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Eglise - Page 146

  • Le prix à payer lorsque l’Église renonce à ses traditions

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    Il y a un prix à payer lorsque l’Église renonce à ses traditions

    COMMENTAIRE : L’apparente ouverture du Vatican à renoncer à certains de ses privilèges institutionnels de longue date risque de réduire l’Église au statut d’une simple organisation laïque.

    Le 8 août, le pape François a reçu en audience Mgr José-Lluis Serrano Pentalant, évêque coadjuteur d’Urgell. Sur le papier, il s’agissait d’une simple visite à l’un des nombreux évêques nouvellement élus dans le monde. Mais cette rencontre avait quelque chose de plus intéressant. 

    L'évêque d'Urgell est, avec le président de la République française, également coprince du minuscule État d'Andorre, petite enclave entre la France et l'Espagne dans les Pyrénées. 

    Mgr Serrano, issu de la Secrétairerie d'État, est catalan, condition indispensable pour comprendre véritablement le diocèse d'Urgell et la situation particulière qui existe avec Andorre. Il est significatif qu'il prenne la tête du diocèse après seulement quelques mois d'apprentissage comme coadjuteur de Mgr Joan Enric Vives i Sicilia, qui a atteint l'âge de la retraite le 24 juillet.  

    Le contexte général est que l'Andorre a un Premier ministre ouvertement homosexuel et qu'il y a une forte pression en cours pour légaliser l'avortement. En raison de ce dernier fait, certains ont suggéré que le Saint-Siège accepte un changement dans la constitution andorrane qui permettrait à l'évêque d'Urgell de perdre son droit à être co-prince d'Andorre, car le Vatican ne veut pas participer à cette légalisation. 

    Mais le Saint-Siège doit-il vraiment renoncer à un titre honorifique pour être enfin en paix avec le monde ? Le Saint-Siège doit-il vraiment abandonner des traditions anciennes, même séculaires, pour remplir sa mission dans la société ? 

    Une telle volonté d’abandonner des droits traditionnels apparemment ésotériques n’est pas un impératif contemporain nécessaire, comme l’illustre l’exemple de la France. 

    Malgré sa laïcité bien ancrée, la République française conserve son statut de coprince et son droit traditionnel de conférer le chapeau rouge aux nouveaux cardinaux résidant sur le sol français. En outre, le président de la République française reste chanoine de la basilique Saint-Jean-de-Latran, un droit hérité de la royauté française.  

    Pourtant, l’Église catholique sous la direction du pape François préfère briser certaines traditions anciennes, les évitant lorsqu’elles peuvent paraître controversées ou les vidant de leur sens au nom du renouveau. 

    Par exemple, le pape François a modifié le protocole du Vatican pour les rencontres avec les chefs d’État, autorisant les divorcés remariés à lui rendre visite avec leur nouveau conjoint. Avant ce changement, le second conjoint était introduit plus tard et n’était pas considéré comme faisant partie de la délégation, car le pape ne peut pas reconnaître un mariage qui a rompu un vœu sacramentel et qui est toujours valable aux yeux de l’Église. Cette rupture avec la tradition s’est produite au tout début du pontificat, la première fois lorsque le président argentin de l’époque, Mauricio Macri, a rendu visite au pape François. Plus récemment, le pape a fait part de son intérêt pour un changement du rite des funérailles papales. 

    La volonté du Vatican de renoncer à ce genre de privilèges institutionnels risque de réduire l'Eglise au statut d'une simple agence séculière et peut être interprétée comme une reconnaissance du fait que les autorités du monde ont plus d'autorité que l'Eglise. On peut voir cette impression de l'Eglise se refléter dans le cas de cette Belge qui a déposé une plainte contre l'Eglise parce qu'elle lui avait refusé l'accès au diaconat et a gagné son procès, comme si l'Eglise n'était qu'un lieu de travail parmi d'autres. 

    Mais suivre cette voie compromet la capacité de l'Eglise à évangéliser efficacement, car elle ne comprend plus son rôle unique dans le monde. Cela a pour effet involontaire de renforcer encore le soutien au mouvement traditionaliste, car celui-ci conserve une meilleure perception de l'identité et de l'histoire du catholicisme. 

    Renouveler l'Eglise ne signifie pas nécessairement se débarrasser de son passé et succomber aux réalités séculières. Le grand souci, cependant, c'est que les grands hommes capables de diriger l'Eglise de cette façon se retirent les uns après les autres.  

     

    Andrea Gagliarducci est un collaborateur du Register. Il est journaliste italien pour Catholic News Agency et analyste du Vatican pour ACI Stampa. 

  • " La foi est ce qu'il y a de plus important " (cardinal Péter Erdö)

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    De Vatican News :

    Cardinal Péter Erdö: la foi est ce qu'il y a de plus important

    Dans un entretien avec Vatican News, le cardinal Péter Erdő, archevêque d'Esztergom-Budapest, évoque la dévotion populaire, son parcours personnel de foi sous le communisme, ainsi que des modèles de témoins de la foi, à l'approche des fêtes de l'Assomption et de Saint-Étienne de Hongrie (célébrée le 19 août dans le pays).

    Deborah Castellano Lubov – Cité du Vatican

    Plus de la moitié des Hongrois sont chrétiens et, après l'ère communiste, la foi des fidèles offre une graine d'espérance dans une Europe qui risque toujours plus de perdre ses racines chrétiennes.

    Dans cet entretien, le cardinal Erdö évoque Saint Étienne et les raisons de sa grande dévotion, ainsi que sa propre éducation, sa foi et sa vocation, et notamment la manière dont il s'est confié à la prière et au Seigneur, même dans les moments les plus difficiles et les plus répressifs de l'histoire. «Il est certain que la foi est venue en premier», rappelle-t-il, tout en rassurant: «Cela n'a pas été vécu de manière tragique par mes parents, mais de manière naturelle, en sachant que Dieu est suprême».

    Éminence, dans quelques jours, la Hongrie célébrera la fête de saint Étienne de Hongrie. Quels sont les principaux événements prévus? Et pourquoi cette fête est-elle si importante?

    Saint Étienne a été le premier roi chrétien du pays. Sous son règne, il y a 1 000 ans, le pays a été christianisé avec des méthodes non pas dures, mais plutôt de conviction, d'organisation. Saint Étienne représente également l'unité de l'État hongrois. C'est pourquoi les catholiques croyants ne sont pas les seuls à le respecter, tout le monde le respecte, et cette fête, est la fête nationale. Concernant le programme, chaque année, la journée commence par un acte militaire. Les nouveaux officiers prêtent serment. Ensuite, il y a des évènements au niveau politique et, dans l'après-midi, des cérémonies religieuses, comme la sainte messe devant la basilique Saint-Étienne, puis la grande procession avec sa relique. La main droite de ce premier roi saint est conservée, et c'est avec cette relique que nous faisons la grande procession. Après la procession, en fin de soirée, il y a toujours des feux d'artifice et la journée se termine en fête populaire. 

    Comment expliquer à un étranger qui est saint Étienne pour les Hongrois? Et pourquoi son culte est-il si répandu dans l'Église?

    Pour les Hongrois en général, c'est le roi qui avait des principes chrétiens non seulement par opportunisme -il est devenu chrétien comme son père, le prince Géza-, mais aussi par conviction personnelle. Il a tout fait pour renforcer la culture et la vision du monde chrétiennes. En Hongrie, cela signifiait aussi le développement économique et une nouvelle relation avec les peuples qui nous entourent. C'est pourquoi les historiens sont convaincus que notre survie en tant que peuple dépendait de cette grande décision. Saint Étienne voulait que les Hongrois rejoignent la grande famille des peuples chrétiens d'Europe.

    C'était une grande décision, car le roi demandait des missionnaires, en particulier de l'Ouest. Or, de son vivant, l'Occident et l'Orient chrétiens n'étaient pas encore séparés. Il est mort en 1038, donc avant le schisme d’Orient. C'est pourquoi l'Église orthodoxe le vénère comme un saint et un apôtre, comme un saint qui a converti son peuple.

    La figure de saint Étienne nous ramène aux débuts de l'histoire de la Hongrie en tant que pays chrétien. Dans d'autres pays d'Europe, ce lien avec leurs racines historiques, marquées par le christianisme, est en train de se perdre. Parfois, ces racines semblent même être remises en question, supprimées ou volontairement désavouées. Que pensez-vous de cette tendance culturelle?

    Pour nous, l'encyclique Mit Brennender Sorge, que le pape Pie XI a publiée avant la Seconde Guerre mondiale en 1937, reste fondamentale. Il y est dit clairement que les nations, en tant que communautés culturelles avec leur propre langue, leur propre mémoire, leur propre structure, leur propre culture, représentent une vraie valeur, qu'elles appartiennent à la richesse de la création et qu'elles sont donc chères au Créateur. En plusieurs endroits de la Bible, nous constatons que, même lors du jugement dernier, le Seigneur jugera les nations. Les peuples aussi, et pas seulement les individus. Les peuples ont donc un certain rôle dans le grand dessein de Dieu. Cependant, les nations ne représentent pas la valeur suprême. Considérer les nations de cette manière serait de l'idolâtrie. C'est pourquoi nous recherchons toujours cet équilibre indiqué par l'enseignement papal. Et cet enseignement semble être d'actualité, même à notre époque.

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  • " Fiducia supplicans est enterrée, on n’en parlera plus " (cardinal Ambongo)

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    De Matthieu Lasserre (envoyé spécial à Kinshasa (RD-Congo) sur le site du journal La Croix (extraits) :

    Le cardinal Fridolin Ambongo, homme fort de l’Église catholique africaine

    16/08/2024

    Kinshasa, dernière étape de mes escapades africaines. Cette ville tentaculaire de 17 millions d’habitants, grande comme six fois Paris, est le siège d’une Église catholique bien plus installée et influente qu’elle ne l’était lors de mes précédents voyages au Tchad ou au Nigeria. En République démocratique du Congo, elle peut s’appuyer sur 40 à 50 % de catholiques parmi la population. Depuis 2018, cette assise est symbolisée par son homme fort, le cardinal Fridolin Ambongo, 64 ans, qui a connu depuis sa nomination à « Kin » une ascension fulgurante. Créé cardinal en 2019, il intègre un an plus tard le C9, le Conseil des cardinaux qui entourent le pape François. Puis, en 2023, il est élu président du Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (Sceam), l’organe unifiant les évêques africains.

    Avec ces multiples casquettes, l’archevêque assume un leadership naturel sur le continent. « Ambitieux »« rassembleur »« autoritaire »« populaire » : souvent présenté comme un papabile conservateur, l’ancien capucin ne laisse personne indifférent, sur ses terres comme à Rome, où sa voix porte jusqu’aux oreilles de François. Et où il pèse de tout son poids sur les orientations de l’Église. (...)

    « Fiducia supplicans » et le « non » à Rome

    (...) le cardinal a pris la tête de la fronde contre la déclaration doctrinale Fiducia supplicans, qui avait accordé la possibilité de bénir les couples « en situation irrégulière », dont les couples homosexuels. Immédiatement et face au tollé sur son continent, le cardinal Ambongo lançait une consultation de l’Église africaine pour convenir d’une position commune. Trois semaines plus tard, le couperet tombait, d’un « non » ferme et presque unanime. Et l’archevêque de Kinshasa de signer : ces bénédictions « ne pourront pas se faire en Afrique sans s’exposer à des scandales ». Il obtenait même une dérogation accordée par le pape, sorte d’exception africaine à la déclaration du dicastère pour la doctrine de la foi, au sein duquel on l’observe désormais avec méfiance.

    Sa démarche a néanmoins été saluée, tant par les fidèles de Kinshasa – qui le surnomment affectueusement « Tata Cardinal » (« père cardinal », en lingala) – que dans l’épiscopat africain. « Il a su rassembler, loue son homologue centrafricain, le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui. Il aurait pu, du haut de son poste, agir seul. Mais il a recherché l’intérêt de l’Église, pris le temps d’analyser la situation. »

    « L’Afrique a joué son rôle prophétique qui était d’alerter le pape François du danger, assure pour sa part l’intéressé. L’enjeu n’était pas seulement culturel mais se situait d’abord sur les plans biblique, doctrinal, magistériel et moral, car il y avait un danger de rupture avec l’enseignement de l’Église. Je suis heureux de le dire aujourd’hui parce que je crois que Fiducia supplicans est enterrée, on n’en parlera plus », juge-t-il.

    Après ce tour de force, l’Afrique peut-elle tirer son épingle du jeu dans une Église qui bascule progressivement vers le Sud ? « Le catholicisme décline en Occident, alors qu’elle est vivante et dynamique ailleurs, poursuit le cardinal Ambongo. Nous ne pouvons pas nous en contenter. Nous devons aider l’Europe à redécouvrir Jésus-Christ, dans une solidarité du personnel. Nous avons des prêtres, que nous envoyons dans les diocèses européens. Nous pouvons encore améliorer cette collaboration. »

    Tout en se projetant vers le monde, l’archevêque demeure lucide sur les problématiques ecclésiales de son propre continent. En premier lieu, l’invisibilisation du catholicisme, à rebours de l’islam qui construit des mosquées « même là où il n’est pas implanté ». Mais en tête de ses préoccupations figurent les « Églises de Réveil, les Églises évangéliques ou les sectes », qui font du « militantisme » et « sèment la confusion parmi les fidèles » en donnant « l’impression que toutes les Églises se valent ». Et tout cela, dans une société congolaise en plein bouleversement. « Comment continuer à enseigner la foi catholique dans un environnement qui perd ses références ?, s’interroge-t-il. L’évangélisation doit être notre mission première. » (...)

  • Fin de vie : arrêter la nutrition et l'hydratation artificielles ?

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    Par Jonah McKeown sur CNA :

    Les bioéthiciens examinent de près les nouvelles directives de l'Académie pontificale pour la vie sur le retrait de la nourriture et de l'eau

    16 août 2024

    Après que l'Académie pontificale pour la vie (PAFL) a publié le mois dernier un livret résumant l'enseignement de l'Église sur un certain nombre de questions bioéthiques, la section sur la « nutrition et l'hydratation artificielles » (ANH) inquiète certains observateurs qui considèrent qu'elle s'écarte de l'enseignement antérieur de l'Église. 

    L'Académie pontificale pour la vie a été fondée en 1994 par saint Jean-Paul II afin d'étudier les questions bioéthiques et d'offrir une formation à la promotion et à la défense de la vie. Publiée uniquement en italien le 2 juillet, la nouvelle brochure de l'Académie pontificale pour la vie a pour but de « dissiper la confusion » concernant l'enseignement de l'Église sur un certain nombre de questions bioéthiques. 

    Dans le monde anglophone, cependant, le livret a fait l'objet d'un examen minutieux pour avoir semblé assouplir la position de l'Église sur l'importance de fournir de la nourriture et de l'eau aux patients dans un état végétatif. 

    L'enseignement de l'Église sur cette question a récemment fait la une de l'actualité aux États-Unis en raison de l'affaire Margo Naranjo, une femme handicapée du Texas dont les parents, catholiques, ont annoncé le mois dernier qu'ils avaient décidé de laisser Margo mourir de faim dans un hospice. Ils en ont été empêchés par l'intervention d'un juge. 

    Quel est l'enseignement de l'Église sur le retrait de la nourriture et de l'eau ?
    Au fil des ans, les responsables de l'Église, au Vatican et aux États-Unis, ont abordé de manière spécifique la question du refus de nourriture et d'eau à un patient en état végétatif. 

    Dans un discours prononcé en 2004, saint Jean-Paul II a précisé l'enseignement de l'Église selon lequel « l'administration d'eau et de nourriture, même lorsqu'elle est assurée par des moyens artificiels, représente toujours un moyen naturel de préserver la vie, et non un acte médical ».

    « Même nos frères et sœurs qui se trouvent dans l'état clinique d'un « état végétatif » conservent leur dignité humaine dans toute sa plénitude. Le regard aimant de Dieu le Père continue de se poser sur eux, les reconnaissant comme ses fils et ses filles qui ont particulièrement besoin d'aide », a noté le saint. 

    Le pape a expliqué que les « espoirs décroissants » de guérison d'une personne en état végétatif « ne peuvent pas justifier, d'un point de vue éthique, la cessation ou l'interruption des soins minimaux au patient, y compris l'alimentation et l'hydratation ».

    « La mort par inanition ou déshydratation est, en effet, la seule issue possible à leur retrait. En ce sens, elle finit par devenir, si elle est pratiquée sciemment et volontairement, une véritable euthanasie par omission », a déclaré Jean-Paul II.

    En 2007, la Congrégation (aujourd'hui Dicastère) pour la doctrine de la foi du Vatican a répondu à deux questions posées par les évêques américains sur le fait de savoir si un patient en « état végétatif » peut être privé de nourriture et d'eau. 

    La congrégation, sous le pape Benoît XVI, a clairement affirmé qu'une personne en état végétatif doit être nourrie et abreuvée même si elle ne semble avoir aucune chance de guérison. Le dicastère a laissé ouverte la possibilité que les seules exceptions soient les cas où la nourriture et l'eau « ne peuvent être assimilées par le corps du patient ou ne peuvent lui être administrées sans causer un inconfort physique significatif ».

    Ces réponses ont aidé les évêques américains à réviser en 2009 leurs « Directives éthiques et religieuses pour les services de santé catholiques », qui stipulent dans la directive 58 qu'« il existe une obligation de fournir de la nourriture et de l'eau aux patients » dans les hôpitaux catholiques, une obligation qui « s'étend aux patients souffrant d'affections chroniques et vraisemblablement irréversibles ».

    Les directives laissent toutefois au patient la possibilité de choisir de rejeter les moyens extraordinaires.

    « L'alimentation et l'hydratation médicalement assistées deviennent moralement facultatives lorsqu'on ne peut raisonnablement s'attendre à ce qu'elles prolongent la vie ou lorsqu'elles seraient « excessivement lourdes pour le patient ou [provoqueraient] un inconfort physique important, résultant par exemple de complications dans l'utilisation des moyens mis en œuvre », poursuit la directive 58.

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  • Namur : qui succédera à Mgr Warin ? Un choix qui paraît bien délicat...

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    Lu sur L’Avenir du 17/08/2024 :

    Monseigneur Warin, évêque de Namur, a rendu sa démission au pape il y a plus d’un an. La désignation de son successeur se fait attendre. Pourquoi? Les avis divergent.

    Septante-cinq ans. C’est un déjà un âge honorable pour penser à lever le pied. C’est l’âge aussi auquel les prêtres des différentes paroisses peuvent transmettre cette volonté à leur évêque. Et pour ce dernier, c’est au pape qu’il doit directement s’adresser pour formuler une requête
    identique.

    Monseigneur Pierre Warin a entrepris cette démarche début 2023, l’année de ses 75 ans. Des petits soucis de santé pouvaient expliquer et justifier cette demande. Mais à Rome, il a été demandé à l’évêque de Namur de continuer sa mission, le temps de désigner un successeur. Une situation qui perdure depuis plus d’un an. Pour quelles raisons.

    La procédure en elle-même est déjà chronophage. Dans un premier temps, un courrier est envoyé à quelques personnes importantes et influentes, au sein du diocèse. "Le but est de dresser une sorte d’état des lieux", décrit Christine Bolinne, chargée de communication pour l’évêché de Namur.

    Chacun fait part de ses attentes, relate les défis du quotidien, dessine par petites touches le profil du bon candidat. Cette opération a déjà été menée.

    Dans un deuxième temps, c’est le nonce apostolique, qui est monté au jeu. Franco Coppola, c’est lui, peut être considéré comme l’actuel ambassadeur du Vatican en Belgique mais aussi au Grand-Duché du Luxembourg.

    "Durant un bon mois, il a rencontré beaucoup de monde à travers le diocèse", témoigne ce prêtre namurois. "Il a vraiment pris le temps pour écouter ce que chacun avait à dire."

    Sur base de cette vaste consultation, le nonce a dressé une short-list de trois noms. Un courrier envoyé à Rome, il y a quelque temps déjà. Depuis lors, rien ne bouge. Normal? "On peut interpréter ce délai de plusieurs manières", estime Christine Bolinne. "L’évêque de Namur mais aussi celui de Tournai ont tous les deux fait connaître leur volonté de passer la main. Les deux procédures sont peut-être liées." Ce qui pourrait alourdir et complexifier le processus. "Par ailleurs, beaucoup d’énergies sont déjà focalisées sur la future visite du pape François en Belgique, en octobre prochain. La décision pourrait même tomber après cet événement." Ces débuts d’explications ne convainquent pas tous les prêtres du diocèse.

    "Cette lenteur est peut-être aussi révélatrice de certaines crispations", analyse cet ecclésiastique. "Durant cette consultation par le nonce, certaines voix se sont aussi élevées pour désigner ceux qu’on ne voudrait surtout pas voir arriver à la tête de l’évêché. Plus que d’un chef, on a surtout besoin de quelqu’un qui vienne vivre aussi les réalités à nos côtés, quelqu’un qui nous soutiendrait aussi dans les tâches du quotidien." Et il n’y a visiblement pas consensus sur le nom de cette personne.

    Parmi les personnalités citées, on cite régulièrement le chanoine Joël Rochette. La piste la plus sûre? Le successeur de Pierre Warin aura la mission de ramener un peu plus de cohésion, à tous les étages.

    Au sein du diocèse de Namur, on fait en effet état d’un manque d’unité. Entre prêtres belges, devenus minoritaires, et ceux venus d’Afrique et d’Europe de l’Est, il y a des manières radicalement différentes de voir comment exercer la fonction. Plus ouverte sur les communautés locales avec des responsabilités à partager pour certains. Plus autoritaire, centralisée et conservatrice, pour d’autres.

    On ne connaît pas encore le nom du prochain évêque mais on sait d’ores et déjà qu’il devra jouer les grands rassembleurs.

  • A Liège, dans une église, une célébration gay-friendly pour compléter le tableau...

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  • "Comment cet homme peut-il donner sa chair à manger?" (parcours patristique)

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    Source

    Jean 6, 47 - 52

    47 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. 48Je suis le pain de vie. 49 Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. 50 Voici le pain descendu du ciel, afin qu'on en mange et qu'on ne meure point. 51 Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c'est ma chair, pour le salut du monde." 52 Là-dessus, les Juifs disputaient entre eux, disant: "Comment cet homme peut-il donner sa chair à manger?" 

    Saint Augustin

    Notre-Seigneur en vient enfin à révéler, aux Juifs ce qu'il était : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle ; » c'est-à-dire, celui qui croit en moi, me possède. Qu'est-ce que me posséder ? c'est posséder la vie éternelle ; car la vie éternelle, c'est le Verbe qui était au-commencement avec Dieu, et cette vie était la lumière des hommes. La vie s'est revêtue de la mort, afin que la mort fût détruite par la vie.

    Théophylactus

    Comme ce peuple insistait pour obtenir la nourriture corporelle, et rappelait à ce dessein le souvenir de la manne qui avait été donnée à leurs pères, le Sauveur veut leur montrer que tous les faits de la loi ancienne étaient une figure de la vérité qu'ils avaient présente sous leurs yeux, et les élève à la pensée d'une nourriture toute spirituelle, en leur disant : « Je suis le pain de vie. » 

    Saint Jean Chrysostome

    Il se donne le nom de pain de vie, parce qu'il contient le principe de notre vie, de cette vie présente et de la vie future.

    Saint Augustin

    Mais pour réprimer l'orgueil des Juifs qui étaient fiers de la manne qui avait été donnée à leurs pères, Jésus ajoute : Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et sont morts. » Ce sont véritablement vos pères, et vous leur êtes semblables, ils sont les pères murmurateurs d'enfants imitateurs de leurs murmures, car le plus grand crime que Dieu ait relevé contre ce peuple, ce sont ses murmures contre Dieu. Or, ils sont morts, parce qu'ils ne croyaient que ce qu'ils voyaient, et qu'ils ne croyaient ni ne comprenaient ce qui était invisible à leurs yeux.

    Saint Jean Chrysostome

    Ce n'est pas sans dessein que le Sauveur ajoute cette circonstance : « Dans le désert, » il veut leur rappeler indirectement le peu de temps pendant lequel la manne a été donnée à leurs pères, et qu'elle ne les a pas suivis dans la terre promise. Mais les Juifs estimaient encore le miracle de la multiplication des pains comme de beaucoup inférieur au miracle de la manne, parce que la manne semblait descendre du ciel, et que le miracle de la multiplication des pains avait lieu sur la terre ; c'est pourquoi Notre-Seigneur ajoute : « Voici le pain descendu du ciel. »

    Saint Augustin

    Ce pain a été figuré par la manne, il a été figuré par l'autel de Dieu. Départ et d'autre c'étaient des symboles figuratifs ; les signes extérieurs sont différents, l'objet figuré est le même. Entendez l'Apôtre qui vous dit : « Ils ont tous mangé la même nourriture spirituelle. » (1 Co 10)

    Saint Jean Chrysostome

    Notre-Seigneur relève ensuite une circonstance qui devait faire sur eux une vive impression, c'est qu'ils ont été bien plus favorisés que leurs pères que la manne n'a pas empêchés de mourir : « Voici le pain qui descend du ciel, pour que celui qui en mange ne meure point. » Il fait ressortir la différence des deux nourritures par la différence des résultats. Le pain dont il parle ici, ce sont les vérités du salut, et la foi que nous devons avoir en lui, ou bien son corps, car toutes ces choses conservent la vie de l'âme.

    Saint Augustin

    Mais est-ce que nous qui mangeons le pain descendu du ciel, nous ne mourrons pas aussi ? Ceux qui ont mangé la manne sont morts comme nous mourrons nous-mêmes un jour de la mort du corps. Mais quand à la mort spirituelle dont leurs pères sont morts, Moïse et un grand nombre d'autres qui ont mangé la manne et qui ont été agréables à Dieu, n'y ont pas été soumis, parce qu'ils ont reçu cette nourriture visible avec des dispositions toutes spirituelles, ils l'ont désirée dans l'esprit, goûtée dans l'esprit, ils en ont été rassasiés dans l'esprit. Encore aujourd'hui nous recevons une nourriture visible, mais autre chose est le sacrement, autre chose est la vertu du sacrement. Combien qui reçoivent ce pain de l'autel, et qui meurent en le recevant ! comme le dit l'Apôtre : « Il mange et boit son jugement. » (1 Co 11) Mangez donc spirituellement ce pain céleste, apportez l'innocence au saint autel. Tous les jours vous péchez, mais que vos péchés ne soient point de ceux qui donnent la mort à l'âme. Avant d'approcher de l'autel, pesez bien ce que vous dites : Remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons à nos débiteurs. Si vous les remettez véritablement, on vous remettra les vôtres. Approchez donc avec confiance, c'est du pain et non du poison qu'on vous présente : « Si quelqu'un mange de ce pain, il ne mourra point. » Mais il s'agit ici de la vertu du sacrement, et non de ce qui est visible dans le sacrement ; de celui qui se nourrit intérieurement de ce pain, et non de celui qui se contente de le manger extérieurement.

    Alcuin d'York

    Celui qui mange ce pain ne meurt pas « parce que je suis le pain vivant qui suis descendu du ciel. »

    Théophylactus

    Il est descendu du ciel par son incarnation, il n'a donc point commencé par être homme avant de s'unir à la divinité comme le rêve Nestorius.

    Saint Augustin

    La manne est aussi descendue du ciel, mais la manne n'était que figurative, et nous avons ici la vérité. Or, ma vie, dit le Sauveur, est pour les hommes une source de vie : « Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra non-seulement dans cette vie par la foi et la justice, mais il vivra éternellement. » « Et le pain que je donnerai, est ma chair qui sera livrée pour la vie du monde. »

    La Glose

    Le Seigneur explique ici dans quel sens il est un véritable pain, ce n'est pas seulement par sa divinité qui donne la nourriture à tout ce qui existe, mais par son humanité qui a été unie au Verbe de Dieu, et c'est pour cela qu'il ajoute : « Et le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde. »

    Bède le Vénérable

    Le Seigneur a donné ce pain lorsqu'il a livré à ses disciples le mystère de son corps et de son sang, et quand il s'est offert lui-même à Dieu son Père sur l'autel de la croix. La vie du monde dont il parle ici ne doit point s'entendre des éléments matériels qui composent le monde, mais de tous ceux que l'on comprend sous le nom de monde.

    Théophylactus

    En disant : « Que je donnerai, » il fait ressortir sa puissance et prouve que s'il a été crucifié, ce n'est pas comme étant inférieur à son Père, mais de sa pleine volonté. Car bien que nous disions qu'il a été livré par son Père, cependant il s'est véritablement livré lui-même. Considérez encore que le pain que nous mangeons dans les saints mystères n'est pas seulement la figure de la chair de Jésus-Christ, mais qu'il est lui-même la vraie chair de Jésus- Christ. Car il ne dit pas : Le pain que je donnerai est la figure de ma chair, mais : « c'est ma chair. » En vertu de paroles ineffables, ce pain est changé au corps de Jésus-Christ par une bénédiction mystérieuse et par l'habitation de l'Esprit saint dans la chair de Jésus-Christ. Mais pourquoi ne voyons-nous pas cette chair ? Parce que la vue de cette chair nous inspirerait une vive horreur lorsque nous voudrions nous en nourrir. C'est donc pour condescendre à notre faiblesse que cette nourriture spirituelle nous est donnée d'une manière conforme à nos habitudes. Jésus donne sa chair pour la vie du monde, parce que c'est en mourant qu'il a détruit l'empire de la mort. Cette vie du monde, je puis l'entendre de la résurrection, car la mort du Seigneur a été pour tout le genre humain un principe de résurrection. Peut-être aussi peut-on entendre cette vie qui est le fruit de la justification et de la sanctification par l'Esprit ; car bien que tous n'aient pas reçu la vie qui consiste dans la sanctification et dans la participation de l'Esprit saint, cependant le Seigneur s'est livré pour le monde et il a fait ce qui dépendait de lui, pour que le monde tout entier fût sanctifié.

    Saint Augustin

    Mais comment la chair pourrait-elle comprendre que Notre-Seigneur ait donné le nom de pain à sa propre chair ? Les fidèles connaissent le corps de Jésus-Christ, si toutefois ils ne négligent pas de devenir eux-mêmes le corps de Jésus-Christ. Oui, qu'ils fassent partie du corps de Jésus-Christ, s'ils veulent vivre de l'esprit de Jésus-Christ. Est-ce que mon corps peut recevoir le mouvement et la vie de votre esprit ? C'est ce pain dont parle l'Apôtre, lorsqu'il dit : « Nous ne faisons tous qu'un même corps, nous qui mangeons d'un même pain. O sacrement de la piété ! O symbole de l'unité ! O lien de la charité! Celui qui veut vivre, possède ici une source de vie, qu'il approche, qu'il croie, et qu'il s'incorpore à Jésus-Christ pour recevoir la vie.

  • Tel Père, tel Fils - homélie pour le 20e dimanche du temps ordinaire

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    Vingtième dimanche du temps ordinaire

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 6,51-58. 

    Après avoir nourri la foule avec cinq pains et deux poissons, Jésus disait : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »

    Les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » 

    Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous.

    Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.

    En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.

    Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui.

    De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi.

    Tel est le pain qui descend du ciel : il n'est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

    Homélie – Source : http://homily-service.net/an2000/b20dmann.htm

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  • "La promotion du modèle du « Peuple de Dieu » au sein du Synode est essentielle pour un changement radical", déclare le conseiller principal

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    De Jonathan Liedl sur le NCR :

    La promotion du modèle du « Peuple de Dieu » au sein du Synode est essentielle pour un changement radical, déclare le conseiller principal

    Rafael Luciani soutient que la décentralisation et la déhiérarchisation des décisions, comme le préconise la Voie synodale allemande, sont essentielles à la mise en œuvre complète de Vatican II. D’autres théologiens ne sont cependant pas d’accord.

    Un contributeur influent au Synode en cours sur la synodalité est convaincu que le processus peut conduire à de grands changements dans l’enseignement et la pratique catholiques si les participants approuvent un modèle contesté de gouvernance de l’Église dans son document final.

    La clé, affirme le théologien laïc vénézuélien Rafael Luciani, est que le résultat du synode confirme une interprétation contestée de l'enseignement de Vatican II sur le « Peuple de Dieu » qui a déjà été adoptée dans des pays comme l'Allemagne, ouvrant la voie à une approche plus décentralisée et moins hiérarchique de l'autorité de l'Église.

    Luciani, conseiller théologique clé du bureau du Vatican qui organise le synode et principal défenseur de la « synodalité » au sens large, a déclaré dans une interview du 23 juillet au Katholisch, le service d'information des évêques allemands, que même si des sujets controversés comme les femmes diacres n'étaient plus à l'ordre du jour de l'assemblée d'octobre après que le pape François les ait transférées dans des groupes d'étude séparés, le synode pourrait encore ouvrir la porte à de grands changements. 

     

    « Si, à la fin du synode, nous avons un document qui fait ce saut ecclésiologique et établit la compréhension de l’Église comme Peuple de Dieu, il y aura d’autres développements dans les domaines des ministères et de la doctrine », a-t-il déclaré. 

    Luciani, qui a été nommé à la commission préparatoire du synode en 2021, a salué l'Église en Allemagne, avec son processus controversé de la Voie synodale, pour avoir déjà appliqué ce modèle de vie de l'Église. Cependant, il a déclaré que la plupart des autres pays de l'Église universelle n'ont pas adopté cette approche, y compris les États-Unis.

    « Aux États-Unis, l’Église est fondamentalement dysfonctionnelle et malheureusement, il ne semble pas y avoir de véritable communauté parmi les évêques là-bas », a déclaré Luciani pour expliquer pourquoi l’Église américaine n’a pas adopté l’interprétation controversée de Vatican II.

    Ces commentaires révèlent le point de vue d’une des forces intellectuelles les plus importantes qui tentent de définir la « synodalité » pour l’Église universelle. Depuis que le pape François a popularisé le terme dans le lexique de l’Église lors d’un discours en 2015, Luciani a écrit ou édité au moins neuf livres sur la synodalité et de nombreux autres articles.

    En outre, le Vénézuélien a été conseiller académique et directeur de thèse de sœur Nathalie Becquart , l'une des principales responsables du Vatican chargées de la mise en œuvre du synode, pendant ses études 2019-2020 au Boston College. 

    La religieuse française, qui est sous-secrétaire du Synode des évêques du Vatican, a déclaré en 2020 que les conseils de Luciani l'ont aidée « à découvrir davantage la théologie latino-américaine qui a façonné la vision de la synodalité du pape François et à se lancer dans différents projets pour promouvoir la synodalité ».

    L'Église comme « peuple de Dieu »

    Le terme « Peuple de Dieu » renvoie à une image clé de l'Église enseignée par le Concile Vatican II dans sa constitution dogmatique sur l'Église, Lumen Gentium . Ce concept met l'accent sur la communion de tous les membres de l'Église de différents temps, lieux et états de vie et souligne que « tous les disciples du Christ » sont appelés à participer à la mission de l'Église « selon la manière qui convient » à chacun.

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  • Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix - "Fille d'Israël" (KTO)

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    De KTO Télévision :

    Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix - "Fille d’Israël"

    En 1933, Edith Stein entre au Carmel sous le nom de Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix. Comment cette juive pratiquante formée à la pensée logique et rationaliste à la prestigieuse Université de Göttingen a-t-elle pu sauter le pas de la foi ? Le documentaire propose de lever le voile sur le parcours singulier de cette religieuse allemande, écrivaine prolixe, disciple d’Edmund Husserl. Fait de découvertes intellectuelles, de rencontres décisives et d’une expérience personnelle de la guerre en tant qu’infirmière de la Croix Rouge auprès des blessés du premier conflit mondial, son cheminement ne présente pas moins une profonde unité. Unité dans le Christ que cette « fille d’Israël » suivra jusqu’à la Croix en donnant sa vie par « fidélité à son peuple » au camps d’extermination d’Auschwitz, le 9 août 1942.

    UNE COPRODUCTION SUNSET PRESSE/KTO 2021 - Réalisée par Alexandre Dolgorouky

  • Le pape François aurait-t-il besoin d’une nouvelle cohorte de cardinaux ?

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    D'Éd. Condon sur The Pillar :

    Le pape François a-t-il besoin d’une nouvelle cohorte de cardinaux ?

    7 août 2024

    Alors que le mois d'août, traditionnellement calme, se poursuit à Rome, le pape François se prépare à une série de voyages internationaux le mois prochain, partant le 2 septembre pour une tournée de 10 jours en Asie et en Océanie avant de revenir en Europe pour un passage par la Belgique et le Luxembourg.

    Mais septembre est aussi un mois traditionnel pour les papes, dont François, de convoquer les consistoires du collège des cardinaux et de nommer de nouveaux membres. 

    L'an dernier, François a créé de nouveaux cardinaux lors d'une réunion consistoire prévue juste avant l'ouverture des sessions d'octobre du synode sur la synodalité, dont le dernier chapitre doit se terminer cet automne. Il y a un peu plus d'un an, le pape a annoncé la nomination de 18 nouveaux membres en âge de voter au sein de l'organisme qui élira finalement son successeur. 

    Mais le passage du temps signifie que depuis qu'il a annoncé pour la dernière fois une transfusion de nouveau sang cardinalice, 15 membres du collège ont eu 80 ans et sont sortis du conclave, et 12 autres devraient le faire d'ici l'année prochaine.

    Le pape va-t-il donc augmenter les effectifs ? Et si oui, d'où viendront-ils ?

    Il y a actuellement 124 cardinaux en âge de voter, un chiffre qui devrait tomber à 112 dans les 12 prochains mois. 

    L'Universi Dominici Gregis, la constitution apostolique régissant les élections papales, fixe le nombre maximum de cardinaux votants à 120. Cependant, comme ce document n'est qu'une loi ecclésiastique (par opposition à la loi divine), les papes sont libres de se dispenser de ses normes à volonté, ce qui signifie que le nombre total de cardinaux en âge de voter et le calendrier selon lequel ils sont créés sont pratiquement une question de discrétion papale personnelle.

    Habituellement, les papes ont tendance à considérer la limite de 120 cardinaux votants comme un nombre minimum plutôt que maximum, en renonçant à la limite supérieure et en nommant des cardinaux par lots à l'avance pour remplacer une cohorte sur le point de vieillir. 

    Si François ne convoque pas un consistoire pour nommer une nouvelle liste d'ici la fin de l'année prochaine, l'Église commencerait 2026 avec seulement 106 cardinaux votants. 

    Le nouvel espace qui s'ouvre dans les rangs électoraux du collège offre également au pape François une fenêtre pour rétablir davantage l'équilibre géographique d'un futur conclave, avec plus d'un tiers des retraités venant d'Europe - qui compte toujours le plus grand bloc de cardinaux, malgré le déclin du nombre de catholiques.

    Parmi les 32 cardinaux qui ont déjà eu 80 ans ou qui l'auront d'ici la fin de l'année prochaine, 12 seront européens, sept d'Afrique, six d'Amérique latine et d'Asie, et deux d'Amérique du Nord.

    Au moment de l’élection du pape François, plus de la moitié du conclave était composée de cardinaux européens. Suite à sa liste de nominations pour 2023, ce pourcentage est tombé à 42 %. Les départs à la retraite depuis lors ont fait grimper ce pourcentage à 43 %, mais sans aucune nouvelle nomination papale, les Européens ne représenteraient que 41 % du conclave de 2026, soit le pourcentage le plus bas depuis que les conclaves ont été intégrés au processus d’élection papale.

    Selon que le pape décide ou non d’augmenter le nombre de membres européens, le collège pourrait connaître une augmentation significative de la représentation relative de l’Amérique latine, de l’Afrique et de l’Asie.

    Bien sûr, François est bien connu pour choisir ses cardinaux en fonction de ses préférences personnelles, et n’adhère pas nécessairement à la tradition de remettre des chapeaux rouges aux dirigeants des archidiocèses historiquement importants. 

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  • Des nids-de-poule sur la route vers le Synode 2024

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    De George Weigel sur le Catholic World Report :

    Des nids-de-poule sur la route vers le Synode 2024

    L’idée selon laquelle « l’expérience synodale » a mis l’Église en mouvement vers la mission est historiquement absurde.

    Les délégués du Synode sur la synodalité assis à des tables de discussion dans la salle Paul VI au Vatican en octobre 2023. / Crédit : Daniel Ibáñez | CNA
    La machine de propagande ecclésiastique créée pour le Synode sur la synodalité pour une Église synodale d'octobre dernier continue de fonctionner et devient à la fois lassante et inquiétante.

    Quant à la chose lassante : le cardinal Jean-Claude Hollerich, SJ, rapporteur général des synodes 2023 et 2024, nous a informé dans un  communiqué de presse du 14 juin  du bureau du synode du Vatican que « le Saint Peuple de Dieu a été mis en mouvement pour la mission grâce à l'expérience synodale ». Eh bien, non, Votre Éminence, ce n'est pas tout à fait exact.

    Il y a deux millénaires, le Seigneur Jésus a lancé le peuple saint de Dieu dans la mission, lorsque le groupe apostolique a reçu l’ordre d’« aller et de faire de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit… » (Matthieu 28, 19). Les apôtres ont été confirmés dans cette mission par l’effusion du Saint-Esprit rapportée dans Actes 3, et l’Église a continué sa mission depuis lors. Le caractère et la portée de la mission de l’Église au XXIe siècle ont été définis par le pape saint Jean-Paul II dans l’encyclique de 1990,  Redemptoris Missio  (La mission du Rédempteur), qui enseignait que chaque catholique est baptisé dans une vocation missionnaire et que le territoire de mission est partout. Les parties vivantes et dynamiques de l’Église mondiale ont adopté cet enseignement et le vivent aujourd’hui.

    L’idée selon laquelle « l’expérience synodale » a mis l’Église en mouvement pour la mission est donc absurde sur le plan historique. C’est aussi de la propagande pour un exercice qui s’est jusqu’à présent enlisé dans le nombrilisme ecclésiastique contre lequel le cardinal Jorge Mario Bergoglio, SJ, a mis en garde dans le discours pré-conclave à la Congrégation générale des cardinaux qui l’a aidé à accéder à la charge de Pierre. Le pape François a réitéré cette mise en garde contre l’autoréférentialité ecclésiale dans une homélie le lendemain de son élection.

    Quant au synode de 2023, il n’avait rien à voir avec la première Pentecôte chrétienne. Car après la descente du Saint-Esprit, les premiers chrétiens ne se sont pas assis en petit groupe dans la chambre haute en disant : « Waouh, c’était quelque chose. Parlons-en. » Non, ils sont allés directement dans les rues en mission, « et ce jour-là, le nombre des disciples s’est accru d’environ trois mille âmes » (Actes 3:41). Rien de tout à fait semblable n’a suivi les « Conversations dans l’Esprit » fastidieuses et manipulées en petits groupes au synode de 2024.

    Les choses changeront-elles en octobre prochain, lors du Synode 2024 ? Il y a des raisons d’être sceptique.

    Du 4 au 14 juin, un groupe de théologiens a travaillé – mes doigts maladroits ont presque tapé « woked ! » – pour aider à préparer le document de travail du Synode 2024, basé sur les rapports post-Synode 2023 que le Secrétariat général du Synode avait reçus. Les théologiens invités semblaient refléter les préoccupations du bureau du Synode en matière de DEI, bien que leur diversité ne soit pas particulièrement théologique. La théologie catholique aux États-Unis et les théologiens américains travaillant à l’étranger (dans certains cas, à dix minutes en taxi du bureau du Synode) comptent parmi les penseurs les plus créatifs de l’Église aujourd’hui. Pourtant, il faudrait chercher (et sans succès) des membres de l’Académie de théologie catholique basée aux États-Unis ou du Projet Sacra Doctrina basé aux États-Unis parmi ceux appelés à Rome pour cette consultation de dix jours – et ce malgré le fait que les membres de ces organisations cochent toutes les cases ethniques, raciales et de « genre » apparemment requises. Existe-t-il un parti pris implicite au bureau du Synode, selon lequel les orthodoxes dynamiques ne doivent pas postuler ?

    Du 4 au 14 juin, un groupe de théologiens a travaillé - mes doigts maladroits ont failli taper "woked !" - pour aider à préparer le document de travail du Synode 2024, sur la base des rapports post-Synode 2023 que le Secrétariat général du Synode avait reçus. Les théologiens invités semblaient refléter les préoccupations du bureau du Synode en matière d'IED, même si leur diversité n'était pas particulièrement théologique. La théologie catholique aux États-Unis et les théologiens américains travaillant à l'étranger (dans certains cas, à dix minutes de taxi du bureau du Synode) comptent parmi les penseurs les plus créatifs de l'Église aujourd'hui. Pourtant, on chercherait difficilement (et en vain) des membres de l'Académie de théologie catholique basée aux États-Unis ou du projet Sacra Doctrina basé aux États-Unis parmi les personnes appelées à Rome pour cette consultation de dix jours - et ce malgré le fait que les membres de ces organisations cochent toutes les cases ethniques, raciales et de "genre" apparemment requises. Existe-t-il un préjugé implicite au bureau du Synode, selon lequel les orthodoxes dynamiques n'ont pas besoin de s'inscrire ?

    Le cardinal Hollerich n’est pas le seul membre du Collège des cardinaux à raconter des histoires sur le « processus synodal » qui suscitent des inquiétudes quant au synode de 2024. Le secrétaire général du synode, le cardinal Mario Grech, a parcouru le monde depuis le synode de 2023, dans le cadre de ce que certains ecclésiastiques considèrent comme une campagne pour la papauté, ou du moins une campagne pour devenir un grand électeur lors du prochain conclave. Quoi qu’il en soit, l’interview du cardinal en mars dernier dans un journal suisse a déclenché plusieurs sonnettes d’alarme.

    Le cardinal a d’abord admis que « lorsque nous parlons d’unité, de communion, nous ne faisons pas référence à l’unité de pensée ». Vraiment ? Ne sommes-nous pas en communion de conviction unifiée lorsque nous récitons ensemble le Credo de Nicée ? Le Credo des Apôtres ? Le catholicisme local – le genre de catholicisme dans lequel un péché grave en Pologne est une source de grâce à dix kilomètres de là, de l’autre côté de la frontière germano-polonaise – est-il vraiment  catholique  (ce qui, après tout, signifie « universel ») ?

    Le cardinal a ensuite déclaré qu'il imaginait l'Eglise « comme un arc-en-ciel ». Une image intéressante, en effet. Grech est maltais, ce qui signifie que l'anglais lui est parfaitement familier. Il lui est donc impossible de ne pas saisir ce que signifie le fait de parler d'une « Eglise arc-en-ciel » dans la culture mondialisée d'aujourd'hui.

    Le mois d’octobre promet d’être intéressant à Rome.