Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Foi - Page 199

  • "En Hongrie, la foi est visible"

    IMPRIMER

    De kath.net/news :

    L'ambassadeur avant la visite du Pape : "En Hongrie, la foi est visible".

    18 avril 2023

    Le diplomate Eduard de Habsbourg-Lorraine représente Budapest auprès du Saint-Siège : " Nous vivons consciemment le christianisme depuis 1.000 ans " - La Hongrie, un symbole des valeurs chrétiennes, des valeurs classiques de la famille

    Rome/Budapest (kath.net/KAP) Lors de sa visite en Hongrie fin avril, le pape François se rendra dans un pays fortement marqué par le christianisme, y compris sur le plan historique, et dans lequel "la foi est visible dans l'espace public". C'est ce qu'a déclaré l'ambassadeur de Budapest auprès du Vatican, Eduard de Habsbourg, dans plusieurs interviews pour différentes rédactions linguistiques du portail en ligne Vatican News. "Nous vivons consciemment le christianisme depuis 1000 ans", a déclaré Habsbourg en faisant référence au roi Étienne (997-1038), fondateur de l'État et canonisé, mais aussi à l'histoire mouvementée de la Hongrie, avec notamment l'occupation par les Ottomans au 16e siècle ou le régime communiste au 20e siècle. Il est important de comprendre "que le fait que nous ayons aujourd'hui un pays religieux, un pays plein de christianisme, est un miracle", a déclaré le diplomate.

    "Si vous venez en Hongrie aujourd'hui, vous verrez un pays dans lequel la foi chrétienne est visible", a déclaré l'ambassadeur de 56 ans, qui représente la Hongrie auprès du Saint-Siège depuis 2015. La Hongrie est "fortement marquée par le christianisme" et est considérée dans le monde entier comme "un symbole des valeurs chrétiennes, des valeurs traditionnelles de la famille". A tous les niveaux du gouvernement, on trouve également des personnes pour qui la foi chrétienne est importante, du Premier ministre Viktor Orban au président de la République Katalin Novak. "Nous avons un pays qui n'a pas peur de montrer sa religion et sa foi en public", a constaté Habsbourg. "Nous avons une séparation claire entre l'Église et l'État, comme c'est toujours le cas de nos jours, mais l'Église et l'État travaillent ensemble". Parallèlement, d'autres communautés religieuses seraient également fortement soutenues par le gouvernement. "Nous avons l'une des communautés juives les plus florissantes d'Europe", poursuit l'ambassadeur.

    Habsbourg a déclaré qu'il ne voulait pas spéculer publiquement sur la raison pour laquelle le pape François se rendrait une deuxième fois à Budapest après septembre 2021. Lors de sa visite de seulement sept heures pour la messe de clôture du Congrès eucharistique mondial, le pape avait toutefois "senti que les Hongrois l'aimaient vraiment, qu'ils volaient à sa rencontre avec leurs cœurs". Les Hongrois sont "incroyablement reconnaissants" de cette nouvelle visite. François a également de nombreux liens personnels avec le pays. Alors qu'il était encore archevêque de Buenos Aires, Jorge Bergoglio a visité à plusieurs reprises un monastère Mary Ward à Platanos, non loin de la capitale argentine, dans lequel vivaient également des religieuses qui avaient fui la Hongrie en 1956 après la prise de pouvoir par les communistes, a rappelé Habsbourg.

    Dans ses discours, François encouragera les Hongrois à "continuer à vivre leur foi", a déclaré l'ambassadeur Habsbourg à propos des thèmes possibles des discours du pape. On peut également imaginer que le chef de l'Eglise s'exprimera sur l'engagement de la Hongrie en faveur des familles et qu'il encouragera à s'engager pour son prochain et les personnes en marge de la société. En ce qui concerne la guerre dans le pays voisin, l'Ukraine, le pape "parlera certainement de paix", poursuit l'ambassadeur.

    Guerre dans le pays voisin

    Habsbourg a fait référence à la minorité hongroise d'Ukraine, forte d'environ 150 000 personnes, qui vit la guerre de très près. "Cela explique peut-être aussi un peu pourquoi la Hongrie s'est engagée dès le début en faveur de la paix ici et pourquoi elle exige actuellement la paix : Un cessez-le-feu le plus rapidement possible et des négociations de paix le plus rapidement possible". L'ambassadeur considère que la position de la Hongrie est sur ce point en accord avec celle du pape François, "et c'est une voix qui est devenue rare en Europe en ce moment".

    Avec l'aide aux réfugiés d'Ukraine, "la plus grande action humanitaire de l'histoire" du pays est en cours en Hongrie, a déclaré Habsbourg. Près d'un million de personnes déplacées ont été prises en charge depuis le début de la guerre et de nombreux Hongrois ont été prêts à apporter leur aide. Les Ukrainiens qui souhaitent rester sont également acceptés dans leur totalité. Habsbourg a cité le chiffre d'environ 30 000 personnes. Beaucoup d'autres sont partis vers d'autres pays : "C'était leur décision".

    Habsbourg a rejeté les questions critiques sur la politique d'asile et d'immigration de la Hongrie. "Nous n'avons qu'un problème avec l'immigration illégale et faisons ce que nous pouvons sur tous les autres fronts". L'ambassadeur a ainsi fait référence, entre autres, aux initiatives telles que l'action "Hungary helps" pour les chrétiennes et chrétiens harcelés en Orient. La Hongrie essaie d'aider les personnes qui veulent rester dans leur pays "au lieu de les envoyer dans des voyages terribles et de les livrer à la traite des êtres humains". Habsbourg s'est montré convaincu que le pape en était conscient.

    En ce qui concerne les tensions politiques avec d'autres Etats ou l'Union européenne, le diplomate a également fait référence à l'histoire de la Hongrie. Elle a fait partie pendant un temps de l'Empire ottoman, puis de l'Empire des Habsbourg et plus tard du bloc de l'Est. "Les Hongrois ont tendance à s'énerver lorsque des gens de l'extérieur tentent de nous dire comment régler nos affaires". Cela conduit parfois à des tensions, y compris avec Bruxelles. En même temps, il y a en Hongrie un grand enthousiasme pour l'idée européenne, a déclaré Habsbourg. "L'avenir de l'Europe réside dans l'Union européenne, mais nous avons parfois le sentiment que ce serait encore plus beau si nos valeurs étaient encore un peu plus respectées".

  • Briser le code du silence sur le divorce

    IMPRIMER

    De Joan Frawley Desmond  sur le National Catholic Register :

    Briser le code du silence sur le divorce

    Life-Giving Wounds aide les enfants adultes du divorce et de la séparation à exprimer leur souffrance, à savoir qu'ils ne sont pas seuls et à trouver la guérison dans la Miséricorde divine de Dieu.

    ‘Let the Children of Divorce Come to Me,’ original sacred art by artist Michael Corsini, was commissioned by Life-Giving Wounds ministry for reflection at retreats.
    Let the Children of Divorce Come to Me", œuvre d'art sacrée originale de l'artiste Michael Corsini, a été commandée par le ministère Life-Giving Wounds pour la réflexion lors des retraites. (photo : avec l'aimable autorisation de Life-Giving Wounds)

    15 avril 2023

    MENLO PARK, Californie - Hallie Colorado, psychologue clinicienne, a écrit sa thèse sur l'impact à long terme du divorce sur les enfants. Mais, jusqu'à récemment, cette mère de six enfants n'avait guère réfléchi à l'impact de la rupture de ses parents sur sa propre vie.

    "Mes parents ont divorcé quand j'étais petite, mais je ne pensais pas que cela m'affectait", a déclaré Mme Colorado au Register. 

    Mariée et heureuse dans son nouveau poste de directrice de l'action paroissiale à l'église catholique St. Raymond de Menlo Park, en Californie, Mme Colorado pensait avoir déjoué les pronostics et atteint ses objectifs.

    Mais après avoir accepté, par courtoisie professionnelle, de participer à une retraite pour les enfants adultes du divorce et de la séparation, parrainée par l'apostolat catholique Life-Giving Wounds, elle a été stupéfaite par les émotions qui ont surgi au fur et à mesure que les présentateurs partageaient leurs histoires. 

    "J'ai pleuré des larmes qui remontaient à 30 ans", s'est souvenue Mme Colorado. "C'était la première fois que je me trouvais dans une salle où tout le monde était comme moi, et je n'avais aucune idée de l'ampleur de la colère que je ressentais. 

    La retraite ne s'est pas contentée de confronter ces émotions enfouies.

    "Notre retraite est ancrée dans la miséricorde divine, non seulement en recevant la miséricorde, mais en la vivant de toutes les manières possibles, dont la principale est le pardon", a déclaré Dan Meola, président et cofondateur de Life-Giving Wounds, au Register.

    Chaque retraite de trois jours, qui attire généralement 20 à 30 personnes, est structurée autour des mystères pascals et encourage les participants à "découvrir les blessures" et à "mourir à soi-même", en prenant conscience de la manière dont leurs choix et leurs relations ont été façonnés par les traumatismes de l'enfance, a-t-il expliqué. 

    Ensuite, ils sont invités à inviter le Christ dans leurs blessures - "un moment de résurrection". 

    Enfin, ils commencent à marcher avec le Christ, à aller de l'avant dans une plus grande vertu, à se renouveler et à suivre le Seigneur d'une manière plus profonde.

    "Nous donnons aux gens un plan d'action qui comprend un plan de vie pour développer la vertu", a déclaré M. Meola. 

    Des aumôniers et des thérapeutes qui sont également des enfants de divorcés et qui ont participé aux retraites précédentes sont sur place. 

    Après la retraite, les anciens participants s'adressent à des groupes de soutien locaux et à une communauté en ligne qui les aident à cultiver des amitiés avec d'autres personnes confrontées à des problèmes similaires, ainsi qu'à des ressources pour un accompagnement spirituel et une aide psychologique continus. 

    "On ne peut pas guérir seul", a déclaré Mme Meola. "Si vous êtes marié, vous devez vous appuyer sur votre conjoint. Nous offrons de nombreuses possibilités de soutien.

    Lire la suite

  • Le roi Philippe, la reine Mathilde et leurs enfants sur le chemin de Compostelle

    IMPRIMER

    D'Aleteia.org :

    La famille royale belge sur le chemin de Compostelle

    16/04/23

    Le roi Philippe de Belgique, son épouse Mathilde et leurs quatre enfants ont commencé le chemin de Compostelle en 2017 à Roncevaux. Ils viennent de traverser en avril la province espagnole de León.

    Le roi Philippe de Belgique, la reine Mathilde et leurs enfants, Elisabeth, Gabriel, Emmanuel et Éleonore, ont continué en avril, à Pâques, leur pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle. Les souverains ont parcouru du 9 au 15 avril les quelque 70 kilomètres qui relient Itero de la Vega à San Nicolás del Real Camino. C’est en 2017, depuis Roncevaux, que le roi Philippe et sa famille ont tenté pour la première fois de parcourir un tronçon du célèbre chemin de pèlerinage. Ils avaient alors traversé une partie de la Navarre afin de rejoindre Logroño.

    Les années suivantes, le roi, la reine et leurs quatre enfants ont repris la direction de La Rioja, pour reprendre le chemin, là où ils l’avaient quitté, à Logroño. Le chemin les avait emmenés sur les routes de la province de Burgos. 

    Pour mémoire, Philippe a été proclamé roi le jour de la fête nationale de Belgique, le 21 juillet 2013, lorsque son père, Albert II, a abdiqué du trône pour des raisons de santé après vingt ans à la tête de son pays. Pour mémoire, Philippe est le neveu du roi Baudouin et de son épouse Fabiola, une aristocrate espagnole qui fut reine consort de Belgique de 1960 jusqu’à la mort du roi Baudouin en 1993.

    Pour tous les marcheurs, croyants ou non, le chemin menant vers Saint-Jacques de Compostelle s’impose donc comme un chemin vers la simplicité, le silence et la vraie rencontre ; rencontre de soi et de l’autre, rencontre de soi en l’autre. Quelques soient les motivations de départ, le chemin de Compostelle offre peut-être un terrain propice pour entendre l’appel que Dieu adresse à Abraham : « Va vers toi. » (Gn 12,1 ; traduction littérale de l’hébreu).

  • "Depuis Vatican II, la messe a changé de signification" (cardinal Roche)

    IMPRIMER

    Du site "Paix liturgique" (lettre 930 du 11 avril 2023) :

    LE CARDINAL ROCHE PERSISTE ET SIGNE :
    DEPUIS VATICAN II, " LA MESSE A CHANGE DE SIGNIFICATION"

    On serait tenté de ne pas donner aux propos du cardinal Roche, dont la théologie est assez approximative et la connaissance du sujet dont il parle hasardeuse, une grande importance. Mais le cardinal Roche est Préfet du Dicastère pour la Culte divin. On dit même qu’il est papabile !

    Il a donc un thème de prédilection, qui n’a rien de très neuf : la nouvelle messe est beaucoup plus participative que l’ancienne, ce qui change tout.

    Dans une conférence de 2020, que nous avons publié dans notre Lettre 926 publiée le 13 mars 2023, il disait : « L’Ordo Missæ réformé par saint Paul VI reflète une vision de l’Église en prière si bien décrite dans Sacrosanctum Concilium n. 48 : " Aussi l’Église se soucie-t-elle d’obtenir que les fidèles n’assistent pas à ce mystère de la foi comme des spectateurs étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent de façon consciente, pieuse et active à l’action sacrée, soient formés par la Parole de Dieu, se restaurent à la table du Corps du Seigneur, rendent grâces à Dieu ; qu’offrant la victime sans tache, non seulement par les mains du prêtre, mais aussi en union avec lui, ils apprennent à s’offrir eux-mêmes et, de jour en jour, soient consommés, par la médiation du Christ, dans l’unité avec Dieu et entre eux pour que, finalement, Dieu soit tout en tous". 

    Et voici que dans une récente émission de la BBC sur la messe traditionnelle, il est interrogé et se lâche plus fortement : « Vous savez, la théologie de l’Église a changé. Alors qu’auparavant le prêtre représentait, à distance, toutes les personnes – celles-ci étaient pour ainsi dire canalisées par cette personne qui était la seule à célébrer la messe – ce n’est pas seulement le prêtre qui célèbre la liturgie, mais aussi ceux qui sont baptisés avec lui. Il s’agit là d’une affirmation très forte. »

    C’était au cours de « Sunday », l’émission religieuse de la chaîne de radio britannique nationale, BBC 4, du dimanche 12 mars, qui comprenait un sujet de 7 minutes sur la « messe en latin ». La journaliste Orla O’Brien interrogeait plusieurs amoureux de la messe traditionnelle – celle qui « remonte à 1962 », ça ne s’invente pas – pour prendre la température alors que Rome impose des restrictions qui ont déjà conduit au Royaume-Uni a plusieurs suppressions dans les diocèses. Parmi les témoignages tout à fait intéressants des personnes attachées à la messe traditionnelle est celui du P. Michael Hall, délégué épiscopal pour la « messe en latin » dans le diocèse de Leeds (l’ancien diocèse du cardinal Arthur Roche).

    Lire la suite

  • Le dimanche de la Divine Miséricorde

    IMPRIMER

    Nous lisons sur Evangile au quotidien :

    Deuxième dimanche de Pâques
    Dimanche de la Divine Miséricorde - Dimanche de saint Thomas

              Au terme de l'octave pascale - toute la semaine n'est considérée que comme un seul jour célébrant « la fête des fêtes » (saint Augustin) -, le deuxième dimanche de Pâques inaugure l'octave de dimanches qui mène jusqu'à la Pentecôte, comme aussi un jour unique de fête, un « grand dimanche » (saint Athanase) d'allégresse, manifestée par la flamme du cierge pascal qui brûle près de l'ambon.

            Ce dimanche a porté de nombreux noms :

    • ce fut le dimanche in albis (« en blanc ») car, ce jour-là, les baptisés de Pâques revêtent pour la dernière fois le vêtement blanc de leur naissance nouvelle.
    • Ce fut le dimanche de Quasimodo, du premier mot latin de l'antienne d'ouverture de la messe : « Comme des enfants nouveau-nés ont soif du lait qui les nourrit, soyez avides du lait pur de la Parole, afin qu'il vous fasse grandir pour le salut, alléluia ! »
    • Et, depuis le 30 avril 2000, le pape Jean-Paul II a demandé qu'il soit fêté comme le « dimanche de la Divine Miséricorde », selon la demande faite par le Christ à sœur Faustine Kowalska, canonisée ce jour-là : « Je désire qu'il y ait une fête de la Miséricorde. Je veux que cette image que tu peindras avec un pinceau, soit solennellement bénie le premier dimanche après Pâques, ce dimanche doit être la fête de la Miséricorde » (1931).

    Lire la suite

  • Islam : un débat éclairant

    IMPRIMER

    Dans l'émission "Répliques" d'Alain Finkielkraut sur France Culture (8 avril 2023) :

    Ecouter l'émission ICI

    Conversation autour de l'Islam aujourd'hui, avec Rémi Brague et Chems-Eddine Hafiz.

    Avec
    • Rémi Brague Professeur émérite de philosophie à Paris I et à l’université de Munich
    • Chems-Eddine Hafiz Recteur de la Grande Mosquée de Paris

    "L’islam est, par le nombre de ses fidèles, la deuxième religion de France. C’est une situation inédite : ce présent-là ne s’est jamais présenté dans l’Histoire. Faut-il s’en inquiéter ou s’en réjouir ? La République une et indivisible est-elle en passe de se transformer bon gré mal gré en société multiculturelle ? L’islamisme est-il une maladie de l’islam ? Si oui, y a-t-il moyen de l’éradiquer ou de la guérir ? Ces questions cruciales demandent à être abordées et traitées sans démagogie ni faux fuyant." (A. Finkielkraut)

    Alain Finkielkraut reçoit, pour débattre de l'Islam aujourd'hui, Rémi Brague, spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive, auteur de Sur l'islam (Gallimard, 2023) et Chems-Eddine Hafiz, avocat et grand Recteur de La Mosquée de Paris.

    "L’islam suscite des controverses sans fin et prête à bien des confusions. Mais qu’est-ce que l’islam ? Une manière d’être face à Dieu ? Une religion avec ses dogmes et ses normes ? Une civilisation ? Des personnes et des peuples ? Au fond de cette réalité plurielle se pose encore la question des fins : que veut obtenir l’islam et par quels moyens, violents ou pacifiques, cherche-t-il à y parvenir ?" Rémi BragueSur l'islam (Gallimard, 2023).

    "En quoi l’islam se distingue-t-il des autres religions monothéistes ?" sera la première question posée, à Chems-Eddine Hafiz.

    "L'islam et les deux grandes religions monothéistes sont complémentaires" (C-E. Hafiz)

    "La France a une relation avec l’islam depuis de nombreuses années. Si aujourd’hui, selon le chiffre que vous annoncez, il y a de plus en plus de musulmans en France, c’est qu’il y a une histoire. La plus récente, c’est la Première Guerre mondiale qui a donné lieu, du fait du sacrifice de plusieurs milliers de musulmans, à la création de la Grande Mosquée de Paris. Comme dans d’autres pays qui ont pratiqué à l’époque la colonisation, il s’avère qu’aujourd’hui, les musulmans en France viennent surtout du Maghreb, de l’Afrique subsaharienne. Faut-il qu’on s’en inquiète ? Je pense que c’est un constat et qu’il faut faire avec. Il faut aujourd’hui que ces musulmans puissent s’intégrer totalement pour devenir des citoyens à part entière en respectant les règles de la République et en disant que quelle que soit la loi divine qu’ils respectent de leur côté, elle est toujours en-dessous des lois de la République. Bien évidemment, l’islam est différent des deux autres grandes religions monothéistes, mais je pense qu’elles sont complémentaires. J’ai tendance à dire que l’islam est la petite sœur des deux grandes religions monothéistes, à savoir le judaïsme et le christianisme. Il y a évidemment des différences, l’islam ne cherche pas à ressembler aux autres religions, mais c’est la continuité. Il y a des versets coraniques dans lesquels on fait souvent référence à d’autres prophètes, le prophète de l’islam n’est pas plus mentionné dans le Coran que Jésus ou Moïse. Il y a une histoire commune qui se fait." Chems-Eddine Hafiz

    "Je n’aime pas tellement parler des trois monothéismes, et encore moins des trois religions d’Abraham et des trois religions du livre. Ce sont des façons de parler, qui n’ont pas de rapport avec la réalité. Pour ne parler que du monothéisme, il n’y en a pas que trois, il y en a des quantités. Le monothéisme est plus ancien que la religion d’Israël. Les philosophes sont monothéistes, il n’y a pas que des religions qui le soient. En ce qui concerne l’islam, il a cette particularité de se situer dans la continuité des deux religions précédentes, auquel on l’associe, et dont il reconnaît l’antériorité, mais c’est pour les relativiser, c’est pour les absorber en lui. Si la messe déclare le sceau des prophètes, c’est parce qu’il confirme les révélations précédentes, mais il y met le point final. Il les dépasse, il les relève au sens hégélien, il en constitue la vérité, que les porteurs de ces religions antérieures auraient trafiqué, dans la mesure où ils n’auraient pas laissé telle qu’elle la révélation que Dieu leur faisait, donc la Torah pour Moïse, et l’Évangile unique qui aurait été confié à celui que le Coran appelle Aïssa, que nous appelons Jésus." Rémi Brague

    "En ce qui concerne le rapport du christianisme au judaïsme, je crois que Pierre Manent a mis les choses au point en ce qui concerne Pascal. Il y a une différence sur laquelle Maïmonide, dont on ne peut pas soupçonner de ne pas être juif, a appuyé : les chrétiens, pour lui, sont des imbéciles, mais ont le mérite de n’avoir jamais contesté l’authenticité du livre qui avait été confié à Israël. Ils n’ont jamais supposé que l’Ancien Testament, la Bible hébraïque, aurait été trafiqué par ses porteurs. C’est le fameux dogme de la manipulation des écritures." Rémi Brague

    "Toute organisation humaine a commis des erreurs" (C-E. Hafiz)

    “Au VIIe siècle, lorsque Négus, éthiopien, chrétien, reçoit des musulmans qui étaient pourchassés, il leur pose la question : expliquez-moi votre religion. Après avoir entendu les musulmans lui expliquer, il va prendre un bâton et placer sur le sol une ligne droite, et dire “nous sommes ensemble dans cette ligne droite”. Je ne crois pas que l’islam a cherché à être hostile aux deux autres religions. On sait que le Coran a été révélé pendant 23 ans au prophète de l’islam, que c’était une transmission orale qui a été faite et qui répondait à des situations précises que vivaient à ce moment-là le prophète. Il y a eu à des moments précis des versets qui pouvaient contredire d’autres versets. Mais à aucun moment, il y a eu ce rejet. Le prophète disait, en s’adressant aux musulmans : “surtout, ne me préférez pas à Jésus ou à Moïse, ce sont mes frères”. Il y a eu plusieurs histoires, durant cette période, où il y a eu des erreurs humaines, car toute organisation humaine a commis des erreurs. Aujourd’hui, dire que le terrorisme en Irlande du Nord c’est la parole de Jésus, c’est le catholicisme ? Non. Est-ce que l’inquisition est la parole de Jésus ? Non. (...) Aujourd’hui, je me place dans un monde contemporain où il y a effectivement des fractures. Je me bats pour que la société ne soit pas multiculturelle, je veux qu’elle reste une société telle qu’elle a été voulue au nom de la République : nous sommes tous des enfants de la République, des citoyens à part entière. Aller chercher là où ça fait mal n’est pas nécessaire aujourd’hui.” Chems-Eddine Hafiz

    "Il faut distinguer trois différents types de péchés" (R. Brague)

    “C’est la tâche du philosophe de chercher les différences, de chercher de la clarté là où une certaine confusion peut s’installer. En ce qui concerne la révélation du Coran sur vingt ans, personnellement je n’y crois pas, c’est une question d’historien et il faut laisser cela aux gens qui ont rédigé le Coran des historiens, qui peut-être ne pas même pas assez loin. La question de la falsification des écritures a été reprise par un immense théologien musulman, le colonel Kadhafi en personne. Je dis cela avec plus qu’un grain de sel. Mais lors de la conférence de presse qu’il a tenu il y a quelques années, il a rappelé aux juifs et aux chrétiens qui étaient présents qu’ils n’étaient pas véritablement juifs et chrétiens car ils s’appuyaient sur des écritures qui ne sont pas authentiques. C’est une doctrine qui n’est pas exceptionnelle. Ce qui a été rappelé sur le christianisme, sur les péchés des chrétiens, il faut y mettre un peu de nuance historique. (...) Il faut distinguer les péchés qui ont été commis par les adhérents d’une religion, quelle qu’elle soit, et les péchés commis au nom de cette religion, et aussi les péchés qui sont en accord ou non avec le message du fondateur de la religion.” Rémi Brague

    Références bibliographiques :

  • "Proportionnalisme" : ils sont de retour !

    IMPRIMER

    De George Weigel sur First Things :

    ILS SONT DE RETOUR !

    12 avril 2023

    Comme l'estimable Larry Chapp l'a récemment écrit sur son blog, Gaudium et Spes 22, "les débats les plus profonds, les plus importants, les plus litigieux, les plus conflictuels et les plus destructeurs [après Vatican II] ont entouré la théologie morale, en particulier après Humanae Vitae et la dissidence massive qui s'en est suivie". M. Chapp note également qu'il faut avoir vécu ces débats pour en saisir, aujourd'hui, la volatilité. En effet, les théologiens dissidents (et les évêques qui les soutenaient tacitement ou ouvertement) ont été stupéfaits par la réaffirmation par le pape Paul VI de l'interdiction de longue date par l'Église des moyens de contraception artificiels, et plus encore par le raisonnement moral qui l'a conduit à cette décision.

    En effet, le "débat sur le contrôle des naissances" pendant et après Vatican II n'a jamais porté uniquement sur les moyens moralement acceptables d'exercer la responsabilité morale de réguler la fécondité. Il s'agissait également de la détermination de la guilde théologique à consacrer la théorie connue sous le nom de "proportionnalisme" en tant que théologie morale officielle de l'Église. Le Dr Chapp poursuit :

    "[L]e "proportionnalisme" [...] enseignait qu'il ne peut y avoir de normes morales absolues puisque les actions morales sont largement déterminées [...] par les circonstances concrètes de la vie de la personne qui commet l'acte [...] [qui étaient] presque toujours [...]. [qui sont presque toujours chargées de l'ambiguïté des circonstances "difficiles et atténuantes". C'est un peu caricatural, mais pour faire court, le proportionnalisme est une sous-espèce (dans le langage catholique) de l'éthique de situation.

    Comment des personnes par ailleurs intelligentes en sont-elles arrivées à la conclusion absurde qu'il n'existe pas de normes morales absolues susceptibles de ne pas s'adapter à des circonstances "difficiles et atténuantes" ? (C'est une longue histoire, qui implique le Sage de Königsberg, Emmanuel Kant, et le philosophe d'Édimbourg David Hume. Il suffit de dire que ce que beaucoup considèrent comme la destruction de la métaphysique par Kant (c'est-à-dire l'idée qu'il existe des vérités profondes intégrées dans le monde et en nous que nous pouvons connaître par la raison) et la démolition par Hume de l'affirmation selon laquelle nous pouvons raisonner à partir d'un fait (par exemple, il y a des êtres humains innocents) jusqu'à une vérité ou une valeur morale (par exemple, la vie humaine innocente est inviolable) ont joué un rôle de premier plan dans ce drame. Et, comme toujours, les idées ont eu des conséquences.

    Le débat catholique sur le proportionnalisme aurait dû être tranché par deux encycliques de Jean-Paul II. En 1993, Veritatis Splendor (La splendeur de la vérité) a rejeté le proportionnalisme comme méthode catholique légitime de théologie morale en enseignant avec autorité qu'il existe, en fait, des actes intrinsèquement mauvais qui sont absolument interdits moralement. Deux ans plus tard, Evangelium Vitae (L'Évangile de la vie) a illustré ce point en enseignant avec autorité que la suppression délibérée de la vie humaine innocente, l'avortement et l'euthanasie sont toujours gravement mauvais, quelles que soient les circonstances difficiles et compliquées.

    Mais la guilde des théologiens ne s'est jamais avouée vaincue et promeut désormais le proportionnalisme, notamment dans les universités romaines.

    Ainsi, en mai 2022, le père Julio Martinez, S.J., a donné une conférence à l'Université pontificale grégorienne (un foyer de pensée proportionnaliste pendant les débats post-conciliaires) ; il y a accusé Veritatis Splendor d'avoir fait des nœuds (c'est son expression) dans la théologie morale catholique, complétant un processus de nouage qui avait commencé avec Humanae Vitae, qui n'avait pas "discerné et considéré les circonstances [du] ... mariage et de la vie de famille ... de manière exacte". ... le mariage et la vie de famille ... d'une manière précise". Le père Martinez s'est également plaint que Veritatis Splendor était malavisé en insistant sur le fait que le magistère de l'Église a la responsabilité d'"enseigner la morale d'une manière très précise et claire". La bonne nouvelle était que l'exhortation apostolique Amoris Laetitia du pape François avait "introduit le discernement" (autrefois une méthode de direction spirituelle) dans l'approche de l'Église de l'éthique de l'amour humain dans "les circonstances concrètes du mariage et de la vie familiale", ce qui est "une chose vraiment nouvelle dans la théologie morale".

    Que ce soit ou non ce qu'Amoris Laetitia a fait (ou avait l'intention de faire), le Père Martinez approuvait le proportionnalisme comme une méthode supérieure de raisonnement moral qui "dénouerait les nœuds" créés par Humanae Vitae et Veritatis Splendor - indépendamment du rejet autoritaire par ce dernier de l'affirmation fondamentale du proportionnalisme selon laquelle il n'y a pas de normes morales absolues parce qu'il n'y a pas d'actes intrinsèquement mauvais.

    Comme le disait George Orwell : "Il faut appartenir à l'intelligentsia pour croire des choses pareilles : aucun homme ordinaire ne pourrait être aussi stupide."

    Le retour du proportionnalisme a eu des effets au-delà de la guilde des théologiens. Il a joué un rôle influent dans l'apostasie allemande et dans les commentaires de divers évêques sur les questions LGBT. Le grand théologien dominicain Servais Pinckaers a écrit un jour que la théologie morale est "le lieu de rencontre de la théorie et de la pratique, de la pensée et de la vie de l'Église". Il ne s'agit donc pas d'un simple jeu d'intellectuels.

    C'est pourquoi cette dégradation de la théologie morale et ses effets ne passeront pas inaperçus lors du prochain conclave papal.        

    La chronique de George Weigel "The Catholic Difference" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la William E. Simon Chair in Catholic Studies.

  • Le pape n'est pas pour rien dans le malaise des prêtres

    IMPRIMER

    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro :

    Comment les jeunes prêtres veulent sortir l’Église de la crise

    Avec la baisse des vocations, leur charge de travail s’alourdit toujours plus et ils souffrent parfois d’un manque de soutien. Malgré tout, leur zèle reste intact.

    Il s’est passé à Paris un événement de faible impact médiatique mais de haute intensité spirituelle: le décès d’un jeune prêtre. Le 14 mars dernier, l’abbé Cyril Gordien mourait d’un cancer fulgurant. Il avait 48 ans. Il était curé de l’église Saint-Dominique, dans le 14e arrondissement. À ses obsèques, dans l’église Saint-Pierre de Montrouge, dont le haut clocher de pierres blanches marque l’entrée de Paris après la porte d’Orléans, étaient présents 6 évêques, 250 prêtres et près de 2000 fidèles. Sans parler des témoignages venus de toute la France puisque ce prêtre avait été aumônier national du mouvement des Scouts d’Europe.

    Cette messe d’adieu a, selon les témoins, marqué par sa densité ceux qui étaient présents. Plus large encore, son «testament spirituel», texte d’une quarantaine de pages écrit par cette âme de feu et intitulé «Prêtre au cœur de la souffrance», continue de rayonner sur internet et ne laisse personne indifférent. Il dénonce sans ambages «des prêtres et même parfois des évêques qui ne cherchent pas le bien et le salut des âmes, mais qui désirent d’abord la réalisation de leurs propres intérêts, comme la réussite d’une “pseudo- carrière”». Et énumère: «Ils sont prêts à tout: céder à la pensée dominante, pactiser avec certains lobbies, comme les LGBT, renoncer à la doctrine de la vraie foi pour s’adapter à l’air du temps, mentir pour parvenir à leurs fins. Le père Gordien confesse alors: «J’ai souffert par l’Église. Dans les différentes crises que j’ai traversées, je me suis rendu compte que les autorités ne prenaient pas soin des prêtres et les défendaient rarement.» Amer, il constate: «Comme prêtre, pasteur et guide de brebis qui vous sont confiées, si vous décidez de soigner la liturgie pour honorer notre Seigneur et lui rendre un culte véritable, il est peu probable que vous soyez soutenu en haut lieu face aux laïcs qui se plaignent».

    «Entièrement livré à son ministère»

    La charge est lourde. Ses propos ont ravi les uns et mis en colère les autres. Il n’est pas étonnant que ce «testament spirituel», dans lequel il dit également, à longueur de pages, sa joie d’être prêtre, mais sans éluder ses détresses, ait été très vite retiré du site de la Conférence des évêques, où il avait été publié par erreur… Cyril Gordien n’était pourtant pas un prêtre traditionaliste. Il célébrait la messe selon le rituel adopté par le concile Vatican II. Il avait, par exemple, institué une «adoration permanente de l’eucharistie» dans sa paroisse, ce qui avait provoqué l’ire d’un groupe de paroissiens qui ne cessèrent de le dénoncer, dans son dos, à l’archevêché.

    Un des amis proches du père Gordien, le père Luc de Bellescize, curé à Paris, a rédigé une lettre ouverte dans laquelle il écrit que son confrère était «excessif», qu’il ne prenait «jamais de repos» parce qu’il était «entièrement livré à son ministère». Il confirme aussi l’existence de «lettres de délation anonymes» reçues contre les prêtres à l’évêché où il a travaillé. «Un désaccord liturgique ou doctrinal, un souci de gouvernement ne constituent pas un crime», souligne le père Luc de Bellescize, avant de conclure: «Ces mots d’un prêtre au cœur de la souffrance doivent être pris au sérieux et invitent l’Église à examiner la manière dont elle prend soin de ses prêtres», car «la manière dont il a été traité parfois serait inadmissible dans une entreprise.»

    Un malaise chez les prêtres?

    Il y a quelque chose de ce genre dans l’Église de France. Beaucoup de ces hommes, qui ont donné toute leur vie à Dieu, sont troublés. Et ils n’ont pas toujours un évêque à l’oreille attentive. Un prêtre résume: «Il peut y avoir un gros malaise avec l’évêque: est-il un père? un patron? un délateur?» Les prêtres vivent en effet une surcharge structurelle avec la diminution des vocations. Les mêmes prêtres catholiques viennent d’essuyer, injustement, depuis le rapport Sauvé, l’opprobre de l’accusation d’être des pédocriminels en puissance alors qu’elle concernait, au plus fort de cette crise il y a quarante ans, 3 % à 4 % des prêtres et moins de 1 % d’entre eux aujourd’hui. Les évêques, tétanisés, n’ont pas su défendre leur honneur.

    Des chiffres calamiteux

    Depuis une dizaine d’années, ces hommes de terrain constatent une baisse des entrées dans les séminaires. Certains de ces établissements, comme à Lille ou à Bordeaux, ont dû fermer. La Conférence des évêques préfère ne pas donner les chiffres de la rentrée de septembre 2022 tant ils sont calamiteux. Le diocèse de Paris enregistrait seulement trois jeunes entrés en première année. L’Église connaît aussi des tensions liturgiques: un quart, au moins, des jeunes ordonnés au sacerdoce sont plutôt de sensibilité classique, voire traditionaliste. Les fidèles de la génération 1968, plutôt progressistes, ne le comprennent pas.

    Des diocèses connaissent également des difficultés avec leur évêque. Depuis vendredi dernier, une pétition circule dans le diocèse de Strasbourg pour demander le départ de l’archevêque, Mgr Luc Ravel. Il y a, enfin, l’abandon du sacerdoce. Effectué dans la discrétion il y a encore trois décennies, chaque départ de prêtre est aujourd’hui médiatisé. «C’est dur de voir un frère prêtre partir», reconnaît l’un d’eux. Même si, en réalité, le nombre de ceux qui quittent le sacerdoce en France est relativement stable: 15 en moyenne par an depuis le début des années 2000, selon les chiffres officiels du Vatican, soit un pour mille. En France, le nombre de prêtres s’est réduit de moitié en vingt ans. Ils étaient 10.188 prêtres diocésains en 2020, pour 10.326 paroisses qui regroupent 45.000 églises. L’âge médian du prêtre est de 75 ans.

    Pour y voir clair, Le Figaro a sollicité douze prêtres. Douze apôtres. Douze pasteurs de moins de 50 ans, de tous lieux, ruraux et urbains. Ils disent être «très heureux» du choix de cette voie. Ils ne regrettent rien. Mais ils sont lucides. Au prix, pour certains, de parler sous anonymat strict.

    L’un d’eux nous raconte une anecdote terrible pour un homme de Dieu. Il exerce dans le sud de la France et totalise une dizaine d’années de sacerdoce. Prêtre diocésain, il n’a rien d’un ultra qui voudrait imposer sa foi. Lors du jeudi saint, fête du sacerdoce, il a reçu une «douche glacée». Alors qu’il évoquait «la mort et de la résurrection du Christ», thème pascal s’il en est, dans un lycée catholique, il s’est vu reproché de ne pas avoir parlé des «valeurs du christianisme, de la solidarité». Ce qu’il ne manque pourtant pas de faire à d’autres occasions. Il en déduit: «C’est à l’image de ce que vivent beaucoup de prêtres aujourd’hui. S’ils souffrent dans leur cœur de pasteur et dans leur vie, ce n’est pas pour leur ego, mais parce que la mission confiée par l’Église, celle d’annoncer clairement le Christ, n’est pas toujours partagée par l’Église elle- même!» «La mission, l’annonce du Christ, nous avons donné notre vie pour elle. Nous savons que notre choix de vie est incompris. Mais le malaise des prêtres vient de ce que l’on ne sait plus comment annoncer l’Évangile, constate-t-il. Nos communautés paroissiales vieillissent. Lors des funérailles, les gens n’attendent qu’une prestation de “service”. La majorité des couples que nous préparons au mariage n’ont pas la foi. En fait, les gens n’attendent pas ce que l’on souhaiterait leur donner…» D’où un risque de découragement: «Des prêtres ne voient plus le fruit de leur travail. Certains n’en peuvent plus. D’autant que les évêques nous laissent souvent seuls sur le terrain. Et, si nous sommes un peu incisifs, ils s’inquiètent. Ils préfèrent le consensus.»

    Un prêtre ose, lui, sortir de l’anonymat. Paul Benezit a 37 ans et totalisera bientôt une dizaine d’années d’ordination. Il confesse son tempérament «positif» qui cherche «toujours à voir le bon côté des choses». Prêtre en zone rurale, il a 28 clochers sous sa responsabilité et affirme: «Je suis tellement heureux dans mon ministère!» Il évoque, pêle-mêle, le contexte récent de son diocèse: l’épreuve du suicide d’un prêtre de 38 ans, il y a cinq ans, qu’il remplace, le procès d’un prêtre qui va bientôt avoir lieu et, en janvier dernier, l’annonce tonitruante du départ du curé de la cathédrale, parti avec une femme. «Nous avons une grosse charge de travail, tout est dans la façon de la vivre. Le malaise vient du manque d’effectifs, estime-t-il. On place des prêtres sans expérience à des postes trop difficiles. Si l’on répond que l’on ne peut pas assumer le travail de deux prêtres, voire de trois prêtres, on nous regarde avec bienveillance, mais il faut y aller quand même. Si on ne fixe pas une limite pour se reposer, lire, faire du sport, s’intéresser à autre chose, on tombe vite dans un surinvestissement lié à la spiritualité du sacerdoce, qui est un don total de soi. On accepte une mission toujours plus lourde, impossible à réussir entièrement, et c’est le début des problèmes. On tire sur la corde et on peut dégringoler: fuite, abandon du ministère, suicide.»

    Ce nageur de bon niveau, passionné de forêts, interroge: «On connaît la courbe des âges des prêtres, le nombre de postes à pourvoir, le peu d’entrées au séminaire. Au lieu de naviguer à vue, de gérer le quotidien, il serait bon de se poser sur une table et de conduire nos ressources humaines sur dix ans. Mais cela, je ne l’ai pas encore vu. Quand allons-nous penser une autre organisation que ce maillage intenable du territoire?» «Perte de confiance dans le pape François»

    Confronté à la même problématique dans le Lot, en zone encore plus rurale, le père Florent Millet, recteur du sanctuaire de Rocamadour, a longtemps été vicaire général du diocèse, numéro deux de l’évêque: «Quand j’étais vicaire général, j’ai vu des prêtres actifs, toujours prêts à aller partout, d’autres plus casaniers, d’autres toujours disponibles, d’autres toujours submergés. Les tempéraments et les caractères jouent, mais j’ai observé qu’un curé qui aime ses paroissiens est un prêtre heureux. Cela paraît simple, mais cela se vérifie. En revanche, si je ressentais un malaise aujourd’hui, il viendrait de la question liturgique. Nous étions arrivés à une situation paisible avec les prêtres traditionalistes et tout se passait bien. On peut comprendre que Rome veille à ne pas voir des chapelles particulières, mais les nouvelles restrictions nous compliquent les choses.»

    Il y a peu encore, les prêtres ne critiquaient jamais le pape. Il apparaît dans ce tour d’horizon que plusieurs d’entre eux – requérant l’anonymat – ne tiennent plus cette réserve. À l’évocation d’un possible «malaise», les prêtres parlaient uniquement de «regards noirs»,de «changements de trottoir» et d’«invectives désobligeantes» dans la rue. C’était il y a deux ans, au paroxysme de la crise de la pédophilie. Aujourd’hui, certains d’entre eux, qui ne sont pas des extrémistes, mettent en lumière «une immense perte de confiance dans le pape François». «Beaucoup de prêtres de moins de 50 ans sont décontenancés parce qu’ils ont l’impression que François sème le trouble, la division et qu’il est toujours dans la dénonciation du cléricalisme, confie l’un d’entre eux. J’ai tout abandonné pour suivre le Christ, pas pour exercer un pouvoir! Or, enseigner clairement l’Évangile serait devenu du cléricalisme? Certains fidèles nous reprochent d’être vieux jeu quand nous enseignons ce que l’Église professe. Le pape, objectivement, ne représente plus un signe de communion. Il y a un trouble chez les prêtres parce que nous vivons une crise de confiance.»

    Un autre, dans le même registre, ajoute: «Quand nous regardons vers Rome, qui a toujours été un cap, un phare, une terre ferme, on nous dit: “On ne veut plus de prêtre comme vous.” Il faut se justifier de porter un col romain. Le pape nous donne l’impression qu’il ne nous comprend pas et qu’il ne nous aime pas. Nous restons fidèles, comblés par les joies de notre ministère, mais nous sommes désemparés et beaucoup de catholiques le sont avec nous. Si nous tenons c’est grâce aux jeunes, très motivés, qui montrent l’arrivée d’une nouvelle génération bien dans son temps et qui n’a pas honte de se dire catholique. Pas identitaires, ils attendent qu’on leur parle de la foi chrétienne. Ce sont eux l’avenir.»

  • Le problème de notre temps ? L'absence de foi (testament spirituel de l'abbé Cyril Gordien)

    IMPRIMER

    Du site "Silere non possum" :

    LE PROBLEME DE NOTRE TEMPS ? L'ABSENCE DE FOI

    Le testament spirituel d'un prêtre parisien nous invite à réfléchir à quelques questions importantes.

    Les fêtes de Pâques, comme celles de Noël, sont une occasion propice pour les prêtres de "compter" les fidèles qui "pointent le bout de leur nez". Nombreux sont ceux qui se disent catholiques mais qui, tout au long de l'année, ne se rendent pas à l'église et ne font leur apparition qu'à l'occasion des fêtes de Noël et de Pâques ou pour le baptême de leurs petits-enfants.

    Dans le sud de l'Italie, en particulier, nombreux sont ceux qui assistent à des "représentations". S'il est une chose que nous avons encouragée ces dernières années, c'est une foi faite de talismans. Les gens y assistent s'il y a quelque chose de spécial, il ne leur suffit pas que le Christ s'immole, chaque jour, sur l'autel pour leur salut. Si vous distribuez des cendres sur la tête, l'église est pleine. Si vous croisez deux bougies et que vous les placez autour du cou des gens, l'église est pleine. Si vous célébrez une simple messe, c'est le désert. Nous avons formé des fidèles qui ont besoin d'émotions et qui vivent leur foi sur la vague de celles-ci.

    Bien qu'aujourd'hui nous soyons de plus en plus repliés sur nous-mêmes et que nous pleurions sur le manque de vocations, les abus dans le clergé, le manque d'intérêt pour les jeunes, la dénatalité et ainsi de suite, le vrai problème se résume à un seul : le manque de foi. Aujourd'hui, on ne croit plus en Jésus-Christ et en sa bonne nouvelle. Il suffit d'assister à un Angélus du Saint-Père pour se rendre compte que très peu répondent aux invocations ou s'agenouillent pour la bénédiction.

    Nous avons transformé l'Église en un centre social où les gens viennent pour se sentir moins seuls, pour manger ou pour occuper des postes de direction. Il est clair qu'aujourd'hui, nous nous retrouvons avec des laïcs autoritaires qui veulent nous enseigner ce qu'il faut faire. Après tout, si notre mission était de faire le bien, ils pourraient à juste titre le faire bien mieux que nous. Le problème, c'est que ce n'est pas la mission que le Christ a confiée à son Église.

    Retour aux sources

    En ces heures, notamment en France, circule un beau testament spirituel d'un prêtre décédé d'une grave maladie. Dans ce texte émergent des préoccupations qui animent de nombreux prêtres aujourd'hui.

    Le pontificat de François n'a malheureusement fait qu'exacerber un problème de plus en plus évident. Nous en avons parlé lors des funérailles du Saint Père Benoît XVI. La génération qui a vécu la révolution de 68′ est de plus en plus désillusionnée parce qu'elle a vu ses aspirations échouer. Au contraire, les jeunes hommes qui ont été ordonnés ces dernières années et ceux qui sont actuellement au séminaire sont orientés par un idéal plus conscient du prêtre, fort de sa propre identité. Les nouvelles générations de fidèles peuplent également les églises où il y a de jeunes prêtres qui célèbrent bien la Sainte Messe et s'occupent de la liturgie, de la prédication, etc. Cela crée plusieurs problèmes, en particulier avec les prêtres (et les évêques) plus âgés qui n'admettent pas qu'ils ont échoué et déversent leurs frustrations sur les jeunes. Il s'agit d'un véritable fossé générationnel qui cache de nombreux problèmes profonds.

    Dans le testament spirituel du Père Cyril Gordien, cet aspect de la vie sacerdotale apparaît également, à savoir un certain regret pour le comportement de certains évêques qui choisissent souvent la voie facile du consensus plutôt que de défendre leurs prêtres et, surtout, la mission de l'Eglise.

    Le texte révèle aussi la foi profonde qui animait ce prêtre et qui anime de nombreux prêtres dans le monde. Les aspects édifiants sont nombreux : dévotion à la Vierge Marie, amour pour Jésus dans le Saint-Sacrement, conscience de la gravité du ministère du prêtre et amour profond pour l'Église.

    Lire la suite

  • La résurrection de Jésus : un témoignage massif et universel (Mgr Léonard)

    IMPRIMER

    De Mgr André-Joseph Léonard (via Aleteia.org) :

    Jésus, le seul Dieu ressuscité dans l’histoire des religions

     
    Le dessin de la figure de Jésus s’achève avec un trait absolument unique, lui aussi, à savoir le témoignage rendu à sa résurrection d’entre les morts. Il n’est aucun autre homme, dans l’histoire, duquel on ait affirmé sérieusement une chose pareille. Et la nature et le contexte de ce témoignage sont tels que la seule explication plausible du surgissement et du succès d’une telle affirmation est la réalité de son objet, à savoir l’événement réel — et, en ce sens, pleinement historique — de la résurrection.

    Un témoignage massif et universel

    Le témoignage du Nouveau Testament concernant la résurrection de Jésus est massif et universel. Les quatre Évangiles ont été rédigés à la lumière de la foi pascale et ne peuvent se comprendre qu’à cette lumière. On ne les saisit adéquatement qu’en les lisant en fonction de leurs derniers chapitres. Même le récit de Noël, dans l’Évangile de Luc, est écrit à la lumière de Pâques. Or, non seulement les Évangiles parlent chacun de la résurrection de Jésus dans leur conclusion, mais leur concept même, qui est d’être un eu-angelion (en grec), une « Bonne Nouvelle », serait impensable et contradictoire si le porteur et l’objet de cette « joyeuse annonce » n’avait abouti qu’à l’échec de la mort en croix, si Dieu avait définitivement abandonné celui qui se présentait comme son Fils, si le Royaume de Dieu annoncé par Jésus s’était éventé avec sa mort infamante. Quant au livre des Actes des Apôtres, il est tout entier consacré à l’annonce de la mort et de la Résurrection de Jésus depuis Jérusalem jusqu’à Rome en passant par toute la Palestine, l’Asie Mineure et la Grèce.

    Il en va de même pour saint Paul, dont les lettres sont toutes portées par la foi en la Résurrection, comme en témoigne éminemment le passage, célèbre entre tous, où il s’en prend à des hérétiques (déjà !) qui niaient la résurrection des morts (1Cor 15, 12-20). L’épître aux Hébreux, elle aussi, est tout entière suspendue à la foi pascale puisqu’elle célèbre le sacerdoce éternel du Christ qui, par sa résurrection, est devenu « un grand prêtre souverain qui a traversé les cieux » (Hé 4, 14). Le rôle de la résurrection est également central dans les épîtres catholiques (de Jacques, Pierre, Jean et Jude) et surtout dans l’Apocalypse, qui culmine dans la contemplation de l’Agneau pascal, immolé et ressuscité (Ap 5). Par sa résurrection, Jésus a été réhabilité, il a été glorifié et il a atteint sa pleine stature humaine.

    Lire la suite

  • Homélie pour le Vendredi Saint

    IMPRIMER

    téléchargement.jpg

    Du Père Simon Noël sur son blog :

    Vendredi-Saint, homélie 

    Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? Ce cri de Jésus sur la Croix est une parole étrange pour le croyant. Dieu n'abandonne jamais ses amis. Tant de psaumes le disent, et en particulier ce psaume 21, que Jésus reprend ici, et qui se termine par une exultation pour la délivrance que Dieu apporte à son serviteur, au terme d'une épreuve qui ne dure qu'un moment.

    Nietzsche a été jusqu'à dire que Jésus à ce moment terrible avait perdu la foi et avait compris que sa mission n'était qu'une illusion. Nous ne pouvons pas être d'accord avec cette manière de voir les choses. Car après ce cri de détresse de Jésus, il y a sa dernière parole: Père, en tes mains je remets mon esprit. Oui, le cri de Jésus, se sentant abandonné, nous scandalise, et pourtant il est là mystérieusement.

    De nos jours, on a beaucoup parlé de la mort de Dieu. L'histoire du dernier siècle a été trop tragique. Les camps de concentration du goulag soviétique, ceux de l'Europe dominée par l'Allemagne, ceux de Chine, du Cambodge ou du Vietnam, tant de faits tragiques nous poussent à croire que Dieu n'est plus là. Et pourtant face au mystère du mal absolu, la liberté de l'homme subsiste. Dans les camps, on a vu des croyants perdre la foi et on a vu des athées trouver Dieu.

    Jésus a poussé ce cri, non en hébreu, la langue liturgique, mais en araméen, la langue de tous les jours, celle qu'on parle à la maison. Ce cri surgit donc de toute la profondeur humaine du Christ, c'est le cri d'un petit enfant à son papa. De ce cri, les assistants vont se moquer. Ils ont dû bien comprendre que c'est à Dieu, et non à Élie que ce cri s'adressait mais ils vont jouer sur les mots. Élie était dans la religion populaire de ce temps, le patron des causes désespérées, un peu comme sainte Rita aujourd'hui. Ils ont réagi comme le feraient de nos jours de cruels moqueurs devant un malheureux en détresse : même sainte Rita ne fera rien pour toi.

    Essayons maintenant de comprendre du point de vue de la foi ce que cela signifie. Les mystiques peuvent nous y aider. Je pense notamment à Marthe Robin, la stigmatisée. Chaque vendredi, elle revivait la passion de Jésus. Mais les douleurs physiques n'étaient rien en comparaison des douleurs morales. Marthe ressentait l'absence de Dieu, la coupure totale avec la source divine. Elle pensait que le malheur du XXe siècle était la séparation qu’avait faite l’humanité d’avec Dieu (sorte d’enfer sur terre) elle pensait qu’en éprouvant cette impression de déréliction et de condamnation elle représentait l’humanité entière, en ce XXe siècle à son déclin. Elle se tenait aux portes de l’enfer pour que l’enfer soit vide. Elle imaginait que c’était là son office principal, sa tâche, son métier.

    Saint Paul l'avait dit : le Christ s'est fait péché, malédiction pour nous. Il a pris sur la croix, non pas la culpabilité du péché, il est l'innocence en personne, mais la peine du péché. Comme l'a dit von Balthasar : il faut être Dieu pour comprendre vraiment ce que signifie être privé de Dieu.

    Jésus abandonné ?, mais ce thème est présent dans tout l’Évangile : Jésus incompris par sa famille, Jésus incompris par ses disciples, Jésus trahi par l'un des siens, lâché par ses apôtres, renié par Pierre, condamné par les grands prêtres, abandonné par son Père. Oui Jésus est bien seul. La solitude, voilà ce qui est au cœur de toute souffrance. Dans toute souffrance, il y la perte de Dieu.

    Et c'est justement en acceptant cela que nous allons comprendre le cœur de l’Évangile, bonne nouvelle du salut. Car ce salut concerne d'abord les plus malheureux et les plus souffrants, les âmes les plus abandonnées. La Croix de Jésus est scandale pour les Juifs et folie pour les Grecs. Comment reconnaître Dieu, sa présence et son salut, dans une épave humaine, abandonnée de tous, lors d'un échec lamentable ? Comment voir Dieu dans une vie ratée ?

    Eh bien pourtant, c'est là que nous trouvons Dieu. Tout est renversé dans la Croix du Christ. Dans sa déréliction absolue, il a voulu rejoindre les damnés de la terre, s'identifier à eux. Il est descendu dans notre enfer. Et c'est quand nous ressentons l'absence de Dieu que nous le trouvons le plus profondément. Quand pour nous la foi semble disparaître, quand la prière semble impossible, quand l'espérance semble ne plus être qu'une illusion, quand notre vie est complètement ratée, c'est le moment où nous pouvons enfin entrer dans la vérité de la vie. Un proverbe indien le dit: le moment le plus noir de la nuit est celui qui précède tout juste l'aurore. La consolation que nous apporte l’Évangile n'est jamais une consolation facile, faite de bonnes paroles, qui glissent sur celui qui souffre comme un peu d'air frais. Elle ne ressort pas de la langue de bois. Elle est affrontement face à face de nos ténèbres, mais dans cet affrontement, le Christ nous rejoint et nous sauve de l'intérieur.

    Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? C'est à ce moment que Jésus a le plus souffert. Mais aussi c'est quand il a le plus souffert, qu'il a le plus aimé.

  • Le Crucifié source d'espérance (pape François, 5 avril 2023)

    IMPRIMER

    Du pape François lors de l'audience générale de mercredi :

    Frères et sœurs, la Passion du Seigneur marque le terminus de l’espérance pour ses disciples, un échec public, la pire fin qui soit. Ce désespoir qui opprimait les disciples ne nous est pas étranger aujourd’hui, au milieu de nos pensées sombres et de nos sentiments de frustration. L’espérance semble parfois scellée sous la pierre du découragement. La croix symbolisait la fin de tout pour les disciples. Mais l’espérance de Dieu germe, naît et renaît dans les trous noirs de nos attentes déçues. Elle ne déçoit jamais. De la croix, le plus terrible instrument de torture, Dieu a tiré le signe le plus grand de l’amour. Ce bois de mort, devenu arbre de vie nous rappelle que les débuts de Dieu commencent souvent à partir de nos fins. Nous sommes appelés à regarder l’arbre de la croix pour que l’espérance germe en nous. Lorsque nous regardons le Crucifié, nous voyons Jésus dépouillé et blessé. L’humiliation de Dieu dépouillé est la voie de la rédemption. Jésus dépouillé de tout nous rappelle que l’espérance renaît lorsque nous vivons dans la vérité, lorsque nous abandonnons nos duplicités et nos faussetés. Jésus est blessé dans son corps et dans son âme. Dieu ne nous cache pas les plaies qui l’ont transpercé. À Pâques, un nouveau passage peut s’ouvrir : faire de ses blessures des brèches de lumière. Nos blessures peuvent devenir des sources d’espérance lorsque nous sommes ouverts aux autres en prenant soin d’eux.