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Ethique - Page 273

  • La stratégie chinoise du pape François est anachronique

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    Lu via le lien de notre confrère diakonos.be :

     http://www.diakonos.be/ cet article de George Weigel, traduit par Bérengère Viennot — 26.02.2018 - 8 h 20, mis à jour le 26.02.2018 à 9 h 47 :

    « La diplomatie du Vatican avec la Chine et d'autres gouvernements autoritaires est basée sur des fantasmes de puissance datés de plus d'un siècle.

    Ces dernières semaines, de nombreux observateurs sont restés perplexes, voire profondément troublés, devant la perspective d’un accord sur le point d’être conclu entre le Vatican et la République populaire de Chine.

    Cet accord concèderait un rôle considérable au régime communiste chinois dans la nomination d’évêques catholiques en Chine et s’inscrirait dans une démarche visant à rétablir des relations diplomatiques pleines et entières entre Pékin et le Saint-Siège. La possibilité d’un tel accord soulève bon nombre de questions.

    Poursuite obstinée de relations avec la Chine

    Pourquoi le Vatican se fierait-il à un quelconque accord cosigné par une puissance autoritaire, compte tenu de ses précédentes expériences malheureuses avec l’Italie de Mussolini et le Troisième Reich de Hitler, qui ont tous les deux systématiquement violé les concordats qu’ils avaient conclus avec le Saint-Siège? 

    Pourquoi les diplomates du Vatican (et peut-être même le pape François lui-même) ont-ils choisi d’ignorer les avertissements venus de l’intérieur de la Chine et du cardinal Joseph Zen, ancien évêque de Hong Kong, sur l’impact négatif d’un accord de ce type sur les catholiques chinois restés loyaux à Rome plutôt qu’à l’Association catholique patriotique parrainée par le régime?

    Pourquoi l’Église violerait-elle son propre droit canonique (selon lequel «aucun droit ou privilège d’élection, de nomination, de présentation ou de désignation d’évêque n’est accordé aux autorités civiles») dans le cadre de démarches pour établir des échanges diplomatiques officiels avec un régime qui viole les droits humains de façon quotidienne, et souvent en faisant preuve d’une grande cruauté?

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  • RDC : « Le consensus de corruption, horizon indépassable de l’histoire congolaise ? »

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    La 3eme marche des catholiques congolais (25 février) et puis quoi ? Pour l’analyste Thierry Vircoulon, le maintien au pouvoir de Joseph Kabila en RDC tient au pacte tacite passé avec les acteurs sécuritaires, politiques et économiques. Lu dans « Le Monde » de ce 26 février 2018 :

    marche 25 février.jpg

    « Chronique. En République démocratique du Congo (RDC), le début de l’année 2018 a un air de déjà-vu. Depuis la fin constitutionnelle du régime en 2016, le pays est une cocotte-minute dont la température monte régulièrement.

    Après l’organisation d’une bastonnade en règle des chrétiens contestataires à Kinshasa, le 21 janvier, le pape s’est ému et le cardinal Monsengwo a décrit la RDC comme une « prison à ciel ouvert ». Le gouvernement belge a décidé d’arrêter sa coopération avec le régime congolais et d’attribuer son aide au développement à des organisations de la société civile et non plus au gouvernement. Les autorités congolaises ont répliqué avec toute la panoplie des représailles diplomatiques : arrêt des activités de la coopération belge, fermeture du consulat de Lubumbashi et réduction des vols de la compagnie aérienne belge pour Kinshasa.

    Lire aussi :   La RDC signifie à la Belgique la fermeture du consulat Schengen à Kinshasa

    Tout cela ressemble à une répétition du début des années 1990. À cette époque, le président au pouvoir, Mobutu Sese Seko, s’accrochait au pouvoir contre l’Eglise, la Belgique et les États-Unis – tout comme Joseph Kabila aujourd’hui. Certains protagonistes de la crise actuelle sont les mêmes : Lambert Mende, porte-parole de l’actuel gouvernement, était alors ministre de Mobutu, et Mgr Monsengwo, à la tête de la Conférence nationale puis du Haut Conseil de la République, faisait déjà figure d’opposant. Le seul absent de cette nouvelle transition imposée est Etienne Tshisekedi, qui est décédé au début de l’année 2017 mais dont un fils, Félix, continue de jouer un rôle dans les rangs de l’opposition.

    Comme le gouvernement actuel, Mobutu utilisait la rhétorique de la souveraineté bafouée et la fibre anticoloniale contre la Belgique. Comme le gouvernement actuel, il jouait de la concurrence entre Bruxelles et Paris, incitant le gouvernement français à remplacer l’ex-puissance coloniale financièrement et militairement. Et comme le gouvernement actuel, le maréchal-président n’hésita pas à traiter par la force la contestation de l’Église (telle la marche des chrétiens le 16 février 1992).

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  • RDC : Nouveau dimanche ensanglanté

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    kisan-690x450.jpgAprès le 31 décembre, le 21 janvier, le Comité laïc de coordination (CLC), un collectif catholique, avait appelé la population à marcher une fois de plus, pacifiquement, ce dimanche 25 février. Une marche où les manifestants étaient invités à se munir de leur bible, de leur croix ou de rameaux. Compte rendu d’Hubert Leclercq sur le site de « La Libre Afrique » :

    " Une fois de plus, les forces de l’ordre se sont déployées en nombre pour empêcher le bon déroulement de ces marches pacifiques.

    manif-1-690x450.jpgUne fois de plus, policiers, soldats, membres de la garde républicaine n’ont pas hésité à utiliser des gaz lacrymogènes et à tirer à balles réelles sur les manifestants.

    Une fois de plus, un dimanche de marche pacifique se termine par un bilan beaucoup trop sombre. Au moins deux morts (un à Kinshasa, à la paroisse de la commune de Lemba, un à Mbandaka), des dizaines de blessés par balles à travers tout le pays, de nombreuses arrestations (32 membres de la Lucha ont été arrêtés à Beni, dans l’est du pays, tandis qu’une dizaine de prêtres ont été arrêtés, certains demeuraient introuvables Congo hh-768x432.jpgdimanche soir).

    Une fois de plus, face à cette violence, les manifestants sont demeurés pacifiques et ont promis qu’ils ne feraient pas marche arrière.

    Une fois de plus, les autorités du pays n’ont pas hésité à faire couper le signal internet et le service des sms.

    Une fois de plus, pourtant, la communauté internationale, des Nations unies à l’Union européenne en passant par les ambassades qui comptent à Kinshasa, avaient mis en garde le pouvoir contre toute utilisation excessive de la force et contre toute atteinte au droit de manifester pacifiquement.

    Une fois de plus, le régime illégal du président hors mandat Joseph Kabila s’est moqué de ces mises en garde et a fait tirer sur le parvis même des églises.

    Milice privée kabiliste

    Samedi en fin de journée, le PPRD, le parti de Joseph Kabila avait envoyé un message clair sur sa détermination à provoquer les manifestants pacifiques. En milieu d’après-midi, une horde de jeunes a été déversée par des bus réquisitionnés aux abords de la cathédrale Notre-Dame du Congo. Les meneurs de ce mouvement arboraient fièrement le béret rouge, signe distinctif des “jeunes leaders” du PPRD, qui avaient annoncé plus tôt dans la semaine leur intention de s’inviter dans les églises. Les jeunes – la plupart des désœuvrés ramassés dans les quartiers de la capitale – entendaient passer la nuit dans la cathédrale “pour accueillir les fidèles dimanche matin”, selon un témoignage recueilli samedi en journée par LaLibreafrique. Quelques dizaines de minutes après la véritable prise d’assaut par ces jeunes, une vidéo créait le buzz sur internet.

    Lire aussi:
    RDC : vidéo des bérets rouges et débandade

    On y voyait un des leaders de cette milice haranguer ses troupes, leur promettant de l’argent pour leur présence dans les églises dimanche matin et, bien pire encore, les enjoignant d’“attraper les prêtres par la soutane pour les livrer à la police”. Face à cette situation, la tension montait encore d’un cran dans la capitale où certains groupes de jeunes de l’opposition se préparaient à en découdre avec cette milice. Finalement, suite à la diffusion massive de cette vidéo ou suite au non paiement des sommes promises aux membres de la milice, la plupart des “assaillants” de la cathédrale Notre-Dame ont déguerpi sans demander leurs restes. Ce dimanche, certains membres de cette milice étaient quand même présents dans l’église st-Raphaël de Kinshasa.

    Silence assourdissant

    Dimanche matin, de Kinshasa à Lubumbashi, de Goma à Mbandaka en passant par Matadi ou Kisangani, malgré les menaces, malgré les morts, malgré la présence de la police, des centaines de milliers de Congolais se sont rendus dans les églises pour prier et pour manifester. Des marches pacifiques pour défendre leurs droits à la démocratie, pour exiger du président hors mandat qu’il dise qu’il ne briguera pas un troisième mandat inconstitutionnel (le second s’est terminé en décembre 2016), pour que, notamment, les opposants emprisonnés soient libérés.

    Comme seule réponse, une fois encore, Joseph Kabila a fait donner la troupe et couper les réseaux internet. La communauté internationale devrait condamner ces agissements dans les prochaines heures mais sans autres menaces précises face à un régime de plus en plus radicalisé. La Cour pénale internationale, si prompte à sévir dans certains cas, va-t-elle encore rester sourde longtemps, sous peine de perdre le peu de crédit qu’il lui reste ? "

     

    Réf. RDC : Nouveau dimanche ensanglanté

    Dans un pays aussi mal organisé que le Congo, où la conscience « démocratique » est tout de même aussi assez limitée, l’Eglise a malgré tout réussi à mobiliser, semble-t-il, trois millions de manifestants ce dimanche. C’est beaucoup et peu à la fois pour une population estimée (il n’y a plus de statistiques fiables depuis plus d’un demi-siècle) à 80 millions d’habitants. La solution pour sortir du « poto-poto » ne peut venir que des acteurs les plus motivés de la nébuleuse internationale. Mais qui s’y intéresse encore vraiment à la question congolaise ?

    JPSC

  • Sous couvert de miséricorde : la menace qui pèse actuellement sur l’Eglise et sur l’Eucharistie

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    De Sandro Magister sur Diakonos.be :

    Nouvel appel du Père Weinandy au Pape : Avec cette fausse miséricorde, on détruit l’Eglise

    On se souvient encore de la lettre ouverte que le P. Thomas G. Weinandy avait adressée au Pape François l’été dernier avant de la mettre dans le domaine public le premier novembre sur Settimo Cielo :

    > Un théologien écrit au pape: C’est le chaos dans l’Église et vous en êtes une des causes

    Aujourd’hui matin, samedi 24 février, il est revenu à la charge à Sydney au cours d’une conférence organisée par l’University of Notre Dame, en Australie.

    Dans son intervention, le Père Weinandy décrit et dénonce l’attaque d’une gravité sans précédent que certaines théories et pratiques « pastorales » encouragées par le Pape François sont en train de porter contre l’Eglise « une, sainte, catholique et apostolique » et plus particulièrement contre l’Eucharistie qui est la « source et le sommet » de la vie de l’Eglise elle-même.

    Settimo Cielo propose ci-dessous à ses lecteurs, dans quatre langues, les passages cruciaux de l’acte d’accusation du Père Weinandy. Mais ceux qui souhaiteraient lire le texte intégral de sa conférence, dans l’original en anglais, la trouveront sur cette autre page web :

    > The Four Marks of the Church: The Contemporary Crisis in Ecclesiology

    A 72 ans, le Père Weinandy est l’un des théologiens les plus estimés, il vit à Washington au collège de Capucins, l’ordre franciscain dont il fait partie. Il est toujours membre de la Commission théologique internationale associée à la Congrégation vaticane pour la doctrine de la foi, depuis sa nomination en 2014 par le Pape François.

    Il a enseigné aux Etats-Unis et dans plusieurs universités, pendant douze ans à Oxford et à l’Université pontificale grégorienne de Rome.

    Pendant neuf ans, de 2005 à 2013, il a été directeur exécutif de la Commission doctrinale de Conférence épiscopale des Etats-Unis. Et il a continué à en faire partie comme « advisor » jusqu’au jour de la publication de sa lettre ouverte au Pape François, où il fut contraint de démissionner.

    A lui la parole.

    *

    La menace qui pèse actuellement sur l’Eglise et sur l’Eucharistie

    par Thomas G. Weinandy

    On ne peut pas nier que l’Eglise postconciliaire a été traversée par de nombreuses divisions et divergences sur la doctrine, la morale et la liturgie. Ces désaccords perdurent encore.  Pourtant, jamais au cours des pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI, on n’a douté de ce que l’Eglise enseigne concernant sa doctrine, sa morale et sa pratique liturgique.  […]  Ce n’est plus le cas, et de bien des manières significatives, au cours de l’actuel pontificat du Pape François.

    Une menace pour l’unicité de l’Eglise

    […] On dirait parfois que le Pape François se considère non pas comme le promoteur de l’unité mais bien comme l’agent de division. Sa philosophie pratique, pour autant qu’il s’agisse d’une philosophie intentionnelle, semble consister à croire qu’un plus grand bien unificateur finira par émerger du fatras actuel d’opinions divergentes et de la tourmente des divisions qui en résultent.

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  • Le cardinal Marx ne fait pas l'unanimité

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    Le cardinal Marx contesté par ses confrères (source)

    Après des propos ambigus sur la bénédiction des couples de même sexe et une lettre louant le travail d’une organisation allemande permettant aux femmes de recourir à l’avortement, le cardinal Marx a dû essuyer la réprobation de plusieurs cardinaux et évêques.

    Le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et Freising, préside la Conférence des évêques d’Allemagne depuis 2014. Le 3 février 2018, à l’occasion de ses dix ans à la tête de l’archidiocèse, le prélat a accordé un entretien au média bavarois Bayerischer Rundfunk. L'article est paru sous le titre accrocheur : « Il est possible de bénir des unions de même sexe ».

    A la question de la journaliste Karin Wendlinger demandant s’il est envisageable de bénir de tels "couples", le prélat a répondu : « il n'y a pas de solution générale. Ne pensez pas qu'une solution globale serait juste car la pastorale concerne les individus : il y a des situations dans lesquelles nous n'avons pas de règles, mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut rien faire (…). Il faut laisser cette question au prêtre qui accompagne les personnes en question. » Ces considérations vaseuses, dignes de la plus pure langue de buis conciliaire, évitent soigneusement de rappeler la morale catholique et la ferme condamnation par l'Eglise de ces unions contre-nature. Elles font écho aux déclarations de Mgr Franz-Josef Bode, numéro deux de la Conférence épiscopale allemande, également favorable à l'élaboration de rites spéciaux ou de « solutions particulières » permettant de bénir des unions de ce type.

    A défaut d'une ferme réaction de la Conférence épiscopale allemande, une voix s'est fait entendre aux Etats-Unis. L’archevêque de Philadelphie, Mgr Charles Chaput, a rappelé dans son bulletin diocésain « qu'il n'y a pas de vérité, pas de vraie miséricorde, et pas de compassion authentique, à bénir une action qui éloigne les personnes de Dieu », ajoutant qu’il est impossible de « coopérer formellement à un acte moralement interdit ».

    Le cardinal Paul Josef Cordes, président émérite du Conseil pontifical Cor Unum, aujourd'hui âgé de 83 ans, a pour sa part déclaré que les propos du prélat allemand étaient d’une « naïveté effrayante, ignorant la claire Révélation de Dieu », et il a dénoncé une idée « sacrilège » !

    L'association Donum vitæ et le refus de la vie

    Qui plus est, le cardinal Marx s’est signalé dans un autre domaine en envoyant, le 23 janvier 2018, une lettre d’encouragement au ZdK, le Comité central des catholiques allemands, afin de louer le travail accompli par les centres Donum vitae.

    L'association Donum vitæ anime en Allemagne 116 centres d'accueil recevant environ 36.000 femmes par an. Outre un rôle de conseil auprès des femmes enceintes, elle délivre à celles qui ne veulent pas garder leur enfant la fameuse « attestation d’entretien », indispensable en Allemagne pour avoir accès à l’avortement. En son temps, le pape Jean-Paul II avait formellement condamné cette pratique. En 2006, la Conférence épiscopale allemande avait fini par interdire au personnel de l'Eglise de travailler au sein de Donum vitæ.

    L’archevêque de Cologne, le cardinal Rainer Maria Woelki, a réagi. Se distançant de son confrère de Munich, le prélat a rappelé par voie de presse que Donum vitæ demeure « hors de l’Eglise » et qu’il est incompatible d’avoir une mission dans le diocèse tout en collaborant avec cette association.

    De son côté, le vaticaniste italien Marco Tosatti, avec la fougue qu’on lui connaît, implore le Saint-Père de réagir face aux propos du cardinal Marx - par ailleurs membre du C9, le conseil restreint chargé par le pape de réformer la Curie romaine. Il lui demande de faire la clarté sur des questions qui mettent en danger le salut des âmes, qui reste la loi suprême de l’Eglise.

    « Comment Rome se positionne-t-elle dans tout cela ? Et qu’on ne vienne pas dire que la confusion est le fait des journalistes (…). La confusion vient de ceux qui, au plus haut niveau, ont le devoir de donner des indications claires, qui ont l’obligation de parler, mais qui se taisent… »

  • Qu'est-ce qui nous fait progresser en humanité ? Les réponses d'un médecin devenu archevêque.

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    MGR AUPETIT : « QU’EST CE QUI NOUS FAIT PROGRESSER EN HUMANITÉ ? »

      

    Monseigneur Michel Aupetit, nouvel archevêque de Paris, a répondu aux questions du magazine La Vie à propos de bioéthique. Les états généraux de la bioéthique sont une occasion toute particulière pour l’Eglise : « même si c’était joué d’avance, cela ne nous empêcherait pas de parler » déclare-t-il, assurant plus loin : « Je ne suis jamais inquiet, parce que l’espérance est plus forte que le désespoir ». Faire entendre la voix de l’Eglise, « c’est un devoir de conscience, quitte à être à contretemps ». Le travail de mobilisation est également important : « C’est éclairer les consciences. La plupart des gens se disent ‘pourquoi pas, qu’est-ce que ça change ?’ Nous voulons qu’ils se disent : ‘oui, il y a un problème’ ». Il y a ici « un enjeu de civilisation, la nécessité d’ouvrir les cœurs à l’attention aux plus faibles. Or on revient peu à peu à la loi de la jungle, à cet homme en bonne santé, riche, bien portant, qui pourra se payer tout ce qu’il veut, faire du transhumanisme pour lui-même, mettre une puce dans sa tête, mais aux dépense de qui ? De la majorité des gens qui crèveront de faim ».

    Interrogé sur le « progressisme », Mgr Aupetit questionne : « Comment définir le progrès ? Est-il technique, humain ? (…) La technique doit toujours être évaluée par l’éthique ». « ‘Progressiste’ veut dire que l’on suit un progrès. Qu’est ce qui nous fait progresser en humanité ? C’est le regard que l’on pose sur les plus faibles. J’ai appris cela quand j’étais médecin et que des handicapés sont venus s’installer à côté de mon cabinet. Je les soignais. Ils m’ont appris bien plus sur l’humanité de l’homme que n’importe quel manuel ».

    Sur la fin de vie, il se dit « vigilant », alors que l’euthanasie est de nouveau débattue sans que la loi Claeys Leonetti n’ait été évaluée, ni les soins palliatifs généralisés. « Une personne très âgée, une personne handicapée, ce n’est pas rentable ! Mais ils nous apprennent l’humanité », rappelle-il. Face à des situations dramatiques présentées dans les médias, il répond : « On ne peut pas partir d’un cas pour écrire une loi générale. Qu’est-ce qui peut protéger l’ensemble des patients, leur assurer le meilleur des soins dans l’état actuel des connaissances scientifiques ou médicales ? Il faut raisonner à partir de cela ». Confronté lors de son exercice de la médecine à des situations de fin vie, il ne s’étonne pas que des proches puissent demander l’euthanasie pour la personne qu’ils accompagnent : « C’est insupportable de voir les gens que l’on aime souffrir en étant dans l’impuissance ». Mais si le proche « peut faire un geste qui soulage et qui exprime son affection », il n’y a « presque plus » de demandes d’euthanasie. « Etre dans l’impuissance, c’est insupportable. Donner la mort est une mauvaise réponse ».

    Lucide sur « les puissances financières qui mettent la main sur nous », mais aussi sur l’eugénisme en place qui « ne laisse pas naitre les enfants trisomiques », il invite à l’écologie, qui comprend aussi la « manière dont l’homme respecte sa propre nature » : « Son désir illimité épuise la planète. Son désir illimité par rapport à lui-même va détruire son humanité. Va-t-il accepter une limite à ses désirs ? La loi va-t-elle s’ordonner au désir individuel de chacun ? ».

    Sources: La Vie, Olivia Elkaim et Aymeric Christensen (20/02/2018)

  • Québec : une Église en crise depuis les années 1960

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    Un effet de la « révolution tranquille » (un prodrome québécois de mai 68) ou de Vatican II ? C’est un peu l’histoire de la poule et de l’œuf. En quelques années, les catholiques du Québec ont vu leur Église vaciller et la société se séculariser à une vitesse accélérée. D’Yves Chiron sur le site du mensuel « La Nef » ( n° 297):

    "Jusqu’au début des années 1960, 88 % de la population du Québec était catholique et l’Église était impliquée dans toutes les œuvres sociales, dans le système hospitalier comme dans l’éducation. La quasi-totalité des « collèges classiques » (l’équivalent de nos lycées) et toutes les universités francophones étaient rattachées à l’Église. Les mouvements, organisations et œuvres liés à chaque paroisse couvraient tous les aspects de la vie religieuse mais aussi de la vie sociale (loisirs, services sociaux, syndicalisme, mouvements coopératifs, culture). À la fin des années 1950, un catholique sur cinq était actif dans un de ces secteurs de la vie paroissiale.

    En 1960, par la victoire électorale du Parti libéral québécois et l’arrivée au pouvoir de Jean Lesage s’engage une « Révolution tranquille » qui veut mettre fin à la « Grande Noirceur », terme polémique pour désigner les gouvernements de l’Union nationale qui avaient dirigé le Québec depuis 1944 et la politique conservatrice qui avait été menée avec l’appui de l’Église.

    La Révolution tranquille aboutira en quelques années à la création d’un système d’hôpitaux publics, d’un Ministère de l’Éducation et d’un Ministère des affaires sociales, à l’abaissement du droit de vote de 21 à 18 ans, à l’adoption d’un statut légal de la femme mariée, à la mise en vente de la pilule contraceptive dès 1961.

    Ces évolutions, peu « tranquilles » en fait, se sont accompagnées d’une transformation du catholicisme québécois, ce qu’on a appelé la « décléricalisation » de la société québécoise. L’Église a perdu le contrôle du système d’éducation, du système hospitalier et du système des aides sociales. Les syndicats se sont déconfessionnalisés. La pratique religieuse a très fortement baissé, passant, entre 1961 et 1971, de 61 à 30 % dans le diocèse très urbanisé de Montréal, et de 90 à 37/45 % dans les petites villes du Québec et des campagnes. Les vocations religieuses et sacerdotales se sont effondrées : quelque 2000 entrées au couvent ou au séminaire en 1946, un peu plus d’une centaine en 1970. Le nombre des ordinations sacerdotales a baissé de plus de 57 % entre 1960 et 1969. Des milliers de prêtres, de religieux et de religieuses sont retournés à la vie laïque.

    Certains analystes et commentateurs ont expliqué, a posteriori, cet effondrement comme une conséquence de la Révolution tranquille qui a fait perdre à l’Église son pouvoir institutionnel et qui a laïcisé la société. D’autres explications ont mis en lien la crise du catholicisme québécois avec le concile Vatican II qui se déroulait au même moment (1962-1965).

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  • "J’accompagne des vivants qui n’ont que faire d’un médecin qui serait mort à l’intérieur"

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    Lu sur le site du journal La Croix

    Euthanasie, une piqûre, deux morts…

    Claire Fourcade, médecin au pôle de soins palliatifs à la polyclinique Le Languedoc, à Narbonne , le 19/02/2018 à 6h00

    Comme une vague qui inlassablement revient sur le rivage, trois nouveaux projets de loi sur l’euthanasie viennent de s’échouer sur les bureaux de l’Assemblée nationale. L’encre des précédentes discussions sur ce sujet n’est pas sèche. Elles ont duré quatre longues années pour aboutir à une loi dont les recommandations d’application n’ont même pas encore été publiées et déjà l’on nous convoque pour réfléchir à la suivante.

    Vendredi matin, un interviewer pugnace, d’aucuns diraient agressif, relançait le sujet : « Vous accompagnez les patients et, s’ils vous demandent d’aller jusqu’au bout, vous n’allez pas les laisser tomber. C’est votre travail de médecin, je ne vois pas où est le problème ! » Il l’a répété plusieurs fois, il ne voyait vraiment pas.

    Ce monsieur a-t-il déjà essayé de chloroformer ses chatons ?

    Car moi, je vois bien déjà une partie du problème. Pour chacun de mes patients, parler de sa souffrance, de son angoisse, de sa mort, c’est difficile. Très difficile. La parole vient lentement, durement. Elle se noie de larmes et s’étouffe de sanglots.

    Alors j’écoute. Avec les oreilles bien sûr, mais aussi avec les yeux pour mieux entendre ce qui ne peut pas se dire, avec les mains pour toucher du doigt la douleur et le mal, avec ma voix pour relancer d’une question les mots qui s’étranglent, avec mon corps tendu qui jamais ne se relâche pour ne pas renvoyer à la solitude de ma lassitude celui qui me fait face et qui, au prix d’efforts que je ne peux qu’imaginer, exprime ses peurs les plus profondes.

    Je dois à celui qui souffre et qui me fait confiance cette attention, cette tension.

    De ces consultations je sors toujours épuisée.

    Alors, si je devais ensuite en point final de ces conversations, même si on me le demandait, tuer celui qui m’a parlé : préparer la seringue, entrer dans la chambre, dire un mot (lequel d’ailleurs ?), injecter les produits, recueillir le dernier soupir, consoler la famille et signer le certificat ; alors je crois que, moi aussi, je mourrais.

    Le médecin en moi mourrait.

    Car comment ensuite prendre à nouveau le risque d’écouter vraiment ?

    Comment ne pas devenir alors un gigantesque cimetière, une nécropole de champs de bataille ? Je ne veux pas devenir un monument aux morts.

    J’accompagne des vivants qui n’ont que faire d’un médecin qui serait mort à l’intérieur.

    Claire Fourcade Médecin au pôle de soins palliatifs à la polyclinique Le Languedoc, à Narbonne

  • Pédophilie cléricale : attention aux « scènes de chasse en Bavière » …

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    Un commentaire d'Arnaud Dumouch:

    JPSC

  • L’Eglise catholique bénit-elle aujourd’hui tout et n’importe quoi ?

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    Lu sur le site « Pro Liturgia »:

    « On ne peut pas bénir une union homosexuelle ! » Une réflexion claire de Mgr Andreas Laun, évêque auxiliaire de Salzbourg (AU) en réponse au Cardinal Marx, archevêque de Munich(D) et à Mgr Bode, évêque d’Osnabrück (D) respectivement président et vice-président de la Conférence des évêques d’Allemagne :

    « Le cardinal Marx et Mgr Bode ont pensé qu’ils pouvaient proposer aux couples homosexuels de bénir leur union. Pourquoi pas, diront certains : il semble bien qu’aujourd’hui l’Eglise soit prête à bénir tout, ou presque…

    Regardons-y de plus près.

    L’Eglise bénit avant tout des personnes, mais aussi des actions et des objets. A propos des bénédictions catholiques, le Père jésuite Eckhard Bieger écrit ceci sur internet : « Pour les fidèles catholiques, tout peut être béni, pas seulement les lieux liturgiques, les calices, et les fidèles à la fin de chaque messe ou de chaque office. La bénédiction ne se limite pas aux chapelets ou aux médailles religieuses : on peut bénir aussi les voitures, les ateliers de fabrication, les animaux, les herbes aromatiques ou médicinales et bien d’autres choses encore. Certaines bénédictions sont réservées aux prêtres ou aux diacres, surtout lorsqu’il s’agit d’objets du culte comme les calices ou les ornements liturgiques. Mais les parents peuvent bénir leurs enfants. Les fidèles peuvent emporter de l’eau bénite chez eux et en asperger les membres de leur famille, et aussi leurs étables et leur bétail pour les bénir. La procession de la Fête-Dieu est en quelque sorte une bénédiction des maisons et des parvis. Il existe même un livre liturgique dédié aux formules de bénédictions, le “Livre des Bénédictions,” contenant des rituels pour 99 occasions différentes ».
    Mais qu’attendons-nous d’une bénédiction ? Quelles espérances sont liées à un tel geste ? Pour les voitures par exemple, il s’agit d’attirer la protection du ciel sur ceux qui les conduisent ; on y ajoute souvent une médaille de St Christophe, saint patron des automobilistes. La prière pour demander la protection contre la grêle, la foudre et la sècheresse peut s’accompagner d’une bénédiction du temps, que le prêtre donne à la fin de la messe à l’aide de sa croix personnelle. Bénir, signifie toujours prier pour que quelque chose grandisse, s’épanouisse, pour que d’une action ou d’un projet surgisse quelque chose de bon. La bénédiction vient de Dieu, elle s’exprime sous la forme d’une demande, et elle se réalise en imposant aux personnes, aux objets, aux bâtiments, le signe de la croix, de l’eau bénite et de l’encens.
    Insistons encore sur la variété des situations appelant une bénédiction : un nouvel atelier, un nouvel appartement, une ambulance ou une voiture de pompiers, un instrument de musique ou un équipement d’alpiniste… Et sur le fait que non seulement le prêtre peut bénir, mais aussi que toute personne peut le faire, en particulier les parents qui désirent intercéder pour la protection divine de leurs enfants. J’ajoute ici une petite histoire personnelle qui m’a beaucoup marqué : après avoir écouté une belle méditation donnée par un ami rabbin sur le sens du Sabbat, j’ai demandé à cet ami qu’il me bénisse. Il le fit volontiers, et je rentrai chez moi. Peu de temps après, le rabbin m’appela au téléphone : il avait oublié de demander à son tour une bénédiction ! La prière n’est pas soumise à des impératifs d’espace : prier pour quelqu’un et le bénir peut tout aussi bien se faire par téléphone. C’est ainsi que je pus faire parvenir ma bénédiction à mon ami juif à distance, et la réitérer plus tard lors d’une visite à Jérusalem. Cet échange de bénédictions me comble encore aujourd’hui.

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  • Les médecins africains rejettent euthanasie et suicide assisté

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    Du Bulletin d'Information de l'Institut Européen de Bioéthique :

    Association Mondiale des médecins : les médecins africains rejettent euthanasie et suicide assisté

    13/02/2018 - Fin de vie

    Les représentants des pays-membres africains de l’AMM se sont retrouvés les 2 et 3 février derniers au Nigeria, pour la réunion de la « Région Afrique » de l’Association sur les questions de fin de vie. Le Professeur Mike Ogirima, Président de l’Association médicale du Nigéria (NMA), a appelé à un renforcement des soins palliatifs en Afrique, afin de permettre aux médecins d’ « apaiser les souffrances physiques, psychologiques, sociales, spirituelles et émotionnelles » des patients en phase terminale. 

    Seuls quelques pays en Afrique bénéficient en effet de lois et de recommandations médicales en matière de soins palliatifs pour l’instant. 

    Il s’est également fait la voix des médecins de la Région d’Afrique, pour condamner l’euthanasie et le suicide assisté. Il décrit ces pratiques comme contraires aux lois nationales des pays d’Afrique, à l’éthique de l’AMM et au serment d’Hippocrate, qui fait promettre à tout médecin « de ne pas user de ses connaissances médicales pour violer les droits et libertés de l’homme, même sous la menace », ajoute-t-il. 

    Otmar Kloiber, Secrétaire-Général de l’AMM a plaidé quant à lui pour que les gouvernements concernés libèrent les ressources nécessaires à la mise en place de soins palliatifs décents, reconnaissant le manque de fonds comme principal obstacle. Il a également proposé la création d’une « couverture soins de santé » à portée mondiale, afin d’assurer à tous, notamment en Afrique, une assurance de soins palliatifs de bonne qualité. 

    Pour rappel, cette réunion fait suite à la réunion régionale européenne de l’AMM à Rome les 16 et 17 novembre 2017. A cette réunion-là, les médecins représentants des Pays-Bas et du Canada, avaient plaidé pour que l’AMM revoie sa position sur l’euthanasie et le suicide assisté, afin de les considérer comme des actes éthiquement neutres, et ne s'opposant pas aux soins palliatifs.

     Source : WMA et nan.ng

  • Pour un féminisme écologique

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    Du site de l'excellente revue "La Nef" :

    Un féminisme écologique

    Une récente tribune, publiée dans Le Monde, dénonce bruyamment le « puritanisme » dont ferait preuve une large partie des féministes actuelles. Accusant certaines militantes d’attiser la guerre des sexes et de priver les séducteurs du « droit d’importuner », ses signataires ont surtout relancé la guerre des féminismes. Or, pendant que les femmes se déchirent pour savoir jusqu’à quel point elles veulent bien être harcelées, c’est un puritanisme d’un tout autre genre qui gangrène le sexe « faible ». Si le tabou des violences sexuelles ordinaires est peu à peu levé, ce n’est que l’un des multiples corsets qui oppriment le corps féminin : dans les cabinets gynécologiques se construit une domination d’autant plus insidieuse qu’elle prend les couleurs de l’émancipation. S’il faut dénoncer avec force les attouchements, les remarques blessantes et les œillades humiliantes, qui souillent les jeux de séduction, il faut également lever l’omerta sur les palpations brutales, les paroles méprisantes et les regards chosifiants, qui abîment la relation de soin. Ces deux phénomènes quotidiens doivent être dénoncés comme des atteintes à la dignité humaine.

    Dans mon livre (1), j’explique comment, au nom de la santé reproductive des femmes, notre époque ferme les yeux sur une brutalisation quotidienne de leur corps, qu’on gave de médicaments, d’hormones, d’implants, de patchs, pour mieux contrôler sa fécondité et la faire disparaître de la sphère publique. Depuis leur puberté jusqu’à leur ménopause, en passant par leur grossesse et leur contraception, les femmes remettent leur corps au pouvoir médical, apprennent à le considérer comme potentiellement malade, dangereux, sale et encombrant. Au nom de l’hygiène et de la prévention, elles acceptent d’être auscultées, implantées, analysées, et délèguent peu à peu la connaissance et la maîtrise de leur corps à l’expertise de gynécologues souvent indélicats.

    Dès les premières règles, et pour tout rituel de passage à l’âge adulte, la jeune fille est conduite chez un docteur, allongée les fesses à l’air sur la table d’examen : exposition crue de son corps nubile, qu’aucun œil n’a encore désiré, palpation brutale de ses seins menus qu’aucune main n’a encore flattés, pénétration gantée de son sexe imberbe qui, souvent, n’a pas même été défloré. Comment s’étonner que les femmes peinent ensuite à défendre la dignité de leur corps ? Relégué dans le secret des cabinets médicaux, le vrai corps des femmes est l’objet d’un puritanisme d’un nouvel ordre : cachez ces glaires que je ne saurais voir ! Alors qu’elle ovule pour la première fois, on prescrit à l’adolescente des hormones de synthèse qui infligent à son corps une véritable castration chimique. Ignorante de son cycle et de sa fécondité, la jeune fille n’a pas le temps d’appréhender son nouveau corps de femme qu’elle est déjà placée sous contrôle médical. Désormais, son sexe ne lui appartient plus, mais dépend du laboratoire qui commercialise sa pilule et du docteur qui la prescrit.

    Mon livre veut montrer que ce n’est que le début d’une longue dépossession, qui confie aux médecins la gestion du corps féminin pour mieux l’occulter de la sphère publique. La fécondité féminine cesse alors d’être un enjeu politique et devient un problème technique. Il est tellement plus facile de mettre toutes les adolescentes sous pilule, plutôt que d’imaginer une sexualité juvénile respectueuse du corps féminin. Tellement plus aisé de médicaliser la grossesse et l’accouchement, plutôt que d’allonger le congé maternité et d’accompagner humainement la naissance. Tellement plus commode de proposer des congélations d’ovocytes et des PMA aux working-girls quadragénaires, plutôt que de repenser le monde du travail à l’aune des réalités familiales. Toujours la femme est sommée de gommer ses spécificités et de faire taire son corps pour s’adapter au monde tel qu’il va. Ce faisant, elle paye son émancipation sexuelle d’une soumission sans précédent à la technique et au marché. Car sa fécondité est un terrain d’investissement pour les laboratoires pharmaceutiques : de la contraception à la reproduction artificielle, le corps féminin est un morceau juteux et un secteur d’avenir.

    De toutes parts, la parole se libère. Des violences sexuelles aux violences gynécologiques, des viols collectifs aux humiliations quotidiennes, les femmes ne veulent plus subir en silence ce corps qui devrait au contraire être célébré. Comme beaucoup de femmes, j’ai vécu ces deux formes de violence ordinaire – le harcèlement professionnel et l’aliénation médicale –, je voudrais modestement témoigner qu’une autre voie est possible : un féminisme écologique, respectueux du corps féminin, favorisant une réelle autonomie conjugale, et une société plus humaine.

    Marianne Durano

    9782226396181.jpg(1) Marianne Durano, normalienne et agrégée de philosophie, est professeur en lycée et collabore à la revue Limite. Elle vient de publier Mon corps ne vous appartient pas. Contre la dictature de la médecine sur les femmes, Albin Michel, 2018, 286 pages, 19 €.