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International - Page 139

  • Le gouvernement communiste chinois accélère le processus de sinisation de l’Église catholique

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Les autorités chinoises accélèrent la politique de sinisation de l’Église catholique en Chine

    07/10/2021

    Deux événements récents, organisés dans les provinces de Shandong et de Hebei par la Conférence des évêques de Chine (BCCC) et par l’Association patriotique catholique chinoise (CCPA), semblent indiquer une volonté d’accélérer la sinisation des religions voulue par le Parti communiste chinois et par le président Xi Jinping. Même si au sens académique, cette sinisation concerne l’indigénisation des pratiques religieuses au sein de la culture chinoise, en pratique, elle se base sur les valeurs du PCC qui impose ainsi sa suprématie.

    Le 24 septembre, des prêtres et catholiques chinois ont participé à un événement sur la sinisation du catholicisme, à Zibo dans la province de Shandong.

    Le gouvernement communiste chinois semble accélérer le processus de sinisation de l’Église catholique locale, en cherchant à faire appliquer les politiques du Parti communiste chinois, mises en œuvre par le président Xi Jinping. Deux événements, organisés récemment dans les provinces de Shandong et de Hebei par la Conférence des évêques de Chine (BCCC, la conférence épiscopale « officielle ») et par l’Association patriotique catholique chinoise (CCPA), semblent indiquer que les responsables religieux cherchent à mettre en œuvre la politique de sinisation du PCC. Selon le Mouvement de Lausanne, au sens académique, la sinisation des religieux concerne l’indigénisation de la foi, des pratiques et des rituels religieux au sein de la culture et de la société chinoises. Toutefois, concrètement, la sinisation repose sur une idéologie profondément politique, qui cherche à imposer aux sociétés et institutions des règles strictes, basées sur les valeurs fondamentales du socialisme et sur la reconnaissance officielle de la suprématie du PCC.

    Appels à adhérer à la politique de sinisation des religions

    Le 24 septembre, les catholiques de deux églises de la ville de Zibo, dans la province de Shandong, ont participé à un événement appelé « Hundred Sermons », destiné, selon le site de la BCCCC, à expliquer les instructions du président Xi sur les activités religieuses, sur la promotion de la sinisation dans l’Église et son adaptation à la société socialiste. Près de trente personnes ont participé au programme organisé dans l’église de Zhangdian, à Zibo, où Mgr Joseph Yang Yongqiang, approuvé par le Saint-Siège et vice-président de la BCCCC, a donné un discours. Le père Wang Yutong, directeur adjoint et secrétaire général de l’Association patriotique catholique de Zibo, a proposé une présentation intitulée « Expérience personnelle de la sinisation de l’Église », basée sur ses trente années d’expérience en paroisse. Le prêtre a conclu son intervention en appelant les catholiques chinois à assumer l’héritage de pionniers comme Mgr Zong Huaide et à adhérer à la sinisation des religions. De son côté, Mgr Yang a salué le père Wang pour sa présentation, en invitant les membres de l’Église locale et les prêtres à adhérer à ces principes.

    La Chine classée 17e sur 50 par l’Index mondial de persécution des chrétiens

    Par ailleurs, du 27 au 29 septembre, 18 membres clé de la CCPA, de diverses villes et provinces chinoises, ont visité le village de Xibaipo, un site éminent de l’histoire du PCC situé à Shijiazhuang. La visite appelait clairement à soutenir le parti communiste chinois et son idéologie, dans le cadre de la sinisation de l’Église chinoise. Le village de Xibaipo a été le dernier siège du Comité central du Parti avant son entrée à Pékin. C’est de là que Mao Zedong a conduit trois batailles majeures à Liaoshen, Huaihai et Pingjin contre les forces nationalistes. Le groupe a également visité des organisations catholiques au Hebei, dont le séminaire théologique catholique, la fondation caritative Xinde et la société Xinde. Ils ont également rencontré Mgr Francis An Shuxin, évêque de Baoding, ainsi que des prêtres et des paroissiens.

    La Chine est officiellement athée mais reconnaît la présence légale de cinq religions – le catholicisme, le protestantisme, le bouddhisme, l’islam et le taoïsme. Durant des années, les autorités ont contrôlé strictement les groupes religieux approuvés par l’État, et persécuté ceux adhérant à des groupes non enregistrés et non reconnus, y compris des catholiques de l’Église « souterraine » refusant de prêter allégeance au Parti. Selon le groupe chrétien américain Portes Ouvertes, la Chine est classée 17e sur 50 pays où les chrétiens rencontrent les formes les plus graves de persécutions.

    (Avec Ucanews)

  • Nigeria : 49 personnes massacrées parmi lesquelles de nombreux chrétiens

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    De Catholic News Agency :

    L'attaque contre les chrétiens au Nigeria est décrite comme un "massacre".

    30 sept. 2021

    Un prêtre catholique a décrit les attaques de dimanche dernier contre des villages dans l'État de Kaduna, dans le nord du Nigeria, comme un "massacre" contre les autochtones, dont beaucoup sont chrétiens.

    On estime que 49 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées au cours d'une attaque qui a duré deux heures et qui a été menée par des bergers Fulani musulmans qui "sont venus en grand nombre et ont commencé à tirer sur tout ce qu'ils voyaient", selon le prêtre, qui a parlé au Middle Belt Times sous couvert d'anonymat parce qu'il sert dans la région.

    "Nous avons compté 30 cadavres, principalement des femmes et des enfants, trois sont toujours portés disparus, tandis que cinq sont soignés à l'hôpital", a-t-il déclaré au site d'information nigérian.

    Le prêtre a déclaré qu'au moins 20 maisons ont été brûlées dans l'attaque, a rapporté ACI Africa, le partenaire d'information africain de CNA.

    Le Nigeria connaît une insécurité croissante depuis 2009, lorsque Boko Haram, l'un des plus grands groupes islamistes d'Afrique, a lancé une insurrection visant à transformer le pays le plus peuplé d'Afrique en un État islamique.

    Le groupe a orchestré des attaques terroristes aveugles contre de nombreuses cibles, notamment des groupes religieux et politiques, ainsi que des civils.

    La situation s'est encore compliquée du fait de l'implication des bergers fulanis, majoritairement musulmans, également connus sous le nom de milices fulanis, qui se heurtent fréquemment aux agriculteurs chrétiens pour des questions de pâturages.

    Le pape François a déclaré qu'il priait pour les victimes de ces attaques, dans un appel lancé à la fin de son audience générale du 28 septembre.

    "J'ai appris avec tristesse la nouvelle des attaques armées de dimanche dernier contre les villages de Madamai et d'Abun, dans le nord du Nigeria", a-t-il déclaré.

    "Je prie pour ceux qui sont morts, pour ceux qui ont été blessés, et pour toute la population nigériane. J'espère que la sécurité de chaque citoyen pourra être garantie dans le pays."

    D'autres villages de l'État de Kaduna ont également été attaqués dans la soirée du 26 septembre et dans la matinée du 27 septembre, faisant de nouveaux morts, blessés et enlèvements.

    Selon certaines informations, 27 membres de l'Église évangélique gagnante pour tous (ECWA) ont été enlevés et un membre a été tué lors d'une attaque menée le 26 septembre contre la communauté de Gabachuwa, dans le sud de l'État de Kaduna.

    "Les tribus ethniques minoritaires majoritairement chrétiennes qui habitent la partie sud de l'État ont subi des attaques incessantes depuis 2011, avec une augmentation significative après l'avènement de l'administration actuelle en 2015", a déclaré le groupe de défense des droits de l'homme Christian Solidarity Worldwide (CSW) dans un communiqué du 28 septembre.

    CSW a déclaré que l'État de Kaduna était actuellement "un épicentre des activités d'enlèvement et de banditisme."

  • Synode sur la synodalité : vers une Eglise démocratique ? Analyse du Club des Hommes en Noir

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    Sur le site web du bimensuel « L’Homme Nouveau » :

    Ref. Synode sur la synodalité : vers une Eglise démocratique ? Analyse du Club des Hommes en Noir

    JPSC

  • La "place dans le monde" d'une Eglise devenue insignifiante...

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    Alors que le pape François et le cardinal De Kesel évoquent la place de l’Eglise dans le monde et, ô merveille, se sont retrouvés en totale convergence de vue, il n'est sans doute pas inutile d'évaluer la situation réelle dans laquelle se trouve l’Église catholique aujourd’hui :

    "... une Église sans importance, avec une forte tendance à la disparition. Une étude récente menée en Allemagne a conclu que seuls 12 % de la population, y compris les catholiques, pensent que la religion a une quelconque importance dans la société. C’est-à-dire que 88% ne se soucient pas de savoir si l’Église existe ou non. Et si les scandales de ces dernières années se poursuivent, il ne sera pas étrange qu’ils préfèrent directement qu’elle n’existe pas. Certes, les pourcentages seront différents dans le sud de l’Europe, aux États-Unis et en Amérique latine – la réserve imaginaire de l’Église -, mais de combien ? 20% ? 25% ? La réponse est oui, au mieux.

    J’ai tiré ces données d’une vidéo du père Santiago Martín, que je recommande vivement de regarder. Et ce prêtre, qui n’est pas un traditionaliste, conclut : « La nouvelle Église a échoué ». En effet, si après le Concile Vatican II, l’Église, déjà en recul, a adopté la stratégie de s’adapter au monde pour rester au centre de l’attention et ne pas perdre les fidèles, cette stratégie s’est révélée être une erreur effrayante qui nous a conduits à la situation actuelle d’extinction.

    Et il n’y a pas besoin d’études sociologiques ou d’enquêtes coûteuses menées par des consultants internationaux. Il suffit de visiter les églises le dimanche – imaginons en semaine – pour comprendre qu’elles sont vides. La même chose se produit en Europe et en Argentine. Les quelques personnes qui y allaient encore avant la pandémie ont déjà cessé de le faire à cause de la mauvaise gestion par les évêques des quarantaines décrétées par les gouvernements. Un lecteur a commenté l’article précédent du blog en ces termes :  » Dans la paroisse que je fréquente, hier, dimanche, à la messe, il n’y avait que sept personnes plus deux de la chorale, le prêtre s’est presque mis à pleurer. Et il a toutes les raisons de le faire, car n’importe quelle secte, parmi celles qui prolifèrent là-bas, a beaucoup plus de consensus ». Et cela ne se passe pas seulement en Argentine. C’est une situation que l’on peut observer dans le monde entier. (...)" (source)

  • Le mythe Casaroli

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    De George Weigel sur le Catholic World Report :

    Le mythe Casaroli

    La célébration romaine de l'Ostpolitik de Casaroli comme un triomphe de la diplomatie vaticane et un modèle pour l'avenir est un pur mythe.

    29 septembre 2021

    Lorsque j'ai rencontré le cardinal Agostino Casaroli le 14 février 1997, l'architecte de l'Ostpolitik du Vatican et de son approche discrète des régimes communistes d'Europe centrale et orientale dans les années 1960 et 1970 n'aurait pas pu être plus cordial. Je préparais alors le premier volume de ma biographie du pape Jean-Paul II, Témoin de l'espoir, et en demandant une séance avec le cardinal retraité, j'ai insisté sur deux points : Je voulais comprendre la théorie derrière l'Ostpolitik, et j'étais impatient de connaître les impressions de Casaroli sur le cardinal Karol Wojtyła avant que l'archevêque de Cracovie ne devienne pape. Nous avons discuté pendant près de deux heures, et en repensant à mes notes de cette rencontre, je trouve toujours les observations du cardinal fascinantes.

    Il est intéressant de noter qu'il a exprimé son admiration pour le cardinal Stefan Wyszyński, qui a été béatifié le 12 septembre. Les deux hommes se sont affrontés pendant des années - Wyszyński pensait que l'Ostpolitik était singulièrement malvenue - mais Casaroli a fait l'éloge du primat polonais, qu'il a surnommé "un vrai prince... bien qu'il soit issu d'une famille plutôt pauvre." Ce que le diplomate du Vatican admirait chez Wyszyński, semblait-il, était le sens tactique aigu de ce dernier. Ainsi, à un moment donné, le cardinal a dit que le Primat était "comme un de ces jouets de garçon que l'on remonte" - et qui s'arrête juste avant de s'écraser (une manœuvre que Casaroli a illustrée en promenant ses doigts sur le bord de la table basse entre nous). Quant à l'homme qui l'a fait secrétaire d'État du Saint-Siège, Casaroli pensait que "la Pologne était trop petite pour la grande personnalité du cardinal Wojtyła [qui était] plus adaptée à un pape."

    Le cardinal Casaroli a longuement discuté de sa relation avec le pape Paul VI, dont les portraits et les photographies étaient amplement exposés dans l'appartement du cardinal au Palazzina dell'Arciprete. L'Ostpolitik que Casaroli a menée pour le pape Paul partait d'une prémisse et d'une question : pour sauver l'Église derrière le rideau de fer, il fallait que les catholiques aient accès aux sacrements ; mais comment maintenir cet accès sous le totalitarisme ?

    La réponse de l'Ostpolitik s'ensuivit : l'accès aux sacrements nécessitait des prêtres ; l'ordination de prêtres nécessitait des évêques ; obtenir des évêques en place signifiait conclure des accords avec les régimes communistes ; obtenir ces accords signifiait éviter les confrontations rhétoriques. Paul VI avait compris que ce n'était "pas une politique glorieuse" (comme il l'a dit un jour à Casaroli). Casaroli se souvient qu'"il était difficile pour [le pape Paul] de ne pas s'exprimer ouvertement et fermement" pour défendre la liberté religieuse ; l'autocensure était un "tourment pour lui". Paul VI disait souvent, à propos de diverses situations de persécution derrière le rideau de fer, "C'est impossible, je dois dire quelque chose." Mais le pape est resté "fidèle à la vision" de l'Ostpolitik, même si cela a nécessité que Casaroli le "retienne", et "ce fut une agonie pour nous." Sans surprise, Casaroli a intitulé ses mémoires publiées à titre posthume Le martyre de la patience.

    Quelles que soient ses intentions, cette stratégie n'a pas réussi à créer une situation catholique viable derrière le rideau de fer. Et l'affirmation toujours entendue à Rome selon laquelle l'Ostpolitik de Casaroli a été un grand succès, ouvrant la voie à la révolution non violente de 1989 et à l'effondrement du communisme en Europe centrale et orientale, n'a aucun fondement dans la réalité historique.  L'Ostpolitik a transformé l'Église catholique de Hongrie en une filiale virtuelle du parti et de l'État communistes hongrois. L'Ostpolitik a démoralisé les parties vivantes de l'Église dans ce qui était alors la Tchécoslovaquie. Elle compliquait inutilement la situation de l'Église polonaise. Et elle a donné une marge de manœuvre dans toute la région à des organisations faussement catholiques composées de partisans et de compagnons de route des régimes communistes. Telles étaient les réalités sur le terrain. Tout étudiant sérieux de cette période le sait.

    L'Ostpolitik a également permis aux services de renseignements communistes de pénétrer au Vatican et de compromettre davantage les positions de négociation du Saint-Siège : une sale affaire que j'ai documentée dans le deuxième volume de ma biographie de Jean-Paul II, The End and the Beginning, en utilisant des documents originaux provenant des archives du KGB, de la Stasi allemande, du SB polonais et d'autres.

    J'ai été reconnaissant de la courtoisie du cardinal Casaroli lorsque nous nous sommes rencontrés il y a 24 ans. Et si j'avoue que, contrairement à son récent critique papal, j'ai trouvé son mémoire peu instructif, je ne lui en veux pas. Néanmoins, la célébration romaine actuelle de l'Ostpolitik de Casaroli comme un triomphe de la diplomatie vaticane et un modèle pour l'avenir est une pure fabrication de mythes - et une fabrication de mythes préjudiciable. Car ce mythe façonne les politiques vaticanes d'accommodement et de "dialogue" du XXIe siècle qui sapent le témoignage moral de l'Église catholique contre la répression à Hong Kong, en Chine, au Venezuela, en Biélorussie, à Cuba, au Nicaragua et ailleurs.

    L'Église persécutée mérite mieux. Il en va de même pour un monde qui a un besoin urgent de clarté morale.

  • Galicie (Ukraine) : l'Eglise gréco-catholique a repris des couleurs

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    Entre ombres et lumières...

    De Thomas Laffitte sur le site du Courrier d'Europe Centrale :

    En Ukraine occidentale, la vigueur retrouvée de l’Église gréco-catholique

    Interdite durant l’Union soviétique, l’Église uniate a très vite réinvesti la Galicie, son territoire d’origine. À Lviv, capitale de la région et véritable bastion uniate, une pratique traditionaliste de la religion côtoie une vision plus ouverte et progressiste.

    Article publié en coopération avec la Heinrich-Böll-Stiftung Paris, France.

    Les habitants du quartier de Riasne, dans la banlieue de Lviv, sont généralement tous d’accord pour dire que leur quartier a bien peu changé depuis sa construction dans les années 1970. Les routes et les trottoirs ont reçu bien peu d’attention, beaucoup moins que les aires de jeux pour enfants, joliment rénovées. S’il en est, le plus gros changement concerne sans aucun doute les églises.

    L’époque où les Soviétiques s’en servaient comme entrepôts paraît déjà loin, tant elles ont maintenant fière allure. Depuis ses églises rutilantes, la paroisse locale a même commencé à investir l’espace public. En plus des icônes que l’on trouve régulièrement ici et là, plusieurs crucifix monumentaux ont été plantés un peu partout dans le quartier.

    Allègrement décorée de fleurs, l’une de ces croix se dresse juste à côté de l’épicerie locale. Une dame âgée sort du magasin avec ses sacs en plastique et s’en va. Soudain, en passant à côté de la croix, elle pose ses sacs, se signe, et repart. Quelques instants plus tard, une mère emmène son fils devant le monument, où elle lui apprend à réaliser un signe de croix. Un spectacle des plus courant dans une ville où les habitants ont souvent l’habitude de se signer à la vue d’un édifice religieux – à pied, depuis le bus, ou même parfois au volant.

    (...)

    En entrant dans l’un des immeubles du quartier, une véritable petite chapelle nous accueille dans le hall d’entrée. La statue de la vierge, flanquée de deux petits anges et surmontée d’un crucifix, le tout illuminé par un système d’éclairage élaboré, invite le visiteur à se signer. Puis en montant, à chaque étage, on trouve une icône entourée de fleurs, représentant tantôt le Christ, tantôt la Vierge.

    « Gloire à Jésus-Christ » annonce Olga en ouvrant sa porte, comme il est parfois d’usage de se saluer en Galicie. Au quatrième étage de son immeuble, cette dame d’une soixantaine d’années nous reçoit dans son salon inondé de statuettes de la Vierge Marie ou de Jésus Christ. Une décoration peu étonnante venant de cette historique du quartier, qui a supervisé la construction de la petite chapelle dans l’entrée. Une fierté que le prêtre local lui a même fait l’honneur de bénir. « Avant les cérémonies de Pâques, le prêtre fait le tour des crucifix du quartier. A chaque fois il tient une petite cérémonie. Il y a quelques années, le prêtre est même venu dans notre hall pour l’inaugurer ! » raconte-elle fièrement.

    Le prêtre en question, le père Basil Kovpak, n’en est pas à son premier coup d’éclat. Son église, encerclée par une profusion de statues et de croix, accueille tant de fidèles que la messe est diffusée sur des haut-parleurs pour ceux restés assis dehors. Cet adepte de la doctrine traditionaliste de Marcel Lefebvre, archevêque de France excommunié en 1988, a lui-même été excommunié en 2007. Malgré tout, son succès ne se dément pas, bien au contraire. La pandémie a même été l’occasion de diffuser tous les jours des messes en direct sur internet.

    Olga fait partie de ses fidèles. Depuis la mort de son fils il y a une quinzaine d’années, elle est devenue très religieuse. « C’est moi qui ai eu l’idée de transformer le hall d’entrée. Depuis, d’autres riverains m’ont imité. » Quant aux voisins, elles assurent qu’ils l’ont en majorité soutenu dans son projet. « Tout le monde était d’accord et tout le monde a participé au financement. Sauf une voisine, qui est orthodoxe. Elle n’en voulait pas et n’a pas contribué » précise-t-elle.

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  • Etats-Unis : l’espoir d’un changement est permis pour les enfants à naître et leurs défenseurs

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    Du site de l'European Centre for Law & Justice :

    Affaire Dobbs : l’ECLJ devant la Cour suprême des États-Unis

    Le 29 juillet 2021, l’ECLJ est intervenu en tant qu’amicus curiae – c’est-à-dire en tant que tierce-partie – à la Cour suprême des États-Unis, dans l’affaire Dobbs c. Jackson Women’s Health Organization. Cette affaire oppose le ministère de la santé du Mississippi avec une clinique d’avortements (JWHO) contestant la constitutionnalité d’une loi de mars 2018 interdisant dans cet État la plupart des avortements après 15 semaines de grossesse. Branche mère de l’ECLJ, l’American Center for Law and Justice (ACLJ) est également amicus curiae à la Cour suprême a déposé un amicus brief distinct de celui de l’ECLJ. Nos observations écrites sont disponibles ici et incluent toutes les références des citations ci-dessous.

    L’affaire Dobbs pourrait constituer la première inflexion de la jurisprudence américaine sur l’avortement. Elle donnera en effet l’occasion à la Cour suprême d’effectuer un revirement ou, du moins, un adoucissement, par rapport à sa décision Roe v. Wade de 1973. Depuis cette date, une interdiction de l’avortement avant 24 semaines de grossesse est considérée comme inconstitutionnelle, même si les États gardent une marge d’appréciation (restreinte). La nomination d’une nouvelle juge fin 2020, Amy Coney Barrett, participe à l’effervescence qui règne actuellement autour de Dobbs, puisqu’elle rend possible une majorité conservatrice parmi les neuf juges de la juridiction suprême américaine. L’espoir d’un changement est donc permis pour les enfants à naître et leurs défenseurs.

    Vers un revirement de jurisprudence ?

    La loi votée par le Mississipi en 2018 protège le fœtus à partir de 15 semaines de grossesse, sauf pour les cas d’urgence médicale ou d’anomalie fœtale grave. Il est devenu habituel aux États-Unis que les cours fédérales, saisies par des représentants du business de l’avortement, privent les lois pro-vie de leurs effets pour cause d’inconstitutionnalité. C’est ce qui est arrivé en novembre 2018, la clinique JWHO attaquant la loi au lendemain de son entrée en vigueur. La cour de district a écarté l’application de la loi, alléguant que les États ont le pouvoir de « réguler les procédures d’avortement avant la viabilité du fœtus (24 semaines) tant que les mesures ne sont pas disproportionnées au regard du droit de la femme ».

    Le ministère de la santé du Mississippi a fait appel et c’est maintenant la Cour suprême qui a accepté de trancher sur la constitutionalité de la loi du Mississippi. La question qui guidera sa réflexion est la suivante : toutes les interdictions d’interruption volontaire de grossesse (IVG) avant le seuil de viabilité du fœtus sont-elles inconstitutionnelles ? Si inflexion il y a, une brèche pourrait être percée dans la muraille Roe v. Wade, puisque certains États pourraient désormais interdire l’avortement avant le seuil de viabilité du fœtus (24 semaines).

    L’apport de droit comparé de l’ECLJ

    Généralement, les Américains pensent que l’Europe est plus libérale que les États-Unis en matière d’avortement, ce qui est totalement faux. Comme nous l’avons déjà expliqué ici, les États européens ne protègent pas, par leurs constitutions, l’avortement à la demande jusqu’à 24 semaines de grossesse. Ainsi, sur les trente-quatre États membres du Conseil de l’Europe qui autorisent l’avortement sur demande, vingt-neuf ne l’autorisent que pendant les douze premières semaines de la grossesse. Les Pays-Bas sont le seul pays ayant un délai légal de vingt-quatre semaines, comme aux États-Unis. De plus, contrairement aux États des États-Unis, rien ne s’oppose juridiquement à ce que les États européens interdisent l’avortement par une simple loi.

    Dans son amicus curiae adressé à la Cour Suprême, l’ECLJ a apporté des éléments de droit comparé pour rappeler ces éléments factuels. Nous avons aussi expliqué que la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) ne contient aucun fondement pour un droit conventionnel à l’avortement. La Cour européenne refuse d’exclure les enfants à naître de l’article 2 de la Convention (le droit à la vie). En réalité, l’avortement est seulement toléré, faisant partie de la marge d’appréciation laissée aux États membres, elle-même limitée par l’intérêt de l’enfant à naître. En Europe, l’avortement n’est donc pas, comme aux États-Unis actuellement, considéré comme un « droit » protégé au titre du respect de la vie privée.

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  • Quel est le point de vue des institutions islamiques à travers le monde sur la question afghane ?

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    Un article de Chiara Pellegrino sur Oasis :

    L’Émirat taliban galvanise les islamistes

    20/09/2021

    À Doha, l’Union internationale des Oulémas musulmans jubile, à Abu Dhabi on invite à la tolérance, tandis qu’al-Azhar fait profil bas. Les réactions des institutions islamiques au nouveau cours politique afghan

    Depuis que les Taliban ont fait leur retour à Kaboul, les observateurs occidentaux se sont essentiellement focalisés sur la signification du désengagement américain en Afghanistan et sur l’avenir des droits de l’homme, notamment ceux des femmes, dans le pays gouverné par les mollahs.

    Dans cet article, nous souhaitons en revanche examiner le point de vue des institutions islamiques sur la question afghane en partant de leurs déclarations sur le nouveau pouvoir taliban. Après tout, l’Afghanistan ne se résume pas qu’à une question géopolitique et humanitaire ; s’ils tiennent leur promesse, les Taliban ont l’intention de créer un « émirat islamique », nous contraignant ainsi à prendre également en considération le facteur religieux.

    Sur ce point, l’Union internationale des Oulémas musulmans – l’institution de référence pour les islamistes, dont le siège se trouve à Doha – a été très claire : l’un de ses membres a par exemple écrit qu’« en tant que mouvement islamique, le mouvement taliban représente l’Islam et s’efforce de l’incarner dans la vie quotidienne ».

    Le président de l’Union, le Marocain Ahmed Raïssouni, s’est lui aussi montré très clair. Aussitôt après l’annonce de la reconquête du pays par les Taliban, il a félicité le peuple afghan et ses dirigeants d’avoir « libéré le pays des forces d’occupation », effectué « le transfert du pouvoir sans plonger le pays dans le chaos et la guerre civile » et « fait preuve de flexibilité et d’ouverture à l’égard de leurs voisins et du monde extérieur ».

    L’Union internationale des Oulémas a donc officiellement épousé la cause des Taliban et elle tente de jouer un rôle de premier plan en offrant son soutien au nouveau gouvernement afghan. Raïssouni a déclaré à maintes reprises qu’il avait rencontré plusieurs fois les dirigeants du mouvement taliban pendant les négociations avec les Américains, s’attribuant le mérite de les avoir poussés vers « l’option de la réconciliation, du pardon, de la tolérance, de la paix et de la coopération avec toutes les composantes du peuple afghan » afin d’éviter toute effusion de sang.

    Raïssouni a également remercié publiquement les autorités du Qatar d’avoir préparé le terrain pour les négociations entre les Taliban et les États-Unis, et il a appelé tous les pays musulmans à considérer de manière constructive la nouvelle situation afghane et à contribuer à la reconstruction du pays.

    L’action de l’Union internationale des Oulémas montre d’ailleurs que la médiation menée par le Qatar ne se limite pas qu’aux aspects politiques et militaires, confirmant la centralité du petit émirat dans le jeu afghan. Avec le risque, souligné par Cinzia Bianco dans un article du Washington Post, que la réputation de Doha, tant comme centre politique que religieux, soit liée aux choix et à la capacité de gouvernement des Taliban.

    Pour le monde islamiste, l’Afghanistan représente un test et une occasion de démontrer que l’Islam politique peut renaître, et ce malgré ses nombreux revers. Pour l’Union, la naissance d’un gouvernement afghan constitue d’ailleurs « le début de la montée islamique dans la politique internationale ».

    Cette position est également partagée par le Grand Mufti du Sultanat d’Oman, Ahmad bin Hamad al-Khalili, qui, sur son profil Twitter, a félicité le peuple afghan « pour la conquête et la victoire sur les envahisseurs agresseurs » tout en exhortant les peuples musulmans à rester unis pour « ordonner le bien et interdire le mal selon les dispositions de la charia ». Il espère que la victoire des Taliban sera le début de la « libération d’autres terres occupées », à commencer par la Palestine et la mosquée de Jérusalem.

    Personnage plutôt controversé, Khalili a fait des déclarations plutôt cinglantes dernièrement. S’il a longtemps incarné le principe de neutralité propre au Sultanat d’Oman – il occupe le poste de Grand Mufti depuis 1974 –, il semble avoir récemment définitivement abandonné cette tendance. En 2020, il a d’abord félicité Erdoğan pour sa décision de reconvertir Sainte-Sophie en mosquée, puis s’est opposé à la signature de l’accord de normalisation des relations entre certains pays arabes et Israël.

    Parmi les institutions religieuses qui se sont exprimées sur la question afghane, certaines ont préféré faire profil bas, se contentant de tenir des propos de circonstance.

    Parmi celles-ci figure le Forum pour la Promotion de la Paix dans les Sociétés musulmanes, une institution basée à Abu Dhabi, présidée par le prestigieux cheikh mauritanien ‘Abdallah bin Bayyah et fondée en réponse à l’Union internationale des Oulémas dans le but de diffuser une vision modérée de l’Islam et de s’opposer aux interprétations islamistes. Fin août, le Forum a publié sur son site web une déclaration en neuf points au ton et au contenu plutôt abstraits et idéalistes, dans laquelle il appelle essentiellement « les frères d’Afghanistan » à œuvrer pour apporter la paix dans leur pays et dans le monde en faisant prévaloir l’esprit de tolérance et de coopération, à préserver une bonne image de l’Islam et à utiliser tous les outils de la jurisprudence islamique pour parvenir à des solutions gouvernementales conformes à la charia mais adaptées à l’époque contemporaine.

    Si nous nous déplaçons en Égypte, la position de la mosquée-université Al-Azhar sur la question afghane est encore plus nuancée. Dans son bulletin hebdomadaire, elle s’est contentée d’annoncer le rapatriement de la délégation de prédicateurs et d’imams présents à Kaboul depuis désormais plusieurs années. Depuis 2009, la mosquée-université était engagée dans un programme de coopération culturelle avec le ministère de l’éducation afghan, une initiative qui consistait à envoyer des prédicateurs et des imams dans la capitale afghane dans le but de diffuser le « véritable Islam ». Al-Azhar avait ouvert un institut à Kaboul pour la mémorisation du Coran et l’apprentissage de la langue arabe, et les étudiants qui réussissaient tous les niveaux pouvaient poursuivre leurs études universitaires directement au Caire.

    Contrairement à d’autres institutions, l’Azhar ne s’est pas prononcé explicitement sur la prise de pouvoir des Taliban. Par le passé, son Observatoire de la Lutte contre l’Extrémisme avait pris ses distances avec les Taliban pakistanais, les accusant de tirer leur idéologie d’al-Qaïda et de commettre des actions très graves au nom de l’Islam, mais ce jugement ne peut être étendu à son homologue afghan, vu que les deux mouvements présentent des différences significatives.

    D’une manière générale, il existe en effet, pour les institutions islamiques, une différence essentielle entre les groupes djihadistes tels que Daech et al-Qaïda – vus comme une aberration étrangère à l’Islam – et les Taliban afghans, considérés en revanche comme un mouvement islamique à part entière, même si leurs méthodes sont, selon les points de vue, plus ou moins partagées.

  • ONU : une intervention "musclée" du cardinal Parolin

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    Du site de Famille Chrétienne :

    L’intervention musclée du cardinal Parolin devant les Nations Unies

    Le secrétaire d’Etat du Saint-Siège a dénoncé les « nouvelles interprétations des droits de l’homme » qui ont cours au sein des instances des Nations Unies, lors de la 75ème session de leur Assemblée générale. Il fustige notamment le fait que la famille soit « dénaturée » et le sort réservé aux migrants ou aux enfants avortés.

    27/09/2021

    Le cardinal Pietro Parolin a fait état d’une « crise anthropologique » mondiale et a vivement dénoncé les « nouvelles interprétations des droits de l’homme » qui ont cours même au sein des instances des Nations unies, à l’occasion de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations unies, le 25 septembre 2021.

    Le secrétaire d’État du Saint-Siège a rappelé l’appel du pape François pour une réforme de l’ONU. Il a par ailleurs plaidé de nouveau pour un cessez-le-feu mondial, pour un accès au vaccin contre le Covid-19 y compris dans les zones de conflit et pour une action commune et rapide pour sauvegarder la planète.

    La dignité de la personne « piétinée »

    « Le pape François considère que l’un des motifs de préoccupation les plus graves dans le monde d’aujourd’hui est la “crise des relations humaines” », a souligné le cardinal Parolin. Celle-ci découle « d’un mode de vie dominé par l’égoïsme et par la culture du déchet, où les valeurs humaines et la dignité transcendante de la personne qui y est liée sont souvent piétinées », a-t-il poursuivi. Cette « crise anthropologique » n’est pas une dispute philosophique ou académique, « mais une crise qui a d’énormes conséquences pratiques sur les Droits de l’homme ». Le “numéro 2” du Saint-Siège a alors listé un certain nombre de situations où ces droits n’étaient plus aujourd’hui correctement appliqués.

    Ainsi, les migrants se trouvent « de plus en plus souvent laissés dans l’incertitude, voire noyés, dans l’incapacité de trouver un nouveau foyer où élever leur famille dans la dignité, la paix et la sécurité ». Sont aussi concernés les croyants qui « endurent le harcèlement, la persécution, la mort et même le génocide en raison de leur foi » ; les personnes âgées et les personnes handicapées qui « sont mises à l’écart, surtout lorsqu’elles sont fragiles ou considérées comme un fardeau » ; les enfants innocents, « considérés comme problématiques, rejetés par la société avant même d’être nés » ; la famille, qui est aujourd’hui « dénaturée ».

    Pour le haut prélat, ces situations sont les conséquences de « nouvelles interprétations des Droits de l’homme existants, séparées de leurs valeurs universelles ». Ces « “nouveaux droits” non seulement contredisent les valeurs qu’ils sont censés soutenir, mais sont imposés en l’absence de tout fondement objectif ou de consensus international », s’indigne-t-il, dénonçant finalement « un “progrès” fallacieux ».

    Accès au vaccin pour tous et désarmement nucléaire

    Dans son discours, le chef de la secrétairerie d’État a évoqué la pandémie de Covid-19 en rappelant « qu’aucun État n’est capable de résoudre la crise à lui seul ». Invitant à toujours travailler ensemble, il a répété l’appel du Saint-Siège pour des vaccins « accessibles à tous, notamment dans les zones de conflit ».

    Sur la question du climat, le cardinal a fait mention de la prochaine Cop 26 de Glasgow et a dénoncé les « décennies d’inaction » face au changement climatique. « Il est plus que temps d’agir », a-t-il affirmé.

    Enfin, le cardinal Parolin a rappelé la position du Saint-Siège quant aux armes nucléaires. Celles-ci créent une « éthique de la peur » et empoisonnent les relations entre les peuples. « Les questions humanitaires et de sécurité nous obligent à mettre fin à la course aux armements nucléaires et à prendre des mesures efficaces en faveur du désarmement », a souligné le haut prélat qui a aussi rappelé l’appel du Secrétaire général de l’ONU et du pape François « pour un cessez-le-feu mondial ».

  • Liturgie : A propos du motu proprio « Traditionis custodes » dégradant la forme extraordinaire du missel romain: une question de sémantique

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    « Comment nommer ce missel mis à l’index (tiens…) par le pape François ? La question est-elle superflue ou byzantine ?

    missale-romanum-1962-grand-format.jpgNous ne le croyons pas un instant. Nommer les choses est de la plus haute importance, les Écritures en témoignent à de nombreuses reprises. Le nom c’est l’être et comme le disait Camus : mal nommer les choses c’est ajouter du malheur au monde. Comment donc faut-il nommer ce missel qui est au centre de la question religieuse depuis plus de cinquante ans ? Missel tridentin, de saint Pie V, de saint Jean XXIII, ancien missel, missel traditionnel, missel grégorien, missel en latin, missel de 1962… Écartons immédiatement les appellations de forme ordinaire et extraordinaire que le pape François a biffé de sa plume même s’il serait instructif de revenir sur ce sujet spécifique d’une double forme du rit romain.

    Plus que de missel, il convient de parler de messe et plus largement de liturgie. Quel que soit le respect que l’on porte et que l’on doive à l’objet que le prêtre embrasse, le missel n’est jamais qu’un support alors que la messe est la réalité sacramentelle. On pourrait se passer du livre, pas des prières qu’il renferme (j’ai souvenir d’un chanoine pyrénéen aveugle qui célébrait par cœur la messe votive à la sainte Vierge et nombreux sont les témoignages de prêtres qui ont célébré mentalement dans les camps de tous les totalitarismes dont la modernité est profuse). Quant à la liturgie, elle recouvre des réalités plus vastes puisqu’elle englobe dans une même cohérence cultuelle non seulement la messe, mais encore l’Office divin, les autres sacrements, les sacramentaux et qu’elle va jusqu’à façonner la civilisation.

    C’est donc globalement de liturgie dont nous parlons tous, le pape comme nous autres ; et au fond de cette question s’affrontent deux approches liturgiques.

    Deux approches divergentes de la liturgie.

    L’une, héritière du mouvement liturgique qui inspira la réforme demandée par le concile Vatican II, menée à bien par ses principaux théoriciens, est visible partout. Cette conception liturgique fait du rit un enjeu pastoral. La liturgie est le rassemblement de la communauté qui prie ensemble, fait mémoire et célèbre. Partant de l’idée neuve que la liturgie doit être accessible immédiatement, elle doit faire ressentir l’appartenance à une communauté, elle doit répondre aux attentes concrètes des situations de vie incarnée des participants, elle fait cercle. Pour parvenir à ses fins, elle doit donc user des artifices des modes du temps. Elle assume d’être du monde et de s’en inspirer pour mieux toucher les hommes de ce temps. Tout ceci est demandé textuellement par le concile Vatican II dans Sacrosanctum concilium : révision des livres liturgiques en faisant appel à des experts (n°25) ; promotion de la participation active en favorisant acclamations, actions, gestes et attitudes corporelles (n°30) ; simplicité, brièveté, suppression des répétitions, rites adaptés à la capacité de compréhension des fidèles (n°34) ; utilité de la langue du pays dans toute la liturgie (n°36) ; adaptation des rites à la diversité des assemblées, des régions, des peuples… (n° 38) ; efficacité pastorale (n°40) ; adaptations des rites aux nécessités de notre temps (n°62)… Pour respecter ces principes il est donc nécessaire de réviser continuellement, d’adapter et de dater. Cette compréhension de la liturgie est par nature progressiste et vouée à d’incessantes évolutions puisqu’elle veut répondre aux attentes des hommes du jour.

    L’autre approche, traditionnelle en ce sens que c’est celle constante et ininterrompue de l’Église jusqu’à aujourd’hui compris (même si c’est de manière limitée et restreinte depuis 1969) comprend la liturgie comme le culte public que l’Église rend à Dieu par diverses expressions, artifices et moyens (sens, objets, temps, espace…) car tout vient de Dieu et que tout est pour Dieu. La liturgie c’est la manière concrète pour les hommes de répondre à la première table du décalogue et à la première demande du Pater. Elle est verticale car elle relie le Ciel et la terre, hiérarchique comme toute la création, orientée vers notre source et notre fin. La liturgie c’est la « joie de Dieu » (Alcuin), c’est la lumière du monde ; comment prétendre aménager la lumière ? Comment vouloir l’adapter ? Je ne peux m’empêcher de songer à cette réflexion de Sylvain Tesson sur un sujet pas si éloigné de notre réflexion : « Il fallait que les hommes fussent drôles pour s’imaginer qu’un paysage eût besoin qu’on l’aménageât. D’autres parlaient d’augmenter la réalité. Un jour peut-être s’occuperaient-ils d’éclairer le soleil ? (Sylvain Tesson, Sur les chemins noirs, 2016, Gallimard). La liturgie n’est pas une invention, une création, elle ne nous appartient pas et ne peut être le fruit de notre créativité. Elle n’est pas le fruit d’une volonté mais un héritage. La liturgie est l’expression de la foi catholique, elle s’est longuement sédimentée, sans autre but précis que de rendre gloire à Dieu ; elle est l’aboutissement de 2000 ans de christianisme non sans quelques apports du culte de l’ancienne alliance. Si la codification et la normalisation ont connu des étapes importantes (la Réforme Grégorienne ou le concile de Trente par exemple), le rit ancien est le fruit de la longue et lente maturation spirituelle de tous ceux qui nous ont précédés et avec qui nous sommes en relation par la communion des saints. La liturgie par essence se méfie de la nouveauté et des idées personnelles. La liturgie qui englobe tous les mystères de notre foi et qui rend Dieu présent (par la réunion des baptisés en son nom, par sa Parole et plus encore dans l’Eucharistie), n’est que lentement pénétrable bien qu’elle soit immédiatement aimable. La liturgie, en cachant, possède la paradoxale particularité de désigner : c’est entre autre tout l’usage liturgique des voiles qui attirent l’attention sur ce qu’ils dissimulent par la majesté, la délicatesse et la beauté dont ils usent ; on pourrait en dire autant de la langue sacrée et de l’orientation. Il faut accepter humblement et patiemment cette difficulté à saisir certains aspects des rites, c’est la condition d’un enthousiasme inlassable, d’un émerveillement sans cesse renouvelé et d’un progrès spirituel véritable. De même qu’on ne devient pas saint Jean de La Croix ou sainte Catherine de Sienne un petit matin en laçant ses souliers, on ne peut approcher les réalités insondables que renferme l’écrin liturgique d’un coup de baguette magique ou par une invention de l’équipe d’animation pastorale.

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  • Washington : la Marche des martyrs met en lumière la "crise mondiale de la persécution des chrétiens"

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    De Christine Rousselle sur le National Catholic Register :

    La Marche des martyrs met en lumière la "crise mondiale de la persécution des chrétiens".

    "Je l'ai moi-même entendu de la bouche des habitants d'Irak et de Syrie : lorsque les islamistes viennent vous couper la tête, ils ne vous demandent pas si vous êtes catholique, protestant ou orthodoxe. Ils vous demandent si vous croyez en Jésus", a déclaré le père Kiely. "C'est ce point-là. C'est ce qui nous unit. C'est ce que le pape François a appelé 'l'œcuménisme du sang'."

    The March for the Martyrs in Washington, D.C., Sept. 25, 2021.
    La marche pour les martyrs à Washington, D.C., le 25 septembre 2021. (photo : Christine Rousselle/CNA / EWTN)

    27 septembre 2021

    WASHINGTON - La deuxième marche annuelle pour les martyrs s'est déroulée samedi à Washington, avec des témoignages de défenseurs des chrétiens persécutés et de survivants de la persécution. 

    Pour Gia Chacon, présidente du groupe For the Martyrs, qui a organisé la marche du 25 septembre, la journée était centrée sur la sensibilisation à "la crise mondiale de la persécution chrétienne". 

    "La raison pour laquelle les gens ne se soucient pas de la persécution chrétienne est qu'ils ne savent tout simplement pas que cela se produit", a déclaré Chacon à CNA. "Quand on regarde les pays à travers le Moyen-Orient, et même ce qui se passe maintenant en Afghanistan - et ce n'est pas seulement au Moyen-Orient, c'est en Chine, c'est en Corée du Nord, et en fait dans plus de 60 pays à travers le monde." 

    "C'est au corps du Christ, ici aux États-Unis, d'être la voix [des chrétiens persécutés], sinon nos frères et sœurs ne font que souffrir en silence", a-t-elle ajouté. 

    Bien que Mme Chacon et la majorité des membres du conseil consultatif de For the Martyrs soient catholiques, la marche de samedi était œcuménique et comportait de nombreux orateurs issus de communautés ecclésiales protestantes.

    Il est important, a déclaré Mme Chacon, de "s'unir d'une seule voix" pour défendre les chrétiens d'outre-mer qui risquent leur vie en adorant Dieu. 

    Ce sentiment a été repris par le père Benedict Kiely, fondateur de Nasarean.org et prêtre de l'Ordinariat personnel de Notre-Dame de Walsingham. En 2014, le père Kiely a décidé de consacrer sa vie et son ministère au service et à l'aide de l'Église persécutée au Moyen-Orient. 

    "On prête très peu d'attention au fait que les chrétiens sont le groupe religieux le plus persécuté dans le monde entier. Toute manifestation publique visant à sensibiliser le public est donc très importante", a-t-il déclaré à CNA. 

    La réduction des divisions entre les chrétiens est un autre aspect sur lequel Kiely a voulu insister. 

    "Je l'ai entendu moi-même de la bouche des habitants d'Irak et de Syrie : lorsque les islamistes viennent vous couper la tête, ils ne vous demandent pas si vous êtes catholique, protestant ou orthodoxe. Ils vous demandent si vous croyez en Jésus", a déclaré le père Kiely. "C'est ce point-là. C'est ce qui nous unit. C'est ce que le pape François a appelé 'l'œcuménisme du sang'."

    Pour le père Vincent Woo, originaire de Hong Kong et prêtre du diocèse de Hong Kong, la Marche des martyrs était plus personnelle que pour beaucoup de participants.

    "Toute la persécution des militants pour la démocratie à Hong Kong, la répression de la liberté - cela va arriver à l'Église très bientôt", a-t-il déclaré. "C'est une façon de montrer notre solidarité avec les chrétiens du monde entier, en particulier ceux qui sont persécutés." 

    Les médias sociaux ont joué un rôle clé dans la diffusion de la Marche des martyrs. Dorothea Bauer, qui s'est rendue à Washington depuis Tampa, en Floride, a déclaré à CNA qu'elle avait initialement entendu parler de l'événement sur Instagram. 

    "Je pense que c'est vraiment magnifique que nous donnions une voix à nos frères et sœurs en Christ à travers le monde qui souffrent pour leur foi", a déclaré Bauer. 

    Payton Gibson, du Maryland, a déclaré qu'elle a été inspirée de participer à la Marche des martyrs de cette année après avoir vu la couverture de l'événement l'année dernière. Elle a déclaré à CNA qu'elle avait été frappée d'entendre Chacon parler de son travail avec l'Église persécutée et de ses voyages à l'étranger. 

    "Cela m'a touché au cœur, surtout maintenant que je suis dans la région de Washington. Cela semblait être un grand événement", a déclaré Gibson. 

    Samedi, l'événement s'est déplacé sur la côte est ; l'année dernière, la Marche des martyrs avait eu lieu à Long Beach, en Californie. Ce déplacement était à la fois stratégique et symbolique : Mme Chacon a déclaré qu'elle souhaitait attirer l'attention de personnalités puissantes sur l'aide à apporter aux chrétiens persécutés, et sensibiliser davantage à la cause. 

    "Nous sommes tout simplement ravis d'être ici, dans la capitale nationale, et d'envoyer aujourd'hui le message que la persécution des chrétiens ne sera plus ignorée", a déclaré Mme Chacon. "Nos frères et sœurs dans ces pays ne sont pas oubliés, et que le Seigneur a toujours la victoire." 

  • Pékin mène un large éventail d’opérations de propagande, de manipulation, d’intimidation et de désinformation à grande échelle pour imposer son modèle à la planète

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    De The Epoch Times :

    Les opérations d’influence du régime chinois pour imposer son modèle au monde : rapport du ministère (français) des Armées

    26 septembre 2021

    C’est sans doute une première mondiale. Une étude sans précédent de 650 pages, publiée par l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire du ministère des Armées, dévoile le réseau tentaculaire d’influences du Parti communiste chinois à travers le monde. On y apprend que Pékin mène un large éventail d’opérations de propagande, de manipulation, d’intimidation et de désinformation à grande échelle pour imposer son modèle à la planète.

    L’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire (Irsem) a rendu public le 20 septembre un rapport intitulé « Les opérations d’influence chinoises : un moment machiavélien ». Une synthèse minutieuse de plus de 650 pages publiée au terme de deux années de recherches par le directeur de l’Irsem, Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer et son directeur du domaine « Renseignement, anticipation et menaces hybrides », Paul Charon.

    Le rapport offre un panorama relativement complet de l’influence chinoise dans le monde et montre que le Parti communiste chinois (PCC) est entré « dans un moment machiavélien », estimant plus sûr d’être craint que d’être aimé, expliquent les auteurs.

    L’objectif de ces opérations d’influence chinoises dans le monde est d’une part d’empêcher tout discours négatif sur le PCC, notamment concernant les « cinq poisons » (Ouïghours, Tibétains, Falun Gong, « militants pro-démocratie » et « indépendantistes taïwanais ») et d’autre part, de produire un discours positif sur la « prospérité, la puissance et l’émergence pacifique » de la Chine.

    Les opérations d’influence du régime chinois

    Les actions d’infiltration du PCC à l’étranger relèvent de deux objectifs principaux : 1. Séduire les publics étrangers, en faisant une narration positive de la Chine et 2. Infiltrer et contraindre. L’un comme l’autre passent par une « nébuleuse d’intermédiaires » décrits dans le rapport : les diasporas, les médias, la diplomatie, l’économie, la politique, l’éducation, les think tank, la culture et la manipulation de l’information (notamment au sujet du Covid).

    On peut lire dans le rapport que « les acteurs principaux mettant en œuvre les opérations d’influence chinoises sont des émanations du Parti, de l’État, de l’Armée comme des entreprises. Au sein du Parti, il s’agit en particulier du département de Propagande, en charge de l’idéologie, qui contrôle tout le spectre des médias et toute la production culturelle du pays ; du département du Travail de Front uni, qui comporte douze bureaux, reflétant ses principales cibles ; du département des Liaisons internationales, qui entretient des relations avec les partis politiques étrangers ; du Bureau 610, qui a des agents dans le monde entier agissant en dehors de tout cadre légal pour éradiquer le mouvement Falun Gong ».

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