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Eglise - Page 3

  • "Dans le cœur de Jésus est exprimé le noyau essentiel du christianisme" (Benoît XVI)

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    CÉLÉBRATION DES VÊPRES
    DE LA SOLENNITÉ DU TRÈS SAINT CŒUR DE JÉSUS

    HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

    Basilique Vaticane
    Vendredi 19 juin 2009

    source

    Chers frères et sœurs,

    Dans l'antienne du Magnificat, nous chanterons d'ici peu:  "Le Seigneur nous a accueillis dans son cœur - Suscepit nos Dominus in sinum et cor suum". Dans l'Ancien Testament, il est question 26 fois du cœur de Dieu, considéré comme l'organe de sa volonté:  c'est par rapport au cœur de Dieu que l'homme est jugé. A cause de la douleur que son cœur éprouve pour les péchés de l'homme, Dieu décide le déluge, mais il s'émeut ensuite face à la faiblesse humaine et pardonne. Il y a ensuite un passage vétérotestamentaire dans lequel le thème du cœur de Dieu est exprimé de façon absolument claire:  c'est dans le chapitre 11 du livre du prophète Osée, où les premiers versets décrivent la dimension de l'amour avec lequel le Seigneur s'est adressé à Israël à l'aube de son histoire:  "Quand Israël était jeune, je l'aimais, et d'Egypte j'appelai mon fils" (v. 1). En vérité, à l'inlassable prédilection divine, Israël répond avec indifférence et même ingratitude. "Mais plus je les appelais - est obligé de constater le Seigneur - plus ils s'écartaient de moi" (v. 2). Toutefois, Il n'abandonne jamais Israël aux mains des ennemis, car "mon cœur - observe le Créateur de l'univers - en moi est bouleversé, toutes mes entrailles frémissent" (v. 8).

    Le cœur de Dieu frémit de compassion! Aujourd'hui, en la solennité du Très Saint Cœur de Jésus, l'Eglise offre à notre contemplation ce mystère, le mystère du cœur d'un Dieu qui s'émeut et reverse tout son amour sur l'humanité. Un amour mystérieux, qui dans les textes du Nouveau Testament, nous est révélé comme une passion incommensurable de Dieu pour l'homme. Il ne se rend pas face à l'ingratitude et pas même devant le refus du peuple qu'il a choisi; au contraire, avec une infinie miséricorde, il envoie dans le monde son Fils unique afin qu'il prenne sur lui le destin de l'amour détruit; afin que, vainquant le pouvoir du mal et de la mort, il puisse rendre la dignité de fils aux êtres humains devenus esclaves par le péché. Tout cela a un prix élevé:  le Fils unique du Père s'immole sur la croix:  "Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin" (cf. Jn 13, 1). Le symbole de cet amour qui va au-delà de la mort est son côté transpercé par une lance. A cet égard, le témoin oculaire, l'apôtre Jean, affirme:  "L'un des soldats, de sa lance, lui perça le côté et il sortit aussitôt du sang et de l'eau" (cf. Jn 19, 34). (...)

    Chers frères et sœurs, arrêtons-nous ensemble pour contempler le Cœur transpercé du Crucifié. Nous avons entendu à nouveau il y a peu, dans la brève lecture tirée de la Lettre de saint Paul aux Ephésiens, que "Dieu, riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ [...] avec lui Il nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux, dans le Christ Jésus" (Ep 2, 4-6). Etre dans le Christ Jésus, c'est déjà être assis dans les Cieux. Dans le cœur de Jésus est exprimé le noyau essentiel du christianisme; dans le Christ nous a été révélée et donnée toute la nouveauté révolutionnaire de l'Evangile:  l'Amour qui nous sauve et nous fait vivre déjà dans l'éternité de Dieu. L'évangéliste Jean écrit:  "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle" (3, 16). Son cœur divin appelle alors notre cœur; il nous invite à sortir de nous-mêmes, à abandonner nos certitudes humaines pour placer notre confiance en Lui, et, suivant son exemple, à faire de nous-mêmes un don d'amour sans réserve. (...)

  • La Fête du Sacré-Coeur ne serait-elle pas plus ancienne que le XVIIe siècle ?

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    (Le Sacré-Coeur par Georges Rouault)

    "Il n’est plus étrange aujourd’hui que d’affligeants démagogues entretiennent chez les fidèles l’illusion que la dévotion au Sacré Cœur n’est pas plus ancienne que le XVII° siècle. Il faut être bien ignorant de la réalité pour le croire ou essayer de le faire croire, puisque les origines de cette dévotion qui a pris de nos jours un si vaste et si heureux développement, remontent haut dans l'histoire de la piété chrétienne. « Le culte du Cœur de Jésus, écrivait au siècle dernier le cardinal Pie, c'est la quintessence du christianisme, c'est l'abrégé et le sommaire substantiel de toute la religion.» Néanmoins, il ne faudrait pas non plus exagérer démesurément l’histoire de cette dévotion, en lui assignant une origine trop ancienne. Certes, si dès sa naissance, l'Eglise offrit à Dieu un culte d'amour, multipliant les hommages envers l'immense charité du Christ pour nous, cela ne suffit point pour dire que les premiers chrétiens ont honoré le Sacré Cœur, ni même qu'ils ont rendu un culte spécial à l’amour de Jésus. Ce n’est que l'un après l’autre, et même assez lentement, que les éléments de cette dévotion furent mis en lumière."

    Pour lire la suite de cet intéressant historique de la dévotion au Sacré-Coeur, cliquer ICI

  • Les promesses du Sacré Coeur

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    images.jpgLes promesses de Notre-Seigneur à Sainte Marguerite-Marie

    En 1675, Notre-Seigneur déclare à sainte Marguerite-Marie Alacoque, religieuse de l’ordre de la Visitation, à Paray-le-Monial :
    « Voilà ce Coeur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné, jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour; et pour reconnaissance, je ne reçois de la plus grande partie que des ingratitudes, par les mépris, irrévérences, sacrilèges et froideurs qu’ils ont pour moi dans ce Sacrement d’amour. Mais, ce qui est encore plus rebutant, c’est que ce sont des coeurs qui me sont consacrés. C’est pour cela que je te demande que le premier vendredi d’après l’octave du Saint Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon Coeur, en lui faisant réparation d’honneur par une amende honorable, communiant ce jour-là pour réparer les indignités qu’il a reçues pendant le temps qu’il a été exposé sur les autels ; et je te promets que mon Coeur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur ceux qui lui rendront cet honneur ».

    Jésus lui apparaît de nombreuses fois, de 1673 à 1675. De ses entretiens avec Notre-Seigneur on extrait classiquement 12 promesses. Voici quelques extraits du message du Sacré-Coeur de Jésus à sainte Marguerite-Marie (cf. Vie et OEuvres de Sainte Marguerite-Marie, publication de la Visitation de Paray, 1920).

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  • Solennité du Sacré Coeur de Jésus

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    Solennité du Sacré-Cœur de Jésus (Source : Evangile au Quotidien)

    Le Christ révèle à sainte Marguerite-Marie Alacoque, le 27 décembre 1673, que « Mon divin Cœur est si passionné d'amour pour les hommes, et pour toi en particulier que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu'il les répande par ton moyen, et qu'il se manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre... »

    En juin 1675, Il s'adresse à elle en ces termes : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu'il n'a rien épargné, jusqu'à s'épuiser et se consommer, pour leur témoigner son amour. 

    Je te demande que le premier vendredi d'après l'octave du Saint-Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon Cœur, en communiant ce jour là, et en lui faisant réparation d'honneur par une amende honorable, pour réparer les indignités qu'il a reçues pendant le temps qu'il a été exposé sur les autels.

    Je te promets aussi que mon Cœur se dilatera, pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur ceux qui lui rendront cet honneur, et qui procureront qu'il lui soit rendu... 

    Fais savoir au fils ainé de mon Sacré-Cœur (le roi Louis XIV) que, comme sa naissance temporelle a été obtenue par la dévotion aux mérites de ma sainte enfance, de même il obtiendra sa naissance de gloire éternelle par sa consécration à mon Cœur adorable. Mon Cœur veut régner dans son palais, être peint sur ses étendards et gravé dans ses armes pour les rendre victorieuses de tous ses ennemis et de tous ceux de la sainte Église.

    Mon Père veut se servir du roi pour l'exécution de son dessein, qui est la construction d'un édifice public où serait placé le tableau de mon Cœur pour y recevoir les hommages de toute la France ».

    Il faudra attendre 1870 : la guerre éclate entre la France et l'Allemagne ; la défaite militaire française ne tarde pas, suivie de l'occupation d'une partie du pays par les troupes allemandes. Alexandre Legentil, député sous Louis-Philippe, et son beau-frère, Hubert Rohault de Fleury, font vœu de construire une église consacrée au Cœur du Christ, en réparation et pénitence pour les fautes commises par les Français : « Pour faire amende honorable de nos péchés et obtenir de l'infinie miséricorde du Sacré-Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ le pardon de nos fautes, ainsi que les secours extraordinaires qui peuvent seuls délivrer le Souverain Pontife de sa captivité et faire cesser les malheurs de la France, nous promettons de contribuer à l'érection, à Paris, d'un sanctuaire dédié au Sacré-Cœur de Jésus. » Pendant la première guerre mondiale, en réponse à la demande adressée par sainte Marguerite Marie, en 1675, plus de douze millions de drapeaux et fanions français ornés du Sacré Cœur de Jésus furent portés par les soldats, les régiments, etc. En 1917, la République a interdit la consécration individuelle des soldats au Sacré Cœur et le port du Sacré Cœur. Dans une lettre aux pèlerins de Paray, en 1999, saint Jean Paul II « invite tous les fidèles à poursuivre avec piété leur dévotion au culte du Sacré-Cœur de Jésus, en l'adaptant à notre temps, pour qu'ils ne cessent d'accueillir ses insondables richesses, qu'ils y répondent avec joie en aimant Dieu et leurs frères, trouvant ainsi la paix, entrant dans une démarche de réconciliation et affermissant leur espérance de vivre un jour en plénitude auprès de Dieu, dans la compagnie de tous les saints. »

    Neuvaine au Cœur Sacré de Jésus

    Padre Pio disait chaque jour cette neuvaine pour tous ceux qui se recommandaient à ses prières :

    I - Ô Jésus, qui avez dit : « En vérité, je vous le dis, demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et l'on vous ouvrira ! » voici que je frappe, je cherche et je demande la grâce... 

    Pater, Ave, Gloria

    Cœur Sacré de Jésus, j'ai confiance et j'espère en vous.

    II - Ô Jésus, qui avez dit : « En vérité, je vous le dis, tout ce que vous demanderez à mon Père en mon Nom, il vous l'accordera ! » voici qu'en votre Nom je demande la grâce...

    Pater, Ave, Gloria

    Cœur Sacré de Jésus, j'ai confiance et j'espère en vous.

    III - Ô Jésus, qui avez dit : « En vérité, je vous le dis, le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point ! » voici qu'en m'appuyant sur l'infaillibilité de vos saintes paroles je demande la grâce...

    Pater, Ave, Gloria

    Cœur Sacré de Jésus, j'ai confiance et j'espère en vous.

    Prière - Ô Cœur Sacré de Jésus, à qui il est impossible de ne pas avoir compassion des malheureux, ayez pitié de nous, pauvres pécheurs, et accordez-nous la grâce que nous vous demandons, par l'intercession du Cœur Immaculé de Marie, notre tendre Mère.

    Saint Joseph, père adoptif du Sacré-Cœur de Jésus, priez pour nous.

    Salve Regina

    Pour un approfondissement : >>> La dévotion au Sacré-Cœur

  • "La vraie mort est celle de l'âme : c'est d’elle que nous devons avoir peur !" (Léon XIV)

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    LÉON XIV

    AUDIENCE GÉNÉRALE

    Place Saint-Pierre
    Mercredi 25 juin 2025

    Cycle de catéchèse – Jubilé 2025. Jésus-Christ notre espérance. II. La vie de Jésus. Les guérisons 11. La femme hémorroïsse et la fille de Jaïre. « Ne crains pas, crois seulement. » (Mc 5,36) 

    Chers frères et sœurs, bonjour !

    Aujourd'hui encore, nous méditons sur les guérisons de Jésus comme signe d'espérance. En Lui, il y a une force que nous aussi nous pouvons expérimenter lorsque nous entrons en relation avec Sa Personne.

    Une maladie très répandue à notre époque est le mal de vivre : la réalité nous semble trop complexe, lourde, difficile à affronter. Et alors nous nous éteignons, nous nous endormons, avec l'illusion qu’au réveil, les choses seront différentes. Mais la réalité doit être affrontée et, avec Jésus, nous pouvons bien le faire. Parfois, nous nous sentons bloqués par le jugement de ceux qui prétendent mettre des étiquettes sur les autres.

    Il me semble que ces situations se retrouvent dans un passage de l'Évangile de Marc, où deux histoires s'entremêlent : celle d'une fillette de douze ans, malade dans son lit et à l’article de la mort ; et celle d'une femme, qui saigne depuis douze ans et cherche Jésus pour être guérie (cf. Mc 5, 21-43).

    Entre ces deux figures féminines, l'Evangéliste place le personnage du père de la jeune fille : il ne reste pas à la maison pour se plaindre de la maladie de sa fille, mais il sort et demande de l'aide. Bien qu'il soit le chef de la synagogue, il n'exige rien en raison de sa position sociale. Lorsqu'il faut attendre, il ne perd pas patience et attend. Et quand on vient lui dire que sa fille est morte et qu'il est inutile de déranger le Maître, il continue à avoir foi et à espérer.

    La conversation de ce père avec Jésus est interrompue par la femme hémorroïsse, qui réussit à s'approcher de Jésus et à toucher son manteau (v. 27). Cette femme, avec beaucoup de courage, a pris la décision qui a changé sa vie : tout le monde lui disait de rester à distance, de ne pas se faire voir. Ils l'avaient condamnée à rester cachée et isolée. Parfois, nous aussi, nous sommes victimes du jugement des autres, qui prétendent nous revêtir d'un habit qui n'est pas le nôtre. Et alors, nous sommes malades et nous ne réussissons pas à en sortir.

    Cette femme prend le chemin du salut quand germe en elle la foi que Jésus peut la guérir : elle trouve alors la force de sortir et d’aller à sa recherche. Elle veut arriver au moins à toucher son vêtement.

    Il y avait une grande foule autour de Jésus, tant de gens le touchaient, mais rien ne leur arrivait. Au contraire, lorsque cette femme touche Jésus, elle est guérie. Où se trouve la différence ? Commentant ce point du texte, Saint Augustin dit - au nom de Jésus - : « Les foules se pressent autour de moi, mais la foi me touche » (Sermon 243, 2, 2). C'est ainsi : chaque fois que nous faisons un acte de foi adressé à Jésus, un contact s'établit avec Lui et immédiatement jaillit de Lui sa grâce. Parfois, nous ne nous en rendons pas compte, mais d'une manière secrète et réelle, la grâce nous atteint et, de l'intérieur, transforme lentement la vie.

    Peut-être qu'aujourd'hui encore, beaucoup de gens s'approchent de Jésus de manière superficielle, sans vraiment croire en sa puissance. Nous piétinons la superficie de nos églises, mais le cœur est peut-être ailleurs ! Cette femme, silencieuse et anonyme, surmonte ses peurs en touchant le cœur de Jésus avec ses mains considérées comme impures à cause de sa maladie. Et immédiatement, elle se sent guérie. Jésus lui dit : « Ma fille, ta foi t'a sauvée. Va en paix » (Mc 5,34).

    Pendant ce temps, on apporte au père la nouvelle de la mort de sa fille. Jésus lui dit : « Ne crains pas, crois seulement. » (v. 36). Il se rend ensuite dans sa maison et, voyant que tout le monde pleure et crie, il dit : « L'enfant n'est pas morte, elle dort » (v. 39). Il entre alors dans la chambre où était couchée la jeune fille, la prend par la main et lui dit : «Talità kum», "Jeune fille, lève-toi". La jeune fille se lève et se met à marcher (cf. v. 41-42). Ce geste de Jésus nous montre qu'il ne guérit pas seulement de toute maladie, mais qu'il réveille aussi de la mort. Pour Dieu, qui est Vie éternelle, la mort du corps est comme un sommeil. La vraie mort est celle de l'âme : c'est d’elle que nous devons avoir peur !

    Un dernier détail : Jésus, après avoir resuscité l'enfant, dit aux parents de lui donner à manger (cf. v. 43). Voilà un autre signe très concret de la proximité de Jésus avec notre humanité. Mais nous pouvons aussi le comprendre dans un sens plus profond et nous demander : lorsque nos enfants sont en crise et ont besoin d'une nourriture spirituelle, savons-nous la leur donner ? Et comment pouvons-nous le faire si nous ne nous nourrissons pas nous-mêmes de l'Évangile ?

    Chers frères et sœurs, dans la vie, il y a des moments de déception et de découragement, et il y a mème l'expérience de la mort. Apprenons de cette femme, de ce père : allons à Jésus : Lui il peut nous guérir, il peut nous faire renaître. Jésus est notre espérance !

  • Papes pour la paix : Léon XIV plus en phase avec Pie XII ?

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    D'Éd. Condon sur The Pillar :

     

    Papes pour la paix : Léon et François, Pie XII et Jean XXIII

    Léon semble être plus en phase avec Pie XII tandis que François faisait écho à saint Jean XXIII

    Dès les premiers mots de sa première apparition, le pape Léon XIV a appelé à la paix.

    En tant que choix stylistique, saluer la foule sur la place Saint-Pierre avec le traditionnel « la paix soit avec vous » était un point de différence avec son prédécesseur immédiat François, qui avait ouvert la fête par un simple « bonsoir ».

    Le pape Pie XII et le futur pape saint Jean XXIII. Domaine public.

    Mais les premiers mots de Léon XIV en tant que pape n’étaient pas simplement une phrase toute faite, puisqu’il a ensuite exposé la nécessité de la paix comme priorité et mission de l’Église dans le monde, appelant à « la paix du Christ ressuscité ».

    Bien sûr, la paix, en particulier dans l’ordre diplomatique mondial, est une question urgente pour François et maintenant pour Léon.

    En fait, la situation mondiale s’est détériorée depuis l’élection de Léon XIV, avec le conflit au Moyen-Orient qui s’étend désormais à l’Iran, en plus de la guerre en cours en Ukraine, de la violence contre les chrétiens dans différentes régions d’Afrique et des tensions mondiales avec la Chine.

    François a bien sûr placé les efforts diplomatiques au premier plan des dernières années de son pontificat, et Léon a commencé à façonner sa propre approche à une époque de conflit mondial.

    Ce faisant, des différences de langage, de ton et d’accent apparaissent déjà entre les papes dans leurs appels communs à la paix, et reflètent peut-être des différences similaires entre les papes du siècle dernier.

    Alors que l'Église attend la première encyclique de Léon XIV, quelle qu'en soit la date, il semble de plus en plus probable qu'elle fasse de l'appel urgent à la paix son thème central. Si tel est le cas, les signes jusqu'à présent suggèrent que Léon pourrait davantage faire écho à Pie XII qu'à saint Jean XXIII.

    La guerre et la menace de guerre ont dominé une grande partie du XXe siècle et, nécessairement, ont dominé l’attention des papes qui ont régné pendant cette période, le plus évidemment Pie XII, élu à la veille de la Seconde Guerre mondiale, et saint Jean XXIII, qui a vu la période d’après-guerre se transformer en guerre froide et en ère nucléaire.

    Dans leurs encycliques respectives Summi pontificatus, publiées quelques semaines seulement après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne en 1939, et Pacem in terris, donnée en 1963 dans les mois qui ont suivi la crise des missiles de Cuba, les deux papes ont cherché à s'adresser à un ordre mondial déterminé à se réarmer et au bord d'une violence catastrophique.

    Les deux papes ont mis en garde contre le sentiment d’inévitabilité d’un conflit armé et ont diagnostiqué un déclin plus large de l’ordre moral qui menace la dignité humaine.

    Dans Summi, Pie XII décrit ses efforts pour « empêcher le recours aux armes et maintenir ouverte la voie à une entente honorable pour les deux parties ».

    « Convaincu que l’usage de la force d’un côté serait répondu par le recours aux armes de l’autre », il écrivait qu’il avait fait tout ce qu’il pouvait pour éviter « les horreurs d’une conflagration mondiale, même au risque que nos intentions et nos objectifs soient mal compris ».

    Moins de 25 ans plus tard, Jean XXIII mettait en garde contre la « croyance commune selon laquelle, dans les conditions modernes, la paix ne peut être assurée que sur la base d’un équilibre égal des armements et que ce facteur est la cause probable de ce stockage d’armements ».

    « Par conséquent, les gens vivent sous l'emprise d'une peur constante », écrit Jean XXIII dans Pacem in Teris. « Ils craignent qu'à tout moment la tempête imminente ne s'abatte sur eux avec une violence horrible. Et ils ont de bonnes raisons d'avoir peur, car ces armes ne manquent certainement pas. »

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  • Il y a 50 ans, saint Josémaria décédait à Rome

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    Du site de l'Opus Dei :

    26 juin 1975 : cinquante ans après

    Il y a 50 ans, saint Josémaria décédait à Rome. Nous proposons une sélection de documents pour commémorer le jour de son départ vers le ciel. Depuis lors, une nouvelle étape a commencé dans l'Opus Dei, où sa vie et son message ont inspiré des milliers de chrétiens déterminés à sanctifier leur quotidien. Il rêvait que cette lumière de Dieu devienne une « grande catéchèse », transmise par la force de l'amitié.

    https://opusdei.org/fr/saint-josemaria/

  • La diplomatie vaticane à l’épreuve des conflits en Iran et à Gaza. Une opinion à contre-courant

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    La diplomatie vaticane à l’épreuve des conflits en Iran et à Gaza. Une opinion à contre-courant

    (s.m.) Je reçois et je publie. L’auteur de cette note, Pietro De Marco, est expert en philosophie, théologie et histoire, il a enseigné la sociologie de la religion à l’Université de Florence et à la Faculté théologique de l’Italie centrale.

    *

    Le Saint-Siège et la conjoncture au Moyen-Orient

    de Pietro De Marco

    1. Médiation et arbitrage

    La suspension des guerres en cours ne passe pas par la mise en œuvre d’un arbitrage classique. En effet, dans aucun des cas de belligérance, de l’Ukraine aux deux fronts du Proche-Orient (Israël-Hamas, Israël-Iran), il ne s’agit de guerres déclarées visant à obtenir « une solution politique par d’autres moyens » dans le but de résoudre un différend, mais bien des guerres de valeurs, qui visent à la destruction d’un ennemi moral et culturel, ou encore des guerres « asymétriques » d’un type nouveau, provoquées et menées par plusieurs sujets et avec une variété de tactiques, par définition non déclarées.

    Dans le cas russo-ukrainien, le caractère idéal et les valeurs invoquées par Poutine sont fictifs et ne sont que pure propagande, et le « casus belli » n’est qu’un prétexte, mais elles demeurent un nœud autour du cou de ceux qui ont initié l’agression.

    Sur la scène du Moyen-Orient, les acteurs agressifs, et par conséquent ceux qui réagissent et s’opposent à eux (Israël, et en partie les États-Unis), se positionnent d’emblée – c’est-à-dire dans la réalité quotidienne des guerres hybrides – hors de l’autorité d’arbitrage des organismes internationaux et du droit international lui-même.

    Ce dernier, en fin de compte, n’est qu’un système sans pouvoir coercitif, et il n’est d’ailleurs pas en mesure de l’obtenir sinon de manière controversée et inefficace. Seul un « dominus » planétaire, seul détenteur d’une coercition légitime, pourrait juger et sanctionner, et donc peut-être prévenir, un conflit entre parties et entre États. Mais il faudrait pour cela qu’il passe d’abord sur le corps de tous les prétendants au trône. Ce qui relève davantage de la dystopie que de l’utopie.

    Nous assistons donc dans les faits à des guerres hybrides de type « guerre révolutionnaire ». Les guerres hybrides sont très étudiées et ne sont pas bien difficiles à identifier ; mais l’opinion publique démocratique, encline à nier que l’Occident puisse avoir des ennemis, réagit encore en condamnant la moindre velléité de puissance de ses opposants. Pareil parmi les juristes.

    L’une caractéristique des guerres hybrides sédimentées depuis longtemps est leur dimension d’endoctrinement capillaire du groupe humain à « libérer », c’est-à-dire à sacrifier en masse le jour où l’on en vient aux armes. L’endoctrinement est en fait la manipulation de l’univers imaginaire des individus pour le peupler d’ennemis moraux à haïr aujourd’hui et à éliminer demain. Un jeune participant au raid du 7 octobre a téléphoné fièrement à ses parents en disant : « Regardez ! J’ai tué pas moins de dix Juifs ! ».

    C’est ainsi que tout à fait ouvertement, dans le projet d’hégémonie chiite au Moyen-Orient, Israël est d’abord et avant tout « inimicus » (l’ennemi moral) et non « hostis » (l’ennemi sur le champ de bataille, l’adversaire), pour reprendre une distinction classique et indispensable. « Inimicus » qui devient aussi « hostis » dans les conflits armés, faisant oublier à certains observateurs que, dans ces guerres atypiques, les hostilités sont en fait l’émergence contingente d’une guerre menée entre deux camps, depuis un certain temps, sous d’autres formes.

    En résumé, les guerres de ces dernières années, ou de ces derniers jours, montrent aussi ce qu’est une guerre hybride « révolutionnaire ». Paradoxalement, l’artisan de paix qui obtiendrait le retrait de l’armée israélienne de Gaza devrait poursuivre à son tour (et comment ?) le travail de liquidation des milices insurgées, sinon il n’y aura pas de paix. La guerre hybride est la condition constante du Sud-Liban, que l’opinion publique ne voit que lorsque les chars israéliens se déplacent.

    Il est donc difficile de se poser en arbitres entre les haines et autres pulsions culturelles non négociables, ou qui ne sont négociables et surmontables qu’entre individus (l’individu juif, l’individu palestinien, l’individu iranien, etc.). Bien sûr, sur le front iranien, il est possible de négocier des contrôles internationaux des sites d’enrichissement d’uranium et de plutonium qui seraient constants et sans entrave. Mais, avec la classe dirigeante iranienne actuelle, ce serait négocier l’impossible. Et s’il est question d’un contrôle extérieur imposé, comme il devra l’être en fin de compte, cela reviendrait à placer sous protection internationale une zone (nucléaire et militaire) de souveraineté nationale iranienne. Ce « vulnus » de souveraineté nécessaire rentrerait alors dans le domaine des interventions préventives obligatoires, relevant de la compétence de l’ONU. Mais la lenteur et la partialité de l’ONU – à tel point que l’on pourrait dire que l’ONU elle-même est partie prenante à une guerre hybride contre Israël depuis des décennies – rend cette organisation internationale peu fiable, incapable de prendre des mesures préventives efficaces, comme cela a été le cas avec le soi-disant confinement du Hezbollah au Sud-Liban.

    Ce contexte confère à l’État juif une grande latitude décisionnelle. Une fois la certitude et l’imminence du risque avérés, cette latitude lui permet d’exercer légitimement la riposte préventive. Même dans le cas de Gaza, on peut soutenir qu’il faille considérer la poursuite de la guerre, après la première réponse de représailles au raid du 7 octobre, comme une prévention légitime contre toute agression analogue dans le futur.

    La légalité de la guerre d’Israël est fortement débattue, particulièrement celle qu’elle vient de déclarer contre l’Iran, tout comme sa vision politique à long terme, avec deux fronts ouverts (qui sont en réalité un même front). Qui vivra verra.

    Selon la doctrine actuelle, la guerre préventive en tant que telle présuppose qu’« il ne peut y avoir de réintégration du droit [dans le cadre international] à travers un processus normal ». Mais cette conviction et ses conséquences portent à légitimer une situation anti-juridique ou pré-juridique (« l’état de nature » de Kant), légalisant de facto ce qui est « ex lege ». Pourtant, il y a des situations limites que le droit reconnaît universellement et qu’il n’abandonne pas à « l’état de nature », mais plutôt à des disciplines : toutes les urgences, et le droit de la guerre tout entier. L’affirmation selon laquelle on ne peut pas être à la fois en faveur de la guerre préventive tout en restant démocratiques dans l’ordre international ne tient pas compte de l’état de nécessité.

    L’action destructrice d’un danger imminent n’a pas et ne peut pas avoir de « stratégie de sortie » en soi. L’urgence étant d’anéantir le danger lui-même, c’est-à-dire l’ennemi en tant que tel. Lorsqu’une guerre hybride émerge comme un combat à proprement parler, la définition de la guerre s’y adapte pleinement. L’élaboration de l’après relève du politique. Le travail des organismes internationaux et des organes politiques devrait se concentrer sur cela, plutôt que sur le cours de la guerre, qui a sa propre logique. Mais, comme on suppose que rien de politique ne se passe à Gaza et qu’il ne s’agit que d’un drame humanitaire, personne ne travaille sérieusement à l’après.

    2. Quelle activité diplomatique pour le Saint-Siège ?

    Dans ce contexte, quel jugement public et quelles actions peut-on attendre du Saint-Siège ? Je parle bien du « Saint-Siège », parce qu’une action aux modalités résolument personnalistes (qui se ferait au détriment de la Secrétairerie d’état et d’autres organismes) comme le faisait le pape François n’était pas et n’est pas destinée à avoir des effets. Pour cesser, les guerres n’ont pas besoin d’une « voix autoritaire » supplémentaire pour prêcher la paix, car il n’y a pas d’énoncés performatifs sans réalités, sans forces, aptes à les mettre en œuvre. Pour cesser, les guerres ont besoin d’une véritable élimination de leurs causes, ou à tout le moins d’une partie nécessaire et suffisante d’entre elles.

    En ce qui concerne le Saint-Siège, à moins d’opter pour un sage silence, la formulation publique d’un jugement « complet » serait quant à elle qualifiante. Pour me faire bien comprendre : je considère par exemple comme incomplète et en fin de compte erronée toute formulation « humanitaire » sur Gaza ne désignant pas explicitement le Hamas comme co-responsable quotidien – et premier responsable – des souffrances actuelles de la population palestinienne.

    Quant au conflit israélo-iranien, on a peut-être entrevu un jugement « complet », même dans le langage de la diplomatie, lors de l’audience jubilaire du 14 juin dernier, au cours de laquelle Léon XIV a déclaré, avec la brièveté qui le caractérise et que nous espérions tant, qu’il n’est pas licite entre les peuples d’attenter à l’existence d’autrui. Dans cet appel, qu’il a intercalé dans les salutations à des groupes de pèlerins, il a déclaré ceci : « Personne ne devrait jamais menacer l’existence d’autrui. Il est du devoir de tous les pays de soutenir la cause de la paix […] en favorisant des solutions garantissant la sécurité et la dignité pour tous ».

    Avec quelques paroles supplémentaires, le Saint-Siège pourrait éventuellement associer d’une manière sans équivoque cette déclaration à la pratique croissante de l’Iran de mener une guerre hybride contre Israël (et indirectement contre les pays arabes) ces vingt dernières années. Prendre position contre, ne serait-ce que par principe, donne de la force et non de la faiblesse à la tierce partie, en l’occurrence à un pape, qui ne se positionne pas en ennemi mais qui montre néanmoins qu’il dispose de critères de jugement.

    Un expert allemand du Moyen-Orient aurait objecté à une observation que le chancelier Merz a laissé échapper (« Israël fait le travail à la place et dans l’intérêt d’un Occident sans défense ») qu’à ce moment-là, ce n’est pas le régime iranien qui était menaçant, mais bien des citoyens iraniens qui étaient menacés. J’ai écrit en son temps que l’intellect occidental contemporain, l’intellect moyen, est en proie à un syndrome le rendant incapable de distinguer le moment empathique du moment rationnel-analytique et qui, en tout cas, privilégie le premier sans discernement. À cause d’une « koinè » philosophique de salon qui, depuis des décennies, fait la part belle au « sentiment ».

    Sinon, comment le « sentiment » de compassion pourrait-il effacer soudainement des consciences le cadre des rapports entre les puissances, les cas de destruction entre les civilisations et l’irréductibilité concrète des guerres à la piété des spectateurs ? Et c’est ce même « sentiment » qui préside chaque jour de manière irrationnelle, à de nombreuses références dilettantes au droit international ou humanitaire ; de manière irrationnelle, non pas parce que la référence à la loi ne serait pas rationnelle, mais parce qu’elle ne peut pas être pensée comme le recours à des formules incantatoires. C’est illusoire et inutile.

    Puisse le Saint-Siège retrouver sa rationalité séculaire et la compassion catholique.

    ———

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire L’Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.

    Ainsi que l’index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • Le célibat des prêtres, un charisme à reconnaître, à protéger et à éduquer, selon Léon XIV

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    DISCOURS DE SA SAINTETÉ LE PAPE LÉON XIV 
    AUX SÉMINARISTES DES DIOCESES DES TROIS VÉNÈTIES

    Largo Giovanni Paolo II 
    mercredi 25 juin 2025

    Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Que la paix soit avec vous !

    Chers frères dans l’épiscopat,
    chers formateurs et séminaristes des diocèses de la Tri-Vénétie,

    Je suis heureux de pouvoir vous rencontrer à l'occasion du pèlerinage jubilaire. Je crois que vous  étiez tous présents hier ; c'est donc la deuxième occasion. Votre terre possède de profondes racines chrétiennes, qui nous ramènent à l'antique Église d'Aquilée. Dans cette mémoire de foi et de spiritualité, resplendit le témoignage de nombreux martyrs et saints pasteurs. Nous nous souvenons de l'évêque Cromazio ; de Girolamo et Rufino, exemplaires dans l'étude et la vie ascétique ; ainsi que des bienheureux Tullio Maruzzo et Giovanni Schiavo, missionnaires qui ont répandu l'Évangile auprès de différents peuples, langues et cultures.

    Aujourd'hui, il nous appartient de poursuivre ce travail passionnant. Vous, séminaristes, êtes particulièrement appelés à vous insérer dans cette riche histoire de grâce, à la préserver et à la renouveler à la suite du Seigneur. Ne vous découragez pas si parfois le chemin qui s'offre à vous devient difficile. Comme le disait le bienheureux  Jean-Paul Ier au clergé de Rome , exercez-vous à la discipline d'un « effort continu, long et difficile. Même les anges vus en songe par Jacob ne volaient pas, mais faisaient un pas à la fois ; imaginez-nous, pauvres hommes sans ailes » ( Discours au clergé romain , 7 septembre 1978). Ainsi parlait un pasteur en qui resplendissaient les plus belles vertus de votre peuple : en lui, vous avez un véritable modèle de vie sacerdotale.

    Je voudrais aussi rappeler un passage de la conversion de saint Augustin, tel qu'il nous le raconte lui-même dans ses  Confessions. D'un côté, il était impatient de se décider pour le Christ, de l'autre, il était retenu par les scrupules et les tentations. Profondément troublé, il se retira un jour pour méditer dans le jardin de sa maison ; là, la vertu de continence lui apparut personnifiée, lui disant : « Pourquoi te tiens-tu à toi-même – et ne te tiens-tu pas à toi-même ? Jette-toi en Dieu sans crainte. Il ne reculera pas et ne te fera pas tomber. Jette-toi en paix, il t'accueillera et te guérira » ( Conf.  VIII, 27).

    En tant que père, je vous répète ces paroles, qui firent tant de bien au cœur inquiet d'Augustin : elles ne valent pas seulement pour le célibat, charisme à reconnaître, à protéger et à éduquer, mais elles peuvent guider tout votre chemin de discernement et de formation au ministère ordonné. Ces paroles vous invitent en particulier à une confiance sans limite dans le Seigneur, le Seigneur qui vous a appelés, renonçant à prétendre vous suffire à vous-mêmes ou à tout accomplir seuls. Et cela vaut non seulement pour les années de séminaire, mais pour toute votre vie : à chaque instant, surtout dans les moments de désolation ou même de péché, répétez-vous les paroles du psalmiste : « Je m'abandonne à la fidélité de Dieu, maintenant et pour toujours » ( Ps  51, 10). La Parole de Dieu et les Sacrements sont des sources pérennes, où vous pouvez toujours puiser une nouvelle vie pour votre vie spirituelle et votre engagement pastoral.

    Ne vous considérez pas comme  seuls , ni comme isolés .  Sans aucun doute – comme l'affirme la  Ratio fundamentalis  – chacun de vous « est acteur de sa propre formation et appelé à un chemin de croissance constante dans les domaines humain, spirituel, intellectuel et pastoral » (Congrégation pour le Clergé,  Le don de la vocation sacerdotale , n. 130) ; mais  acteur  ne signifie pas  soliste ! Je vous invite donc à toujours cultiver la communion, avant tout avec vos compagnons de séminaire. Ayez pleinement confiance en vos formateurs, sans réticence ni duplicité. Et vous, formateurs, soyez de bons compagnons de route pour les séminaristes qui vous sont confiés : offrez-leur l'humble témoignage de votre vie et de votre foi ; accompagnez-les avec une affection sincère. Sachez que vous êtes tous soutenus par l'Église, en premier lieu par la personne de l'évêque.

    Enfin, le plus important : gardez le regard fixé sur Jésus (cf.  He  12, 2), en cultivant une relation d’amitié avec lui. À ce propos, le prêtre anglais Robert Hugh Benson (1871-1914) écrivait après sa conversion au catholicisme : « S’il est une chose qui ne laisse aucun doute dans l’Évangile, c’est précisément celle-ci : Jésus-Christ veut être notre ami. […] Le secret qui a fait les saints est tout entier ici : la conscience de l’amitié de Jésus-Christ » ( L’amitié du Christ , Milan 2024, 17). Il demande, comme l’écrit le pape François dans l’encyclique  Dilexit nos ,  « de ne pas avoir honte de reconnaître son amitié avec le Seigneur. Il vous demande d’avoir le courage de dire aux autres que c’est une bonne chose pour vous de l’avoir rencontré » ( n. 211 ). Rencontrer Jésus, en effet, sauve notre vie et nous donne la force et la joie de communiquer l’Évangile à tous.

    Très chers, merci pour cette visite. Bon voyage ! Que la Madone vous accompagne toujours, et que je vous bénisse. Merci !

    [Récitation du Notre Père]

    [Bénédiction]

    Bonne journée ! Merci beaucoup et bon cheminement de foi !

  • La « nouvelle Syrie » islamiste est un cauchemar pour les chrétiens

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    D'Elisa Gestri sur la NBQ :

    La « nouvelle Syrie » islamiste est un cauchemar pour les chrétiens

    L'attaque de dimanche dans une église orthodoxe n'est pas la première revendiquée par des groupes djihadistes qui prolifèrent dans un contexte incontrôlable. Mais malgré les ambiguïtés, le « gouvernement de transition » continue de bénéficier du soutien international.

    25_06_2025

    photo par Elisa Gestri

    Le retour de l'État islamique, ou de quiconque le représente, en Syrie est désormais clair et indéniable. Depuis décembre dernier, date de l'arrivée au pouvoir de Hayat Tahrir al Sham, on assiste à la prolifération de groupes djihadistes qui, en partie, coïncident avec HTS (Hayat Tahrir al-Cham (HTS), la coalition islamiste qui a fait chuter le président syrien Bachar al-Assad ndb), en partie sont alliés, en partie rivaux. Certains sont issus de l'EI, d'autres sont ses frères, d'autres encore ont un passé au sein d'Al-Nosra, l'EI syrien, ou d'Al-Qaïda.

    Le mois dernier, l'EI a revendiqué deux attaques en Syrie, l'une dans le désert du sud et l'autre dans le gouvernorat de Soueida. La première visait une patrouille de l'Armée syrienne libre (ASL), milice initialement composée de rebelles contre le régime d'Assad et soutenue par les États-Unis, stationnée sur la base d'al-Tanf, près des frontières jordanienne et irakienne. Depuis la chute du régime d'Assad, il s'agit des premières opérations ouvertement revendiquées par l'EI, ou par celui qui se cache désormais derrière ce sigle. Entre-temps, Dujana al Jubouri, originaire d'Alep et ancien commandant d'al-Nosra, au sein duquel il a occupé des postes de direction jusqu'en 2014, date à laquelle il a rejoint l'État islamique, a été nommé gouverneur d'Alep. C'est l'État islamique lui-même qui a annoncé la nouvelle.

    L'attentat suicide contre l'église grecque orthodoxe  Saint-Élie, perpétré dimanche dernier à 18h15, un quart d'heure après le début de la messe, a fait 27 morts et 63 blessés à Dwela, près de Damas. Il a d'abord été attribué à l'État islamique (mais il s'agissait apparemment d'une opération sous fausse bannière), puis revendiqué par une nouvelle formation appelée Saraya Ansar al-Sunna (Brigade de soutien à la Sunna).

    Les trois assaillants – selon des sources locales, deux combattants étrangers ouzbeks  et un « facilitateur » syrien de HTS – n'étaient pas là par hasard. Ils étaient déjà connus dans le quartier, où ils avaient eu plusieurs affrontements avec des habitants qui s'étaient plaints aux autorités. Selon le communiqué publié sur les réseaux sociaux par Saraya Ansar al-Sunna, le kamikaze Muhammad Zayn al Abidin abu Uthman est l'auteur d'une « opération martyre » ayant entraîné la mort de « dizaines de polythéistes ». Une opération similaire, conclut le communiqué, « sera bientôt répétée à Beyrouth ».

    Qui se cache derrière cette nouvelle formation, pourtant pas si nouvelle ? Dans une interview éclairante accordée en mai dernier au journal libanais An Nahar, Abu al-Fath al-Shami, chef de la « Division Charia » du groupe, a déclaré que l'organisation, fondée en secret à Idlib, rassemble des transfuges de HTS et d'anciens combattants de l'EI et considère al-Charaa comme « un tyran peu fiable et apostat », même si l'opposition au gouvernement syrien ne figure pas parmi ses priorités. Quant à l'EI, Saraya Ansar al-Sunna ne reconnaît pas son autorité, mais, a ajouté al-Shami, « quiconque partage notre avis sur le djihad est notre frère ». Actuellement, l'organisation se concentre sur « l'attaque des alaouites, des druzes, des chiites et des milices kurdes des FDS (Forces démocratiques syriennes) dans le nord-est de la Syrie ». De toute évidence, si les revendications de la milice sont crédibles, elles le sont aussi pour les chrétiens.

    Tout porte à croire que HTS est incapable, ou plutôt peu disposé, à maîtriser ses affiliés djihadistes , quelle que soit leur appartenance, en particulier les combattants étrangers radicalisés désormais intégrés dans ses rangs qui commettent quotidiennement des crimes brutaux, notamment contre les minorités coupables de takfir (apostasie). Depuis le début de l'année, des milliers de personnes ont été tuées en Syrie sans distinction de sexe ou d'âge, uniquement sur la base de leur appartenance religieuse.

    Bien que la situation en Syrie soit clairement hors de contrôle et que les violations des droits humains aient largement dépassé le niveau d'alerte, l'impunité que la communauté internationale accorde au gouvernement d'Ahmed al Charaa est possible grâce au soutien des États-Unis, de la Turquie, du Qatar et de l'UE. Le 23 juin, au lendemain de l'attaque contre l'église Saint-Élie, le Conseil européen a approuvé les conclusions sur la Syrie, réaffirmant l'engagement de l'Europe à soutenir le peuple syrien et le « gouvernement de transition », reconnaissant « son engagement à construire une nouvelle Syrie fondée sur la réconciliation, le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous les Syriens sans distinction, et la préservation de la diversité du pays », peut-on lire dans le communiqué de presse publié ce jour-là. Ces derniers mots résonnent d'une ironie amère lorsqu'on pense aux proches des victimes de Dwela – hommes, femmes et enfants – qui ont perdu leurs proches dans un climat d'une brutalité et d'un sang incroyables. La relation entre le gouvernement d'Al Charaa et Israël est plus ambiguë.

    L'État hébreu et la Syrie sont officiellement en guerre depuis 1948, et Israël continue de bombarder la Syrie presque quotidiennement, en particulier, mais pas seulement, le plateau du Golan, près de la ville de Quneitra, et le sud de la région de Deraa. Il convient de noter que les attaques contre la Syrie (ainsi que contre le sud du Liban et les civils de Gaza) se sont poursuivies même après l'ouverture du « front iranien » par Israël. Depuis son arrivée au pouvoir, al-Charaa a toujours déclaré que la Syrie ne souhaitait pas de conflit avec son puissant voisin, demandant sans grande conviction à la communauté internationale de mettre fin aux attaques israéliennes.

    Lors d'une visite à Damas fin mai, l'envoyé spécial des États-Unis pour la Syrie, Thomas Barrack, a proposé un « pacte de non-agression » comme point de départ d'une détente entre la Syrie et Israël ; mais les relations entre les deux pays semblent se développer davantage en coulisses qu'en public. Les bombardements israéliens des infrastructures de l'armée syrienne semblent avoir pour but d'empêcher la création d'une force armée officielle capable de contrôler la Syrie ; D'un autre côté, certains faits semblent suggérer que Tel-Aviv bénéficie, directement ou indirectement, de groupes djihadistes à l'intérieur et à l'extérieur de la Syrie, à commencer par le renversement d'Assad.

    Il y a quelques semaines, Benjamin Netanyahou, acculé par une déclaration d'Avigdor Lieberman, chef du parti Israël Beiteinu, a admis sans détour qu'Israël armait depuis longtemps des djihadistes pro-EI à Gaza dans un but anti-Hamas. « Qu'a révélé Lieberman ? Quelles sources de sécurité ont activé un clan à Gaza qui s'oppose au Hamas ? Qu'y a-t-il de mal à cela ? », a déclaré Netanyahou sur X. « C'est bien, cela sauve la vie de soldats israéliens dans la bande de Gaza », a-t-il ajouté.

    Selon le Times of Israel,  le gouvernement Netanyahou, qui avait armé le Hamas par le passé , a fourni des kalachnikovs et d'autres armes au groupe pro-EI, même sans le consentement du cabinet de guerre. De plus, les ambitions expansionnistes d'Israël en Syrie, en particulier dans le sud du pays, ne sont un secret pour personne. Au lendemain de la chute d'Assad, les patrouilles de Tsahal, tractées par des bulldozers, ont occupé le Golan et la bande frontalière presque jusqu'à Damas, sans jamais quitter la zone. Un bon accord avec Al Charaa pourrait conduire à l'acquisition par Israël des territoires occupés, de droit comme de fait.

    Une autre conséquence dramatique et inévitable de la résurgence des groupes djihadistes en Syrie est l'expansion de l'extrémisme.hors des frontières du pays. Le 10 mai, Saraya Ansar al-Sunna, alors peu connu, a publié un communiqué annonçant le début de ses activités à Tripoli, dans le nord du Liban. Dans ce communiqué, le groupe menaçait de « frapper les apostats alaouites, chiites et druzes » du pays. Des convois de djihadistes brandissant les drapeaux d'Al-Qaïda et la chahada , symbole des conquêtes arabo-islamiques, ont été aperçus traversant la ville, traditionnellement sunnite, qui, selon des sources locales, ne s'opposerait pas à l'intégration d'un éventuel nouveau califat islamique s'étendant au Liban et à la Jordanie.

    Pendant ce temps, en Syrie, les chrétiens sont descendus dans la rue pour protester contre les violences auxquelles ils sont de plus en plus ouvertement soumis. Le soir même du massacre de Sant'Elia, une manifestation pacifique a eu lieu à Bab Touma, l'un des quartiers chrétiens de Damas, autour d'une grande croix. La marche a réclamé l'expulsion des combattants étrangers  de Syrie et que justice soit rendue aux victimes de toutes les attaques et massacres à motivation religieuse, dont Dwela n'est que le dernier en date.

    Les funérailles des « martyrs de Saint-Élie » ont également été l'occasion de manifester pacifiquement et d'exiger justice. Laure al Nasr est la veuve de Greis Bechara, qui, avec son frère Boutros, a tenté de désarmer l'assaillant avant qu'il ne se fasse exploser. Selon les personnes présentes, la promptitude des frères Bechara a distrait les assaillants et les a empêchés de tirer sur de nombreuses autres personnes avant que l'inévitable ne se produise. Dans un discours public touchant mais lucide, Laure a courageusement demandé à Al Charaa de prendre personnellement en charge les enquêtes, au lieu de présenter de vaines condoléances aux familles des victimes par l'intermédiaire de ses ministres, comme il l'a fait. De vive voix, al Charaa a exprimé sa solidarité au Qatar et aux autres pays du Golfe « face aux menaces sécuritaires liées aux attaques iraniennes », offrant aux gouvernements menacés « le soutien total de la Syrie ».
    Le sentiment est que si les pays occidentaux, encore formellement chrétiens, ne commencent pas à défendre leurs coreligionnaires au niveau international, il est peu probable que ces derniers aient un avenir en Syrie autre que la mort ou l’émigration forcée.

    En relation : Ce que signifie une attaque contre une église pour les chrétiens de Syrie

  • Comment accéder aux textes (homélies, discours, audiences...) du Pape ?

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  • Le pape aux séminaristes : "vous êtes appelés à aimer avec le cœur du Christ !"

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    MÉDITATION DU SAINT-PÈRE LÉON XIV 
    AUX SÉMINARISTES À L'OCCASION DE LEUR JUBILÉ

    Basilique Saint-Pierre, Autel de la Confession
    mardi 24 juin 2025

    Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Que la paix soit avec vous !

    Éminences, Excellences, aux formateurs et surtout à vous tous séminaristes, bonjour à tous !

    Je suis très heureux de vous rencontrer et je vous remercie tous, séminaristes et formateurs, pour votre chaleureuse présence. Merci tout d'abord pour votre joie et votre enthousiasme. Merci parce que, par votre énergie, vous alimentez la flamme de l'espérance dans la vie de l'Église !

    Aujourd'hui, vous n'êtes pas seulement des pèlerins, mais aussi des témoins d'espérance : vous me témoignez, à moi et à tous, parce que vous vous êtes laissés entraîner dans l'aventure fascinante de la vocation sacerdotale en un temps difficile. Vous avez accepté l'appel à devenir des annonciateurs doux et forts de la Parole qui sauve, serviteurs d'une Église ouverte et en marche missionnaire.

    Et je dis aussi un mot en espagnol : merci d’avoir accepté avec courage l’invitation du Seigneur à le suivre, à être disciple, à entrer au séminaire. Qu’ils soient dignes et ne me prennent pas.

    [Et je dis aussi un mot en espagnol : merci d’avoir courageusement accepté l’invitation du Seigneur à le suivre, à être ses disciples, à entrer au séminaire. Il faut être courageux et ne pas avoir peur !]

    Au Christ qui vous appelle, dites « oui », avec humilité et courage ; et ce « me voici » que vous lui adressez germe dans la vie de l’Église et se laisse accompagner par le chemin nécessaire de discernement et de formation.

    Jésus, comme vous le savez, vous appelle avant tout à vivre une expérience d'amitié avec lui et avec vos compagnons de route (cf. Mc 3, 13) ; une expérience destinée à croître durablement même après l'ordination et qui concerne tous les aspects de la vie. En effet, rien en vous ne doit être abandonné, mais tout doit être repris et transfiguré selon la logique du grain de blé, pour devenir des personnes et des prêtres heureux, des « ponts » et non des obstacles à la rencontre avec le Christ pour tous ceux qui s'approchent de vous. Oui, il doit grandir et nous devons diminuer, afin que nous puissions être des bergers selon son Cœur [1] .

    En parlant du Cœur de Jésus-Christ, comment ne pas rappeler l'encyclique Dilexit nos, donnée par le bien-aimé Pape François ? [2] Précisément en ce temps que vous vivez, temps de formation et de discernement, il est important de tourner votre attention vers le centre, vers le « moteur » de tout votre cheminement : le cœur ! Le séminaire, quelle que soit sa conception, doit être une école des affections. Aujourd'hui, de manière particulière, dans un contexte social et culturel marqué par le conflit et le narcissisme, nous devons apprendre à aimer et à le faire comme Jésus [3] .

    Comme le Christ a aimé avec le cœur de l'homme [4] , vous êtes appelés à aimer avec le cœur du Christ ! Aimer avec le cœur de Jésus. Mais pour apprendre cet art, vous devez travailler votre vie intérieure, là où Dieu fait entendre sa voix et d'où naissent les décisions les plus profondes ; mais qui est aussi un lieu de tension et de lutte (cf. Mc 7, 14-23), pour vous convertir afin que toute votre humanité puisse respirer l'Évangile. Le premier travail doit donc être fait sur la vie intérieure. Souvenez-vous bien de l'invitation de saint Augustin à revenir au cœur, car c'est là que se trouvent les traces de Dieu. Descendre dans le cœur peut parfois nous effrayer, car il y a aussi des blessures. N'ayez pas peur d'en prendre soin, laissez-vous aider, car c'est précisément de ces blessures que naîtra la capacité d'être aux côtés de ceux qui souffrent. Sans vie intérieure, même la vie spirituelle est impossible, car Dieu nous parle précisément là, dans le cœur. Dieu nous parle dans notre cœur, nous devons savoir l'écouter. [Dieu nous parle dans notre cœur, nous devons savoir l'écouter]. Une partie de ce travail intérieur consiste aussi à apprendre à reconnaître les mouvements du cœur : non seulement les émotions rapides et immédiates qui caractérisent l'âme des jeunes, mais surtout les sentiments, qui aident à découvrir le sens de sa vie. Si vous apprenez à connaître votre cœur, vous serez de plus en plus authentique et n'aurez plus besoin de porter de masques. Et le chemin privilégié qui nous conduit intérieurement est la prière : à une époque où nous sommes hyperconnectés, il devient de plus en plus difficile de faire l'expérience du silence et de la solitude. Sans la rencontre avec Lui, nous ne pouvons même pas nous connaître vraiment nous-mêmes.

    Je vous invite à invoquer fréquemment l'Esprit Saint, afin qu'il forme en vous un cœur docile, capable de saisir la présence de Dieu, notamment en écoutant les voix de la nature et de l'art, de la poésie, de la littérature [5] et de la musique, ainsi que des sciences humaines [6] . Dans l'engagement rigoureux de l'étude théologique, sachez également écouter avec un esprit et un cœur ouverts les voix de la culture, comme celles des récents défis de l'intelligence artificielle et des réseaux sociaux.[7]. Surtout, comme Jésus l’a fait, sachez écouter le cri souvent silencieux des petits, des pauvres et des opprimés et de tant de personnes, surtout des jeunes, qui cherchent un sens à leur vie.

    Si vous prenez soin de votre cœur, par des moments quotidiens de silence, de méditation et de prière, vous pouvez apprendre l'art du discernement. Apprendre à discerner est également une tâche importante. Jeunes, nous portons en nous de nombreux désirs, rêves et ambitions. Notre cœur est souvent surchargé et nous nous sentons parfois confus. Au contraire, à l'exemple de la Vierge Marie, notre intériorité doit devenir capable de garder et de méditer. Capable de synballein – comme l'écrit l'évangéliste Luc (2, 19.51) : rassembler les fragments [8] . Gardez-vous de la superficialité et rassemblez les fragments de vie dans la prière et la méditation, en vous demandant : qu'est-ce que ce que je vis m'enseigne ? Qu'est-ce que cela dit à mon cheminement ? Où le Seigneur me conduit-il ?

    Très chers, ayez un cœur doux et humble comme celui de Jésus (cf. Mt 11, 29). À l'exemple de l'apôtre Paul (cf. Ph 2, 5ss), puissiez-vous vous imprégner des sentiments du Christ pour progresser en maturité humaine, notamment affective et relationnelle. Il est important, voire nécessaire, depuis le séminaire, de se concentrer sur la maturation humaine, en rejetant tout déguisement et toute hypocrisie. En gardant le regard fixé sur Jésus, nous devons apprendre à donner un nom et une voix à la tristesse, à la peur, à l'angoisse, à l'indignation, en intégrant tout cela dans la relation avec Dieu. Les crises, les limites, les fragilités ne doivent pas être occultées, elles sont plutôt des occasions de grâce et de vivre Pâques.

    Dans un monde où règnent souvent l'ingratitude et la soif de pouvoir, où la logique du gaspillage semble parfois prévaloir, vous êtes appelés à témoigner de la gratitude et de la générosité du Christ, de l'exaltation et de la joie, de la tendresse et de la miséricorde de son Cœur. À pratiquer l'accueil et la proximité, le service généreux et désintéressé, en laissant l'Esprit Saint « oindre » votre humanité avant même l'ordination.

    Le Cœur du Christ est animé d'une immense compassion : il est le Bon Samaritain de l'humanité et il nous dit : « Allez, et vous aussi, faites de même » ( Lc 10, 37). Cette compassion le pousse à rompre le pain de la Parole et du partage pour les foules (cf. Mc 6, 30-44), nous laissant entrevoir le geste du Cénacle et de la Croix, lorsqu'il se serait donné à manger, et il nous dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » ( Mc 6, 37), c'est-à-dire faites de votre vie un don d'amour.

    Chers séminaristes, la sagesse de l'Église Mère, aidée par l'Esprit Saint, recherche toujours, au fil du temps, les méthodes les plus adaptées à la formation des ministres ordonnés, en fonction des besoins des lieux. Dans cet engagement, quelle est votre tâche ? Ne jamais vous contenter de peu, ne jamais vous contenter de rien, ne jamais être de simples bénéficiaires passifs, mais être passionnés par la vie sacerdotale, vivre le présent et regarder l'avenir avec un cœur prophétique. J'espère que cette rencontre vous aidera chacun à approfondir votre dialogue personnel avec le Seigneur, afin de lui demander d'assimiler toujours davantage les sentiments du Christ, les sentiments de son Cœur. Ce Cœur qui bat d'amour pour vous et pour toute l'humanité. Bon chemin ! Je vous bénis.

    Chers séminaristes,

    Je suis heureux de pouvoir vous accompagner ce matin, à l'occasion de votre Jubilé, avec les prêtres qui vous accompagnent dans votre chemin de formation. Vous venez de diverses Églises du monde et avez des expériences de vie très différentes, mais dans le Seigneur nous formons tous un seul corps. En effet, il n'y a qu'une seule espérance à laquelle vous avez été appelés, celle de votre vocation (cf. Ep 4, 4). Aujourd'hui, sur la tombe de l'apôtre Pierre et avec moi, son successeur, vous renouvelez solennellement la foi de votre baptême. Ce Credo est la racine d'où jaillit le « Me voici » que vous direz avec joie le jour de votre ordination sacerdotale. Que Dieu, qui a commencé son œuvre en vous, la mène à son achèvement.

    [récitation du Credo en latin]

    Prions. Père, en cette année jubilaire, ouvre à ton Église la voie du salut, accueille nos bonnes intentions et exauce notre désir de nous convertir à toi pour devenir d'authentiques témoins de l'Évangile. Avec la grâce de l'Esprit Saint, guide nos pas vers la bienheureuse espérance de rencontrer ton visage dans la Jérusalem céleste, où ton Royaume atteindra son accomplissement complet et parfait et où tout se réalisera dans le Christ, ton Fils. Il vit et règne avec toi et l'Esprit Saint pour les siècles des siècles.

    [bénédiction]

    Meilleurs vœux à tous et bon pèlerinage d’espérance !

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    [1] Cf. Saint Jean-Paul II, Exhortation. Ap. Pastores dabo vobis (25 mars 1992), 43.

    [2] Lettre encyclique Dilexit nos , sur l’amour humain et divin du Cœur de Jésus-Christ (24 octobre 2024).

    [3] Cf. ibid. , 17.

    [4] Concile œcuménique Vatican II, Constitution Gaudium et spes , 22.

    [5] Cf. François, Lettre sur le rôle de la littérature dans l’éducation , 17 juillet 2024.

    [6] Concile œcuménique Vatican II, Constitution Gaudium et spes , 62.

    [7] Congrégation pour le Clergé, Ratio Fundamentalis Institutionis Sacerdotalis , Le don de la vocation sacerdotale (8 décembre 2016), 97.

    [8] Cf. François, Lettre encyclique Dilexit nos, sur l’amour humain et divin du Cœur de Jésus-Christ (24 octobre 2024), 19.