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Eglise - Page 2

  • Le synodalisme est le résultat d'une erreur théologique

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    De sur kath.net/news :

    Le synodalisme est la conséquence d'une erreur théologique

    26 juin 2025

    Küng versus Ratzinger, version 2.0 - Un commentaire invité de Martin Grichting

    Hans Küng aurait été ravi de participer au synode vatican 2021-2024. Car c'est lui qui, il y a plus de 60 ans, a tenté d'assimiler les notions de synode ou de concile et d'Église. L'Église devait ainsi devenir un grand concile délibérant sans relâche. Ce qui est demandé par le récent synode du Vatican est une tentative tardive de mise en œuvre de l'idée de Küng. Car la « synodalité » doit désormais devenir un état permanent, un trait caractéristique de l'Eglise. Désormais, l'Église ne doit pas seulement être une, sainte, catholique et apostolique, mais aussi « synodale ». Car la « synodalité » mettrait en œuvre ce que le concile Vatican II a enseigné sur l'Église en tant que mystère et peuple de Dieu (document final 2024, introduction). Selon le document final de 2024, de nouveaux organes « synodaux » doivent être créés à tous les niveaux de l'Eglise (89, 94, 100, 107). La distinction entre décision et délibération doit être assouplie (92). Les conseils déjà existants doivent être rendus obligatoires (104) et leur importance ainsi que leurs pouvoirs doivent être renforcés (108, 129). Car, comme l'a déclaré le synode de 2023, le fait de s'asseoir à des tables rondes est « emblématique d'une Eglise synodale » (Relatio, 1.c).

    C'est Joseph Ratzinger qui, dans la période précédant le Concile Vatican II, a pris position contre la théorie de Küng dans son écrit « Zur Theologie des Konzils » (Gesammelte Werke, vol. 7/1, p. 92-120). Il a remis les choses en perspective et a attiré l'attention de manière prophétique sur les dangers qui se sont maintenant manifestés lors du synode de 2021-2024.

    Küng a affirmé que l'Église dans son ensemble était le concile convoqué par Dieu, le « concile œcuménique par vocation divine ». Le concile en tant qu'assemblée ecclésiale serait alors le « concile œcuménique par vocation humaine » et donc la représentation du « concile œcuménique par vocation divine ». Küng a déduit de cette affirmation qu'un concile ainsi compris devait être la représentation de tous les membres de l'Église. Il ne pouvait pas être une assemblée des seuls successeurs des apôtres, les évêques. Ce que Küng avait postulé à l'époque a été mis en pratique : On a d'abord consulté le peuple tout entier. Puis on a fait représenter ce peuple par ses représentants, indistinctement par des évêques, des prêtres, des diacres, des religieux et des laïcs. Ces représentants devaient ainsi représenter toute l'Église en tant qu'« assemblée ecclésiale par vocation humaine ». Tous avaient le « droit de vote ». Il s'agissait donc ici d'une représentation au sens politique, et non du sacrement.

    En revanche, Ratzinger a montré que Küng se trompait déjà étymologiquement. Küng a certes affirmé à juste titre que le terme « Église » vient du grec « ek-kalein », qui signifie « appeler à sortir ». L'Église est l'« ekklesia », celle qui est « appelée à sortir ». Mais Küng a ensuite affirmé que « concilium » venait de « concalare » : convoquer. L'Église, en tant que concile, serait donc la « convoquée ». Ratzinger a démontré que la dérivation de « concalare » était erronée. Le concile et l'Église ne sont pas étymologiquement liés. Mais surtout, Ratzinger a pu montrer que ni dans les 22 passages pertinents de la Bible latine, ni chez les Pères de l'Église, « concilium » n'est jamais la traduction du grec « ekklesia ». Au contraire, dans le contexte ecclésial, « concilium » est toujours l'équivalent des termes grecs “synedrion” ou, plus tard, « synodos ».

    Joseph Ratzinger a ensuite fait remarquer que les données historiques contredisent également la thèse de Küng. En effet, les phénomènes de type synodique ou conciliaire ne sont apparus qu'à partir de l'an 160 environ, dans le cadre de la lutte contre l'hérésie du montanisme. Ils servaient ponctuellement, en cas de conflit, à distinguer les esprits et à écarter les menaces que les fausses doctrines faisaient peser sur l'ensemble de la chrétienté. Le rayon d'action du Concile est donc beaucoup plus étroit que celui de l'Eglise. Celui-ci a une « fonction d'ordre et d'organisation » et sert l'Église dans ce monde « dans les situations particulières du temps universel ». De par sa nature, l'Église n'est pas une assemblée de conseil, mais une assemblée autour de la Parole de Dieu et du sacrement qui, en tant que « participation anticipée au banquet des noces de Dieu », dépasse ce monde et ce temps. Chaque célébration eucharistique, chaque Église particulière est donc « ekklesia », Église. Le concile n'est cependant pas l'Église, il ne la représente pas, mais n'est qu'un service « organisationnel » déterminé, limité dans le temps et dans l'objet, en elle et pour elle. C'est d'autant plus vrai pour un synode au niveau mondial ou au niveau d'une Église particulière. Car il n'est même pas l'assemblée de tous les évêques.

    Ratzinger a fait remarquer à propos des résultats de ses recherches : « Cela peut paraître à première vue comme une querelle d'école riche et futile ». Mais ce n'est pas le cas. Car le danger qui guette dans le jeu de mots de Küng est le suivant : Tant que le Concile est compris du point de vue de l'Eglise, comme un service spirituel (limité dans le temps) pour la résolution de conflits dans des cas particuliers, il n'y a pas de problème. Car il va de soi que le concile vient de l'essence de l'Eglise et en fait partie. Mais la situation change si, dans la conscience publique, une relation inversée entre l'Église et le Concile s'impose. En d'autres termes, si l'Église est comprise à partir du modèle du Concile. Car alors, « le Concile, en tant que ce qui est connu et concret, devient la clé de la vision de l'Église en tant que ce qui est plus profond et qui doit encore être interrogé ». L'Église se dissout ainsi en un « synedrion » ou un « synode ». L'Église dans son ensemble devient une « assemblée de conseil », une « grandeur organisationnelle et politique à laquelle on ne répond pas dans l'attitude fondamentale de la foi, mais dans l'attitude de l'action ». Il s'agit alors de politique, de faire et de changer.

    C'est exactement ce que montre le projet de « synode » du Vatican depuis 2021. A l'occasion du synode d'octobre 2023, des demandes ont été formulées pour le développement de conseils et de comités, pour la création de nouveaux ministères et pour la « synodalité » comme état permanent. Joseph Ratzinger avait prophétiquement prévu les conséquences d'un tel activisme amoureux des structures : « Dans ce cas, ceux qui voient des constantes en elle [l'Église] et veulent les maintenir ne sont en fait que des "freineurs" ». Mais il faut alors aussi être conscient que l'on ne s'est pas engagé dans ce que l'Église elle-même a de tout temps considéré comme sa chose la plus propre et la plus essentielle". En d'autres termes, l'Église se dénature. Elle passe du statut de mystère de la foi à celui de grandeur politique modulable.

    Le projet du synodalisme est donc en fin de compte l'expression d'une erreur théologique sur la nature de l'Eglise. Celle-ci n'est plus crue à partir de la Parole de Dieu et des sacrements, mais comprise de manière politique et représentative. Par le passé, les erreurs théologiques ont toujours provoqué des tensions au sein de l'Église. La démocratie représentative déguisée en synode, telle qu'elle est pratiquée actuellement, entraînera également des conflits entre les évêques, les prêtres et les laïcs, car les premiers ne seront plus respectés dans leur essence et les seconds seront transformés en adversaires pour l'autorité spirituelle, mal comprise comme pouvoir. Si cela ne va pas diviser l'Eglise, cela va au moins la paralyser. Et cela ne vaut pas seulement pour l'Eglise universelle, mais aussi pour les diocèses et les paroisses.

    Mais il se peut aussi que Dieu vienne en aide à son Église par le biais du sens de la foi des évêques, des prêtres et des laïcs. Ce sont justement les laïcs qui ont pris position dans le monde entier par leur participation de l'ordre du pour mille. Leur désintérêt flagrant est l'expression du fait qu'ils ont d'autres besoins et préoccupations. Ils attendent que leur soit transmise, pour leur quotidien concret de chrétiens et de citoyens, une spiritualité qui ne les occupe pas dans des cercles de chaires ecclésiastiques, mais qui leur donne des indications sur la manière de vivre leur mission chrétienne et ecclésiale de manière crédible et efficace dans un monde de plus en plus sécularisé. Ils ont faim du pain de la foi et cherchent des bergers qui leur donnent ce pain et non les pierres d'une politique ecclésiastique erronée. Car l'Eglise se rassemble autour de la Parole de Dieu et de l'Eucharistie, et non autour de tables rondes.

    Martin Grichting a été vicaire général du diocèse de Coire et s'occupe de questions philosophiques et religieuses dans ses publications.

  • Les chrétiens du Moyen-Orient, menacés d'extinction

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    D'Ermes Dovico sur la NBQ :

    Les chrétiens du Moyen-Orient, menacés d'extinction

    Guerres et persécutions continuent de contraindre les chrétiens à quitter le Moyen-Orient, de la Terre Sainte au Liban, en passant par la Syrie. L'œuvre humanitaire silencieuse de l'Église de Jérusalem. Le rôle de l'Occident. Extrait de la visioconférence de Riccardo Cascioli avec Elisa Gestri et Nicola Scopelliti.

    28_06_2025

    Au Moyen-Orient, en proie aux guerres, aux tensions autour d'Israël et à la prolifération des groupes fondamentalistes islamiques, l'une des premières conséquences est l'exode périodique des chrétiens, qui se trouvent contraints de quitter les terres où Jésus a vécu et qui furent le berceau du christianisme.

    Ce sujet a été abordé hier en direct dans l'émission de Venerdì della Bussola, intitulée « Chrétiens au Moyen-Orient. Risque d'extinction », animée par le réalisateur Riccardo Cascioli, qui avait comme invités deux collaborateurs de notre journal, experts des questions moyen-orientales : Elisa Gestri, connectée depuis Beyrouth, et Nicola Scopelliti, qui fait la navette entre la Vénétie et la Terre Sainte.

    Concernant les chrétiens de Terre Sainte, Scopelliti souligne qu'ils vivent dans des conditions véritablement pitoyables. Ils vivent dans un étau, où d'un côté se trouvent les musulmans et de l'autre les juifs. Selon le journaliste, on ne peut pas parler d'un exode massif de Terre Sainte, mais depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas (octobre 2023), plusieurs familles chrétiennes ont quitté des villes comme Bethléem, Jénine, Ramallah et d'autres. Scopelliti parle d'un « nouvel Hérode » qui persécute les chrétiens de Terre Sainte, d'où « les gens fuient aujourd'hui parce qu'ils ne savent pas comment nourrir leurs enfants ». Il cite également le cas de Bethléem, où « depuis le début de la guerre, presque tous les magasins ont fermé », car ceux qui y travaillaient auparavant ne sont plus autorisés à entrer dans la ville.

    La situation des chrétiens au Liban n'est pas moins critique, observe Gestri. La dernière guerre entre le Hezbollah et Israël – qui a officiellement pris fin le 27 novembre 2024, mais qui a encore des répercussions – a aggravé la crise économique et financière. « Les chrétiens sont en moyenne plus instruits que le reste de la population, ce qui explique peut-être qu'ils aient moins de difficultés à s'intégrer dans le contexte européen et international, et ils partent. Il n'y a pas de travail et, à cause de la crise, les titulaires de comptes ont perdu l'argent accumulé en banque, leurs économies, leurs salaires et leurs retraites. Il n'y a pas d'avenir pour les jeunes, il n'y a pas de vie confortable pour personne. »

    Si dans les années 1970, les chrétiens du Liban représentaient environ 60 % de la population, ils sont aujourd'hui tombés à 40 %. Gestri estime que « notre monde occidental a aussi une part de responsabilité dans la disparition des chrétiens du Liban et des pays du Moyen-Orient en général, dans la mesure où un mode de vie fortement influencé par l'idéologie woke se répand ici aussi ». Parmi les conséquences, explique le journaliste indépendant, figure la disparition des familles nombreuses comme par le passé : cela ne tient pas à de simples considérations économiques, car les musulmans ne sont pas plus prospères que les chrétiens, mais bien démographiquement, n'ayant pas subi la même influence de l'idéologie woke.

    Autre chapitre grave : la Syrie, où les chrétiens comptent parmi les minorités qui paient le plus lourd tribut au changement de régime, comme le rappelle le massacre du dimanche 22 juin dans l’église grecque orthodoxe Saint-Élie, à Damas. Dans ce dossier syrien, selon Gestri, « l’Occident porte une responsabilité directe, car il s’abstient de dénoncer les graves violations des droits humains commises par le gouvernement qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar el-Assad. » La Syrie serait passée d’une « dictature laïque » à une « dictature djihadiste », car « Hayat Tahrir al-Sham (HTS) n’est rien d’autre qu’une filiale d’al-Nosra, la version syrienne d’al-Qaïda », note Gestri, ajoutant : « Les gouvernements occidentaux ont intérêt à traiter avec eux [les fondamentalistes islamiques au pouvoir en Syrie] et à sacrifier sur l’autel des intérêts matériels, économiques et géopolitiques des milliers de personnes qui meurent, en particulier parmi les minorités religieuses, notamment les Alaouites, les Druzes et les chrétiens. » Le journaliste explique également qu'il est désormais clair que les forces djihadistes derrière le gouvernement syrien « proclament la charia et ne prévoient l'existence d'aucune autre communauté que la communauté sunnite ». Et dans cette logique, les chrétiens, qualifiés avec mépris de « mangeurs de porc », doivent disparaître.

    Concernant l'aide aux chrétiens, Scopelliti souligne l'action fondamentale de l'Église de Jérusalem, qui « agit très discrètement », sans faire de bruit. Par exemple, le Patriarcat latin de Jérusalem utilise ses propres minibus conduits par des chauffeurs musulmans et déploie un important travail diplomatique, en collaboration avec le nonce apostolique, pour apporter de l'aide à la paroisse de Gaza. Le journaliste souligne également l'efficacité de Léon XIV, qui accorde une grande attention à la paroisse de Gaza, notamment par le biais des « institutions, le Patriarcat et la Nonciature », qui connaissent la situation sur le terrain. Mais ailleurs en Palestine et en Cisjordanie, le Patriarcat de Jérusalem apporte également une aide précieuse aux chrétiens, par exemple en leur confiant des travaux de rénovation qui leur permettent de gagner leur vie et de subvenir aux besoins de leurs familles. De plus, « l'Église œuvre avant tout pour apaiser la haine qui s'est créée entre Israéliens et Arabes », et qui a notamment pour conséquence l'implication des chrétiens. Et puis il y a le soutien qui vient de l'extérieur, des chrétiens occidentaux, qui aident leurs frères « par exemple à travers les Chevaliers du Saint-Sépulcre et l'Ordre de Malte ».

    Concernant la possibilité d'une stabilisation de la situation en Terre Sainte , Scopelliti a déclaré que « tant que le gouvernement dirigé par Netanyahou existera, il n'y aura jamais de paix. En Terre Sainte, Netanyahou est qualifié de « diable ». Le journaliste a d'une part rappelé et blâmé la barbarie du massacre du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas et, d'autre part, l'opacité au sommet d'Israël, même face aux signes avant-coureurs de ce massacre. »

    À Cascioli, qui demandait ce qui pouvait être fait pour maintenir l'attention sur la situation des chrétiens au Moyen-Orient, Scopelliti a répondu : « Avant tout, nous devons prier. » Nous devons prier comme la reine Esther l'a fait pour libérer son peuple de la menace qui pesait sur lui. « Avec les armes, on ne fait rien, on n'apporte que la haine. Les chrétiens n'ont pas besoin de haine, c'est la prière qui les sauve, c'est l'Eucharistie. Savez-vous comme c'est beau – a ajouté le journaliste – de voir des églises pleines en Terre Sainte ? Lorsqu'il entre dans l'église, tout le monde s'agenouille. Comme c'est beau de voir tous les prêtres de Terre Sainte en soutane : un prêtre n'entre pas dans l'église sans soutane, il y a toujours ce respect pour Dieu qui est vraiment présent, pour l'Eucharistie. Voilà ce que nous devons faire : renforcer la foi. Il y a de vrais témoins là-bas, ces pauvres chrétiens sont de vrais témoins et disciples. »

  • Un seul prêtre sera ordonné en Flandre cette année

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    Lu ICI :

    Hylco (29 ans) de Ninove est le seul nouveau prêtre en Flandre : « il veut transmettre la joie de la foi »

    Hylco Meirlaen (29 ans), originaire de Ninove, sera ordonné prêtre dimanche prochain en la cathédrale Saint-Bavon de Gand, la seule ordination en Flandre. Issu d'une famille religieuse, il a joué la messe enfant et sa foi a grandi lors d'un festival de jeunes en Bosnie. Après des études de comptabilité, il a choisi de se préparer à la prêtrise à Louvain. Malgré la baisse du nombre de prêtres et les scandales ecclésiastiques, il perçoit des signes positifs chez les jeunes. Sa famille a eu des réactions mitigées, mais est heureuse de son choix. Après son ordination, il commencera à travailler au doyenné de Zottegem. Hylco souhaite transmettre la joie de sa foi et toucher les jeunes.

  • "Le ministère sacerdotal est un ministère de sanctification et de réconciliation pour l’unité du Corps du Christ" (Léon XIV)

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    MESSE ET ORDINATIONS SACERDOTALES 
    EN LA SOLENNITÉ DU SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS 

    JUBILÉ DES PRÊTRES

    HOMÉLIE DU PAPE LÉON XIV

    Basilique Saint-Pierre, autel de la Confession
    Vendredi 27 juin 2025

    ________________________________________

    Aujourd’hui, solennité du Sacré-Cœur de Jésus, Journée pour la sanctification des Prêtres, nous célébrons avec joie cette Eucharistie à l’occasion du Jubilé des prêtres.

    Je m’adresse donc tout d’abord à vous, chers frères prêtres, venus près de la tombe de l’apôtre Pierre pour franchir la Porte Sainte, afin de replonger dans le Cœur du Sauveur vos vêtements baptismaux et sacerdotaux. Pour certains d’entre vous, ce geste s’accomplit en un jour unique de votre vie : celui de l’Ordination.

    Parler du Cœur du Christ dans ce contexte, c’est parler de tout le mystère de l’incarnation, de la mort et de la résurrection du Seigneur, qui nous a été confié de manière particulière afin que nous le rendions présent dans le monde. C’est pourquoi, à la lumière des Lectures que nous avons entendues, réfléchissons ensemble à la manière dont nous pouvons contribuer à cette œuvre de salut.

    Dans la première Lecture, le prophète Ézéchiel nous parle de Dieu comme d’un berger qui passe en revue son troupeau, comptant ses brebis une par une : il cherche celles qui sont perdues, soigne celles qui sont blessées, soutient celles qui sont faibles et malades (cf. Ez 34, 11-16). Il nous rappelle ainsi, en cette période de grands et terribles conflits, que l’amour du Seigneur, auquel nous sommes appelés à nous abandonner et façonner, est universel, et qu’à ses yeux – et donc aussi aux nôtres – il n’y a pas de place pour les divisions et les haines de quelque nature que ce soit.

    Dans la deuxième Lecture (cf. Rm 5, 5-11), saint Paul, nous rappelant que Dieu nous a réconciliés « alors que nous n’étions encore capables de rien » (v. 6) et « pécheurs » (v. 8), nous invite à nous abandonner à l’action transformatrice de son Esprit qui habite en nous, dans un chemin quotidien de conversion. Notre espérance repose sur la certitude que le Seigneur ne nous abandonne pas : il nous accompagne toujours. Mais nous sommes appelés à coopérer avec lui, tout d’abord en plaçant au centre de notre existence l’Eucharistie, « source et sommet de toute la vie chrétienne » (Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n.11) ; ensuite « par la réception avec fruit les sacrements, spécialement par la confession sacramentelle fréquente » (Id., Decr. Presbiterorum ordinis, n. 18) ; et enfin par la prière, la méditation de la Parole et l’exercice de la charité, en conformant toujours davantage notre cœur à celui « du Père des miséricordes » (ibid.).

    Cela nous conduit à l’Évangile que nous avons entendu (cf. Lc 15, 3-7), où il est question de la joie de Dieu – et de tout pasteur qui aime selon son Cœur – pour le retour à la bergerie d’une seule de ses brebis. C’est une invitation à vivre la charité pastorale avec le même grand cœur que le Père, en cultivant en nous son désir : que personne ne se perde (cf. Jn 6, 39), mais que tous, à travers nous aussi, connaissent le Christ et aient en lui la vie éternelle (cf. Jn 6, 40). C’est une invitation à nous unir intimement à Jésus (cf. Presbiterorum ordinis, n. 14), semence de concorde au milieu de nos frères, en chargeant sur nos épaules ceux qui se sont perdus, en accordant le pardon à ceux qui ont fait des erreurs, en allant chercher ceux qui se sont éloignés ou sont restés exclus, en soignant ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit, dans un grand échange d’amour qui, jaillissant du côté transpercé du Crucifié, enveloppe tous les hommes et remplit le monde. Le Pape François écrivait à ce sujet : « Un fleuve qui ne s’épuise pas, qui ne passe pas, qui s’offre toujours de nouveau à qui veut aimer, continue de jaillir de la blessure du côté du Christ. Seul son amour rendra possible une nouvelle humanité » (Lett. enc. Dilexit nos, n. 219).

    Le ministère sacerdotal est un ministère de sanctification et de réconciliation pour l’unité du Corps du Christ (cf. Lumen gentium, n. 7). C’est pourquoi le Concile Vatican II demande aux prêtres de faire tout leur possible pour « conduire tous à l’unité dans l’amour » (Presbiterorum ordinis, n. 9), en harmonisant les différences afin que « personne ne se sente étranger » (ibid.). Il leur recommande d’être unis à l’évêque et au presbyterium (ibid., nn. 7-8). En effet, plus il y aura d’unité entre nous, plus nous saurons conduire les autres vers la bergerie du Bon Pasteur, pour vivre comme des frères dans la maison unique du Père.

    À ce propos, saint Augustin, dans un sermon prononcé à l’occasion de l’anniversaire de son ordination, parlait d’un fruit joyeux de la communion qui unit les fidèles, les prêtres et les évêques, et qui trouve sa racine dans le sentiment d’être tous rachetés et sauvés par la même grâce et la même miséricorde. C’est dans ce contexte qu’il prononçait cette phrase célèbre : « Avec vous, je suis chrétien, pour vous je suis évêque » (Sermo 340, 1).

    Lors de la messe solennelle d’ouverture de mon pontificat, j’ai exprimé devant le peuple de Dieu un grand désir : « Une Église unie, signe d’unité et de communion, qui devienne ferment pour un monde réconcilié » (18 mai 2025). Je reviens aujourd’hui pour le partager avec vous tous : réconciliés, unis et transformés par l’amour qui jaillit abondamment du Cœur du Christ, marchons ensemble sur ses traces, humbles et déterminés, fermes dans la foi et ouverts à tous dans la charité, portons dans le monde la paix du Ressuscité, avec cette liberté qui vient du fait de nous savoir aimés, choisis et envoyés par le Père.

    Et maintenant, avant de conclure, je m’adresse à vous, très chers Ordinands, qui, dans quelques instants, par l’imposition des mains de l’évêque et par une effusion renouvelée de l’Esprit Saint, deviendrez prêtres. Je vous dis certaines choses simples, mais que je considère importantes pour votre avenir et pour celui des âmes qui vous seront confiées. Aimez Dieu et vos frères, soyez généreux, fervents dans la célébration des sacrements, dans la prière, surtout dans l’adoration, et dans le ministère. Soyez proches de votre troupeau, donnez votre temps et votre énergie à tous, sans vous ménager, sans faire de différences, comme nous l’enseignent le côté transpercé du Crucifié et l’exemple des saints. À cet égard, rappelez-vous que l’Église, au cours de son histoire millénaire, a eu – et a encore aujourd’hui – de merveilleuses figures de sainteté sacerdotale : depuis les communautés des origines, elle a engendré et connu, parmi ses prêtres, des martyrs, des apôtres infatigables, des missionnaires et des champions de la charité. Profitez pleinement de toute cette richesse : intéressez-vous à leur histoire, étudiez leur vie et leurs œuvres, imitez leurs vertus, laissez-vous enflammer par leur zèle, invoquez souvent et avec insistance leur intercession ! Notre monde propose trop souvent des modèles de réussite et de prestige discutables et inconsistants. Ne vous laissez pas séduire ! Regardez plutôt l’exemple solide et les fruits de l’apostolat, souvent caché et humble, de ceux qui ont servi le Seigneur et leurs frères avec foi et dévouement, et perpétuez leur mémoire par votre fidélité.

    Confions-nous enfin tous à la protection maternelle de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère des prêtres et Mère de l’espérance : qu’elle accompagne et soutienne nos pas, afin que chaque jour nous puissions configurer toujours davantage notre cœur à celui du Christ, Pasteur suprême et éternel.

    Lire également :

    Message du Saint-Père aux prêtres à l'occasion de la Journée de la sanctification sacerdotale (27 juin 2025) en français

  • Irénée de Lyon, défenseur de l'orthodoxie catholique (28 juin)

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    Saint Irénée de Lyon

    Le 28 mars 2007, Benoît XVI a consacré sa "catéchèse" du mercredi à ce grand témoin de la Foi (IIe siècle) que l'on fête aujourd'hui : saint Irénée de Lyon

    Chers frères et sœurs!

    Dans les catéchèses sur les grandes figures de l'Eglise des premiers siècles, nous arrivons aujourd'hui à l'éminente personnalité de saint Irénée de Lyon. Les informations biographiques à son sujet proviennent de son propre témoignage, qui nous est parvenu à travers Eusèbe, dans le livre V de l'Histoire ecclésiastique. Irénée naquit selon toute probabilité à Smyrne (aujourd'hui Izmir, en Turquie), vers 135-140, où, encore jeune, il alla à l'école de l'Evêque Polycarpe, lui-même disciple de l'Apôtre Jean. Nous ne savons pas quand il se rendit d'Asie mineure en Gaule, mais son transfert dut coïncider avec les premiers développements de la communauté chrétienne de Lyon:  c'est là que, en 177, nous trouvons Irénée au nombre du collège des prêtres. C'est précisément cette année qu'il fut envoyé à Rome, porteur d'une lettre de la communauté de Lyon au Pape Eleuthère. La mission romaine qui permit à Irénée d'échapper à la persécution de Marc-Aurèle, dans laquelle au moins 48 martyrs trouvèrent la mort, parmi lesquels l'Evêque de Lyon lui-même, Pothin, âgé de 90 ans, mort des suites de mauvais traitements en prison. Ainsi, à son retour, Irénée fut élu Evêque de la ville. Le nouveau Pasteur se consacra entièrement au ministère épiscopal, qui se conclut vers 202-203, peut-être par le martyre.

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  • Saint Irénée de Lyon, 37e docteur de l’Église catholique

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    De Loup Besmond de Senneville sur le site du journal la Croix (archive du 21/01/2022):

    Le pape François reconnaît saint Irénée de Lyon comme docteur de l’Église

    Le Vatican a publié vendredi 21 janvier (2022) le décret, signé par le pape, reconnaissant saint Irénée de Lyon comme « docteur de l’unité ».

    Saint, théologien, deuxième évêque de l’église de Lyon. Saint Irénée de Lyon a été officiellement déclaré, vendredi 21 janvier, docteur de l’Église, avec le titre de « doctor unitatis », « docteur de l’unité ».

    « Il a été un pont spirituel et théologique entre les chrétiens d’Orient et d’Occident », peut-on lire dans le décret signé par François. « Son nom, Irénée, exprime cette paix qui vient du Seigneur et réconcilie et qui rétablit l’unité », écrit encore le pape.

    Celui qui fut le successeur de saint Pothin, fondateur de l’Église de Lyon, devient ainsi le 37e docteur de l’Église catholique, titre porté par des personnes non seulement reconnues saintes mais aussi étant à l’origine d’une « doctrine éminente ».

    L’unité comme méthode

    Saint Irénée, mort vers l’an 201, est considéré comme le premier grand théologien de l’Occident. Né en Asie mineure, il fut dans sa jeunesse un disciple de saint Polycarpe de Smyrne, réputé pour avoir été lui-même été proche de l’apôtre saint Jean.

    → COMPRENDRE. Les docteurs de l’Église

    Il fut en particulier l’un des défenseurs les plus virulents du dogme face aux doctrines gnostiques, qui connurent un grand développement à la fin du IIe siècle. Ses travaux sont regroupés dans un traité intitulé, Contre les hérésies. Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur.

    « Fidèle à sa conception de l’homme marquée par la croissance et la liberté, il propose moins l’unité comme un résultat que comme une méthode et un état d’esprit », peut-on lire dans la présentation d’un colloque international qui lui était consacré en octobre 2020 à Lyon.

    « Son nom, Irénée, porte l’empreinte du mot paix »

    C’est le cardinal Philippe Barbarin, alors archevêque de Lyon, qui, en 2017, avait demandé au pape de proclamer saint Irénée, docteur de l’Église. En octobre 2021, le pape François avait annoncé à un groupe de théologiens catholiques et orthodoxes son intention de faire d’Irénée un docteur de l’Église.

    → RELIRE. Qui est saint Irénée de Lyon

    « Son nom, Irénée, porte l’empreinte du mot paix », avait alors rappelé François. « Nous savons que la paix du Seigneur n’est pas une paix “négociée”, fruit d’accords pour protéger des intérêts, mais une paix qui réconcilie, qui rétablit l’unité. »

    Saint Irénée est le cinquième venant du territoire qui est aujourd’hui la France, après saint Bernard de Clairvaux (proclamé docteur en 1830), saint Hilaire de Poitiers (1851), saint François de Sales (1877) et sainte Thérèse de Lisieux (1997). Il est le deuxième dernier docteur de l’Église proclamé par le pape François, après l’Arménien saint Grégoire de Narek, proclamé docteur en 2015, à l’occasion du 100e anniversaire du génocide arménien.

    Lire : Rencontrez Saint Irénée de Lyon, Docteur de l'Église

    Lire l'enseignement de Benoît XVI consacré à Irénée de Lyon

  • La mémoire du Coeur Immaculé de Marie

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    CŒUR IMMACULÉ de MARIE - Mémoire (source : Evangile au Quotidien)

             La propagation de la dévotion au Cœur de Marie remonte au XVIIe siècle où saint Jean Eudes la propagea en l'unissant à celle du Sacré-Cœur de Jésus.

             Au cours du XIXe siècle, sa sainteté Pie VII d'abord, et Pie IX ensuite, accordèrent à plusieurs églises une fête du Cœur très pur de Marie fixée au dimanche dans l'octave de l'Assomption, puis au samedi suivant la fête du Sacré-Cœur. Le 13 juillet 1917, la Sainte Vierge apparaissait au Portugal pour déclarer aux petits voyants de Fatima que Dieu voulait établir la dévotion à son Cœur immaculé pour le salut du monde. Elle demanda aux chrétiens la pratique du premier samedi du mois par la communion réparatrice et la récitation du chapelet accompagnée de la méditation des mystères du Rosaire.

             Le 31 octobre 1942, le jour de la clôture solennelle du Jubilé des Apparitions de Fatima, le pape Pie XII s'exprimant à la radio, consacra le monde au Cœur immaculé de Marie pour répondre à l'appel de notre Mère du ciel. Il renouvela ce geste important le 8 décembre 1942. En 1944, en pleine guerre mondiale, le même souverain pontife consacrait encore tout le genre humain au Cœur immaculé de Marie pour le mettre sous sa toute-puissante protection. À l'occasion de cette même cérémonie, il décréta que l'Église entière célébrerait chaque année une fête en l'honneur du Cœur immaculé de Marie afin d'obtenir par l'intercession de la Très Sainte Vierge, « la paix des nations, la liberté de l'Église, la conversion des pécheurs, l'amour de la pureté et la pratique des vertus. » Il fixa la date de cette fête au 22 août, jour octave de la fête de l'Assomption.

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  • Le Coeur Immaculé de Marie

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    De Benoît XVI (30/05/2009) via "Evangile au Quotidien" : 

    «Sa mère gardait fidèlement toutes ces choses en son cœur»

          Dans le Nouveau Testament, nous voyons que la foi de Marie « attire », pour ainsi dire, le don de l'Esprit Saint — avant tout dans la conception du Fils de Dieu, mystère que l'archange Gabriel lui-même explique ainsi : « L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre » (Lc 1,35)… Le cœur de Marie, en parfaite harmonie avec le Fils divin, est le temple de l'Esprit de vérité (Jn 14,17), où chaque parole et chaque événement sont conservés dans la foi, dans l'espérance et dans la charité. 

          Nous pouvons ainsi être certains que le très saint cœur de Jésus, pendant toute la période de sa vie cachée à Nazareth, a toujours trouvé dans le cœur immaculé de la Mère un foyer toujours ardent de prière et d'attention constante à la voix de l'Esprit. Ce qui s’est passé aux noces de Cana (Jn 2,1s) témoigne de cette harmonie particulière entre mère et fils pour rechercher la volonté de Dieu. Dans une situation chargée de symboles de l'alliance, tel que le banquet nuptial, la Vierge Marie intercède et provoque, pour ainsi dire, un signe de grâce surabondante : le « bon vin », qui renvoie au mystère du Sang du Christ. Cela nous conduit directement au Calvaire, où Marie se tient sous la croix avec les autres femmes et avec l'apôtre Jean. La mère et le disciple recueillent spirituellement le testament de Jésus : ses dernières paroles et son dernier souffle, dans lequel il commence à diffuser l'Esprit, et ils recueillent le cri silencieux de son Sang, entièrement versé pour nous (Jn 19,25s). Marie savait d'où venait ce sang (cf Jn 2,9) : il s'était formé en elle par l'opération de l'Esprit Saint, et elle savait que cette même puissance créatrice allait ressusciter Jésus, comme il l'avait promis. 

          Ainsi, la foi de Marie a soutenu celle des disciples jusqu'à la rencontre avec le Seigneur ressuscité, et a continué à les accompagner également après son ascension au ciel, dans l'attente du « baptême dans l'Esprit Saint » (Ac 1,5)…. Voilà pourquoi Marie est, pour toutes les générations, l'image et le modèle de l'Église qui, avec l'Esprit, avance dans le temps en invoquant le retour glorieux du Christ : « Viens, Seigneur Jésus » (Ap 22,17.20).

  • Le Coeur immaculé de Marie

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    Le Cœur immaculé de Marie

    Le "Cœur immaculé de Marie" est célébré le samedi de la troisième semaine après la Pentecôte, le lendemain de la solennité du Sacré coeur de Jésus.

    Le "Cœur immaculé de Marie" est une expression qui concerne toute la personne de Marie.

    Les lectures liturgiques sont :
    Is 61, 9- 11
    et Luc 2, 41-51 (Jésus perdu et retrouvé au temple).
    L'Evangile révèle le coeur de Marie parce qu'il montre comment Marie a cherché et suivi Jésus : la pureté du coeur, c'est de suivre Jésus !
    Marie n'a pas compris immédiatement, mais a médité ce qu'elle n'a pas compris, avec un coeur ouvert, attendant de mieux comprendre : son coeur est humble, docile, ouvert à une révélation toujours plus profonde, ouvert à une lumière toujours plus forte.

    Un peu d'histoire :
    La dévotion au Cœur immaculé de Marie est fondée sur la théologie mariale de saint Bernard, les révélations privées à sainte Gertrude et à sainte Mechtilde, les visions de sainte Marguerite-Marie Alacoque au XVII° siècle, et elle fut largement répandue par saint Jean Eudes. Au XIX° siècle, l'ordre des Augustins puis le diocèse de Rome en célèbrent la fête. Et finalement, la fête entre dans le calendrier liturgique universel.

    Après les apparitions de Fatima (1917), la dévotion au cœur immaculé de Marie augmente partout dans le monde. Le pape Pie XII institue une autre fête en 1954, celle de Marie Reine, (initialement prévue le 31 mai puis déplacée par Paul VI au 22 août), en ordonnant que "ce jour-là, on renouvelle la consécration du genre humain au Cœur Immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie." (Pie XII, Ad Cœli Reginam § 34).

    On peut donc dire qu'il y a une croissance dans la liturgie de l'attention portée au Cœur Immaculé de Marie.
    Cependant, dans sa réforme liturgique de 1969, Paul VI fait descendre la fête du Cœur Immaculé de Marie au rang de simple mémoire.

    Mais depuis 1986, dans la Messe votive en l'honneur de la Vierge Marie (n°28) « Le cœur immaculé de Marie », la préface eucharistique s'adresse à Dieu le Père en lui rendant gloire car :

    Tu as donné à la Vierge Marie un cœur sage et docile pour qu'elle accomplisse parfaitement ta volonté ;

    un cœur nouveau et doux, où tu pourrais graver la loi de l'Alliance nouvelle ;
    un cœur simple et pur, pour qu'elle puisse concevoir ton Fils en sa virginité et te voir à jamais ;
    un cœur ferme et vigilant pour supporter sans faiblir l'épée de douleur et attendre avec foi la résurrection de ton Fils.

    Voir également : https://p8.storage.canalblog.com/88/90/249840/26242629.pdf

  • "La violence fait rage dans l'Orient chrétien avec « une intensité diabolique » qui fait honte à l'humanité" (Léon XIV)

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    Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit.

    La paix soit avec vous !

    Éminences et Excellences,
    chers prêtres, frères et sœurs,

    la paix soit avec vous ! Je vous souhaite la bienvenue, heureux de vous rencontrer à l’issue de votre Assemblée plénière. Je salue Son Éminence le Cardinal Gugerotti, les autres Supérieurs du Dicastère, les Officiers et vous tous, membres des Agences de la ROACO.

    « Dieu aime celui qui donne joyeusement » (2 Co 9, 7). Je sais que pour vous, soutenir les Églises Orientales n’est pas d’abord un travail, mais une mission exercée au nom de l’Évangile qui, comme le mot lui-même l’indique, est annonce de joie qui réjouit avant tout le cœur de Dieu, dont la générosité est sans mesure. Merci parce que, avec vos bienfaiteurs, vous semez l’espérance sur les terres de l’Orient chrétien, aujourd’hui plus que jamais bouleversées par les guerres, vidées par les intérêts, enveloppées d’une chape de haine qui rend l’air irrespirable et toxique. Vous êtes la bouteille d’oxygène des Églises Orientales, épuisées par les conflits. Pour tant de populations, pauvres en moyens mais riches de foi, vous êtes une lumière qui brille dans les ténèbres de la haine. Je vous prie, de tout cœur, de toujours faire tout votre possible pour aider ces Églises si précieuses et si éprouvées.

    L’histoire des Églises catholiques orientales a souvent été marquée par la violence qu’elles ont subie ; malheureusement, les oppressions et les incompréhensions n’ont pas manqué, y compris au sein même de la communauté catholique, incapable de reconnaître et d’apprécier la valeur des traditions différentes de la tradition occidentale. Mais aujourd’hui, la violence belliqueuse semble s’abattre sur les territoires de l’Orient chrétien avec une véhémence diabolique jamais vue auparavant. Votre session annuelle en a également souffert, avec l’absence physique de ceux qui auraient dû venir de la Terre Sainte mais qui n’ont pas pu entreprendre le voyage. Le cœur saigne en pensant à l’Ukraine, à la situation tragique et inhumaine de Gaza, et au Moyen-Orient dévasté par la propagation de la guerre. Nous sommes tous appelés, en tant qu’êtres humains, à évaluer les causes de ces conflits, à vérifier celles qui sont réelles et à essayer de les surmonter, et à rejeter celles qui sont fallacieuses, fruit de simulations émotionnelles et de rhétorique, en les démasquant avec détermination. Les gens ne peuvent pas mourir à cause de fausses nouvelles.

    Il est vraiment triste de voir aujourd’hui, dans de nombreux contextes, s’imposer la loi du plus fort, qui légitime les intérêts personnels. Il est désolant de constater que la force du droit international et celle du droit humanitaire ne semblent plus contraindre, remplacées par le prétendu droit de contraindre les autres par la force. Cela est indigne de l’homme, honteux pour l’humanité et pour les responsables des nations. Comment peut-on croire, après des siècles d’histoire, que les actions belliqueuses apportent la paix et ne se retournent pas contre ceux qui les ont menées ? Comment peut-on penser poser les bases de l’avenir sans cohésion, sans une vision d’ensemble animée par le bien commun ? Comment peut-on continuer à trahir les aspirations de paix des peuples par la propagande mensongère du réarmement, dans l’illusion vaine que la suprématie résout les problèmes au lieu d’alimenter la haine et la vengeance ? Les gens sont de moins en moins ignorants des sommes d’argent allant dans les poches des marchands de mort et qui pourraient servir à construire des hôpitaux et des écoles ; au lieu de cela, on détruit ceux qui existent déjà !

    Et je me demande : en tant que chrétiens, outre nous indigner, élever la voix et retrousser nos manches pour être des artisans de paix et favoriser le dialogue, que pouvons-nous faire ? Je crois qu’il faut avant tout prier sincèrement. C’est à nous de faire de chaque nouvelle tragique et image qui nous touchent un cri d’intercession vers Dieu. Et ensuite, aider, comme vous le faites et comme beaucoup le font, et peuvent le faire à travers vous. Mais il y a plus, et je le dis en pensant particulièrement à l’Orient chrétien : il y a le témoignage. C’est l’appel à rester fidèles à Jésus, sans de faire prendre dans les tentacules du pouvoir. C’est imiter le Christ qui a vaincu le mal, en aimant depuis la croix, en montrant une manière de régner différente de celle d’Hérode et de Pilate. L’un, par crainte d’être détrôné, avait tué des enfants qui aujourd’hui ne cessent d’être déchiquetés par les bombes ; l’autre s’était lavé les mains, comme nous risquons de le faire quotidiennement jusqu’au seuil de l’irréparable. Regardons Jésus, qui nous appelle à guérir les blessures de l’histoire par la seule douceur de sa croix glorieuse d’où émanent la force du pardon, l’espoir d’un nouveau départ, le devoir de rester honnête et transparent dans un océan de corruption. Suivons le Christ qui a libéré les cœurs de la haine, et donnons l’exemple permettant de sortir de la logique de la division et de la vengeance. Je voudrais remercier et embrasser par la pensée tous les chrétiens orientaux qui répondent au mal par le bien : merci, frères et sœurs, pour le témoignage que vous donnez, surtout lorsque vous restez sur vos terres comme disciples et comme témoins du Christ.

    Chers amis de la ROACO, dans votre travail, outre les nombreuses misères causées par la guerre et le terrorisme – je pense au récent et terrible attentat dans l’église Saint-Élie à Damas –, vous voyez fleurir aussi les germes de l’Évangile dans le désert. Vous découvrez le peuple de Dieu qui persévère en tournant son regard vers le Ciel, en priant Dieu et en aimant son prochain. Vous touchez du doigt la grâce et la beauté des traditions orientales, des liturgies qui laissent Dieu habiter le temps et l’espace, des chants séculaires imprégnés de louange, de gloire et de mystère, qui élèvent une demande incessante de pardon pour l’humanité. Vous rencontrez des figures qui, souvent dans l’ombre, viennent s’ajouter aux grandes foules de martyrs et de saints de l’Orient chrétien. Dans la nuit des conflits, vous êtes témoins de la lumière de l’Orient.

    Je voudrais que cette lumière de sagesse et de salut soit mieux connue dans l’Église catholique, où il existe encore beaucoup d’ignorance à ce sujet et où, en certains lieux, la foi risque de s’asphyxier, notamment parce que le vœu exprimé à plusieurs reprises par saint Jean-Paul II ne s’est pas réalisé. Il y a 40 ans, il disait: « L’Église doit réapprendre à respirer avec ses deux poumons, celui de l’Orient et celui de l’Occident » (Discours au Sacré Collège des Cardinaux, 28 juin 1985). Cependant, l’Orient chrétien ne peut être préservé que s’il est aimé ; et on ne l’aime que si on le connaît. Il faut, en ce sens, mettre en œuvre les invitations claires du Magistère à faireconnaître ses trésors, par exemple en commençant à organiser des cours de base sur les Églises Orientales dans les séminaires, les facultés de théologie et les centres universitaires catholiques (cf. Saint Jean-Paul II, Lett. ap. Orientale lumen, n. 24 ; Congrégation pour l’Éducation Catholique, Lettre circ. En égard au développement, 9-14). Il est également nécessaire de se rencontrer et de partager l’action pastorale, car les catholiques orientaux ne sont plus aujourd'hui des cousins éloignés qui célèbrent des rites inconnus, mais des frères et sœurs qui, en raison des migrations forcées, vivent à nos côtés. Leur sens du sacré, leur foi cristalline, rendue solide par les épreuves, et leur spiritualité qui embaume du mystère divin peuvent apaiser la soif de Dieu latente mais présente en Occident.

    Confions cette croissance commune dans la foi à l’intercession de la Très Sainte Mère de Dieu et des apôtres Pierre et Paul, qui ont uni l’Orient et l’Occident. Je vous bénis et vous encourage à persévérer dans la charité, animés par l’espérance du Christ. Merci.

  • Vocations : "Dieu continue d'appeler et reste fidèle à ses promesses" (Léon XIV)

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    Commençons par le signe de la croix, car nous sommes tous ici parce que le Christ, qui est mort et ressuscité, nous a donné la vie et nous a appelés à servir. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. La paix soit avec vous !

    Chers frères dans le sacerdoce,

    Chers formateurs, séminaristes, animateurs de services de vocations, amis dans le Seigneur !

    C'est pour moi une grande joie d'être ici aujourd'hui avec vous. Au cœur de l'Année Sainte, nous voulons témoigner ensemble qu'il est possible d'être des prêtres heureux, car le Christ nous a appelés, le Christ a fait de nous ses amis (cf. Jn 15, 15) : c'est une grâce que nous voulons accueillir avec gratitude et responsabilité.

    Je tiens à remercier le cardinal Lazzaro et tous les collaborateurs du Dicastère pour le clergé pour leur service généreux et compétent : un travail vaste et précieux, qui se déroule souvent dans le silence et la discrétion et qui produit des fruits de communion, de formation et de renouveau.

    Grâce à ce moment d'échange fraternel, un échange international, nous pouvons valoriser le patrimoine d'expériences déjà acquises, en encourageant la créativité, la coresponsabilité et la communion dans l'Église, afin que ce qui est semé avec dévouement et générosité dans tant de communautés puisse devenir lumière et stimulant pour tous.

    Les paroles de Jésus « Je vous ai appelés amis » (Jn 15, 15) ne sont pas seulement une déclaration affectueuse envers les disciples, mais une véritable clé de compréhension du ministère sacerdotal. Le prêtre, en effet, est un ami du Seigneur, appelé à vivre avec Lui une relation personnelle et confiante, nourrie par la Parole, par la célébration des sacrements, la prière quotidienne. Cette amitié avec le Christ est le fondement spirituel du ministère ordonné, le sens de notre célibat et l'énergie du service ecclésial auquel nous consacrons notre vie. Elle nous soutient dans les moments d'épreuve et nous permet de renouveler chaque jour le « oui » prononcé au début de notre vocation.

    En particulier, très chers amis, je voudrais tirer de ce mot-clé trois implications pour la formation au ministère sacerdotal.

    Tout d'abord, la formation est un cheminement relationnel. Devenir amis du Christ, c'est être formés dans la relation, et pas seulement dans les compétences. La formation sacerdotale ne peut donc se réduire à l'acquisition de notions, mais elle est un cheminement de familiarité avec le Seigneur qui engage toute la personne, le cœur, l'intelligence, la liberté, et la façonne à l'image du Bon Pasteur. Seul celui qui vit en amitié avec le Christ et est imprégné de son Esprit peut annoncer avec authenticité, consoler avec compassion et guider avec sagesse. Cela exige une écoute profonde, la méditation et une vie intérieure riche et ordonnée.

    Deuxièmement, la fraternité est un style essentiel de la vie presbytérale. Devenir amis du Christ implique de vivre comme des frères entre prêtres et entre évêques, et non comme des concurrents ou des individualistes. La formation doit donc aider à construire des liens solides au sein du presbytérium, comme expression d'une Église synodale, dans laquelle on grandit ensemble en partageant les peines et les joies du ministère. En effet, comment pourrions-nous, ministres, être des bâtisseurs de communautés vivantes, si une fraternité effective et sincère ne régnait pas d'abord entre nous ?

    De plus, former des prêtres amis du Christ, c'est former des hommes capables d'aimer, d'écouter, de prier et de servir ensemble. C'est pourquoi il faut veiller avec soin à la préparation des formateurs, car l'efficacité de leur travail dépend avant tout de l'exemple de leur vie et de la communion entre eux. L'institution même des séminaires nous rappelle que la formation des futurs ministres ordonnés ne peut se faire de manière isolée, mais exige l'engagement de tous les amis du Seigneur qui vivent en disciples missionnaires au service du Peuple de Dieu.

    À ce sujet, je voudrais dire quelques mots sur les vocations. Malgré les signes de crise qui traversent la vie et la mission des prêtres, Dieu continue d'appeler et reste fidèle à ses promesses. Il faut qu'il y ait des espaces adéquats pour écouter sa voix. C'est pourquoi il est important d'avoir des environnements et des formes de pastorale des jeunes imprégnés de l'Évangile, où les vocations au don total de soi puissent se manifester et mûrir. Ayez le courage de faire des propositions fortes et libératrices ! En regardant les jeunes qui, en ces temps qui sont les nôtres, disent avec générosité « me voici » au Seigneur, nous ressentons tous le besoin de renouveler notre « oui », de redécouvrir la beauté d'être des disciples missionnaires à la suite du Christ, le Bon Pasteur.

    Très chers amis, célébrons cette rencontre à la veille de la solennité du Sacré-Cœur de Jésus : c'est de ce « buisson ardent » que prend son origine notre vocation ; c'est de cette source de grâce que nous voulons nous laisser transformer.

    L'encyclique du pape François Dilexit nos, si elle est un don précieux pour toute l'Église, elle l'est tout particulièrement pour nous, prêtres. Elle nous interpelle fortement : elle nous demande de concilier mystique et engagement social, contemplation et action, silence et annonce. Notre époque nous interpelle : beaucoup semblent s'être éloignés de la foi, et pourtant, au fond de beaucoup de personnes, surtout des jeunes, il y a une soif d'infini et de salut. Beaucoup font l'expérience d'une absence de Dieu, et pourtant chaque être humain est fait pour Lui, et le dessein du Père est de faire du Christ le cœur du monde.

    C'est pourquoi nous voulons retrouver ensemble l'élan missionnaire. Une mission qui propose avec courage et amour l'Évangile de Jésus. Par notre action pastorale, c'est le Seigneur lui-même qui prend soin de son troupeau, rassemble ceux qui sont dispersés, se penche sur ceux qui sont blessés, soutient ceux qui sont découragés. En imitant l'exemple du Maître, nous grandissons dans la foi et devenons ainsi des témoins crédibles de la vocation que nous avons reçue. Quand quelqu'un croit, cela se voit : le bonheur du ministre reflète sa rencontre avec le Christ, qui le soutient dans sa mission et son service.

    Chers frères dans le sacerdoce, merci d'être venus de loin ! Merci à chacun pour son dévouement quotidien, en particulier dans les lieux de formation, dans les périphéries existentielles et dans les lieux difficiles, parfois dangereux. Alors que nous nous souvenons des prêtres qui ont donné leur vie, parfois jusqu'au sang, nous renouvelons aujourd'hui notre disponibilité à vivre sans réserve un apostolat de compassion et de joie.

    Merci pour ce que vous êtes ! Parce que vous rappelez à tous qu'il est beau d'être prêtre, et que tout appel du Seigneur est avant tout un appel à sa joie. Nous ne sommes pas parfaits, mais nous sommes amis du Christ, frères entre nous et fils de sa tendre Mère Marie, et cela nous suffit.

    Tournons-nous vers le Seigneur Jésus, vers son Cœur miséricordieux qui brûle d'amour pour chaque personne. Demandons-lui la grâce d'être des disciples missionnaires et des pasteurs selon sa volonté : en cherchant ceux qui sont perdus, en servant les pauvres, en guidant avec humilité ceux qui nous sont confiés. Que son Cœur inspire nos projets, transforme nos cœurs et nous renouvelle dans la mission. Je vous bénis avec affection et je prie pour vous tous.

  • Lettre encyclique "Dilexit nos" du pape François sur l'amour humain et divin du Coeur de Jésus-Christ

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    LETTRE ENCYCLIQUE DILEXIT NOS DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS
    SUR L’AMOUR HUMAIN ET DIVIN DU CŒUR DE JÉSUS-CHRIST

    (source)

    1. « Il nous a aimés » dit saint Paul, en parlant du Christ (Rm 8, 37), nous faisant découvrir que rien « ne pourra nous séparer » (Rm 8, 39) de son amour. Il l’affirme avec certitude car le Christ l’a dit lui-même à ses disciples : « Je vous ai aimés » (Jn 15, 9.12). Il a dit aussi : « Je vous appelle amis » (Jn 15, 15). Son cœur ouvert nous précède et nous attend inconditionnellement, sans exiger de préalable pour nous aimer et nous offrir son amitié : « Il nous a aimés le premier » (1 Jn 4, 19). Grâce à Jésus, « nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru » (1 Jn 4, 16). 

    I L’IMPORTANCE DU CŒUR

    2. On utilise souvent le symbole du cœur pour parler de l’amour de Jésus-Christ. Certains se demandent si cela a encore un sens aujourd’hui. Or, lorsque nous sommes tentés de naviguer en surface, de vivre à la hâte sans savoir pourquoi, de nous transformer en consommateurs insatiables, asservis aux rouages d’un marché qui ne s’intéresse pas au sens de l’existence, nous devons redécouvrir l’importance du cœur [1].

    Quelle compréhension avons-nous du “cœur” ?

    3. Dans le grec classique profane, le terme kardia désigne le tréfonds des êtres humains, des animaux et des plantes. Il indique chez Homère, non seulement le centre corporel, mais aussi le centre émotionnel et spirituel de l’homme. Dans l’ Iliade, la pensée et le sentiment relèvent du cœur et sont très proches l’un de l’autre. [2] Le cœur apparaît comme le centre du désir et le lieu où se prennent les décisions importantes de la personne. [3] Le cœur acquiert chez Platon une fonction de “synthèse” du rationnel et des tendances de chacun, les passions et les requêtes des facultés supérieures se transmettant à travers les veines et confluant vers le cœur. [4] C’est ainsi que nous voyons depuis l’antiquité l’importance de considérer l’être humain non pas comme une somme de diverses facultés, mais comme un ensemble âme-corps avec un centre unificateur qui donne à tout ce que vit la personne un sens et une orientation.

    4. La Bible affirme que « vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace […] elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur » (He 4, 12). Elle nous parle ainsi d’un centre, le cœur, qui se trouve derrière toute apparence, même derrière les pensées superficielles qui nous trompent. Les disciples d’Emmaüs, dans leur marche mystérieuse avec le Christ ressuscité, ont vécu un moment d’angoisse, de confusion, de désespoir, de désillusion. Mais au-delà et malgré tout, quelque chose se passait au fond d’eux : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin ? » (Lc 24, 32).

    5. En même temps, le cœur est le lieu de la sincérité où l’on ne peut ni tromper ni dissimuler. Il renvoie généralement aux véritables intentions d’une personne, ce qu’elle pense, croit et veut vraiment, les “secrets” qu’elle ne dit à personne et, en fin de compte, sa vérité nue. Il s’agit de ce qui est authentique, réel, vraiment “à soi”, ce qui n’est ni apparence ni mensonge. C’est pourquoi Dalila déclarait à Samson qui ne lui révélait pas le secret de sa force : « Comment peux-tu dire que tu m’aimes, alors que ton cœur n’est pas avec moi ? » (Jg 16, 15). Ce n’est que lorsqu’il lui confia son secret, si caché, qu’elle « comprit qu’il lui avait ouvert tout son cœur » (Jg 16, 18).

    6. Cette vérité propre à toute personne est souvent cachée sous beaucoup de feuilles mortes, au point qu’il est difficile de se connaître soi-même et plus difficile encore de connaître l’autre : « Le cœur est rusé plus que tout, et pervers, qui peut le pénétrer ? » (Jr 17, 9). Nous comprenons ainsi pourquoi le livre des Proverbes nous interpelle : « Plus que sur toute chose, veille sur ton cœur, c’est de lui que jaillit la vie. Écarte loin de toi la bouche perverse » (4, 23-24). L’apparence, la dissimulation et la supercherie abîment et pervertissent le cœur. Nombreuses sont nos tentatives pour montrer ou exprimer ce que nous ne sommes pas ; or, tout se joue dans le cœur. On y est soi-même, quel que soit ce que l’on montre extérieurement et ce que l’on cache. C’est la base de tout projet solide pour la vie, car rien de valable ne se construit sans le cœur. L’apparence et le mensonge n’offrent que du vide.

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