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Débats - Page 357

  • Institut Jean-Paul II : le signal envoyé par Benoît XVI suffira-t-il à stopper la purge mise en œuvre par Paglia avec l’accord du pape actuel ?

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    Lu cette note du vaticaniste Sandro Magister, traduite et publie sur son site par notre confrère « diakonos.be » :

    C’est désormais une évidence.  Le point de non-retour a été franchi ce 1er août par cette rencontre entre Benoît XVI et Livio Melina qui a été rendue publique quatre jours plus tard par Catholic News Agency et ACI Stampa à grand renfort de photos officielles et avec ces mots soigneusement calibrés un par un prononcés dans la résidence du Pape émérite:

    « [Benoît XVI] a voulu recevoir le prof. Mgr Livio Melina en audience privée.  Après une longue discussion à propos des récents événements survenus à l’Institut pontifical Jean-Paul II, il lui a accordé sa bénédiction en lui exprimant sa solidarité personnelle et en l’assurant de sa proximité dans la prière. »

    “[Benedict XVI] wanted to receive Prof. Mons. Livio Melina at a private audience. After a long discussion of the recent events at the Pontifical Institute John Paul II, he granted his blessing, expressing his personal solidarity and assuring him of his closeness in prayer.”

    À dater de ce jour, la purge de l’institut de certains de ses professeurs les plus représentatifs, à commencer par l’ex-président Livio Melina, et l’abolition de plusieurs chaires parmi les plus emblématiques, in primis celle de théologie morale fondamentale, ne frappe plus seulement les professeurs limogés mais également le Pape qui s’est le plus engagé pour soutenir cet institut fondé par son prédécesseur et donc de ces orientations d’études sur le mariage et la famille qui sont aujourd’hui battues en brèche en hommage à la nouvelle voie suivie par le pontificat actuel, depuis Amoris laetita.

    À partir du moment où que Benoît XVI est publiquement descendu sur le terrain, il est peu probable que le remodelage de l’Institut mis en œuvre cet été par son Grand Chancelier, l’archevêque Vincenzo Paglia, et au-dessus de lui par le Pape François en personne, ne puisse se poursuivre au même rythme de manière indolore.

    Parce qu’à présent, ce ne sont plus seulement quelques professeurs licenciés qui protestent, ce qui serait parfaitement compréhensible.  Ce ne sont pas simplement quelques étudiants.  À ces protestations, les actuels responsables de l’Institut ont cru qu’il suffisait de répondre à par un communiqué de presse daté du 29 juillet.

    Ce sont à présent des dizaines de chercheurs de tous les continents, parmi les plus compétents et reconnus, qui s’indignent, comme le démontre la lettre ouverte adressée à l’archevêque Paglia et à l’actuel président de l’Institut, Pier Angelo Sequeri, rendue publique le 16 août et que nous reproduisons ci-dessous.

    Les signataires s’appuient sur une publication produite par l’Institut avant les bouleversements actuels : un imposant « Dictionnaire sur le sexe, l’amour et la fécondité » édité en Italie en 2019 par Cantagalli, justement sous la direction de l’un des professeurs épurés, José Noriega.

    Les signataires de cette lettre ouverte ont tous contribué à la rédaction de ce dictionnaire, pour les articles correspondant à leurs compétences respectives.  Et en parcourant la liste de leurs noms, on retrouve plusieurs personnalités qui ne s’étaient jusqu’à présent pas encore publiquement affichées parmi les voix critiques de ce pontificat.

    Il y a, par exemple, Fracesco Botturi, ancien professeur ordinaire de philosophie morale à l’Université catholique de Milan.

    Il y a le jésuite Kevin L. Flannery, professeur ordinaire d’histoire de la philosophie antique à l’Université pontificale grégorienne de Rome.

    Il y a Carlos Granados, bibliste de l’Université San Dámaso de Madrid, ancien directeur de la Biblioteca de Autore Cristianos.

    Il y a Harvey C. Mansfield, professeur ordinaire de philosophie politique à Harvard.

    Il y a John C. McCarthy, doyen de la School of Philosophy de l’University of America à Washington DC.

    Il y a Jean-Charles Nault, le père abbé de l’abbaye bénédictine de Saint-Wandrille en France.

    Il y a Paolo Ricca, l’un des théologiens vaudois les plus célèbres et professeur émérite de la Faculté vaudoise de théologie à Rome.

    Il y a Giovanna Rossi, ancien professeur ordinaire de sociologie de la famille à l’Université catholique de Milan.

    Il y a Tracy Rowland, professeur ordinaire de théologie à la Notre Dame University en Australie et membre de la Commission théologique internationale.

    Il y a Eugenia Scabini, professeur émérite de psychologie sociale et présidente du Centre d’études et de recherches sur la famille de l’Université catholique de Milan.

    Il y a Carlos Alberto Scarpone, professeur d’éthique philosophique fondamentale et de théologie morale fondamentale à la Pontificia Universidad Católica Argentina de Buenos Aires.

    Mais c’est toute la liste des signataires qui suscite l’intérêt.  Et voici leur lettre ouverte aux actuels gestionnaires de l’Institut qui continue à porter le nom de Jean-Paul II.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    *

    Lettre ouverte à Leurs Excellences Mgr Vincenzo Paglia, Grand Chancelier de l’Institut théologique Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille et à Mgr. Pierangelo Sequeri, Président de l’Institut.

    Le 2 août 2019

    Excellence,
    Monseigneur,

    Au cours des trois dernières années, nous soussignés, professeurs et chercheurs de diverses institutions académiques ecclésiastique et publiques du monde entier, avons eu le privilège de prendre part à la dernière grande publication scientifique de Votre institut : le « Dictionnaire sur le sexe, l’amour et la fécondité », récemment publié (1102 pages, Éditions Cantagalli, Sienne, 2019).

    Il s’agit d’une collaboration scientifique très fructueuse et professionnelle qui a mis en évidence le très haut niveau académique de Votre institut ainsi que les grandes compétences scientifiques et éditoriales du principal coordinateur de ce « Dictionnaire », le professeur José Noriega.

    C’est donc avec une profonde consternation que nous avons appris la nouvelle du licenciement inopiné de deux professeurs ordinaires, José Noriega et Livio Melina, ainsi que d’autres collègues : Maria Luisa Di Pietro, Stanisław Grygiel, Monika Grygiel, Przemysław Kwiatkowski, Vittorina Marini, dont certains ont rédigé avec nous des articles du « Dictionnaire » et qui sont tous des chercheurs jouissant d’une excellente réputation internationale.

    Nous ne voyons aucune raison convaincante, ni sur le plan scientifique et académique et encore moins sur le plan doctrinal et disciplinaire susceptible de justifier qu’ils aient été relevés de leurs fonctions.

    Si Votre Institut souhaite conserver son haut niveau académique et sa réputation internationale, nous vous prions d’annuler ces licenciements et de réintégrer les chercheurs susmentionnés dans le corps académique de Votre Institut.

    Certains que vous prendrez notre invitation en considérations, nous vous adressons nos salutations distinguées.

    [les signataires]

     Date de publication: 18/08/2019

    Ref. Institut Jean-Paul II.  La révolte des professeurs a un maître, Ratzinger

  • Hong Kong : la diplomatie vaticane en Chine fragilisée

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    De Pierre Jova sur le site de l'hebdomadaire La Vie :

    Hong Kong : l’arrière-plan chrétien de la révolte

    Très impliqués dans la contestation démocratique, les Eglises chrétiennes font face à leurs divisons, et aux menaces voilées de Pékin.

    Les images font le tour du monde. Assis devant des bâtiments officiels, les manifestants de Hong Kong chantent à tue-tête « Sing Hallelujah to the Lord » (en français, « Chante alléluia au Seigneur »), en guise de ralliement pacifique. Depuis le début du mouvement contre le projet de loi d’extradition vers la Chine continentale voulu par le gouvernement hongkongais, l’influence chrétienne dans les cortèges ne fait pas de doute. « Les chrétiens sont comme la majorité des Hongkongais : ils sont inquiets, en colère, et veulent faire entendre leur voix », témoigne sous anonymat un prêtre catholique européen officiant dans une église en banlieue de Hong Kong, qui communique avec La Vie grâce à une messagerie cryptée. « Dans toutes les paroisses, on prie pour la paix, il y a des marches ».

    Plus concrètement, des églises ouvrent leurs portes aux manifestants, pour leur permettre d’échapper à la police, de boire, et de recharger leur portable. « Le 5 août dernier, nous avons accueilli 250 jeunes qui fuyaient les charges policières. L’adresse de notre paroisse circulait sur les réseaux sociaux comme lieu de refuge ! Après que le danger soit passé, je les ai bénis, et ils sont repartis en petits groupes », raconte le prêtre, qui a lui-même rejoint une manifestation devant le Parlement hongkongais.

    Ce chant chrétien qui sert de cri de ralliement aux manifestants de Hongkong 

    Une Église vivante

    Cette implication des chrétiens n’est pas étonnante. Durant le siècle et demi où l’Union Jack flottait sur la presqu’île, de 1841 à 1997, Hong Kong a été une porte d’entrée de la Chine pour les missionnaires catholiques et protestants, faisant de la cité une véritable ruche chrétienne. Le diocèse anglican de Hong Kong a été le premier de l’anglicanisme à avoir ordonné une femme, la théologienne chinoise Florence Li Tim-Oi, en 1944, pour pallier au manque de pasteurs pendant l’occupation japonaise. Avec quelque 800 000 chrétiens sur sept millions d’habitants, contre deux millions de bouddhistes et taoïstes, les Églises ont un rayonnement considérable.

    On compte entre 2000 et 4000 baptêmes d’adultes par an

    L’Université baptiste de Hong Kong est le second établissement d’enseignement supérieur de la région, après l’université publique. « Plus de 50 % des Hongkongais sont passés dans des écoles chrétiennes », explique le prêtre européen. « L’Église catholique est très dynamique : on compte entre 2000 et 4000 baptêmes d’adultes par an, et dans ma propre paroisse, 2500 fidèles assistent aux six messes du dimanche. Une septième messe est prévue à la rentrée ! », se réjouit-il. « Hong Kong est un modèle pour beaucoup de diocèses chinois. Des prêtres de toute la Chine viennent se former ici. » Depuis la rétrocession de 1997, Pékin garantit dans cette « région administrative spéciale » une liberté de culte impensable dans le reste du pays, même si son influence sur le gouvernement hongkongais, désigné à travers un collège électoral restreint, ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre à celui-ci. C’est le cas de l’actuel chef de l’exécutif Carrie Lam, en poste depuis 2017.

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  • KTO : les pratiques de dévotion

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    Montligeon 25344-190617154032160-5.jpgLa Foi prise au mot s'intéresse ici aux pratiques de dévotion. Ce mot un peu savant cache des activités bien connues : ce sont ces petits gestes tout simples que vous réalisez peut-être quotidiennement : dire un chapelet, embrasser une relique, allumer un cierge devant une statue, faire un voeu à la Sainte-Vierge ou encore porter un scapulaire. Pendant longtemps encouragées par l'Église, on les trouvait il y a quelques années démodées et, pour tout dire, un peu superstitieuses. Mais voici qu´elles reviennent en force. Pourquoi ce retour en grâce ? Que faut-il en penser ? Sont-elles obligatoires pour être chrétien ? Voici les questions que Régis Burnet pose à ses deux invités, Don Paul Denizot, recteur du sanctuaire de Montligeon, et le père Gilles Drouin, directeur de l'Institut supérieur de liturgie de l'Institut catholique de Paris, et auteur de Liturgie de pèlerinage et piété populaire (Salvator).

    JPSC

  • KTO : est-il possible au 21e siècle d´écrire encore la vie de Jésus ?

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    Pantocrator Christ-Pantocrator-icone-845-44-couvent-Sainte-Catherine-Sinai_0_729_1411.jpgA-t-on suffisamment d´informations fiables pour contenter ceux qui ne jurent que par les données historiques, et suffisamment d´audace pour braver le politiquement correct, et se risquer à affronter les opinions des croyants ? La foi prise au mot vous propose un dialogue exceptionnel entre deux auteurs, qui ont écrit une Vie de Jésus. 150 ans après la fameuse vie de Jésus d´Ernest Renan qui fit tellement scandale, mais que tout le monde a lu, pourquoi ont-ils pris la plume pour tenter de raconter la biographie du fondateur du christianisme ? Quel est leur rapport à l´histoire ? Qu´ont-ils fait du regard des croyants ? Quelles difficultés ont-ils rencontrées, mais aussi quelles belles surprises les ont attendus dans cette quête ? Telles sont les questions que nous vous proposons d´évoquer avec les deux invités de Régis Burnet : Daniel Marguerat, exégète et bibliste, professeur émérite de théologie protestante de l'université de Lausanne, et Jean-Christian Petitfils, écrivain et historien.

    JPSC

  • Le document préparatoire au synode sur l'Amazonie : une apostasie selon le cardinal Burke

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    De Jeanne Smits sur son blog :

    14 août, 2019

    Le cardinal Burke dénonce l’« apostasie » véhiculée par l’“Instrumentum laboris” en vue du synode sur l’Amazonie

    Le cardinal Raymond Burke a rejoint les cardinaux Walter BrandmüllerGerhard Müller(également ici) et George Pell pour condamner vigoureusement l’Instrumentum laboris en vue du prochain synode sur l’Amazonie qui doit se dérouler à Rome du 6 au 27 octobre. Pire qu’hérétique, le cardinal américain a taxé ce document d’« apostasie » lors d’un entretien audio avec le journaliste Patrick Coffin, publié en anglais ici sur YouTube le 13 août.

    A la question de savoir si l’Instrumentum laboris pourrait « devenir définitif » pour l’Eglise catholique, le cardinal Burke a répondu :

    « C’est impossible. Le document est une apostasie. Cela ne peut pas devenir l'enseignement de l'Eglise, et si Dieu le veut, on mettra fin à toute cette affaire. »

    Si les initiatives des responsables de la préparation du synode visent notamment à promouvoir le diaconat des femmes et la possibilité d’ordonner prêtres des hommes mariés dans l’Eglise latine, éléments en quelque sorte les plus voyants, c’est dans son ensemble que le document de travail s’éloigne de manière spectaculaire de la doctrine catholique.

    L’éclairage apporté par le cardinal Burke sur la définition de l’hérésie et de l’apostasie permet de mieux saisir ce qui est en train de se tramer.

    « L'hérésie est le déni, le déni conscient et volontaire d'une vérité de foi. Il s’agit, par exemple, du prêtre Arius qui a renié les deux natures pour une seule personne de Notre Seigneur Jésus Christ. Ainsi, l'hérésie vise une vérité particulière niée par une personne déterminée, alors que l'apostasie est un rejet d’ensemble de la foi, un éloignement du Christ d’une manière générale, et des nombreuses vérités de la foi », a-t-il déclaré.

    Cela rejoint l’analyse du cardinal Brandmüller qui a qualifié l’Instrumentum laboris d’à la fois hérétique et apostat, tandis que le cardinal Müller a dénoncé le « faux enseignement » de ce document qui a été approuvé par les autorités synodales en vue d’être soumis à la discussion des évêques à l’automne prochain. Le cardinal George Pell, dans une lettre publiée par Sandro Magister, écrivait quant à lui depuis sa prison australienne :

    « Je suis d’accord pour dire que nous avons des raisons d’être préoccupés par l’Instrumentum laboris du synode sur l’Amazonie. Ce n’est pas le premier document de mauvaise qualité issu du secrétariat du synode. Le cardinal G. Müller, l’ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a rédigé une excellente critique. Je ne suis pas un expert de la région mais j’ai été à Iquitos dans le Pérou amazonien où un prêtre de Sydney, le P. John Anderson dirige une paroisse d’une piété, d’une activité pastorale et d’une orthodoxie exemplaires. Comme dans le fleuve Amazone, beaucoup d’eau coulera encore sous les ponts avant le synode.

    « Mais un point est fondamental. La Tradition Apostolique, les enseignements de Jésus et des apôtres, tirés du Nouveau Testament et enseignés par le Magistère des Papes et des Conciles, constituent l’unique critère doctrinal en matière doctrinale et pratique. Amazonie ou pas, en tout lieu de la terre, l’Eglise ne peut permettre qu’une confusion, et encore moins un enseignement contraire, n’abîme la Tradition Apostolique. »

    Au cours de son entretien avec Patrick Coffin, le cardinal Burke a également dénoncé les médias qui se « glorifient » de ce qu’ils appellent les options « révolutionnaires » du pape François. Rappelant que la fonction pontificale n'est pas révolutionnaire, Burke a affirmé que la fonction première du pape est de « sauvegarder la doctrine de la Foi et la discipline de l'Eglise afin d'être le principe et le fondement de l'unité dans l'Eglise ».

    Et d’ajouter : « Si vous me disiez que le Pape est un révolutionnaire, je serais très inquiet parce que cela n'a rien à voir avec la papauté. »

    Commentant l’entretien du cardinal Burke du 13 août, Martin Barillas de LifeSiteNews a rappelé la satisfaction de Leonardo Boff, théologien de la libération, devant l’élection du pape François.

    Boff a ainsi déclaré qu'il considère l'élection du pape François comme marquant un « printemps » de l’Église catholique. Dans son livre François de Rome et François d'Assise, il se dit convaincu de ce que le Pape François incarne la théologie de la libération en raison de son « dévouement » aux pauvres. Il a déclaré par ailleurs que l'ordination des hommes mariés pourrait être un résultat du synode. Dans une interview accordée à Deutsche Welt citée par Barillas, Boff attribue au pape le mérite d’avoir déclenché une « révolution » dans l'Eglise.

    « La théologie de la libération a été explicitement condamnée par Jean-Paul II en1985 pour avoir cherché à réconcilier les préceptes marxistes avec les enseignements catholiques dans le but a d'aider les pauvres, surtout en Amérique latine », rappelle Barillas.
     
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    Leonardo Boff, qui aurait participé selon ses propres dires à la rédaction de l’encyclique Laudato si’, est également considéré comme le « théologien de référence » du synode sur l’Amazonie.
  • La liberté des institutions de soins à nouveau menacée

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    Du Bulletin d'information de l'Institut Européen de Bioéthique :

    Euthanasie : la liberté des institutions de soins à nouveau menacée

    14/08/2019

    Le Parti Socialiste (PS) a déposé une proposition de loi datée du 9 juillet 2019 pour obtenir que les institutions de soins (hôpital, maisons de repos…) ne puissent plus s'opposer à ce que des euthanasies aient lieu en leurs murs. Une proposition similaire, frappée de caducité aux dernières élections, avait déjà été déposée par le PS en février 2016 sans faire l'objet de discussions à la Chambre. Malgré l'absence de gouvernement fédéral, certains parlementaires semblent donc bien actifs dans le domaine de la bioéthique.

    La liberté des institutions de soins par rapport à la pratique de l'euthanasie n'est pas seulement menacée en Belgique, mais aussi au Canada. Là-bas, un médecin a euthanasié un résident à l'insu de la maison de repos d'obédience juive qui l'hébergeait. L'établissement (Louis Brier Home, Vancouver), clairement opposé à la pratique de l'euthanasie en son sein, a déposé plainte devant le Collège des médecins et chirurgiens de la Colombie Britannique, qui a donné droit au médecin le mois dernier. La position du Collège a suscité la consternation du directeur de la maison de repos : « Nous avons un certain nombre de survivants de l'Holocauste dans la maison. C'est une immense préoccupation… quand on a appris ce qui s'était passé, il y a eu énormément d'anxiété et de chaos, spécialement parmi ces personnes ».

    L'obligation pour les institutions de soins d'accepter l'euthanasie chez elles, porte (ou porterait en Belgique) gravement atteinte à leur droit à la liberté d'association, à la liberté d'expression et à la liberté de pensée, qui sont des droits fondamentaux garantis par la Constitution et la Convention européenne des droits de l'homme. Comme le rappelle souvent le Comité consultatif de Bioéthique de Belgique, l'accès à l'euthanasie ne constitue pas un droit dans le chef du citoyen.  Mais surtout, de telles aspirations oublient que la liberté d'une institution de soin protège aussi la liberté de tous ceux qu'elle rassemble, de ne pas se voir confrontés à un acte qu'ils réprouvent : les résidents ou les patients, leurs familles, les soignants, les bénévoles de ces établissements, les sponsors, … C'est aussi une question essentielle de pluralisme dans le paysage des institutions de soins du pays.

    Pour approfondir la question de la liberté des institutions de soins par rapport à l'euthanasie : voir le Dossier de l'IEB sur le sujet.

  • Le passé, le présent et l’avenir de l’Église catholique de Hong Kong, et les décisions que le Vatican devra prendre, sont des facteurs importants pour l’avenir des manifestations

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    De Massimo Introvigne sur le site Bitter Winter :

    12 août

    Manifestations de Hong Kong : le facteur catholique

    Le passé, le présent et l’avenir de l’Église catholique de Hong Kong, et les décisions que le Vatican devra prendre, sont des facteurs importants pour l’avenir des manifestations.

    Cardinal John Tong Hon, Manifestations de Hong Kong : le facteur catholique
    Cardinal John Tong Hon

    Les manifestations de Hong Kong se poursuivent. Certains pensent qu’elles pourraient devenir le nouveau Tian’anmen. Les militants des droits humains spéculent sur la façon dont l’attitude des États-Unis et du président Donald Trump sera déterminante pour l’avenir des manifestations, ou pourra même alimenter ou créer une opposition au président Xi Jinping au sein même du PCC.

    D’autres à Hong Kong pensent néanmoins que les choix d’un dirigeant originaire d’un pays en voie de développement, venant s’ajouter à ceux de Trump et de Xi Jinping, peuvent peser lourdement sur l’avenir de Hong Kong. Ce dirigeant est le Pape François. Les catholiques romains de Hong Kong ne représentent que 5% de la population, mais ils détiennent un pouvoir disproportionné en politique, dans la culture et dans les médias. Carrie Lam, cheffe de l’exécutif de Hong Kong, dont les positions pro-PCC ont déclenché les manifestations, est elle-même une catholique pratiquante et elle a été éduquée dans des écoles catholiques. Ce n’est un secret pour personne qu’elle demande régulièrement conseil à des évêques catholiques sur des questions politiques importantes.

    Hong Kong est aussi un pont traditionnel entre le Vatican et la Chine. Selon des chercheurs experts sur les questions des relations entre le Vatican et la Chine, c’est à Hong Kong que, jusqu’à l’entrée en fonction du pape François en 2013, l’opposition la plus forte à tout accord entre le Vatican et le PCC encourageant les prêtres et les évêques catholiques à rejoindre l’Association Patriotique des Catholiques Chinois(APCC) contrôlée par le gouvernement a été organisée et dirigée avec succès, avec l’influence du cardinal anti-PCC Joseph Zen (né en 1932 et évêque de Hong Kong entre 2002 et 2009), une opposition qui s’est étendue à Rome. Selon les mêmes chercheurs, Joseph Zen avait rassemblé une formidable équipe avec un confrère salésien, Mgr Savio Ho Tai Tai-fai (né à Hong Kong en 1950), le prélat chinois le plus influent de la Curie romaine, où il était, depuis 2010, secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, c’est-à-dire le département du Vatican directement responsable de la Chine. Zen et Ho étaient très écoutés par le pape Benoît XVI, et ont effectivement torpillé toute possibilité d’accord qui rendrait possible ou obligatoire l’adhésion des prêtres et des évêques catholiques chinois à l’APCC. Ils étaient soutenus par Ettore Balestrero, alors père, plus tard archevêque, un haut responsable politique du Secrétariat d’État du Vatican, et un farouche opposant du PCC.

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  • Quand la Libre se penche sur le grand blues de l'Eglise catholique de Belgique

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    La Libre de ce lundi 12 août consacre son éditorial et un article de fond au blues de l'Eglise catholique en Belgique. (L'accès de ces deux publications est réservé aux abonnés.) Dans l'éditorial, Bosco d'Otreppe en appelle à des Etats Généraux des catholiques belges pour "permettre à l'Eglise de renouer avec sa finalité, celle de partager sa foi." Mais les constats sont toujours les mêmes : un clergé qui vieillit avec de très rares vocations, des églises désertes dont l'avenir est problématique (désacralisations, réaffectations...), des assemblées de têtes grises toujours plus clairsemées, un pilier jadis catholique qui l'est de moins en moins, la transmission plus qu'incertaine, bref rien de très réjouissant et guère de pistes pour en sortir.

    Dans l'Evangile, le Christ posait clairement la question de savoir si, lors de son retour, il trouverait encore la foi sur terre. Il affirmait aussi que, lorsque le sel a perdu de sa saveur, il n'est plus bon qu'à être jeté dehors et à être foulé au pied par les passants. Dans l'Apocalypse, ce dur reproche est adressé à l'Eglise de Laodicée : "Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche." (Ap 3, 16) Autant de pistes pour se questionner sur notre ferveur perdue, sur notre peu de foi, sur l'attiédissement de nos convictions, et sur le peu de moyens mis en oeuvre pour les ranimer. On peut tout de même s'interroger sur cette absence de fécondité spirituelle qui caractérise nos diocèses alors qu'il n'y a pas si longtemps un évêque déterminé, à la tête de l'évêché de Namur puis à l'archevêché, montrait qu'il y a moyen de susciter des communautés nouvelles et d'accueillir des vocations en nombre. Mais ce n'était apparemment qu'une parenthèse que notre épiscopat s'est empressé de refermer préférant renouer avec les orientations de la période Danneels aussi peu fécondes que le figuier stérile de la parabole.

    L'Eglise n'est pas une ONG ni une succursale de l'ONU. Son rôle n'est pas d'être en phase avec les mouvements droitsdelhommistes ou environnementalistes mais bien d'indiquer aux hommes la voie du Salut. Que les prêtres soient vraiment des hommes de Dieu, que nos liturgies soient belles et élèvent les coeurs vers Dieu, que les moyens de transmission de la foi le soient réellement, que les dévotions populaires et traditionnelles soient ravivées... autant d'orientations aujourd'hui négligées et qui constituent pourtant les vraies priorités si l'on veut sortir du marasme actuel. (YW)

  • Institut Jean-Paul II : Mgr Negri monte au créneau

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    On veut effacer l’héritage de Jean-Paul II, et une bataille « eschatologique » est en cours autour de la famille « le lieu le plus précieux de la vie de l’Eglise ». Une lettre de Mgr Luigi Negri, publiée sur La Verità d’aujourd’hui.

    L’intervention du Vatican sur la structure dédiée à saint Jean Paul II vise à effacer son magistère et le noyau humain le plus précieux de la vie de l’Église.

    par Mgr Luigi Negri, archevêque émérite de Ferrare-Comacchio
    La Verità, 9 août 2019

    L’intervention du Saint-Siège sur la vie de l’Institut Saint Jean Paul II pour la famille est un fait gravissime: George Weigel, l’inoubliable biographe de Saint Jean Paul II, a défini cet événement comme un fait de barbarie: « Les nouveaux barbares sont de retour », a-t-il dit dans un récent éditorial paru dans la presse américaine. 

    L’intervention n’a d’autre justification que le désir de marginaliser, d’annuler définitivement la présence, le magistère (et en particulier celui sur la vie et sur la famille) de saint Jean Paul II.
    La famille, qui est le lieu le plus précieux dans la vie de l’Église, a fini par être le lieu d’un choc historique, d’un choc eschatologique: la famille, qui représente l’urgence historique concrète, constructrice, dynamique de la vie de l’Église et la porte sur le terrain de la vie sociale, économique, culturelle; cette famille est attaquée, comme si elle était un résidu – comme on le dit dans les élucubrations d’aujourd’hui – « médiéval ». Comme si la « médiévalité » était le maximum de l’injure! Au contraire, si c’est cela, le Moyen Âge, si la tradition sur la famille était celle du Moyen Âge, nous serions tentés de dire: bienvenue au Moyen Âge !

    Attaquer la famille, essayer de la réduire simplement à un contexte particulier, transitoire, caractérisé par de nombreuses oppositions, de nombreux conditionnements, difficultés et exigences; bref, réduire la famille à un fait sociologique, c’est oublier que dans la profondeur de la famille brille le mystère de Dieu. Par exemple, dans l’unité de la famille, qui donne à l’unité familiale la dimension de l’amour, la dimension de la mission, de sorte qu’il n’est pas possible de considérer la famille comme un espace privé et égoïste, mais que celle-ci se tend vers le monde, pour communiquer au monde la nouveauté qui lui a été donnée. Autrement dit, elle constitue l’essence profonde de son être: c’est pourquoi une bataille eschatologique se joue vraiment sur la famille [contre] ceux qui affirment les droits de Dieu sur l’homme – et donc la possibilité du salut de l’homme en Dieu – et ceux qui affirment que l’homme est autosuffisant, autonome, indépendant de toute relation; ceux qui s’affirment uniquement dans l’exercice de leur propre puissance.

    Dans cette confrontation, l’Église sait bien de quel côté elle est appelée à être, et elle sait bien que sa position pour la famille et avec la famille est un fait hautement prophétique pour la vie et le destin de l’humanité et de la société.

  • Du fond de sa prison, le cardinal Pell se dit inquiet face au prochain synode sur l'Amazonie

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    Du National Catholic Register :

    Cardinal Pell: "Amazonie ou pas, l'Eglise ne peut permettre aucune confusion"

    À la suite de sa condamnation par la Cour de comté de Victoria pour cinq chefs de sévices sexuels sur des enfants en décembre dernier, Pell a été condamné en mars à six ans de prison, dont il doit purger une peine d'au moins trois ans et huit mois.

    MELBOURNE, Australie - Le cardinal George Pell a écrit une lettre remerciant ses soutiens pour leurs prières et se disant «troublé» par les préparatifs du prochain synode sur l'Amazone.

    Le texte de la lettre manuscrite de deux pages - dont les images ont été partagées avec l’ANC et confirmée par des sources proches de Pell - a été distribué à un groupe des plus proches soutiens de Pell en Australie.

    Dans sa lettre datée du 1er août de la prison d’évaluation de Melbourne, le cardinal indique également que son incarcération a été soutenue par sa foi et par les prières des fidèles et qu’il offre ses souffrances en prison pour le bien de l'Église.

    «Savoir que ma petite souffrance peut être utilisée à des fins utiles en étant uni à la souffrance de Jésus me donne un objectif et une direction», écrit Pell dans sa lettre. "Les défis et les problèmes de la vie de l'Église doivent être affrontés dans le même esprit de foi."

    Pell ajoute: "Nous avons des raisons d'être perturbés par l'Instrumentum Laboris du Synode d'Amazonie", publié en juin avant la réunion d'octobre.

    Ce document, qui a fait l’objet de nombreuses discussions et commentaires, a notamment porté sur l’ordination de soi-disant viri probati, ou «hommes éprouvés» qui sont mariés, pour répondre à une pénurie de vocations sacerdotales.

    Le document de travail, qui appelle à «une église à visage autochtone», recommande en outre que le synode identifie «un ministère officiel pouvant être conféré aux femmes, en tenant compte du rôle central qu'elles jouent dans l'église amazonienne».

    «Ce n'est pas le premier document de qualité médiocre produit par le secrétariat du Synode», écrit Pell.

    Le cardinal, apparemment en référence au débat et aux critiques considérables suscités par l'agenda proposé par le synode - qui inclut également quelques appels à des changements sur la thèmatique utilisée pour célébrer la messe - note également que "le cardinal G. Müller, ancien membre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a écrit une excellente critique. "

    «Je ne suis pas un expert de la région», a déclaré Pell, notant pourtant qu'il s'était déjà rendu dans certaines parties de cette région, tout en rappelant que «comme dans l'Amazone, beaucoup d'eau doit encore couler avant le Synode».

    "Un point est fondamental, la Tradition apostolique, l'enseignement de Jésus et des apôtres, tiré du Nouveau Testament et enseigné par les papes et les conciles, par le Magistère, est le seul critère de la doctrine pour tout enseignement de doctrine et de pratique."

    «Amazonie ou pas, dans tous les pays, l'Église ne peut permettre à aucune confusion, encore moins à un enseignement contraire, de nuire à la tradition apostolique», a-t-il déclaré.

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  • Dans la gazette : les préoccupations du pape sur l'Europe, les migrations, le populisme, l'environnement, l'Amazonie...

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    Du site de La Stampa, cette nouvelle interview du pape :

    Pape François: "Le souverainisme me fait peur, mène à la guerre"

    Le Pontife: "L’Europe ne doit pas fondre, il faut la sauver, elle a des racines humaines et chrétiennes. Une femme comme Ursula von der Leyen peut faire revivre la force des pères fondateurs "

    09 août 2019

    CITÉ DU VATICAN. Le pape ouvre la porte à 10h30 avec son sourire aimable. On entre dans l'une des pièces utilisée pour recevoir les gens, meublée avec l'essentiel, sans distractions ni luxe, juste un crucifix accroché au mur. Nous sommes arrivés à l'entrée du Perugino, la plus proche de la Casa Santa Marta. Scénario habituel: quelques soutanes, gendarmes et gardes suisses. À l'arrière-plan, le dôme de Saint-Pierre. Au Vatican, la routine habituelle est ralentie par la chaleur et le climat des vacances. Pour le pape François, ce n’est pas un jour ordinaire: c’est le 6 août, le 41e anniversaire de la mort de saint Paul VI, un pontife auquel il tient particulièrement: "En ce jour, j’attends toujours un moment pour descendre aux cryptes sous la basilique et rester seul dans la prière et le silence devant sa tombe. C'est bon pour mon coeur ». Les plaisanteries ne durent pas longtemps, nous sommes au coeur de la conversation.

    François est gai et détendu. Et concentré. Ses capacités d'écoute sont impressionnantes. Il regarde toujours dans les yeux. Jamais la montre. Il prend les moments de réflexion nécessaires avant d'exprimer un avis délicat. On évoque l'Europe, l'Amazone et l'environnement. L'entretien est intense et ininterrompu. Le pape ne boit même pas une gorgée d'eau. Nous le lui signalons, il secoue les épaules et répond en souriant: "Je ne suis pas le seul à ne pas avoir bu."

    Votre Sainteté, vous avez exprimé l'espoir que "l'Europe sera à nouveau le rêve des pères fondateurs". Qu'attendez-vous?

    "L'Europe ne peut et ne doit pas se dissoudre. C'est une unité historique, culturelle et géographique. Le rêve des pères fondateurs était cohérent car il s'agissait d'une mise en œuvre de cette unité. Maintenant, nous ne devons pas perdre cet héritage ".

    Comment voyez-vous cela aujourd'hui?

    "Il s'est affaibli au fil des ans, en partie à cause de problèmes administratifs et de désaccords internes. Mais vous devez le sauver. Après les élections, j'espère qu'un processus de relance va démarrer et qu'il se poursuivra sans interruption ".

    Êtes-vous satisfait de la nomination d'une femme à la présidence de la Commission européenne?

    « Oui. Aussi parce qu'une femme peut être apte à raviver la force des pères fondateurs. Les femmes ont la capacité de rapprocher, d'unir ».

    Quels sont les principaux défis?

    "Un par-dessus tout: le dialogue. Entre les parties, les hommes. Le mécanisme mental doit être "d'abord l'Europe, puis chacun de nous". Le "chacun de nous" n'est pas secondaire, c'est important, mais l'Europe est plus importante. Dans l'Union européenne, nous devons parler, comparer et savoir. Parfois, nous ne voyons que des monologues de compromis. Non: il faut aussi écouter ».

    De quoi avez-vous besoin pour dialoguer?

    "Nous devons partir de notre propre identité".

    Ici, les identités: pour combien comptent-elles? Si nous en faisons trop avec la défense des identités, ne risquons-nous pas l'isolement? Comment réagissons-nous aux identités génératrices d'extrémisme?

    "Je vous donne l'exemple du dialogue œcuménique: je ne peux faire de l'œcuménisme que si je pars de mon catholicisme, et l'autre qui pratique l'œcuménisme avec moi doit le faire en tant que protestant, orthodoxe ... Son identité n'est pas négociable, elle est intégrée. Le problème avec les exagérations est que l'on se ferme sur son identité, on ne s'ouvre pas. L'identité est une richesse - culturelle, nationale, historique, artistique - et chaque pays a la sienne, mais elle doit être intégrée au dialogue. Cela est décisif: de sa propre identité, il faut s’ouvrir au dialogue afin de recevoir quelque chose de plus grand de l’identité des autres. N'oubliez jamais que le tout est supérieur à la partie. Globalisation, l'unité ne doit pas être conçue comme une sphère, mais comme un polyèdre: chaque peuple conserve son identité dans l'unité avec les autres ".

    Quels sont les dangers du la souverainisme?

    "Le souverainisme est une attitude d'isolement. Je suis inquiet parce que nous entendons des discours qui ressemblent à ceux d'Hitler en 1934. «D'abord, nous. Nous ... nous ... ": ce sont des pensées effrayantes. Le souverainisme est la fermeture. Un pays doit être souverain, mais pas fermé. La souveraineté doit être défendue, mais les relations avec les autres pays et avec la Communauté européenne doivent également être protégées et promues. Le souverainisme est une exagération qui finit toujours mal: il conduit à des guerres ».

    Et les populismes?

    "Même discours. Au début, j’ai eu du mal à comprendre parce que, en étudiant la théologie, j’ai approfondi le popularisme, c’est la culture du peuple: une chose est que les gens s’expriment, un autre est d’imposer une attitude populiste au peuple. Le peuple est souverain (il a une façon de penser, de s’exprimer et de ressentir, d’évaluer), mais les populismes nous mènent à des souverainismes: ce suffixe, "isme", n’est jamais bon ".

    Comment parler des migrants?

    «Tout d'abord, n'oubliez jamais le droit le plus important: le droit à la vie. Les immigrants arrivent principalement pour fuir la guerre ou la faim, du Moyen-Orient et d'Afrique. Sur la guerre, nous devons nous engager et lutter pour la paix. La faim concerne principalement l’Afrique. Le continent africain est victime d'une malédiction cruelle: il semble être exploité dans l'imaginaire collectif. Une partie de la solution consiste plutôt à investir sur place pour résoudre leurs problèmes et mettre un terme aux flux migratoires. "

    Mais puisqu'ils viennent à nous, comment devrions-nous nous comporter?

    "Les critères doivent être suivis. Premièrement: recevoir, qui est aussi une tâche évangélique chrétienne. Les portes doivent être ouvertes et non fermées. Deuxièmement: accompagner. Troisièmement: promouvoir. Quatrième intégrer. Dans le même temps, les gouvernements doivent penser et agir avec prudence, ce qui est une vertu du gouvernement. Qui administre est appelé à dire combien de migrants peuvent être reçus ».

    Et si le nombre est supérieur aux possibilités de réception?

    «La situation peut être résolue par le dialogue avec d'autres pays. Il y a des États qui ont besoin de gens, je pense à l'agriculture. J'ai vu quelque chose comme cela qui s'est passé récemment face à une urgence: cela me donne de l'espoir. Et puis, savez-vous à quoi cela servirait aussi? "

    A quoi ?

    « La créativité. Par exemple, ils m'ont dit que dans un pays européen, il y a des villes à moitié vides en raison du déclin démographique: certaines communautés de migrants pourraient y être transférées, ce qui pourrait, entre autres, relancer l'économie de la région ".

    Sur quelles valeurs communes devrait reposer la relance de l'UE? L'Europe a-t-elle encore besoin du christianisme? Et dans ce contexte, quel rôle ont les orthodoxes?

    «Le point de départ, ce sont les valeurs humaines de la personne humaine. Avec les valeurs chrétiennes: l'Europe a des racines humaines et chrétiennes, c'est l'histoire qui la raconte. Et quand je dis cela, je ne sépare pas catholiques, orthodoxes et protestants. Les orthodoxes ont un rôle très précieux pour l'Europe. Nous avons tous les mêmes valeurs fondamentales ».

    Nous traversons mentalement l'océan et pensons à l'Amérique du Sud. Pourquoi convoquer un synode sur l'Amazone en octobre au Vatican?

    "Il est le" fils "de" Laudato si '". Ceux qui ne l'ont pas lu ne comprendront jamais le Synode sur l'Amazonie. Laudato si ’n’est pas une encyclique verte, c’est une encyclique sociale qui repose sur une réalité" verte ", la garde de la Création".

    Y at-il un épisode significatif pour vous?

    "Il y a quelques mois, sept pêcheurs m'ont dit:" Ces six derniers mois, nous avons collecté 6 tonnes de plastique". L'autre jour, j'ai lu un article sur un immense glacier d'Islande qui avait presque complètement fondu: ils lui avaient construit un monument funéraire. Avec l'incendie de la Sibérie, certains glaciers du Groenland ont fondu par tonnes. Les habitants d'un pays du Pacifique sont en mouvement parce que dans vingt ans, l'île où ils vivront ne sera plus. Mais les données qui m'ont le plus choqué en sont une autre ».

    Lequel?

    «The Overshoot Day: le 29 juillet, nous avons épuisé toutes les ressources régénérables de 2019. À partir du 30 juillet, nous avons commencé à consommer plus de ressources que celles que la planète parvient à régénérer en un an. C'est très grave. C'est une situation d'urgence mondiale. Et le nôtre sera un synode d’urgence. Mais faites attention: un synode n'est pas une réunion de scientifiques ou d'hommes politiques. Ce n'est pas un Parlement, c'est autre chose. Cela vient de l'Eglise et aura une mission et une dimension évangélisatrices. Ce sera une œuvre de communion guidée par le Saint-Esprit ".

    Mais pourquoi se concentrer sur l'Amazone?

    «C'est un lieu représentatif et décisif. Avec les océans, il contribue de manière décisive à la survie de la planète. Une grande partie de l'oxygène que nous respirons provient de là. C'est pourquoi la déforestation signifie tuer l'humanité. Et puis, l’Amazonie implique neuf États et ne concerne donc pas un seul pays. Et je pense à la richesse de l'Amazonie, de la biodiversité végétale et animale: c'est merveilleux ».

    Le Synode discutera également de la possibilité d'ordonner des "viri probati", hommes âgés et mariés, qui peuvent remédier au manque de clergé. Sera-ce l'un des thèmes principaux?

    "Absolument pas: il s'agit simplement d'un point de l'Instrumentum Laboris (le document de travail, éd). L’important sera les ministères de l’évangélisation et les différentes façons d’évangéliser ".

    Quels sont les obstacles à la sauvegarde de l'Amazonie?

    "La menace de la vie des populations et du territoire découle des intérêts économiques et politiques des secteurs dominants de la société".

    Alors, comment la politique devrait-elle se comporter?

    «Éliminer leurs propres connivences et corruptions. Il doit assumer des responsabilités concrètes, par exemple en ce qui concerne les mines à ciel ouvert, qui empoisonnent l’eau et causent tant de maladies. Ensuite, il y a la question des engrais ".

    Votre Sainteté, que craignez-vous le plus pour notre planète?

    «La disparition de la biodiversité. Nouvelles maladies mortelles. Une dérive et une dévastation de la nature pouvant mener à la mort de l’humanité ".

    Voyez-vous une prise de conscience de la question de l'environnement et du changement climatique?

    "Oui, en particulier dans les mouvements de jeunes écologistes, comme celui dirigé par Greta Thunberg, "Fridays for future". J'ai vu un de leur panneau qui m'a frappé: "Nous sommes l'avenir!" ».

    Notre conduite quotidienne - recycler, faire attention à ne pas gaspiller l’eau à la maison - peut affecter ou est insuffisante pour contrer le phénomène?

    "Cela concerne tout, car il s’agit d’actions concrètes. Et surtout, cela crée et diffuse la culture de ne pas souiller la création ».

  • Si Dieu existe, pourquoi le mal? et si Dieu n'existe pas, pourquoi le bien?

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    De Jean-Pierre Snyers :

    Deux questions... "Si Dieu existe, pourquoi le mal?" et "Si Dieu n'existe pas, pourquoi le bien?"

    Une chose est sûre, notre univers est ambivalent. En lui, coexistent le meilleur et le pire, la beauté et la laideur, la vie et la mort. Admirable sur le plan de son évolution de plus en plus complexe (de l'amibe à Jean-Sébastien Bach, avouons  qu'il y a un gouffre), il est en revanche détestable quand on constate certaines lois  brutales (cataclysmes naturels, extermination des faibles par les forts...) qui en font partie.

    Face à de telles contradictions, que répondre?

    Deux choix: croire à l'absurde ou au mystère. Adhérer au fait que les souffrances et les injustices de ce monde n'auront d'autre issue que le néant ou croire que celles-ci seront réparées, transfigurées dans un au-delà hors de nos dimensions, de notre temps et de notre espace. Que réclame notre coeur, le fin fond de notre être? L'éternité ou le néant? Dieu ou le hasard? Certains diront: "Si vous croyez en Dieu et en une vie éternelle après votre mort, ce n'est que pour vous consoler. En fait, vous misez sur Dieu parce que vous envie qu'Il existe, parce que cela vous rassure et parce que vous avez peur que tout s'arrête après cette vie". Mais d'autres pourront répondre: "Vous ne croyez pas en Dieu parce que vous n'avez pas envie qu'Il existe, parce que l'idée que Quelqu'un qui vous serait infiniment supérieur (vis-à-vis duquel vous auriez à rendre des comptes),  vous dérange. "Moi d'abord! Moi, maître de tout". Un peu comme un enfant qui renierait son père, telle semble être votre conception de l'existence. Je peux vous comprendre mais en pensant à vous, je ne peux me départir de ces deux phrases qui resteront à jamais gravées dans mon esprit et qui sont: "L'homme est  un dieu tombé qui se souvient des cieux" (Lamartine), "Dieu est la totalité vivante de ce vers quoi notre coeur s'élance" (St Thomas d'Aquin).

    Je sais... je sais combien je n'ai toujours pas répondu à cette question fondamentale: "Si Dieu existe, pourquoi le mal et la souffrance?" Mais en posant cette question, je ne fais que postuler l'idée que l'univers que nous connaissons correspond réellement  à ce que Dieu a voulu.  Cela tiendrait la route si comme la Bible et le Credo nous le disent, Dieu n'était pas d'abord le Créateur d'un monde invisible, le Créateur d'un monde extra-terrestre,  d'un monde invisible dont font partie les anges et les démons, ces démons qui  par leur rupture d'avec Dieu n'ont de cesse de détraquer le monde terrestre. Dès lors, quoi d'étonnant à ce que cette horloge qu'est notre univers ne donne plus l'heure exacte et qu'il n'y ait jusqu'au retour du Christ aucun rétablissement ce que ce l'univers était appelé à être?