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Christianisme - Page 18

  • Nativité de Notre Seigneur : le propre grégorien pour la Messe de Minuit

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    Du site d'Una Voce :

    Nativité de Notre-Seigneur – 25 décembre – Messe de Minuit – Le Barroux  (1992)  et varii auctores

  • Quand la magie de Noël s’essoufflera définitivement sous le poids des injonctions, règlements, normes et autres interdictions dont notre bureaucratie a le secret

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    De sur le site du Figaro Vox :

    Plongée au XXIIIe siècle, quand la paille de la crèche de Noël sera interdite pour non-respect des exigences NF X 08-070

    Les miracles existent-ils encore ? Si vous lisez ces mots, tracés à la main avec un stylo-plume et de l’encre, sur une véritable feuille de papier, la réponse est oui, un miracle se déroule sous vos yeux. Dans un monde où tout s’efface, votre ancêtre du XXIe siècle est parvenu à vous transmettre une trace tangible, une empreinte presque oubliée du passé.

    Ce matin, alors que j’achetais quelques derniers cadeaux de Noël dans un vrai magasin, au milieu d’une foule vivante et bigarrée, pour vos arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grands-parents, Raphaël et Ambre, une question m’a traversé l’esprit : «Au XXIIIe siècle, vous demanderez-vous encore ce qu’était Noël ?» Je n’ai pas la réponse. Elle me semble incertaine, floue, sans écho… évidemment lointaine. Mais, Noël, voyez-vous, c’était l’hiver. Oui, l’hiver… une saison où il faisait froid, où la neige recouvrait les montagnes d’un silence blanc et feutré. J’imagine bien que ce concept climatique doit vous paraître presque irréel… mais, Noël, depuis des siècles, était une soirée de magie, une parenthèse enchantée où l’on se retrouvait en famille, même recomposée. 

    Entre mon XXIe siècle naissant et votre XXIIIe siècle, je fais vibrionner mon imagination. Je ne serai pas là pour voir si la réalité dépassera la fiction, mais voici ce que je crois qu’il adviendra à Noël dans les décennies à venir. 

    Commençons par la crèche, ce cœur battant de la nuit où l’on célébrait la naissance de l’enfant Jésus. Elle sera, sans surprise, la première victime. À mesure que les années passeront, la petite cabane en bois deviendra le point de mire des régulations. Ses matériaux seront jugés non conformes aux normes environnementales Bâtiment & Environnement. Quant à la paille, elle sera bientôt interdite pour non-respect des exigences NF X 08-070.

    Menuisier de son état, Joseph incarne depuis la nuit des temps, selon la CLIC, « l’exploitation invisible des ouvriers modestes »

    Mais le véritable tournant arrivera à la fin du XXIe siècle, lorsqu’un organisme gouvernemental, la Mission pour l’Éradication des Usages Historiques (MEUH), décrétera que la simple présence de l’âne et du bœuf dans la crèche «relève d’une perpétuation symbolique de conditions d’élevage à la limite de l’esclavagisme.» La M.E.U.H proclamera que ces pauvres figurines en bois ou en résine «perpétuent une vision archaïque où les animaux sont réduits à des rôles de travailleurs forcés ou de décorations passives, sans consentement, bien sûr». Ainsi, sacrifiés bêtement, l’âne et le bœuf disparaîtront, laissant la crèche orpheline de leur présence silencieuse. 

    Mais j’ai bien peur que tout ne s’arrête pas là. Ces renoncements, accordés sans résistance, ouvriront la voie à des bouleversements plus vastes. Marie, par essence, deviendra LA cible. Sous prétexte qu’elle représente un modèle figé, la Commission Libre d’Agir pour la Quête de l’Égalité (CLAQUE) criera haut et fort que «célébrer une femme uniquement pour son rôle de mère est une vision archaïque et réductrice, incompatible avec les valeurs d’une société inclusive». La CLAQUE soutiendra que «cette représentation inflige un préjudice considérable aux multiples facettes possibles de la féminité » et manifestera pour que Marie soit retirée de la crèche… Son vœu sera exaucé. Simultanément, la Confrérie pour la Liberté et l’Inclusivité Collective (CLIC) exigera le retrait immédiat de Joseph de la crèche pour éviter qu’il ne devienne «le symbole d’une injustice sociale criante». Menuisier de son état, Joseph incarne depuis la nuit des temps, selon la CLIC, «l’exploitation invisible des ouvriers modestes, particulièrement les jours fériés, où leur labeur reste dans l’ombre». Et, les réseaux feront courir ce slogan jusqu’à vous, né de cette époque : «Quand le patronat trinque, les ouvriers triment.»

    Et les rois mages ? Ils feront à leur tour les frais d’un combat idéologique sans précédent. Melchior, Balthazar et Gaspard seront pris dans un tourbillon vertigineux. La Défense des Étrangers contre L’Injustice des Représentations Européennes (DELIRE) multipliera les arguments, affirmant que cette «imagerie dépassée véhicule une vision biaisée et une occidentalisation forcée des figures orientales » et qu’en incarnant «des étrangers riches et bienveillants, les rois mages participent à une vision naïve et faussée des migrations modernes.» Face au DELIRE, chacun prendra ses clic(s) et ses claque(s) et… dans un silence assourdissant préférera se taire, de peur d’être stigmatisés ou, pire encore, d’être catalogués comme conservateurs réactionnaires. 

    Mais quid de l’enfant Jésus ? Là, tout se compliquera. Sous l’œil vigilant de la Haute Autorité pour la Révision des Modèles et des Options Non Inclusives Excluantes (HARMONIE), la question de son identité sera posée avec une gravité presque scientifique. Les débats seront houleux et longs et inversement. 

    Face à ceux qui pensent que c’est un garçon, s’érigera un NON catégorique. Trop patriarcal, trop classique. On dénoncera la perpétuation des rôles dominants dans une société historiquement inégalitaire. Une fille ? Là encore, ce sera NON. Même si quelques audacieux de la commission citée plus haut voteront oui, célébrer une fille rappellerait des stéréotypes liés à la maternité, déjà effacés avec la disparition de Marie. 

    Un enfant non-binaire fera presque l’unanimité, mais le concept sera jugé encore trop restrictif : certains exigeant une approche encore plus inclusive, capable de représenter la diversité infinie des identités. Ils batailleront même à n’en plus finir sur un enfant au genre fluide. Cette option jugée moderne et séduisante affrontera rapidement, un problème. Garantir cette fluidité en temps réel nécessiterait un panneau lumineux interactif indiquant : «Aujourd’hui, l’enfant Jésus se sent…» Cette idée complexe et trop coûteuse sera vite abandonnée.

    Je ne résiste pas à l’envie d’imaginer la Ligue pour la Fin des Invisibilités (LFI) qui aura une proposition radicale : remplacer l’enfant Jésus par un rayon de lumière éco-responsable, censé incarner une essence pure, débarrassée de toute notion de genre ou d’identité. Ce rayon, certifié neutre en carbone, sera présenté comme l’avenir de Noël. Une idée qui ne fera pas long feu…

    Devant l’impasse, les 27 sages de cette haute Autorité proposeront une solution neutre : l’utilisation du pronom universel « iel », censé satisfaire tout le monde. Mais là encore, une nouvelle polémique éclatera : les puristes du langage dénonceront une offense grammaticale, tandis que d’autres exigeront la création d’un pronom inédit, qui ne verra jamais le jour. 
    Au bout du bout, l’organisme reconnu d’utilité publique expliquera que «la question reste impérativement ouverte et qu’il ne faut surtout pas imposer une identité normative qui risquerait de froisser la sensibilité collective». Dès lors, la décision officielle et irrévocable sera annoncée : ceux qui souhaitent célébrer pourront déposer un carré de tissu blanc en coton bio (33 cm x 33 cm), sur lequel sera inscrit, avec une encre végétale : « Identité en cours de réflexion. »

    Quant au dîner de Noël, lui aussi il aura disparu. Foie gras, escargots, huîtres, dinde, saumon fumé… Même la bûche de Noël aura été éliminée

    Et c’est ainsi que peu à peu, les symboles disparaîtront, effacés par la lame de fond d’un progressisme trop zélé, laissant la crèche vidée de ses figures historiques et de sa mémoire.

    De la crèche au sapin, il n’y a qu’un pas. Coupable lui aussi d’empreinte carbone excessive et de déforestation, il laissera, j’en suis persuadé, au BioSapin HoloV2, un sapin holographique habillé des guirlandes luminescentes biodynamiques et les éco-orbites nano-plasmatiques, alimentées par micro-fusion énergétique neutre en carbone. Quant au dîner de Noël, lui aussi aura disparu. Foie gras, escargots, huîtres, dinde, saumon fumé… Même la bûche de Noël aura été éliminée. Tout aura disparu sous les coups des directives du Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Sucre (GROS). À la place, le GROS aura imposé un repas 100 % végan, bio et locavore, sous réserve de remplir le Formulaire MIAM pour prouver son faible impact carbone.

    Mais pour pouvoir organiser cette unique soirée de Noël, il aura fallu s’y prendre de longs mois à l’avance. L’administration toujours plus nombreuse ayant inventé des formulaires. Encore et toujours. 

    Le Recueil d’Informations Dues pour l’Inscription Cérémonielle à Usage Limité et Encadré (RIDICULE) sera le plus complexe à remplir. Ceci étant le sésame pour évaluer votre impact environnemental et culturel. Il faudra scrupuleusement expliquer qui vient, d’où, pourquoi, jusqu’à quand ? Quel sera le menu… Seule son acceptation vous donnera accès à la Notification Officielle pour la Neutralité et la Surveillance des Événements Non Standardisés (NON-SENS). En signant le NON-SENS, vous vous engagerez à ne rien faire d’original, de spontané ou symbolique lors de votre soirée. 
    Cette notification devra être transmise en triple exemplaire au Service de Traitement Unifié des Protocoles d’Inscriptions et de Déclarations Exceptionnelles (STUPIDE) avant le 16 décembre. Le STUPIDE, après examen, sera l’ultime service autorisé à valider votre soirée. 

    Au fil des ans, les soirées de Noël deviendront Kafkaïennes. Et voilà, mes petits, comment Noël, nuit autrefois magique, sera devenue neutre, aseptisée et tellement réglementée qu’elle en aura fini par s’évanouir...

    Mais j’ai un espoir. Oui, j’ose espérer qu’à l’heure où vous lisez ces lignes, je me suis trompé et qu’il existe chez vous, un sapin qui sent bon la forêt, une crèche pleine de symboles et une table où l’on se retrouve dans la joie et les rires. Qu’il y a, encore, un peu de magie pour illuminer les yeux et réchauffer les cœurs. 

    Et ça ce n’est pas un miracle… mais la volonté de vos aïeux d’avoir fait perdurer notre histoire.

    Avec tout mon amour.


    (*) Le nom de toutes les associations, mouvements et autres organisations mentionnés dans ce texte est totalement imaginaire. Toute ressemblance avec des organismes existants serait pure coïncidence... ou alors le fruit d’une imagination un peu trop inspirée.

  • Le Noël des chrétiens persécutés : un cri de douleur du Proche-Orient au Sahel

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    De Valerio Palombaro sur Vatican News :

    23 décembre 2024

    Noël des chrétiens persécutés, un cri de douleur du Proche-Orient au Sahel

    Plus de 300 millions de croyants vivent dans des contextes d'oppression dans 28 pays. Selon Marta Petrosillo, de l'Aide à l'Église en Détresse International, «c'est en Afrique que la situation s'est le plus détériorée ces dernières années, parce que l'épicentre des groupes extrémistes islamiques qui, il y a dix ans encore, était davantage concentré au Proche-Orient, s'est déplacé vers cette région».

    Des millions de chrétiens vivent dans des États où sévit une certaine forme de persécution. Les conditions de vie des chrétiens -à l'approche de Noël, sont trop souvent marquées par la violence, la guerre et la pauvreté, rapporte Marta Petrosillo. Elle dirige pour la fondation pontificale Aide à l'Église en détresse (AED), la rédaction du rapport bisannuel sur la liberté religieuse dans le monde. «Nous travaillons déjà sur le nouveau rapport, qui sera publié en octobre 2025», affirme-t-elle dans une interview aux médias du Vatican, rappelant les chiffres de la dernière édition qui identifie 28 pays «persécutés» dans lesquels vivent 307 millions de chrétiens.

    «Il est évidemment impossible d'évaluer avec précision le nombre de personnes persécutées, mais nous nous trouvons face un scénario mondial qui, malheureusement pour nos frères et sœurs dans la foi, est préoccupant». Les zones de crises pour les chrétiens dans le monde, s’étendent sur tous les continents. «L'Afrique est le continent qui a connu la plus forte dégradation ces dernières années», souligne Marta Petrosillo. «En effet, l'épicentre des groupes extrémistes islamiques qui, il y a encore une dizaine d'années, étaient plutôt concentrés au Proche-Orient, s'est déplacé dans cette région. On assiste depuis quelques années à une prolifération de ces groupes djihadistes avec une action particulière dans la région du lac Tchad et dans le Sahel», a-t-elle poursuivi.

    Le Nigeria et le Burkina Faso

    Dans cette région, la crise du Burkina Faso est emblématique. «Il y a dix ans, dans le Global Terrorist Index, le Burkina Faso ne figurait même pas dans les 100 dernières positions, alors qu'en 2024 il est en tête de ce classement. L'an dernier 67% des victimes d'attaques terroristes se trouvaient au Burkina Faso». «Là, les chrétiens souffrent parce qu'ils sont minoritaires, moins de 25% de la population, mais particulièrement visés par les attentats. Un autre pays critique est certainement le Nigeria: depuis une quinzaine d'années, on assiste à des actions de plus en plus odieuses de la part de Boko Haram dans le nord du pays, à majorité islamique, mais depuis 6-7 ans, le phénomène des attaques des bergers peuls s'est également accentué, agissant principalement dans les États du centre et s'étendant également au sud». Marta Petrosillo mentionne ensuite la violence dans la province de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique, et les conséquences désastreuses du conflit au Soudan. «La porosité des frontières entre un pays et un autre, conduit à une extension de la portée des mouvements djihadistes», affirme-t-elle, évoquant les situations difficiles au Niger, au Mali et en République démocratique du Congo.

    La situation en Syrie

    Marta Petrosillo analyse ensuite la souffrance des chrétiens au Proche-Orient. En commençant par la Syrie, après la fin de l'ère Assad. «Dans certains cas, il y a un optimisme prudent, il y a eu des rencontres entre les nouveaux dirigeants et les évêques locaux», explique-t-elle. Cependant, «il est clair qu'il y a des craintes que l'instabilité ne conduise à une limitation de la liberté des chrétiens». Ces craintes sont liées aux expériences du passé récent. «La Syrie est un pays qui sort de nombreuses années de guerre, et qui a vu sa population chrétienne décimée: si en 2012 il y avait un million et demi de chrétiens, ils sont aujourd'hui à peine 250 000; à Alep, autrefois bastion du christianisme, de 200 à 250 000 chrétiens, la communauté a été réduite à seulement 30 000».

    Les chrétiens de Gaza

    L'AED se tient aux côtés des chrétiens dans tout le Proche-Orient: de ceux qui sont retournés dans la plaine de Ninive après la sombre période d'occupation par l'autoproclamé État islamique (EI), aux communautés tourmentées de Palestine et du Liban. «Pour la Palestine, la plupart des fonds ont été alloués ces derniers mois à la bande de Gaza, où vivent environ un millier de chrétiens, dont beaucoup sont réfugiés dans la paroisse catholique de la Sainte Famille et dans l'église grecque orthodoxe», explique Marta Petrosillo. En outre, à Jérusalem-Est et en Palestine, la crise économique «exacerbée par la guerre et la diminution des revenus du tourisme» est particulièrement ressentie. En ce qui concerne le Liban, «qui était avec la Jordanie l'un des deux points fixes de la région et une plaque tournante importante pour l'aide aux pays en difficulté comme la Syrie et l'Irak », elle souligne que l'escalade du conflit «a transformé la grave crise politique et économique en une véritable situation d'urgence».

    Pakistan, la loi sur le blasphème

    En élargissant son regard au reste du monde, le responsable du rapport de l’AED sur la liberté religieuse ne manque pas de souligner les problèmes critiques auxquels sont confrontés les chrétiens au Pakistan. «La loi sur le blasphème continue d'être un problème et il y a encore des condamnations à mort», note Marta Petrosillo, citant le cas de la condamnation à mort de Shagufta Kiran, une chrétienne pakistanaise de 40 ans. «Mais l'une des implications les plus frappantes, concerne les incidents qui font suite à des accusations de blasphème, lorsque les auteurs présumés sont lynchés et des quartiers entiers détruits, comme dans le cas de Sargodha en mai dernier». «Un autre problème qui touche la communauté chrétienne est celui des enlèvements, des conversions et des mariages forcés de femmes, souvent des adolescentes. Il s'agit malheureusement d'un fléau, d'un phénomène qui ne s'arrête pas et qui voit les familles des victimes souvent laissées seules et impuissantes face à un système judiciaire qui n'assure pas la justice». Même en Inde, ajoute-t-elle, «les attaques contre les chrétiens par des extrémistes hindous sont nombreuses. En Asie, la répression de la liberté religieuse des communautés chrétiennes dans des régimes autoritaires comme la Corée du Nord est préoccupante».

    L'Amérique latine

    Enfin, l'Amérique latine est marquée par la violence contre les religieux en raison de la criminalité généralisée au Mexique; et le Nicaragua reste la principale source de préoccupation en raison d'une «escalade négative» attestée par la fermeture de nombreuses ONG et entités liées à l'Église catholique.

  • « Quelle est la première chose à faire ? Je le dis sans hésiter : il faut se mettre à genoux ! C'est le premier acte par lequel j'expérimente la présence de Dieu ». (cardinal Sarah)

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    De Stefano Chiappalone sur la NBQ :

    Dieu existe-t-il ? Pour Sarah, la réponse est à genoux

    Face au cri de l’homme qui demande le salut, les slogans de ce monde ne suffisent pas, mais nous devons annoncer que notre espérance a un nom : le Christ, seul sauveur. Le cardinal présentera ce volume avec La Bussola à Milan le 20 janvier au Teatro Guanella.

    23_12_2024

    Les questions les plus profondes et les objections les plus inconfortables adressées à l'Église et à Dieu lui-même : les interrogations qui se greffent sur la question de base sont innombrables : Dieu existe-t-il ? Le cri de l'homme demandant le salut, qui donne son titre au volume issu de la conversation entre l'éditeur David Cantagalli et le cardinal Robert Sarah, préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin. L'éditeur se fait spontanément le porte-parole de l'homme d'aujourd'hui, qu'il soit croyant ou non, et interpelle le cardinal sans fausse pudeur : pourquoi l'homme contemporain a-t-il tant de mal à percevoir la présence de Dieu ?  Et où trouver, aujourd'hui, le témoignage crédible et joyeux de ses disciples ? Pourquoi le mal ? Pourquoi Dieu permet-il la souffrance ? Et ainsi de suite, pendant plus de trois cents pages, d'où il ressort que « la plus grande difficulté pour les hommes n'est pas de croire ce que l'Église enseigne sur le plan moral ; la chose la plus difficile pour le monde post-moderne est de croire en Dieu et en son Fils unique ».

    Le cardinal ne craint pas de répondre par des mots tout aussi inconfortables : « Paradoxalement, celui qui est mort n'est pas Dieu, mais l'homme, qui est incapable d'écouter et de reconnaître cette Présence dans l'histoire ». L'affirmation « Dieu est mort » cache en réalité une accusation. L'accusé est l'homme et non Dieu, l'homme qui, ayant abandonné Dieu, prend des chemins qui ne mènent nulle part ». Chaque question déclenche un chapitre entier, car Sarah ne recule pas, mais le lecteur ne doit pas non plus penser qu'il peut s'en sortir avec un « manuel » de solutions immédiates à l'usage et à la consommation d'un monde mordant : le cardinal invite plutôt le lecteur à approfondir, ses réponses sont et doivent être méditées : « Il est nécessaire d'entrer dans le silence ». Mais pas celui des « philosophies ou des religions qui font du silence un vide » car pour nous il « s'agit de laisser parler Dieu, d'écouter ce qu'il nous a déjà dit et qui ne change pas ».

    « Dieu n'est pas mort, mais sans sa lumière, la société occidentale est devenue comme un bateau à la dérive dans la nuit ». Si « la révélation (...) implique une répercussion immédiate sur le monde entier, elle investit la société, toute société humaine », il en va de même pour le rejet de cette révélation, qui a également des répercussions en termes de non-accueil des enfants à la naissance, des personnes âgées et des personnes fragiles. « Dieu a parlé et l'homme ne peut pas se taire. En répondant - même par le silence d'une réponse non dite - l'homme révèle sa position, déclare son adhésion ou sa non-adhésion à la proposition faite par le Christ lui-même et, ce faisant, dit quel est l'horizon de la société dans laquelle il vit et qu'il construit ». La guerre contre Dieu se résout en définitive en une guerre contre l'homme, masquée par la prétention de « créer une nouvelle religion mondiale sans Dieu, sans dogme ni morale, une nouvelle religion de César qui permettrait, sur le plan politique, l'unification de tous les peuples, de toutes les nations, de toutes les cultures, en une masse unique soumise à une gouvernance mondiale ».  

    Il n'y a pas de contradiction entre l'apparente tolérance de cette religiosité fluide post-moderne et l'hostilité généralisée à l'égard de la foi chrétienne et de la culture qui en est issue : « Le Christ serait encore toléré s'il était admis comme un dieu parmi d'autres, mais pas s'il était proclamé comme Unique. Ce qui, au contraire, est la réponse des réponses à la seule soif de l'humanité de tous les temps, qu'aucune idéologie ne peut satisfaire : la soif d'éternité. « Nous devons recommencer à proclamer au monde que notre espérance a un nom : Jésus-Christ, l'unique sauveur du monde et de l'humanité ».

    C'est là aussi que réside le sens et la mission de l'Église, qui ne doit pas être réduite à la mission d'un organisme religieux générique soumis à la « nouvelle éthique mondialiste promue par l'ONU », qui préfère l'écologie à l'eschatologie, s'illusionnant en croyant rencontrer l'humanité ; une Église forte sur les questions les plus courantes et faible, presque craintive, lorsqu'il s'agit d'annoncer le Christ, unique sauveur du monde : « Nous sommes avares des trésors de la foi qui sont en nous. Nous n'osons pas évangéliser. Nous avons peur d'être traités de prosélytes, voire de fondamentalistes ou d'irrespectueux des autres religions ». Et au contraire - c'est l'expérience personnelle du cardinal Sarah - « la foi - ma foi personnelle - est redevable à ceux qui m'ont témoigné que le Seigneur est vivant, que Jésus-Christ est la charnière sur laquelle toute vie est fondée et se tient ; sa Chair crucifiée et ressuscitée est la charnière du salut ». « Faisons de l'Église une société humaine et horizontale, parlant un langage médiatique (...) ! Mes amis, une telle Église n'intéresse personne », car elle est incapable de combler “le vide et le néant” d'une société occidentale qui “ne sait plus respecter les personnes âgées, accompagner les malades jusqu'à la mort, donner de l'espace aux plus pauvres et aux plus faibles” et qui est “abandonnée aux ténèbres de la peur, de la tristesse et de l'isolement” car, en définitive, elle est “privée de la lumière de Dieu”.

    Un diagnostic impitoyable mais loin d'être dépourvu de compassion. Au contraire, dit Sarah, « je parle ainsi parce que dans mon cœur de prêtre et de pasteur, j'éprouve de la compassion pour tant d'âmes désorientées, perdues, tristes, angoissées et solitaires ». Encore plus désorientées par l'affirmation « que les choix de chacun n'ont pas de conséquences négatives ou imprévues » et par l'absence d'une « perspective de salut et de bien éternel » qui rende supportables et donne un sens aux « réalités de la limitation, de la souffrance et de la douleur ».

    La réponse au « cri de l'homme qui demande le salut » - pour reprendre le sous-titre - est une cathédrale qui oriente le regard vers Dieu. Le cardinal recourt à cette image évocatrice pour dire que « tout » dans l'Église « doit chanter la gloire de Dieu (...) comme une flèche gothique, pointée vers les cieux » et sans laisser la lumière divine être obscurcie par l'agenda et les structures de ce monde. Nous devons reconstruire la cathédrale », exhorte Sarah, et “la reconstruire exactement comme elle était avant, nous n'avons pas besoin d'inventer une nouvelle Église”. Ceux qui ont essayé de le faire au cours des siècles ont échoué ». Une tâche immense qui commence par un geste très simple et extrêmement contre-culturel : « Quelle est la première chose à faire ? Je le dis sans hésiter : il faut se mettre à genoux ! C'est le premier acte par lequel j'expérimente la présence de Dieu ».

  • Retour sur les chiffres du dernier rapport annuel des évêques belges

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    D'Edgar Beltran sur le Pillar :

    Un nombre record de Belges demandent leur désaffiliation de l'Eglise catholique

    19 décembre 2024

    Plus de 14.000 personnes ont demandé l'an dernier à être radiées des registres de baptême de l'Eglise catholique en Belgique, un nombre qui triple presque le record précédent, selon un rapport annuel des évêques belges.

    L’Église de Belgique a adopté la politique d’ajouter une note aux registres de baptême dans les années 1990, lorsqu’elle a commencé à recevoir des demandes de « débaptisation ».

    En 2023, 14 251 personnes ont formulé une telle demande.

    Le nombre oscille habituellement autour de 1 500 personnes par an et avait déjà atteint un pic de 5 237 en 2021, lorsque le bureau de la doctrine du Vatican a déclaré que l'Église catholique n'avait pas le pouvoir de bénir les unions entre personnes de même sexe - une déclaration impopulaire pour de nombreux Belges.

    Le nombre de demandes semble avoir grimpé en flèche l’année dernière, en partie à cause des scandales d’abus dans le pays, et en particulier de la série documentaire « Godvergeten » – les oubliés de Dieu – sur les cas d’abus en Flandre, la région néerlandophone de Belgique.

    La série a provoqué une indignation nationale lors de sa diffusion en Belgique en septembre dernier, déclenchant une enquête parlementaire et provoquant, semble-t-il, une augmentation du nombre de catholiques quittant l'Église.

    Alors qu'il y a environ 6 millions de catholiques en Belgique, moins de 175 000 ont assisté régulièrement à la messe dominicale en 2022. Cette année-là, 43 227 personnes ont été baptisées en Belgique.

    98 % des demandes de « débaptisation » de 2023 provenaient des diocèses de Flandre et de l'archidiocèse de Malines-Bruxelles, selon le rapport — il n'y a eu que très peu de « demandes de débaptisation » dans la région francophone de Wallonie.

    Bien qu’aucune raison ne soit demandée lorsqu’une personne demande à être « débaptisée », le rapport indique que de nombreuses personnes ont mentionné un sentiment de « dégoût » face à la crise des abus sexuels dans l’Église. Lorsqu’un catholique demande à être « débaptisé » en Belgique, la demande est notée en marge du registre de baptême de la paroisse où il a été baptisé, mais l’inscription du baptême n’est pas supprimée. Cela a déclenché une bataille juridique avec les citoyens belges qui estiment que cette politique viole leur droit à la vie privée et à la protection des données. Le 19 décembre 2023, l'Autorité belge de protection des données a demandé au diocèse de Gand de faire droit à la demande d'une personne anonyme souhaitant que l'acte de baptême soit supprimé. Le diocèse a décidé de faire appel de la décision.

    L’Église catholique enseigne que « le baptême scelle le chrétien de la marque spirituelle indélébile de son appartenance au Christ ». Bien qu’une personne puisse abandonner la pratique de la foi, ou même y renoncer complètement, il est impossible d’inverser les effets du baptême.

    L'Église catholique en Belgique a déclaré que la décision soulevait « de nombreuses questions juridiques » et « devrait être examinée au niveau européen ». Elle a ajouté qu'elle continuerait à utiliser la procédure actuelle d'ajout d'une note aux actes de baptême, le litige étant porté devant une section de la Cour d'appel de Bruxelles ayant une compétence exclusive sur la loi relative à l'Autorité de protection des données.

    Le pape François a visité la Belgique cette année avec un succès mitigé.

    Bien que tous les événements majeurs aient attiré une bonne participation, l’ombre de la crise des abus en Belgique a donné le ton à la visite.

    Entre-temps, ses propos sur l'avortement et le rôle des femmes dans l'Église n'ont pas été bien reçus en Belgique et ont été publiquement critiqués par le Premier ministre, Alexander de Croo.

    Le rapport annuel 2024 relève également que 218 plaintes pour abus sexuel ont été déposées en Belgique, soit cinq fois plus que l'année dernière, où 47 plaintes avaient été déposées. Le rapport précise que la plupart de ces plaintes ont eu lieu entre les années 50 et 70, ce qui pourrait être une autre conséquence de la série documentaire Godvergeten .

    Outre une enquête parlementaire et l'augmentation des « débaptisations », la série documentaire a également donné lieu à des appels demandant aux autorités fédérales belges de cesser de payer les salaires des personnes désignées comme « ministres du culte », qui incluent non seulement les prêtres et les diacres catholiques du pays, mais aussi les laïcs nommés par les évêques.

    La série a suscité un débat sur des cas d'abus sexuels très médiatisés, notamment celui de l'évêque Roger Vangheluwe de Bruges, qui a démissionné en 2010 après avoir admis avoir agressé sexuellement son neveu. Le scandale a également terni la réputation du cardinal Godfried Danneels, alors archevêque émérite de Malines-Bruxelles, après la fuite d'un enregistrement audio dans lequel le cardinal exhortait le jeune homme à ne pas accuser publiquement son oncle - et a conduit à une controverse lorsque François a inclus Danneels dans sa liste d'invités personnels au synode familial de 2015. Alors que la crise s'aggravait, la police lançait des raids surprise dans les locaux de l'église, mettant à rude épreuve les relations entre les autorités belges et le Vatican.

    Après la démission de Vangheluwe, un rapport indépendant a enregistré 475 plaintes pour abus contre le clergé et les employés de l'Église entre les années 1950 et 1980. L'affaire Vangheluwe a terni l'Église belge car il a continué à porter le titre d'évêque jusqu'à sa laïcisation en mars 2024, 14 ans après sa démission.


    Le rapport annuel montre également une diminution significative du nombre de personnes demandant les sacrements.

    En 2023, il y a eu 34 826 baptêmes, dont 260 baptêmes d'adultes, 33 853 premières communions, 5 241 mariages, 37 207 funérailles et 29 580 confirmations.

    La plupart de ces chiffres sont nettement inférieurs à ceux de 2022.

    Il y a eu 43 327 baptêmes en 2022, soit près de 9 000 de plus qu'en 2023. Il y a eu 6 947 mariages en 2022, mais 5 241 en 2023. Le nombre de prêtres diocésains a également diminué, passant de 1 859 à 1 764, et le nombre de prêtres religieux est passé de 1 723 à 1 677.

    Toutefois, le rapport inclut également le nombre de baptêmes d’adultes jusqu’à présent en 2024, puisqu’il a presque doublé en une décennie, passant de 186 en 2014 à 364 cette année.

  • Reconnaissance du martyre d'Eduard Profittlich, évêque missionnaire tué en haine de la foi dans les camps de détention soviétiques

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    VATICAN - Reconnaissance du martyre d'Eduard Profittlich, évêque missionnaire tué dans l'odium fidei dans les camps de détention soviétiques

    18 décembre 2024
     

    Cité du Vatican (Agence Fides) - Des pas en avant vers la béatification d'Eduard Profittlich, missionnaire jésuite d'origine allemande, archevêque titulaire d'Adrianople, mort dans le camp de détention soviétique de Kirov en 1942.

    Ce matin, le Pape François a donné son feu vert à la promulgation du décret concernant son martyre, qui a eu lieu le 22 février 1942 ex aerumnis carceris, c'est-à-dire pour « les souffrances de la prison ».

    Né le 11 septembre 1890 à Birresdorf, en Allemagne, de parents paysans, il grandit dans une famille nombreuse. Après des études classiques, il entre au séminaire de Trèves en 1912, mais l'année suivante, attiré par la spiritualité de la Compagnie de Jésus, il est admis au noviciat jésuite de Heerenberg, en Hollande. Quelques années plus tard, son frère aîné Pierre meurt au Brésil alors qu'il est missionnaire.

    Au début de la Première Guerre mondiale, il est rappelé dans l'armée allemande et affecté au service médical. Après la guerre, il reprend ses études de philosophie et de théologie et devient prêtre le 27 août 1922. Après avoir obtenu un doctorat en philosophie et en théologie à l'université Jagiellonian de Cracovie, il a été envoyé en Estonie dans le cadre de la mission orientale de la Compagnie de Jésus et la paroisse des Saints Apôtres Pierre et Paul à Tallinn a été confiée à ses soins pastoraux.

    Le 11 mai 1931, Pie XI le nomme administrateur apostolique de l'Estonie. Dans son activité ministérielle, il s'emploie à reconstituer la communauté catholique estonienne, alors peu nombreuse. Il élabore un plan pastoral, améliore la formation du clergé local, crée de nouvelles paroisses et invite des prêtres, des religieux et des religieuses de Pologne et de Tchécoslovaquie à travailler à l'évangélisation de l'Estonie. En novembre 1936, Pie XI le nomme archevêque et lui confie le siège d'Adrianople.

    Avec l'invasion soviétique de l'Estonie en juin 1940, presque tous les prêtres sont arrêtés. Lui, qui aurait pu rentrer chez lui, choisit de rester en Estonie avec ses fidèles. Le 27 juin 1941, il est arrêté et déporté à Kirpov en Russie, sous l'accusation d'agitation antisoviétique et d'assistance à des ecclésiastiques catholiques à l'étranger. Dans le camp, il est soumis à de multiples tortures auxquelles il répond en déclarant que sa seule mission a été l'éducation religieuse des fidèles qui lui ont été confiés. Condamné à mort, il meurt avant l'exécution de sa sentence des suites des souffrances de la détention, le 22 février 1942.

    Des procès-verbaux des interrogatoires auxquels il a été soumis, sa foi ressort clairement. Son martyre matériel n'a été connu que de nombreuses années après sa mort tragique, à la suite de la chute du régime soviétique.

    Le 30 janvier 2002, la Conférence des évêques catholiques de la Fédération de Russie a lancé la cause de béatification. Le 30 mai 2003, la Congrégation pour les causes des saints a accordé le « nihil obstat » pour la cause sous le titre « Causa Beatificationis seu Declarationis Martyrii Servorum Dei Eduardi Profittlich Archiepiscopi titularis Hadrianopolitani in Haemimonto Administratoris Apostolici Estoniensis, ex Societate Iesu et XV Sociorum ». Des procédures ecclésiastiques ont été ouvertes à Saint-Pétersbourg. (FB) (Agence Fides 18/12/2024)

  • Sur KTO : Bienheureuses - La Véritable histoire des Carmélites martyres de Compiègne

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    De KTO TV :

    Bienheureuses - La Véritable histoire des Carmélites martyres de Compiègne

    17/07/2024

    Ce documentaire, s’appuyant sur les travaux récents de la recherche historique, propose de raconter la véritable histoire des Carmélites de Compiègne et de montrer l’écho actuel de leur offrande. Car ces religieuses, avant de monter à l’échafaud, ont prié et obtenu du Seigneur, la fin de la Terreur. Le film suit le travail de la petite équipe carmélitaine qui oeuvre à la cause de canonisation, et offre des témoignages de personnes touchées par les Bienheureuses. Une coproduction KTO/DE GRAND MATIN 2024 - Réalisée par François Lespés

  • « Ma plus grande transgression ? Etre catholique » (Le Prix Nobel de littérature 2023)

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    De Paola Belletti sur Il Timone :

    Jon Fosse : « Ma plus grande transgression ? Etre catholique »

    Scandinave barbu à la plume redoutable qui suit et parfois, peut-être, précède une pensée tout aussi redoutable, Jon Fosse est un écrivain et dramaturge norvégien traduit et lu dans le monde entier . Considéré comme l'un des 100 génies vivants par le Telegraph Daily, il a reçu en 2023 le prix Nobel de littérature « pour ses œuvres innovantes et sa prose qui donnent voix à l'indicible » et est considéré comme l'un des écrivains contemporains les plus importants. Né en 1959 à Strandebarm, petite ville de Norvège, il vit dans la résidence honoraire de Grotten, à Oslo, que lui a accordée le roi pour ses mérites littéraires.

    Le caractère exceptionnel de son écriture, paradoxalement, réside précisément dans son balbutiement conscient, ou plutôt dans la recherche systématique de l'essentiel, du noyau de sens que la pensée et la parole poursuivent sans jamais pouvoir les posséder ni les exprimer pleinement. Son style, qui procède par soustraction comme s'il s'agissait de sculpture, a mérité la définition de « minimalisme de Fosse »; plus que le style ou la manière, la figure de l'auteur norvégien semble être un signe de ce qu'il vit en tant qu'homme dans sa relation avec tout ce qui est réel, y compris le spirituel et le divin, indicibles par nature. Une autre particularité de Jon Fosse est le choix d'écrire dans la langue nynorsk, ou néo-norvégienne ou encore, « langue de la terre » –landsmal, par opposition à la « langue du livre » ( bokmal ).

    Son chemin existentiel a finalement abouti, également grâce à la souffrance et à la dépression suivies ou mêlées à l'alcoolisme, à la foi catholique : l'Église l'a accueilli comme un fils avec l'administration de la Confirmation - son baptême de chrétien luthérien est un sacrement valable - à l'âge de 53 ans, en 2013. Il entre ainsi dans la petite communauté catholique de Norvège. Interviewé par un autre converti, le théologien Skjedal, Fosse a décidé qu'en plus de l'interview pour le magazine Segl, le contenu complet de leurs conversations devrait être publié sous forme de livre. L'ouvrage a été publié en 2015, mais est paru en France aux éditions Artège. Et la conversion est justement le thème du petit ouvrage, 176 pages, et comment cela rayonne sur ce que l'auteur pense de la littérature, de la fiction, mais aussi du théâtre et de la poésie, sur tout l'art et sur la philosophie.

    Dans ce que Fosse lui - même appelle la « longue histoire » de son chemin vers l' Église catholique -- commente Marco Ventura dans l'encart dominical du Corriere della Sera -- il y a des moments critiques parce que décisifs : l'un d'eux est l'effondrement dû à l'excès d'alcool qui a conduit à son hospitalisation : " Je n'ai jamais été ivre, mais pendant des semaines, mon corps avait besoin de grandes quantités d'alcool juste pour fonctionner normalement ." Après une hospitalisation et une rééducation suite à la phase autodestructrice de l'alcoolisme et aux souffrances intenses de la dépression, la foi de Fosse fut également renforcée par l'étude des œuvres d'un mystique allemand médiéval, Maître Eckhart. D'autres pas vers la foi sont favorisés par la présence de son épouse slovaque, catholique.

    Dans l'Église, il se sent de plus en plus lui-même, loin des vieilles identités de « radical de gauche » , d'ancien luthérien en controverse avec la confession dans laquelle il a été éduqué, d'ancien sympathisant du mouvement quaker, de mais il est reconnaissant d'avoir appris le silence comme espace vivant d'écoute de Dieu. La littérature elle-même devient désormais semblable à la prière parce que son effort tend à créer « un écart entre le créé et l'incréé », entre le contingent de la création et l'absolu de Dieu. Il est à l'aise dans la nature paradoxale du christianisme catholique, parce qu'il ressemble à la vie, contient ses contradictions, rend l'incompréhensible expérimentable.

    Dans le volume, intitulé en italien Le Mystère de la foi, Fosse raconte également les deux expériences mystiques qui ont marqué un tournant dans son long voyage de retour : la première s'est produite dans un moment dramatique car, à l'âge de sept ans, il risquait se vider de son sang. Transporté d'urgence à l'hôpital, il voit clairement un nuage doré et ressent dans son corps et son âme quelque chose qui le marquera à jamais. La seconde se produit alors qu'il a déjà trente ans et que la vision d'une colonne de lumière verticale lui parvient avec la claire perception de l'unité et de la paix de toutes choses.

    Là où le désespoir atteint sa limite, il y a Dieu " , telle est la citation du livre qui serait écrite en majuscules. Maintenant qu’il a été recueilli par Dieu qui, en s’incarnant, a véritablement sombré dans le plus sombre désespoir humain, il nourrit sa vie de croyant des sacrements et de la prière, surtout celle du chapelet. Il s'agit de la traduction de l'Ave Maria en langue nynorsk. Il continue donc d'être un rebelle, mais sous la forme qui lui correspond finalement, celle de l'Église qui, malgré ses tares et ses échecs, a gardé intact le mystère et a su le rendre accessible aussi à lui, croyant de la dernière rangée. 

  • « God rest ye merry, gentlemen !»; le problème avec le confort et la joie

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    De Francis X. Maier sur The Catholic Thing :

    Le problème du confort et de la joie

    18 décembre 2024

    Année après année, les semaines de l'Avent et de Noël sont l'occasion de chanter des cantiques. Chez nous, ils commencent le lendemain de Thanksgiving.  Ils se poursuivent, plus ou moins constamment, jusqu'au baptême du Seigneur.  Nous ne nous en lassons jamais.  Nous sommes des accros de Noël.  Cependant, ces dernières années, un chant en particulier - « God rest ye merry, gentlemen » - a provoqué une démangeaison croissante dans mon costume de Père Noël.  Veuillez noter la virgule dans le titre du chant.  Pourquoi cette virgule, et pourquoi la placer exactement à cet endroit dans le texte ?  Le chant s'intitule God rest ye merry, gentlemen (Que Dieu vous garde dans la joie, Messieurs" et non pas : "Que Dieu vous garde, joyeux Messieurs".)

    De sérieuses questions se posent alors.  Ne sommes-nous pas déjà « joyeux » chaque mois de décembre ?  L'industrie du commerce de détail nous dit certainement que oui, et si ce n'est pas le cas, comment y parvenir.  Et que signifie le mot « joyeux » ?  Après tout, c'est le chant qui prétend nous offrir « des nouvelles de réconfort et de joie ».  Mais cela ne sent-il pas un peu le marketing frauduleux ?

    Sur la base de données empiriques, ces deux mots - confort et joie - n'ont même pas leur place dans la même phrase.  Nous vivons dans la culture la plus matériellement avancée de l'histoire. Même nos pauvres sont bien lotis par rapport à la moitié du monde.  Par rapport à d'autres nations avancées, nous sommes encore (même si c'est trop souvent avec tiédeur) un peuple « religieux ». Nous disposons d'un large éventail de libertés et d'opportunités. Nos vies sont remplies d'émollients, de distractions, de stimulants de l'humeur, d'analgésiques et de conforts inimaginables il y a seulement un siècle.

    Pourtant, dans le même temps, les taux américains de solitude, de consommation de pornographie, de maladies sexuellement transmissibles et de suicide, ainsi que de dysphorie de genre chez les jeunes, ont tous augmenté.  Plus de 20 % des adultes américains ont recours chaque année à une forme d'assistance en matière de santé mentale.  Un candidat à la présidence prétendant - de manière peu crédible - représenter la « joie » vient d'être battu à plate couture.  Notre vie publique est une guerre civile de convictions irréconciliables, et la joie n'est manifestement pas l'état d'esprit du pays.  En fait, au vu des faits, le « confort » semble éminemment compatible avec la frustration, la colère et la misère psychique.

    Dans son essai de 1950 « Les Trois Cavaliers de l’Apocalypse », le philosophe et théoricien politique Aurel Kolnai, un catholique converti du judaïsme, décrit ce qu’il considère comme les principales formes modernes de totalitarisme : le communisme, le nazisme… et la « démocratie progressiste ». Si les différences entre les trois systèmes sont frappantes, écrit Kolnai, certaines similitudes le sont tout autant.

    Chacun tend à détruire ou à rendre sans objet la dimension transcendante de la vie.  Et chacun tend à enfermer l'individu, et la société dans son ensemble, dans un ensemble dévorant d'idées ou d'appétits matérialistes, à l'exclusion de toute autre chose.  Il a également affirmé que l'élément « progressiste » de la triade :

    dépasse réellement le totalitarisme non seulement des nazis mais même des communistes, assimilant comme il le fait (sous le couvert verbal trompeur du libéralisme et de la tolérance) la pensée, les humeurs et les volontés de chacun à une norme globale de l'esprit « socialisé » plus organiquement et peut-être plus durablement [que ses rivaux] ; éliminant toute opposition essentielle à son propre modèle par des méthodes incomparablement plus douces, mais de façon tellement plus efficace et irrévocable.

    En d'autres termes, pour Kolnai, la démocratie « progressiste » dans sa forme la plus pure aboutit au Meilleur des mondes de Huxley plutôt qu'au brutal 1984 d'Orwell - un monde plein de confort, mais dépourvu de tout but supérieur à la vie, et donc vide d'espoir et de joie.  Le résultat est une âme paralysée, car le plaisir n'est pas la joie. Le contentement n'est pas la joie. L'abondance matérielle n'est pas la joie.

    Lorsque C.S. Lewis a décrit sa propre conversion chrétienne comme « surprise par la joie », il a saisi la véritable nature du mot.  La joie est numineuse, c'est un goût de la gaieté du ciel.   C'est une expérience d'une beauté inattendue et transformatrice et d'une signification transcendante non méritée.  Et ce sont ces qualités qui apportent le seul réconfort véritable et durable au cœur humain.

    C'est pourquoi le prêtre allemand Alfred Delp - battu, menotté dans une cellule de prison de six pas de large et finalement condamné à la pendaison par un tribunal nazi - pouvait écrire dans une méditation de l'Avent de 1944 (recueillie ici), alors que le Troisième Reich s'effondrait dans la violence autour de lui :

    même dans ces circonstances. ... de temps en temps, tout mon être est inondé d'une vie palpitante, et mon cœur peut à peine contenir la joie délirante qui s'en dégage.  Soudain, sans aucune raison que je puisse percevoir, sans savoir pourquoi ni de quel droit, mon esprit s'envole à nouveau et il n'y a pas le moindre doute dans mon esprit que toutes les promesses [de Dieu] sont valables. Extérieurement, rien n'est changé. Le désespoir de la situation reste trop évident, mais on peut y faire face sans se décourager.  On se contente de tout laisser entre les mains de Dieu.  Et c'est bien là l'essentiel.  Le bonheur dans cette vie est inextricablement lié à Dieu. Ce n'est qu'en Dieu que nous sommes capables de vivre pleinement....

    Je ne me préoccupe plus que de la proximité de Dieu et de l’ordre divin qui seul peut guérir les maux mortels. C’est cela – et seulement cela – qui peut à la fois nous préparer au bonheur et nous donner les moyens d’être heureux. Rétablir l’ordre divin et proclamer la présence de Dieu – voilà ma vocation, la tâche à laquelle ma vie est consacrée.

    Alors oui, que Dieu vous garde dans la joie, Messieurs.  Et voici pourquoi.

    Nous avons créé une culture du bruit et du commerce incessant, une saison des « vacances » qui mentionne à peine Noël, une culture d'appétits sans fin et d'anesthésiants matériels pour des aspirations plus profondes et inguérissables. ... et nous nous étonnons de notre propre vide.  Pourtant, en dessous de tout cela, comme un printemps frais, les bonnes nouvelles demeurent.  La promesse d'une joie véritable demeure.  Il nous suffit de tourner notre cœur vers elle.

    Il convient de rappeler que les antiennes font partie de la liturgie de l'Avent de l'Église romaine depuis au moins le huitième siècle.  L'antienne d'aujourd'hui, 18 décembre, est « O Adonai » : Chef de la maison d'Israël, donneur de la Loi à Moïse sur le Sinaï : viens nous sauver par ta puissance ! Réconfort et joie :  Nous les trouverons là où ils ont toujours été : dans l'Enfant né à Noël.

  • Belgique : prêtres, fidèles, baptêmes : des statistiques en baisse dramatique

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    Belgique : prêtres, fidèles, baptêmes : des statistiques en baisse

    Pour la septième année consécutive, l'Église catholique en Belgique publie son rapport qui dresse un panorama de ses activités, l'état de ses troupes et l'engagement de ses fidèles pour l'année 2023.

    Si l'on compare les chiffres de 2023 avec ceux de 2016, on constate notamment que le nombre total de prêtres est passé de 4 979 à 3 441, le nombre de baptêmes de 50 867 à 34 826 et le nombre de personnes présentes à la messe du troisième dimanche d'octobre de 286 400 à 167 400. En pourcentage, les chutes oscillent donc entre 30 et 40 % en l'espace de sept ans.

    Débaptisations :

    Selon Bosco d'Otreppe (La Libre) : l'année 2023, avec 14 251 demandes de "débaptisation" marque un record. "En 2023, 14 251 personnes ont demandé dêtre radiées du registre des baptêmes, peut-on lire dans le rapport annuel de l'Église catholique. Ce chiffre est notable. Si, en 2021, 5237 personnes avaient demandé la "débaptisation" (à la suite, notamment, de la publication du rapport de la Ciase sur les abus sexuels en France), la moyenne des dernières années se situe aux alentours de 1200 ou 1400 demandes par an. L'Église ne détaille pas le profil de ces 14 251 demandeurs, si ce n'est que 98 % de ceux-ci sont néerlandophones ou Bruxellois. La multiplication des demandes en 2023 s'explique dès lors sans doute en grande partie par l'émoi suscité par la diusion, sur la VRT, du documentaire Godvergeten."
    Selon Rik Torfs : "La majorité des personnes qui ont demandé que leur nom soit rayé des
    registres des baptêmes s'étaient déjà éloignées de l'institution. Indirectement, cela fragilise cependant la position de l'Église, elle qui est très critiquée au sein de la société flamande."

    L'Église Catholique en Belgique en 2024 :

  • La beauté et la puissance des Antiennes "O"

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    Du père Thomas Petri, OP sur le CWR :

    La beauté et la puissance des Antiennes O

    « Viens, viens, Emmanuel, et rachète Israël, captif, qui est ici en deuil et en exil solitaire, jusqu’à ce que le Fils de Dieu apparaisse. Réjouis-toi ! Réjouis-toi ! Emmanuel viendra à toi, ô Israël ! »

    Ce chant de Noël n'est pas un chant de Noël. C'est un hymne pour la période de l'Avent, une période liturgique qui va bien au-delà de la simple préparation de Noël.

    Durant ces quatre courtes semaines, l’Église s’est historiquement concentrée sur Notre Seigneur Jésus-Christ comme l’accomplissement de toutes les prophéties et de tous les désirs humains, alors qu’elle anticipe non seulement la célébration de son incarnation à Noël, mais aussi alors qu’elle attend avec espoir son retour glorieux à la fin des temps.

    Les versets de « O viens, ô viens, Emmanuel » sont tirés de sept antiennes anciennes que l'Église utilisait dans sa liturgie de prière du soir depuis bien avant le IXe siècle. Chaque année, du 17 au 23 décembre, la liturgie de l'Église entre dans une préparation plus intense et plus proche de la venue du Christ à Noël. Ce changement est perceptible dans les lectures de la messe ces jours-là, mais aussi dans la liturgie des heures de l'Église, en particulier lors de la prière du soir. Chaque soir pendant cette semaine, l'Église prie l'une de ce que l'on appelle les grandes « antiennes O » avant de réciter le cantique « Magnificat » de Notre-Dame.

    Les Antiennes O invoquent Notre Seigneur en utilisant des images tirées de l'Ancien Testament : « Ô Sagesse d'en haut » ; « Ô Seigneur de la maison d'Israël » ; « Ô Racine du tronc de Jessé » ; « Ô Clé de David » ; « Ô Aurore radieuse » ; « Ô Roi des Nations » ; « Ô Emmanuel ». À ces images bibliques s'ajoutent diverses supplications telles que : « Viens nous enseigner le chemin de la connaissance ! » ; « Viens nous sauver sans tarder ! » ; « Viens libérer les prisonniers des ténèbres ! »

    Chacune de ces antiennes est une belle prière en elle-même, mais chacune démontre aussi exactement comment l'Église en est venue à comprendre la relation du Christ avec les promesses et les images de Dieu si répandues dans l'Ancien Testament.

    « Ô Sagesse d’en haut ! »

    Isaïe a prophétisé qu’un rameau sortirait de la souche de Jessé. L’un des héritiers de Jessé serait une figure messianique et un rédempteur pour Israël.

    « L’Esprit du Seigneur reposera sur lui : esprit de sagesse et d’intelligence » (Is 11, 1-2). Parce que les prophéties d’Isaïe attendent avec tant d’espoir la rédemption d’Israël et du monde entier dans les grandes promesses de Dieu, il est particulièrement le prophète du temps de l’Avent.

    Mais le Christ est plus que l’Oint. Saint Paul a dit à l’Église de Corinthe que « le Christ est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu » (1 Co 1, 24). Le Christ est la Sagesse dont parle le livre des Proverbes comme étant l’artisan et le plaisir de Dieu (Proverbes 8). Le Fils éternel est toujours le plaisir du Père et l’Artisan par lequel toutes choses ont été faites.

    L’antienne du 18 décembre : « Seigneur de la maison d’Israël, qui a donné la Loi à Moïse sur le Sinaï » est peut-être un exemple plus poignant d’une puissante image du divin dans l’Ancien Testament. Les événements relatés dans le livre de l’Exode sont d’une grandeur magnifique, du buisson ardent à la séparation de la mer Rouge, en passant par la remise de la Loi à Moïse sur un mont Sinaï couvert de tonnerre et d’éclairs.

    Les Pères de l’Église ont régulièrement noté la présence du Christ dans les diverses manifestations de Dieu aux Israélites. Saint Justin le martyr rappelait : « Celui-là même qui est à la fois ange et Dieu, Seigneur et homme, et qui apparut sous forme humaine à Abraham et à Isaac, apparut aussi dans une flamme de feu sortant du buisson et conversa avec Moïse. »

    Saint Grégoire de Nysse commente les événements du désert — les nuages, le tonnerre et le tabernacle de la présence de Dieu — : « Prenant comme exemple ce que dit Paul, qui a partiellement dévoilé le mystère de ces choses, nous disons que Moïse fut auparavant instruit par un type du mystère du tabernacle qui entoure l'univers. » Ce tabernacle, le Christ, le Fils de Dieu, poursuit-il, « est en quelque sorte à la fois informe et façonné, incréé dans la préexistence mais créé en ayant reçu cette composition matérielle. »

    Le Fils Éternel de Dieu préexistant qui est l’image parfaite de Dieu est aussi la présence de Dieu dans le buisson ardent, sur le mont Sinaï et parfaitement dans son incarnation.

    Il n’est donc pas surprenant que la version latine de cette antienne commence par « O Adonaï », empruntant le mot hébreu que les Juifs craignant Dieu utilisent lorsqu’ils lisent la Torah pour éviter de prononcer le nom propre de Dieu lui-même – c’est le nom Seigneur, le nom que saint Paul dit aux Philippiens a donné au Christ parce qu’il n’a pas considéré l’égalité avec Dieu comme quelque chose à saisir, mais s’est plutôt vidé lui-même jusqu’à la mort (cf. Philippiens 2:6-11). Jésus-Christ est Adonaï. Il est Kyrios. Il est le Seigneur.

    Enfin, d'autres antiennes O identifient le Christ comme l'accomplissement de la grandeur d'Israël et du désir humain. Il est l'Oriens, l'aurore dont Isaïe a promis qu'elle se lèverait sur le peuple élu de Dieu (Isaïe 60, 1-2). Il est aussi la Racine de Jessé. Il n'est donc pas seulement l'accomplissement mais le début de la lignée israélite.

    Il est le Créateur et celui par qui la lignée de David est née. Le Christ est donc à la fois le début et la fin de la promesse faite à David. Il est l'Alpha et l'Oméga. Il est celui dont l'Ancien Testament prédit qu'il régnera comme roi sur toutes les nations.

    Les Antiennes O sont bien plus que de simples refrains à chanter avant le Magnificat de Notre-Dame ou à servir de versets dans un hymne de l'Avent. Elles révèlent les mystères du Christ déjà révélés dans la puissance et la gloire de Dieu dans l'Ancien Testament.

    Saint Thomas d’Aquin avait raison d’insister sur le fait que de nombreux grands prophètes d’Israël avaient une connaissance prophétique réelle et explicite de Jésus et de ses mystères, même s’ils vivaient des centaines d’années avant l’Incarnation. « Abraham se réjouit de ce qu’il verrait mon jour », a prêché Jésus lui-même un jour. « Il l’a vu et il s’est réjoui » (Jn 8, 56). Le Christ est actif en Israël. Il est présent dans l’Ancien Testament.

    Ces grandes antiennes nous rappellent que l’Avent ne se résume pas à la préparation de Noël. Elles nous rappellent que le Christ est le point central de l’histoire du salut et, en fait, de toute l’histoire du monde, parce qu’il est Emmanuel – « Dieu avec nous ».

    La sagesse de Dieu est telle que le Seigneur nous a créés pour être en relation avec lui afin d’apporter la lumière non seulement à notre vie mais au monde. Chaque année, l’Église nous offre ces quatre semaines pour que nous nous souvenions intensément de ce que nous devons vivre chaque jour : dans la préparation, l’anticipation et la joyeuse espérance que le Seigneur viendra à nous et nous sauvera.

    Ô Emmanuel, notre Roi et Donateur de la Loi : Viens nous sauver, Seigneur notre Dieu !

  • Que devraient penser les catholiques d’Elon Musk ?

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    De Peter Laffin sur le NCR :

    Que devraient penser les catholiques d’Elon Musk ?

    Dans quelle mesure ses valeurs et ses priorités sont-elles alignées avec les enseignements de l’Église ?

    Le président élu Donald Trump a rejoint des dignitaires du monde entier à Paris pour la réouverture de la cathédrale Notre-Dame. Personne n'a été surpris d'apprendre qu'il était accompagné du milliardaire de Tesla, Elon Musk, tous deux inséparables depuis des mois. 

    Certes, un riche individu en orbite autour d’un président n’a rien de nouveau dans la politique américaine. Mais la richesse sans précédent d’Elon Musk – il est récemment devenu le premier personnage de l’histoire à amasser une fortune de plus de 400 milliards de dollars – et son penchant à modifier le cours de l’histoire augmentent les enjeux de ce partenariat. L’énigmatique magnat de la technologie, qui possède son propre système Internet par satellite (Starlink) et sa propre société de vaisseaux spatiaux (SpaceX), en plus de posséder la première plateforme de communication au monde (X, anciennement connue sous le nom de Twitter), agit moins comme un simple citoyen que comme une sorte de nation indépendante.  

    Selon certaines informations, Musk aurait fait don de 277 millions de dollars aux efforts de réélection de Trump, ce qui suscite des inquiétudes quant à l'influence qu'il exerce sur le nouveau gouvernement. 

    Pour David Barrett, historien présidentiel et professeur de sciences politiques à l'université de Villanova, le partenariat Musk-Trump est sans précédent dans l'histoire. Si des citoyens puissants ont aidé des présidents par le passé (le banquier JP Morgan a aidé Grover Cleveland à stabiliser la masse monétaire américaine, par exemple), aucun d'entre eux ne possédait la richesse ou l'influence d'Elon Musk sur la société.

    « Personne d’autre ne me vient à l’esprit », a-t-il déclaré au Register. « Mais qui sait combien de temps durera cette relation ? Ou quelle influence Elon Musk aura sur les quatre prochaines années ? De nombreux membres célèbres des administrations précédentes sont devenus « trop gros pour leur pantalon » et n’ont pas survécu à toute une présidence. »

    Que doivent penser les catholiques du puissant magnat de la technologie et de son alliance avec Trump ? Dans quelle mesure ses valeurs et ses priorités sont-elles en phase avec les enseignements de l’Église ? 

    Pour que les catholiques comprennent les implications de son rôle démesuré dans la vie américaine, il est nécessaire d’examiner ses croyances et son caractère, ainsi que son engagement en faveur de la liberté d’expression et son implication dans les efforts de la prochaine administration pour réduire la taille du gouvernement.  

    Efficacité du gouvernement

    La décision de Trump de confier à Elon Musk et à l’entrepreneur Vivek Ramaswamy la direction du nouveau Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) mettra à l’épreuve l’influence d’Elon Musk dans les premières phases de la prochaine administration. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un véritable département fédéral mais simplement d’un conseil consultatif (Elon Musk et Ramaswamy se sont décrits comme des « bénévoles extérieurs » dans cette entreprise), ce département cherchera à identifier les dépenses, les réglementations et les employés qui rendent le gouvernement inefficace. 

    Musk a déclaré que DOGE permettrait de réaliser 2 000 milliards de dollars d'économies gouvernementales, de superviser des licenciements massifs et même de fermer des agences entières.

    Joseph Kaboski, professeur d’enseignement catholique et d’économie à l’Université de Notre Dame, estime que l’enseignement social catholique soutient ces efforts, à condition qu’ils soient réalisés dans un souci de traitement préférentiel pour les pauvres.

    « L’enseignement social catholique soutiendrait ces mesures en principe parce qu’elles contribuent au bien commun », a-t-il déclaré au Register. « Mais les évêques ont souligné que les budgets sont des documents moraux, reflétant nos priorités. L’éthique des choses « en principe » et « en pratique » peut parfois différer. Avec toutes les coupes budgétaires, les évêques américains se rangent et se rangeront toujours du côté des pauvres et des marginalisés, et ils veulent donc s’assurer que les programmes destinés aux nécessiteux soient protégés. »

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