, pas question néanmoins de faire n’importe quoi avec le bâtiment maintenant "païen". "S’il n’y a plus suffisamment de personnes dans certains lieux, il vaut mieux trouver une bonne réaffectation à un lieu qui peut toujours parler aux personnes du quartier. Mais le respect de ce qu’a été ce bâtiment demande dans une certaine mesure à être maintenu"expliquait Tommy Scholtès, le porte-parole de la conférence épiscopale de Belgique, en 2016.
Pourtant, des cas se distinguent… Ainsi, la célèbre discothèque bruxelloise "Spirito" a déjà fait les belles nuits de biens des noceurs. Ancienne église, c’est sous les spotlights qu’un autre type de fidèles a l’habitude (hors temps de pandémie, évidemment) de se trémousser. Mais ce n’était pas une église catholique. Elle était à l’origine ouverte au culte anglican. Pas certain que les autorités catholiques auraient voués l’endroit à des saints si bruyants…
Dominus secus mare Galilǽæ vidit duos fratres, Petrum et Andréam, et vocávit eos: Veníte post me: fáciam vos fíeri piscatóres hóminum. Ps Cæli enárrant glóriam Dei: et ópera mánum eius annúntiat firmaméntum. ℣. Gloria Patri.
Le Seigneur le long de la mer de Galilée vit deux frères, Pierre et André, et les appela : Venez à ma suite, et je vous ferai devenir pêcheurs d'hommes. Ps Les Cieux racontent la gloire de Dieu : et l'oeuvre de Ses mains annonce le firmament.
OMNIS terra adóret te, Deus, et psallat tibi: psalmum dicat nómini tuo, Altíssime. Ps. ibid., 1-2 Iubiláte Deo, omnis terra, psalmum dícite nómini eius: date glóriam laudi eius.
Que la terre T'adore et chante en Ton honneur, qu'elle dise une hymne à Ton nom. Ps. Poussez vers Dieu des cris de joie, ô terre entière; chantez un psaume à Son Nom : rendez glorieuse Sa louange.
« Ce film choc retrace plus de vingt années de massacres et de pillages commis au Congo. Avec des centaines de milliers, voire des millions de morts. Son but: lutter contre l'oubli et contre l'impunité des auteurs de ces crimes.
Thierry Michel a présenté son documentaire en novembre dernier à Kinshasa. Le film a provoqué la campagne de mobilisation internationale "Justice for Congo".
Ce documentaire sur la situation au Congo, est plus qu'un plaidoyer: "C'est un film aussi, donc c'est une esthétique de cinéma avec une grande musique orchestrale originale, avec des chants profonds qui sortent de l'âme même africaine, avec ces images très travaillées, mais avec une construction dramaturgique évidemment sur le temps, mais un travail aussi d'investigation journalistique où j'ai été non seulement dans les différentes provinces martyres du Congo, au fin fond des forêts, retrouver les survivants, les témoins oubliés de ces histoires qui vont nous dire des choses invraisemblables que l'esprit humain ne peut même pas imaginer" explique Thierry Michel.
"J'ai été aussi au sein de ces grandes institutions internationales pour comprendre pourquoi, que ce soit les Nations Unies, la Cour pénale, les grands Parlements de par le monde, n'ont pas réussi à neutraliser ces forces obscurantistes et à aider ce pays à instaurer une paix véritable basée sur la justice."
Avec "L'empire du silence", le réalisateur souhaite aussi susciter une saine colère auprès du public: "Sur ce fond d'histoire des grands du Congo, des dirigeants du Congo, il y a évidemment ces milliers de massacres qui font des centaines de milliers de morts, voire des millions, pendant 25 ans, dans la plus grande impunité, où les responsables des meurtres deviennent des dirigeants militaires ou politiques."
"C'est d'un cynisme absolu" poursuit le réalisateur, "et le film essaie de dénoncer cela, et aussi de montrer que, finalement, c'est une guerre qui n'a pas préoccupé grand monde parce qu'elle a été très peu médiatisée par rapport à d'autres conflits, je pense au Moyen-Orient, l'Irak, la Syrie, et bien d'autres. Et jamais on n'a réussi à empêcher cette spirale invraisemblable, ce carrousel sans fin d'une violence effrénée qui n'a fait que s'aggraver en barbarie pour arriver, des premiers massacres de 96, lors du début de la première guerre du Congo, à ce qui s'est passé au Kasaï ces dernières années, qui est absolument effroyable."
Briser la loi du silence
Pour Thierry Michel, ce film doit contribuer à ce qu'un jour, justice soit rendue à toutes les victimes: "Partout, le pays est jonché de fosses communes, mais ce qui est fou au Congo, c'est qu'aucun mécanisme de justice ne se met en place et que même le nom des grands criminels, -il y a eu des investigations, des enquêtes des Nations Unies qui savent qui sont les grands criminels-, mais la liste de ces noms est aujourd'hui confidentielle, taboue, secrète, personne ne peut savoir, et aucune enquête judiciaire n'est en cours. Les victimes restent avec les survivants, la tragédie sur les épaules, et n'ont plus qu'à espérer, un jour, ce auquel ce film doit contribuer, qu'un jour justice leur sera rendue."
Un film où je termine mon cycle congolais
Ce documentaire, c'est aussi un peu le film bilan du réalisateur: "Cela fait trois décennies que je fais des films au Congo, j'en ai fait presqu'une quinzaine si on compte même les plus courts. Pour moi, c'est aussi un film où je termine mon cycle congolais, le rideau tombe, j'espère ici avoir dit ce qu'est le plus fondamental et avoir lancé ce cri de colère contre ce qui s'est passé et ce qui se passe encore dans ce pays."
Un regard sur un drame dont les sources sont bien antérieures à vingt ans: le Cardinal Ambongo, archevêque de Kinshasa, en a analysé les causes premières sans concession, lors de la célébration du soixantième anniversaire de l’indépendance du pays. Cliquer ici: Homélie du Cardinal Ambongo le 30 juin 2020.
En ce mois de janvier, le médiéviste André Vauchez nous invite à découvrir les lieux saints du christianisme qui se sont développés en marge de la pratique paroissiale. Ces sanctuaires germèrent à la faveur de la diffusion du culte des reliques puis de la floraison des apparitions ou des images miraculeuses. Certains bénéficiaient d’une renommée européenne. D'autres rayonnaient plus modestement à l’échelle locale. Tous agrégeaient des fidèles de différents horizons qui venaient y chercher les grâces spécifiques dont ils avaient besoin. Depuis une vingtaine d’années, les historiens s’attachent à dresser l’inventaire de ces sanctuaires. En Italie, plus de 3000 sites ont été identifiés, grâce à l'impulsion donnée par Giorgio Cracco et André Vauchez. Les travaux sont en cours pour la France, sous la direction de Catherine Vincent, avec le concours de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Ils sont terminés aux Pays-Bas. Ces efforts collectifs font émerger un réseau de grande ampleur qui contribua à la construction d’un espace chrétien en Occident, avec des pôles d'attraction multiples, parfois éphémères. Ils révèlent un pan longtemps sous-estimé de la pratique religieuse, qui laissait la part belle à l’initiative personnelle.
Bonne écoute !
Xavier Darcos
Chancelier de l’Institut de France
L'entretien de la semaine _______________________
Comment les sanctuaires chrétiens ont-ils façonné nos territoires ? Histoire d’un réseau multipolaire
De Rome à Rocamadour, de Jérusalem à Compostelle, de Tours à Notre-Dame de Lorette... Les sanctuaires chrétiens attirent les pèlerins, en quête d'une grâce, auprès d’un objet tangible : une relique, une image ou une source miraculeuse. Ils autorisent une dévotion plus libre que le cadre familier des églises paroissiales. Des travaux récents ont permis de prendre la mesure de ce pan longtemps sous-estimé de la pratique religieuse. Ils dessinent un réseau dense constitué de pôles majeurs mais surtout d’innombrables sanctuaires locaux. André Vauchez, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, explique comment ces lieux ont construit l’espace chrétien en Occident, entre le IVᵉ et le XVIᵉ siècle.
À Lorette, en Italie, la plus extraordinaire relique de la chrétienté L’académicien Yves-Marie Bercé présente l’histoire du pèlerinage à la Sainte Maison de la Madone
La spiritualité médiévale autour de saint Michel et le Mont-Saint-Michel, avec André Vauchez, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres
Longtemps déconsidérée, la spiritualité médiévale est bien plus riche qu’on ne le croit : entre le VIIIᵉ siècle et le XIVᵉ siècle, elle s’exprime de multiples façons. André Vauchez, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, évoque pour nous cette spiritualité tout en s’intéressant particulièrement au culte rendu à saint Michel.
En alternance avec Triors ou encore la Schola Cantorum de Cologne, je vous ai fait parfois écouter les chants de l’Épiphanie par les moines de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes. C’était dans une interprétation en date de l’année 1969, rééditée en CD par Universal Classics en 2002. Nos amis de l’excellent site Musicologie médiévale m’ont fait découvrir un microsillon plus ancien de 1958 des mêmes moines de Solesmes... (la suite sur le site d'Una Voce)
Malach 3,1; 1 Par 29,12 Ecce, advénit dominátor Dóminus: et regnum in manu eius et potéstas et impérium
Ps 71,1 Deus, iudícium tuum Regi da: et iustítiam tuam Fílio Regis. V. Glória Patri, et Fílio, et Spirítui Sancto. R. Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, et in saecula saeculórum. Amen
Malach 3,1; 1 Par 29,12 Ecce, advénit dominátor Dóminus: et regnum in manu eius et potéstas et impérium
« (…) Les antiquaires dénués de scrupules n’ont jamais connu d’aussi beaux jours que depuis qu’on leur liquide les quelques belles choses qui pouvaient demeurer dans les sanctuaires – dont le prêtre pourtant n’est que le gardien – pour payer les caisses à savons dont on construira le « podium », où se dresseront les tréteaux baptisés « autel face au peuple », plus les quelques blouses de garçons épiciers qui feront les « aubes » nécessaires à la figuration. Après quoi, il ne reste plus qu’à planter le micro pour la messe-crochet radiophonique. En ces temps où, comble d’ironie, on ne parle que de « promotion des laïcs », le cléricalisme le plus ingénu se donnera libre cours dans ce décor fait par lui et pour lui. L’intarissable « commentateur », occultant sans peine l’officiant falot qui expédie derrière lui les exigences rubricales, pourra imposer enfin sans contrainte au bon peuple chrétien la religion de M. le Curé ou de M. le Vicaire à la place de celle de l’Église… L’ennui que dégagent ces « célébrations » a fait rejoindre d’un coup au catholicisme le plus évolutif ce que le protestantisme le plus rétrograde pouvait connaître de désolante pauvreté. (…) Il paraît que l’Église convertirait tout le monde si seulement les Évêques coupaient leur cappa magna. Reste à savoir si, pour restituer à l’Église l’esprit de pauvreté des Béatitudes, il suffit de la mettre en savate. Et, quand tel serait le cas, il faudrait encore être sûr que la pauvreté doive être présente d’abord dans le culte, et non dans la vie des chrétiens. C’est un peu facile de se faire une bonne conscience sur ce point en louant Dieu dans une bicoque pour ensuite retrouver chez soi sa télévision, son frigidaire, son chauffage central, toutes choses dont il ne peut être question pour personne de se priver au nom de quelques conseils évangéliques, trop évidemment dépassés par la « planétisation » contemporaine ! Osons donc mettre en doute deux préjugés qui font de la liturgie catholique, de nos jours, trop souvent, la plus triste chose qu’elle ait jamais été. Le premier, c’est qu’elle ne peut être évangélique qu’en étant pauvre. Et le second, c’est que la pauvreté, c’est le négligé. (…) La pauvreté dans le culte ne signifie point le laisser-aller (qui produit régulièrement les formes de laideur les plus sinistres), et un culte authentiquement pauvre, même s’il répond à certaines exigences de la foi, ne répond pas à toutes. (…) Défions-nous d’une pauvreté iscariote, qui lésine au nom des pauvres sur les frais du culte, quoi qu’elle ne se fasse aucun scrupule de jeter l’argent par les fenêtres pour toutes sortes d’inutilités qui n’ont pas l’excuse (ou le tort) d’être belles. »