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Ethique - Page 76

  • La difficulté de rester en communion avec un pape dont on désapprouve les prises de position

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    D'Eric Sammons sur crisismagazine.com (traduction française de Benoît et moi) :

    En communion, sans joie, avec le pape François

    Comment un catholique peut-il être en communion avec le pape s’il ne veut rien avoir à faire avec lui ?

    Pour les catholiques fidèles, le pontificat de François a été comme essayer de survivre à 12 rounds avec un champion poids lourd. Passons en revue quelques-uns des coups reçus :

    • « Qui suis-je pour juger ? »
    • « Se reproduire comme des lapins »
    • « Une pluralité de religions est voulue par Dieu »
    • S’acoquiner avec des politiciens pro-avortement
    • Un accord scandaleux avec le parti communiste chinois
    • Promouvoir le travail du Père James Martin
    • Les scandaleuses nominations à l’Académie pontificale pour la vie.

    Et ce ne sont là que quelques exemples ! Je suis sûr que vous pourriez en citer beaucoup d’autres. Après neuf ans de ce pontificat, la plupart d’entre nous se sentent au minimum un peu sonnés.

    Cette situation malsaine peut conduire à un vrai examen de conscience. En tant que catholiques, nous sommes préprogrammés pour respecter, voire apprécier, nos papes. Mais si nous voulons être honnêtes, François est un homme difficile à aimer ou à respecter. Son antagonisme envers les catholiques traditionnels et orthodoxes indique que ce sentiment est réciproque. Un tel désamour conduit à l’inévitable question : comment un catholique peut-il être en communion avec le pape s’il ne veut rien avoir à faire avec lui ?

    Ce n’est pas une question rhétorique. L’Église catholique a toujours souligné l’importance d’être en communion avec Rome. Dès les premiers jours du christianisme, Rome a été considérée comme le lieu de l’unité mondiale de l’Église. Ne pas être en communion avec le successeur de saint Pierre, c’est se séparer du corps du Christ. Mais en même temps, être un catholique fidèle signifie adhérer obstinément aux enseignements de l’Église tels qu’ils nous ont été transmis par l’Écriture et la Tradition. Alors que se passe-t-il quand on nous demande d’être en communion avec quelqu’un qui s’efforce de bouleverser ces enseignements ?

    Afin de résoudre ce paradoxe troublant, nous devons comprendre ce que signifie être « en communion avec ».

    Premièrement, cela ne signifie pas être « en accord » avec quelqu’un sur tous les points de vue. Après tout, chaque catholique pratiquant est actuellement en communion avec tous les autres catholiques pratiquants dans le monde, et je garantis que ces millions de catholiques ont des vues très divergentes sur la politique, l’économie, la culture, et une foule d’autres sujets. Et ce qui est encore plus remarquable, c’est que beaucoup de ces catholiques pratiquants ont probablement des opinions hérétiques. J’imagine qu’il y a un grand nombre de catholiques, par exemple, qui, si on leur demandait d’expliquer la Trinité, donneraient des réponses hérétiques par ignorance ou incompréhension. Mais nous sommes toujours en communion.

    Alors que signifie « en communion avec » ? Il s’agit d’une reconnaissance visible de l’Église visible. Dans l’Église invisible du protestantisme, il n’y a pas de véritable concept de « en communion avec ». Un protestant fréquente simplement l’église qu’il aime le plus, et s’il ne l’aime plus, il part et en fréquente une autre. Il est simplement un membre visible d’une communauté locale de croyants partageant les mêmes idées, tout en demeurant dans l' »église invisible » éthérée. »

    Mais pour les catholiques, c’est très différent. Nous croyons que nous sommes membres d’une Église visible et universelle, qui comprend non seulement tous les catholiques d’aujourd’hui, mais aussi tous les catholiques de l’histoire et de l’avenir – les saints et les pécheurs. Cette appartenance est une réalité mystique qui n’est pas le fruit de notre communauté d’esprit, mais de notre participation commune à la Sainte Communion.

    Cette communion est à la fois horizontale – entre tous les membres de l’Église catholique – et verticale – entre le tout dernier catholique baptisé et le pape, et même le boss du pape, Jésus-Christ. En d’autres termes, notre communion n’est pas une reconnaissance du fait que nous nous apprécions tous ou que nous sommes d’accord les uns avec les autres, mais une soumission mutuelle de notre volonté à celle du Christ.

    En outre, cette communion est structurée ; elle est hiérarchique. Dans les plans de la providence divine, Notre Seigneur a établi un centre pour cette communion ici sur terre – l’évêque de Rome qui est le successeur de saint Pierre. En d’autres termes, pour être en communion les uns avec les autres, nous devons être en communion avec le pape. Ce n’est pas facultatif. Nous ne pouvons pas dire : « Bon, je suis en communion avec ma paroisse locale, mais pas avec le pape ». Agir ainsi revient à rejeter la structure communautaire mise en place par Celui qui crée la communion, Jésus-Christ.

    Qu’en est-il lorsque ce centre de communion devient lui-même une source de scandale ? Que se passe-t-il lorsqu’il semble s’opposer aux enseignements qui viennent du Christ ?

    Certains diront que dans cette situation, François n’est pas vraiment le pape – soit il n’a pas été validement élu, soit son hérésie le démet automatiquement de ses fonctions. Mais il s’agit d’une tentative humaine de reconfigurer une réalité divine pour « résoudre » les problèmes d’aujourd’hui. Nous ne comprenons pas comment nous pouvons avoir un pape aussi mauvais et être encore en communion avec lui, alors nous essayons de régler le problème avec des solutions humaines.

    Cela conduit cependant à des problèmes encore plus grands. C’est un peu comme les nombreuses tentatives anciennes d’expliquer le mystère de la Trinité avec des « solutions » humaines comme le modalisme [Doctrine hérétique qui nie la trinité des Personnes divines et considère le Père, le Fils et le Saint-Esprit comme les modes d’une seule et unique substance. Le modalisme s’est répandu à Rome et en Afrique au iiie siècle, où il a été combattu par saint Hippolyte et Tertullien] ou l’arianisme [Doctrine d’Arius et de ses adeptes. L’arianisme professait que dans la Trinité, le Fils n’est pas parfaitement égal au Père ; il n’est pas de même nature (consubstantiel) et ne participe pas à son éternité (coéternel), donc sa divinité est secondaire] . De telles explications peuvent sembler plus simples et donc plus faciles à accepter pour les hommes et les femmes, mais elles conduisent en fin de compte à des une incompréhension de fond de notre Eglise et de notre communion en elle.

    Comme nous l’avons déjà noté, notre communion est structurée ; elle est hiérarchique. Cela signifie que les membres ont des rôles différents à jouer, et ce n’est pas le rôle du laïc individuel – ou d’un prêtre ou d’un évêque individuel – de déclarer qu’un pape n’est plus pape ou qu’il n’a jamais été pape. En effet, le fait même qu’une quasi-unanimité de la hiérarchie reconnaisse aujourd’hui François comme pape indique clairement que nous devons l’accepter comme pape, et donc être en communion avec lui.

    La papauté est un mystère de notre foi, et les mystères, naturellement, peuvent être difficiles à comprendre ou à accepter. Notre situation difficile actuelle me rappelle Jean 6:68-69, lorsque Jésus demande aux Douze s’ils vont aussi le quitter à cause de l’enseignement difficile de l’Eucharistie. Saint Pierre répond : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; et nous avons cru, et nous avons appris à connaître que tu es le Saint de Dieu. » L’apôtre principal ne comprenait pas comment il était censé manger la chair du Christ et boire son sang, mais il en était venu à accepter Jésus comme le divin Sauveur et donc, pour saint Pierre, la parole du Christ était suffisante.

    De même, il peut être compliqué d’accepter aujourd’hui le difficile enseignement de la papauté et la nécessité pour nous d’être en communion avec elle. Au temps de papes saints et sages, cet enseignement est naturel et facile. Mais nous ne vivons pas à une telle époque. Nous devons donc dire avec saint Pierre : « Seigneur, à qui irons-nous ? » Notre Seigneur a fait de la communion avec le pape une partie essentielle de la foi catholique – quelque chose qui a été attesté et pratiqué depuis 2 000 ans. Nous ne pouvons pas l’abandonner maintenant, même face à de graves défis.

    C’est le test de notre époque. Essayerons-nous de « résoudre » humainement le problème de la papauté de François, ou ferons-nous confiance à notre Seigneur et resterons-nous en communion avec Rome, même en dépit des défis que cette communion apporte ? Nous pouvons avoir l’impression d’être au milieu d’un combat de poids lourds, mais notre devoir est de persévérer jusqu’au bout, quels que soient les coups que nous pouvons recevoir en chemin.

  • L'avortement dans la constitution ? En Belgique aussi ?

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    La Libre (!!!) de ce 28 novembre 2022 (p. 39) publie une opinion de Diane Roman et Marc Verdussen plaidant en faveur de l'inscription du droit à l’avortement dans la Constitution :

    28 novembre 2022

    extrait :

    La Hongrie, la Pologne, la Suède, l’Italie… autant d’États européens qui ont basculé vers le populisme, voire l’autoritarisme. Et demain ? Nul État du continent n’est à l’abri d’une dérive illibérale. Aujourd’hui, les démocraties libérales ne se renversent plus par des coups d’État inconstitutionnels, mais elles se dégradent insidieusement, quand des élections constitutionnelles portent au pouvoir des partis enclins à bafouer les droits fondamentaux et à fragiliser les juges dans leur mission de protection de ces droits. L’état de droit régresse ainsi dans un nombre de plus en plus important de pays européens. Dans ces conditions, refuser toute réforme constitutionnelle en se berçant de l’illusion de croire que nos lois sur l’avortement sont intangibles et nos juges perdurables relève au mieux d’un déconcertant angélisme, au pire d’une turpitude intellectuelle. La déferlante des extrêmes sur les scènes politiques de nos pays ne doit-elle pas nous incliner à la plus grande vigilance ? Ne s’impose-t-il pas de préserver l’avenir en ‘sécurisant’ dans nos Constitutions le droit à l’autonomie personnelle des femmes et les droits liés à la procréation ? Les lois belge et française sur l’avortement sont abrogeables par une majorité ordinaire d’élus, tandis que les Constitutions des deux pays ne sont révisables qu’au terme de procédures plus strictes et à des majorités renforcées : deux tiers en Belgique et (sauf recours au référendum) trois cinquièmes en France. 

    A ce propos, lire : “La constitutionnalisation de l’IVG entraînerait des conséquences désastreuses”

  • France : un évêque dénonce l'inscription du droit de tuer un être humain dans la Constitution

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    Le droit de tuer un être humain garanti par la Constitution ?

    Communiqué de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, le 25 novembre :

    Jeudi 24 novembre, les députés ont approuvé à une écrasante majorité (337 voix pour et 32 voix contre) une proposition de loi qui prévoit d’inscrire le prétendu « droit à l’avortement » dans la Constitution française.

    Si cette proposition de loi devait à présent être votée au Sénat dans les mêmes termes qu’à l’Assemblée nationale, elle serait alors soumise à l’approbation du peuple français par la voie d’un référendum, dont l’issue ne ferait malheureusement aucun doute.

    Aussi me paraît-il utile et nécessaire de rappeler, avec force, un certain nombre de réalités et de principes qui doivent ou qui devraient inspirer la réflexion et l’action, non seulement des chrétiens, mais de l’ensemble des citoyens, y compris des élus :

    -Loin de n’être qu’un amas informe de cellules, l’embryon, puis le fœtus, est un être humain à part entière, puisque dès la conception, l’ADN et les chromosomes qui le constituent font de lui un être humain parfaitement unique et irremplaçable et objectivement distinct du corps de la femme qui le porte.

    – Qu’on le veuille ou non, l’avortement consiste à supprimer un enfant à naître. C’est pourquoi la Constitution pastorale Gaudium et Spes du Concile Vatican II qualifie l’avortement de « crime abominable », tandis que saint Jean Paul II proclame dans l’encyclique Evangelium vitae que « l’avortement direct, c’est-à-dire voulu comme fin ou comme moyen, constitue toujours un désordre moral grave, en tant que meurtre délibéré d’un être humain innocent. Cette doctrine est fondée sur la loi naturelle et sur la Parole de Dieu écrite; elle est transmise par la Tradition de l’Eglise et enseignée par le Magistère ordinaire et universel. Aucune circonstance, aucune finalité, aucune loi au monde ne pourra jamais rendre licite un acte qui est intrinsèquement illicite, parce que contraire à la Loi de Dieu, écrite dans le cœur de tout homme, discernable par la raison elle-même et proclamée par l’Eglise. » (n° 62).

    -Qu’il me soit également permis de souligner, à l’occasion de la « Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes » du 25 novembre, que celles-ci sont bien souvent contraintes de recourir à l’IVG du fait des pressions qu’elles subissent de la part de leur entourage familial, professionnel ou autre, et que de nombreuses femmes ne se remettent que très difficilement des séquelles psychologiques d’un avortement.

    -Dès lors, rien ne justifie le fait d’inscrire l’avortement dans la Constitution pour en faire un droit fondamental ou absolu et quasiment sacré, si ce n’est la volonté, à peine dissimulée, d’autoriser, dès que les circonstances le permettront, l’avortement sans la moindre limitation de durée (c’est-à-dire jusqu’au terme de la grossesse…) et de supprimer la clause de conscience dont bénéficient depuis 1975 et le vote de la Loi Veil, les professions de santé (médecins et infirmières).

    -N’est-ce pas plutôt une véritable politique de prévention de l’avortement et d’accompagnement des femmes enceintes en difficulté qu’il conviendrait de considérer comme une priorité, afin de limiter, en France, le nombre dramatiquement élevé d’avortements (au moins 223.000 IVG déclarées en 2021, soit près d’un avortement pour trois naissances), pour contribuer à « mettre en œuvre une grande stratégie pour le service de la vie » (Evangelium vitae n° 95) ?…

    Il est réellement consternant de prétendre inscrire dans la Constitution, qui devrait protéger absolument le droit à la vie, le droit de tuer un être humain. Cela est d’autant plus indigne que les députés s’apprêtaient à débattre sur l’interdiction des corridas, au nom de la
    « souffrance » animale.

    C’est bien à juste titre que Benoît XVI écrivait : « Quand une société s’oriente vers le refus et la suppression de la vie, elle finit par ne plus trouver les motivations et les énergies nécessaires pour œuvrer au service du vrai bien de l’homme. Si la sensibilité personnelle et sociale à l’accueil de la vie se perd, alors d’autres formes d’accueil utiles à la vie sociale se dessèchent. L’accueil de la vie trempe les énergies morales et nous rend capables de nous aider mutuellement » (Caritas in veritate n° 28). On pourrait même avancer que la violence infligée à l’embryon humain a un lien avec les autres formes de violence qui se multiplient dans notre société.

    Alors que nous entrons dans le temps de l’Avent, j’invite par conséquent l’ensemble des fidèles à se joindre aux veillées de prière pour la Vie qui sont organisées dans notre diocèse… et à méditer ce message particulièrement édifiant d’un ancien évêque auxiliaire de New- York (Mgr Austin Vaughan) qui écrivait en 1991: « Lorsque Dieu a envoyé son Fils dans le monde, Il n’est pas apparu brusquement au sommet d’une montagne. Sa vie a débuté dans le sein de la Vierge Marie. Pendant neuf mois, le centre de l’univers entier, la personne la plus importante et le bien le plus important ont été un bébé à naître dans le sein de Marie. Dieu a fait cela pour nous enseigner le prix qu’Il attache à chaque vie humaine dès son commencement ».

  • France : le « droit à l’avortement » en chemin vers la Constitution

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    De gènéthique magazine :

    Le « droit à l’avortement » en chemin vers la Constitution

    25 novembre 2022

    Après 8 heures de débat, l’Assemblée nationale a largement adopté la proposition de loi présentée par Mathilde Panot (groupe LFI) « visant à protéger et à garantir le droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse ».

    Par 337 voix pour et 32 voix contre, l’Assemblée nationale a adopté ce texte, laissant ainsi penser à un consensus général. Aurore Bergé (groupe Renaissance) a cherché à donner de l’épaisseur à cette majorité : « nous avons travaillé ensemble, ce texte devient le texte de notre assemblée ». Pourtant, l’hémicycle a été le lieu de désaccords, d’attaques parfois virulentes, d’accusations, d’obstructions et de misogynie. Josiane Corneloup (LR) se défend parmi d’autres : « vous instrumentalisez ce texte pour être perçus comme des progressistes, en enfermant les autres députés dans des contre-vérités insupportables ».

    Dans ce débat inconsistant, on ne peut que remarquer le parachutage idéologique de l’avortement dans la norme suprême de la République française, l’absence d’une ferme opposition dans les débats, et des questions restées sans réponse.

    L’avortement « parachuté » dans la Constitution française

    Le texte adopté en Commission la semaine dernière (cf. IVG dans la Constitution : un deuxième texte adopté en Commission) a été amendé[1] pour être finalement voté sous la formule suivante : « La loi garantit l’effectivité et l’égal accès au droit à l’interruption volontaire de grossesse ». La mention de la contraception a été supprimée.

    Le « droit » à l’avortement serait ainsi intégré dans un nouvel article 66-2 de la Constitution. Il faut préciser que cet article est placé dans le titre VIII relatif à « l’autorité judiciaire », et qu’il suit l’article 66-1 selon lequel « Nul ne peut être condamné à la peine de mort». En tout état de cause, le « parachutage » de l’avortement dans le texte supérieur de la hiérarchie des normes a fait débat. Les députés ont finalement renoncé à l’intégrer dans l’article 1er de la Constitution portant sur les principes fondamentaux de la République indivisible, laïque, démocratique et sociale, afin d’établir un consensus avec la majorité (qui présentait aussi un texte, porté par Aurore Bergé (n°447)[2]) et d’emporter plus facilement l’adhésion du Sénat.

    Rejet de la constitutionnalisation de la clause de conscience et de la prohibition de la GPA

    Malgré plusieurs propositions, la constitutionnalisation de la clause de conscience portée par Patrick Hetzel (LR) a été rejetée. La rapporteure Mathilde Panot a bien précisé qu’elle était pour sa part favorable à sa suppression. Il en a été de même pour la prohibition de la GPA, rejetée assez rapidement par l’Assemblée.

    L’absence d’une opposition ferme

    Comme le reflètent les votes, rares ont été les députés qui se sont opposés au texte de Mathilde Panot (consultez le scrutin public en cliquant ici).

    Chez Les Républicains, certains ont évoqué leur désaccord, en déplorant le refus des points d’équilibre trouvé par la loi Veil. Au Rassemblement National, c’est Marine le Pen qui plaidait plutôt pour la constitutionnalisation de la loi actuelle.

    De part et d’autre, quelques députés ont tenté une défense « stratégique » visant à jouer la montre en proposant la constitutionnalisation de tout autre sujet : préférence nationale, multiplicité des langues, droit d’asile etc… Tous rejetés.

    Il serait toutefois injuste d’omettre l’opposition d’Anne-Laure Blin, Marc le Fur, Xavier Breton, Patrick Hetzel, Fabien Filippo (députés LR) notamment, ou encore celle d’Emmanuelle Ménard (non inscrite), qui ont alerté sur les dérives qu’engendrerait la constitutionnalisation de l’IVG. « C’est ouvrir la boîte de Pandore et donner prise à toutes les surenchères. Demain, vous voudrez y mettre l’euthanasie, le droit au changement de sexe, la PMA et la gestation pour autrui (GPA) […] en faisant de l’accès à l’avortement un droit illimité, […]. Finis les délais ! Seize, vingt-quatre, trente semaines… Chacun pourra surenchérir » dénonce Emmanuelle Ménard. Des alertes qui n’ont toutefois pas trouvé d’échos au gouvernement, représenté par Eric Dupont-Moretti, ni auprès de la rapporteure, Mathilde Panot.

    Des questions sans réponse, peu d’honnêteté intellectuelle

    La partie était en quelque sorte « gagnée » d’avance par la rapporteure, qui bénéficiait d’un « avis de sagesse éclairé » du gouvernement pour arriver à l’adoption du texte.

    C’est la raison pour laquelle, aussi bien Mathilde Panot qu’Eric Dupont-Moretti, se sont bien gardés de répondre aux interrogations de Fabien Di Filippo : « Que pensez-vous du délai de l’IVG et de la possibilité de l’allonger ? Garantissez-vous que ça n’arrivera pas ? Que pensez-vous de la préservation de la clause de conscience des médecins ? ». Ou encore aux oppositions de Xavier Breton : ce qui justifie les limites posées au « droit à l’avortement », « c’est la protection de la vie à naître » : « est-ce cet équilibre que vous voulez rompre ? » . Marc Le Fur, lui aussi, a interpelé la majorité : « Vous voulez absolument engager ce débat, alors que, dans notre pays, 220 000 avortements sont pratiqués par an. Certains d’entre vous veulent-ils augmenter ce chiffre ? J’ose espérer que non ! ».  

    Des questions restées sans réponse, malgré l’insistance d’Emilie Bonivard (LR), pourtant favorable au texte adopté. Le débat manquait quelque peu « d’honnêteté intellectuelle », comme l’a déploré Fabien Di Filippo. Si bien qu’aucune forme d’opposition n’a été écoutée par la rapporteure et le gouvernement.

    Et la suite ?

    Mathilde Panot a appelé de ses vœux le dépôt d’un projet de loi par le gouvernement : « Aujourd’hui, l’Assemblée nationale parle au monde, […] La balle est dans le camp du gouvernement : nous attendons le projet de loi du gouvernement ».

    Pour l’heure, le texte est transmis au Sénat. Pour que le texte soit définitivement adopté il doit être « voté conforme » par le Palais du Luxembourg, puis soumis à un référendum.

     

    Pour aller plus loin : Constitutionnalisation de l’avortement : « On ne joue pas avec la norme constitutionnelle » [Interview Guillaume Drago].

    [1] Sous amendements adoptés : n° 588 de Marie-Noëlle Battistel (NUPES) et n° 655 de Philippe Vigier (Modem)

    [2] Aurore Bergé a finalement retiré son texte au profit de celui de Mathilde Panot

  • Lettre ouverte aux évêques flamands suite à leur déclaration publique pour une pastorale plus proche des personnes homosexuelles

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    Monseigneur le Cardinal Jozef De Kesel

    Excellents Évêques néerlandophones

       Copie conforme : Excellents Évêques francophones

    Nous, certains fidèles de la commune de Lasne et environs, avons été profondément troublés par la publication de votre document intitulé « Être proche des personnes homosexuelles sur le plan pastoral ».

    Votre prise de position publique enfreint plus de deux mille ans d’enseignements pastoraux constants de notre Eglise universelle à ce sujet. Nous pensons que votre déclaration constitue une déviation grave par rapport aux enseignements des Saintes Écritures.

    Avant de vous aventurer sur ces chemins de traverse, il eût été sage de vous demander ce que Dieu pense de la pratique des relations homosexuelles. Le Lévitique dans son chapitre 18 affirme que les rapports homosexuels constituent aux yeux de Dieu une abomination. Le  Livre de la Genèse évoque la destruction des villes de Sodome et Gomorrhe. Ces villes ont explicitement été rayées de la carte du monde en raison de leur perversion sexuelle. Le paroxysme du récit relate l’assaut de la maison de Loth par les Sodomites désirant abuser des anges l’accompagnant, lui et sa famille. Cette situation provoque le courroux de Dieu qui ordonne à Loth et les siens de fuir la ville. Les deux cités sont détruites.

    On pourrait penser que ce récit constitue un mythe teinté de préjugés homophobes des tribus juives primitives, que Dieu, à l’instar de notre civilisation mature, voit avec bienveillance les couples homosexuels désireux de mener une union stable… Mais cette approche fait fi de recherches archéologiques récentes qui ont exhumé et identifié formellement des sites localisés au nord de la Mer Morte comme correspondant totalement aux villes de Sodome et Gomorrhe. Ces archéologues ont montré que ces localités ont été ravagées par un cataclysme qui a transformé un environnement luxuriant en un désert qui perdure encore de nos jours. Ils ont découvert les vestiges d’un efficient système d’irrigation. L’observation la plus troublante est qu’une fine couche géologique présente des reliquats continus de sols présentant des traces de vitrification. Pour produire un tel résultat, les températures ont dû grimper au-dessus de 6000°C. Ces archéologues prouvent donc que le récit biblique n'est pas mythique[1].

    Votre publication sur ce que vous intitulez une proximité avec les personnes homosexuelles contient, à notre sens, des erreurs de fond et des erreurs de forme. La lecture des prières que vous suggérez montre qu’elles sont adressées autant à ceux qui vivent leur homosexualité de manière chaste qu’à ceux qui la vivent charnellement. C’est là que votre démarche trébuche : personne ne peut préjuger si Dieu accordera la grâce de la fidélité à des personnes lorsque leur union transgresse sa Loi. Votre démarche est invalide puisqu’elle fait l’amalgame de situations héroïques et d’autres intrinsèquement désordonnées.

    En ce qui concerne les erreurs de fond, notons :

    • la contradiction explicite des Saintes Écritures (Gn 1, 26-28 et Gn 2, 24 ; Gn 19, 1-29 ; Lv 18, 22 ; Lv 20, 13, 1 Tm 1, 9-10, 1 Co 6, 9-10 ; Rm 1, 24-27) ;
    • la tradition pastorale bimillénaire de l’Église catholique ;
    • la tradition quadri-millénaire du monde judaïque dont l’Église catholique est devenue héritière;
    • les textes du catéchisme de l’Eglise catholique (CEC, 2357-2359).

    Au passage, notons que la transgression des Saintes Écritures constitue un affront direct à notre Créateur.

    En ce qui concerne les erreurs de forme :

    • Observons que le texte de votre publication propose plusieurs exemples de célébrations pour l’expression de la manifestation de « proximité des personnes homosexuelles sur le plan pastoral ». Cette approche nous semble particulièrement inadaptée puisqu’elle autorise le célébrant à adopter la forme qu’il jugera la plus pertinente dans le cas des personnes requérantes. Autant dire que toutes les approches imaginables pourraient être mises en œuvre.

    Eminence, Excellences, nous pensons que la publication de votre document égare les personnes homosexuelles, celles qui éprouvent des inclinations pour ce mode de vie ainsi que tous les célébrants des cérémonies qui pourraient être mises en œuvre suivant les exemples que vous proposez. Nous pensons également que la publication de ce document constitue, dans la mesure où il contrevient explicitement aux Saintes Écritures, un blasphème[2]. 

    Cette publication est, dans votre chef, un fait grave puisque :

    • vous êtes les personnes investies de l’autorité maximale dans la hiérarchie catholique de notre pays ;
    • vous disposez d’une préparation théologique et canonique de niveau doctoral à laquelle vous contrevenez par votre démarche.

    Eminence, Excellences, au vu des éléments qui précèdent, il nous semble essentiel que vous amendiez les déclarations que vous avez effectuées. En l’absence de cette démarche, nous, certains fidèles de la commune de Lasne et environs, serions, à notre grand regret, forcés d’entrer dans une attitude de défiance à votre égard.

    Dans l’espoir de vous voir revenir à la formulation de déclarations orthodoxes, nous vous prions de croire, Eminence, Excellences, à l’expression de nos sentiments les plus respectueux,

    Auteur : Olivier Demeure

    Cosignataire : Agnès Mignot (Lasne) et quelques autres personnes consultées

     

    [1] Cfr https://www.arkeos.tv/?archeologie=destruction-cataclysmique-sodome  En pièce jointe du texte, le lecteur trouvera également le texte (en anglais) des recherches menées sur le terrain.

    [2] https://dictionnaire.lerobert.com/definition/blaspheme

  • IVG en France : La Marche pour la Vie dénonce avec force un vote qui n’a pas enregistré de réelle opposition

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    La Marche pour la Vie dénonce l’avortement sans limite (source)

    Communiqué de La Marche pour la vie :

    L’Assemblée Nationale a voté aujourd’hui une loi avec un article unique pour constitutionnaliser l’avortement, indiquant  que « La loi garantit l’effectivité et l’égalité d’accès au droit à l’interruption volontaire de grossesse », ceci dans le cadre d’un délai d’au moins 14 semaines, et sans intégrer de délai de réflexion.

    La Marche pour la Vie dénonce avec force ce vote qui n’a pas enregistré de réelle opposition. Si le Modem, Renaissance et la NUPES et les autres partis de gauche ont voté ce texte à la quasi unanimité des présents, le RN s’est distingué par son soutien (38 pour, 23 contre, 13 abstentions), et la mobilisation de LR a été très modeste (13 pour, 7 contre, 2 abstentions).

    Il est regrettable que toute critique de la loi Veil n’ait été portée par aucun des députés présents, qui ont pour les plus résistants souligné « l’équilibre de la loi Veil », alors que celle-ci ouvrait déjà la porte à toutes les dérives et transgressions, et était en elle-même foncièrement mauvaise.

    En votant en faveur de l’avortement dans la Constitution, les députés souhaitent intégrer dans nos textes fondamentaux le droit de faire mourir un membre de l’espèce humaine. Cela menacerait directement l’objection de conscience du corps médical et ouvrirait la porte à l’avortement à la demande jusqu’au terme de la grossesse, tout en ayant de terribles conséquences sur les mesures de protection de l’enfant à naître.

    Nous en appelons à la sagesse du Sénat pour rejeter ce texte, ce qui en permettrait un renvoi définitif.

    Nous demandons que la protection de la vie humaine, de la conception à la mort naturelle, devienne une grande cause nationale.

  • Comment des cardinaux complotistes ont subverti l'Eglise

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    De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    La mafia de Saint-Gall : le projet de subversion de l'Église

    25-11-2022

    Un texte qui a déjà provoqué un tollé en Amérique reconstitue la trame d'un projet orchestré depuis les années 1990 par un groupe de cardinaux visant un changement doctrinal et moral. Ils misaient sur le primat argentin, devenu aujourd'hui Pape, et leurs intentions semblent être pleinement assumées.

    Les éditions Fede & Cultura publient en italien "La mafia di San Gallo", un livre qui a fait couler beaucoup d'encre dès sa sortie en Amérique en 2021. Le sous-titre traduit littéralement le titre américain : Un groupe réformiste secret au sein de l'Église. Comme on le sait, l'expression dont le livre tire son titre a été inventée par un membre du groupe, le cardinal belge Daneels, en référence à un certain nombre de prélats de haut rang, plus tard cardinaux, qui se réunissaient systématiquement à Saint-Gall, en Suisse (mais pas seulement là), pour coordonner les efforts de changement dans l'Église : Daneels lui-même, Martini, Kasper, Murphy O'Connor, Lehmann.

    Le livre enchaîne de nombreux faits, des rencontres, des dîners dans des trattorias romaines qui se sont déroulés à proximité des deux conclaves de 2005 et 2013 ; des phrases insinuées, des tromperies programmées, des révélations tendancieuses. Tout n'est pas prouvé, certaines reconstitutions reposent sur des hypothèses, comme lorsque, lors du conclave de 2005, après une conversation confidentielle entre Ratzinger et Martini au cours d'un déjeuner, les choses se sont tellement débloquées que Benoît XVI a été élu l'après-midi même. La lecture du livre révèle cependant bien plus qu'une reconstitution du journalisme d'investigation.

    Sa signification dépasse la dimension de l'histoire d'espionnage teintée de "polar du Vatican". Le lecteur perçoit que la reconstruction est très véridique, substantiellement fiable et capable d'expliquer trente ans d'histoire du Vatican. Le livre a le mérite de mettre en ordre les données, de les exposer avec clarté et exhaustivité et - nous y reviendrons - de les insérer dans la vie plus large de l'Église. Il ne s'agit pas seulement de ragots vaticanistes.      

    Le "groupe" de Saint-Gall est né au milieu des années 1990, lorsque la maladie de Jean-Paul II a commencé à se manifester, pour s'opposer à une éventuelle élection de Ratzinger en vue d'un futur conclave. Meloni reconstitue les actions convenues par le groupe à la mort de Jean-Paul II et, surtout, le comportement apparemment étrange de Martini qui - après la fameuse conversation à table mentionnée ci-dessus - a changé ses votes pour Ratzinger. Le même Martini que - explique Meloni - le groupe de Saint-Gall aurait voulu comme candidat anti-Ratzinger s'il n'avait pas contracté la maladie de Parkinson.

    Dans l'impossibilité de nommer Martini, l'attention du groupe s'était déjà tournée vers l'archevêque de Buenos Aires, Bergoglio, qui en 2005 était apparu comme un candidat possible de la mafia saint-galloise, mais en raison de l'"étanchéité" de la candidature de Ratzinger et du choix de Martini de converger vers lui, Bergoglio s'est lui aussi tourné vers Benoît XVI. Une chose différente s'est produite lors du conclave de 2013, après la démission de Benoît XVI. Là aussi, l'auteur reconstitue les faits, dont beaucoup sont établis, d'autres très probables mais non prouvés, comme l'invitation du cardinal Martini à Benoît XVI à démissionner.

    Le récit se concentre sur l'émergence du primat d'Argentine, Jorge Mario Bergoglio, et la convergence progressive de ses positions avec les souhaits du groupe de Saint-Gall. Je laisse ces nombreuses pages intéressantes au lecteur pour signaler, plutôt, l'une des dimensions les plus intéressantes du livre.

    Comme je l'ai dit plus haut, Meloni ne se contente pas d'écrire un roman policier ecclésiastique, une histoire de complots et de pièges, à lire comme un livre d'espionnage. Les actions du groupe de Saint-Gall s'appuient sur une vision théologique et visent à un "changement de régime" dans l'Église, non seulement et non pas tant à remplacer une personne par une autre, mais un paradigme par un autre.

    Le groupe voulait mettre en œuvre dans l'Église la révolution libérale que Karl Rahner avait exprimée en détail en 1972 dans son livre La restructuration de l'Église comme tâche et chance. Révision de la position de l'Église sur la sexualité, la contraception et l'homosexualité, le célibat des prêtres, le diaconat des femmes, la décentralisation doctrinale, la communion des divorcés remariés, la synodalité : tel était le programme de la " révolution " du groupe de Saint-Gall, déjà codifié à ses débuts.

    Ce qui nous indique qu'il ne s'agissait pas seulement d'un comité de fidèles clandestins, bien que de haut rang ecclésiastique, mais d'un monde théologique, d'une grande partie de l'Église qui luttait depuis des décennies contre Jean-Paul II et Ratzinger pour un "tournant" progressiste radical. Il était une "avant-garde" de la révolution avec de nombreuses troupes derrière lui.

    Selon Meloni, Bergoglio a été élu lors du nouveau conclave de 2013 comme le résultat final d'une longue machination au cours de laquelle le groupe avait dû être patient, attendre le bon moment, revoir momentanément sa tactique, se repositionner, mais n'avait jamais renoncé, pas même après son affaiblissement par la mort de Silvestrini d'abord et de Martini ensuite. Et en effet, l'auteur énumère les mesures avec lesquelles Bergoglio/Francesco réalise aujourd'hui tous les points de l'agenda du groupe mentionné ci-dessus.

    Il y a deux critères tactiques suivis pour la "révolution" dans l'Église, aujourd'hui en pleine application, selon notre auteur. La première est la rapidité : Murphy O'Connor a déclaré que quatre années de Bergoglio suffiraient pour avoir une Église différente. D'autres sont passés et chacun peut constater qu'il avance à pas forcés. La seconde, qui n'est qu'apparemment contraire, est celle de la prudence. Poser les bases des changements, les produire indirectement, les arrêter temporairement lorsqu'ils deviennent trop perturbateurs et donc susceptibles d'une réaction dangereuse, les laisser cheminer sous la surface pour ensuite les faire émerger au moment opportun.

  • France : "Des gesticulations politiciennes occultent la réalité de ce que vivent les femmes"

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    Communiqué d’Alliance Vita :

    Constitutionnaliser le « droit à l’interruption volontaire de grossesse »

    Un faux débat

    L’Assemblée nationale examine demain la proposition de loi de LFI (La France Insoumise) prévoyant que « Nul ne peut porter atteinte au droit à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception. La loi garantit à toute personne qui en fait la demande l’accès libre et effectif à ces droits. » Alliance VITA dénonce un faux débat.

    Depuis le début de cette législature, l’idée s’est répandue chez certains politiques qu’il faudrait modifier la Constitution en écho à la décision de la Cour Suprême des États-Unis du 24 juin 2022.

    La situation en France est pourtant radicalement différente de celle des États-Unis. Dans ce pays il n’y a pas de loi fédérale régulant l’avortement. L’arrêt de la cour suprême renvoie désormais la législation de l’avortement aux Etats fédérés. En France comme dans de nombreux autres pays, l’avortement est encadré par des lois votées par le Parlement.

    Dans notre pays, le nombre d’IVG demeure à un niveau élevé avec 223 300 interruptions volontaires de grossesse (IVG) enregistrées en 2021 et un taux record de recours (15,5 IVG pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans en 2021).

    Le faux débat autour de la constitutionnalisation occulte la réalité de l’IVG aujourd’hui. Non seulement le dernier rapport de la DREES montre que le taux global de recours à l’IVG a tendance à augmenter, mais l’organisme a également établi en 2020 que ce sont les femmes les plus pauvres qui avortent le plus souvent (rapport 2020). L’IVG s’avère ainsi un marqueur d’inégalités sociales qui devrait alerter les pouvoirs publics.

    Des études récentes montrent aussi des liens entre les violences conjugales et les interruptions volontaires de grossesse à répétition. En France, le lien entre IVG et violences demeure cependant peu exploré :  très peu de médecins posent systématiquement la question des violences aux femmes réalisant une IVG[1]. Or, on sait que pour 40 % des 201 000 femmes concernées chaque année par les violences du conjoint, celles-ci ont débuté à la première grossesse.

    Par ailleurs, inscrire un droit inconditionnel à l’avortement dans la constitution pourrait faire sauter le cadre législatif actuel et conduire à un accès illimité à l’IVG. On peut craindre qu’il devienne alors possible d’exiger une IVG jusqu’à son terme ou en raison du sexe.

    Ces gesticulations politiciennes occultent la réalité de ce que vivent les femmes : la nécessité est plus que jamais à la prévention de l’avortement et à permettre à celles qui le souhaitent de poursuivre leur grossesse.

  • Le wokisme serait-il devenu la nouvelle morale des entreprises occidentales ?

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    De l'Institut Thomas More sur youtube :

    Vidéo de la Rencontre de l’Institut Thomas More du mercredi 9 novembre 20220, à Rixensart (Belgique), avec Anne de Guigné, grand reporter au quotidien français Le Figaro, chargée des questions de politique économique, auteur de Le capitalisme woke. Quand l’entreprise dit le bien et le mal (Presses de la Cité, 2022)

  • Ce qui vient de se dérouler à Rome avec les évêques allemands sera dévastateur pour l'unité de l'Église

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    Du Père Raymond J. de Souza sur le National Catholic Register :

    Les évêques allemands prennent un détour qui met en péril l'unité avec Rome

    COMMENTAIRE : Ce qui s'est récemment déroulé à Rome avec les évêques allemands est dévastateur pour l'unité de l'Église.

    22 novembre 2022

    Rome a demandé - supplié, en fait - les évêques allemands de prendre une bretelle de sortie de leur Voie synodale qui implique des changements importants dans la doctrine catholique, la pratique sacramentelle et la gouvernance ecclésiale. Les Allemands ont refusé. A la vitesse pratiquée sur l'autoroute, l'accident à venir sera terrible.

    Ce qui s'est récemment passé à Rome a été dévastateur pour l'unité de l'Église. Que la menace de division vienne d'Allemagne est tout à fait prévisible sur le long terme, mais cela reste une surprise pour le pape François. 

    Alors que le pape François rêvait initialement d'une "Église pauvre pour les pauvres", il a plutôt poursuivi un programme pour les riches : la sainte communion pour les personnes dont le mariage est invalide, un contrôle national accru sur les livres liturgiques, des priorités pastorales légères en matière de moralité sexuelle et lourdes en matière de changement climatique. Peu importe. La plus riche de toutes les Églises locales est maintenant engagée dans la rébellion, et Rome ne peut rien y faire. Le Pape s'insurge contre le "retour en arrière" mais se retrouve, vis-à-vis de l'Allemagne, dans le marasme des années 1970. Mais cette fois-ci, ce sera différent. Le reste de l'Église n'est pas dans la même situation. Ainsi, le processus du Saint-Père sur la synodalité pour une Église synodale va bientôt devenir un accident à grande vitesse impliquant plusieurs véhicules.

    Les évêques allemands - plus de 60 d'entre eux - étaient à Rome pour leur visite ad limina apostolorum (au seuil des apôtres), la visite périodique obligatoire au Saint-Père et à la Curie romaine, dont la dernière a eu lieu en 2015 pour les diocèses allemands. Occasion de rendre compte de leur situation locale, l'ad limina a aussi pour but de renforcer les liens de communion avec l'Église universelle. La routine régulière prévoit des rencontres avec les responsables des différents départements romains ("dicastères").

    Les Allemands ont obtenu quelque chose de plus : l'"interdicastère", dans le langage du Vatican. Il s'agit d'une réunion de tous les chefs de tous les dicastères de la Curie. Le Saint-Père les convoque de temps à autre pour discuter de problèmes d'intérêt général. Il est extrêmement rare qu'une "interdicastérielle" se tienne avec un épiscopat national. L'exemple récent le plus notable est celui de 1998, lorsqu'une réunion interdicastérielle s'est tenue avec les évêques australiens. Le "relevé de conclusions" de cette réunion, signé par toutes les parties, engageait les évêques australiens à mettre fin à toute une série de mauvaises pratiques liturgiques et d'erreurs doctrinales.

    Cette fois, il n'y aura pas eu de consensus (forcé) de ce type. Alors qu'il était initialement prévu que le pape François assiste à l'interdicastère, il ne l'a pas fait. Il avait rencontré personnellement tous les évêques allemands ensemble le jour précédent. L'interdicastère a donc été présidé par le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Vatican, avec des allocutions du cardinal Luis Ladaria, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, et du cardinal Marc Ouellet, préfet du Dicastère pour les évêques. 

    En passant, il est à noter que le cardinal Luis Tagle, pro-préfet du dicastère de l'évangélisation, n'a joué aucun rôle notable. Son dicastère est censé être le plus haut placé dans la réforme de la Curie promulguée par le pape François au début de cette année. Étant donné que cet interdicastère s'est déroulé exactement comme il l'aurait fait avant la récente réforme, il semble que la réforme soit moins importante qu'il n'y paraît. 

    Le Cardinal Parolin, dans un langage clairement destiné à évoquer le spectre de la Réforme protestante, a averti les Allemands qu'ils risquaient "une réforme de l'Eglise, et non une réforme dans l'Eglise". La première est la voie du schisme ; la seconde est la tâche permanente d'une Église semper reformanda - une Église toujours à réformer pour être plus profondément ce que le Christ l'a fondée à être.

    Les cardinaux Ladaria et Ouellet ont ensuite expliqué "franchement et ouvertement" comment la voie synodale allemande s'était égarée. Le cardinal Ouellet a franchement demandé un "moratoire". Les Allemands ont refusé catégoriquement. Déterminés à continuer, ils prévoient d'aller de l'avant avec les questions qui relèvent de leur autorité locale. Des questions plus profondes pour l'Église universelle seront imposées par les Allemands à l'ordre du jour du Synode des évêques sur la synodalité en octobre prochain. 

    La crise est donc arrivée.

    Le conflit entre les évêques allemands et Rome est scellé, et il s'intensifiera au cours de l'année prochaine. Le processus synodal du Saint-Père sur la synodalité pour une Église synodale sera désormais entièrement consommé par la question allemande, alors que des évêques du monde entier font valoir les mêmes arguments que les cardinaux Ladaria et Ouellet - mais sans le langage diplomatique habituellement employé à Rome.

    Le pape François ne peut rien y faire, mais ce n'est pas faute d'avoir essayé. Les observateurs de la papauté moderne notent que le pape François a le style de gouvernement le plus autocratique de tous les pontifes depuis Grégoire XVI (1831-1846). Pourtant, l'exercice de son autorité est souvent inefficace. 

    Il a tenté d'arrêter la voie synodale allemande. Il a écrit - personnellement, sans l'aide de conseillers, a-t-il révélé par la suite - une longue lettre à tous les catholiques allemands en juin 2019, les mettant en garde contre le fait de s'engager dans la voie qu'ils avaient tracée. Ils l'ont fait quand même. 

    Dans l'intervalle de trois ans, des déclarations claires condamnant le processus allemand sont venues des plus hauts dicastères curiaux - la Secrétairerie d'État, de la doctrine, des évêques et des textes législatifs. Chacune d'entre elles a été rejetée. La différence, cette fois-ci, c'est qu'au lieu d'être écartés lors d'une conférence de presse en Allemagne, le Saint-Père et ses principaux collaborateurs l'ont été de près et en personne, face à face.

    On ne voit pas très bien ce que le pape François peut faire de plus. En 2017, il avait écrit aux prêtres d'Ahiara, au Nigeria, qui protestaient depuis des années contre l'évêque que Benoît XVI avait nommé. Le Saint-Père avait exigé qu'ils "manifestent clairement une obéissance totale au pape" et "soient disposés à accepter l'évêque que le pape envoie et a nommé". Huit mois plus tard, le pape François a révoqué l'évêque. Les prêtres contestataires ont gagné cette épreuve de force.

    Cette année, un grand nombre de prêtres de l'Église syro-malabare du Kerala, en Inde, ont refusé de suivre les décisions liturgiques prises par leur synode dans les années 1990. Le pape François a décrété qu'ils devaient désormais se soumettre. Ils ont refusé, et les protestations qui ont suivi ont consisté à brûler leurs évêques en effigie et à assiéger leurs résidences. Les interventions du Saint-Père sont mises au défi.

    Même au sein de la Curie romaine, ces dernières années, les décrets juridiques du pape François relatifs à l'autorité financière n'ont tout simplement pas été mis en œuvre selon les délais qu'il avait déterminés.

    Un effondrement de l'autorité papale est une crise pour l'Église. L'effondrement est maintenant évident. Le défi de l'Eglise allemande consommera les ressources qui restent au pape François.

    Le père Raymond J. de Souza est l'éditeur fondateur du magazine Convivium.

  • Avortement, genre, euthanasie : quand des entreprises misent sur ce qu’elles croient être les nouvelles « valeurs »

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    De gènéthique magazine :

    « Tout est beauté » : une enseigne de mode fait la promotion de l’euthanasie

    21 novembre 2022

    Les entreprises se positionnent toujours plus sur les questions de société. Le dernier exemple se trouve au Québec.

    Simons, une enseigne de mode québecoise a proposé une campagne de communication peu ordinaire[1]. Dans une vidéo intitulée « Tout est beauté »[2] disponible sur son site internet, on peut écouter Jennyfer Hatch partager sa vision de la fin de vie. Cette britannique de 37 ans est décédée le 23 octobre après avoir eu recours à l’euthanasie.

    Atteinte du syndrome d’Ehlers Danlos, elle aurait voulu « “éveiller la conscience des gens” sur l’importance de mourir d’une “manière humaine” ». Le film a été rendu public le lendemain de sa mort.

    Des valeurs pour créer de la valeur ?

    « Je pense que le monde de l’entreprise a perdu quelque chose aujourd’hui : comprendre que les privilèges s’accompagnent de responsabilités et d’un engagement dans la communauté », déclare Peter Simons, le responsable de l’entreprise (cf. Faire du profit ou changer le monde ? Des entreprises choisissent les deux). Parmi les « valeurs » qu’elle entend promouvoir : la « compassion » [3].

    Peter Simons a rencontré Jennyfer dans le cadre du programme canadien d’« aide médicale à mourir », alors qu’il cherchait à réaliser « un film unique ». « Nous avons vraiment pensé – après tout ce que nous avons vécu ces deux dernières années et ce que tout le monde a vécu – qu’il serait peut-être plus pertinent de faire un projet moins orienté vers le commerce et plus axé sur l’inspiration et les valeurs qui nous sont chères », justifie-t-il.

    Des marques qui affirment défendre l’environnement ou l’avortement (cf. L’avortement pour faire marcher l’économie ?), des spots publicitaires qui mettent en scène des enfants prétendument transgenres (cf. Transgenre : « nous sommes devenus nous-mêmes le produit que nous devons conquérir »), et maintenant l’euthanasie : les entreprises misent sur ce qu’elles croient être les nouvelles « valeurs ». Au consommateur de faire son choix.

     

    [1] CBC, Why Quebec fashion retailer Simons is tackling medical aid in dying on its shopping website, Rachel Watts (09/11/2022)

    [2] « All is beauty »

    [3] https://www.simons.ca/imc/blog/spotlight/beauty-is-everywhere/

  • Stéphane Mercier sur Vimeo

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