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Europe - Page 27

  • Quand Benoît XVI évoquait les principes non négociables

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    DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS PROMU PAR LE PARTI POPULAIRE EUROPÉEN (source)

    Salle des Bénédictions- Jeudi 30 mars 2006

    Eminents Parlementaires,
    Mesdames et Messieurs,

    Je suis heureux de vous recevoir à l'occasion des Journées d'étude sur l'Europe, organisées par votre groupe parlementaire. Les Pontifes romains ont toujours accordé une attention particulière à ce continent. L'audience d'aujourd'hui le démontre une nouvelle fois, et s'inscrit dans une longue série de rencontres entre mes prédécesseurs et  les  mouvements  politiques  d'inspiration  chrétienne. Je remercie M. Pöttering des paroles qu'il m'a adressées en votre nom, et je lui présente, ainsi qu'à chacun de vous, mes cordiales salutations.

    Actuellement, l'Europe doit faire face à des questions complexes de grande importance, telles que la croissance et le développement de l'intégration européenne, la définition toujours plus précise de politiques communes au sein de l'Union et le débat sur son modèle social. Pour atteindre ces objectifs, il sera important de s'inspirer, avec une fidélité créative, de l'héritage chrétien qui a apporté une contribution tout à fait particulière à la formation de l'unité de ce continent. En tenant compte de ses racines chrétiennes, l'Europe sera capable de donner une orientation sûre au choix de ses citoyens et de ses peuples, elle renforcera sa conscience d'appartenir à une civilisation commune et elle consolidera l'engagement de tous dans le but de faire face aux défis du présent en vue d'un avenir meilleur. Par conséquent, j'apprécie la reconnaissance accordée par votre groupe à l'héritage chrétien de l'Europe, qui offre de précieuses orientations éthiques dans la recherche d'un modèle social qui réponde de manière adéquate aux questions posées par une économie déjà mondialisée et par les mutations démographiques, en assurant la croissance et l'emploi, la protection de la famille, l'égalité des chances pour l'éducation des jeunes et la sollicitude pour les plus pauvres.

    Par ailleurs, le soutien que vous apportez à l'héritage chrétien peut contribuer de manière significative à tenir en échec une culture aujourd'hui très amplement diffusée en Europe qui relègue dans la sphère privée et subjective la manifestation des convictions religieuses de chacun. Des politiques élaborées sur ce principe n'ont pas seulement comme conséquence de dénier un rôle public au christianisme; de manière plus générale, elles refusent tout lien avec la tradition religieuse de l'Europe, qui est pourtant très claire, en dépit de ses diversités confessionnelles, en menaçant ainsi la démocratie elle-même, dont la force dépend des valeurs qu'elle défend (cf. Evangelium vitae, n. 70). Etant donné que cette tradition, précisément au sein de ce que l'on pourrait appeler son unité polyphonique, est porteuse de valeurs qui sont fondamentales pour le bien de la société, l'Union européenne ne peut trouver qu'un enrichissement à la reconnaître. Ce serait un signe d'immaturité, voire de faiblesse, de choisir de s'y opposer ou de l'ignorer, plutôt que de dialoguer avec elle. Dans ce contexte, il faut reconnaître qu'une certaine intransigeance séculière se révèle ennemie de la tolérance et d'une saine vision séculière de l'Etat et de la société. C'est pourquoi je me réjouis que le traité constitutionnel de l'Union européenne prévoie une relation organisée et permanente avec les communautés religieuses, en reconnaissant leur identité et leur contribution spécifique. Par dessus tout, j'ai confiance dans le fait que la mise en oeuvre effective et juste de cette relation commencera dès à présent, avec la co-opération de tous les mouvements politiques, indépendamment de leurs orientations partisanes. Il ne faut pas oublier que, lorsque les Eglises et les communautés ecclésiales interviennent dans le débat public, en exprimant des réserves ou en rappelant certains principes, cela ne constitue pas une forme d'intolérance ou une interférence, car ces interventions ne visent qu'à éclairer les consciences, en les rendant capables d'agir de manière libre et responsable, conformément aux exigences véritables de la justice même si cela peut entrer en conflit avec des situations de pouvoir et d'intérêt personnel.

    En ce qui concerne l'Eglise catholique, l'objet principal de ses interventions dans le débat public porte sur la protection et la promotion de la dignité de la personne et elle accorde donc volontairement une attention particulière à certains principes qui ne sont pas négociables. Parmi ceux-ci, les principes suivants apparaissent aujourd'hui de manière claire: 

    - la protection de la vie à toutes ses étapes, du premier moment de sa conception jusqu'à sa mort naturelle;

    - la reconnaissance et la promotion de la structure naturelle de la famille - comme union entre un homme et une femme fondée sur le mariage - et sa défense contre des tentatives de la rendre juridiquement équivalente à des formes d'union radicalement différentes qui, en réalité, lui portent préjudice et contribuent  à  sa  déstabilisation, en obscurcissant son caractère spécifique et son rôle social irremplaçable;

    - la protection du droit des parents d'éduquer leurs enfants.

    Ces principes ne sont pas des vérités de foi, même si ils reçoivent un éclairage et une confirmation supplémentaire de la foi; ils sont inscrits dans la nature humaine elle-même et ils sont donc communs à toute l'humanité. L'action de l'Eglise en vue de leur promotion n'est donc pas à caractère confessionnel, mais elle vise toutes les personnes, sans distinction religieuse. Inversement, une telle action est d'autant plus nécessaire que ces principes sont niés ou mal compris, parce cela constitue une offense contre la vérité de la personne humaine, une blessure grave infligée à la justice elle-même.

    Chers amis, en vous exhortant à un témoignage crédible et cohérent de ces vérités fondamentales à travers votre action politique, et plus fondamentalement à travers votre engagement à vivre de manière authentique et cohérente votre vie, j'invoque sur vous et sur votre activité l'assistance continue de Dieu et en gage de celle-ci, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction, ainsi qu'à tous ceux qui vous accompagnent.

  • L'Union européenne agit-elle avec suffisamment de détermination comme acteur de la paix ?

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    De Monica Lugato, juriste, professeure ordinaire à l'Université LUMSA (Rome) sur Settimo Cielo :

    L'Europe et la guerre. De l'esprit d'Helsinki aux perspectives de paix

    1. L'Europe et la guerre

    L'agression de la Russie contre l'Ukraine a ramené la guerre en Europe. Ramenée parce que nous avons déjà eu une guerre en Europe, en 1999, lorsque l'OTAN a attaqué la Serbie. La guerre est une tragédie et nous devons faire au moins deux réflexions à mon avis.

    Le premier. Il y a seulement dix ans, en 2012, l'Union européenne, qui est la composante institutionnalisée de l'Europe, a reçu le prix Nobel de la paix, et la justification était qu'elle avait assuré pendant plus de six décennies la promotion de la paix, de la réconciliation, de la démocratie et des droits de l'homme en Europe.

    La deuxième considération. Il ne peut nous échapper que la valeur de la paix fait partie des valeurs fondamentales de la politique étrangère de l'UE. C'est écrit en toutes lettres dans les traités, et c'est la valeur qui devrait, voire doit, guider son action extérieure. Non seulement cela, mais l'Union européenne a l'obligation, en vertu des traités, de respecter strictement - je cite - le développement du droit international, les principes de la Charte des Nations unies, le multilatéralisme et, ce qui est peut-être encore plus intéressant ici, dans son action sur la scène internationale - disent encore les traités - elle est appelée à préserver la paix, à prévenir les conflits et à renforcer la sécurité internationale. Non seulement selon les principes de la Charte des Nations unies mais, comme cela est expressément mentionné, également selon les principes de l'Acte final d'Helsinki.

    Ainsi, ces deux constats minimaux m'amènent à poser une question : l'Union européenne agit-elle avec suffisamment de détermination comme acteur de la paix à ce stade précis ? Il est légitime de se poser cette question. Et il est légitime de poser cette question parce que si, d'une part, en tant que sujet de droit international, elle a condamné à juste titre et fermement l'agression de la Russie contre l'Ukraine, elle a également pris une série d'initiatives qui vont dans le sens absolument opposé à celui de la promotion de la paix, et je fais référence en particulier au sentiment qu'elle n'est pas loin de contribuer à "l'escalade", ne serait-ce que verbalement, et ensuite à deux initiatives récentes : la proposition de créer un tribunal pour les crimes commis par la Russie et encore la désignation de la Russie comme État terroriste. Or, il est douteux qu'à un moment comme aujourd'hui, ces initiatives soient conformes à son rôle d'acteur de la paix.

    2. L'esprit d'Helsinki

    Nous avons entendu des paroles importantes sur les conditions, l'histoire, dans lesquelles l'esprit d'Helsinki a mûri. Il me semble que je dois souligner, également d'un point de vue internationaliste, qu'un facteur qui me semble extrêmement pertinent à saisir pour aujourd'hui également, dans le style d'Helsinki, est la détermination qui a caractérisé cette conférence, son activation et ensuite son travail, la détermination avec laquelle on a voulu créer, recréer un climat de coopération entre les États européens sur la base d'un équilibre des forces, c'est-à-dire sur la base d'une hypothèse réaliste que c'était le facteur inévitable, qu'il était inutile de proposer de le surmonter : qu'il fallait accepter l'équilibre des forces sur le terrain, puis travailler avec l'équilibre de ces forces. Et cette coopération accrue pour coopérer même entre des États dissemblables, entre des États qui s'opposaient sur presque tous les fronts, a nécessairement entraîné comme condition de ce travail la tolérance pour les différences de chacun et la mise de côté de la moralisation idéologique autoréférentielle qui caractérise normalement les relations entre antagonistes.

    Helsinki, c'est aussi un style de relations, marqué par le respect mutuel de la souveraineté de l'autre. Chacun a eu le droit de s'exprimer, chacun a été respecté en tant qu'entité souveraine, ce qui est tout à fait conforme au principe fondamental du droit international, qui est celui de l'égalité souveraine. Et aussi la reconnaissance, peut-être à contrecœur pour certains, du droit de chacun des États participant à la conférence d'Helsinki, aussi différents, aussi désagréables que soient leurs systèmes, de développer librement leur propre système politique, leur propre système économique, social et culturel, et de le faire avec la large liberté de déterminer leurs propres lois et règlements, de décider de conclure ou non des accords internationaux, de faire partie ou non d'alliances, de rester neutre ou non. La méthode était très coopérative, malgré, je le répète, les différences. Cela me semble extrêmement significatif pour aujourd'hui. Coopérative et égale, marquée justement par le respect de la souveraineté de chacun des Etats participants, qu'ils soient amis ou non.

    Or, à la lumière de cela, ce que l'esprit d'Helsinki suggère pour aujourd'hui, c'est qu'il faut avoir une attitude de réalisme conscient pour entamer un dialogue entre différents, entre antagonistes, entre pays qui sont certes antagonistes, différents, divisés, mais qui sont proches, qui sont contigus. Et donc qu'il est tout à fait inéluctable de rétablir les conditions de la solution de problèmes très graves qui concernent tout le monde.

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  • Succès de la mobilisation pro-vie à La Valette

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    Du Times of Malta (Giulia Magri) :

    Des milliers de personnes se rassemblent à La Valette pour protester contre la réforme de la loi sur l'avortement

    Les manifestants ont défilé de Castille jusqu'au palais de justice, pour protester contre les projets du gouvernement.

    4 décembre 2022

    Des milliers de manifestants, hostiles aux amendements proposés à la loi sur l'avortement à Malte, se sont rassemblés à La Valette dimanche après-midi, répondant à l'appel des organisateurs pro-vie.

    Les militants se sont rassemblés autour d'une grande affiche d'un nouveau-né qui a été étalée dans les escaliers menant à Castille, le bureau du Premier ministre. Les manifestants ont également déployé des drapeaux maltais et des posters de nouveau-nés sur la place.

    Les officiers de police supervisant l'événement ont refusé de fournir une estimation de la taille de la foule, qui semblait se compter par milliers, remplissant la place Castille et se répandant dans les rues voisines. Les organisateurs ont déclaré qu'ils pensaient qu'environ 20 000 personnes avaient assisté à l'événement.   

    Des hommes et des femmes, jeunes et vieux, ont été vus portant des pancartes roses et blanches disant "Zomm l-abort l'barra minn Malta" (Maintenez l'avortement hors de Malte), "Ipproteġu lil uliedna" (protégez nos enfants) et "Jien m'għandix vuċi" (Je n'ai pas de voix). La foule a scandé " le għall-abort, iva għall-ħajja " (non à l'avortement, oui à la vie) en défilant de Castille à la rue de la République et vers le palais de justice. 

    La manifestation était organisée par la Life Network Foundation, en collaboration avec Doctors for Life et I See Life.  

    Participants et orateurs

    L'ancienne présidente Marie-Louise Coleiro Preca a pris la tête de la manifestation, marchant aux côtés des organisateurs derrière une bannière sur laquelle on pouvait lire "L-emenda tal-gvern iddaħħal l-abort" (L'amendement du gouvernement introduira l'avortement).

    Parmi les participants se trouvaient l'archevêque Charles Scicluna et le leader du parti nationaliste Bernard Grech, qui plus tôt dimanche a exhorté les députés travaillistes à s'élever contre les plans du gouvernement. 

    Pendant que les manifestants défilaient, des bénévoles se promenaient avec des panniers, sollicitant des dons. Un organisateur a déclaré à la foule que l'argent collecté serait utilisé pour financer leur campagne anti-avortement. 

    Diverses chansons pop ont été diffusées par un système de haut-parleurs installé pour l'événement. Parmi les morceaux choisis, on trouve " Life is Life " d'Opus et " Don't You Want Me Baby " de The Human League. 

    Les discours ont été précédés d'une minute de silence à la mémoire de Bernice Cassar, une mère de deux enfants assassinée il y a deux semaines, et de Jean-Paul Sofia, un ouvrier de 20 ans mort dans l'effondrement d'un chantier de construction samedi. 

    Coleiro Preca a déclaré à la foule qu'elle souhaitait que l'amendement proposé soit modifié pour apaiser les esprits. "Le manque de clarté de cet amendement me préoccupe, ainsi que beaucoup d'autres personnes", a-t-elle déclaré. "Il ne nous rassure pas sur le fait que l'avortement n'entrera pas dans notre pays". La question, a-t-elle dit, dépasse les clivages politiques ou religieux, et mérite une discussion sérieuse et mature. "Nous appelons le gouvernement à rencontrer des experts, des organisations civiles, à discuter avec les parties prenantes et à prendre note du document de position", a déclaré Mme Coleiro Preca, faisant référence à un document de position publié par un groupe d'universitaires et approuvé par elle-même et un ensemble d'ONG. L'ancienne présidente a également exhorté les médias à faire preuve d'"éthique" dans leurs reportages et à refléter "les droits de la mère et de l'enfant qui n'ont pas voix au chapitre".

    Dans un appel vidéo, le juge à la retraite Giovanni Bonello a déclaré que la nouvelle loi ouvrirait la porte à "l'avortement sur demande". Les femmes, les médecins et les infirmières sont déjà protégés par la loi dans sa forme actuelle, a-t-il fait valoir. "Aucune infirmière, aucun médecin, aucune femme n'a été poursuivi en justice parce que la grossesse a été interrompue pour sauvegarder la vie de la mère", a déclaré M. Bonello.

    S'exprimant au nom du groupe I See Life, Maria Formosa a déclaré qu'ils étaient là pour défendre les enfants à naître. "Avec un avortement, vous perdez toujours une vie", a-t-elle déclaré. "Nous savons qu'il y a des femmes qui souffrent de nombreux problèmes, des problèmes de santé et des problèmes sociaux, mais l'avortement n'est pas la réponse. La réponse est de fournir le bon soutien."

    Miriam Sciberras, leader de la Fondation Life Network et organisatrice de la manifestation, a conclu les discours. "A quelques jours de Noël, cet amendement a été présenté, pour tuer un bébé, sans aucune forme de discussion", a-t-elle déclaré. Les amendements présentés par le gouvernement sont remplis de mots "vagues" et "peu clairs", a-t-elle dit, et ne font aucune mention de la vie des enfants à naître. "Ce n'est pas une porte ou une fenêtre vers l'avortement, mais une route vers l'avortement", a-t-elle déclaré. "Nous sauvegardons tant de minorités, tant de lois pour protéger les animaux, l'environnement, les lois protègent les œufs de tortue- mais nous ne soutenons pas la vie dans un utérus ?". Miriam Sciberras a demandé si la loi était adoptée à la hâte par le Parlement parce qu'Andrea Prudente, une femme dont la situation difficile a incité les législateurs à rédiger les amendements, poursuit maintenant le gouvernement. 

    Elle a demandé aux députés de représenter les préoccupations de la population et a déclaré que la Fondation Life Network envisagerait d'intenter une action en justice si les amendements étaient imposés par le Parlement. Mme Sciberras a également annoncé que la Fondation organiserait une veillée le mercredi 7 décembre à 18 heures devant le Parlement. Les personnes qui y assisteront devront apporter des bougies rouges, a-t-elle précisé. 

    Pourquoi les manifestants protestent-ils ?

    Un projet de loi qui rendra l'avortement légal lorsque la vie d'une femme enceinte est en danger ou que sa santé est "gravement menacée" est actuellement en discussion au Parlement. Les amendements, annoncés pour la première fois le mois dernier, visent à libérer les médecins et les femmes enceintes de la menace de poursuites pénales en cas d'interruption de grossesse pour des raisons de santé. 

    Malte est le seul pays de l'UE à interdire totalement l'avortement et, en vertu du code pénal maltais, toute personne qui cherche à avorter ou aide à le faire est passible d'une peine de 18 mois à trois ans de prison.

    Le Premier ministre Robert Abela a déclaré qu'il reviendrait à chaque médecin de décider si la santé ou la vie d'une femme est "gravement menacée". 

    Alors que le gouvernement a fait valoir que les amendements sont destinés à protéger les médecins et les mères dans des cas extrêmes - et rares - les critiques affirment que la formulation des amendements est si vague qu'elle conduira à l'introduction de l'avortement dans la loi.  

    Ils affirment que le gouvernement se hâte d'adopter les changements juridiques sans débat public et craignent que la formulation des amendements ne permette d'obtenir un avortement pour des raisons futiles ou sur la base d'un diagnostic de santé mentale. 

    Outre le mouvement pro-vie, l'Église et l'opposition s'opposent à la réforme. 44 autres organisations, plus de 80 universitaires et 450 médecins s'opposent également aux changements juridiques proposés par le gouvernement.

  • "Nous sommes en voie d’apostasie accélérée"

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    De Guillaume Drago sur le site de La Nef :

    Apostasie

    Apostasie : « abandon public d’une religion, d’une doctrine, d’un parti » (Petit Larousse illustré, 1986). Cette définition, au style presque vieilli tant elle est simple et claire, dit bien ce qu’elle veut dire : apostasier, c’est se renier, dans ses convictions les plus fortes. C’est l’apostasie de l’Europe occidentale à laquelle on assiste, sans que cela ne semble émouvoir grand monde.

    Le continent européen est en voie d’apostasie généralisée. Chacun le sait, le voit et ne dit rien parce que nous nous sentons tous, en quelque sorte, responsables de celle-ci. Quelques esprits clairs le disent, avec leurs mots, leur style, leur pensée. On pense à Chantal Delsol et à sa Fin de la chrétienté (1), à Jean-Luc Marion avec sa Brève apologie pour un moment catholique (2) ou Pierre Manent dont le dernier ouvrage Pascal et la proposition chrétienne (3) est une remarquable tentative de sauvetage de ce que la civilisation occidentale et particulièrement française recèle encore de christianisme.

    Rejet général du christianisme

    Nous sommes en voie d’apostasie accélérée car tout ce qui faisait le christianisme occidental et qui « tenait » la société, comme le ciment « tient » le mur, est aujourd’hui rejeté de la façon la plus générale qui soit. Ce processus restera sans doute dans l’histoire des civilisations comme le témoignage du plus grand sabordage culturel et religieux provoqué non par des coups de boutoir extérieurs, à l’image des grandes invasions et des conversions forcées, mais par ceux-là mêmes qui en ont été les dépositaires.

    Qu’on en juge, si on veut évidemment le voir, tant la cécité de ceux qui ont sacrifié aux idoles du modernisme culturel et religieux est forte et sombre (« ils ont des yeux et ils ne voient pas, ils ont des oreilles et ils n’entendent pas », dit le Psaume).

    Lire la suite sur le site de La Nef

    (1) Chantal Delsol, La fin de la chrétienté. L’inversion normative et le nouvel âge, Cerf, 2021.
    (2) Jean-Luc Marion, Brève apologie pour un moment catholique, Grasset, 2017.
    (3) Pierre Manent, Pascal et la proposition chrétienne, Grasset, 2022.

  • L'état avancé de sécularisation de la plupart des sociétés européennes constitue le terrain le plus fertile pour le développement d'un climat anti-chrétien

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    De Solène Tadié sur le National Catholic Register :

    Les nouveaux visages de la persécution des chrétiens en Europe

    La France compte le plus grand nombre de crimes haineux contre les chrétiens - qui restent la communauté religieuse la plus ciblée du pays - suivie par l'Allemagne, l'Italie et la Pologne, selon un récent rapport annuel.

    30 novembre 2022

    L'Observatoire de l'intolérance et de la discrimination envers les chrétiens en Europe (OIDAC Europe) a constaté dans son dernier rapport pour l'année 2021 que la pression sociale et la censure visant les chrétiens en Europe s'intensifient et prennent différents aspects.

    Pour le président de cette organisation non gouvernementale basée à Vienne, le préjugé général contre l'engagement religieux parmi les élites européennes est responsable d'une grande partie de l'intolérance et de l'hostilité sociale croissantes dont sont victimes les chrétiens.

    Comme les années précédentes, la France enregistre le plus grand nombre de crimes de haine contre les chrétiens - qui restent la communauté religieuse la plus ciblée du pays -, suivie par l'Allemagne, l'Italie et la Pologne.

    Selon les auteurs de l'étude, qui a recensé 519 crimes de haine anti-chrétiens dans 19 pays européens, ces chiffres sont probablement largement sous-estimés en raison du nombre limité de chrétiens qui signalent les attaques dont ils sont victimes.

    Bien que le vandalisme, le vol et la profanation soient les crimes haineux documentés les plus courants, quatre personnes ont été tuées en haine de la foi et 14 ont été agressées physiquement en 2021. Les chiffres du rapport ont révélé une diminution globale du nombre de crimes haineux par rapport à 2020, ce qui contraste avec l'augmentation de l'intolérance dans la durée.

    Cette circonstance a été l'occasion pour OIDAC Europe de réaffirmer que, si les chrétiens sont confrontés à des formes plus graves de persécution pour leur foi dans d'autres parties du monde, la persécution qui a lieu en Europe, bien que plus sous-jacente et subtile - et se manifestant souvent par l'exclusion sociale, la censure ou la discrimination - ne doit pas être sous-estimée, car elle a des conséquences très profondes sur la vie quotidienne des chrétiens et sur la transmission de la foi aux générations futures.

    Le cardinal africain Robert Sarah, préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, a souligné cette même réalité dans une interview avec EWTN News diffusée le 27 novembre.

    "Les menaces contre la liberté religieuse prennent de nombreuses formes. D'innombrables martyrs continuent de mourir pour la foi dans le monde entier", a commenté le cardinal Sarah. "Mais la liberté religieuse est également menacée en Occident".

    "Il ne s'agit pas souvent d'une menace ouverte, ou d'une haine de la foi", a-t-il ajouté, mais d'un "parti pris implicite contre le christianisme."

    Les dégâts de la sécularisation

    L'état avancé de sécularisation de la plupart des sociétés européennes constitue le terrain le plus fertile pour le développement d'un climat anti-chrétien. Ce phénomène, qui se distingue de la séparation formelle entre l'État et l'Église, a pour effet d'éliminer la religion de toutes les autres sphères de la société, la reléguant exclusivement à la sphère privée.

    "De plus en plus souvent, le principe de séparation entre l'Église et l'État est compris à tort comme exigeant une séparation entre la foi et la politique, de sorte qu'il est de moins en moins acceptable de fonder ses positions politiques sur des convictions religieuses", écrit dans le rapport Dennis Petri, expert dans le domaine de la liberté religieuse.

    M. Petri était également l'un des principaux experts du rapport de juin 2022 sur le phénomène croissant de l'autocensure dans le monde chrétien. Ce rapport a été produit par un certain nombre d'organisations chrétiennes internationales, dont l'OIDAC.

    Ce rapport a montré que la montée de l'intolérance laïque avait pour effet de générer un "effet de refroidissement", qui poussait de nombreux chrétiens à s'abstenir d'exprimer leurs opinions et leurs croyances en public. Outre la pression sociale, les actions en justice engagées contre les chrétiens pour limiter leur liberté d'expression ont un impact délétère sur la liberté de religion ainsi que sur la propagation et le maintien de la foi.

    Parmi les 2021 affaires les plus médiatisées figure celle de la députée et ancienne ministre finlandaise Päivi Räsänen, une chrétienne autoproclamée qui a fait l'objet de poursuites pénales pour avoir publiquement remis en question le soutien officiel de l'Église luthérienne de son pays à l'événement "Pride 2019", citant la Bible à l'appui de sa position. Selon les auteurs du rapport de l'OIDAC, des cas comme celui de Räsänen "envoient un message effrayant aux chrétiens, laissant entendre que l'expression de leurs opinions s'accompagne d'un risque d'exclusion sociale, de préjudice professionnel, voire de poursuites judiciaires."

    Commentant les conclusions du dernier rapport dans une interview accordée au Register, Martin Kugler, chef de l'OIDAC, a averti que les nouvelles lois sur les discours de haine dans les pays occidentaux génèrent une tendance dangereuse selon laquelle "certains groupes peuvent accuser les chrétiens de discours de haine pour avoir partagé leurs croyances sur le mariage et la famille ou l'identité sexuelle selon l'éthique chrétienne."

    "Certaines de ces lois sont rédigées et interprétées de manière si large qu'elles sont facilement utilisées pour criminaliser les chrétiens", a-t-il ajouté.

    Normalisation de l'intolérance

    M. Kugler a ajouté que les milliers de cas graves ou très médiatisés de crimes de haine documentés dans leurs rapports au cours des dernières années confirment que le phénomène croissant du sécularisme radical est à la base d'une "intolérance séculaire" écrasante, qui se manifeste à la fois "dans les lois discriminatoires ou problématiques pour la liberté de religion, ainsi que dans le climat hostile envers les chrétiens dans les différentes sphères sociales."

    Notant l'interconnexion entre le climat social et les lois et décisions juridiques, il a fait valoir que les lois visant la liberté d'expression ou la liberté religieuse tendent à "normaliser" l'idée que les opinions chrétiennes ne sont plus acceptables dans la société, et que l'indifférence de diverses classes politiques européennes à l'égard de la persécution des chrétiens renforce un préjugé anti-chrétien dans l'opinion publique, donnant lieu à une intolérance séculaire encore plus grande.

    Kugler observe que, paradoxalement, cette intolérance laïque à l'égard des chrétiens s'accompagne d'une réticence généralisée à condamner le fanatisme religieux et les violences commises par les musulmans en Europe.

    "Il y a un étrange aveuglement face aux dangers réels et, en même temps, une réticence à voir les menaces qui pèsent sur la liberté religieuse et les autres droits de l'homme lorsqu'elles touchent les chrétiens", a-t-il déclaré.

    "Nous avons analysé un préjugé général spécifiquement contre l'engagement religieux chrétien parmi les élites européennes et encore plus si cet engagement chrétien est critique à l'égard des développements sociétaux dans le monde occidental", a-t-il poursuivi, notant que c'est particulièrement le cas lorsque la discussion touche des questions telles que le mariage et la famille, l'idéologie du genre, l'avortement, la dignité humaine dans la biotechnologie, la liberté d'expression et l'éducation.

    Kugler conclut : "une intolérance radicale se répand en Occident, notamment parmi de nombreux médias libéraux et de gauche - toujours 'au nom de la tolérance'."

    Solène Tadié Solène Tadié est la correspondante pour l'Europe du National Catholic Register. Elle est franco-suisse et a grandi à Paris. Après avoir obtenu une licence en journalisme à l'université Roma III, elle a commencé à faire des reportages sur Rome et le Vatican pour Aleteia. Elle a rejoint L'Osservatore Romano en 2015, où elle a successivement travaillé pour la section française et les pages culturelles du quotidien italien. Elle a également collaboré avec plusieurs médias catholiques francophones. Solène est titulaire d'une licence en philosophie de l'Université pontificale Saint-Thomas d'Aquin, et a récemment traduit en français (pour les Éditions Salvator) Défendre le marché libre : The Moral Case for a Free Economy du Père Robert Sirico de l'Acton Institute.

    Lire également : Norwegian bishop: Catholic life leads ‘to persecution to some degree in this fallen world’

  • Une vague abortiste déferle sur l'Europe

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    De Luca Volontè sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    DE L'ESPAGNE À MALTE

    La vague d'avortement menace l'Europe

    30-11-2022

    Il y a la "liste noire" des médecins objecteurs dans un nouveau projet de loi espagnol, la constitutionnalisation possible de l'avortement en France et celle (ratée) au Royaume-Uni. Et encore : la poussée radicale en Hollande et la pression de l'Union européenne sur la Pologne et Malte pour libéraliser le meurtre des enfants à naître.

    L'odeur nauséabonde de l'avortement se répand dans toute l'Europe. En Espagne, en France, à Malte, aux Pays-Bas, en Pologne et au Royaume-Uni, la pression s'accentue pour légaliser le meurtre de la personne conçue in utero.

    La nouvelle loi espagnole sur l'avortement est presque prête, après que la Commission pour l'égalité du Congrès a approuvé le rapport sur le texte adopté (22 voix en faveur de Psoe, Unidas Podemos et alliés ; 15 membres de Pp, Vox et Ciudadanos contre). Maintenant, la soi-disant " loi organique sur la santé sexuelle et reproductive et l'interruption volontaire de grossesse ", promue par la leader incontestée de Podemos et ministre de l'égalité Irene Montero, devra être soumise à la plénière pour approbation finale, puis sera envoyée au Sénat pour approbation finale avant d'entrer en vigueur. Il ne devrait pas y avoir de surprise, étant donné une large majorité.

    Le projet de loi espagnol comporte trois nouveautés inquiétantes : les médecins objecteurs seront obligés de s'inscrire sur une liste publique et nationale, une sorte de "liste noire" qui a déjà été contestée par l'Agence nationale de protection des données ; les médecins objecteurs n'auront pas le droit de participer aux comités cliniques de leurs hôpitaux qui décideront des avortements pour raisons "médicales" (c'est-à-dire les avortements jusqu'à la 22e semaine de gestation ou même au-delà, à condition que le fœtus souffre d'"anomalies incompatibles avec la vie" ou d'une "maladie extrêmement grave et incurable"). La raison ? Les médecins objecteurs ne sont pas impartiaux.... Enfin, la loi permettra aux jeunes filles de 16 et 17 ans d'interrompre leur grossesse sans avoir à obtenir l'autorisation de leurs parents, sans modifier les délais (avortement gratuit jusqu'à la 22e semaine de gestation).

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  • Le 27 novembre 1095 : l'appel lancé pour porter secours aux chrétiens d'Orient et aux pèlerins

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    Du site "Pour une école libre au Québec" :

    27 novembre 1095 — Appel lancé pour porter secours aux chrétiens d'Orient et aux pèlerins

    C’était il y a près de mille ans. À la fin du XIe siècle, le royaume de France était en petite forme. Il ne représentait pas plus de deux ou trois fois l’actuelle région d’Île-de-France ; le domaine royal était bordé par Compiègne au nord, Orléans au sud, Dreux à l’ouest. Les Capétiens régnaient, mais, dit Jacques Bainville qui est indulgent, ce sont des « règnes sans éclat ». Qui se souvient de ces rois-là, les premiers héritiers du fondateur de la dynastie, Robert le Pieux, Henri Ier, Philippe Ier ? C’est à l’extérieur du royaume que les choses se passent. Chez les Normands en particulier : le duc de Normandie, Guillaume le Conquérant, a mis la main sur l’Angleterre (victoire de Hastings, en 1066, illustrée par la tapisserie de Bayeux), et ce sont aussi des Normands qui sont allés délivrer, à leur demande, les populations catholiques de l’Italie méridionale des expéditions sarrasines.

    « Les malheurs des pèlerins »

    Car c’est un temps de pèlerinages. Des foules de pèlerins chrétiens se déplacent en longues colonnes vers Rome ou Saint-Jacques-de-Compostelle, au nord de l’Espagne, venant manifester leur soutien aux dernières victoires de la Reconquista sur l’islam, après des siècles de conquêtes et de conversions musulmanes induites par des vexations et une forte taxation. Mais c’est le pèlerinage de Jérusalem, par terre et par mer, qui attire les fidèles les plus nombreux et les plus ardents, à partir des sols européens, notamment français. « Il crée une vie neuve, il marque la crise décisive où le vieil homme se dépouille », notent les chroniqueurs de l’époque.

    Ces mouvements de population de l’Occident vers les Lieux saints d’Orient créent des routes, des escales, des dispensaires ; ils développent des échanges de toute nature. Arrivés sur place, les pèlerins rencontrent d’autres chrétiens, d’ancienne tradition qui constitue encore une grande partie de la Syrie et de la Palestine, peut-être encore la majorité des habitants, mais aussi des musulmans. Les communautés prospèrent dans des quartiers séparés. Jusqu’à l’arrivée des Turcs seldjoukides. Les anciens « maîtres tolérants et policés venus d’Égypte font place à des fanatiques durs et tracassiers ». La conquête de Jérusalem par ces Turcs s’accompagne de la persécution et du massacre des chrétiens. Les pèlerins rentrent chez eux effrayés. La nouvelle enflamme la fin de ce XIe siècle. Les Seldjoukides se sont emparés de l’Arménie si lointainement chrétienne, de Smyrne, de Nicée, près de Constantinople.

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  • Vieillissement historique de la population espagnole

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    Du site "Pour une école libre au Québec" :

    Chute de la natalité et hausse du vieillissement historiques en Espagne

    21 novembre 2022

    La natalité en Espagne préoccupe. Le nombre de naissances recensées n’a jamais été aussi bas depuis 1941.


    C’est désormais un fait : en Espagne il y a davantage de personnes qui meurent que de nouvelles naissances. Un déséquilibre continu qui préoccupe l’équilibre du pays : les spécialistes estiment que durant les 50 prochaines années, la population (autochtone) sera de plus en plus faible.

    113 364 décès de plus que de naissances en 2021

    Selon les chiffres de l’Institut national espagnol de statistiques (INE), le taux de natalité espagnol ne cesse de baisser depuis 2010, avec une chute plus importante à partir de 2015. 

    En effet, depuis 2015, le pays subit une perte progressive de population causée par un taux de natalité de plus en plus bas et une mortalité plus élevée. Une tendance qui a été aggravée par la pandémie de Covid.  Les dernières statistiques de l’INE avec des données de 2021 révèlent une certaine baisse du nombre de décès, qui a diminué de 8,7 % par rapport à l’année précédente, même si, avec 450 744 décès, ce chiffre se place au second rang du nombre de décès depuis que l’Institut de la Statistique enregistre ce nombre. Les décès ont dépassé les naissances de 113 364. Le  taux de fécondité en Espagne est de 1,19 enfant/femme. Le taux de remplacement de la population est généralement établi à 2,1 enfants/femme.

    Nombre de naissances depuis 1941 (la population de l’Espagne était alors de 26 millions de personnes, en 2021 elle était de 47,4 millions)

    Une génération sans enfants

    Les naissances sont inégalement réparties sur le territoire : les zones les plus rurales et moins habitées recensent peu de naissances, et il y a en revanche davantage de nouveau-nés le long du littoral méditerranéen.

    Deux principales raisons expliquent le phénomène. Il y a d’une part une baisse de la volonté d’avoir des enfants pour toute une génération : de nombreux Espagnols autour de la trentaine expliquent ne pas ressentir le besoin de devenir parents ; ils préfèrent leur carrière professionnelle, mais se disent aussi satisfaits de leur vie sociale sans enfants. L’État providence rassure et éloigne le spectre d’une vieillesse sans descendance. D’autre part, ceux qui souhaiteraient avoir des enfants deviennent parents de plus en plus tard, ou jamais, à cause du contexte économique du pays : les projets de grossesse sont reportés pour des raisons financières, par peur de l’avenir, de l’instabilité et du manque de perspectives professionnelles.

    Un problème d’équilibre national

    Les données de l’INE font état de 337 380 naissances l’année dernière, soit 1,15 % de moins que l’année 2020. Il s’agit du chiffre le plus bas depuis qu’il existe des registres de la natalité dans le pays. La baisse de la natalité et les progrès de la médecine transforment la population espagnole en une population vieillissante, pour laquelle des problèmes de pensions sont à venir. Le système de retraite espagnol va devoir affronter un souci de taille : plus de 30 % de la population appartient à la génération dite du baby-boom. Ces travailleurs seront tous à la retraite d’ici moins de vingt ans. Or, la génération qui devra permettre de payer leurs pensions de retraite est celle dite des millénariaux, qui représentent tout juste 16 % de la population, deux fois moins nombreuse donc.

    Pour le gouvernement de gauche espagnol, il s’agit d’un « problème arithmétique à résoudre » pour les prochaines décennies. Le ministre de la Sécurité sociale José Luis Escrivá a expliqué que la prochaine génération, qui sera moindre, « va obliger à renforcer le système de retraite durant les vingt prochaines années ». Les experts estiment que le déséquilibre le plus important sera atteint en 2050, puis la situation devrait s’adoucir avec des coûts qu’il sera à nouveau possible d’assumer une fois la génération nombreuse des baby-boomers disparue. Plusieurs solutions sont à l’étude pour pouvoir passer ces deux décennies compliquées, notamment des modifications du système de calcul des retraites, l’augmentation des bases de cotisation, et la promotion de la retraite partielle ou de la « retraite active », entre autres.

    Taux de vieillissement en forte hausse

    Les chiffres du vieillissement de la population espagnole sont une année de plus étonnamment élevés. Selon les dernières données de l’Institut national de la statistique INE, l’Espagne a enregistré en 2022 un nouveau taux de vieillissement maximal de 133,5 %, autrement dit on compte 133 personnes âgées de plus de 64 ans pour 100 personnes de moins de 16 ans.

    Évolution de l’indice de vieillissement de l’Espagne de 1999 (en bas) à 2022 (en haut)  
    Ce chiffre représente la plus forte croissance depuis 1999, soit 4,4 points de pourcentage, compte tenu du fait que l’année dernière, il était de 129,1 %. En d’autres termes, l’Espagne n’a pas autant vieilli en 23 ans.
     
    Nationalité des mères
     
    En 2020, 262 982 (77,5 %) bébés sont nés de mères de nationalité espagnole (y compris les immigrés naturalisés), 25 861 (7,6 %) de mères de nationalité africaine (y compris l'Afrique du Nord), 23 395 (6,9 %) de mères de nationalité américaine ( Amérique du Nord et du Sud), 20 089 (5,9 %) aux mères de nationalité européenne (pays européens et non membres de l'UE) et 6 751 (2,0 %) aux mères de nationalité asiatique.

    Sources : INE, El Mundo, El Diario

    Voir aussi :

    Espagne : la natalité à son plus bas niveau

    En Espagne, la natalité baisse, le nombre d’écoles aussi

    La guerre d’Espagne sans légendes 

  • Le lobby international de l’avortement vient d’essuyer une défaite importante devant la Cour européenne des droits de l’homme

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    De Nicolas Bauer sur le site de l'European centre for Law & Justice :

    Titre

    Madame, Monsieur,

    Le lobby international de l’avortement vient d’essuyer une défaite importante devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) dans l’affaire B.B. c. Pologne. Dans cette affaire, l’ECLJ faisait face aux principaux lobbys de l’avortement : le Center for Reproductive Rights, la Federation for Woman and Family Planning et la Helsinki Foundation for Human Rights. Ce lobby s’attaquait aux restrictions à l’avortement en Pologne et au droit à l’objection de conscience, après qu’un médecin a refusé, en 2014, de pratiquer l’avortement après 24 semaines de grossesse sur un enfant à naître handicapé. Il s’agit d’un cas de «contentieux stratégique», monté de toutes pièces, instrumentalisant la souffrance d’une femme, demandant réparation pour avoir été forcée de donner naissance à un enfant handicapé.

    Malgré la puissance et les efforts de ces lobbys, c’est l’argument juridique de l’ECLJ et du gouvernement polonais, résumé au §41 de la décision de la Cour, qui a prévalu. L’ECLJ avait en effet démontré que la requérante n’avait plus la qualité de «victime» pour se plaindre auprès de la CEDH, car elle avait déjà conclu un règlement amiable avec l’hôpital en cause, et bénéficié d’une importante indemnité. En conséquence, la CEDH a déclaré la requête irrecevable à l’unanimité. Cette décision s’imposait.

    En annexe de ses observations écrites, l’ECLJ avait aussi remis à la Cour le témoignage exclusif du médecin en cause, en anglais. Humilié pendant des années, il doit aujourd’hui être heureux d’une décision juste de la CEDH.

    Le vrai visage de ce lobby, dévoilé à l’occasion de cette affaire

    Le lobby pro-avortement a une nouvelle fois dévoilé son vrai visage à l’occasion de cette affaire, en particulier son eugénisme. Le premier avocat de la requérante a dû être remplacé après qu’il eut été condamné pour crime organisé impliquant une extorsion de fonds à 248 personnes handicapées. Quant au nouvel avocat, il contesta le mémoire de l’ECLJ, nous accusant de développer des «arguments religieux extrémistes». Ce lobby a poussé la requérante à traiter son enfant de «monstre» dans les médias, et s’est acharné contre son médecin. Celui-ci a été traité publiquement par la gauche polonaise «d’incarnation de Satan», de personne «possédée», de «dégénéré» et de «personne sans conscience». Il a perdu son poste de directeur d’hôpital à cause de cette affaire.

    Finalement, en 2020, le Tribunal constitutionnel de Pologne a déclaré l’avortement eugénique contraire à la dignité humaine garantie dans la Constitution et l’a, en conséquence, interdit.

    La question de l’impartialité du Greffe de la CEDH

    Cette affaire a soulevé, incidemment, une autre question importante, relative cette-fois ci au fonctionnement interne de la Cour. En effet, plusieurs juristes polonais membres du Greffe de la CEDH – susceptibles de traiter cette affaire – ont pris publiquement position en faveur de l’avortement. C’est le cas notamment de Katarzyna Szwed, membre d’une «Brigade révolutionnaire féministe» polonaise et porte-parole de manifestations polonaises pour l’avortement. Depuis son départ de la CEDH, elle travaille pour «Abortion Without Borders». L’ECLJ a dénoncé le manque d’impartialité de ces fonctionnaires de la Cour européenne. C’est une question importante, aggravée par l’opacité du greffe de la Cour, dont la liste des membres n'est pas rendue publique, à la différence de la Cour de justice de l’Union européenne ou la Cour interaméricaine des droits de l’homme.

    Cette défaite du lobby de l’avortement est importante, mais il poursuit sa «guerre» contre la protection de la vie humaine, en particulier contre la Pologne qui fait l’objet d’un véritable acharnement à la CEDH. D’autres «batailles» et jugements sont à venir. Vous pouvez en savoir plus sur ce sujet dans notre section dédiée.

    Pour soutenir notre combat et obtenir d’autres victoires pro-vie, soutenez-nous en partageant cette pétition : 

    Pour la protection de toute vie humaine

  • Le Dieu Pan est de retour. Rites, morale et doctrine de la nouvelle religion de la nature

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    Le Dieu Pan est de retour. Rites, morale et doctrine de la nouvelle religion de la nature

    Que l’Église catholique subisse, voire soutienne l’avènement d’une nouvelle religion de la nature, avec comme symbole le dieu Pan, n’a rien d’une théorie bizarre. C’est au contraire la thèse, soutenue par des arguments convaincants, de la philosophe française Chantal Delsol dans son dernier essai : « La fin de la Chrétienté », disponible depuis quelques jours en librairie y compris en Italie, aux éditions Cantagalli.

    Delsol ne craint pas une islamisation de l’Europe. Les musulmans européens eux-mêmes sont chamboulés par le changement culturel en cours. « Certainement – écrit-elle dans ‘Le Figaro’ où elle est éditorialiste – les fondements du judéo-christianisme se sont effondrés. Le premier étant la foi en l’existence de la vérité, qui nous vient des Grecs. Puis l’idée du temps linéaire, qui historiquement nous a donné l’idée du progrès, c’est pourquoi on revient au temps cyclique avec l’annonce de catastrophes apocalyptiques. Enfin, c’est la foi dans la dignité substantielle de l’être humain qui est effacée pour faire place à une dignité conférée depuis l’extérieur, sociale et non plus substantielle, comme c’était le cas avant le christianisme. »

    La religion qui émerge est une nouvelle forme de paganisme, avec la nature au centre, sacralisée. Dans le bref extrait de son livre que nous reproduisons ci-dessous, Delsol explique cette mutation, qui n’a plus l’Église mais l’État comme officiant. Les seuls qui pourront encore conserver ce qui reste de la véritable foi chrétienne ne pourront être que des minorités, espérons-le créatives, faites de témoins, d’« agents secrets » de Dieu.

    Delsol n’est pas la seule voix qui s’élève en France pour analyser la mutation culturelle qui traverse et bouleverse le christianisme aujourd’hui. Il est surprenant que dans un pays dans lequel les baptisés ne représentent déjà plus que moins de la moitié de la population et où la pratique catholique s’est effondrée, il y ait un intérêt à ce point extraordinaire pour de telles questions chez des intellectuels et des écrivains, y compris non-croyants.

    Fin octobre dernier, « Le Figaro » organisait à Paris un dialogue de haut vol entre le philosophe catholique Pierre Manent et l’écrivain Alain Finkielkraut, membre de l’Académie française, republié dans son intégralité en Italie par le journal « Il Foglio » du 2 novembre sous le titre : « È morto il tuo Dio, Europa ? Una religione civile ha soppiantato di Dio di Pascal ». Dans ce dialogue, les deux érudits s’accordent avec Delsol pour situer la mutation actuelle du christianisme dans une religion simplement naturelle, humanitaire, dont l’Église s’est rendue complice par sa reddition.

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  • Les garde-fous ne peuvent pas rendre l'euthanasie sûre

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    De Robert Clarke sur First Things :

    LES "GARDE-FOUS" NE PEUVENT PAS RENDRE L'EUTHANASIE SÛRE

    11 . 14 . 22

    Le 4 octobre, la Cour européenne des droits de l'homme a jugé que la Belgique avait violé le droit à la vie avec l'euthanasie de Mme Godelieva de Troyer en 2012. Bien que l'arrêt n'ait pas condamné la loi belge sur l'euthanasie dans son ensemble, il a conclu que la Belgique a commis une violation du droit à la vie dans le cas de Mme de Troyer. Cette décision devrait obliger la Belgique à réformer son régime d'euthanasie et offre une occasion unique de lutter contre le culte du meurtre sanctionné par l'État qui se répand dans le monde occidental.

    Mme De Troyer a été tuée par injection létale en 2012, à l'âge de 64 ans. Elle était en bonne santé physique, mais souffrait d'une grave dépression. Les médecins ont conclu que, comme elle avait été diagnostiquée comme "incurable", elle remplissait les conditions requises pour être euthanasiée en vertu de la loi belge. Son fils, Tom Mortier, n'a appris son décès que lorsque l'hôpital l'a appelé pour lui demander de récupérer ses affaires. Bien que Tom Mortier ait été jusqu'alors indifférent au débat sur l'euthanasie, l'euthanasie de sa mère l'a incité à saisir la plus haute juridiction européenne des droits de l'homme. J'ai eu l'honneur de le représenter, en apportant deux arguments principaux : 1) contre la loi belge sur l'euthanasie et 2) contre la loi telle qu'elle a été appliquée dans le cas de M. de Troyer.

    Dix ans plus tard, la Cour a rendu son arrêt. Elle n'a pas trouvé de problème avec le cadre belge de l'euthanasie (et a affirmé que l'euthanasie ne viole pas nécessairement l'article 2 de la Convention européenne des droits de l'homme, qui concerne le droit à la vie). En revanche, elle a constaté une violation du droit à la vie dans la manière dont la Belgique a traité l'euthanasie de M. de Troyer. La Cour a estimé que, dans ce cas, la convention avait été violée parce que l'organisme belge créé pour réglementer et examiner les cas d'euthanasie - la Commission fédérale de contrôle et d'évaluation de l'euthanasie - "manquait d'indépendance".

    Le médecin qui a administré l'injection à de Troyer - l'un des principaux partisans de l'euthanasie en Belgique - dirige également la Commission fédérale. Compte tenu de ce conflit d'intérêts, la Cour a estimé à l'unanimité qu'il y a eu "violation de l'article 2 de la Convention en raison des déficiences dans la supervision post-mortem de l'euthanasie pratiquée".

    Selon la Cour, les gouvernements ont une obligation procédurale positive de respecter le droit à la vie, ce qui implique de mener une enquête lorsqu'une personne perd la vie dans des circonstances suspectes. Étant donné que Mme de Troyer a été euthanasiée sur la base d'un "trouble de la personnalité et de l'humeur", comme indiqué dans l'arrêt, et qu'elle "ne croyait plus à la guérison ou au traitement", les circonstances de sa mort étaient intrinsèquement suspectes. Le médecin dans cette affaire (et beaucoup d'autres) est apparemment resté assis en silence dans la pièce pendant que les autres membres de la commission déterminaient si sa conduite devait faire l'objet d'une enquête et, éventuellement, de poursuites. Sous son œil attentif, la commission n'a, sans surprise, procédé à aucun renvoi. En fait, sur les plus de 20 000 cas que la commission a examinés, elle n'en a renvoyé qu'un seul pour enquête complémentaire.

    Si la Cour a eu raison de condamner le traitement du cas de M. de Troyer, il était illogique de ne pas condamner également la loi belge sur l'euthanasie dans son ensemble. Au lieu de cela, la Cour a estimé que le droit à la vie garanti par l'article 2 n'interdit pas l'euthanasie légale, pour autant que des "garanties" suffisantes soient assurées. Ironiquement, les " garanties " de la Belgique - la Commission fédérale et la possibilité concomitante de poursuites - ont entraîné la violation dans le cas de M. de Troyer. Mais comme la Cour a maintenu que les États disposent d'une large "marge d'appréciation" pour déterminer l'"équilibre" entre le droit à la vie et la mort par choix, elle a estimé que le cadre juridique belge ne violait pas le droit à la vie.

    Malgré l'incohérence de sa décision, le fait que la Cour ait conclu à une violation des droits de l'homme révèle des fissures dans la façade élaborée des "garanties" de l'euthanasie. L'euthanasie est sûre. L'euthanasie est rare. L'euthanasie est indolore. Ce sont les mensonges sur lesquels repose l'édifice de l'euthanasie. La décision de la Cour démontre qu'aucune " garantie " ne peut rendre l'euthanasie sûre. Ce qui s'est passé en Belgique depuis la légalisation de l'euthanasie il y a vingt ans le montre clairement.

    Au cours des deux dernières décennies, près de 30 000 Belges ont été euthanasiés. Près de vingt pour cent des décès par euthanasie l'année dernière étaient des personnes dont on ne s'attendait pas à ce qu'elles meurent bientôt naturellement. Depuis 2014, il est légal d'euthanasier des enfants. La Belgique a jugé qu'un nombre croissant d'affections non physiques et non graves pouvaient donner lieu à une euthanasie. En outre, le processus d'évaluation de la conformité reste intrinsèquement corrompu, étant donné la nature auto-sélective de la machine de mort : Aucun médecin véritablement attaché au serment d'Hippocrate n'est prêt à y participer.

    Les défenseurs de la vie ont raison de demander : que se passe-t-il maintenant ? La Belgique a reçu un blâme clair de la Cour pour ses abus en matière d'euthanasie, mais le cadre juridique reste incontesté. Si elle veut réagir sérieusement, le pays doit remanier ses mécanismes d'examen, en supprimant la commission militante et en faisant intervenir des voix dissidentes. Bien que cela soit loin d'être suffisant, cela pourrait au moins permettre d'exposer l'immense corruption qui imprègne le système de la mort sponsorisée par l'État. Le problème est qu'il est peu probable que de véritables dissidents siègent au sein d'une commission créée pour approuver - après coup - l'interruption intentionnelle de la vie dans des conditions subjectives.

    Il existe une pente glissante évidente entre l'approbation de l'euthanasie dans de rares cas terminaux et l'approbation de n'importe quel diagnostic de santé mentale. Shanti de Corte, 23 ans, a récemment été euthanasiée en raison du traumatisme mental qu'elle a subi lors de l'attaque terroriste de l'aéroport de Bruxelles en 2016, après laquelle elle ne s'est "jamais sentie en sécurité." Sa mort signale l'échec de notre société à soutenir les personnes vulnérables et blessées. Nous avons abandonné les soins authentiques et la compassion au profit de la mort.

    Aujourd'hui, un mouvement se développe au Canada pour étendre l'euthanasie aux nourrissons qui souffrent de "malformations graves". L'infanticide légal est la prochaine étape macabre d'une vision du monde qui rejette l'imparfait et le non désiré, et qui considère la mort comme la meilleure réponse que nous pouvons offrir à la douleur, à la souffrance ou à la solitude. L'idéologie de l'euthanasie ne contient aucun principe limitatif.

    Alors que les attaques contre la vie deviennent de plus en plus flagrantes, rejetons avec audace ce meurtre commis au nom de la médecine et de la compassion. La Cour européenne des droits de l'homme nous a donné l'occasion de contester les mensonges qui étayent l'agenda de l'euthanasie. Il incombe aux défenseurs des droits de l'homme du monde entier de mettre en lumière la sombre réalité de cette pratique.

    Robert Clarke est avocat et directeur adjoint de l'ADF International.

  • 500 crimes de haine antichrétienne recensés en Europe en 2021

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    Le taux élevé de crimes de haine et l'intolérance séculaire croissante ont un effet paralysant sur la liberté religieuse des chrétiens.

    Le rapport annuel de l'OIDAC Europe donne un aperçu de plus de 500 crimes de haine anti-chrétiens à l'échelle européenne, du phénomène d'autocensure, de l'augmentation des stéréotypes négatifs dans les médias et des réglementations Covid-19 disproportionnées pour les églises, entre autres développements affectant la liberté de religion. 

    Vienne, le 14 novembre 2022. Le nouveau rapport de l'Observatoire de l'intolérance et de la discrimination envers les chrétiens en Europe (OIDAC) publié à Vienne deux jours avant la Journée internationale de la tolérance (16 nov.) se concentre sur trois développements principaux de l'intolérance envers les chrétiens dans les pays européens : Les crimes de haine anti-chrétiens, l'autocensure et les stéréotypes et traitements négatifs des chrétiens dans les médias. Le rapport aborde également d'autres formes de discrimination par la législation et le manque de compétence des autorités lorsqu'elles traitent des cas impliquant la religion et la liberté religieuse.

    Le rapport d'OIDAC Europe résume toutes les conclusions et les recherches effectuées entre le 1er janvier et le 31 décembre 2021. Le rapport met en évidence les faits clés concernant les plus de 500 cas de crimes de haine anti-chrétiens qui ont été signalés l'année dernière. Comme les années précédentes, ces données sur les crimes de haine contribuent également au rapport annuel de l'OSCE sur les crimes de haine. Le rapport de l'OSCE sera publié le 16 novembre, journée internationale de la tolérance.

    Deux experts de la liberté de religion, Janet Epp Buckingham et Todd Huizinga, y sont présentés avec des commentaires sur l'importance de la liberté de religion et le problème de l'intolérance séculaire qui menace cette même liberté fondamentale. Le rapport comprend également une interview exclusive de l'homme politique finlandais et ancien ministre de l'intérieur Päivi Räsänen, qui est poursuivi pour avoir exprimé publiquement ses convictions chrétiennes.


    Todd Huizinga, chargé de mission au Religious Freedom Institute de Washington DC, analyse comment le relativisme, censé garantir la diversité en Occident, s'est transformé en un "dogme absolutiste" peu tolérant à l'égard des opinions religieuses. Il écrit : "Maintenant que le relativisme est la vision du monde qui règne en Occident, il a développé son propre dogme rigide et absolutiste, un dogme qui, au nom de la fausse tolérance, ne tolère aucune opposition." Il cite le théologien Andrew T. Walker, qui affirme que "si les humains ne sont pas libres de parvenir à leurs propres conclusions religieuses par la voie de la raison et de la conscience, ils sont dépourvus de l'agence morale essentielle à une vie authentique". Huizinga conclut : "C'est la mission de l'Observatoire. Et elle est cruciale. Notre humanité exige une action morale libre. Le cœur de notre agence morale est la liberté religieuse".

    Le Dr Janet Epp-Buckingham, professeur associé à la Trinity Western University d'Ottawa, présente l'intolérance laïque comme une forme de pression sociale : "Ce qui a évolué dans ces pays, ce n'est plus la neutralité envers toutes les religions, mais le développement d'une hostilité envers la religion. Cela se manifeste dans les actions des gouvernements, des tribunaux et de la société en général. C'est la pression sociale qui affecte le plus les gens au quotidien. Lorsque les gens craignent de se voir refuser une promotion au travail si l'on sait qu'ils sont chrétiens, cela les incite fortement à cacher leur religion."
    Parmi les conclusions du rapport, l'OIDAC souligne que 4 chrétiens ont été assassinés en Europe, et que 14 agressions physiques ont été enregistrées. L'OIDAC a compilé un nombre alarmant de stéréotypes négatifs, d'apologies de la violence ou d'insultes directes à l'encontre des chrétiens ou des confessions chrétiennes proférées par des personnalités publiques, voire des hommes politiques ou des journalistes dans des médias à fort impact. Par exemple, un chanteur a été qualifié de handicapé mental parce qu'il était chrétien. Dans des articles journalistiques, le christianisme a été décrit comme une "idéologie dangereuse" et les croyants ont été traités de "fanatiques religieux stupides". De plus, un politicien espagnol a décrit une procession catholique comme un événement "taliban" et un autre politicien a commenté que les 7000 catholiques assassinés pendant la guerre civile espagnole "auraient dû être plus nombreux". En outre, des rapports sur la violence ou la discrimination à l'encontre des chrétiens ont été ignorés ou annulés par les médias. Le rapport conclut : "Ces exemples suggèrent une tendance inquiétante, selon laquelle la société semble indifférente aux discours désobligeants et aux représentations erronées à l'encontre des chrétiens, notamment par rapport à d'autres groupes religieux ou identitaires."

    La directrice exécutive d'OIDAC Europe, Madeleine Enzlberger, explique l'objectif de ce document de 80 pages : "A l'OIDAC, nous cherchons à analyser les sources de l'intolérance et de la discrimination à l'égard des chrétiens, à détecter les moteurs de l'intolérance dans notre société. Notre travail vise à apporter des réponses globales, c'est pourquoi nous documentons aussi bien les signes d'intolérance sociale que les législations problématiques au niveau national ou international. Les divisions entre les chrétiens et les groupes laïques sont souvent perpétuées et approfondies par les médias et la politique. La tolérance et le respect devraient être appliqués et garantis de manière égale pour tous les groupes de la société, c'est pourquoi nous soulignons l'importance de la liberté de religion, non seulement pour les chrétiens du monde entier mais aussi pour les non-croyants."

    Dans l'aperçu juridique du rapport, cinq droits de l'homme fondamentaux sont examinés en considérant la législation proposée ou mise en œuvre qui entre en conflit avec eux. La liberté d'expression et de réunion est de plus en plus limitée par les lois sur les discours de haine et les zones tampons autour des cliniques d'avortement. La formulation large de ces lois peut criminaliser les conversations privées, la prière et d'autres activités pacifiques. La liberté de conscience est remise en cause par les lois sur l'avortement ou l'euthanasie qui retirent le droit à l'objection de conscience pour ces pratiques. De même, les droits parentaux sont entrés en conflit avec certaines lois sur les LGBTQ+ et l'avortement, qui donnent aux mineurs l'autonomie de décider de se faire avorter ou de changer de sexe sans l'avis des parents. Enfin, les limitations disproportionnées de la liberté religieuse pendant la pandémie de Covid-19 sont également analysées et visualisées à travers un calendrier des restrictions.
     
    Le rapport présente les exemples les plus récents de crimes haineux parmi les 5 000 cas documentés sur le site web. Ces cas affectent la vie des chrétiens et ne sont considérés que comme la "pointe de l'iceberg". Pour améliorer la situation, l'OIDAC affirme que "les politiciens, les journalistes et autres personnalités publiques jouent également un rôle crucial dans la construction d'une société plus tolérante." Le document fournit des recommandations pour tous les niveaux de la société, comme l'amélioration du signalement des crimes de haine anti-chrétiens dans les pays européens et la facilitation de la communication entre les autorités de l'État, les organisations de la société civile et les églises.