Lu sur le site web de la Libre Afrique:
"Le président de la Conférence des évêques catholiques du Congo (Cenco), Mgr Marcel Utembi [archevêque de Kisangani, autrefois aussi dénommée Stanleyville, NdB], son secrétaire général, l’abbé Donatien Nsholé, et le secrétaire exécutif de Justice et Paix, le père Clément Makiobo, sont cette semaine à Bruxelles pour « rencontrer les partenaires du Congo », « partager nos préoccupations sur la situation sécuritaire à l’est » du pays et « leur demander de continuer à nous accompagner ». La Libre Afrique.be les a rencontrés :
« Bien qu’il y ait eu des redditions » de membres de groupes armés à l’est du Congo ces dernières semaines, « on continue à tuer et à semer la terreur » dans cette région, déplore la délégation de la Cenco. « En raison d’expériences malheureuses par le passé », expliquent-ils, « nos compatriotes pensent à un plan de balkanisation, ce qui explique la réaction peu respectueuse survenue lorsque le président Félix Tshisekedi a dit que les Banyamulenge sont des Congolais. Pourtant, il a dit vrai ».
Le président Tshisekedi a suscité des réactions hostiles pour avoir dit, le week-end dernier à Londres, devant la diaspora congolaise, que « les Banyamulenge (NDLR: Tutsis des hauts-plateaux du Sud-Kivu, à l’est de la RDC) sont des Congolais. Arrêtons de nous haïr. Ils sont restés en RDC génération après génération. C’est comme vous qui avez pris la nationalité ici (NDLR: en Grande-Bretagne). Il est anormal qu’on vous déconsidère ».
Rivalités pour la terre et occupation
Depuis les années 80, un courant d’opinion au Congo rejette l’idée que les rwandophones, à l’est du pays, sont Congolais. Ce rejet est lié à des questions de rivalité pour la terre; de variations (de droit et d’application des textes) dans la loi sur la nationalité; d’absence d’état civil permettant de distinguer rwandophones congolais et rwandais/burundais immigrés (soit avant soit après l’indépendance); de présence massive de Hutus rwandais, civils et militaires, ayant fui la défaite du régime génocidaire en 1994 pour gagner le Kivu et y commettant de terribles exactions depuis lors; d’occupation des Kivus par la nouvelle armée rwandaise, dominée par les Tutsis (1996-1998); et de manipulations politiciennes.
Ces dernières années, la question a été particulièrement exploitée par les adversaires politiques de Joseph Kabila, accusé de n’être pas congolais mais rwandais. Bien souvent, l’hostilité pour les rwandophones tourne rapidement au racisme anti-Tutsis, ces derniers étant présentés comme « nilotiques » et non « bantous », au contraire des Hutus. Ce sont les Tutsis rwandais que les Congolais préfèrent voir comme responsables des violences dans les Kivus, bien que la majorité des exactions y aient été commises par les groupes armés hutus rwandais (FDLR et autres) et par l’armée congolaise, selon les enquêtes.