Lu sur le site web de l’hebdomadaire « Famille chrétienne », un article à méditer en ces journées traditionnelles d’ordinations sacerdotales au sein de l’Eglise catholique :
«La messe des ordinations sacerdotales de la Communauté Saint-Martin était célébrée par le cardinal Philippe Barbarin dimanche 25 juin 2022 à Evron. Retrouvez le message que le prélat leur a adressé pendant son homélie.
Ils étaient cette année 14 membres de la communauté Saint-Martin à être ordonnés prêtres, dimanche 25 juin, dans la basilique d’Evron, au lendemain des ordinations diaconales. Présidant la messe, le cardinal Barbarin a adressé à ces nouveaux prêtres plusieurs conseils dans son homélie en s’inspirant des lectures. Notamment du passage de l’Evangile du recouvrement de Jésus au Temple (Lc, 2) et du chapitre 61 du livre d’Isaïe.
Il les a invités à ne pas oublier de « tressailler de joie » et de « rendre de grâce » dans leur vie sacerdotale à l’exemple du prophète, mais aussi à suivre cette première parole de Jésus dans l’Evangile : « Ne savez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » C’est dans ce lieu, le Temple Saint, que le Seigneur les attend avant tout, pour façonner leur cœur et « poursuivre son travail » en eux chaque jour après leur ordination.
(cf. vidéo de 35:37 à 38:43).
À lire aussi:
« La communauté Saint-Martin s’implantera bien au Mont Saint-Michel »
L'homélie du cardinal Philippe Barbarin
« Mes frères très chers, chers frères et sœurs,
dans l’Evangile de Saint Luc, au début et à la fin il y a deux personnes qui quittent Jérusalem, dans le trouble. On connaît bien les disciples d’Emmaüs, on sent leur trouble, comme on voit dans l’Evangile qui vient d’être proclamé le trouble de la Vierge Marie et de Joseph. « Ton père et moi, nous te cherchions ! » - C’est la seule fois d’ailleurs où l’on entend la Vierge Marie dire « Ton père et moi » - ; « Pourquoi nous as-tu fait cela ? » Et ils découvrent Jésus, dans un cas comme dans l’autre, dans le temple. Le temple du pain partagé à l’auberge d’Emmaüs ou le temple où il était avec les docteurs de la loi.
Souvent dans les tableaux, on nous représente Jésus qui enseigne les docteurs de la loi, mais ce n’est pas ce que dit le texte. Le texte dit qu’il était là, et qu’il les écoutait ; « Shema Israël ». Le juif, le chrétien, est d’abord quelqu’un qui écoute une parole qui le dépasse, qui pose ses questions, et puis qui répond quand on l’interroge. Il était là, donc, il leur posait des questions, il les écoutait, et « tous ceux qui l’entendaient étaient extasiés de son intelligence et de ses réponses ». Il y a un saisissement chez sa maman, sa maman « gardait dans son cœur tous ces événements ». Je pense aux mamans des ordinands : c’est un grand jour pour elles aussi, qui fait sans doute remonter dans leur cœur ce qu’il s’est passé, ce que parfois elles n’ont pas compris dans le chemin de leur enfant, tout ce qu’elles ont essayé de donner, avec amour, tendresse, affection, intelligence, de tout leur cœur, les choses qui les ont ou perturbées ou étonnées, ou laissées avec une question… Le mystère d’une personne toujours nous dépasse.
Cette scène est un beau dialogue qui n’est pas que pour les mamans mais aussi pour les papas, pour tous les proches, un peu comme on le voit d’ailleurs dans la première lecture. On a notre prophète Isaïe, - c’est le texte que vous entendrez à chaque messe Chrismale alors on le connaît bien - : « L’esprit du Seigneur repose sur moi, et il m’a envoyé prononcer la Bonne Nouvelle », et après le dialogue avec la communauté. Il parle, lui, le prophète, et la communauté écoute, comprend, ne comprend pas… […] mais elle tressaille de joie : « Je tressaille de joie dans le Seigneur, et mon âme exulte en mon Dieu. » C’est la raison pour laquelle on vous demande, on demande à tous les chrétiens mais spécialement à ceux qui disent l’office, chaque soir, de laisser votre cœur exulter de joie. N’oubliez pas de rendre grâce ! Le chant du magnificat chaque soir, dans les vêpres, est un moment essentiel. Dans la lecture d’aujourd’hui on nous proposait aussi son ancêtre, le cantique d’Anne. Ne pas oublier de dire Merci ! Nous savons, et l’Evangile nous a prévenus, que souvent nous oublions. Un jour Jésus guérit dix lépreux, et sur les dix, il y en a un seul capable de venir lui dire merci. Souvent je me suis posé cette question à moi-même : peut-être qu’il y a 90 % des choses reçues de Dieu pour lesquelles j’ai oublié de dire Merci ? Savoir tressaillir de joie dans le Seigneur, exulter au nom du Seigneur, avec ce manteau de la justice, et enfin toutes les merveilles qui sont déjà décrites dans cette première lecture. Je pensais à tout ce que vous allez faire après. La justice, la louange, la vie éternelle que vous allez donner, le pardon, la justice de Dieu… tout ce que vous allez faire et donner pour mettre le peuple de Dieu en louange pour que son Epouse aime davantage, aime toujours plus l’Epoux.
« Ton Père et moi nous te cherchions ! » et « Pourquoi nous as-tu fait cela ? » Marie et Joseph étaient donc perturbés dans cette route, et ils avançaient, puis se sont tranquillisés comme des parents : « bon, il n’est pas là, mais à son âge, il doit être là-bas, dans le convoi ». Parfois on nous traduit « la caravane ». En fait, c’est un mot très à la mode ! C’est le seul endroit de l’Evangile où il y a le mot « synode ». « Synodia ». On espère d’ailleurs que dans le synode, si on parle de synode et de synodalité maintenant, Jésus marche avec nous. Eh bien là c’était pas le cas ! [rires] C’était le synode, il était dans le Temple. Et pour nous aussi, c’est une question qui a son importance. On pense et on espère que le peuple de Dieu, comme une caravane, comme un convoi, comme un synode, avance, et que le Seigneur Jésus est bien là, présent au milieu de lui.
« Où est-il ? » se demandent Marie et Joseph. Et donc ils vont le retrouver dans le temple. Ici évidemment il y a quelque-chose qui pour nous est extrêmement précieux, et qui est la première parole de jésus dans l’Evangile. Il y en a, il y en a beaucoup, dans ses enseignements et dans des chapitres entiers. On les connait, on les aime. Mais pourquoi n’y a-t-il pas un amour tout particulier pour sa première parole ? Quand sa maman un peu perdue lui dit : « Mais mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Ton père et moi nous avons souffert en te cherchant ! » Il y a aussi ici la place de Joseph. Joseph : tout le monde veut que ce soit un grand silencieux. Beaucoup de livres s’appellent comme ça : Joseph, le silencieux. Qu’est-ce qu’ils en savent ? Il n’y a pas une seule parole de saint Joseph dans l’Evangile certes, mais je pense que c’était un papa comme tout le monde, et qu’il apprenait à son enfant la vie, le voisinage, son métier, le commerce, l’argent… Jésus, après, parlera souvent de l’argent. Il parlera de toutes les difficultés du monde, on voit qu’il les connaît ! Il saura se comporter devant la femme adultère, devant les marchands du temple, devant ceux-ci ou ceux-là… il a été bien éduqué, par un papa qui lui a parlé, qui lui a appris à être un homme, à avoir son métier, et après, souvent, en entendant les réponses de Jésus, je remercie saint Joseph, parce qu’il a vraiment fait son travail de père et d’éducateur. Et ce petit bonhomme, il a grandi à Nazareth à côté d’un chêne ! Autrement dit d’un père qui était un bon résumé de l’Ancien testament, choisi entre mille bien sûr par Dieu au début du nouveau testament, pour donner comme image de sa paternité un juif extraordinaire, quelqu’un qui était entièrement dans la torah, dans la prière."
À lire aussi
Fausses rumeurs à propos d'une visite d'inspection de la communauté Saint-Martin
Ref. Les conseils inspirés du cardinal Barbarin aux nouveaux prêtres de Saint-Martin