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Europe - Page 112

  • Face aux migrants, quelle doit être l’attitude des chrétiens ? Dialogue entre Mgr Rey et Rémi Brague

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    monseigneur-rey-eveque-de-frejus-toulon-et-remi-brague_article.jpgLa crise des migrants que connaît l’Europe renvoie les chrétiens aux racines bibliques de leur foi et à la construction même de l’Occident. Pour sortir du débat actuel par le haut, la foi et l’annonce leur seront d’une précieuse aide. Regards croisés de Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, et du philosophe Rémi Brague. Un article de Samuel Pruvot dans « Famille chrétienne » :

    Mgr Dominique Rey : Quand on voit ces barques fragiles ballottées par les vagues de la Méditerranée, comment ne pas penser aux origines du peuple de Dieu ? L’histoire du salut est façonnée par l’exil. Adam et Ève ont été chassés de l’Éden. Abraham quitta Ur pour se rendre à Canaan sur une route semée d’arrêts, d’embûches et d’épreuves. Le destin d’Israël est marqué par l’exil de tout un peuple à Babylone et en Égypte. Dans la douleur, les Juifs entretiennent le souvenir heureux de Jérusalem : « Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion » (ps 137). C’est la Terre promise qui met en marche le peuple d’Israël.

    À nous chrétiens, il rappelle qu’à l’image de Jésus-Christ qui prêchait la Bonne Nouvelle de ville en ville, nous cheminons sur terre vers le Ciel. Notre vie nomade est un pèlerinage terrestre qui s’achèvera pour retrouver le Créateur. En marchant, nous nous déracinons pour mieux nous enraciner en Dieu. Nous marchons avec Dieu, vers Dieu. C’est à tout cela que font écho les cohortes de réfugiés qui quittent le Proche-Orient pour gagner l’Europe.

    Rémi Brague : La Bible rappelle effectivement au peuple installé sur sa terre qu’il fut lui aussi nomade. En conséquence, il devra comprendre ce qu’éprouve un étranger coupé de son sol et forcé à vivre dans un milieu nouveau. C’est pourquoi le souvenir de la captivité en Égypte est sans cesse ravivé.

    Ceci dit, la Bible éclaire notre expérience actuelle, mais c’est indirectement. Ne faisons pas comme les fondamentalistes musulmans ou protestants du « Bible Belt » américain. On ne peut pas appliquer tels quels aux Français les préceptes de la Bible. Nous ne sommes pas le peuple élu. Nous ne sommes rien de plus qu’une « nation du monde », dont certains membres sont baptisés, et de la sorte greffés sur Israël, qui est et reste le seul peuple élu. Parmi les baptisés, un certain nombre prend au sérieux les conséquences de son baptême. Cette nation s’est formée en une entité politique sous l’autorité d’un État qui prend en charge tous les citoyens, chrétiens ou non.

    La naissance de l’Occident chrétien n’est-elle pas le fruit de vagues successives de migrants qui ont trouvé une nouvelle identité via l’Église ?

    Rémi Brague : À partir du IIIe siècle, l’Empire romain a laissé entrer, d’abord avec l’accord des autorités, puis malgré elles, des populations venues de l’Est, de ce qu’on appelait alors la Germanie. C’est ce qu’on appelle, d’un terme péjoratif, les « invasions barbares ». Les historiens ont actuellement tendance à réviser à la baisse les estimations sur le nombre de ces nouveaux venus. Il n’y a jamais eu de submersion.

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  • Record de conversions au christianisme de musulmans arrivant en Europe

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    Ces conversions en masse sont-elles sincères ou sont-elles une manière pour les immigrés d'augmenter leurs chances d'obtenir l'asile ? se demande le site « aleteia » :

    FCgK04nO24oRHZiEzi2mwUG9ZzA.jpg « Opportunisme ou intégration ? En plus des vagues historiques de réfugiés qui arrivent en Europe en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique, le Vieux Continent connaît aujourd’hui une autre vague, moins médiatisée, mais qui interpelle : celle des conversions au christianisme.

    L’agence de presse internationale Associated Press (AP) s’est rendue à Berlin dans une église évangélique où « des centaines de demandeurs d’asile iraniens et afghans » font partie des fidèles de la paroisse.

    « Certes, on ne peut ignorer que cette décision améliore leurs chances d’obtenir l’asile : ils peuvent ainsi prétendre qu’ils seraient confrontés à la persécution religieuse en cas de retour dans leur pays d’origine », observe l’agence, soulignant que l’Allemagne traite les réfugiés en fonction de la gravité de la situation qui les a contraints à quitter leur patrie  : ceux qui fuient la guerre civile en Syrie, par exemple, ont davantage de chances d’obtenir l’asile.

    « La situation est plus compliquée pour les demandeurs d’asile en provenance d’Iran ou d’Afghanistan, car les conditions de vie dans ces pays sont plus stables qu’en Syrie », déclare l’AP. Au cours des dernières années, environ 40% à 50% des demandeurs issus de ces régions ont été autorisés à rester dans le pays, avec un permis de séjour temporaire pour la plupart.

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  • Crise migratoire : justice et charité sont indissociables

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    HNoyQ.jpgDans un communiqué en date du 10 septembre 2015, Monseigneur Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, aborde la question de la crise migratoire sous le prisme de la justice et de la charité, deux vertus indissociables. Une réflexion lue sur le site de son diocèse mais a une vocation emblématique  pour nous tous : 

    1. L’appel du Pape François :

    Après la prière de l’Angélus du dimanche 6 septembre, le Pape François a évoqué le drame « des dizaines de milliers de réfugiés fuyant la mort, à cause de la guerre et de la faim, et qui sont en marche vers une espérance de vie » ; et il a appelé les paroisses, les communautés religieuses, les monastères et les sanctuaires de toute l’Europe « à manifester l’aspect concret de l’Evangile et à accueillir une famille de réfugiés ». Il a demandé à ses frères évêques d’Europe, que dans leurs diocèses « ils soutiennent son appel, rappelant que la miséricorde est le deuxième nom de l’amour : ‘Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait’ » (Mt 25,40).

    Je sais la générosité des fidèles de mon diocèse et je veux remercier ici les familles, souvent dans le cadre de leurs paroisses, qui accueillent déjà des réfugiés en provenance d’Irak et de Syrie et manifestent ainsi une vraie solidarité concrète envers les chrétiens d’Orient persécutés pour leur foi.

    Grâce à l’annonce faite par le gouvernement français, il y a un peu plus d’un an, d’ouvrir toutes grandes les portes de notre pays à ces chrétiens et autres minorités religieuses, expulsés par l’Etat Islamique de leurs villes de Mossoul et de la plaine de Ninive, sous menace de conversion à l’Islam ou de mort, ils se sont conformés aux règles administratives en vigueur en déposant leurs demandes de visa auprès des consulats de France. Force est de constater que les visas sont délivrés par Paris au compte-gouttes et qu’il s’agit, pour les plus chanceux d’entre eux, d’un parcours du combattant des plus éprouvants. Comme j’ai pu le constater en visitant ces réfugiés à Erbil, en octobre dernier, les moyens en personnels mis à la disposition des Consulats pour traiter ces dossiers manquent souvent cruellement, malgré la très bonne volonté des consuls et de leurs collaborateurs. Beaucoup de ceux qui répondent aux critères retenus – déplacement de Mossoul et de la plaine de Ninive l’an dernier et attestation d’une famille d’accueil en France – se découragent et prennent le chemin de l’exil vers le Liban, la Jordanie ou la Turquie… Aussi, qu’en est-il aujourd’hui du généreux effet d’annonce qui avait suscité tant d’espoir ?

    Tout en partageant la compassion causée par ces files de migrants jetées sur les mers et les routes, on ne peut s’empêcher de comparer le traitement concret qui est réservé aux réfugiés de Mossoul et de la plaine de Ninive, avec la volonté d’accueil universel affichée aujourd’hui à l’endroit des migrants qui forcent, souvent malgré eux, le passage !

    Dans son appel du 6 septembre, le Pape François se situe dans le registre du précepte évangélique de la charité, en se référant explicitement à la parabole du Jugement dernier : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire … j’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (Mt 25). On reconnaît ici ce que la tradition de l’Eglise appelle les œuvres corporelles de miséricorde. Jésus n’a pas l’intention ici de promouvoir un programme politique qui s’imposerait tel quel aux Etats, mais exhorte les fidèles à l’exercice de la charité dans une situation concrète. Comme l’écrivait le Pape Benoît XVI dans son encyclique Dieu est amour : « La charité chrétienne est avant tout simplement la réponse à ce qui, dans une situation déterminée, constitue la nécessité immédiate » (n. 31). C’est que l’appel du Pape François ne saurait se réduire à une incantation in abstracto : « l’Evangile nous appelle, affirme-t-il, nous demande d’être ‘proches’ des plus petits et des laissés-pour-compte. De leur donner une espérance concrète. Leur dire « courage, patience !... » ne suffit pas » (Angelus du 6 septembre).

    On notera en effet qu’ici, le Pape ne s’adresse pas aux Etats et se garde bien de préconiser des solutions politiques au problème des migrants, comme il l’avait fait par contre en interpellant avec vivacité la Communauté internationale pour venir au secours des chrétiens et autres minorités religieuses d’Orient persécutés. Il évite de poser un jugement sur des gouvernements pris de cours par l’ampleur soudaine du problème.

    Le Pape demande aux paroisses catholiques d’Europe d’accueillir une famille de réfugiés « fuyant la mort, à cause de la guerre ou de la faim ». Dans un discours circonstancié, il ne parle pas des « migrants » en général mais des « réfugiés ». Certes il ne précise pas comment discerner s’il s’agit effectivement de réfugiés, même si son propos le suggère. Il ne dit rien non plus sur le caractère temporaire qui s’impose à un accueil concret qui nécessitera, en lien avec des organismes ad hoc, une inscription dans la durée : papiers administratifs, logement, apprentissage de la langue, travail, ce qui s’avère un nouveau parcours du combattant des plus difficiles.

    De même, l’accueil des étrangers, en particulier ceux qui ne sont pas chrétiens, ne nous dispense pas, sans prosélytisme et dans le respect de la liberté, de leur partager le trésor de la foi (cf. Règle de Saint Benoît à propos de l’hospitalité ; Instruction du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, Erga migrantes Caritas Christi, du 3 mai 2004, nn. 59-68).

    Nous ne pouvons donc pas rester insensibles à l’appel du Saint-Père et nous continuerons à accueillir les réfugiés d’Irak et de Syrie, en lien avec l’association chaldéenne de Pau. L’Oeuvre d’Orient, se tient à la disposition des diocèses, des paroisses et des familles qui souhaitent répondre positivement à l’appel du Pape pour accueillir unefamille de réfugiés (contact@oeuvre-orient.fr)

    2. Pour aller plus loin

    Il n’est pas interdit pour autant d’aller plus avant dans la réflexion et de se poser la question politique, non plus seulement de la charité, mais de la justice, en évitant de se laisser submerger par une vague d’émotion, suscitée par des images savamment diffusées par les médias au nom d’un moralisme culpabilisateur et manquant passablement de recul. D’aucuns ont souligné la différence de traitement qui a été faite entre la photo, il est vrai insupportable, du petit Aylan, qui a défrayé bien légitimement la chronique, et celle des 21 coptes égyptiens décapités par l’Etat Islamique en haine de la foi ! On ne gouverne pas avec des émotions, qui conduisent tout droit au risque du despotisme, qu’il soit celui des idées – la « pensée unique », qui peut être source de culpabilisation – ou qu’il soit celui des décisions précipitées et irréfléchies.

    L’accueil exprimé par l’Allemagne, à grands renforts de campagnes médiatiques, pour généreux qu’il soit, pourrait cacher des intentions moins altruistes qu’il n’y paraît : l’Economie-locomotive de l’Europe n’a-t-elle pas un besoin urgent de main d’œuvre pour faire fonctionner ses usines et ses entreprises, en raison du cruel déficit démographique ? Cet accueil largement relayé, pour donner un espoir légitime à tant de migrants en situation de détresse, pourrait avoir pour effet pervers d’encourager de nouveaux migrants à prendre des risques disproportionnés, en se jetant corps et âmes entre les mains de passeurs sans scrupules, qui exploitent cette vague migratoire à des fins mercantiles et parfois même de conquête idéologique inavouable.

    En corollaire de l’appel à la charité concrète faite par le Pape François, il me semble que de graves questions d’ordre politique s’imposent, pour que la vague d’émotion et l’authentique générosité suscitées par ce drame ne manquent pas d’un éclairage nécessaire.

    1. Les Etats occidentaux ne devraient-ils pas reconnaître, dans un beau geste de repentance, leurs erreurs de ces dernières années, en intervenant dans plusieurs pays et en y provoquant plus ou moins directement le chaos qui règne aujourd’hui dans ces pays (Irak, Libye, Syrie…) ?

    N’est-il est pas permis de douter de l’entière générosité des motifs avancés alors pour justifier ces interventions désastreuses : faire avancer la cause de la démocratie et des droits de l’homme, certes en s’attaquant à des Régimes forts, mais pour défendre des intérêts économiques, stratégiques, géopolitiques occidentaux, dans une région où les richesses pétrolières sont convoitées…

    2. Quels moyens sont mis en place pour lutter efficacement contre les passeurs ?

    3. Quelles résolutions de la Communauté internationale, quelle voie diplomatique sont mises en œuvre pour permettre aux migrants de demeurer chez eux ?

    Dans son message du 12 octobre 2012 pour la journée mondiale des migrants de 2013, le pape émérite Benoît XVI soulignait en effet qu'"avant même le droit d'émigrer, il faut réaffirmer le droit de ne pas émigrer, c'est-à-dire d'être en condition de demeurer sur sa propre terre, répétant avec le Bienheureux Jean-Paul II que le droit primordial de l'homme est de vivre dans sa patrie". C'est donc à juste titre que la déclaration du Conseil Permanent de la Conférence des évêques de France du 7 septembre 2015 souligne "l'importance de se préoccuper des causes de ces migrations. La communauté internationale, l'Europe, les gouvernements, ne peuvent ignorer la situation politique et économique des pays d'origine ou encore le rôle des filières qui exploitent la misère humaine".

    4. Quelle solution concrète pour secourir les chrétiens d’Orient et autres minorités religieuses, et nourrir leur espérance de recouvrer leurs maisons et leurs terres, injustement confisquées ?

    Une bonne part de la réponse à ces questions passe par la volonté de stopper l’avancée de l’Etat Islamique et de détruire cette organisation. Ce qui supposerait une coalition associant les Pays occidentaux et les pays arabes, la Russie et l’Iran, et qui ne semble pas pouvoir faire l’économie d’une opération terrestre.

    5. Enfin quelle politique mettre en œuvre en Europe pour répondre à cette vague migratoire sans précédent et qui ne saurait être déconnectée de la résolution des questions ci-dessus ?

    La Doctrine Sociale de l’Eglise ne dénie pas aux Etats la légitimité à réguler les flux migratoires au nom du Bien commun d’une nation, tout en réaffirmant le principe absolu du respect dû à la dignité de toute personne humaine.

    C'est ainsi que le Catéchisme de l'Eglise catholique affirme que "les nations mieux pourvues sont tenues d'accueillir autant que faire se peut l'étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu'il ne peut trouver dans son pays d'origine" mais rappelle que "les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont ils ont la charge subordonner l'exercice du droit d'immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l'égard du pays d'adoption" tout en précisant qu'en tout état de cause, "l'immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d'accueil, d'obéir à ses lois et de contribuer à ses charges" (CEC n° 2241).

    Régulation des flux migratoires et accueil des réfugiés, justice et charité, ne sont pas inconciliables. Ils sont même inséparables.

    Quelle grande voix portera ces questions cruciales sans lesquelles on ne parviendra pas à endiguer les drames humanitaires et civilisationnels qui se préparent ? 

    + Marc Aillet  Évêque de Bayonne, Lescar et Oloron
    10 septembre 2015

    Ref. Crise migratoire : justice et charité sont indissociables

    JPSC

  • La vérité sur les persécutions des chrétiens dans l'Empire romain

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    Lu sur eecho.fr :

    ANTIQUITÉ CHRÉTIENNE : LE TESTAMENT DE MARIA SORDI

    Par Marion Duvauchel, Professeur de lettres et de philosophie, diplômée en anthropologie

    À propos de : Marta Sordi, Les chrétiens et l’Empire romain, éd. Certamen, avril 2015, 228 pages, 23 euros

    Deux thèses majeures organisent ce que nous savons des trois premiers siècles de l’histoire du christianisme romain : la plus ancienne de ces thèses fait de cette période un temps de persécution continue, la plus récente tend au contraire à minimiser ces persécutions. Dés la préface de son ouvrage, Les chrétiens et l’empire romain, traduit et édité par les éditions Certamen, Marta Sordi donne le ton. Dans les deux cas il s’agit selon l’auteur de « généralisations abusives ». Et elle l’établit.

    S’il ne s’agissait que d’une magistrale leçon d’histoire destinée à faire découvrir ou redécouvrir tout un pan d’histoire antique ce livre serait déjà fort précieux. D’autant que cette leçon d’histoire se double d’une analyse historiographique détaillée des rapports entre le pouvoir impérial et le christianisme, rapports bien plus complexes que ce que le martyrologe et l’hagiographie – sans mépris aucun – répercutent.

    Persécution politique ou persécution religieuse ?

    Mais c’est une thèse, formulée d’emblée dans la préface, qui constitue le ressort de cet ouvrage : « le conflit entre Rome et le christianisme n’était pas un conflit politique mais un conflit de type religieux ». Dans leurs racines les plus profondes, les persécutions contre les chrétiens ont été des persécutions de type religieux, et non politique.

    Philosophiquement, la frontière est ténue. Mais historiquement elle devient palpable et prend consistance à travers l’analyse de la situation juridique du christianisme de Claude à Constantin, situation qui représente l’une des clés d’interprétation pour comprendre la nature de la persécution des chrétiens tout au long de cette alternance de périodes de violences et de tolérance, d’hostilité ou de bienveillance, de haine ou de sympathie.

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  • "Grand remplacement", "invasion migratoire"... : quelques chiffres

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    De P.D. Iouristoff sur le site IHSnews.net :

    Quelques chiffres afin de relativiser l’annonce du « grand remplacement » et de l’invasion migratoire…

    Parce que l’on entend tout et n’importe quoi depuis un certain temps, et surtout, parce que les annonceurs d’Apocalypse sont de plus en plus nombreux, nous tenions à rappeler quelques chiffres. Attention cependant, il est évident que la France où l’Europe ne peuvent porter toute la misère du monde (mais comme les chiffres vous l’indiqueront c’est loin d’être le cas), et ce d’autant plus que le contexte économique et social est déjà particulièrement tendu. D’ailleurs l’Eglise et le Pape n’ont jamais demandé cela. Ils partent d’un constat, la présence de fait de ces personnes et l’incapacité dans de nombreux cas de les renvoyer dans leur pays d’origine sous peine de les conduire à une mort quasi certaine du fait du désordre que, nous pays occidentaux, avons largement contribué à créer. Ce que demande, depuis déjà un certain temps le Saint Père, c’est tout simplement que les pays occidentaux si prompts à fournir des armes au nom de la paix se mobilisent pour recréer (ou simplement créer) dans les pays d’origines les conditions nécessaires à un retour. Car s’il est vrai que certains viennent chercher une fortune illusoire, pour la majorité la fuite de leur pays d’origine et de leurs racines est un réel déchirement. Quiconque a déjà été dans un camp de réfugiés pourra en témoigner.

    En ce qui concerne les demandeurs d’asile – c’est à dire des personnes ayant fui leur pays parce qu’elles y ont subi des persécutions ou craignent  d’en subir, et qui sont en quête d’une protection internationale – la France a enregistré 62800 demandes d’asile en 2014, loin derrière les Etats-Unis (88400) (et ce malgré son contrôle très strict aux frontières) ou d’autres pays d’Europe comme l’Allemagne par exemple (202 700 demandeurs), la Suede (81200) ou l’Italie (64600)1.

    Et si on rapporte ce chiffre à la proportion de la population de chaque État membre de l’UE, ce qui est plus significatif, les taux les plus élevés de demandeurs ont été enregistrés en Suède (8,4 demandeurs d’asile pour mille habitants), devant la Hongrie (4,3), l’Autriche (3,3), Malte (3,2), le Danemark (2,6) et l’Allemagne (2,5). La France n’arrive qu’en douzième position (1 demandeur d’asile pour mille habitant).

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  • Migrants: l’Italie entre «casse-couilles» et «politicards»

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    Lu dans "Famille chrétienne":

    mgr-nunzio-galantino-mpi.jpg" En Italie la questions des migrants oppose l'Eglise et la classe politique. En 2014, plus de 165.000 migrants clandestins ont débarqué sur les côtes italiennes. Cet afflux crée des tensions de l'autre côté des Alpes. Mgr Galantino (photo), secrétaire général de la conférence épiscopale italienne dénonce l'inefficacité de la politique gouvernementale et l'indigence du débat politique sur la question migratoire.

    Benjamin Coste

    Certaines villes tenues par la Ligue du Nord refusent d’accueillir des migrants. Pour Matteo Salvini, chef du parti populiste, « un évêque doit s’en tenir à son rôle d’évêque et arrêter de casser les couilles (sic) à ceux qui administrent les villes. » À défaut d’élégance, le propos a le mérite d’être clair. Dans sa réponse, Mgr Galantino ne donne pas dans la langue de buis. S’en prenant aux élus de la Ligue du Nord qui jugent l’Église responsable de « l’africanisation de l’Italie », le secrétaire de la Conférence épiscopale italienne a, lui, dénoncé « les populistes qui prônent des mesures indignes » et qui « se comportent comme des politicards de quatre sous ». 

    Accéder au site : RFI 
    http://www.rfi.fr/europe/20150817-migrants-refugies-italie-eglise-vatican-ligue-nord-nunzio-galantino-colaninno

    Mgr Galantino estime que le gouvernement de Matteo Renzi « est totalement absent du débat sur l’immigration ». Ami du pape, l’évêque italien se trouve conforté par les appels à l’Europe de François à « ouvrir ses portes ». De plus, pour la journaliste Marcelle Padovani, l’Église est légitime sur cette problématique de l’immigration puisqu’« un migrant sur trois est reçu en Italie dans des structures liées au monde catholique » (Caritas, communauté de Sant’Egidio…).

    Accéder au site : L'Obs http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150817.OBS4236/italie-face-aux-migrants-matteo-renzi-coince-entre-l-eglise-et-les-populistes.html

    Pour Andrea Riccardi, fondateur de la communauté Sant’Egidio et ancien ministre, « les factions politiques jouent une vilaine guerre électoraliste, réduisant un phénomène global, complexe et inarrêtable à la seule urgence des débarquements (...). Il faut à tout prix raisonner ». Du côté des politiques, on accuse le coup et on se défend : le premier ministre Matteo Renzi estime « injuste » et « démotivante » les critiques dont son gouvernement est l’objet. Son ministre de l’Intérieur juge, lui, que « nous sauvons des vies et rapatrions ceux qui ne fuient pas la guerre ou les persécutions. Nous faisons un métier différent de l'Église. »

    Accéder au site : Le Point 
    http://www.lepoint.fr/monde/immigration-le-torchon-brule-entre-l-eglise-et-les-politiques-en-italie-19-08-2015-1957795_24.php

    Le Service des Jésuites pour les réfugiés – Prix international de la paix 2014 pour son action en Syrie – appelle l’Europe à un consensus sur la question des migrants. Si la question est « certes complexe », le père Costa, responsable portugais de l’organisation, estime qu’« un effort s’impose au nom du respect des droits de l’homme et de la protection de la vie humaine. Il faut donc donner la priorité à l’accueil, à l’intégration sociale et culturelle et à l’insertion professionnelle des réfugiés et si possible au développement économique des pays de départ ».

    Accéder au site : Radio Vatican 
    http://fr.radiovaticana.va/news/2015/08/18/le_jrs_appelle_les_europ%C3%A9ens_%C3%A0_lhospitalit%C3%A9_pour_les_migrants/1165781

    Ref. En Italie, la question des migrants oppose l’Église et la classe politique

    Même si rien n’est « inéluctable », la comparaison avec l'histoire des invasions de peuples germaniques fascinés par l’empire romain est-elle irréaliste ? Sous une forme ou une autre, avec ou sans accord officiel, ils y ont immigré toujours plus massivement jusqu’à franchir le seuil critique : la romanité s’est « barbarisée », et non l’inverse. Est-ce le sort qui attend l’Europe décadente où la natalité des populations anciennes ne cesse de diminuer ? La nature a horreur du vide et finit toujours par l’emporter sur les « limes » policier, militaire ou autres qu’on prétendrait lui opposer. Mais cela ne s’est pas fait en vingt-quatre heures comme dans le "Camp des saints", roman prémonitoire (1973) de Jean Raspail. Sur le fond de la question, nous renvoyons à l'article de Pierre Mélon, publié dans un récent numéro de la revue "Vérité et Espérance-Pâque nouvelle". On peut le lire sur le site web de l'église du Saint-Sacrement à Liège, en cliquant ici: "l'immigré est-il mon prochain? charité personnelle et charité politique".

    JPSC

  • 18-25 ans (Bruxelles) : la Parole de Dieu pour se construire et se déployer

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    La Parole de Dieu pour se construire et se déployer, 18-25ans

    Bruxelles (1000) Belgique - Echanges, stages, jobs à l’étranger

    Jeunes 18- 25 ans : 

    Se poser les bonnes questions sur le sens de la vie : 

    * 1 année de formation de niveau universitaire (philosophie, anthropologie, bioéthique, écriture sainte)

    * 1 occasion unique de réfléchir comment déployer un projet de vie en vérité et ancré dans le Christ

    * 1 expérience en résidence étudiante avec d’autres jeunes catholiques

    Rentrée académique fin septembre 2015

    Accueil et découverte à Bruxelles : + 32 477 042 367

    institutsophia@yahoo.fr  /  http://www.institutsophia.org

  • L'Eglise évangélique allemande présente ses excuses pour l'iconoclasme de la Réforme protestante

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    Destruction_of_icons_in_Zurich_1524.jpgD'Anita Bourdin sur ZENIT.org :

    Eglise évangélique : des excuses pour l'iconoclasme de la Réforme
     

    Une déclaration sans précédent de l'Eglise évangélique allemande contre l'iconoclame, lors d'une rencontre avec une délégation orthodoxe, saluée par L'Osservatore Romano.

     

    L’Eglise évangélique d’Allemagne (Evangelische Kirche in Deutschland, EKD) exprime ses excuses pour l’iconoclasme de la Réforme protestante, dans un communiqué de ce 29 juillet, salué par L’Osservatore Romano en italien du 30 juillet.

     

    Orthodoxes et protestants se sont réunis à Hambourg pour discuter et approfondir le sens de l'image pour leurs traditions lors d'une réunion de la délégation de l'EKD et du patriarcat œcuménique de Constantinople, tenue ces derniers jours à Hambourg.

    Le patriarche œcuménique Bartholomaios et l'évêque Heinrich Bedford-Strohm, président de l’Eglise évangélique d’Allemagne, ont envoyé leurs salutations pour bénir la réunion.

    La communauté protestante allemande exprime ses excuses à la destruction généralisée des images religieuses mises en œuvre durant la période de la Réforme, explique L’Osservatore Romano.

    La communauté protestante condamne fermement la pratique destructrice des « images », a déclaré l'évêque Petra,  Bosse-Huber.
    Les icônes sont en effet depuis longtemps devenues « une expression de la piété protestante », ont-ils reconnu.

    Cette déclaration, sans précédent, est d’autant plus importante dans le cadre de la préparation au 500e anniversaire de la Réforme de Martin Luther (1517-2017).

    Dans la première moitié du XVIe siècle, les statues de la Vierge et des saints, ainsi que des vitraux représentant des images religieuses, des événements miraculeux et surnaturels ont été enlevés des églises et chapelles catholiques, et souvent détruites, rappelle L’Osservatore Romano qui cite différents exemples.

    La Suisse, les Pays-Bas, l'Angleterre et le sud de l'Allemagne ont souffert des effets les plus importants de cette pratique destructrice.

  • Il y a mille ans, le baptême de la Sainte Russie

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    On lit sur Herodote.net : 

    Vladimir le Grand (0958 - 1015) Le baptême orthodoxe de la Russie

    Les Russes cultivent le souvenir de saint Vladimir, patron de la « Sainte Russie », mort le 15 juillet 1015, à 57 ans, après un règne de 35 ans. Ils attribuent à ce guerrier inflexible et aux moeurs cruelles le mérite d'avoir arraché son peuple au paganisme et de lui avoir imposé le baptême en 988 selon le rite orthodoxe grec.

    Les chants épiques (bylines) le nomment joliment le « Soleil rouge » et l'Église russe en fait l'« Égal des Apôtres » !

    Père de Vladimir, Sviastoslav 1er dit le Brave, grand-prince de Kiev, est resté fidèle au paganisme malgré la conversion de sa mère, sainte Olga, à l'orthodoxie. À sa mort, en 972, il partage ses domaines entre ses fils. Mais l'aîné Iaropolk, grand-prince de Kiev, ne tarde pas à partir en guerre contre son cadet Oleg, prince des Drevlianes. Il le tue et aussitôt se retourne contre le benjamin Vladimir, qui a reçu de son père le gouvernement de Novgorod. C'est la première des luttes fratricides qui vont caractériser l'Histoire russe.

    Vladimir est le fils naturel d'une servante du défunt roi. Poursuivi par son demi-frère, il s'enfuit chez ses lointains cousins de Norvège. Pendant ce temps, Iaropolk réunit les principautés russes autour de Kiev et noue des contacts avec les Occidentaux, notamment l'empereur Otton 1er.

    En 980, Vladimir revient à Novgorod à la tête d'une flotte varègue, décidé à en découdre avec son demi-frère. En quête d'alliances, il demande au prince Rogvolod de Polotsk la main de sa fille Rogneda mais celle-ci refuse avec hauteur d'épouser un bâtard. Qu'à cela n'y tienne, « Vladimir assiégea Polotsk, tua Rogvolod et ses deux fils, et prit sa fille pour femme », raconte la Chronique des temps passés !

    Le futur saint se montre prêt à tout pour satisfaire son goût pour la gent féminine et ses excès lui vaudront d'être qualifié par un évêque occidental de « fornicator immensus et crudellis » !

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  • Grèce : 10 points clés sur les implications géopolitiques de la crise

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    L'Institut Thomas More, sous la plume de Jean-Sylvestre Mongrenier, attire l'attention sur...

    10 points-clés sur les implications géopolitiques de la crise grecque

    Il serait erroné de penser que la question grecque est seulement économique. Le problème est aussi géopolitique. Si la Grèce doit sortir de la zone euro, il faudra accompagner le mouvement et s’efforcer de préserver la stabilité géopolitique de la région | Par Jean-Sylvestre MONGRENIER, chercheur associé à l’Institut Thomas More

    Avec la victoire du « non » au référendum du 5 juillet, la perspective d’un « Grexit » se précise un peu plus. Au fil des négociations, les dirigeants européens auront voulu ignorer le fait que Syriza est une formation d’extrême-gauche, néo-communiste et jusqu’auboutiste. L’ADN politique de Tsipras et de Syriza pousse à la fuite en avant et il était erroné de croire aux vertus de simples ajustements réciproques. 

    Ce serait une autre erreur d’analyse que de voir dans le problème grec les seuls risques pour la zone euro, le grand marché européen et la conjoncture économique du continent. L’effondrement de la Grèce, avec un possible « dévissage » au plan international, est une question géopolitique de première importance qui met en jeu la sécurité de l’Europe. Une nouvelle période s’ouvre, et les dix points-clés qui suivent doivent être conservés à l’esprit, pour naviguer par gros temps et conserver le cap.

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  • L'immigré est-il mon prochain?

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    L’immigré est-il mon prochain ?

    Charité  personnelle et charité politique

    Choses lues et entendues, hier et aujourd’hui, à propos des étrangers :

    « La fréquentation des étrangers corrompt fortement les moeurs des citoyens, parce qu’il doit nécessairement arriver que des étrangers élevés sous des lois et des coutumes différentes agissent en bien des cas autrement que l’exigent les moeurs des citoyens, de telle sorte que, tandis que les citoyens sont poussés à agir de façon semblable, la vie sociale est perturbée » (Aristote, Politique).[1]

    « Il y a trop d’étrangers ! »

    « On ne se sent plus chez soi : au lieu de s’adapter à notre mode de vie, les étrangers se comportent comme s’ils étaient chez eux ! »

    « Je ne me sens plus en sécurité dans les rues. »

    « Ils vivent à nos crochets, qu’ils retournent dans leur pays ! »

    « Si encore ils étaient chrétiens, ils pourraient s’assimiler, comme les Polonais et les Italiens, par exemple, mais avec les musulmans c’est impossible ! »

    Face à une opinion publique de plus en plus réticente, voire hostile (quand elle ose l’avouer), à la présence permanente d’étrangers (qu’ils soient en situation légale ou illégale), comment doit réagir un chrétien ?

    Quel comportement adopter face aux vagues d’immigration successives qui rendent « l’autre » visible et palpable ?

    Quand le « lointain » devient le « prochain », cesse-t-il d’être un frère ou le devient-il davantage ? Est-il une menace ? une chance ? Qu’en disent les Saintes Ecritures ?  Quelle est la position de l’Église ?

    Aimer l’étranger... 

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    Dans l’Écriture - qui est Parole de Dieu - la question du rapport des croyants envers les étrangers est d’une limpidité exemplaire : « Vous traiterez l'étranger en séjour parmi vous comme un indigène du milieu de vous ; vous l'aimerez comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers dans le pays d'Égypte. Je suis l'Éternel, votre Dieu. » (Lv. 19, 34).

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  • L'euro ou les déboires d'une charrue placée avant les boeufs

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    Nous lisons sur le blog "Petrus Angel" :

    Les Grecs ont étés appelés ce dimanche à s’exprimer par référendum sur les dernières propositions des créanciers du pays . 

    Beaucoup de spécialistes prédisaient qu’un "non" aurait pour conséquence la remise en question de notre monnaie unique, l’euro. 

    Jean-Pierre Vesperini, professeur d’économie, dans son livre L’euro (Dalloz, 2013) en dressait un bilan .

    Voici un extrait de la conclusion de son ouvrage : 

    Il convient de dresser un bilan de l'euro. (…) L'actif se limite à la disparition de l'instabilité des changes entre les monnaies européennes. En revanche, le passif de l'euro apparaît particulièrement lourd. En effet, un peu plus de dix ans après sa création, nous pouvons porter au passif de l'euro le déclin de la France, la stagnation de l'Italie et du Portugal, l'effondrement de l'Espagne et de l'Irlande et le chaos dans lequel se trouve plongée la Grèce. Nous pouvons aussi porter au passif de l'euro, qui devait être un modèle de bonne gestion, la plus grande faillite d'un État avec le défaut de 107 milliards d'euros de la Grèce (...) Jamais depuis la fin de la Second Guerre mondiale l'écart qui sépare la croissance de la zone euro de celle du monde n'a été aussi élevé. Jamais depuis la fin de la Second Guerre mondiale les dissensions entre les peuples européens n'ont été aussi grandes qu'aujourd'hui. Jamais depuis la fin de la Second Guerre mondiale le prestige de l'Europe dans le monde n'est tombé aussi bas.

    Stupéfaits et désemparés, nous assistons au déroulement implacable d'un scénario de cauchemar dans lequel une à une toutes les économies de l'ensemble méditerranéen, toutes ces grandes et vieilles nations, (…) s'enfoncent dans la dépression selon un processus inexorable dont le mécanisme est parfaitement ordonné. (…) La crise européenne est inscrite dans les gènes de l'euro, porteurs de ces vices. Et l'on ne portera pas remède à cette crise avec des montages financiers plus ou moins ingénieux, comme on l'a fait jusqu'à présent. Le processus de destruction des économies européennes est directement le résultat de l'abandon de souveraineté monétaire auquel ont consenti les États qui ont adhéré à l'euro. C'est cet abandon qui explique qu'ils aient dû supporter et supportent des taux de change et des taux d'intérêt complètement inadaptés à leur situation.

    L'actif de l'euro est donc loin de compenser son passif. Nous avons payé d'un prix exorbitant le bénéfice de la disparition de l'instabilité des changes entre les monnaies européennes (…)

    L'euro a été une erreur pour l'Europe (…). Une erreur qui ne peut se comparer, dans son défaut d'analyse comme dans ses conséquences, qu'à celle commise par les gouvernants et l'état-major français entre les deux guerres et qui conduisit au désastre de juin 1940.

    On remarquera d'ailleurs que les causes du désastre de l'euro comme de celui de juin 1940 sont de même nature : la croyance en des conceptions dépassées. Les conceptions des gouvernants et de l'état-major, qui étaient valables à la fin de la Première Guerre mondiale, ne l'étaient plus vingt ans après. De même, les conceptions de Robert Schuman et Jean Monnet, qui étaient valables en 1950, ne l'étaient plus vingt plus tard. (…) L'idéologie du nationalisme a détruit l'Europe. Et voici qu'aujourd'hui, l'idéologie, pourtant bien intentionnée, qui a donné naissance à l'euro, qui prétendait faire disparaître les poisons du nationalisme, est elle-même en train de détruire l'Europe. Comme si une fatalité pesait sur l'Europe la condamnant à être détruite par des idéologies malfaisantes. (…)

    (Il faut abandonner) le rêve des Etats-Unis d'Europe, qui était justifié en 1950, mais qui a cessé depuis longtemps d'être adapté aux données du monde contemporain et de correspondre aux besoins comme aux désirs des peuples européens.

    L'Union européenne doit donc être repensée comme une instance de coopération entre les nations européennes et non comme l'étape précédant la création d'un État fédéral européen. L'abandon du rêve des États-Unis d'Europe implique lui-même l'abandon de l'idée selon laquelle la monnaie unique est nécessaire parce qu'elle est un instrument indispensable à l'existence d'un État fédéral.

    L'euro ne doit donc pas être conçu comme un instrument au service d'un dessein politique. L'Europe fédérale se fera lorsque les peuples européens auront la volonté de créer une défense et une diplomatie européennes, ce qui sera peut-être un jour le cas, mais (…) ne paraît devoir l'être dans un avenir proche. Ce n'est pas l'euro qui fera naître cette volonté. L'euro doit plus simplement être au service de la croissance. (…). Pour (ce faire), il faut d'abord (…), que la zone euro opère un changement radical de sa politique économique (…). Mais si ce changement est nécessaire pour mettre fin au blocage de la croissance en Europe, il ne sera pas suffisant pour assurer une croissance durable et équilibrée. Pour cela (…), il est nécessaire que les Etats de l'ensemble méditerranéen et ceux de l'ensemble germanique procèdent à une scission négociée de la zone euro par le départ de ces derniers de la zone euro.

    Il faudra malheureusement sans doute que la situation économique des Etats de l'ensemble méditerranéen, mais aussi par contre coup de l'ensemble germanique, continue à se dégrader pour que soient réunies les conditions permettant à cette négociation d'aboutir et à l'Europe de retrouver, avec la croissance, son rang dans le monde.