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Foi - Page 119

  • Le cas compliqué de la cause de béatification de la reine Isabelle de Castille

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    D'Edgar Beltran sur le Pillar :

    Le cas compliqué de la cause de béatification de la reine Isabelle

    3 août 2024

    La cause de béatification d'Isabelle, reine de Castille aux XVe et début du XVIe siècles, est peut-être la plus controversée du monde hispanophone.


    Servante de Dieu Isabelle de Castille (Musée du Prado).

    Isabelle est considérée comme la monarque la plus importante de l’histoire espagnole, mais aussi la plus controversée.

    Ses détracteurs affirment que son rôle dans l'expulsion des Juifs et des Musulmans et dans les mauvais traitements infligés aux peuples indigènes des Amériques excluent la possibilité de sa sainteté, surtout dans le contexte actuel. 

    Néanmoins, sa cause a attiré de nombreux partisans de premier plan, dont le pape François.

    Ses défenseurs soutiennent que l'expulsion des Juifs était à la fois courante et non controversée à l'époque, avant le développement de l'idée de liberté religieuse au sein de l'Église catholique. Les Juifs avaient été expulsés d'Angleterre en 1290 et de France en 1304. Plus récemment, ils avaient été expulsés de Parme, Milan et Varsovie à la fin des années 1400.

    Les admirateurs d'Isabelle notent également que la reine a fait preuve non seulement de vertu personnelle, de piété et d'un élan d'évangélisation dans les Amériques, mais aussi d'une défense passionnée des peuples autochtones des Amériques, allant jusqu'à arrêter Christophe Colomb pour avoir asservi la population autochtone.

    La cause de béatification d'Isabelle, ouverte depuis les années 1950, avançait tranquillement mais fut stoppée au Vatican en 1991, un an seulement avant le 500e anniversaire de la découverte des Amériques.

    La principale raison de la pause dans la cause fut son rôle dans l'expulsion des Juifs d'Espagne en 1492, suite à une démarche du cardinal Jean-Marie Lustiger de Paris, un juif converti, auprès de Jean-Paul II.

    Mais depuis 2018, les évêques espagnols se sont organisés pour défendre la figure historique d'Isabelle et promouvoir la dévotion à son égard, apparemment sous l'impulsion du pape François lui-même, qui a soutenu la cause lorsqu'il était supérieur de la Compagnie de Jésus et archevêque de Buenos Aires.

    Pour répondre aux questions sur l'état actuel de la cause et les controverses qui l'entourent, le Pillar s'est entretenu avec l'archevêque de Valladolid et président de la Conférence épiscopale espagnole, Luis Argüello. Valladolid est le diocèse où la cause de béatification a été ouverte il y a plusieurs décennies.

    L'interview a été éditée pour des raisons de longueur et de clarté.

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  • Les bienheureux martyrs dominicains victimes des persécutions religieuses lors de la guerre civile espagnole (5 août)

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    D'Evangile au Quotidien :

    BBx Manuel Moreno Martínez, Maximino Fernández Marínas,
    Víctor García Ceballos, Eduardo González Santo Domingo
    Prêtres o.p. et martyrs en Espagne († 5 août 1936)

    Le 28 octobre 2007, le card. José Saraiva Martins, Préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, représentant le Pape Benoît XVI, a présidé, à Rome, la Messe de béatification de 498 martyrs des “persécutions religieuses” de la guerre civile espagnole. Ces catholiques ont été tués dans diverses circonstances en 1934, 1936 ou 1937 ; parmi eux il y avait deux évêques, vingt-quatre prêtres, quatre cent soixante-deux religieux, trois diacres ou séminaristes et sept laïcs qui « versèrent leur sang pour rendre témoignage de l'Evangile de Jésus Christ…soient dorénavant appelés du nom de bienheureux et que leur fête soit célébrée chaque année le 6 novembre dans les lieux et selon les modalités établies par le droit. » (>>> Lettre du Pape Benoît XVI).

    Commémoration propre à l’Ordo Fratrum Praedicatorum :

    Manuel, né à Rincón de Soto (La Rioja) le 17 juin 1862, baptisé le 20, profession le 24 septembre 1878 au couvent d’Ocaña, profession solennelle le 30 septembre 1881 à Ávila. Encore diacre, en 1884 on l’envoie à Manille, où il termine ses études et est ordonné prêtre en juillet 1885. Envoyé aux missions de Chine (Fokien), il prêche l’évangile avec un grand zèle durant 26 ans; il écrit sur la Chine des récits du plus grand intérêt religieux et historique. Il est vicaire provincial de la mission de Fogan (en 1902 et 1906). Ensuite il exerce l’apostolat aux Philippines pendant 6 ans, au couvent Saint Dominique à Manille (1911-1913) et à Pampanga (1913-1917). De retour en Espagne en 1917, il vit dans divers couvents : Ávila (1917-1921), La Mejorada (1921-1931) comme confesseur des aspirantes et des moniales dominicaines d’Olmedo (Valladolid), chez qui il laisse une réputation de sainteté; puis il est à Santa María de Nieva (Segovia) (1931-1934), puis supérieur de la maison de Barcelone-Saint Gervais 1934-1935, où il est élu prieur d’Ocaña. Il avait un charme extraordinaire en raison de sa douceur et de sa largeur de jugement, sans rien perdre de son sérieux et de sa rigueur, il fit fleurir l’Ordre séculier dominicain à Ocaña.

    Bien qu’il se soit occupé de faire passer au Portugal les frères les plus âgés, le 22 juillet ils furent surpris par l’assaut du couvent où se trouvaient 32 religieux; sous sa responsabilité il laissa les frères partir où ils voulaient et leur donna de l’argent; les assaillants saccagèrent le couvent, profanèrent l’église, brûlèrent les images et les archives. Avec le P. Maximino Fernández et le frère Eduardo González, il se réfugia dans une maison, de laquelle il se préoccupa de ses subordonnés; ils restèrent là jusqu’au 5 août. Alors il décida d’aller à Madrid chercher un hébergement pour tous. A la gare d’Ocaña on leur donna un sauf-conduit qui en réalité menait à la mort. Ils furent emprisonnés à la « poste de Cuenca »; arrivés à la gare de Madrid-Atocha, ils furent arrêtés et fusillés. Ils moururent en criant « Vive le Christ Roi ! Vive l’Église catholique! ». Il avait 74 ans.

    Maximino, naît à Castañeo (Asturies) le 2 novembre 1867. Profession à Ocaña (Tolède) le 9 septembre 1885, profession solennelle à Ávila le 9 septembre 1888. Envoyé aux Philippines en 1892, ordonné prêtre à Manille en1893. Il reste 6 ans à Cagayán, au nord de Luzón. En 1898, au cours de la guerre d’indépendance des Philippines, il fut arrêté et maltraité. Libéré en 1899, il revient à Manille et de là, très malade, il s’embarque pour l’Espagne en 1902. Il passe deux ans à Ocaña, puis est envoyé au collège Santa María de Nieva (Segovia). En 1914 il est nommé vicaire provincial en Espagne, puis visiteur des maisons de la vicairie. En 1919 il va en Italie, où il est confesseur dans les sanctuaires de Pompéi et Madonna dell’Arco ; économe et sacristain au couvent de la Trinité à Rome (1919-1920). De retour en Espagne (septembre 1920), il réside à Ocaña, sauf pour des missions: chapelain des moniales dominicaines de Santa Inés, à Saragosse (1927-1931); directeur de retraites spirituelles chez les dominicaines d’Olmedo (Valladolid) et Ajofrín (Toledo).
    En mai 1936, il retourne à Ocaña pour protéger les Pères âgés. Le 22 juillet, au début de la guerre, le couvent fut attaqué. Blessé mortellement à la gare Atocha à Madrid, le 5 août, il est transporté à demi-inconscient à l’hôpital près de la gare, avec 11 balles dans le corps. Il meurt 10 jours plus tard, le 15 août, après un supplice atroce, au milieu du plus grand abandon et des moqueries.

    Victor, naît à Carrión le 24 juillet 1880, prêtre au couvent d’Ocaña. Le 22 juillet 1936 les milices pillèrent le couvent et les frères durent fuir; le P. Víctor se réfugia chez le vicaire d’Ocaña. Mais les frères ne se sentent pas en sécurité et pensent qu’ils seraient mieux à Madrid avec d’autres frères. Le 4 août ils cherchèrent un sauf-conduit pour rejoindre leurs frères de Madrid, une sœur malade se joignit à eux, et une femme qui l’accompagnait. Le lendemain ils prirent le train, mais le sauf-conduit s’avéra être un piège car il ordonnait de les tuer en chemin. À l’arrivée à la gare d’Atocha, ils furent assassinés, mais les deux femmes purent se sauver et témoigner de l’événement. Du P. Víctor García on garde à Carrión des bannières qu’il peignit pour les processions.

    Eduardo, naît à Ávila le 5 janvier 1884 ; baptisé le 13, confirmé en 1891. Orphelin de père à 3 ans, sa mère (tertiaire dominicaine) dut travailler comme employée de maison chez Antonio Mata, chapelain des carmélites de San José, qui l’emmena à la résidence provinciale d’Ávila. À 11 ans il revint chez sa mère. Après un temps à Ocaña, il fit profession comme frère coopérateur à Ávila le 27 décembre 1914. Il travailla fidèlement aux offices de sa profession au collège de La Mejorada (1917-1923), Ocaña (1924), Ávila (1925-1930), maison de la Passion à Madrid (1932-1933), couvent du Rosaire, aussi à Madrid (1935-1936). Plein de bonté, travailleur et charitable, joyeux, recueilli et humble. Il se rendait très bien compte de l’hostilité antichrétienne qui régnait à Madrid depuis le début de 1936, il prévoyait le martyre et même le désirait. Le 6 juin il fut nommé à Ocaña, où le 22 juillet il fut victime de l’assaut du couvent. Il alla à Madrid avec les pères Maximino Fernández, Manuel Moreno et Víctor García Ceballos et mourut, avec eux, le 5 août 1936. Il avait 52 ans.

    BBx Manuel Moreno et comp.
  • Les trois thèmes de l'Evangile du dimanche 4 août

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    Dimanche 5 août 2012 :

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 6,24-35.

    La foule s'était aperçue que Jésus n'était pas là, ni ses disciples non plus. Alors les gens prirent les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus.
    L'ayant trouvé sur l'autre rive, ils lui dirent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »
    Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés.
    Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l'homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son empreinte. »
    Ils lui dirent alors : « Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Jésus leur répondit :
    « L'œuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé. »
    Ils lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ?
    Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l'Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. »
    Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c'est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel.
    Le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »
    Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours. »
    Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n'aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n'aura plus jamais soif.

    Homélie du Frère Jean-Christian Lévêque : carmel.asso.fr

    "Comme à son habitude, saint Jean fait passer sous des mots tout simples un enseignement très profond sur la personne de Jésus et sur son œuvre.

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  • « Vous reconnaîtrez alors que moi, le Seigneur, je suis votre Dieu » (18e dimanche du temps ordinaire)

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    L'homélie du Père Joseph-Marie Verlinde fsJ sur homelies.fr :

    « Vous reconnaîtrez alors que moi, le Seigneur, je suis votre Dieu ». Ce verset tiré de la première lecture pourrait servir de fil rouge à la liturgie de la Parole de ce dimanche.

    « Les gens » se mettant « à la recherche de Jésus » : la démarche est louable, mais ils ne connaissent pas celui qu’ils cherchent. Peut-être l’évangéliste suggère-t-il qu’à travers leur démarche et leur questionnement maladroit, c’est précisément l’identité de cet étrange rabbi qu’ils cherchent à découvrir. 

    « Quand es-tu arrivé ici ? » La question surprend : quel intérêt ce renseignement peut-il avoir ? A moins qu’elle ne trahisse l’état d’esprit de la foule. Tout à la joie de se rassasier du pain que Jésus venait de multiplier, elle ne s’est pas rendu compte de son départ discret. Ce qui montre bien - comme le confirme Jésus - qu’elle en est restée à la matérialité du pain sans reconnaître le signe qui lui était donné à travers cet aliment. Les bénéficiaires du miracle se sont rendu compte de l’absence du rabbi lorsqu’après le repas ils ont pris conscience de l’intérêt qu’il pouvait représenter : un pourvoyeur de nourriture à peu de frais. Se mettant en quête de le retrouver afin de « s’emparer de lui et d’en faire leur roi » (Jn 6, 15), ils éprouvent un réel soulagement de le découvrir à Capharnaüm. Avec délicatesse, Notre-Seigneur tente de leur faire accéder au sens du miracle de la multiplication des pains : le but n’était pas d’abord d’offrir à profusion une « nourriture qui se perd », mais de signifier que celui qui peut miraculeusement rassasier de pain terrestre, est celui que le Père a envoyé pour offrir « la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle ». La multiplication des pains est un des sept « signes » de la pédagogie divine visant à faire découvrir l’identité du « Fils de l’homme, lui que Dieu a marqué de son empreinte ». 

    « Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Les interlocuteurs semblent prêts à reconnaître que la multiplication des pains résulte d’une intervention divine ; mais ils n’accèdent pas encore à la gratuité du don. Le pain est le salaire de l’ouvrier travaillant au service d’un maître ; comment faut-il se faire embaucher par Dieu pour être assuré d’un salaire aussi abondant ? La réponse de Jésus renverse paradoxalement les rôles : ce n’est pas l’homme qui travaille dans la vigne de Dieu, mais le Seigneur qui est à l’œuvre dans nos vies pour nous orienter vers lui : « Nul ne vient à moi si le Père ne l’attire » (Jn 6, 44). « Vous ne me chercheriez pas si l’Esprit Saint ne vous orientait pas vers moi. Et c’est encore l’Esprit qui vous presse de croire en moi, l’Envoyé du Père ». 

    La tradition rabbinique rapportait que dans les temps messianiques, le miracle de la manne se reproduirait chaque jour. Aussi les Juifs sollicitent-ils de Jésus le « signe » du renouvellement quotidien du prodige qu’il vient d’accomplir, pour accréditer qu’il est plus grand que Moïse. La revendication de la foule reste au niveau d’un pain terrestre. Or le pain que les pères ont mangé au désert, tout comme le pain que Jésus vient de multiplier de l’autre côté du lac, sont préfiguratifs d’un autre pain, « le vrai pain venu du ciel », auquel Notre-Seigneur s’identifie explicitement : « Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde ». 

    Ce pain divin c’est d’abord la parole de Notre-Seigneur, - « L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4) - ; il est le Verbe de Dieu qui nous nourrit de la vraie sagesse. Mais Jésus se donnera bien plus radicalement encore en nourriture dans l’Eucharistie, le pain sur lequel il prononce sa Parole : « Prenez et mangez, ceci est mon corps, livré pour vous ». C’est donc de toute sa Personne que le Seigneur nous nourrit : « Moi je suis le pain de vie », c’est-à-dire le Pain qui donne part à la vie divine et fait de nous des fils. C’est précisément en mangeant ce pain dans la foi en sa réalité profonde, que nous connaissons le Père, source de tout bien ; « nul en effet ne connaît le Père sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler » (Lc 10, 22) par le don qu’il lui fait de tout lui-même.

    « Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif » : croire c’est venir à Jésus et se rassasier des eaux vives de l’Esprit : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture : “Des fleuves d’eau vive jailliront de son cœur”. En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint, l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Jésus » (Jn 7, 37-38). Notre-Seigneur définit clairement la vie du disciple comme une vie dans l’Esprit ; il convient dès lors que ce soit une vie « selon la vérité de Jésus lui-même » (2nd lect.), puisque la mission de « l’Esprit de vérité » est de nous « guider vers la vérité toute entière » (Jn 16, 13), en reprenant ce qui vient de Jésus pour nous le faire connaître (cf. Jn 16, 13). Voilà pourquoi le chrétien doit s’efforcer jour après jour, dans la force de l’Esprit qui repose sur lui, de « se défaire de sa conduite d’autrefois, de l’homme ancien qui est en lui, et de se laisser guider intérieurement par un esprit renouvelé, afin d’adopter le comportement de l’homme nouveau, créé saint et juste dans la vérité, à l’image de Dieu » (2nd lect.). Telle est notre manière de « travailler » pour faire fructifier en nous « l’œuvre de Dieu ».

    « Seigneur, Père Saint, chaque jour tu renouvelles pour nous le plus grand des miracles : “pour nous nourrir, tu fais pleuvoir la manne, tu nous donnes un froment du ciel, tu nous nourris du pain des forts” (Ps 77). Donne-nous de reconnaître ta paternité dans le don de ce Pain divin par lequel nous nous unissons à ton Fils pour ne faire avec lui qu’un seul Corps. Puissions-nous, dans la force de l’Esprit que ce Pain communique, “adopter résolument le comportement de l’homme nouveau” (2nd lect.) afin d’être dignes d’être appelés tes fils. »

    Père Joseph-Marie

  • Ne trompons pas notre faim! (18e dimanche du temps ordinaire)

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    L'homélie proposée par l'abbé Cossement pour le 18e dimanche :

    à bas les amuse-gueule!

    (homélie du 18e dimanche B, 2 août 2015)

    Il y a en nous une grande faim de vie, qui nous pousse en avant et se traduit par la recherche d’expériences nouvelles. Ces expériences nous nourrissent quand elles nous permettent de rencontrer des personnes, de les rencontrer vraiment, mais dans les autres cas elles nous déçoivent, et nous croyons trouver la solution à notre faim dans des expériences toujours plus intenses, qui s’avèrent finalement toujours plus vides. Les uns courent dans les pays les plus lointains, recherchent la vitesse la plus folle, tandis que d’autres se lancent dans de nouvelles aventures amoureuses. Pour un temps.

    Heureux qui s’aperçoit de sa faim et de la difficulté à l’assouvir. Car Dieu se révèle dans la faim de l’homme, dans cette expérience d’un manque fondamental qui nous atteint un jour ou l’autre. C’est pourquoi le peuple hébreu découvre ce que Dieu peut faire pour lui lorsqu’il est dans le désert depuis longtemps et qu’il y meurt de faim. C’est pourquoi aussi Dieu a tant de mal à parler au cœur de l’homme d’aujourd’hui, à qui la société de consommation offre tant d’occasion pour tromper sa faim. Et l’homme d’aujourd’hui se nourrit d’amuse-gueule tout au long de sa vie. C’est tragique. Mais heureux qui s’aperçoit de sa faim !

    C’est ce que font les interlocuteurs de Jésus, et il veut leur révéler les vrais besoins de leur cœur. La vie, ce n’est pas manger du pain à satiété, ce n’est pas avoir une bonne part de ce qu’on pourrait souhaiter. La vie, c’est de croire en celui que Dieu a envoyé ! Quelle surprise ! En quoi croire nourrit-il à ce point la personne ? Bien des gens trouvent un guide en prenant Jésus comme référence, comme un sage qui leur indique le bon chemin. Un chemin qui leur permettra de jouir de l’existence sans faire trop de mal et en ayant la conscience plutôt en paix. Parfois même — cerise sur le gâteau — ils viennent à la messe. Mais ce n’est pas encore ce que Jésus veut dire.

    Dieu ne donne pas un exemple, un modèle, il « donne le pain de Dieu, celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde » (Jn 6,33). C’est quelque chose qui vient du ciel, de Dieu, de la source de vie, et qui donne la vie. Qui ne donne pas seulement de vivoter, d’avoir une consolation, mais d’avoir le cœur rempli de vie d’une façon aussi vaste que le ciel. Un goût d’infini dans nos vies. Une révélation que nos vies sont taillées à la mesure de l’infini, qu’elles s’y destinent et que dès aujourd’hui elles sont nourries en proportion d’infini.

    Et alors, qu’est-ce qui donne d’avoir le cœur ainsi nourri et débordant ? C’est quelqu’un à qui on va, quelqu’un pour qui nous sortons de nous-mêmes pour nous ouvrir à lui personnellement : « moi, dit Jésus, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif » (Jn 6,35). Croire en Jésus, c’est aller à lui. Aller à lui, c’est nous ouvrir à son être à la fois divin et humain. Nous ne pensons pas à lui comme à quelqu’un de bien, mais comme à un ami qui est là présent et qui veut nourrir notre cœur, le combler, le faire déborder. Le Christ, le Fils de Dieu, est vivant et veut nous remplir d’une vie débordante : celle du cœur visité, saisi, aimé par l’auteur du monde.

    Quand nous avons faim, que nous faisons l’expérience du manque, allons à Jésus par la prière. À l’église ou à la maison, et même au milieu de la nature, entrons en nous-mêmes pour dire au Seigneur : tu es là ! Tu m’aimes ! Apprends-moi à t’aimer ! Je veux passer du temps à te regarder et à capter ton regard sur moi ! Toi, le Fils de Dieu, de l’auteur de la vie ! Et puis prenons quelques phrases de l’Évangile, apprenons-les par cœur, laissons-les tourner en nous et nous bercer. Cette prière est un moyen pour faire grandir la vie en nous.

    Pour terminer je voudrais raconter ma dernière rencontre avec des pauvres qui ont faim. C’était la semaine passée, avec des personnes mariées séparées de leur conjoint et qui ont choisi de lui être fidèle au nom du mariage, de ce que le Christ a fait dans leur mariage(1). Elles connaissent la trahison, la solitude, l’incompréhension, elles sont vraiment affamées. Mais le Christ les nourrit, il y a en elles une vie qu’on voit rarement ailleurs. J’ai entendu des témoignages que je n’ai jamais entendu autre part, d’une présence discrète et efficace du Seigneur dans une vie, au cœur même des difficultés. Ce sont des personnes en qui la vie de Dieu a pris une proportion importante par rapport aux satisfactions habituelles. Elles m’ont fait comprendre cet évangile. Elles me donnent d’espérer la vie éternelle où notre cœur sera débordant de joie et de lumière.

    (1) La Communion Notre-Dame de l’Alliance, www.cn-da.org

  • "Je suis le pain vivant descendu du ciel"

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    hostie 01.jpgUne belle homélie prononcée par le Cardinal Josef Tomko lors de l’envoi en mission à la réunion de Montée Jeunesse à Québec le 21 mai 2007 (en préparation du Congrès eucharistique), parfaitement adaptée à l'Evangile de ce 19e dimanche:

    "Je dois vous parler de l’Eucharistie et je me trouve simplement désarmé devant la tâche. Je ne peux utiliser ni les raisonnements, ni la sagesse humaine, ni l’analyse scientifique, ni même le langage brillant. Parce que je dois m’approcher avec vous de ce que nous acclamons après la consécration: «Il est grand le mystère de la foi». C’est pourquoi je me sens comme Moise sur la montagne de Horeb devant le buisson ardent. Nous devons enlever les sandales, fermer nos yeux et écouter Celui qui a inventé l’Eucharistie. 

    Nous pouvons comprendre le grand mystère de la foi seulement par moyen d’une grande foi! Foi qui requiert une libre écoute et un accueil, mais aussi une profonde humilité quand c’est Dieu Lui-même qui nous parle. Il s’agit d’un discours qui peut sembler «dur», difficile, et provoquer l’abandon de quelques-uns, mais nous voulons l’affronter avec la foi de Pierre et des Douze apôtres: «Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle» (Jn 6, 68). C’est la foi de la première Église qui reste la même jusqu’à aujourd’hui grâce à la jalouse et fidèle transmission, dont saint Paul est le témoin quand il présente aux Corinthiens l’institution de l’Eucharistie: «Pour moi, en effet, j’ai reçu du Seigneur ce qu’à mon tour je vous ai transmis»(1 Co 11, 23). Et alors, écoutons le Seigneur qui nous parle dans la synagogue de Capharnaüm.

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  • Dix réflexions du cardinal Koch, un homme d'Eglise "précis et d'une grande paix"

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    Du site Religion en Libertad :

    Dix réflexions du cardinal Koch, un homme d'Eglise "précis et d'une grande paix".

    Paloma Girona a interviewé le cardinal Kurt Koch pour la chaîne Conclave Informa.

    1er août 2024

    Depuis plusieurs mois, la chaîne Youtube Conclave Informa est une référence en matière d'information sur les membres du Collège des Cardinaux, d'où émergera le nouveau Pape, quel qu'il soit. Paloma Girona présente les caractéristiques personnelles et ecclésiastiques de chaque cardinal, dans un service d'information important qui s'est récemment enrichi d'une première interview personnelle.

    Elle l'a fait avec le cardinal suisse Kurt Koch (né en 1950), préfet du dicastère pour la promotion de l'unité des chrétiens, poste qu'il occupe depuis 2010, lorsque ce département était un conseil pontifical. Il est donc l'homme de l'œcuménisme dans l'Église depuis cinq ans. Introduit à la Curie par Benoît XVI (il était évêque de Bâle depuis 1995), il est un grand défenseur de l'œuvre de Joseph Ratzinger, dont on retrouve des échos dans les réponses qu'il donne dans cet entretien.

    En effet, il est possible d'extraire de ses réponses quelques réflexions structurées très suggestives pour inciter à voir la conversation dans son ensemble : 

    1. La foi en Espagne et en Europe

    "Il serait très agréable de voir que la foi reste dans le sang du peuple espagnol. Je l'espère. Mais on voit beaucoup de cathédrales, de basiliques et d'églises qui ressemblent à des musées. Parfois, je me demande où sont les fidèles qui peuvent y prier.

    Il a également mis en garde contre la perte des racines chrétiennes de l'Europe et le risque que cela représente pour son avenir.

    2. Témoignage et vocations

    "Dieu parle avant tout à travers les hommes. Le témoignage de foi d'un prêtre ou de croyants est très important pour les vocations, même aujourd'hui".

    3. La recherche de Dieu

    "La centralité de la recherche de Dieu est très importante. Déjà dans la Règle de saint Benoît, il est dit que le candidat au monastère doit être une personne qui cherche Dieu. La Règle dit aussi qu'en toutes choses, nous devons louer Dieu. Cette centralité de Dieu dans la vie personnelle de l'homme, dans la vie de l'Eglise et dans la société me semble très importante".

    4. La tâche du Pape

    "La première tâche d'un pape est d'être fidèle à la volonté de Dieu, parce qu'il doit instruire tout le peuple chrétien à rechercher la volonté de Dieu, et donc il doit être un exemple".

    5. L'importance de la catéchèse

    "La grande crise de la foi que nous vivons aujourd'hui dans l'Église est aussi une crise de la catéchèse. Pour vivre la foi dans la société d'aujourd'hui, il faut savoir quel est le contenu de la foi, si belle, si bonne... Si les jeunes ne savent pas ce qu'est le christianisme, ils ne peuvent pas grandir dans la foi et ils l'abandonnent. C'est pourquoi la catéchèse doit être une priorité dans la vie de l'Eglise".

    6. La relation personnelle avec Dieu

    "Il est très important que les fidèles aient une relation personnelle avec Dieu, et s'ils ne prient pas, ils ne l'auront pas, ils ne connaîtront pas la réalité divine. Si une personne parle seulement d'une autre personne mais ne lui parle pas, elle ne peut pas la connaître. C'est pourquoi il est également très important, dans la catéchèse, d'initier les jeunes à la prière. La prière est la foi qui parle".

    7. L'Eucharistie, essentielle pour la conversion

    "Je connais des personnes qui ont changé leur foi protestante pour la foi catholique. J'ai demandé à ces personnes pourquoi, et la réponse a toujours été "à cause de l'Eucharistie" : "Parce que nous n'avons pas vécu dans la foi protestante la célébration de la mort et de la résurrection du Christ, qui est vraiment présent dans notre vie, et c'est pour cela que nous voulons changer et devenir catholiques"".

    "Pour la conversion, l'Eucharistie joue un rôle fondamental. C'est pourquoi nous devons approfondir la réalité eucharistique, également dans notre Église. L'Eucharistie est la source et le sommet de la vie de l'Eglise, comme le dit la Constitution sur la Liturgie du Concile Vatican II. Jean-Paul II, dans son encyclique Ecclesia de Eucharistia, dit que l'Église ne célèbre pas seulement l'Eucharistie, mais que l'Eucharistie fait l'Église, comme l'a dit le grand théologien français Henri de Lubac".

    8. Herméneutique de la continuité

    "Nous avons deux herméneutiques pour lire le Concile Vatican II. L'herméneutique de la rupture signifie qu'avec le Concile nous avons une nouvelle Église, et cela signifie que nous avons une nouvelle foi. Le pape Benoît a dit que c'était faux : il doit s'agir d'une herméneutique de la réforme dans la continuité de la Tradition. L'herméneutique de la rupture a causé de nombreux problèmes".

    9. Œcuménisme : primauté, épiscopat, eucharistie

    "La primauté de l'évêque de Rome est un don de l'Esprit Saint que nous ne pouvons pas garder pour nous seuls : nous devons inviter les autres à voir ce don, cette réalité.

    "Certains considèrent que nous avons besoin d'une tête, d'un 'premier' à tous les niveaux de l'Église, localement, régionalement et universellement. C'est notamment le cas de certains orthodoxes. Chez les protestants, la situation est très différente.

    "Pour le concept catholique d'Église, l'épiscopat et l'Eucharistie sont deux réalités constitutives. En ce sens, le Concile Vatican II a déjà dit que les Églises orthodoxes sont des Églises parce qu'elles ont l'Eucharistie, les sacrements et l'épiscopat. Les communautés ecclésiales issues de la Réforme ont une autre conception de l'Église".

    10. L'œcuménisme et la Vierge Marie

     "Dans le monde orthodoxe, il n'y a pas de problème [avec la Vierge Marie], parce que Marie est aussi présente que dans l'Église catholique. Dans les communautés ecclésiales de la Réforme, c'est très différent. Mais j'ai une expérience particulière : lors de la dernière conférence que j'ai donnée en tant qu'évêque de Bâle avant mon départ pour Rome, sur la dimension mariologique de l'Église, les catholiques présents demandaient 'Mais que dit celui-ci de Marie dans l'Église', alors que les protestants présents me disaient : 'Maintenant nous comprenons ce qu'est l'Église, parce que Marie est le modèle de l'Église.

    "Tout ce que l'Écriture Sainte dit de l'Église a été dit avant Marie : de Marie, l'Église peut apprendre ce qu'est l'Église".

    "L'œcuménisme doit être une réalité de foi, car la fin de l'œcuménisme est la foi apostolique, que chaque nouveau membre du Corps du Christ reçoit dans le baptême".

  • Viktor Orban : un chef d'Etat visionnaire ?

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    De Rod Dreher sur European Conservative :

    Viktor Orbán : Combattre la catastrophe civilisationnelle de l'Occident

    Alors que la plupart des autres dirigeants occidentaux sont des aveugles qui dirigent des aveugles, Viktor Orbán se concentre sur l'avenir avec une clarté inégalée.

    1er août 2024

    Depuis Richard Nixon, l'Occident n'a pas connu de dirigeant politique national qui réfléchisse à la géostratégie aussi profondément que le Hongrois Viktor Orbán. Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, cet homme est profond. Le long discours qu'il a prononcé en juillet lors de la réunion de Tusványos en Roumanie fait d'Orbán un véritable visionnaire, dont la portée dépasse les limites du moment et s'étend bien au-delà des frontières de sa petite nation d'Europe centrale. C'est en fait un point très orbániste que de dire que ce qui fait de lui un penseur civilisationnel si convaincant est qu'il est si profondément enraciné dans le sol hongrois et dans les leçons qu'il enseigne sur la nature humaine.

    Naturellement, les médias occidentaux qui ont couvert l'événement n'y ont vu qu'un énième exemple de l'agaçant Magyar se plaignant de l'Union européenne. L'ambassadeur des États-Unis en Hongrie s'est plaint qu'Orbán colportait des "théories du complot du Kremlin". Mais si vous lisez la transcription anglaise du discours, vous verrez que les médias et d'autres ont manqué son cœur philosophique. Il est clair que le dirigeant hongrois, pour reprendre une expression populaire au sein de la droite américaine, "sait quelle heure il est", tant au niveau mondial que local, en Europe.

    "Nous assistons à un changement que nous n'avons pas vu depuis 500 ans", a déclaré M. Orbán. "Ce à quoi nous sommes confrontés est en fait un changement de l'ordre mondial", l'Asie devenant le "centre dominant" du monde.

    Au cours de cet entretien de grande envergure, M. Orbán a discuté de la nature de ce changement tectonique et de la manière dont l'Europe et la Hongrie devraient répondre aux défis qu'il pose. Le prisme à travers lequel le premier ministre voit l'avenir du monde est la guerre entre la Russie et l'Ukraine.

    Le plus grand problème auquel le monde est confronté aujourd'hui, a-t-il déclaré, est la faiblesse et la désintégration de l'Occident. Selon M. Orbán, les nations occidentales ont tourné le dos aux idées et aux pratiques qui ont fait d'elles une grande civilisation. Et bien qu'il y ait des signes que les gens ordinaires s'éveillent à la crise et veulent du changement, les élites qui dirigent les pays occidentaux considèrent leurs peuples comme des bigots et des extrémistes. Si ni la classe dirigeante ni les gouvernés ne font confiance à l'autre, quel est l'avenir de la démocratie représentative ?

    Depuis les années 1960, les élites occidentales se sont engagées dans ce que l'on pourrait appeler le "John Lennonisme" : une utopie imaginaire dans laquelle il n'y a pas de religion, pas de pays, rien pour quoi tuer ou mourir, et pas d'histoire : c'est un paradis mondialiste dans lequel tous les gens ne vivent que pour les plaisirs d'aujourd'hui - en particulier les plaisirs sexuels.

    Selon Orbán, cette vision affaiblit et même abandonne tout ce qui rend possible l'existence d'une nation. Six décennies plus tard, les rêveurs lennonistes - en particulier en Europe - ont créé une civilisation dans laquelle Dieu est mort ou mourant, les migrants se déplacent en masse à travers des frontières que personne ne se soucie suffisamment de défendre, et les jeunes générations ne s'intéressent à l'histoire de leur peuple que pour mieux la mépriser.

    C'est une civilisation où les familles se désintègrent, où la pornographie dure est omniprésente, où la perversité sexuelle est célébrée comme la nouvelle normalité et où les enfants sont incités à haïr leur corps et à vouloir le mutiler.

    C'est une civilisation où la solidarité est de plus en plus difficile à imaginer, car les élites politiques, éducatives, commerciales et culturelles ont appris aux masses à ne se soucier que de leurs propres désirs et à embrasser un tribalisme racial grossier (tant que vous n'êtes pas d'origine européenne).

    C'est une civilisation dans laquelle il n'y a rien à tuer ou à mourir parce que personne n'a grand-chose à vivre. En ce qui concerne la crise de la fécondité, s'il est vrai que l'avenir appartient à ceux qui se présentent, l'Occident n'en a pas, selon le point de vue de l'orgue.

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  • Ce dont le pape François ne semble pas tenir compte quant à la nature de la foi

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    D' sur Crisis Magazine :

    Ce dont le pape François ne semble pas tenir compte quant à la nature de la foi

    L’enseignement du pape François sur la nature de la foi met l’accent sur un aspect au détriment d’un autre.

    L’apôtre Paul nous appelle à croire de tout notre cœur et à confesser ce que nous croyons (Romains 10, 9). Il s’agit d’un double impératif chrétien – l’impératif confessionnel et l’impératif du credo – qui est à la base des credos et des confessions de foi. La foi implique à la fois la  fides qua creditur  (l'acte de foi théologal) et la  fides quae creditur (le contenu de la foi chrétienne).1 

    Quelle est la nature de la foi, selon le pape François ?2 Si je comprends bien François, il met l’accent sur le premier point : la foi telle qu’elle est vécue, rencontrée et vécue. Bien sûr, cette insistance est nécessaire et importante. Pourtant, la manière dont François s’exprime est non seulement floue mais laisse aussi sans réponse – et il le fait systématiquement – ​​la question de savoir comment la vérité affirmée et la vérité vécue (la fides quae creditur, qui est la foi à laquelle on croit, le contenu conceptuel, les croyances que l’on tient pour vraies), et la fides quae creditur appartiennent à la foi dans son ensemble. En bref, il laisse dans l'ombre l'enseignement de l'Église selon lequel la foi est une rencontre à la fois personnelle et cognitive-propositionnelle avec la révélation divine de la Parole de Dieu dans les sources autorisées de la foi : l'Ecriture et la Tradition. La Commission théologique internationale insiste sur ce point :

    Il ne peut y avoir de conception subjective de la foi seule (fides qua), qui ne soit liée à la vérité authentique de Dieu (fides quae), transmise dans la révélation et conservée dans l’Église. Il y a donc « une unité profonde entre l’acte par lequel nous croyons et le contenu auquel nous donnons notre assentiment. L’apôtre Paul nous aide à entrer dans cette réalité lorsqu’il écrit : “on croit avec le cœur et on confesse avec la bouche” (cf. Rm 10, 10). Le cœur indique que le premier acte par lequel on parvient à la foi est le don de Dieu et l’action de la grâce qui agit et transforme la personne au plus profond de soi ».3

    François manque de cette unité profonde . Par exemple, son Exhortation apostolique post-synodale Christus Vivit de 2019 montre une fois de plus très clairement qu'il ne donne pas une place essentielle à la fides quae creditur dans sa compréhension de la vie de foi. François dit :

    Selon les mots d’un saint, « le christianisme n’est pas un recueil de vérités auxquelles il faut croire, de règles à suivre ou d’interdictions. Vu sous cet angle, il nous rebute. Le christianisme est une personne qui m’a énormément aimé, qui exige et demande mon amour. Le christianisme, c’est le Christ. » (n° 156) 

    Pour prendre un autre exemple, François déclare : « Être chrétien, ce n’est pas adhérer à une doctrine… Être chrétien, c’est faire une rencontre. »4 Dans la Constitution apostolique Veritatis gaudium, la première partie de la deuxième phrase affirme : « La vérité n’est pas une idée abstraite, mais c’est Jésus lui-même. » Dans une homélie qui a fait froncer les sourcils, François nous exhorte à « prendre garde à ne pas tomber dans la tentation de faire des idoles de certaines vérités abstraites. »5 A ce propos, François cite régulièrement, pour appuyer son insistance sur la foi qua creditur le Deus caritas est de Benoît XVI: « Être chrétien n’est pas le résultat d’un choix éthique ou d’une idée noble, mais la rencontre avec un événement, une personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et une direction décisive » (n° 1). Avec tout le respect que je lui dois, je soutiendrai ci-dessous que François ne comprend pas le point de vue de Benoît XVI.

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  • Cette lettre de saint Ignace d’une incroyable actualité

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    Du site web « aleteia » :

    Loyola web3-handwritten-letter-hands-woman-post-shutterstock_611511482-janna-golovacheva-ai1.jpg

    Écrite un an avant sa mort, cette lettre de saint Ignace de Loyola étonne par la puissance qui s’en dégage encore. Près de cinq siècles plus tard, le lecteur d’aujourd’hui y trouve résumé l’essentiel de ce qu’un homme de bonne volonté peut croire et espérer quand il se confie à Dieu.

    C’est une lettre pour ceux qui croient que la puissance du Seigneur les accompagne dans tous les actes de leur vie. C’est une lettre pour ceux qui espèrent, parce qu’ils placent leur confiance en Dieu, un Dieu qui sait mieux les combler qu’aucune action humaine. C’est une lettre pour ceux qui veulent apprendre à rechercher en toute chose et à tout moment la lumière de la sagesse de Dieu. Afin qu’elle dissipe nos peurs et pour qu’elle guide nos actes en fructifiant en nous les dons du Christ.

    « Il me semble que vous devriez vous résoudre à faire avec calme ce que vous pouvez. Ne soyez pas inquiets de tout, mais abandonnez à la divine Providence ce que vous ne pouvez accomplir par vous-même. Sont agréables à Dieu notre soin et notre sollicitude raisonnables pour mener à bien les affaires dont nous devons nous occuper par devoir. L’anxiété et l’inquiétude de l’esprit ne plaisent point à Dieu. Le Seigneur veut que nos limites et nos faiblesses prennent appui en sa force et en sa toute-puissance ; il veut nous voir croire que sa bonté peut suppléer à l’imperfection de nos moyens. Ceux qui se chargent d’affaires nombreuses, même avec une intention droite, doivent se résoudre à faire simplement ce qui est en leur pouvoir, sans s’affliger s’ils ne parviennent pas à tout réaliser comme ils le voudraient. À condition toutefois qu’ils aient accompli tout ce que la nature humaine peut et doit faire selon les indications de la conscience. Si on doit laisser de côté certaines choses, il faut s’armer de patience, et ne pas penser que Dieu attend de nous ce que nous ne pouvons pas faire : Il ne veut pas davantage que l’homme s’afflige de ses limites. Pourvu que l’on donne satisfaction à Dieu, — ce qui est plus important que de donner satisfaction aux hommes — il n’est pas nécessaire de se fatiguer outre mesure. Bien plus, lorsqu’on s’est efforcé d’agir de son mieux, on peut abandonner tout le reste à celui qui a le pouvoir d’accomplir tout ce qu’il veut.

    Plaise à la divine Bonté de nous communiquer toujours la lumière de la Sagesse, pour que nous puissions voir clairement et accomplir fermement son bon plaisir, en nous et dans les autres… pour que nous acceptions de sa main ce qu’il nous envoie, en faisant cas de ce qui a le plus d’importance : la patience, l’humilité, l’obéissance et la charité… Que Jésus-Christ soit seulement en nos âmes avec ses dons spirituels ! Amen. » (Saint Ignace de Loyola (1491-1556) – Lettre du 17/11/1555)

    Ref. Cette lettre de saint Ignace d’une incroyable actualité

    JPSC

  • Très étrange : la façon dont la presse mainstream a « rendu compte » de la parodie de la Cène aux Jeux olympiques

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    Du Catholic Herald :

    Très étrange : la façon dont la presse mainstream a « rendu compte » de la parodie de la Cène aux Jeux olympiques

    29 juillet 2024

    L'une des caractéristiques les plus frappantes de toute la débâcle de la parodie de la Cène, qui a si malheureusement entaché l'ouverture des Jeux olympiques de cette année et ce qui est censé être un témoignage si palpitant de l'accomplissement humain, est la façon dont les médias grand public ont réagi (ou pas dans la plupart des cas).

    La BBC n'a apparemment rien publié au cours du week-end sur l'incident, qui s'est produit le vendredi 26 juillet, jusqu'à plus tard le dimanche 28 juillet, lorsqu'elle a publié - glissé sous le radar est plus précis - un article très court intitulé « Les dirigeants olympiques 's'excusent' d'avoir offensé lors de la cérémonie d'ouverture ».

    C'est un texte tellement concis et réducteur qu'il ferait rougir même Ernest Hemingway, le grand maître de la composition épurée.

    L'article résume ainsi la grande controverse : « Une séquence de banquet mettant en scène des travestis en particulier a été critiquée par des groupes chrétiens, qui ont estimé qu'elle parodiait le tableau de Léonard de Vinci 'La Cène'. »

    Notez le « qui ont estimé ». Il s'agit probablement de la célèbre « impartialité » de la BBC .

    L' Associated Press , l'une des agences de presse les plus importantes et les plus professionnelles au monde, a opté pour une article intitulé : « Les drag queens brillent à l'ouverture des Jeux olympiques, mais le tableau de « La Cène » suscite des critiques ».

    Cette analyse de ce qui s’est passé aurait tout aussi bien pu être rédigée par un groupe de lobbyistes drag queen ou par le groupe de défense des droits LGBT Stonewall.

    « Dans une démonstration d'inclusivité sans précédent, les drag queens ont occupé le devant de la scène lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris, mettant en valeur le rôle dynamique et influent de la communauté LGBTQ+ française - tout en attirant des critiques sur un tableau rappelant 'La Cène' », ouvre l'article.

    Notez la « démonstration sans précédent d'inclusivité » et la « mise en valeur du rôle dynamique et influent ». À divers niveaux, ce paragraphe constitue une ouverture très étrange pour un article provenant d'une agence de presse « objective », qui n'est pas censée être une sorte de machine de propagande pour la cause LGBT.

    Le Guardian, à son honneur, a, contrairement à la majorité de ses pairs, couvert l'incident, sans pour autant tenter de minimiser l'ampleur de l'offense causée aux catholiques et aux chrétiens par ce qui s'est passé, ni de faire passer ceux qui sont offensés pour un assortiment ésotérique d'amateurs, comme le fait l' article de la BBC avec sa référence aux « groupes chrétiens ».

    Mais, néanmoins, il reste l’inclusion d’un langage et d’angles intéressants, comme en témoigne l'article du Guardian : « Les organisateurs des Jeux Olympiques de Paris présentent leurs excuses aux chrétiens pour la parodie de la Cène ».

    L'un des paragraphes de l'article note : « Certains commentateurs ont déclaré que la controverse était un autre exemple des guerres culturelles du XXIe siècle, amplifiées par un cycle d'information de 24 heures et par les médias sociaux. »

    Non, ce n’est pas ce qui s’est passé. Oui, cette dynamique a contribué à la fureur – même si le Guardian n’aurait pas mentionné le même point à propos d’une question qui lui tenait à cœur – mais cette controverse particulière a été le résultat, comme L'évêque Robert Barron l'a souligné, le monde entier assiste sur la plus grande scène internationale à la « moquerie grossière et désinvolte » d’un principe fondamental de la foi chrétienne, qui est suivi par environ 2 milliards d’habitants de la planète.

    L’ article du Guardian donne également le dernier mot à Thomas Jolly, que l’article décrit comme « le directeur artistique derrière la flamboyante cérémonie d’ouverture ».

    Ainsi, la fin de l'article semble suggérer que, même s'il est dommage que les catholiques et les chrétiens s'en soient irrités, au moins dans l'ensemble, c'était une cérémonie amusante et « flamboyante » – donc tout va bien.

    En plus de cela, le Guardian a publié un autre article offrant ce qui semble être une posture contrefactuelle, les « experts en art » affirmant que la scène en question n’est pas du tout basée sur la Cène, mais plutôt sur une peinture du XVIIe siècle représentant les dieux grecs.

    Toujours cet effort de dédramatisation ou de désassemblage. C’est très efficace, et cela laisse la victime/personne lésée – ici le chrétien – douter de la force de ses convictions : peut-être que je réagis un peu de manière excessive à tout cela ; tous les autres que je lis ne semblent pas avoir de problème avec ce qui s’est passé ; les gens essayaient juste de s’amuser et de faire la fête, après tout ; et il se pourrait même que cela ait été basé sur un autre tableau…

    Ainsi cet extrait du New York Times : « Une scène des Jeux olympiques suscite le mépris. Est-ce vraiment une parodie de « La Cène » ? »

    Vraiment ? Vraiment ? Et voilà, les médias grand public sont encore une fois ambigus, sans parler de la démonstration évidente de partialité à l'égard des préoccupations chrétiennes, ou du moins de leur sous-estimation.

    On pourrait continuer ainsi : exemple après exemple, tirés de la « couverture » par les médias grand public de cet épisode surréaliste de la cérémonie d'ouverture, et qui, en fait, dans l'ensemble, ont complètement tourné le dos à cette idée.

    Ce qui s’est passé à Paris est une grande histoire, et pas seulement pour les deux milliards de chrétiens. Il s’agit d’une erreur colossale – si tant est qu’il y ait eu une erreur – de la part des organisateurs des Jeux olympiques, dont les conséquences pourraient être plus importantes que beaucoup de gens ne l’imaginent.

    Ce ne sont pas seulement les catholiques et les chrétiens, mais aussi les personnes d'autres confessions et même les athées qui sont restés stupéfaits et qui ont réfléchi à ce qui a été autorisé à se produire à Paris sous les yeux du monde entier.

    Les gens sont encore aux prises avec ce que cet incident semble avoir mis en évidence à propos de la prévalence et de l’audace des attitudes antichrétiennes, non seulement en France, mais aussi dans la culture dominante de la plupart des pays occidentaux. Des attitudes que tant de médias soutiennent et contribuent à entretenir, soit par des messages directifs, soit par omission.

    Et ce silence, ou, pour utiliser cette expression favorite de l’ère moderne et utilisée notamment par d’innombrables activistes laïcs et groupes de défense des droits de l’homme, leur illumination au gaz, comme cela a été si clairement démontré après ce qui s’est passé à Paris, est une preuve supplémentaire des inquiétudes croissantes de nombreux catholiques et chrétiens à l’égard des sentiments antireligieux.

    Il en va de même pour les institutions, tant au niveau gouvernemental que dans toute la société civile, qui promeuvent et protègent ce credo agressivement laïc contre l'Église, les organisations religieuses et aussi contre les chrétiens ordinaires.

    L'évêque Barron qualifie les excuses du comité olympique de fallacieuses

  • Vice-présidence américaine : la probable confrontation entre le catholique Vance et le juif Shapiro

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (diakonos.be) :

    La « New Right » américaine fait descendre dans l’arène un Catholique, qui sera peut-être opposé à un Juif. Voici leur histoire

    Qu’un candidat catholique soit en lice pour la Maison Blanche, ça n’a plus grand-chose d’étonnant. Mais le catholicisme revendiqué par J. D. Vance, que Donald Trump a désigné comme son vice-président, est sans doute un peu spécial.

    Aucun évêque américain, même s’ils sont en général critiques du catholicisme « libéral » du président sortant Joe Biden, n’est encore sorti du bois pour soutenir Vance. Pourtant, au moins la moitié des électeurs catholiques votera républicain, si l’on en croit les sondages du Pew Research Center de Washington. Et ce n’est pas l’entrée en lice de Vance qui va les décourager, bien au contraire.

    Son catholicisme est avant tout celui d’un converti, qui est souvent plus zélé et enthousiaste que ceux qui sont nés et qui ont grandi au sein d’une famille catholique.

    Plus encore que ses parents, protestants non pratiquants, violents et vivant dans la misère, c’est surtout la grand-mère de Vance, « Mamaw », une énergique évangélique, Bible à la main, qui l’a éduqué depuis son enfance. Elle est magnifiquement interprétée par Glenn Close dans le film de Ron Howard de 2020 sur le best-seller autobiographique de Vance en personne, « Hillibilly Elegy », une élégie, précisément, sur le quotidien difficile du prolétariat blanc dans la zone industrielle ruinée située entre les Appalaches et les Grands Lacs, mais aussi sur le désir de rédemption incarné par l’auteur.

    Entre 2005 et 2006, il sert en Irak dans les rangs des Marines, et c’est là qu’il va connaître sa première crise intellectuelle. La guerre à laquelle il prend part prend ses racines dans le néo-conservatisme américain du début des années 200, celui d’Irving Kristol et de Norman Podhoretz, des magazines « Commentary » et « Weekly Standard ». À l’origine « libéraux » voire trotskystes, ces penseurs qui se prétendent « assaillis par la réalité » exigent des États-Unis un engagement planétaire pour l’expansion de la liberté, pour la lutte contre les autocraties et le terrorisme, dans le cadre du « choc des civilisations » théorisé par Samuel P. Huntington. Et ils ont leur grand maître en la personne de Leo Strauss (1899-1973), un juif allemand émigré en Amérique, dont l’œuvre philosophique se situe entre la raison et la révélation, entre Athènes et Jérusalem, avec une inspiration qui le rapproche de la vision exprimée par Benoît XVI dans son mémorable discours de Ratisbonne.

    Aux États-Unis, on trouve également des penseurs catholiques qui adhèrent à cette vision, de Michael Novak à Richard J. Neuhaus en passant par George Weigel, grands admirateurs de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Mais c’est précisément contre cette vision « néoconservatrice » que Vance va se révolter. À son retour d’Irak, il s’inscrit à l’université de l’Ohio et se déclare athée et disciple de Christopher Hitchens. Puis il passe à Yale, où il se rapproche du protestantisme américain « de la prospérité », celui-là même qui a sera vertement critiqué dans un éditorial de « La Civiltà Cattolica » en 2018.

    Mais à Yale, il va rencontrer Peter Thiel, un entrepreneur dynamique de la Silicon Valley, qui l’amène à s’interroger sur le primat accordé à la « prospérité ». Et c’est à ce moment-là, au milieu des années 1910, que Vance remet toute sa carrière en question, rédige « Hillibilly Elegy » et sous la présidence de Trump, il se rapproche de la « New Right », la nouvelle droite, et de ceux qu’on appelle aujourd’hui les « néo-néoconservateurs », et de leur plus grand représentant, Patrick Deneen, professeur de sciences politiques à l’Université de Notre Dame, qui est devenu son mentor et ami.

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