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International - Page 135

  • Bahrein : la cathédrale Notre-Dame d'Arabie consacrée le 10 décembre

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    ASIE/BAHREIN - La cathédrale Notre-Dame d'Arabie sera consacrée le 10 décembre, le "rêve missionnaire" de l'Archevêque Ballin

    29 novembre 2021

    Manama (Agence Fides) - Elle sera dédiée à Notre-Dame d'Arabie et deviendra l'une des principales églises catholiques de la péninsule arabique, siège du Vicariat apostolique d'Arabie du Nord. La cathédrale du Royaume de Bahreïn, située dans la municipalité d'Awali, se prépare enfin à être consacrée et inaugurée dans les prochaines semaines, immédiatement après la fête liturgique de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie. Le Cardinal Luis Antonio Tagle, Préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples, consacrera le lieu de culte le vendredi 10 décembre. La cérémonie de consécration ne sera suivie que par une représentation numériquement réduite de la communauté catholique locale, conformément aux règles établies par les autorités locales pour lutter contre la pandémie. La veille, l'inauguration civile du lieu de culte se fera en présence de Sa Majesté Hamad bin Isa al Kalifa, roi de Bahreïn.

    La nouvelle cathédrale de Bahreïn pourra accueillir 2 300 personnes. Son inauguration et sa consécration constituent l'aboutissement d'un long parcours, dont les différentes étapes sont emblématiques de la dynamique et des conditions dans lesquelles s'épanouit la vie ecclésiale de tant de communautés chrétiennes dans la péninsule arabique.

    En février 2013, c'est Mgr Camillo Ballin, Archevêque combonien et Vicaire Apostolique de l'Arabie du Nord, qui a annoncé à Fides que le roi de Bahreïn avait fait don au vicariat apostolique d'un terrain de 9 000 mètres carrés " où nous construirons la nouvelle église " (voir Fides 13/2/2013). Avec la délicate sensibilité spirituelle qui le caractérise, l'Archevêque a immédiatement remarqué que le document de la donation royale portait la date du 11 février, jour où l'Église catholique célèbre la fête de la Bienheureuse Vierge Marie de Lourdes. "Nos prières ont été entendues. Notre Dame d'Arabie est en effet capable de faire des miracles", écrivait alors Mgr Ballin. Le 19 mai 2014, lors de sa visite au pape François au Vatican, le roi Hamad bin Isa a lui-même offert au souverain pontife une maquette en plastique de la cathédrale en construction (voir photo).

    Environ 80 000 catholiques vivent à Bahreïn, pour la plupart des travailleurs venus d'Asie, notamment des Philippins (compatriotes du Cardinal Tagle, qui a été envoyé pour présider la cérémonie de consécration de la cathédrale) et des Indiens. Le territoire du Royaume de Bahreïn est constitué d'un archipel de 33 îles situé près de la côte occidentale du golfe Persique. La nation, dirigée par la famille royale al Khalifa, était auparavant un émirat, qui est devenu une monarchie constitutionnelle en 2002. La municipalité d'Awali, où se trouve la nouvelle église, est située sur une petite île au centre du Royaume et a été fondée dans les années 1930 par la Bahrain Petroleum Company. Il est principalement habité par des travailleurs immigrés de diverses nationalités, employés pour la plupart dans des usines de raffinage du pétrole. La consécration de la cathédrale Notre-Dame d'Arabie acquiert également de l'importance à la lumière du récent message par lequel le roi Ahmed bin Isa a officiellement invité le pape François à visiter le Bahreïn. L'invitation officielle du monarque - comme l'a également rapporté l'Agence Fides (voir Fides 26/11/2021) - a été remise au Souverain Pontife par le Cheikh Khalid bin Ahmed bin Mohammed Al Khalifa, Conseiller de Sa Majesté pour les affaires diplomatiques, reçu jeudi 25 novembre au Vatican par l'Évêque de Rome et le Cardinal Secrétaire d'État Pietro Parolin. Au cours de sa visite au Vatican, l'envoyé du monarque bahreïni a également transmis au pape les salutations et les vœux de bonne santé envoyés par le roi Ahmad, ainsi que son appréciation " du rôle fondamental et prépondérant joué par le pape François dans l'établissement et la promotion du dialogue interreligieux et de la compréhension entre les différentes cultures et civilisations, ainsi que dans la diffusion des valeurs de fraternité humaine et de coexistence entre tous ".

    L'Archevêque Camillo Ballin, qui a quitté ce monde le 12 avril 2020, à l'âge de 75 ans, ne sera pas présent lors de l'inauguration de la cathédrale. Le don d'une nouvelle église à Bahreïn, dédiée à Notre-Dame d'Arabie, sera cependant une joie pour lui aussi, qui a passé sa vie de missionnaire puis d'évêque, avec persévérance, patience et passion apostolique, au service des communautés chrétiennes présentes dans les pays arabes à majorité musulmane. (GV) (Agence Fides 29/11/2021)

  • Wang Huning, l'éminence grise du régime communiste chinois

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    De Ludovic Lavaucelle sur La Sélection du Jour :

    L'homme qui murmure à l'oreille de Xi Jinping

    En août dernier, la star du cinéma chinois Zhao Wei a disparu. Sa page sur le réseau social Weibo, suivie par 86 millions de fans, a été fermée ainsi que les sites de son fan-club. Les films dont elle était la vedette sont devenus introuvables. Zhao Wei est une des victimes de la campagne gouvernementale nommée « transformation profonde » qui balaie la Chine depuis quelques mois. Elle suit deux lignes parallèles : la mise sous tutelle du secteur privé par l’État, et la réforme morale et culturelle de la société. Pourquoi une reprise en main si soudaine ? Derrière l’obsession de Xi Jinping de contrôler tous les rouages du pouvoir, nous assistons à l’exécution d’un plan réfléchi depuis des années par un homme de l’ombre, Wang Huning, explique l’analyste N.S. Lyons (voir son article en lien ci-dessous).

    L’éminence grise

    Wang Huning est une caricature de l’intellectuel arpentant les allées de bibliothèque. Le prédécesseur de Xi Jinping, Jiang Zemin, avait dû insister pour qu’il accepte de rejoindre le PCC et les hautes sphères du pouvoir, au début des années 90, alors qu’il n’était encore qu’un jeune et brillant professeur de philosophie. Le changement a été radical : Wang Huning a coupé les ponts avec tous ses amis. Il s’est aussi fixé une règle : ne jamais adresser la parole à un étranger. Cet homme de l’ombre fait aujourd’hui partie du Politburo composé de sept membres. Il est le grand théoricien, le cerveau qui inspire les grands projets de Xi Jinping, de la « nouvelle route de la soie » aux campagnes anti-corruption, et la stratégie diplomatique plus agressive. Il est comparé au « Machiavel chinois », Han Lei – le « dishi » (« précepteur de l’empereur ») qui se tient juste derrière le trône… Il a servi les deux prédécesseurs de Xi Jinping, ayant survécu aux guerres internes au PCC. Wang Huning est devenu le prisme à travers lequel Pékin peaufine sa relation au monde…

    Le fin-lettré

    Né en 1955 au sein d’une famille communiste, il a échappé aux affres de la Révolution Culturelle en étudiant dans une école d’élite de Shanghai. Il a choisi comme première langue le français, lisant en version originale, et en cachette, les livres que ses professeurs admiratifs lui prêtaient. Quand, en 1978, les universités chinoises ont rouvert leurs portes, il a passé si brillamment les concours qu’il a été admis à la prestigieuse université de Fudan à Shanghai. Sa thèse s’intéressait au concept de souveraineté nationale en Occident et passait en revue tous les grands philosophes politiques pour les confronter à la vision chinoise. Sa pensée politique s’est tôt articulée autour des piliers suivants : l’importance de la cohésion culturelle, le respect de la tradition, et les valeurs à promouvoir pour assurer la stabilité politique. Déjà en 1988, il publiait un essai dénonçant le matérialisme du développement chinois et insistait sur l’importance de continuer à écrire un roman national. Mais, comme la plupart des Chinois d’alors, il voyait d’un bon œil l’importation des idées libérales pour permettre à la Chine de se moderniser…

    Un voyage initiatique

    Cette même année 1988, Wang Huning a reçu une bourse pour visiter les États-Unis pendant six mois. À la manière d’Alexis de Tocqueville, il a exploré le pays en tous sens. Ce qu’il y a trouvé l’a profondément troublé : loin d’une démocratie triomphante, une société en crise perpétuelle, déchirée entre cultures rivales, et où les entreprises privées cherchent à gouverner à la place de l’État. Il voit l’Occident voué à la destruction car pourri par un individualisme nihiliste… Si les nouvelles élites rejettent ce qui a fait la grandeur de leur civilisation, la société se désintégrera, prévient-il. De retour dans son pays, il recherche fiévreusement comment contribuer au développement de la Chine sans imiter les erreurs occidentales. Les événements de 1989 vont précipiter les choses : le pouvoir aux abois fait appel à lui pour définir une nouvelle ligne idéologique.

    Un communiste réactionnaire ?

    Pour ses lecteurs, les prophéties de Wang Huning sur l’Amérique sont en train de se réaliser : les images du Capitole le 6 janvier 2021, les manifestations de Black Lives Matter et les pillages « antifas » … Mais Wang Huning voit aussi un cauchemar se réaliser en Chine : l’importation d’un libéralisme nihiliste a profondément pénétré la société devenue ultra-inégalitaire (1% des Chinois possèdent 31% des richesses). Les familles se disloquent, la natalité ne reprend pas… Les nouvelles générations ne sont plus attachées à leurs racines, et le trafic de drogue est en plein essor.

    Le tour de vis

    Wang Huning a donc convaincu Xi Jinping qu’il fallait changer de cap. D’où les campagnes récentes du PCC qui témoignent à la fois du triomphe et du cauchemar du professeur de philosophie multilingue. Il a finement analysé les dangers du libéralisme, mais on peut douter, conclut N.S. Lyons, que l’ingénierie sociale d’un régime totalitaire permette de les écarter.

    Ludovic Lavaucelle

    The triumph and terror of Wang Huning
    Palladium 11-10-2021
    The triumph and terror of Wang Huning

    Lire l'article sur : Palladium

  • Biden "le catholique" contre la liberté religieuse

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    De Luca Volontè sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Le catholique Biden contre la liberté religieuse

    25-11-2021

    Le ministère américain de la santé a révoqué les exemptions accordées aux agences chrétiennes de placement familial qui souhaitent conserver leur identité chrétienne. Pour la énième fois, Biden se plie aux souhaits des avorteurs et des lobbyistes LGBTI.

    La liberté religieuse et la liberté de conscience sont de plus en plus menacées par les décisions de l'administration Biden, ce qui représente un réel danger pour la démocratie. Le premier droit de l'homme, sans lequel il n'y a pas de respect de la dignité et de la liberté de la personne vivante, est celui de la liberté de religion et de conscience, comme nous l'a enseigné tout le Magistère de Jean-Paul II. Ce sont précisément ces droits fondamentaux qui sont aujourd'hui limités et érodés par les décisions du président "catholique" Biden, dont l'administration, par le biais du département de la santé (HHS), a révoqué ces derniers jours les exemptions accordées aux agences d'adoption chrétiennes ayant un accord avec le gouvernement fédéral et résidant dans les États du Texas, du Michigan et de la Caroline du Sud, au motif qu'elles ne confient pas d'enfants à des couples LGBTI.

    Ces dérogations ont exempté ces organisations des exigences de "non-discrimination" imposées aux bénéficiaires de subventions fédérales, qui prévoient qu'"aucune personne éligible ne sera exclue de la participation, privée d'avantages ou soumise à une discrimination dans l'administration des programmes et services du HHS".  Dans la déclaration publique, le ministère de la Santé affirme que les dérogations constituent une "utilisation généralisée d'exemptions religieuses contre toute personne ou des chèques en blanc pour permettre la discrimination contre toute personne, y compris les personnes LGBTQ+, dans les programmes financés par les contribuables".

    Le secrétaire du HHS, Xavier Becerra, promoteur bien connu des multinationales de l'avortement et des lobbies LGBTI, a justifié la décision de supprimer les "exemptions inappropriées et trop larges" par la nécessité de faire en sorte que le département soit "mieux préparé à protéger le droit de chaque Américain à ne pas subir de discrimination", car au HHS, "nous prenons au sérieux toute violation des droits civils ou des libertés religieuses."

    Les cordons de la bourse publique sur les organisations caritatives et sociales qui ne renient pas leur identité et leur mission évangéliques sous couvert de " garantir les droits civils et les libertés religieuses " vont-ils se resserrer ? Nous en sommes maintenant à la déformation institutionnalisée du sens des mots et du bon sens, afin de répondre à tous les souhaits de la communauté LGBTI. La décision d'étrangler les réalités sociales chrétiennes avait été anticipée par FOXNews TV la semaine dernière, le 17 novembre, lorsque le diffuseur avait montré des projets de documents préparant la révocation des décisions de la précédente administration Trump en faveur de la liberté religieuse et de la liberté de conscience. Les projets de décisions envisagés par le ministère de la santé visent spécifiquement la mise en œuvre de la loi sur la restauration de la liberté religieuse (RFRA), une disposition qui exige que les réglementations fédérales garantissent le libre exercice de la liberté de religion et empêchent les violations du libre exercice de la religion, avec seulement deux exceptions très limitées. Sous l'administration Trump, en plus des nombreuses décisions en faveur et pour la protection de la liberté de religion et de conscience (en voici une liste précise), les organisations sociales et caritatives d'inspiration religieuse qui fournissaient des "services de placement familial" pour les mineurs se sont vu accorder le plein droit légalement protégé "de pratiquer leur foi par de bonnes œuvres".

    Le ministère de la Santé de l'époque, évaluant un cas d'agences chrétiennes en Caroline du Sud en 2019, avait reconnu que l'agence fédérale ne devait pas, "et en vertu des lois adoptées par le Congrès, ne peut pas, pousser les fournisseurs de soins d'accueil motivés par la foi hors de leur activité de service aux enfants sans un intérêt gouvernemental impérieux." Tout a changé à Washington, et depuis l'arrivée du nouveau locataire "démocrate catholique", tout change pour le pire. Biden, qui a déjà montré à maintes reprises qu'il se plie aux moindres désirs des avorteurs et des lobbies LGBTI, a cette fois-ci également exaucé les vœux des défenseurs des "droits civils" qui, au nom de la "non-discrimination", veulent étrangler les œuvres sociales et caritatives chrétiennes.

    Incroyablement, ce mépris pour l'esprit public des chrétiens se heurte aux faits de ces jours-ci. Le premier est le règlement de 2 millions de dollars de dommages et intérêts que la ville de Philadelphie (dirigée par les démocrates) doit verser aux services sociaux catholiques du diocèse, à la suite de l'arrêt de la Cour suprême de juin dernier qui a reconnu comme illégitimes les coupes dans le financement public de l'organisme catholique d'accueil et d'adoption, injustement accusé de " discrimination " à l'égard des couples LGBTI (Fulton v. City of Philadelphia). Deuxièmement, la publication par le prestigieux Becket Fund du "Religious Freedom Index", une enquête menée sur un échantillon de 1000 Américains représentatifs de l'ensemble de la société, dont les résultats montrent comment le soutien à la liberté religieuse dans le pays s'est renforcé, passant de 66% à 68%.

    Alors que Biden montre qu'il veut violer la liberté religieuse et la liberté de conscience dans les moindres détails, il se permet de convoquer une grande conférence mondiale sur "la démocratie et l'État de droit", dont les invités sont des dirigeants et des pays notoirement anti-chrétiens, comme le Pakistan, et de ne pas inviter ceux, en premier lieu la Hongrie, qui a construit sa crédibilité précisément sur la liberté religieuse des chrétiens. La culture "woke" a pris le contrôle de la Maison Blanche.

  • Avent 2021 : Quelles raisons d’espérer ?

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    AVENT 2021 : QUELLES RAISONS D’ESPÉRER ?

    Rencontre avec l‘abbé Claude GERMEAU

    Directeur du Foyer des Jeunes de Herstal

    le dimanche 5 décembre 2021 à 16h00 en l’église du Saint-Sacrement

    à Liège (Bd d’Avroy  132)

    IMG_001_crédit Atelier Nord.jpegNous pensions être sécurisés par nos découvertes scientifiques, technologiques et consuméristes mais depuis bientôt deux ans la pandémie persistante de la Covid 19, les violences climatiques et autres calamités nous perturbent.

    Alors, en ce temps de l’Avent 2021, quelles raisons d’espérer ?

    L’abbé Claude GERMEAU, directeur du Foyer des Jeunes de Herstal, vous en parlera le dimanche 5 décembre 2021 à 16 heures en l’église du Saint-Sacrement, Boulevard d’Avroy, 132 à Liège (face à la statue équestre de Charlemagne). Respect des mesures sanitaires requises.

    Renseignements : sursumcorda@skynet.be

     

    Messe avent 2021.jpg 

  • RDC : des détournements à la mesure du « système Kabila »

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    Une importante fuite de données bancaires révèle que des millions de dollars ont été transférés à des proches de l’ancien président Joseph Kabila. Mais de nouvelles révélations doivent être faites risquant d’éclabousser l’ensemble de la classe politique congolaise largement corrompue. Lu sur le site web « Afrikarabia » :

    « Les soupçons de détournements de fonds dans l’entourage de l’ancien président Joseph Kabila ne sont pas une découverte après les révélations des Panama Papers, de Bloomberg, Global Witness ou du Centre Carter. Mais la colossale enquête « Congo hold-up », menée par un collectif de 19 médias et 5 ONG, révèle de nouveaux cas de fraudes, et surtout décrypte le mode opératoire de ces détournements. Dans les premières enquêtes, réalisées à partir de la fuite de plus de 3,5 millions de données bancaires, le montant des sommes détournées par Joseph Kabila et son entourage s’élèverait à 138 millions de dollars entre 2013 et 2018. Des fonds publics qui seraient tombés directement dans les poches de l’ancien président et de ses proches.

    Une banque, une société écran et des institutions sous contrôle

    Pour opérer ce hold-up sur l’argent destiné à l’Etat congolais, le système révélé par le collectif d’enquêteurs repose sur trois piliers : une banque contrôlée par la famille de Joseph Kabila (le BGFI Bank RDC) une société écran (Sud Oil) gérée également par la galaxie Kabila, et des institutions étatiques (Banque centrale, ministères… ) peu regardantes, voir complices, des malversations. Pour détourner 138 millions de dollars, et braquer les propres caisses de son Etat, Joseph Kabila a d’abord placé des personnes de confiance à la tête d’une banque privée, la BGFI Bank RDC. Cette filiale congolaise d’un groupe bancaire dont la maison mère se trouve au Gabon, était en effet dirigée par Francis Selemani Mtwale, le frère adoptif de l’ancien président. Et à l’ouverture de la filiale en 2010, la sœur de Joseph Kabila, Gloria Mteyu, s’est vue proposer gracieusement 40 % du capital.

    Détournements mode d’emploi

    Arrêtons-nous sur une partie de l’enquête menée notamment par Mediapart et RFI en France. Elle montre comment le clan Kabila aurait détourné 92 millions de dollars à des institutions publiques, stocké cet argent sur les comptes d’une société écran et enfin, retiré du cash auprès d’une banque « amie », la BGFI, contrôlée par une soeur et un frère adoptif de l’ex-président. Pour trouver où détourner l’argent, le camp Kabila a de l’imagination. Il se tourne d’abord vers l’ONU, qui verse 7,3 millions de dollars pour financer une mission de casques bleus congolais en Centrafrique. L’argent est alors versée à l’ambassade de RDC aux Nations unies, qui reverse 6,8 millions à l’Etat, via la Banque centrale du Congo (BCC) sur son compte… à la BGFI. « Si les 7 millions ont bien été versés à l’ambassade, le Congo n’en a jamais vu la couleur » explique Mediapart. Le virement atterrit directement sur les comptes de Sud Oil, une société fantôme proche de Kabila.

    CENI, Fonersiphonnés

    Autre tour de passe-passe. Pour organiser les élections de 2016, qui auront finalement lieu en 2018, la Commission électorale (CENI), emprunte 25 millions de dollars à la BGFI. Les frais font gagner à la banque « amie » 1 million de dollars. Le même jour, la BGFI emprunte de nouveau la même somme, cette fois-ci manuellement, et empoche encore 1 million de dollars, qui part… sur les comptes de Sud Oil. Mais ce n’est pas fini. L’argent du Foner, l’agence publique qui construit les routes au Congo, intéresse également l’ancien président. « Elle possède plusieurs comptes à la BGFI » affirme Mediapart, qui révèle que le Foner « émet 5 transactions importantes entre décembre 2014 et janvier 2015 vers un compte interne de la BGFI » : 852.000 dollars, puis deux fois 594.000 dollars, 586.000 et enfin, près de 600.000 dollars. Les 3,2 millions de dollars auraient dû transiter d’un compte du Foner à l’autre. Mais en fait, La BGFI vire la somme sur deux autres comptes : Sud Oil et sa filiale, Kwanza Capital.

    Banque centrale et Gécamines ponctionnées

    « La Banque centrale du Congo (BCC) a elle aussi financé la famille Kabila » dénonce Mediapart. 30 millions de dollars « disparaissent étrangement » d’un compte de la BGFI pour réapparaître sur un autre compte de Sud Oil… du même montant. La Gécamines, le géant minier congolais, est elle aussi mise à contribution. En 2016, elle décide de payer ses impôts en avance. Depuis son compte à la BGFI, elle vire 2 millions de dollars à la BCC. Sauf que le virement tombe directement chez Sud Oil, « avec un libellé différent, pour brouiller les pistes ». En 2018, les comptes de la BGFI sont audités. Panique chez les Kabila, qui décident de « nettoyer » les opérations frauduleuses. La BGFI renvoie les 2 millions touchés par Sud Oil à la Gécamines et envoie les impôts à la banque centrale. Le vent du boulet n’est pas passé loin. Mais l’enquête « Congo hold-up » révèle la fraude. La Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), les journalistes et les ONG partenaires de l’enquête ont également détecté une somme de 33 millions de dollars qui a été déposée en espèces à la BGFI, ainsi que 72 millions de dollars « d’origine inconnue », qui ont transité par un compte de la BGFI à la Banque centrale du Congo.

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  • Le nombre de crimes de haine contre les chrétiens a augmenté massivement

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    De kath.net/news :

    Le nombre de crimes haineux documentés contre les chrétiens a augmenté massivement

    20 novembre 2021

    Un nouveau rapport de l'OSCE enregistre plus de 7 000 incidents dirigés contre les minorités et les religions pour 2020 - le nombre de "crimes haineux" contre les chrétiens a augmenté de 70 % - ainsi que beaucoup plus de rapports de crimes haineux antisémites

    Varsovie / Vienne (kath.net/KAP) Le bureau des droits de l'homme BIDDH de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a documenté plus de 7 000 crimes haineux contre les minorités et les croyants de différentes religions au cours de l'année écoulée. Selon le nouveau rapport « Hate Crime Data » publié à Varsovie mardi, le nombre de crimes haineux antisémites et antichrétiens a considérablement augmenté. 42 des 57 États membres de l'OSCE ont récemment communiqué des données pour le rapport annuel. Des groupes de la société civile ont rapporté des informations en provenance de quatre autres pays.

    Pour la période d'observation 2020, le rapport a enregistré 7 181 incidents dirigés contre des personnes et des installations dans 46 pays. 980 crimes haineux ont été dirigés contre des chrétiens ou des lieux de culte, des symboles et des institutions chrétiens. Par rapport à l'année précédente (578), cela signifie une augmentation de près de 70 %. Le nombre de crimes haineux à motivation antisémite qui ont été signalés a également augmenté d'environ 600 pour atteindre 2 316. Le rapport classe 2 385 incidents documentés sous « Racisme et xénophobie ». 1 207 rapports traitaient de l'orientation sexuelle des personnes. Le rapport a enregistré 333 crimes haineux contre les musulmans, tandis que 84 incidents documentés étaient dirigés contre la population rom et sinti.

    Les données du rapport de l'OSCE ont été recueillies auprès de 136 groupes de la société civile, de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés UNHCR et de diverses missions de l'OSCE. L' « Observatoire de l'intolérance et de la discrimination à l'égard des chrétiens en Europe » (OIDAC), basé à Vienne, qui fournit chaque année les données qu'il recueille pour le rapport, est également fortement impliqué. Environ 4 000 cas du rapport sont descriptifs, le reste provient des statistiques policières de certains des États de l'OSCE.

    L'augmentation massive du nombre de crimes de haine contre les chrétiens devrait ouvrir les yeux des élites politiques et culturelles, a averti la directrice de l'OIDAC Madeleine Enzlberger. « Dans les médias et sur le plan politique, la haine des chrétiens est à peine perçue comme un problème social de plus en plus évident. Le rapport de l'OSCE ne reflète qu'une partie de cette tendance que nous documentons depuis des années, et pourtant c'est un cri d'alarme contre l'indifférence et la mode. Christian bashing", a expliqué le chef de "l'Observatoire de l'intolérance et des discriminations à l'égard des chrétiens" de Vienne dans une émission mardi.

    Enzlberger soupçonne également que le nombre réel de crimes haineux anti-chrétiens est beaucoup plus élevé. Par exemple, pour le nouveau rapport de l'OSCE, 24 États ont communiqué des données sur les crimes de haine commis sur la base du racisme ou de la xénophobie. Vingt États ont signalé des incidents avec un motif anti-LGBTI, 16 d'antisémitisme et 14 incidents contre des musulmans. Cependant, seuls onze pays avaient soumis des données sur les crimes de haine contre les chrétiens, ce qui a considérablement faussé les statistiques, selon le directeur de l'OIDAC. De plus, sur les 136 organisations de la société civile qui ont fourni des données descriptives, seules huit ont systématiquement signalé des incidents contre des chrétiens.

    Le chef du Bureau des droits de l'homme de l'OSCE a également souligné le nombre élevé de cas non signalés dans toutes les formes de « crimes de haine » lors de la publication du rapport annuel. Les crimes haineux violent les droits humains ; Le directeur du BIDDH, Matteo Mecacci, les a exhortés à être mieux documentés et les personnes concernées à recevoir un plus grand soutien. Plusieurs États ont pris des mesures concrètes pour lutter contre les crimes haineux. "Mais la plupart de ces crimes restent non signalés, non enregistrés et poursuivis, de sorte que les victimes ne reçoivent ni soutien ni réparation", a déclaré Mecacci.

  • Le rapport 2021 de l'AED sur la Liberté religieuse dans le monde

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  • Le Saint-Siège sacrifiera-t-il Taiwan demain comme il a déjà sacrifié Hong Kong ?

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    Après Hong Kong, le Pape abandonnera-t-il Taïwan ?

    Par ses silences, le Pape François a sacrifié Hong Kong sur l’autel liberticide de la Chine. Mais à Taïwan aussi, on craint d’être abandonné par lui face aux menaces de Pékin de faire main basse sur l’île.

    Le Saint-Siège est désormais le dernier État, en Europe et en Amérique du Nord, à entretenir des rapports diplomatiques avec Taïwan, à l’instar du Paraguay, du Guatemala, du Nicaragua, du Honduras, du Bélize, d’Haïti et de huit micro-États des Caraïbes et du Pacifique. Mais le 21 octobre dernier, une source anonyme de la Secrétairerie d’État du Vatican a déclaré au « Corriere della Sera » que « la Chine voudrait que nous rompions les relations diplomatiques avec Taïwan, en nous promettant en retour d’inaugurer celles avec nous ».  Et ceci précisément au moment où la Chine est en train d’intensifier les opérations navales et aériennes autour de l’île, avec une arrogance telle qu’elle a poussé le président américain Joe Biden à assurer, pour la seconde fois en quelques mois, que les États-Unis seront prêts à défendre Taïwan en cas d’attaque.

    Il est vrai que tout de suite après, cette même source vaticane a déclaré que « nous avons toujours répondu que dans un premier temps, Pékin doit nous permettre d’ouvrir une nonciature apostolique dans la capitale » et que donc « ce n’est qu’à ce moment que nous pourrions revoir nos rapports avec le gouvernement de Taipei ».

    Mais en juillet 2020 déjà, une source vaticane anonyme avait déclaré, cette fois au « South China Morning Post », que « Taïwan ne devrait pas s’offenser si l’ambassade [vaticane] à Taipei était déménagée à son adresse d’origine à Pékin ».

    Le 25 octobre dernier, le ministère des affaires étrangères de Taïwan a publié un communiqué pour réaffirmer que les déclarations rapportées par le « Corriere della Sera » ne remettaient pas en cause « la forte amitié et la solidité des relations entre Taïwan et le Vatican », en citant comme preuve les aides réciproques à l’occasion de la pandémie de coronavirus, les bons vœux du Pape pour la fête nationale du 10 octobre et surtout la nature « pastorale » et non pas politique des accords entre le Vatican et Pékin, dans l’espoir que « les fidèles en Chine puissent véritablement jouir des valeurs universelles de liberté religieuse et de protection des droits humains fondamentaux ».

    À l’été 2020 également, le Vatican avait eu des propos rassurants envers Taïwan. Mais ce même mois de juillet, pourtant, le Saint-Siège s’était abstenu d’adhérer à l’appel pour que Taïwan puisse participer à l’assemblée de l’Organisation Mondiale de la Santé sur le coronavirus, une participation empêchée par le vote chinois.

    L’année suivante, le 31 juillet 2021, le Pape François a paru remédié à cet appel manqué en nommant comme membre de l’Académie pontificale des sciences le taïwanais Chen Chien-jen, qui est un catholique fervent et un épidémiologiste de renommée internationale, ancien ministre de la Santé et ensuite vice-président de l’île entre 2016 et 2020.

    Mais là encore, il faut noter que deux ans auparavant, le 13 octobre 2019, quand Chen, qui était alors vice-président en exercice, était à Rome pour assister à des canonisations, François avait eu l’occasion de le saluer avec son épouse après la cérémonie. Mais la photo de cette rencontre – celle que nous reproduisons en tête de cet article -, fut rapidement supprimée de tous les médias du Vatican, pour ne pas irriter les autorités chinoises.

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  • Une COP26 aveuglée tant au plan scientifique qu’économico-politique

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    De Stanislas de Larminat sur la Sélection du Jour :

    COP26 - L’aveuglement de 25 000 participants

    Rien de neuf ne pouvait sortir d’une COP26 réunie du 1er au 12 novembre 2021 à Glasgow et aveuglée, tant au plan scientifique qu’économico-politique.

    Au plan scientifique, d’abord, les participants ont eu le comportement des « géo-centristes », opposés à Galilée, croyant que le Soleil tournait autour de la Terre. Aujourd’hui, les « carbo-centristes » croient que la cause humaine du réchauffement climatique est un fait. Comment 196 pays ont-ils pu en arriver à signer ce « pacte de Glasgow » qui exprime en degrés des objectifs d’action ? Or, ni la COP 26 ni le dernier rapport du Giec AR6, n’ont répondu à des questions essentielles : pourquoi le Giec ne se fonde-t-il que sur 150 ans d’observations ? Seuls 1000 ans d'observations, reconstituées par la paléoclimatologie, peuvent expliquer les causes de la période chaude médiévale et du petit âge glaciaire. On est confondu quand le Giec reconnait que "dans la recherche et la modélisation du climat, ... nous avons affaire à un système chaotique, et la prévision à long terme des futurs états climatiques n'est pas possible" et prétend que leurs modèles « n’exigent que chaque aspect de la réponse au facteur causal en question soit correctement simulé » et « ne distinguent pas explicitement les probabilités "Objectives" et "Subjectives" » ! Pourtant des milliers de publications attribuent la période chaude contemporaine à des variations d’activité solaire. Mais qu’importe, les congressistes de Glasgow ne se posent plus de questions. Galilée doit se retourner dans sa tombe à l’idée que la science se négocie dans une procédure de consensus !

    Au plan économique et politique, l'Inde et la Chine ont obtenu que le terme "disparition progressive" soit remplacé par "diminution progressive" de l’énergie au charbon. Quel euphémisme ! Il n’empêche que trente-neuf pays développés ont signé un accord mettant fin, d'ici à la fin 2022, aux financements à l'étranger de projets d'exploitation d'énergies fossiles sans techniques de capture du carbone. D’abord, la capture du carbone a un effet totalement marginal malgré son coût abyssal. S’agissant de projets à l’étranger, cette technique inefficace et coûteuse serait donc réservée aux pays importateurs de centrales, généralement peu industrialisés ! Par ailleurs, les pays industriels continueraient à financer ces centrales sur leur marché sans système de capture. Les riches se réserveront ainsi une électricité produite avec une énergie abondante et bon marché tout en en privant les pays les plus pauvres. La main sur le cœur, ils se sont engagés à « lancer un dialogue » pour compenser au Sud une économie sans carbone mais, en réalité, inviable. Qui entend le cri de la zambienne, Dambisa Moyo, qui dénonce cette "aide fatale" qui alimente un cycle sans fin de corruption en Afrique ?

    Cette volonté de dé-carboner les économies rendra les pays pauvres encore plus pauvres. Aujourd’hui, l’UE dépend à 80% des énergies fossiles. Après avoir dépensé 1000 milliards d’€ en 20 ans, en éolien et solaire, nous en sommes à 2,5%. Samuele Furfari, fonctionnaire européen pendant 36 ans à la DG Énergie de la Commission européenne, connait les chiffres : en Afrique, la consommation est de 700 kg d’équivalent pétrole d’énergie/personne/an contre 3 300 Kg en Europe ! 900 millions d’africains cuisinent avec des bouses animales séchées ou du bois vert, ou, si on est riche, avec du charbon de bois. Cela représente 60% de la consommation africaine d’énergie pour la cuisine, 99% en Ouganda, et Madagascar. En Europe, la consommation électrique est de 6100 kwh/habitant contre 530 en Afrique. 570 millions d’africains n’ont pas accès à l’électricité. Au Kenya, 65% des entreprises sont victimes de déclenchements de deux heures entre 4 et 14 fois par semaine.

    Croit-on un instant que l’Afrique pourra se développer sur ces bases ? Ni l’éolien ni le solaire ne permettront de rattraper un tel retard. Et quand certains pays d’Afrique envisagent d’investir dans des barrages hydroélectriques, ou des centrales à charbon, le Nord refuse de les financer au motif que ce ne serait pas du « développement durable » !

    Quel paradoxe, de voir nos gouvernants faire acte de repentance pour le colonialisme passé et se complaire dans un néocolonialisme économiquement inique et un paternalisme écologiquement moralisateur ! Paradoxe de nos ONG qui enferment l’Afrique dans un sous-développement durable alors que la Chine est érigée en modèle social même si elle construit actuellement plus de 368 centrales à charbon pour moderniser un réseau auquel 100% des chinois sont connectés. Les émissions de CO2 de ces centrales sont sans risque pour la planète, puisque les variations climatiques sont le fait de variations de rayonnements cosmiques corrélées à des cycles solaires.

    En Afrique, l’urgence n’est pas climatique mais énergétique avec un charbon abondant et bon marché. À force de confondre le cri des ONG avec une prétendue clameur de la Terre, on n’entend plus celle des pauvres !

    Stanislas de Larminat

    Le paradoxe africain

    Les 2 ailes 29-10-2021

    Le paradoxe africain

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  • Saint-Siège : de la diplomatie de la Vérité du pape Benoît à la Realpolitik du pape François

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    Lu sur le site « diakonos.be » :

    Islam.png« Si pour Benoît XVI, c’est la « diplomatie de la vérité » qui comptait, pour François c’est la « Realpolitik » qui prévaut. Le changement de cap politique et diplomatique est on ne peut plus net entre les deux derniers pontificats, en particulier dans les rapports avec la Chine et l’Islam. C’est ce que souligne Matteo Matzuzzi, rédacteur en chef du quotidien italien « Il Foglio » et vaticaniste chevronné qui vient de publier un ouvrage sur la géopolitique du Vatican, intitulé « Il santo realismo », édité par LUISS University Press.

    En ce qui concerne la Chine, le changement de cap est sous nos yeux à tous. Celui avec l’Islam l’est moins. Mais c’est précisément sur ce terrain que les deux pontificats suivent des voies divergentes, pour ne pas dire opposées, et que le livre de Matzuzzi reconstruit avec clarté.

    *

    En ce qui concerne Benoît XVI, on garde en mémoire l’incident de Ratisbonne, lorsque sa critique argumentée du rapport incertain dans l’islam entre la foi et la raison a déchaîné une réaction furieuse et violente dans le monde musulman. Mais bien peu se souviennent que non seulement le Pape Benoît n’a pas reculé d’un pouce sur ce qu’il avait dit à l’époque mais que son discours du 12 septembre 2006 avait permis l’émergence d’un dialogue d’une intensité sans précédent d’abord avec trente-huit et ensuite avec cent-trente-huit personnalités musulmanes faisant autorité, issues de nations et d’orientations diverses, aussi bien sunnites que chiites.

    Ce dialogue s’est concrétisé dans de longues lettres au pape signées par ces sages et par la première visite au Vatican du roi d’Arabie Saoudite et gardien des lieux saints de l’islam, ainsi que des émissaires de la plus haute autorité chiite hors d’Iran, le grand ayatollah Sayyid Ali Husaini Al-Sistani. Tandis qu’à son tour, Benoît XVI, après un voyage en Turquie réussi contre toute attente en novembre de cette même année 2006 – avec une prière silencieuse dans la Mosquée bleue d’Istanbul -, en est venu, en dressant un bilan lors de son discours de fin d’année à la Curie romaine, à encourager ouvertement le monde musulman à entreprendre lui aussi cette « longue recherche laborieuse » dans laquelle – disait-il – les chrétiens sont déjà engagés depuis longtemps, c’est-à-dire « accueillir les véritables conquêtes des Lumières, les droits de l’homme et spécialement la liberté de foi et de son exercice, en reconnaissant en eux les éléments essentiels notamment pour l’authenticité de la religion ».

    En s’adressant au corps diplomatique, en janvier 2006, le pape Benoît n’avait pas hésiter à reconnaître dans le temps présent le réel « risque de conflits de civilisations » auquel il fallait opposer, disait-il, « l’engagement pour la vérité », notamment « de la part des diplomaties », une vérité que « ne peut être atteinte que dans la liberté » et « dans laquelle l’homme lui-même en tant que tel est en jeu, le bien et le mal, les grands défis de la vie et le rapport avec Dieu ».

    En s’en tenant à cette « diplomatie de la vérité » sans jamais en dévier, Benoît XVI en a payé le prix. Le prix fort en 2011, quand une voiture piégée a explosé devant une église remplie de fidèles rassemblés pour la messe à Alexandrie, en Égypte. Il y avait eu des dizaines de morts. Et le 2 janvier, à la fin de l’Angélus, le pape ne s’est pas tu. Pas plus que le grand imam d’Al-Azhar, Ahmed Al-Tayyeb, qui avait réagi à « l’ingérence » papale en suspendant tous les rapports avec le Saint-Siège, lui s’était à plusieurs reprises par le passé déclaré favorable aux attentats suicides en territoire israélien.

    Les rapports avec Al-Azhar n’avaient repris qu’en 2016, avec une embrassade à Rome entre Al-Tayyeb et le pape François. Mais justement, beaucoup de choses avaient déjà changé avec ce nouveau pape.

    *

    Entretemps, le dialogue profond sur la foi et la raison avec les cent-trente-huit sages musulmans avait tout de suite été interrompu. Parce que les initiatives du pape François envers l’islam obéissaient à des critères totalement différents et bien plus pragmatiques.

    Son premier geste, à grand renfort de jeûne pénitentiel, fut l’offensive publique contre l’attaque occidentale imminente contre la Syrie de Bachar Al-Assad. Les hiérarchies orthodoxes et catholiques de ce pays étaient résolument dans le camp du régime alaouite, qui faisait office de bouclier contre l’hostilité d’autres tendances islamiques. Mais l’initiative de François était à bien plus large spectre. Parmi ceux qui étaient opposés à une intervention militaire en Syrie, il y avait Vladimir Poutine. Et c’est ce qui avait incité le pape à écrire au leader russe une lettre-appel, en guise de drapeau blanc. Cette initiative avait atteint son but et à partir de ce moment, les rapports entre François et Poutine ont été au beau fixe, jusqu’à donner lieu, le 12 février 2016, à la rencontre historique à l’aéroport de La Havane entre le pape et le patriarche de Moscou, Cyrille, avec la signature conjointe d’un document – souligne Matzuzzi – « qui n’avait pas grand-chose à voir avec le Vatican et semblait avoir été écrit au Kremlin ».

    Cette volte-face pro-russe, plus encore que pro-syrienne, a conduit à sacrifier l’Église catholique d’Ukraine, rattachée, y compris militairement, à Moscou sur son territoire. Mais au jugement de François, la balance des intérêts penchait naturellement en faveur d’une entente avec Moscou.

    Quant à l’islam, François a rapidement montré qu’il entendait poursuivre une « fraternité » interreligieuse générique, même au prix de se taire sur les actes d’agression perpétrés au nom d’Allah, qu’il est même allé jusqu’à parfois justifier.

    Le 7 janvier 2015, à paris, des islamistes radicaux massacrent des dizaines de journalistes et de dessinateurs de la revue satyrique « Charlie Hebdo », accusés de tourner leur foi en dérision. Et huit jours plus tard, au cours de la conférence de presse dans l’avion pendant le vol entre le Sri Lanka et Manille, le pape a fait ce commentaire textuel, en mimant avec le poing serré vers son majordome Alberto Gasbarri :

    « C’est vrai que l’on peut réagir violemment, mais si M. Gasbarri, un grand ami à moi, dit une grossièreté contre ma mère, il recevra un coup de poing! C’est normal! C’est normal! […] Beaucoup de personnes parlent mal des religions, se moquent d’elles, disons qu’elles transforment en jouet la religion des autres, ces personnes provoquent et il peut arriver ce qui arrive si M. Gasbarri dit quelque chose contre ma mère ».

    Le 26 juillet 2016, en France, nouvel assassinat au nom d’Allah, et un prêtre âgé, Jacques Hamel, est décapité sur l’autel. Cinq jours plus tard, dans l’avion de retour de Cracovie, interrogé sur cette question, voici comment a répondu François :

    « Je n’aime pas parler de violence islamique, car tous les jours, quand je feuillette les journaux je vois des violences, ici en Italie : celui qui tue sa fiancée, un autre qui tue sa belle-mère… Et il s’agit de catholiques baptisés violents ! Ce sont des catholiques violents… […] Je crois qu’il n’est pas juste d’identifier l’islam avec la violence. Cela n’est pas juste et cela n’est pas vrai ! J’ai eu un long dialogue avec le grand imam de l’université d’Al-Azhar et je sais ce qu’ils pensent : ils cherchent la paix, la rencontre. […] Le terrorisme grandit quand il n’y a pas d’autre option, quand au centre de l’économie mondiale il règne le dieu argent et non la personne, l’homme et la femme. Cela est un terrorisme de base contre toute l’humanité ».

    Et effectivement, le « long dialogue » cité par le pape avec le grand imam d’Al-Azhar avait bien eu lieu deux mois auparavant, le 23 mai 2016, à Rome, en réparation de la fracture qui avait eu lieu en 2011 avec Benoît XVI. Et cette nouvelle entente a connu au cours des années qui suivirent des développements spectaculaires, de la signature conjointe d’un document sur la « fraternité humaine » à Abou Dhabi aux Émirats Arabes Unis le 4 février 2019, à l’encyclique « Fratelli tutti » du 3 octobre 2020, que le pape a ouvertement déclaré avoir écrit « motivé de manière particulière par le grand imam ».

    Toutefois, dans le même temps, il y a un régime musulman avec lequel François entre en froid : la Turquie de Recep Tayyip Erdogan.

    En effet, Erdogan était irrité depuis l’initiative du pape en défense du régime syrien d’Al-Assad, son rival régional. Et François en avait soigneusement tenu compte, en faisant profil bas lors de sa visite en Turquie de novembre 2014.

    Mais ensuite, après avoir choisi le grand imam d’Al-Azhar comme son compagnon de route, il abandonna Erdogan avec toutes les précautions diplomatiques. Le 12 avril 2015, à la messe en mémoire du martyre du peuple arménien, François a pour la première fois dans la bouche d’un pape désigné ce martyre comme un véritable « génocide » à proprement parler, perpétré par la Turquie cent ans auparavant, « le premier génocide du XXe siècle ».

    Que n’avait-il fait là ! Les réactions courroucées n’ont pas tardé à fuser depuis la Turquie et d’Erdogan en personne. L’ambassadeur auprès du Saint-Siège a été rappelé à Ankara et ne reviendra à Rome qu’un an plus tard. Mais François n’en démord pas. En 2016, il visite l’Arménie et dénonce à nouveau le « génocide », en ajoutant par-dessus le marché – lors de la traditionnelle conférence de presse sur le vol du retour » – n’avoir jamais eu d’autre mot pour désigner l’extermination des Arméniens, pendant toutes ses années passées en Argentine.

    Le 5 février 2018, à Rome, Erdogan est reçu en audience par le pape François, et finissent par trouver un terrain d’entente anti-israélienne temporaire en condamnant la décision de Donald Trump de déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem, en tant que véritable capitale de l’État hébreu. Mais les désaccords avec le pape François reprennent de plus belle le 12 juillet 2020, quand François se déclarera publiquement « très affecté » par la transformation de la basilique Sainte-Sophie en mosquée.

    Mais entretemps, la seconde opération de bon voisinage avec les musulmans prenait forme, ce qui pour François revient à tisser des rapports non pas avec des États mais avec des personnes individuelles particulièrement représentatives. Après l’entente avec le sunnite Al-Tayyeb, le pape mise sur une rencontre avec le grand ayatollah chiite Al-Sistani. Et il réussit à la concrétiser le 3 mars 2021, au cours d’un voyage en Iraq audacieux et bien conçu, le premier jamais effectué par un pape.

    Et en effet, Al-Sistani est une personnalité d’une envergure exceptionnelle, y compris au niveau géopolitique. Il est né en Iran, mais il est antithétique aussi bien au régime politique qu’à la volonté de puissance de sa nation d’origine, que surtout à la version de l’islamisme chiite incarnée par Khomeini et ses successeurs. En Iraq, où il vit depuis plusieurs dizaines d’années, Al-Sistani prêche une coexistence pacifique entre sunnites et chiites et conteste à la racine la « wilayat al-fahiq », le théorème khomeiniste qui assigne aux docteurs de la loi islamique le pouvoir politique en plus du pouvoir religieux.

    L’un des effets de la rencontre entre le pape François et Al-Sistani sera que bientôt le grand imam sunnite d’Al-Azhar se rendra lui aussi en Iraq, à Najaf, pour rencontrer pour la première fois le grand ayatollah chiite. Les préparatifs de ce voyage sont déjà bien avancés et auront un impact important sur les ententes et les rivalités qui sont en pleine évolution dans le monde musulman.

    En effet, l’opposition séculaire entre sunnites et chiites ou entre arabes et perses, dans laquelle le Vatican a traditionnellement tendance à privilégier l’entente avec Téhéran, fait aujourd’hui place à une configuration plus complexe avec d’un côté l’Iran, la Turquie, le Qatar, les libanais du Hezbollah et les palestiniens du Hamas et de l’autre l’Égypte, l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, le Maroc et en partie l’Iraq également, avec des sunnites et des chiites mélangés sur l’un et l’autre front.

    Par ses initiatives, François s’est dans les fait alignés au second front, qui est également celui qui est le plus ouvert à Israël et le plus hostile à l’idéologie des Frères Musulmans et des réseaux terroristes connexes. Il a même contribué lui-même à le construire en favorisant le rapprochement entre Al-Tayyeb et Al-Sistani. Miraculeusement, même ses battements d’aile finissent par influer sur l’équilibre mondial.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    Ref.François, Al-Tayyeb, Al-Sistani. Le miracle de la triple entente

  • Liège : ouverture d’un cycle de cours libres pour la formation religieuse des jeunes adultes en l’église du Saint-Sacrement au Bd d’Avroy.

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    eglise_du_Saint-Sacrement_de_Liege-681x1024.jpgLes cours sont gratuits. Ils se déroulent dans les locaux de l’église (Bd d’Avroy, 132), au rythme de l’année académique, un jeudi par mois, de 19h00 à 21h00, sous la forme d’une leçon suivie d’un lunch-débat convivial.

    Le premier cycle (année académique 2021-2022) est dédié à la doctrine sociale de l’Eglise. L’enseignement sur ce thème est assuré par Mme Anne-Marie Libert, licenciée en philosophie et en sciences religieuses, chargée de cours au Séminaire de Namur (SND) et professeur à l’Institut Diocésain de Formation (IDF-Namur).

    Le cycle s’est ouvert le jeudi 21 octobre dernier par un exposé introductif de Mme Libert sur la vision anthropologique qui fonde l’enseignement social de l’Eglise. On trouvera ci-après une synthèse paraphrasant l’exposé littéral.

    La prochaine rencontre aura lieu le jeudi 11 novembre 2021 de 19h00 à 21h00. Elle sera dédiée à la notion de Bien Commun.

    Renseignements et inscriptions : sursumcorda@skynet.be

    Première leçon du jeudi 21 octobre à 19h00

    FONDEMENTS ANTHROPOLOGIQUES

    Synthèse de l’exposé

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  • Xi Jinping, nouveau grand timonier à vie de la Chine communiste

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    De Dorian Malovic sur le site du journal La Croix :

    Xi Jinping renforce son pouvoir de « leader à vie »

    Au cours du 6e plénum du comité central du Parti communiste, qui se tient à Pékin du 8 au 11 novembre, le leader chinois Xi Jinping présentera une « résolution historique », la troisième seulement depuis la naissance du parti.

    Elle devrait le placer dans la droite ligne de Mao afin de mener la Chine vers « une nouvelle ère de prospérité commune » pour les décennies à venir.

    Xi Jinping est plus que jamais le « cœur » du Parti communiste chinois et de la nation. C’est sur ce postulat de base fondamental que le 6e plénum du comité central du Parti communiste chinois va se réu­nir à Pékin du 8 au 11 novembre. Ses 300 hauts cadres ratifieront une « résolution historique sur les succès du parti depuis 100 ans de lutte » que leur proposera le président. « Il s’agira d’une relecture historique sur la façon de penser le passé, le présent et l’avenir du parti dans le but de renforcer le pouvoir et la légitimité de Xi Jinping », analyse depuis Hong Kong le sinologue Jean-Pierre Cabestan, chargé de recherches au CNRS et chercheur associé à Asia Centre.

    Pour prendre la mesure et la force de cette « résolution historique » en 2021, il faut rappeler que seulement deux résolutions de ce genre ont été ratifiées depuis la naissance du Parti communiste chinois, en 1921. La première le fut en 1945 par Mao, quatre ans avant la fondation de la République populaire de Chine, pour condamner ses rivaux et leurs erreurs idéologiques, préparant le terrain politique pour son installation au sommet de la hiérarchie communiste. La seconde n’a été ratifiée qu’en 1981 par Deng Xiaoping. Celui-ci avait osé y critiquer les erreurs de Mao durant la révolution culturelle, jugeant son leadership global à « 70 % de positif et 30 % de négatif », ouvrant la voie aux réformes et à l’ouverture de la Chine.

    « Même si personne ne connaît encore la substance de ce texte qui s’annonce majeur, anticipe Mathieu Duchâtel, expert de la Chine et directeur du programme Asie à l’Institut Montaigne, cette résolution sera un indicateur très clair sur la façon dont Xi Jinping conçoit son pouvoir dans la nouvelle ère. Avec Mao, la Chine s’est levée ; avec Deng, la Chine s’est enrichie ; et avec Xi, la Chine est devenue une puissance. »

    On peut s’attendre à des louanges et à une glorification du parti. Le très puissant département de la propagande de ce dernier a déjà publié l’été dernier, dans la perspective de ce plénum, des documents détaillant les « contributions historiques » du parti ces cent dernières années, insistant également sur la gestion exemplaire de Xi Jinping.

    Pour Mathieu Duchâtel, il faudra voir si Xi Jinping osera critiquer, et avec quelle intensité, la période d’enrichissement de la Chine sous Deng Xiaoping, qui a engendré un pays profondément inégalitaire. Cela lui permettrait de justifier sa nouvelle politique de « prospérité commune » visant à redistribuer, bien souvent sous la contrainte, les richesses du pays. «Cette résolution pourrait introduire la » pensée Xi Jinping » dans une nouvelle phase historique du parti, explique encore Mathieu Duchâtel, et ce serait énorme ». D’autant que Xi a déjà préparé le terrain en prenant « le contrôle idéologique total de toutes les structures du parti comme de la société civile », ajoute Valérie Niquet, spécialiste de la Chine à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Ainsi, « en dépit de multiples tensions internes et d’une situation générale peu glorieuse pour la Chine » ajoute-t-elle, Xi Jinping renforce toujours plus son pouvoir dans la perspective du prochain congrès du Parti communiste, à l’automne 2022, qui l’intronisera, sauf surprise, « leader à vie ».

    Jean-Pierre Cabestan reconnaît qu’il existe de nombreux mécontents au sein du parti – « depuis 2012, il s’est fait beaucoup d’ennemis au sein des élites et de la classe moyenne », dit-il –, mais il a su diviser pour mieux régner, instiller la peur dans les rangs des cadres et se débarrasser de responsables gênants. Les spéculations sur un coup d’État interne vont bon train mais, pour ce fin observateur de la scène politique chinoise basé à Hong Kong, « Xi contrôle tout, le comité central, les services de sécurité et l’armée… Ce n’est pas facile de fomenter un coup d’État en Chine. »