Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Belgique - Page 9

  • Discours aux jésuites belges : la démographie selon François ne résiste pas à l'épreuve de la réalité

    IMPRIMER

    De Riccardo Cascioli sur la NBQ :

    La démographie selon François ne résiste pas à l'épreuve de la réalité

    S'adressant aux jésuites en Belgique, le Pape en a appelé à l'arrivée de migrants pour remplacer les enfants que les Européens n'ont plus. Une mauvaise recette qui traite les gens comme des objets interchangeables et qui a déjà fait beaucoup de dégâts.

    9_10_2024

    Le Pape avec les Jésuites en Belgique

    On y va encore une fois. Avec l’idée habituelle que puisque les enfants ne sont plus mis au monde en Europe, il faut des immigrés. Cette fois, le pape François descend sur le terrain avec toute son autorité. Dans la conversation qu'il a eue avec les jésuites belges le 28 septembre dernier lors de sa visite dans ce pays et qu'il a fait connaître hier par la publication de La Civiltà Cattolica, le Pontife a en effet déclaré que : « L'Europe n'a plus d'enfants, elle vieillit. Elle a besoin de migrants pour renouveler sa vie. C'est désormais devenu une question de survie. »

    Par pure coïncidence, la publication de ces propos est arrivée le jour de l'audition du président de l'Istat, Francesco Maria Chelli devant les Commissions du Budget de la Chambre et du Sénat (italiens). Chelli  a également confirmé pour 2024 la tendance en Italie à une diminution des naissances : au cours des sept premiers mois de 2024, "les naissances ont été d'environ 210 mille, soit plus de 4 mille de moins que dans la même période de 2023". Au cours de la même période, il y a eu 372 000 décès, un chiffre qui démontre la rapidité avec laquelle l'Italie perd sa population et révèle le déséquilibre croissant entre les jeunes et les personnes âgées.

    La solution résiderait donc dans l'immigration, selon le Pape, qui adhère ainsi au parti du remplacement ethnique, même dicté par la nécessité. Par ailleurs, dans la même réponse, le pape François a également souligné l'importance de garantir l'intégration (« un migrant qui n'est pas intégré finit mal, mais la société dans laquelle il se trouve finit mal aussi ») pour ensuite saluer le travail d'Open Arms, dont la tâche est pourtant de déverser des milliers d'immigrés clandestins sur les côtes italiennes sans se soucier du tout de "l'après".

    Nous ne répéterons pas une énième fois pourquoi la réponse à la baisse de la natalité ne réside pas dans l'immigration ( voir ici ) : il est seulement surprenant et attristant que ce soit le Pape lui-même qui ne se rende pas compte que la population d'un pays n'est pas composé d'individus interchangeables, comme s'il s'agissait d'objets : l'industrie italienne a produit x+y voitures, maintenant elle ne produit que x, alors j'achète y à l'étranger. Une personne est bien plus qu'un numéro : elle a des besoins matériels, sociaux, culturels, religieux qui, dans le cas de l'immigré, doivent être conciliés avec ceux de la société dans laquelle il souhaite rester. Parce que l’intégration n’est pas seulement la responsabilité de celui qui accueille, c’est aussi le devoir de celui qui est accueilli, c’est un mouvement bidirectionnel.

    Mais le discours du Pape est également trompeur et dangereux. Trompeur car il regroupe toutes les migrations, ne fait pas de distinction entre flux réguliers et débarquements illégaux, favorise le discours selon lequel nos pays sont fermés tout court à l'immigration . Ce n'est pas vrai : en Italie, par exemple, le décret de flux du 27 septembre 2023 a fixé les quotas d'étrangers qui seront accueillis en Italie pour des raisons de travail au cours de la période de trois ans 2023-2025 : 136 mille la première année, 151 mille dans le deuxième et 165 mille dans le troisième ; au total 452 mille citoyens étrangers.

    Il y a donc une distinction à garder à l’esprit entre l’immigration régulière et irrégulière. Et ici, le discours du Pape devient dangereux parce que ce qu'il promeut, c'est l'immigration irrégulière, c'est-à-dire qu'il exalte l'illégalité comme moyen de garantir l'entrée dans le pays souhaité. De plus, il ne fait même pas de distinction entre ceux qui ont le droit d'être accueillis en tant que réfugiés et ceux qui, selon le droit international, devraient être rapatriés. On peut peut-être discuter d'une éventuelle augmentation des admissions régulières, mais il est déconcertant d'écouter un Pape qui incite à l'illégalité

    Les bonnes intentions humanitaires du Pape qui prend en charge le sort des migrants ne sont pas remises en question, mais bien un humanitarisme idéologique qui favorise finalement le trafic d'êtres humains, l'appauvrissement des pays de départ (comme l'ont dit à plusieurs reprises les évêques africains ), et un chaos dans les pays d’arrivée, auquel nous assistons et qui ne peut être simplement attribué au manque de volonté des gouvernements européens d’intégrer les nouveaux arrivants.

    Et à cet égard, nous devons prendre du recul, par rapport à ce devoir d'intégration que le Pape a rappelé et que nous avons évoqué au début. Car pour expliquer les problèmes qui pourraient survenir, il a rappelé "ce qui s'est passé à Zaventem, ici en Belgique : cette tragédie est aussi le résultat d'un manque d'intégration". Ce n'est pas la première fois que le Pape en parle, il l'a également fait dans son discours à la Fondation Migrants de la Conférence Épiscopale Italienne (CEI) le 11 novembre 2021 : « La tragédie de Zaventem vient toujours à l'esprit : ceux qui ont agi c'étaient des Belges, mais des enfants de migrants non intégrés et ghettoisés." 

    A l'aéroport de Zaventem (à 11 km du centre de Bruxelles) et au même moment dans la station de métro Maelbeek, a eu lieu le 22 mars 2016 un triple attentat qui a fait 32 morts (plus trois kamikazes) et 350 blessés. Cet attentat, l'un des plus graves commis en Europe au cours de ce siècle, a été aussitôt revendiqué par l'EI (État islamique) et les responsables appartenaient à une importante cellule franco-belge, également responsable des attentats de Paris du 13 novembre 2015. ils s'étaient entraînés en Syrie et avaient combattu à l'étranger. Affirmer que tout le problème réside dans le manque d'intégration – c'est-à-dire les lacunes de la Belgique – semble pour le moins simpliste.

    Comme nous l’avons expliqué à plusieurs reprises, la migration est un phénomène complexe et ne peut être résolu avec des slogans et des mots à la mode qui ne tiennent pas compte de la réalité. Et surtout, l’immigration clandestine ne pourra jamais être la réponse au problème de la baisse du taux de natalité.

  • "Si la terre est dégradée, c'est la faute de l'homme blanc, chrétien et hétérosexuel" : l'Université de Liège persiste et signe

    IMPRIMER

    Lu sur La Meuse (8 octobre, page 8) :

    L’Uliège répond aux accusations de «dérive wokiste» 

    Dans le nouveau cours de l’Uliège sur les changements de notre planète, une phrase fait polémique : « C’est l’homme blanc, chrétien et hétérosexuel qui est à l’origine de ce basculement ». Dénoncés par une députée MR, le professeur Pierre Stassart et la rectrice Anne-Sophie Nyssen réagissent.  

    Ce week-end, la députée libérale verviétoise Stéphanie Cortisse a allumé le feu. Alertée par des étudiants, elle a fustigé une phrase tirée du cours obligatoire enseigné à l’université de Liège depuis la rentrée. Il s’adresse à tous ses nouveaux bacheliers et est consacré à tous les changements que subit notre planète.

    Selon le professeur Pierre Stassart, sociologue de l’environnement, l’origine du basculement des conditions d’habitabilité de la terre n’est pas due à l’homme en général, mais bien à l’« homme blanc, chrétien et hétérosexuel », comme il le désigne précisément dans son cours. « Évitons ainsi de masquer les profondes inégalités quant aux responsabilités intrinsèques face aux perturbations environnementales à l’échelle planétaire. »

    Qualifiant cette phrase de dérive wokiste, « qu’est-ce que la couleur de la peau, la religion et l’orientation sexuelle viennent faire là-dedans ? », la députée a interpellé la ministre Elisabeth Degryse qui a en charge l’enseignement supérieur pour qu’elle réclame des éclaircissements à la rectrice de l’Uliège.

    Liberté académique

    « La liberté académique doit rester un principe fondamental et il faut permettre aux chercheurs d’enseigner sans pression, nous explique Anne-Sophie Nyssen, regrettant une forme « d’intimidation » de la part de la députée. « L’université doit rester un lieu ouvert au débat et permettre d’aiguiser l’esprit critique des étudiants. »

    Et de faire attention aux mots employés : « le wokisme est un mot inventé au départ par les suprémacistes blancs américains pour fustiger le combat d’émancipation des noirs », ajoute-t-elle.

    De son côté, le professeur en question se défend également. « Factuellement, ce que j’écris est validé par la communauté scientifique. C’est la révolution industrielle qui marque le départ d’une nouvelle ère géologique baptisée « anthropocène » car c’est l’action humaine qui est le facteur déterminant de ce basculement. »

    Cette révolution industrielle est née en Europe. « Elle a été menée par des hommes blancs, mais aussi chrétiens parce que c’est au nom de la religion que l’Europe a colonisé d’autres parties du monde, en lui imposant son système capitaliste. »

    Enfin pourquoi « hétérosexuel » ? « Parce que c’était le modèle de base de l’époque. Mais vu les réactions d’incompréhension, je lui préférerai aujourd’hui le terme de « patriarcal » qui est moins polémique. Je comprends donc qu’il puisse choquer et ce n’est pas mon but premier. Je le changerai donc dans la prochaine édition de ce cours. Mais cela prouve aussi qu’il y a une nécessité de débat sur le sujet. »

    On verra si ces précisions apporteront les apaisements voulus. 

    En tout cas, pas les nôtres ! Car, comme le  fait remarquer Paul Vaute :

    Cette réponse montre au moins que sur le plan des dérives idéologiques, il y a moyen d'être pire que l'Université de Louvain (dans les deux langues)!

    Mettre en cause l'usage du concept de "wokisme" en disant qu'il relève du suprémacisme blanc est de la pure mauvaise foi. Des sociologues, des politologues, des historiens... y ont recours couramment, non pas pour fustiger la communauté noire, mais pour dénoncer un certain terrorisme intellectuel qui règne dans les campus américains où on a vu des collectifs s'en prendre à des enseignants simplement parce qu'ils enseignaient la littérature classique (dont les auteurs, bien sûr, étaient tous des hommes blancs patriarcaux). En Belgique, un très bon petit livre dénonçant les outrances wokistes a été publié il y a peu par... Bart De Wever (Woke, éd. Kennes, 2023).

    Sur un autre plan, attribuer tous les problèmes environnementaux au système industriel capitaliste est à tout le moins léger. M. Stassart n'a pas eu le bonheur de vivre à l'époque pré-industrielle, quand les rivières dans les villes étaient des égouts à ciel ouvert et qu'on était sans défense devant la propagation des épidémies et autres épizooties. Quant aux déforestations liées de nos jours au mode de vie primitif des Indiens d'Amazonie, il est bien évidemment interdit d'en parler. Il paraît, en outre, que les plus grands producteurs de gaz à effet de serre sont... les vaches des Pays-Bas et les kangourous d'Australie. Quand le professeur Stassart s'appliquera-t-il à les dénoncer ?

    Amusante aussi, l'affirmation selon laquelle "l’université doit rester un lieu ouvert au débat". C'est sans doute par distraction qu'on y a interdit, il y a quelques années, la conférence que devait donner Tugdual Derville, le délégué général de l'Alliance Vita (pro-vie).

  • "Le jésuite ne doit avoir peur de rien"; la rencontre du pape avec les jésuites de Belgique

    IMPRIMER

    D'Antonio Spadaro s.J. sur la Civilta cattolica :

    « NE CRAIGNEZ RIEN » Le pape François rencontre les jésuites en Belgique

    « NE CRAIGNEZ RIEN » Le pape François rencontre les jésuites en Belgique
     
    8 octobre 2024

    Dans l’après-midi du samedi 28 septembre, le pape François a quitté le campus de l’Université catholique de Louvain pour arriver, vers 18 h 15, au Collège Saint-Michel, une école catholique gérée par la Compagnie de Jésus, située à Etterbeek, à Bruxelles. Il y a rencontré environ 150 jésuites de Belgique, du Luxembourg et des Pays-Bas. Ils étaient accompagnés du provincial de la province francophone d’Europe occidentale, le père Thierry Dobbelstein, et du supérieur de la région indépendante des Pays-Bas, le père Marc Desmet. Le cardinal jésuite Michael Czerny, préfet du dicastère pour le développement humain intégral, était également présent. Le Pape a commencé :

    Bonsoir à tous ! Je suis déjà venu deux fois ici et je suis heureux d’être de retour. Je dois vous dire la vérité : j’ai déjà commis un vol ici. J’allais célébrer la messe et j’ai vu un paquet de papiers qui m’a intrigué. Il s’agissait de polycopiés de cours sur le livre de Job. Cette année-là, en Argentine, je devais donner des cours sur Job. J’ai feuilleté les pages et elles m’ont frappé. Finalement, j’ai pris ces notes !

    Pape François, nous sommes très heureux que vous soyez ici en Belgique. Vous êtes le bienvenu. Nous allons vous poser quelques questions, que nous espérons intéressantes et intelligentes. Nous avons ici le provincial de la province francophone d’Europe occidentale et le supérieur de la région indépendante des Pays-Bas. Cette terre est un véritable carrefour, et les jésuites y sont également très différents : certains viennent de la Conférence des Provinciaux jésuites d’Europe, puis il y a des francophones et des Flamands. Vous savez que lorsqu’on visite une communauté jésuite, on n’est jamais confronté à des photocopies ! Ici, ce n’est pas du tout le cas. Et nous parlons aussi des langues différentes. Le 3 mars 2013, une belle aventure d’espérance et de renouveau dans l’Église a commencé. Nous voulons que ce soit un moment informel et convivial. En Hollande, nous avons un mot typique pour cela : « gezellig ». Il est difficile à traduire : il peut être traduit par « convivialité », « atmosphère accueillante » ou même « bonne humeur », selon le contexte. Ici, c’est le mot qui nous convient en ce moment. Et c’est pourquoi nous voulons chanter ensemble la chanson « En todo amar y servir ».

    P. Desmet prend sa guitare et entonne la chanson. Le Pape prononce également les paroles, qu’il connaît bien, sous son souffle. Puis les questions commencent.

    Saint-Père, quelle est la mission spécifique des Jésuites en Belgique ?

    Écoutez, je ne connais pas votre situation, je ne peux donc pas dire quelle devrait être votre mission dans ce contexte spécifique. Mais je peux vous dire une chose : le jésuite ne doit avoir peur de rien. C’est un homme en tension entre deux formes de courage : le courage de chercher Dieu dans la prière et le courage d’aller aux frontières. C’est vraiment la « contemplation » en action. Je pense que c’est vraiment la mission principale des jésuites : s’immerger dans les problèmes du monde et lutter avec Dieu dans la prière. Il y a une belle allocution de St Paul VI aux Jésuites au début de la Congrégation Générale XXXII : au carrefour de situations complexes, il y a toujours un Jésuite, a-t-il dit. Cette allocution est un chef-d’œuvre et dit clairement ce que l’Église attend de la Compagnie. Je vous demande de lire ce texte. Vous y trouverez votre mission[1].

    Je vis à Amsterdam, l’une des villes les plus sécularisées du monde. Le Père Général Adolfo Nicolás a dit un jour qu’il rêvait de donner les Exercices Spirituels à des athées. Dans notre pays, l’athéisme est la norme plutôt que l’exception. Mais nous voulons donner la richesse de notre vie spirituelle à tous nos voisins, vraiment à tous, comme vous le dites : « Todos, todos ». Comment pouvons-nous atteindre ce niveau profond d’inculturation ?

    Nous trouvons la limite de l’inculturation en étudiant les débuts de la Société. Vos maîtres sont le Père Matteo Ricci, le Père Roberto De Nobili et les autres grands missionnaires qui, eux aussi, ont fait peur à certains dans l’Église par leur action courageuse. Ces maîtres nous ont tracé la ligne de démarcation de l’inculturation. L’inculturation de la foi et l’évangélisation de la culture vont toujours de pair. Quelle est donc la limite ? Il n’y a pas de limite fixe ! Il faut la chercher dans le discernement. Et le discernement se fait par la prière. Cela me frappe, et je le répète toujours : dans son dernier discours, le père Arrupe a dit de travailler aux frontières et en même temps de ne jamais oublier la prière. Et la prière jésuite se développe dans des situations limites, difficiles. C’est ce qui est beau dans notre spiritualité : prendre des risques.

    En Europe occidentale, nous connaissons bien la sécularisation. Nos sociétés semblent éloignées de Dieu. Que faire ?

    La sécularisation est un phénomène complexe. Je perçois que nous devons parfois nous confronter à des formes de paganisme. Nous n’avons pas besoin d’une statue d’un dieu païen pour parler de paganisme : l’environnement lui-même, l’air que nous respirons est un dieu païen gazeux ! Nous devons prêcher à cette culture par le témoignage, le service et la foi. Et de l’intérieur, nous devons le faire par la prière. Il n’est pas nécessaire de penser à des choses très sophistiquées. Pensez à saint Paul à Athènes : cela a mal tourné pour lui, parce qu’il a pris un chemin qui n’était pas le sien à l’époque. C’est ainsi que je vois les choses. Nous devons être ouverts, dialoguer et, dans le dialogue, aider avec simplicité. C’est le service qui rend le dialogue fructueux. Malheureusement, je trouve souvent un cléricalisme fort dans l’Église, qui empêche ce dialogue fructueux. Et surtout, là où il y a du cléricalisme, il n’y a pas de service. Et, de grâce, ne confondez jamais évangélisation et prosélytisme !

    La spiritualité et la théologie jésuites accordent une place au cœur : le Verbe s’est fait chair ! Mais souvent, malheureusement, nous ne donnons pas la bonne place au cœur. Cette lacune, à mon avis, est l’une des choses qui produisent ensuite des formes d’abus. Et puis je voudrais vous poser une question sur la difficulté de donner aux femmes une place plus juste et plus adéquate dans l’Église.

    Je répète souvent que l’Église est femme. Je vois des femmes sur le chemin des charismes, et je ne veux pas réduire le discours sur le rôle des femmes dans l’Église à la question du ministère. Ensuite, en général, le machisme et le féminisme sont des logiques de « marché ». En ce moment, j’essaie de plus en plus de faire entrer les femmes au Vatican avec des rôles de plus en plus importants. Et les choses changent : on peut le voir et le sentir. Le vice-gouverneur de l’État est une femme. Le Dicastère pour le développement humain intégral a également une femme comme adjointe. Dans l’« équipe » pour la nomination des évêques, il y a trois femmes, et depuis qu’elles sont là pour sélectionner les candidats, les choses vont beaucoup mieux : elles ont des jugements tranchés. Au Dicastère pour les Religieux, l’adjoint est une femme. L’adjoint du dicastère de l’économie est une femme. Bref, les femmes entrent au Vatican avec des rôles de haute responsabilité : nous continuerons sur cette voie. Les choses fonctionnent mieux qu’avant. J’ai rencontré un jour la présidente Ursula von der Leyen. Nous parlions d’un problème spécifique et je lui ai demandé : « Mais comment gérez-vous ce genre de problème ? Elle m’a répondu : « De la même manière que nous, les mères ». Sa réponse m’a fait beaucoup réfléchir….

    Dans notre société sécularisée, il est difficile de trouver des ministres. Comment voyez-vous l’avenir des communautés paroissiales sans prêtres ?

    La communauté est plus importante que le prêtre. Le prêtre est un serviteur de la communauté. Dans certaines situations que je connais dans diverses parties du monde, on cherche au sein de la communauté quelqu’un qui peut jouer un rôle de leader. Mais, par exemple, il y a aussi des religieuses qui assument cet engagement. Je pense à une congrégation péruvienne de religieuses qui ont une mission spécifique : aller là où il n’y a pas de prêtre. Elles font tout : elles prêchent, elles baptisent… Si finalement un prêtre est envoyé, alors elles vont ailleurs.

    C’est le 600e anniversaire de l’Université de Louvain. Certains jésuites y travaillent et des étudiants jésuites du monde entier y étudient. Quel est votre message pour les jeunes jésuites qui se destinent à l’apostolat intellectuel au service de l’Église et du monde ?

    L’apostolat intellectuel est important et fait partie de notre vocation de jésuites, qui doivent être présents dans le monde académique, dans la recherche et aussi dans la communication. Soyons clairs : lorsque les Congrégations générales de la Compagnie de Jésus disent qu’il faut s’insérer dans la vie des gens et dans l’histoire, cela ne signifie pas « jouer au carnaval », mais s’insérer dans les contextes les plus institutionnels, je dirais, avec une certaine « rigidité », dans le bon sens du terme. Il ne faut pas toujours rechercher l’informalité. Merci pour cette question, car je sais que la tentation est parfois grande de ne pas s’engager dans cette voie. Un champ de réflexion très important est celui de la théologie morale. Dans ce domaine, il y a aujourd’hui beaucoup de jésuites qui étudient, qui ouvrent des voies d’interprétation et qui posent de nouveaux défis. Ce n’est pas facile, je le sais. Mais j’encourage les jésuites à aller de l’avant. Je suis un groupe de jésuites moralistes et je vois qu’ils réussissent très bien. Et puis je recommande les publications ! Les magazines sont très importants : ceux comme Stimmen der ZeitLa Civiltà CattolicaNouvelle Revue Théologique

    Je me demande où en est le processus de canonisation d’Henri De Lubac et de Pedro Arrupe.

    Le dossier d’Arrupe est ouvert. Le problème est la révision de ses écrits : il a beaucoup écrit, et l’analyse de ses textes prend du temps. De Lubac est un grand jésuite ! Je le lis souvent. Mais je ne sais pas si son cas a été introduit. J’en profite pour vous dire que la cause du roi Baudouin sera introduite, et je l’ai fait directement, parce qu’il me semble que nous allons pas dans cette direction ici.

    Je vous pose ma question dans l’idiome de Mafalda. Vous avez un programme très chargé : dès la fin de votre visite en Belgique, le Synode commencera. Vous présiderez une célébration de réconciliation au début. Vous animerez ainsi l’Église et sa mission de réconciliation dans notre monde tourmenté, comme le demande saint Paul aux Corinthiens. Mais la communauté ecclésiale elle-même demande à être réconciliée en son sein pour être ambassadrice de la réconciliation dans le monde. Nous avons nous-mêmes besoin de relations synodales, d’un discernement réconciliateur. Quelles sont les étapes à franchir ?

    La synodalité est très importante. Elle doit être construite non pas de haut en bas, mais de bas en haut. La synodalité n’est pas facile, non, et parfois parce qu’il y a des figures d’autorité qui ne favorisent pas le dialogue. Un curé peut prendre des décisions seul, mais il peut le faire avec son conseil. Un évêque aussi, et le pape aussi. Il est très important de comprendre ce qu’est la synodalité. Paul VI, après le Concile, a créé le Secrétariat du Synode pour les évêques. Les Orientaux n’ont pas perdu la synodalité, c’est nous qui l’avons perdue. Ainsi, à l’instigation de Paul VI, nous sommes allés jusqu’au 50e anniversaire que nous avons célébré. Et maintenant, nous sommes arrivés au Synode sur la synodalité, où les choses seront clarifiées précisément par la méthode synodale. La synodalité dans l’Église est une grâce ! L’autorité se fait dans la synodalité. La réconciliation passe par la synodalité et sa méthode. Et, d’autre part, nous ne pouvons pas vraiment être une Église synodale sans réconciliation.

    Je suis impliqué dans le Service jésuite des réfugiés. Nous suivons deux fortes tensions. La première est la guerre en Ukraine. Nos garçons m’ont donné une lettre et une image de Saint-Georges. L’autre tension est en Méditerranée, où nous voyons beaucoup de politiques parler de frontières, de sécurité. Quels conseils souhaitez-vous donner au Service jésuite des réfugiés et à la Compagnie ?

    Le problème de la migration doit être abordé et bien étudié, et c’est votre tâche. Le migrant doit être accueilli, accompagné, promu et intégré. Aucune de ces quatre actions ne doit manquer, sinon il s’agit d’un problème grave. Un migrant qui n’est pas intégré finit mal, mais aussi la société dans laquelle il se trouve. Pensez, par exemple, à ce qui s’est passé à Zaventem, ici en Belgique : cette tragédie est aussi le résultat d’un manque d’intégration. Et la Bible le dit : la veuve, le pauvre et l’étranger doivent être pris en charge. L’Église doit prendre au sérieux son travail avec les migrants. Je connais le travail d’Open Arms, par exemple. En 2013, je me suis rendu à Lampedusa pour faire la lumière sur le drame de la migration. Mais j’ajouterais une chose qui me tient à cœur et que je répète souvent : l’Europe n’a plus d’enfants, elle vieillit. Elle a besoin de migrants pour se renouveler. C’est devenu une question de survie.

    Saint-Père, quelles sont vos premières impressions sur votre voyage en Belgique et au Luxembourg ?

    Je n’ai passé qu’une journée au Luxembourg et, bien sûr, on ne peut pas comprendre un pays en une journée ! Mais ce fut une bonne expérience pour moi. J’étais déjà allé en Belgique, comme je vous l’ai dit. Mais, à la fin de cette réunion, je vous demande, s’il vous plaît, de ne pas perdre le pouvoir d’évangélisation de ce pays. Derrière la longue histoire chrétienne, il peut y avoir aujourd’hui une certaine atmosphère « païenne », disons. Je ne veux pas être mal compris, mais le risque aujourd’hui est que la culture ici soit un peu païenne. Votre force réside dans les petites communautés catholiques, qui ne sont en aucun cas faibles : je les considère comme des missionnaires, et il faut les aider.

    Le Pape a quitté la salle de réunion après une heure de conversation. Avant de partir, il a récité un « Je vous salue Marie » avec tout le monde et a ensuite donné sa bénédiction. À la fin, il a pris une photo de groupe. Ensuite, au même étage de la salle de réunion, il a visité la prestigieuse bibliothèque de la Société des Bollandistes, dont la mission est de rechercher, de publier dans leur état original et de commenter tous les documents relatifs à la vie et au culte des saints. Conçue en 1607 par le jésuite Héribert Rosweyde (1569-1629) et fondée à Anvers par le père Jean Bolland (1596-1665), elle est encore poursuivie aujourd’hui par quelques jésuites belges. François a donné sa bénédiction et a écrit les mots suivants dans le livre d’honneur : « Que el Señor los siga acompañando en la tarea de hacer conocer la historia de la Iglesia y de sus Santos. Con mi bendición. Fraternellement, Francisco ».[2].

    -----------

    [1] Questo testo si può trovare in www.vatican.va/content/paul-vi/it/speeches/1974/documents/hf_p-vi_spe_19741203_esortazione-compagnia-gesu.html

    [2] « Que le Seigneur continue à vous accompagner dans la tâche de faire connaître l’histoire de l’Église et de ses saints. Avec ma bénédiction. Fraternellement, François ».

  • Les leçons de Louvain

    IMPRIMER

    De Regis Martin sur Crisis Magazine :

    Les leçons de Louvain

    Invité par l'Université de Louvain à l'occasion de son 600e anniversaire, le pape François est assailli par des idéologues féministes qui exigent un « changement de paradigme » immédiat sur toutes les questions relatives aux femmes.

    La clarté est la courtoisie que nous devons à ceux qui, tout en rejetant nos opinions comme étant erronées, font néanmoins preuve de suffisamment de curiosité pour nous demander pourquoi nous croyons ce que nous croyons. Et de temps en temps - pas toujours, bien sûr - il se peut qu'après leur avoir dit clairement, ils finissent par croire eux aussi à ces mêmes choses. 

    Mais seulement s'il y a un respect égal de la vérité de part et d'autre, pour d'autres, en revanche, cette clarté ne fait que confirmer que le gouffre qui nous sépare est à la fois réel et infranchissable. Et que, en l'absence de toute ouverture au changement, même la grâce de Dieu ne peut le combler. 

    Prenons, par exemple, la question de l'ordination des femmes à la prêtrise, qui est depuis longtemps l'un de ces sujets brûlants qui divisent les catholiques de pratiquement tous les autres. En fait, les divisions se produisent de plus en plus à l'intérieur de notre propre communauté de foi, ce qui est devenu une source de chagrin et de confusion considérable pour les fidèles.

    Y compris, on l'imagine, le pape actuel, qui a été brutalement agressé récemment par un groupe d'étudiants soi-disant catholiques de l'université de Louvain, qui l'ont rejeté, lui et ses arguments, comme étant « déterministes et réducteurs ». Cette attaque a été suivie d'une rebuffade de la part des responsables de l'université elle-même, qui ont annoncé que non seulement ils avaient « désapprouvé » les positions prises par le Saint-Père, mais qu'ils étaient réduits à un état de pure « incompréhension » en entendant une présentation aussi réactionnaire.

    En effet, les enseignements du pape sur le rôle des femmes dans l'Église et dans le foyer étaient si étrangers à l'auguste université de Louvain que les responsables ont présenté une interprétation jazz de l'hymne LGBTQ+ de Lady Gaga, « Born This Way », en guise d'intermède divertissant pour mieux faire comprendre la situation.

    Les circonstances ont dû être extrêmement douloureuses pour le pape François ! Invité par l'université à participer à la célébration de son 600e anniversaire, une occasion censée souligner l'importance d'honorer un grand centre d'enseignement catholique, sa longue histoire de fidélité à la foi de l'Église, et à peine se présente-t-il qu'un groupe d'idéologues féministes se jette sur lui pour exiger un « changement de paradigme » immédiat sur toutes les questions relatives aux femmes.

    Et comme si tout cela ne suffisait pas à jeter un froid sur la circonstance, il se retrouve, dès le début de sa visite en Belgique, vertement critiqué par le premier ministre du pays au sujet de la prétendue mauvaise gestion par l'Église du scandale des abus sexuels commis par des membres du clergé. Sans parler du refus persistant de l'Église de s'agenouiller devant le sanctuaire de la liberté de reproduction, dont l'exercice prive non seulement Dieu d'enfants créés à son image, mais aussi la Belgique et le reste de l'Europe d'un avenir.

    Alors, pourquoi le pape ne rejoint-il pas le reste de l'Europe dans son désir de mort collectif ? Pourquoi s'accrocher à un passé que tous les autres semblent avoir joyeusement laissé derrière eux ? Au lieu de cela, que fait-il ? Face à un rejet aussi systémique et généralisé de la vie, il se rend au sous-sol de l'église Notre-Dame de Laeken ; là, devant la tombe du roi Baudouin, il vénère la mémoire de celui dont le refus de donner l'assentiment royal à un projet de loi autorisant l'avortement au parlement lui vaudra très bientôt d'être déclaré saint. Et malgré les louanges du pape pour le roi, pour son refus héroïque de signer la loi sur le meurtre d'enfants innocents, les érudits et les intelligents restent horrifiés par ce geste. Un jeune universitaire mécontent a déclaré :

    « Nous avions des attentes, même si nous avons vu qu'il nous a déçus en quelques heures. Sa position sur l'avortement - en disant que la loi sur l'avortement était une loi meurtrière - est extrêmement choquante à voir, même si nous ne nous attendions pas à de grandes avancées vers la modernité.    

    Comme les jeunes peuvent être ringards sur le sujet du pape et de l'Église. S'attendaient-ils vraiment à ce qu'en venant à Louvain, en Belgique, et en voyant de ses propres yeux les merveilles de la modernité, il acquiesce simplement et embrasse avec joie tout l'agenda féministe ? Ne savent-elles pas que, malgré sa sympathie évidente pour elles, pour les frustrations qu'elles expriment, il reste tout à fait impuissant à opérer un changement essentiel sur le sujet ? Certainement pas un changement tel que l'idéologie féministe le souhaiterait. « François a dit qu'il aimait ce qu'elles disaient, selon un journaliste d'ABC News qui a couvert l'histoire, mais il a répété son refrain fréquent selon lequel « l'Église est femme », qu'elle « n'existe que parce que la Vierge Marie a accepté d'être la Mère de Jésus et que les hommes et les femmes sont complémentaires ».

    C'est donc ça l'ogive ? Et en la lâchant sur les femmes belges sans méfiance, le pape doit être vilipendé ? À quoi pensaient-ils ? Que le pape François se détournerait simplement de vingt et un siècles ininterrompus d'enseignement dont les origines remontent directement à la personne de Jésus-Christ lui-même ? Que des paradigmes plus anciens et plus contraignants que ceux du moment présent seraient jetés allègrement de côté ? Et qu'à cause d'une ou deux personnes qui ont expliqué pourquoi nous ne devrions pas nous soucier de « faire des dégâts », il n'y a aucune limite au nombre et à la gravité des dégâts que nous pouvons maintenant faire ?  

    « La femme est accueil fécond », a déclaré le pape, rappelant à son auditoire certains faits ontologiques qui, si nous les oublions ou les supprimons, annuleraient instantanément tout le sens et la mission de la femme, le cœur de son identité, qui est celle du “soin”, du dévouement vital ».

    Et à quoi cela touche-t-il finalement ? Au mystère de la vie elle-même. Et au Seigneur et Donateur de la vie, dont le commandement au reste d'entre nous est que nous révérions la vie, y compris en particulier la vie dans le sein maternel, qui est destinée à être le fruit de l'amour entre un homme et une femme dans le sacrement du mariage. « Soyons plus attentifs aux nombreuses expressions quotidiennes de cet amour », a plaidé le pape auprès des jeunes femmes de Louvain, de peur que leur fixation sur l'idéologie ne les fasse pécher contre la vie :

    de l'amitié au travail, des études à l'exercice de responsabilités dans l'Eglise et la société, du mariage à la maternité, de la virginité au service des autres et à la construction du Royaume de Dieu.

    Si les jeunes incendiaires de Louvain écoutent ou non ses paroles, cela dépendra, bien sûr, non pas des arguments de l'Église, mais du témoignage de ses propres enfants, stimulés par la grâce divine pour montrer par l'exemple la joie et la résolution qui découlent du fait de tout donner à Dieu, qui est notre Père à tous. Et au Christ, son Fils, qui est notre frère. Et, oui, à sa mère Marie, notre mère, qui est la source de toute notre espérance.

    Regis Martin est professeur de théologie et associé au Veritas Center for Ethics in Public Life à l'Université franciscaine de Steubenville. Il a obtenu une licence et un doctorat en théologie sacrée à l'Université pontificale Saint-Thomas d'Aquin à Rome. Martin est l'auteur d'un certain nombre de livres, dont Still Point : Loss, Longing, and Our Search for God (2012) et The Beggar's Banquet (Emmaus Road). Son livre le plus récent, publié par Scepter, s'intitule Looking for Lazarus : A Preview of the Resurrection (À la recherche de Lazare : un aperçu de la résurrection).

  • La sainteté du Roi Baudouin ne se réduit pas à sa seule conviction au sujet de l'avortement

    IMPRIMER

    Prendre le temps de découvrir qui était le Roi Baudouin, c'est l'invitation de Mgr Bernard Podvin accompagnateur spirituel des Radios RCF.

  • "Si la terre est dégradée, c'est la faute de l'homme blanc, chrétien et hétérosexuel"

    IMPRIMER

    Lu sur L'Avenir (Valentin Parmentier) :

    "Si la terre est dégradée, c'est la faute de l'homme blanc, chrétien et hétérosexuel": un cours de l'ULiège fait réagir la députée Stéphanie Cortisse

    Une phrase issue d'un nouveau cours sur la durabilité et la transition dispensé à l'ULiège fait réagir Stéphanie Cortisse, députée MR.

    6-10-2024
     
    L'Université de Liège a lancé, en cette rentrée académique 2024-2025, un nouveau cours portant sur les questions de durabilité et de transition. Un cours imposé à tous les étudiants de bachelier pour les éveiller "aux défis actuels".

    "Les défis actuels exigent une modification en profondeur de nos modes de vie. Pour répondre aux enjeux de la nécessaire transition sociale et environnementale, l'Université de Liège fait évoluer ses enseignements et programmes de formations, en s'appuyant sur une recherche scientifique de pointe qui aborde selon des modalités variées les différentes dimensions de la durabilité", explique l'ULiège sur son site.

    "Qu'est-ce que la couleur de peau, la religion et l'orientation sexuelle viennent faire là-dedans ? !"

    Ce n'était pas de l'avis de la députée MR, Stéphanie Cortisse. "Le wokisme envahit désormais aussi nos universités", a-t-elle déclaré à nos confrères de Sudinfo en promettant d'interpeller la Ministre-présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Elisabeth Degryse (Les Engagés). Elle a toutefois souligné la "pertinence" de cette formation qui défend "les enjeux écologiques actuels".

    La phrase qui l'a fait tiquer concerne bien évidemment la désignation de "l'homme occidentale blanc et catholique" comme responsable. "Qu'est-ce que la couleur de peau, la religion et l'orientation sexuelle viennent faire là-dedans ? !", interroge la députée libérale qui a été alertée par plusieurs étudiants. "Il est inadmissible de bourrer le crâne de nos jeunes étudiants avec de tels propos discriminatoires ! De plus, il s'agit d'une simple affirmation qui n'est nullement étayée", fustige-t-elle. "Force est de constater que la pensée wokiste envahit à présent nos universités, avec toutes les dérives qui suivent."

    Stéphanie Cortisse demandera à Elisabeth Degryse de "prendre contact avec la rectrice de l'ULiège pour lui demander des éclaircissements".

  • Le pape a dit la vérité à une nation qui n'a plus d'oreilles pour l'écouter

    IMPRIMER

    Un éditorial du National Catholic Register :

    Le pape a dit la vérité à une nation « qui ne veut plus rien entendre »

    ÉDITORIAL : La réponse aux propos du Saint-Père sur l'avortement et les femmes en dit plus sur la capitulation de la Belgique, autrefois catholique, devant la laïcité que sur l'Église elle-même.

    Le pape François prononce son homélie le 29 septembre lors de la messe au stade Roi Baudouin à Bruxelles.
    Le pape François prononce son homélie le 29 septembre lors de la messe au stade Roi Baudouin à Bruxelles. (photo : Daniel Ibáñez / EWTN)

    La réaction hostile des progressistes catholiques aux commentaires faits par le pape François lors de son bref voyage en Belgique concernant le rôle des femmes et l'avortement a été très révélatrice, en particulier dans le contexte du lancement cette semaine de la session finale du Synode sur la synodalité.

    La réaction acrimonieuse à l'égard du Saint-Père était totalement disproportionnée par rapport à ce qu'il avait à dire sur ces deux sujets et à la place secondaire qu'il leur avait accordée lors de sa visite. Ses remarques sur l'avortement ont été faites dans le contexte de la mise en lumière du témoignage pro-vie du roi Baudouin de Belgique, qui a temporairement abdiqué son trône en 1990 pour ne pas être contraint d'approuver un projet de loi gouvernemental légalisant l'avortement.

    François a salué la décision du défunt monarque de « quitter sa place de roi pour ne pas signer une loi meurtrière ». Et, faisant référence à un projet de loi qui élargirait encore l'accès à l'avortement, il a exhorté les Belges d'aujourd'hui à réfléchir à l'action courageuse de leur ancien roi à une époque où « des lois criminelles sont encore en cours d'élaboration ».

    Ce rappel de la responsabilité des catholiques de s'opposer à la législation pro-avortement a été sévèrement condamné par certains commentateurs locaux comme une ingérence papale inadmissible dans les affaires intérieures de la Belgique.

    La réponse aux commentaires du pape sur le rôle des femmes dans l'Eglise, formulés lors de son passage à l'Université catholique de Louvain, a été encore plus exagérée. En louant « l'accueil fécond, le dévouement nourricier et vivifiant » de la femme, François a souligné que les femmes occupent une place de choix au sein de l'Eglise, non pas en raison des fonctions spécifiques qu'elles occupent dans sa hiérarchie institutionnelle, mais plutôt en raison de la nature fondamentale de la femme.

    « Ce qui caractérise les femmes, ce qui est vraiment féminin, n’est pas stipulé par des consensus ou des idéologies », a-t-il déclaré, « tout comme la dignité elle-même est garantie non pas par des lois écrites sur du papier, mais par une loi originelle inscrite dans nos cœurs. »

    L'administration de l'université catholique, qui s'attendait à un désaccord, a publié un communiqué de presse critique dès la fin du discours du Saint-Père. Qualifiant ses propos de « conservateurs », de « déterministes et réducteurs », l'université a proclamé « son incompréhension et sa désapprobation à l'égard de la position exprimée par le pape François sur le rôle des femmes dans l'Eglise et dans la société ».

    De toute évidence, les observations bénignes du pape ne méritaient pas cette décharge de vitriol élaborée à l'avance. Alors pourquoi certains catholiques locaux étaient-ils déterminés à cibler le Saint-Père ? L'explication principale est que leurs critiques reflètent la triste réalité selon laquelle l'Église locale a été presque complètement submergée par la sécularisation généralisée de la Belgique contemporaine.

    Mais ce n’est pas une coïncidence : le pape a été directement pris pour cible à propos du rôle des femmes dans l’Église juste avant le début du synode sur la synodalité, mardi. Les ecclésiastiques progressistes en Belgique, comme leurs homologues dans d’autres pays occidentaux, sont profondément attristés par le fait que François a récemment claqué la porte doctrinale concernant l’ordination sacramentelle des femmes.

    Ils sont également mécontents du fait que les organisateurs du synode aient été obligés de déplacer la discussion sur l'ordination des femmes et d'autres thèmes progressistes favoris, comme l'évangélisation des personnes LGBT, hors de la réunion finale du synode, privant ainsi les progressistes de la possibilité de revendiquer que leurs programmes ont été approuvés par un processus ecclésial mondial. Pour cette raison, ils ont cherché de manière irrespectueuse à embarrasser François pendant son séjour dans leur pays.

    La bonne nouvelle est que le pape n'a pas été dépité par leurs critiques, défendant ses propos avec force lorsqu'il a été interrogé par les journalistes lors de son vol de retour à Rome dimanche.

    « Je parle toujours de la dignité des femmes », a-t-il dit. « J’ai dit quelque chose que je ne peux pas dire des hommes : l’Église est femme, elle est l’épouse de Jésus. Masculiniser les femmes n’est pas humain. Les femmes, je le dis toujours, sont plus importantes que les hommes parce que l’Église est l’épouse de Jésus. »

    La meilleure nouvelle est qu’il a indiqué, juste avant son retour, qu’il n’avait pas l’intention de permettre à la faction progressiste de l’Église de détourner l’étape finale du Synode sur la synodalité.

    « Le processus synodal doit impliquer un retour à l’Évangile », a-t-il déclaré dans un discours aux évêques, au clergé, aux religieux et aux agents pastoraux à Bruxelles. « Il ne s’agit pas de donner la priorité aux réformes « à la mode », mais de se demander : « Comment pouvons-nous apporter l’Évangile à une société qui n’écoute plus ou qui s’est éloignée de la foi ? » Posons-nous tous cette question. »

    Malgré les avertissements du Saint-Père, il n’est pas certain que le document final du synode évitera complètement de prôner les réformes « à la mode » contre lesquelles il a mis en garde. Les délégués du synode devront faire preuve d’une vigilance constante pour s’assurer qu’ils apportent ce que l’Église veut et dont elle a réellement besoin : une clarté sur la manière d’évangéliser plus efficacement, et non pas une campagne en faveur de causes progressistes.

    Lire également : La Belgique et le Vatican en conflit diplomatique à propos des propos du pape sur l'avortement

  • Rik Torfs : "Quand on invite le Pape, on doit avoir la délicatesse de ne pas lui imposer comme unique vérité les opinions de l'Occident sécularisé"

    IMPRIMER

    De Rik Torfs sur le site de La Libre :

    "Quand on invite le Pape, on doit avoir la délicatesse de ne pas lui imposer comme unique vérité les opinions de l'Occident sécularisé"

    Le Pape a remis en question la pensée unique présentée par les universités qu'il a visitées. À Leuven, il a plaidé pour une université qui dépasse le rationalisme pur et simple.

    Une chronique "J'assume" de Rik Torfs, professeur de droit canonique, écrivain, recteur honoraire de la KU Leuven

    1er octobre 2024

    Je n'étais pas un grand partisan de la visite du pape François. Tout d'abord, J'étais loin d'être sûr qu'il allait réellement venir, vu son voyage en Asie, long et fatigant, qui précédait sa visite au Luxembourg et à la Belgique. En plus, le contexte du voyage était difficile. La visite risquait de se réduire à une longue discussion sur le sort des victimes d'abus sexuels. Et le climat et la migration, les thèmes choisis par les deux universités catholiques, semblaient formels et peu dangereux.

    Cependant, la réalité a été différente. Le Pape s'est entretenu beaucoup plus longtemps que prévu et apparemment en profondeur avec les victimes d'abus sexuels. Surtout pour la presse flamande c'était le seul thème de la visite qui comptait vraiment. À maintes reprises et avec fermeté le pape François est revenu sur le sujet, y compris au stade Roi Baudouin.

    Invitation universitaire

    Regardons maintenant de plus près la rencontre avec les universités. À Leuven, dans la salle de promotion donnant place à un peu plus de 200 personnes, surtout des dignitaires politiques, religieux et académiques étaient représentés. Les étudiants et les professeurs manquaient presque complètement. Même les deux prêtres enseignant à la faculté de droit canonique, dont je fais partie, n'étaient pas invités. Comparé à Leuven, l'ambiance à Louvain-la-Neuve était beaucoup plus enthousiaste, joyeuse et vivante, il faut le constater.

    Avant d'analyser l'accueil réservé au Pape par les autorités académiques, n'oublions pas que l'anniversaire de l'université de Louvain était la raison principale de la visite du Pape. Ce sont les universités qui, avec l'appui de la maison royale et des évêques, ont lancé l'invitation.

    À Leuven, le Pape a plaidé pour une université qui dépasse le rationalisme pur et simple, surmontant la fatigue mentale qui semble caractériser notre société.

    Ainsi, à Leuven, le recteur était l'hôte et le Pape l'invité. L'hôte vantait les mérites de son université, sa renommée internationale, sa méthode scientifique inébranlable. Dans la salle, projeté au-dessus du recteur et du pape, on pouvait lire la devise officielle de l'université pour cette année festive : "Knowledge knows no end". En anglais, comme il se doit.

    Non seulement l'université est un guide scientifique, elle se présente aussi comme boussole morale. L'hôte, le recteur, a clairement dit à son invité, le Pape, qu'il était grand temps de procéder à l'ordination sacerdotale de la femme et de changer ses points de vue sur les relations homosexuelles.

    Pensée unique

    À Louvain-la-Neuve, la réaction de la rectrice était comparable. Dans son fameux communiqué de presse, elle déplore, au nom de l'université, "les positions conservatrices du pape François quant à la place des femmes dans la société". Ce message donne l'impression qu'au sein de l'université, il y a une pensée unique partagée par tous les membres de la communauté académique.

    C'est justement cette pensée unique qui a été mise en question par le Pape. À Leuven, il a plaidé pour une université qui dépasse le rationalisme pur et simple, surmontant la fatigue mentale qui semble caractériser notre société. De toute façon, dans l'Église, il y a une place pour tout le monde, a-t-il précisé ailleurs.

    La visite du Pape aux universités m'inspire à trois idées, que je laisse bien entendu à votre appréciation.

    D'abord les recteurs, hôtes du Pape, ont manqué d'élégance. Personne n'a l'obligation de l'inviter. Mais quand on invite le Pape pour donner davantage de prestige à ses festivités, on doit avoir la délicatesse de ne pas, dans un esprit de supériorité, lui imposer comme unique vérité les opinions politiques ou morales de l'Occident sécularisé.

    Ensuite, j'avais l'impression que le Pape, malgré ses propos fermes sur certains sujets, laissait beaucoup d'espace à d'autres opinions et à des critiques justifiées. Sur différents sujets, y compris les abus sexuels, le pape a fait témoignage de beaucoup d'humilité. Ce n'est pas le cas des universités qui n'ont nullement mis en question leur propre idéologie et le fonctionnement parfois froid et bureaucratique de l'université actuelle.

    Enfin, dans les rues de Leuven, dans la salle et les rues de Louvain-la-Neuve, il y avait beaucoup de jeunes qui ne cachaient pas leur sympathie pour le pape sans pour autant partager toutes ses idées. Est-ce possible que c'est surtout une ancienne génération, actuellement au pouvoir dans les universités et les médias qui, toujours pas libérée de son passé catholique, demeure sceptique ou cynique vis-à-vis du Pape, tandis qu'une nouvelle génération, sans complexes et frustrations, se montre beaucoup plus ouverte ?

  • Le Pape ne doit pas craindre d’être taxé de conservatisme

    IMPRIMER

    Une tribune parue sur la Libre relayée par didoc.be :

    Le Pape ne doit pas craindre d’être taxé de conservatisme

    2 octobre 2024

    La mission d’évangélisation du Pape consiste à transmettre ce qu’elle tient pour vrai.

    Ses propos sur l’IVG témoignent qu’il entendait s’exprimer avec force. Il n’y a pas d’intégrisme religieux à vouloir, en l’espèce, se conformer au droit naturel.

    Certains mots excèdent involontairement la pensée mais il en est d’autres qui sont délibérément excessifs, à seule fin de la traduire avec plus de conviction. Le Pape François vient d’utiliser à dessein des mots tels que « tueurs à gage » pour qualifier les professionnels pratiquant l’interruption volontaire de grossesse. Il présente cependant ses excuses de devoir utiliser ce vocabulaire (« si vous me permettez l’expression »). Cette précaution oratoire écarte d’emblée toute intention injurieuse et témoigne qu’il entendait seulement s’exprimer avec force.

    Quiconque le connaît un tant soit peu ne peut ignorer ni sa bienveillance, ni sa miséricorde. Il entend dénoncer le mal mais s’interdit toujours de condamner celui qui le cause. Assimiler l’avortement à un meurtre prémédité, revient ici à faire ressortir que « tuer » signifie « mettre à mort », autrement dit « ôter la vie ». L’« interruption volontaire de grossesse » est indéniablement un euphémisme trompeur ; il dissimule l’horreur que le Saint-Siège veut manifestement souligner.

    Il se conçoit que, pour mieux se conformer à l’émotion générale, le législateur distingue à cet égard la vie intra-utérine de celle qui lui fait suite. L’avortement est légalement distinct de l’homicide. Sans doute est-il moins sage, toutefois, de mesurer la valeur de l’embryon ou du fœtus selon sa maturité, en considérant qu’elle est négligeable jusqu’à ce que le petit être atteigne un certain degré de développement. C’est qu’en effet, la vie existe ou n’existe pas, indépendamment de l’âge ou d’un handicap ; celle d’un vieillard ne vaut ni plus ni moins que celle d’un bébé, d’un enfant, d’un adolescent ou d’un adulte ; celle de l’enfant à naître doit être respectée dès sa conception.

    Un point de vue différent

    Si la loi use de son pouvoir d’opérer néanmoins une telle distinction en autorisant l’IVG jusqu’à la fin de la douzième semaine de grossesse, un guide spirituel (comme le chef de l’Église catholique) peut maintenir un point de vue différent dans sa sphère propre de compétence. Il est souhaitable que le droit s’adapte à la morale et non l’inverse ; l’un et l’autre ne correspondent cependant jamais parfaitement, d’autant plus que, contrairement à la règle juridique, les références morales peuvent différer d’un individu à l’autre, au sein pourtant d’une même communauté. Ceci permet de conclure que le magistère ecclésiastique peut (et doit au besoin) soutenir des conceptions éthiques opposées à celles de Thémis. Il ne doit pas craindre d’être de la sorte taxé de conservatisme. Sa mission d’évangélisation consiste, en effet, à transmettre ce qu’elle tient pour vrai. Il n’y a pas d’intégrisme religieux à vouloir, en l’espèce, se conformer au droit naturel.

    Renoncer à l’avortement implique assurément le devoir d’aider et d’assister les femmes enceintes, tant durant la grossesse qu’au moment de la naissance. Peut-être faudrait-il se souvenir que les chrétiens œuvrent en ce sens, autant sinon plus que d’autres, ainsi d’ailleurs que le Pape lui-même les y encourage.

    Puisque la Constitution garantit aux parlementaires la plus grande liberté d’expression, espérons qu’aucun parti ne donnera de directive à ses élus concernant l’éventuelle prolongation du délai durant lequel l’interruption volontaire de grossesse est légalement autorisée. Faisons donc confiance aux représentants de la Nation qui auront tous à cœur de voter à cet égard en totale liberté de conscience, sans crainte de possibles conséquences disciplinaires ou électorales.

    (*) Les signataires sont : Jean-Louis Bosteels, Alexandra Boux, Aude Brochier, Frédéric Close, Paul Donneux, Benoît Errembault, Camille Errembault, Marc Fichers, Jacques Galloy, Luca Marciano, Anne-Elisabeth Nève, Philippe Olivier, Marie Orban, Marie-Violette Teyssier, Elisabeth Théry, Alain Tiri, Teresa Trelles, Dominique Verpoorten, Côme de Viron et Pauline Wicquart.

    Source : https://www.lalibre.be/debats/opinions/2024/10/02/le-pape-ne-doit-pas-craindre-detre-taxe-de-conservatisme-XI442ACKEFEJBFTE43RHHA2BK4/

  • Cycle 2024-2025 du Cours de Chant Grégorien à Liège : les inscriptions sont ouvertes

    IMPRIMER

    cliquer sur les encadrés pour les agrandir

    chant gregorien cycle 2024-2025.jpg

    chant gregorien cycle 2024-20252.jpg

     

  • Le pape en Belgique : un contact physique avec une Église en état d'auto-sécularisation

    IMPRIMER

    De Bernhard Meuser sur le TagesPost :

    Quand le pape ose dire la vérité

    L'Université catholique de Louvain inflige une gifle retentissante à François. Le pape ressent ainsi ce que c'est que de vivre dans une Eglise en mode d'aliénation, une Eglise dans laquelle tu ne peux plus respirer parce que des idéologies implantées dominent l'espace et que des interdictions de langage empêchent l'expression de positions différentes.

    01.10.2024

    Voilà donc le pape qui vient spécialement en Belgique pour encourager une Eglise locale qui - à l'instar de l'Eglise allemande - est à bout de souffle. Et comme l'université « catholique » de Louvain a 600 ans d'existence (en partie très glorieuse), le pape l'honore de sa présence. Au lieu de saluer ce geste avec respect et gratitude, la direction de l'université, qui n'est plus vraiment catholique, lui donne une gifle retentissante, à peine le pontife a-t-il terminé son discours. Dans un document visiblement préparé d'avance, les professeurs supérieurs de l'université lui font part de leur « incompréhension et de leur désapprobation face à la ... position exprimée par le pape sur le rôle de la femme dans l'Eglise et dans la société ». Les vues du chef de l'Eglise sont « conservatrices », et en plus « déterministes et réductrices ».

    Le pape a donc osé affirmer des monstruosités, par exemple que la féminité « parle de réception féconde, de dévouement nourrissant et donnant la vie ». Plus encore, le pape avait osé faire des déclarations sur l'essence de la femme et se référer au droit naturel : « Ce qui caractérise la femme, ce qui est vraiment féminin, n'est pas établi par des consensus ou des idéologies, de même que la dignité elle-même n'est pas garantie par des lois sur le papier, mais par une loi originelle écrite dans nos cœurs ».

    Avec un sens aigu du paternalisme toxique, les enseignants de Louvain se sont énervés contre les paroles du pape, telles que : « La féminité nous parle. Pour cette raison, une femme est plus importante qu'un homme, mais il est terrible qu'une femme veuille être un homme : non, elle est une femme, et c'est 'lourd' et important » Comment le pape François a-t-il pu provoquer si brutalement l'intelligence féministe mondiale, au point de ne pas trouver un ton d'excuse, même dans l'avion, et de ne pas dévier d'un millimètre de son point de vue, même là ?

    Un contact physique avec une Église en état d'auto-sécularisation

    L'ensemble du processus rappelle de sinistres souvenirs du suicide collectif de l'Eglise hollandaise et belge dans les années soixante-dix et quatre-vingt du siècle dernier, lorsque les Eglises locales, autrefois florissantes, se sont émancipées de la grande tradition de l'Eglise, ont aboli toute autorité spirituelle - que ce soit celle des évêques ou celle du pape - et se sont jetées avec dévotion dans les bras du « monde ». En l'espace de deux décennies, la démission quasi totale de la "mater et magistra" a eu pour conséquence que les églises locales du Benelux ont d'abord sombré dans le chaos, puis dans l'insignifiance, et ne représentent plus aujourd'hui qu'un petit groupe de personnes. Certes, les premiers signes d'un nouveau printemps apparaissent, qui n'est en aucun cas le fruit de l'auto-sécularisation, mais bien celui de charismes qui fleurissent tranquillement, d'une piété intacte et d'une nouvelle dévotion à l'Évangile.

    Le pape d'Amérique latine a eu l'occasion d'entrer en contact avec des Eglises locales qui se disent encore « catholiques », mais dont les marges institutionnelles refroidies se sont depuis longtemps dissoutes dans l'anarchie. L'anarchie est le mot qui convient ; il vient du grec et signifie « absence d'autorité ». L'anarchie a l'avantage que tout le monde a le droit. Or, une université « catholique » - quelle que soit sa taille, son ouverture, ses liens avec l'État et son dévouement à la science - existe dans le cadre de convictions fondamentales élémentaires qui ont quelque chose à voir avec la Révélation. Celui qui se pare, même de loin, du titre de « chrétien » ou de catholique, vient de ce changement de domination que Jésus exige en Mt 16,16 et en bien d'autres endroits de ceux qui veulent lui appartenir. Il est le « Seigneur » (Ph 2,11) ; c'est à partir de lui et des révélations de Dieu que nous pensons et essayons de le rejoindre par la raison. Pour les institutions et les instances d'enseignement chrétiennes, il n'y a pas d'autorité au-dessus, pas de lieux secondaires qui iraient à l'encontre de l'intuition centrale de base. La structure de toute action et de toute pensée dans l'Église n'est pas un ring de boxe où le vainqueur se révèle après douze rounds. Être catholique signifie se mouvoir dans un ordre « sacré » - en grec : hiérarchie. Et cette hiérarchie est justement au stade d'une reconnaissance simplement formelle. L'anarchie accueille encore le pape. En réalité, elle le considère comme un Auguste de Dieu qui ferait mieux de faire censurer ses discours au préalable pour obtenir un consensus.

    Des extensions difficilement justifiables du terme « catholique ».

    Le pape a pu durant ce jour « sentir » ce que c'est que de vivre dans une Eglise en mode d'aliénation, une Eglise dans laquelle tu ne peux plus respirer parce que des idéologies implantées dominent l'espace et que les interdictions de parler sont à l'ordre du jour. La « maladie belge » est en réalité la maladie de la moitié de l'Europe. La question de l'identité ecclésiale, qui s'emballe brutalement, n'existe pas seulement en Belgique ; au fond, la situation n'est que graduellement différente en Allemagne et en Suisse - et en Autriche aussi, il existe des extensions à peine justifiables du terme « catholique ».

    Catholique devrait justement signifier : chacun fait ce qu'il veut et appelle cela une nouvelle morale. Chacun enseigne ce qu'il veut et appelle cela une conversion à la réalité de la vie actuelle. Dans les faits, nous avons affaire à une Eglise qui s'est laissée mettre sens dessus dessous : « L'Eglise ne doit plus convertir le monde, mais elle doit elle-même se convertir au monde. Elle n'a plus rien à dire au monde, elle n'a plus qu'à l'écouter ». (Louis Bouyer) L'université catholique de Louvain vient elle aussi avec son discours standard qui l'élève au-dessus de l'Eglise traditionnelle, elle est justement une « université inclusive qui s'engage contre les violences sexistes et sexuelles », il s'agit pour elle du libre épanouissement de l'être humain, « indépendamment de son origine, de son sexe ou de son orientation sexuelle ». Tandis que l'Eglise exclut et discrimine. Elle enseigne et agit de manière sexiste. Elle est l'incarnation de l'abus. Il ne manque plus que l'invocation des droits de l'homme, avec laquelle on aurait pu lever le nez encore un peu plus haut. 

    Un pape qui reste ferme dans un avion ...

    On peut maintenant être fier d'un pape qui exprime l'évidence avec franchise et qui récolte la raclée prévue à cet effet dans l'Evangile (Jn 15,20) : Qu'il y a des hommes et des femmes XX et XY - et sinon peut-être des personnes qu'il faut traiter avec respect, parce qu'elles sont peut-être blessées et que leur équilibre émotionnel n'est pas congruent avec leur identité corporelle. Qu'il existe quelque chose comme les « femmes », et que c'est beau qu'elles existent. Qu'elles ont un être qui est indisponible et qui échappe aux attributions extérieures, et que personne n'a le droit d'y toucher. Qu'il y a une dignité qui peut être reconnue à partir de la nature et du droit naturel, tout comme les juifs et les chrétiens le reconnaissent encore plus profondément dans l'amour créateur de Dieu, dans lequel l'homme et la femme sont appelés à la fécondité et à la ressemblance avec Dieu. 

    Tout cela constitue le fer de l'enseignement et non de la pâte à modeler pour le séminaire supérieur de théologie. C'est aussi du bon sens. Car c'est bien sûr ce que croit la grande majorité des gens, qui se détournent avec dégoût d'une idéologie élitiste qui veut faire croire à nos enfants qu'on peut changer de sexe chaque année et qu'il est tout à fait acceptable qu'un homme se faisant passer pour une femme tabasse une femme sur le ring aux Jeux olympiques. Et heureusement, peu de femmes souhaitent vraiment avoir le droit de faire tuer leurs propres enfants.

    Sur l'autonomie universitaire et le libéralisme religieux

    Dans ce qui se passe en Belgique, nous avons une fois de plus affaire à une conception de l'autonomie qui s'autorise elle-même et qui se ferme à toute objection extérieure - même si c'est par l'intermédiaire d'un pape qui se réfère à la « doctrine », à la « vérité » et à la « parole de Dieu ». Nous retrouvons ce concept radical d'autonomie tout au long de l'humanisme (athée) et maintenant aussi dans l'interprétation erronée de Kant par Magnus Striet et d'autres théologiens. Chez Kant, l'autonomie est là pour faire le bien avec la plus grande authenticité, - le concevoir comme un « devoir » envers une loi morale objective et générale et non comme un droit à un événement de liberté libéré de toute détermination extérieure. Dans un espace de pensée où seule la liberté détermine la liberté, la « vérité » n'a nécessairement pas de place, ni la justice objective, ni la dignité, qui est plus grande et au-delà de ce que « je » veux ou de ce que « nous » voulons. La théologie et « Dieu » ne peuvent surtout pas être classés dans cette pensée de l'autonomie absolue. Magnus Striet fait ses adieux au Tout-Puissant non seulement de l'éthique, mais aussi de la raison ; il dit ainsi : « Si la liberté humaine a pour suprême dignité la liberté, elle ne peut accepter qu'un Dieu qui s'insère dans son univers moral ». La moralité de Dieu, résume Engelbert Recktenwald, « consiste en sa soumission aux attentes humaines ». L'université signifie alors : ne plus se laisser dire par personne ce que nous n'avons pas déjà découvert ou ne découvrirons pas encore par nous-mêmes. 

    Logiquement, nous n'aboutissons pas alors à la vérité, mais d'abord à la fameuse « dictature du relativisme, qui ne reconnaît rien comme définitif et ne laisse comme mesure ultime que son propre moi et ses envies ». (Pape Benoît XVI) Et deuxièmement, nous avons affaire au libéralisme religieux que John Henry Newman fustigeait déjà au XIXe siècle : « Le libéralisme en religion est la doctrine selon laquelle il n'y a pas de vérité positive en religion, qu'au contraire une profession de foi en vaut une autre. ... Il (le libéralisme) enseigne que tout le monde doit être toléré, mais que tout est affaire d'opinion. La religion révélée n'est pas une vérité, mais un sentiment et une affaire de goût, pas un fait objectif, pas surnaturel, et chaque individu a le droit de lui faire dire ce qui lui convient ». J'ai été très heureux d'entendre le philosophe américain D. C. Schindler déclarer dans l'interview du Tagespost à propos de l'idée du libéralisme religieux - où chacun est libre de décider si et à quoi il s'engage - : « Le problème est que nous modifions profondément la nature du bien, de la religion et de la tradition lorsque nous les transformons en objets de choix, au lieu de les concevoir comme des réalités qui nous précèdent, fondent notre existence et nous permettent en premier lieu de faire des choix ».

  • Les propos pitoyables de Mgr Harpigny

    IMPRIMER

    De notele.be :

    Guy Harpigny ne partage pas la vision du pape François : « Les évêques n’ont jamais demandé la béatification du roi Baudouin »

    Après avoir passé quatre jours en Belgique, le pape François a terminé son séjour par une eucharistie au stade roi Baudouin. L'évêque de Tournai Guy Harpigny était sur le plateau de notre journal pour revenir sur cette visite.

    Guy Harpigny, vous avez co-célébré la messe avec le pape François. Quel souvenir en gardez-vous ?

    Tout était très bien. Mais l'homélie du pape, les évêques ne l'ont pas entendue parce que les baffles n'étaient pas bien orientés pour éviter un effet Larsen. On voyait la bouche du pape bouger, mais on entendait rien. C'était néanmoins très bien et on a eu l'homélie après.

    C'est un événement assez rare. La dernière fois qu'un pape s'était rendu en Belgique, c'était 1995. C'était le pape Jean-Paul II. C'est de l'émotion, j'imagine pour l'évêque que vous êtes ?

    Oui, et il était déjà venu en 1985 où, là, il était resté plusieurs jours. J'étais déjà là à Beauraing. J'étais professeur de séminaire à ce moment-là. En 1995, je n'étais pas là. Et puis, comme évêque, on voit quand même le pape régulièrement à Rome.

    Le pape a soutenu les personnes qui ont été victimes d'abus sexuels de la part d'hommes d'Eglise. On sait que vous êtes beaucoup investi dans cette cause également. Est-ce que les propos du pape François étaient nécessaires et rassurants pour de nombreuses victimes ?

    Évidemment. On a eu à partir du mois de septembre une grande polémique en Flandre avec Godvergeten, quatre émissions sur le sujet. On a beaucoup réfléchi. On avait déjà réagi en 2010-2012 après la démission de l'évêque de Bruges de l'époque. Et on voit bien que les victimes ne sont pas satisfaites. Je crois qu'une des étapes encore à franchir et que le Pape souhaite vraiment, c'est qu'on écoute davantage les victimes et qu'on leur demande leur avis sur les propositions que l'on va faire.

    Ce n'est pas simplement des gens entre guillemets extérieurs à la souffrance, mais ces victimes doivent aussi intervenir. Et, là, je crois que c'est un grand pas en avant. Et le pape insiste beaucoup aussi pour être sévère avec les abuseurs. Il a raison. Nous avons un code de droit canonique, la législation civile pour l'Etat, mais nous avons aussi des règles à suivre. Mais ce n'est pas toujours fait avec beaucoup de précision. Et là aussi, il faut avancer.

    La visite papale était fortement teintée aussi de polémiques puisque le pape a eu des propos très liberticides vis à vis des femmes. Il a réduit ces femmes à leur rôle de procréation, à leur fécondité. Est-ce que vous pouvez comprendre que ces propos aient pu choquer ?

    Bien sûr. C'était à Louvain-la-Neuve. J'étais là. Donc la personne qui a présenté tout ce qui concerne la transition climatique, l'écologie, avait magnifiquement résumé l'encyclique Laudato si' du pape actuel. Et puis elle dit : "Et les femmes là-dedans ?". Et le pape a répondu, si on peut dire, comme théologien.

    Donc dans la Genèse, c'est ceci, et dans la Bible, c'est cela. Il fallait répondre directement. Il aurait pu dire autre chose plutôt que ce que l'on enseigne d'habitude. Et il aurait pu signifier aussi devant tout le monde ce que beaucoup savent, c'est que dans l'Eglise, il y a déjà des femmes qui ont de grandes responsabilités, pas seulement dans les diocèses en Europe, mais aussi à la curie romaine. Pour le choix des évêques, il y a trois femmes dans le club à Rome. Et je comprends qu'il y ait des gens qui soient déçus, mais il a dit ça en quelques secondes. On peut encore attendre peut-être de lui des compléments plus tard.

    Le Pape a également salué le courage du roi Baudouin en faisant référence à son refus de signer la loi dépénalisant l'avortement. Il a encouragé les dirigeants à adopter le même genre d'attitude ultra conservatrice. Est-ce que c'est le rôle d'un pape de faire preuve d'ingérence dans le monde politique ?

    Ce n'est pas à moi qu'il faut demander ce que peut faire un Pape ou non. En tout cas, quand il parle de ces matières-là, c'est au niveau de la morale qui est différente, distincte en tout cas de la législation des Etats. Il n'a pas à faire des remarques sur ce qui se passe en Belgique au niveau du Parlement. Ça, ce n'est pas pour lui.

    Quand le roi Baudouin a refusé de signer cette loi, directement à Rome, au Vatican, ils ont dit que c'était magnifique. En Belgique, on était quand même perplexe. Le fait que le Pape veuille maintenant béatifier le Roi, ça vient de quelques-uns sans doute, mais les évêques ne l'ont jamais demandé. Et il demande maintenant aux évêques de participer à ce travail. Nous allons obéir évidemment nous sommes évêques. Je suis d'accord avec le fait que le Pape dise quelque chose sur l'avortement, mais traiter ceux qui sont médecins, gynécologues, de tueurs à gages, il l'avait déjà fait une première fois il y a quelques années, c'est un peu fort. Et je comprends les gynécologues.

    Vous avez annoncé votre retraite et il vous fallait l'accord du pape pour qu'elle puisse être effective. Vous avez eu l'occasion de lui demander si votre retraite était acceptée ?

    On n'a salué qu'une fois le pape pour lui donner la main. C'était à Koekelberg le samedi matin. Je lui ai dit "Bonjour" et "J'attends un successeur". J'ai parlé avec quelqu'un de l'entourage qui s'occupe de ça et il m'a dit oui, je sais, mais encore beaucoup de patience. J'attends.