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Justice - Page 25

  • France : selon « Le Figaro », le Ministre Darmanin et Mgr de Moulins-Beaufort s'accordent sur le secret de la confession

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    Darmanin 82fd9e13c8b934ff20289bba0a7cf8f0bec9b847022e753d7e8ec561fcc63237.jpgMais quel accord exactement ? la CEF cherche à contenter deux maîtres à la fois… Un article de Jean-Marie Guénois publié par le « Figaro » :

    « Le président de la Conférence des évêques a rencontré le ministre de l'Intérieur pour clore la polémique.

    Entre l'Église et la République, l'incident est clos. Il était né des propos de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France, sur France info le 5 octobre à propos du secret de la confession qui serait « plus fort que les lois de la République ». Cette phrase, qui a provoqué une polémique nationale, lui a valu d'être invité par le ministre de l'Intérieur et des Cultes, Gérald Darmanin, à s'expliquer, dans son bureau, place Beauvau, mardi 12 octobre. Et ce, à la demande expresse du président de la République.

    Dans un communiqué publié après cette rencontre, l'archevêque de Reims commence par «demander pardon» à tous ceux qui ont pu être choqués par ses paroles et par le fait que cette polémique «ait pris le pas» sur les propositions du rapport Sauvé. Devant le ministre, le prélat a d'ailleurs reconnu «la formulation maladroite» qu'il avait employée car si «la foi fait appel à la conscience de chacun» pour «chercher le bien sans relâche», cette démarche ne va pas «sans respecter les lois de son pays».

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    Polémique et entretien sur lesquels est aussitôt revenu publiquement le ministre de l'Intérieur. Il participait dans la foulée de ce rendez-vous épiscopal à la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. Saluant «le courage de l'Église de France» d'avoir commandé une telle étude, le ministre a précisé à propos de son échange avec Mgr Éric de Moulins-Beaufort : «Je me suis permis de le lui redire, comme je le dis à chacun des cultes, qu'il n'y a aucune loi qui soit supérieure aux lois de l'Assemblée nationale et du Sénat et qu'il n'y a aucune loi au-dessus de celles de la République.» Il a été très applaudi sur cette dernière partie de sa phrase.

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    « Échange fructueux »

    Remerciant publiquement le prélat pour « l'échange fructueux et long » qu'ils ont eu, Gérald Darmanin, a aussi abordé à l'Assemblée nationale la question du « secret de la confession », qui existe « depuis deux cents ans dans notre droit, reconnu comme un secret professionnel, au même titre que les médecins ou les avocats ». Il y a cependant une exception pour « les crimes commis sur des enfants de moins de 15 ans» : «Tout religieux ou toute personne qui a connaissance d'abus sexuels doit porter à la justice de notre pays pour la protection des enfants.»

    Sur ce même secret de la confession, Mgr Éric de Moulins-Beaufort a promis au ministre de l'Intérieur que l'Église allait lancer un «travail nécessaire» pour «concilier la nature de la confession et la nécessité de protéger les enfants». Réunis en assemblée plénière à Lourdes du 3 au 8 novembre, les évêques vont également décider d'autres «mesures et réformes à poursuivre et à entreprendre» contre ces abus.

    Plus globalement, le président de la Conférence des évêques de France, a redit au ministre «la détermination de tous les évêques et, avec eux, de tous les catholiques, à faire de la protection des enfants une priorité absolue, en étroite collaboration avec les autorités françaises». Il a cité, comme exemples, les protocoles qui existent entre 17 diocèses - sur 100 - et les parquets pour «faciliter et accélérer» le traitement des signalements «pour tout fait dénoncé».

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    Lundi prochain, Gérald Darmanin accompagnera Jean Castex à Rome. Le premier ministre sera reçu par le pape François dans le cadre du centenaire de la reprise des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège. À côté des questions bilatérales, de l'écologie, des flux migratoires, il sera aussi question du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l'Église.

    Ce sujet est une préoccupation majeure du pape François. Lors d'un entretien privé avec Angela Merkel, le 7 octobre, venue lui dire au revoir après tous ses mandats politiques, le sujet des abus sexuels dans l'Église a été l'un des thèmes de conversation. La veille, lors de l'audience générale, le pape François avait exprimé à haute voix et par trois fois sa «honte» devant les chiffres révélés par le rapport Sauvé. La commission estime que 216.000 mineurs auraient été abusés par des religieux depuis 1950.

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    Ref. Darmanin et Mgr de Moulins-Beaufort s'accordent sur le secret de la confession 

    JPSC

  • Abus sexuels et secret de la confession : un faux problème

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Les abus sexuels et le secret de la confession : Un faux problème ?

    10/11/2021

    Le rapport français soulève une question : les prêtres doivent-ils dénoncer les abus sexuels dont ils ont eu connaissance en confession ? Ils ne le peuvent pas. Mais cela n'arrive presque jamais.

    Comme si la tragédie des abus sexuels dans l'Église catholique française ne suffisait pas, l'irrépressible ministre déléguée chargée de la citoyenneté au ministère de l'Intérieur, Marlène Schiappa, bien connue pour ses campagnes contre les "sectes", a commencé à agiter le gouvernement au sujet du secret de la confession.

    Ce qui s'est passé, c'est que la commission indépendante qui a publié la semaine dernière un rapport alarmant sur les abus sexuels perpétrés par le clergé et les travailleurs laïcs catholiques en France a notamment recommandé que les prêtres qui apprennent l'existence d'abus sexuels sur des mineurs en confession ignorent les dispositions du droit canonique et signalent les abus à la police. Sans surprise, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, a immédiatement répondu que cette recommandation ne peut même pas être envisagée, car le secret de la confession est inviolable et les prêtres qui le rompent pour quelque raison que ce soit sont excommuniés. Schiappa rétorque que l'Église catholique ne peut être privilégiée en France par rapport aux autres religions.

    Schiappa a peut-être raison, mais le fait est que les juridictions nationales et internationales ont reconnu que le secret de la confession est inviolable non seulement dans l'Église catholique, mais aussi dans toutes les religions qui ont des pratiques confessionnelles similaires. Les abus sexuels perpétrés par des prêtres catholiques sont une tragédie que personne ne peut nier, y compris l'Église française - qui est si préoccupée qu'elle a commandé le rapport indépendant et l'a payé (une circonstance qui n'est pas toujours mise en lumière dans les commentaires internationaux). Ce n'est pas un problème français. C'est, comme l'a dit le pape François, c'est une honte mondiale qui menace l'avenir même de l'Église catholique et soulève des questions inéluctables sur le fonctionnement des séminaires et la formation des futurs prêtres.

    Or, utiliser cette tragédie comme une arme pour briser le secret de la confession, pour toutes les églises, menace gravement la liberté religieuse. En 2011, j'ai occupé le poste de représentant de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) pour la lutte contre le racisme, la xénophobie, l'intolérance et la discrimination à l'égard des chrétiens et des membres d'autres religions. J'ai acquis une certaine célébrité (ou notoriété, selon le point de vue) en me querellant avec l'Irlande, un pays qui s'inquiétait (à juste titre) de l'implication du clergé catholique dans les abus sexuels et qui a tenté (à tort) d'utiliser cette préoccupation pour légiférer contre le secret de la confession. J'ai également fait partie de plusieurs commissions laïques et catholiques qui ont enquêté sur les horreurs des abus sexuels commis par des clercs, et j'ai étudié ces problèmes pendant des décennies.

    La controverse sur la confession présente deux aspects. Premièrement, le secret de la confession fait partie de l'essence même de l'Église catholique. C'est l'une de ses institutions et l'un de ses principes les plus sacrés, et il existe des secrets similaires dans d'autres religions. L'idée que les religions ne devraient pas avoir de secrets, ou que les États ont le droit de les connaître tous, méconnaît le lien millénaire entre sacré et secret.

    Le 20 mars 1393, le roi de Bohême Wenceslaus IV a fait arrêter, torturer et jeter du pont Charles à Prague dans la rivière Vitava un prêtre catholique appelé Jean Népomucène, où il est mort. Le crime de Jean était d'avoir refusé de discuter avec le roi de ce qu'il avait appris en confession de sa femme, la reine Sofia. Jean a ensuite été canonisé par l'Église catholique en tant que martyr du secret de la confession et incarnation du principe selon lequel les prêtres catholiques doivent mourir plutôt que de briser le sceau de la confession. Le droit canonique réaffirme ce point. Les prêtres qui violent le secret de la confession, même pour obéir à des lois séculaires ou pour sauver leur propre liberté et leur vie, sont excommuniés.

    Le deuxième aspect de la controverse est qu'il s'agit en grande partie d'un drapeau levé pour des questions de principe. Dans ma propre étude des abus sexuels au sein de l'Église catholique, qui date de dix ans, je n'ai jamais rencontré de prêtre qui ait été confronté au dilemme de révéler ce qu'il avait appris en confession ou de laisser un agresseur sexuel en liberté. Les criminels qui abusent des mineurs ne vont pas déverser leurs secrets en confession. La jurisprudence canonique connaît de rares cas (survenus pour la plupart dans les siècles passés) de prêtres immoraux s'absolvant mutuellement en confession. S'ils étaient pris, ils étaient excommuniés, mais comme ils faisaient tous partie des mêmes réseaux criminels, ils n'auraient pas dénoncé les autres, et eux-mêmes, à la police.

    Les mineurs abusés par des prêtres peuvent le dire à d'autres prêtres, mais pourquoi devraient-ils le faire dans le contexte rituel de la confession ? Sans compter que le pourcentage de catholiques en général qui se confessent a dramatiquement diminué, et qu'il existe des paroisses, certainement en France, où seule une poignée de vieux fidèles irait se confesser. Et que ceux qui ont commis des actes honteux ou illégaux en général ne les confesseraient pas s'ils n'étaient pas sûrs que le sceau du confessionnal garantit que ce qu'ils disent au prêtre ne sera rapporté à personne d'autre.

    Dans le cas improbable où une victime parlerait de l'abus en confession, le prêtre peut toujours lui demander de répéter l'histoire une fois que le rituel de la confession a été clôturé par la formule sacramentelle de l'absolution. Bien entendu, les révélations à un prêtre en dehors de la confession ne sont pas couvertes par le sceau du confessionnal.

    Tous les ministres Schiappa de ce monde ne semblent pas comprendre comment les confessions fonctionnent réellement au 21e siècle. Ils ne se soucient pas non plus profondément de la liberté religieuse, qui est un problème non moins grave que les crimes commis par les abuseurs cléricaux.

  • France : Abus sexuels : le Club des Hommes en Noir débat du rapport Sauvé

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    Le Club des Hommes en Noir avec les abbés Barthe, Tanouärn et Celier ainsi que Jeanne Smits, sous. la direction de Philippe Maxence, livre une analyse du rapport sur Les violences sexuelles dans l'Église catholique, France 1950 - 2020, rendu public le mardi octobre 2021 par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE). Rapport demandé à Jean-Marc Sauvé par la Conférence des évêques de France.

     

    Ref. Abus sexuels : le Club des Hommes en Noir débat du rapport Sauvé

    JPSC

  • France : Mgr de Moulins-Beaufort va défendre le secret de la confession devant Gérald Darmanin

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    Le président de la Conférence des évêques de France rencontrera le 12 octobre le ministre de l’Intérieur pour « s’expliquer sur ses propos » au sujet du secret de la confession. Interrogé sur France Info après la remise du rapport sur les abus sexuels dans l’Eglise, il expliquait en quoi ce secret était « plus fort que les lois de la République ». Un compte rendu précis fait le point avec clarté sur le site web du magazine « Famille chrétienne » :

    mgr_de_moulins_beaufort.jpg« Le Président de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Éric de Moulins-Beaufort, a reçu du ministre de l’intérieur à 13h15 un message [exprimant son] souhait de ‘’convenir d’un entretien’’ », a fait savoir la CEF dans un communiqué ce jeudi 7 octobre. Ce rendez-vous se tiendra le 12 octobre à 14 heures, a-t-elle précisé. En cause, la déclaration de Mgr de Moulins-Beaufort le 6 octobre sur France Info expliquant en quoi le secret de la confession était « supérieur aux lois de la République », pour reprendre les mots des journalistes qui l’interrogeaient au lendemain de la remise du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise. Ce rapport préconise justement la levée du secret de la confession en cas de révélation d’abus sexuels, ravivant un débat récurrent depuis plusieurs mois.

    Les prêtres soumis au secret professionnel

    Les propos de l’archevêque de Reims ont provoqué un tollé sur les réseaux sociaux, si bien qu’il a « souhaité apporter des précisions » dans un communiqué le soir même sur Twitter. « Il ne faut pas opposer le secret de la confession aux lois de la République puisque celles-ci n’imposent pas sa levée (Articles 226 13 et 14), a-t-il précisé. « Mgr Éric de Moulins-Beaufort sera heureux d’échanger avec M. le Ministre de l’Intérieur sur le sens du sacrement de la confession pour les catholiques et sur les fondements théologiques, spirituels et canoniques du secret de la confession. Ce sera pour lui l’occasion de rappeler qu’aujourd’hui, le secret de la confession, imposé aux prêtres par le droit canonique, n’est pas contraire au droit pénal français, comme le souligne la circulaire de la chancellerie du 11 août 2004 », a déclaré à son tour la CEF dans son communiqué du 7 octobre après-midi.

    Certains des contradicteurs de Mgr de Moulins-Beaufort brandissaient l’article 434-3 du code pénal, punissant l’absence de dénonciation en cas de violences sexuelles. L’article indique que « le fait, pour quiconque ayant connaissance d’agressions ou atteintes sexuelles infligés à un mineur de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives […] est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende. » Une peine qui monte à « cinq ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende » pour des faits concernant un mineur de moins de 15 ans.

    En réalité, la loi française n’oblige pas les prêtres à briser le secret de la confession pour révéler des cas d’abus sexuels.  « Cette obligation de dénonciation ne s’applique pas pour les personnes soumises au secret professionnel, ce qui est le cas des prêtres lors de la confession ou de leurs mission de ministres du culte », précise l’avocat Me Emmanuel Le Miere à Famille Chrétienne. En effet les prêtres sont soumis au secret professionnel dans le cadre d’une jurisprudence de 1891, qui confirme celle de 1810. « La loi de 1905 n’y a rien changé », poursuit Me Le Miere. La trahison du secret professionnel est punie par la loi française « d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. » (article 226-13 du code pénal).

    Ces sanctions ne s’appliquent pas si le professionnel choisit d’alerter les autorités compétentes dans plusieurs cas exceptionnels, notamment les cas de « violences physiques, sexuelles ou psychiques ». Article 226-14 du code pénal). Mais le professionnel n’est pas obligé d’alerter. Ainsi le prêtre n’est pas « contraint » par la loi française de briser le secret de la confession –secret professionnel aux yeux de la loi – en cas d’abus sexuel. Et le droit canon, quant à lui, le lui interdit.

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    La loi française pourrait lever le secret de la confession

    Un risque réel plane cependant sur le secret de la confession en France : « Le fait que les prêtres soient soumis au secret professionnel [protégeant ainsi le secret de la confession] est simplement le fait d’une jurisprudence et non d’une loi spécifique, comme c’est le cas pour les avocats, alerte Me Emmanuel Le Miere. Ainsi, une nouvelle loi pourrait être votée pour défaire les prêtres du secret professionnel, ou les obliger à le rompre dans certains cas notamment les cas d’abus. »

    Que faudrait-il faire, dans ce cas où le droit français s’opposerait alors frontalement au droit canon ? « Ce dernier n’a aucune valeur aux yeux de la République. Il faudrait passer par les juridictions internationales, notamment la cour européenne des droits de l’homme et son article 9 évoquant la notion de ‘’confident nécessaire’’ », explique Me Le Miere. Pour l’heure, impossible de savoir jusqu’où envisage d’aller Gérald Darmanin. Inutile d’imaginer en tout cas une réforme du droit canon sur le secret de la Confession. Ce point « ne peut même pas être discuté en droit Canon, il est inaliénable », souligne le père Thomas Poussier, qui a publié en février l’ouvrage Le secret de confession (Salvator). En 2019, alors que la crise des abus sexuels battait déjà son plein, la pénitencerie apostolique avait déjà rappelé dans une note que le secret de la confession était « inviolable ».

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  • Rapport Sauvé : Abus, la sécularisation est le problème et non la solution

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    De Stefano Fontana dans la Nuova Bussola Quotidiana, un article traduit et diffusé par le site web « Benoit et moi » :

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    « Les abus sexuels constituent un problème grave pour l’Église, mais il ne suffit pas de demander pardon : il faut comprendre pourquoi cela s’est produit, mais avec les critères de l’Église, et non ceux du monde. Au contraire, nous allons dans la direction opposée, en promouvant cette sécularisation qui est précisément la cause de l’effondrement de la moralité.

    Le rapport de la Commission Sauvé sur les abus perpétrés au cours des 70 dernières années par des membres du clergé français sur des mineurs, dont nous illustrons les détails dans un autre article, comporte de nombreux aspects qui doivent être clarifiés et précisés, mais le phénomène décrit et, pour ce qui est des chiffres, estimé, est l’un des aspects les plus préoccupants que l’Eglise doit affronter aujourd’hui.

    Cependant, l’Église ne doit pas se limiter à demander pardon, comme l’a fait immédiatement le président des évêques français, mais doit également faire un grand effort pour comprendre ce qui s’est passé et surtout pourquoi. Pour ce faire, elle ne peut et ne doit pas utiliser uniquement les critères du monde, qui doivent être écoutés dans leurs aspects investigateurs, mais surtout les siens. L’évaluation de ce triste phénomène ne peut être confiée ni à des commissions, ni à la justice ordinaire, ni à des statistiques, ni à l’opinion publique. Son interprétation approfondie doit être faite par l’Église selon ses propres critères théologiques et juridiques. Ce n’est pas pour que l’Église puisse plus facilement s’absoudre et échapper à la condamnation du monde, mais au contraire, pour qu’elle puisse plonger le scalpel plus profondément dans sa propre chair et mieux entrevoir les remèdes.

    On a au contraire l’impression inverse, à savoir que l’Église s’est empressée d’identifier le « cléricalisme » comme la cause de ces maux, se reprochant ainsi de ne pas être suffisamment ouverte aux considérations du monde. Il y a donc eu un renoncement progressif à regarder profondément en soi, pour se concentrer presque exclusivement sur sa prétendue lenteur à adopter les critères d’évaluation du monde. On se souviendra que François, en réponse au scandale des abus, a immédiatement privé l’Église de ses propres systèmes d’enquête et de l’utilisation de son propre code juridique, exigeant des évêques qu’ils signalent immédiatement tout soupçon d’abus au pouvoir judiciaire. La justice de l’Église a été complètement remplacée par celle de l’État.

    La Commission Sauvé est également un exemple de ce renoncement. Son président est un Grand Commis de la République française et il a reçu le pouvoir de choisir tous les membres de la Commission. Dans l’abstrait, le critère d' »indépendance » est valable, mais il ne doit pas être interprété dans un sens unique : l’indépendance de jugement ne concernerait que le monde séculier et pas l’Église.

    Il est également significatif que la Commission exprime toute une série de recommandations – 45 pour être précis – adressées à l’Eglise sur la manière dont elle doit se comporter à l’avenir face à ces situations déplorables, et que nombre d’entre elles concernent, comme le précise expressément la Présentation, « des propositions sur la théologie, l’ecclésiologie et la morale sexuelle ». Ces recommandations tendent à limiter le secret du confessionnal, à réduire le rôle du prêtre en tant que tel en utilisant l’accusation bien connue de « cléricalisme », et vont même jusqu’à recommander – dans la recommandation numéro 4 – de reprendre et de développer ce qui avait été suggéré par le Synode d’Amazonie concernant l’ordination sacerdotale des hommes mariés : les viri probati.

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  • France : Le rapport Sauvé fait-il peser une menace sur l’Église ?

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    Purgatif ou boîte de Pandore ?  Lu sur le site web du mensuel « La Nef » ce jeudi 7 octobre :

    "Ce Rapport, a-t-on dit, allait constituer une « bombe » pour l’Église catholique.

    boite-pandore.jpgLes faits dénoncés sont déjà connus du public depuis plusieurs années. La nouveauté, c’est le diagnostic de leur ampleur, en France, et la publication de nombreux témoignages saisissants. Nouvelle, aussi, est la révélation de l’action prédatrice de nombreux laïques, comme aussi la mise en perspective des crimes de cette nature commis dans l’Église et dans le cadre d’autres institutions

    Il faut saluer le courage de l’épiscopat pour avoir décidé la mise en œuvre de cette enquête. Certes, en retard sur d’autres épiscopats, il ne pouvait pas ne pas prendre cette décision. Cependant, ce n’est pas parce que l’on est acculé à un choix que se trouve exclue la possibilité de l’affronter avec courage. Ce courage, l’épiscopat l’a eu, pour garantir le plus d’objectivité possible à l’enquête.

    Ce Rapport présente-t-il un danger pour l’Église catholique ? Assurément, la nausée qu’il provoque est de nature à détourner d’elle de nombreuses personnes, abattues par tant de vice et d’hypocrisie cléricale, tant d’exploitation révoltante du sacré et de la dignité sacerdotale auprès des faibles.

    Pour être des plus crue, la lumière projetée par ce Rapport n’en est pas moins salutaire. Non pour porter au misérabilisme collectif ; ni pour porter les catholiques, comme certains clercs s’empressent de le faire, à dire stupidement qu’ils « ont honte de leur Église », mais pour prendre l’exacte mesure d’un mal, s’en instruire utilement et s’en corriger, comme nous y porte l’expérience de chacune de nos chutes.

    Nos chutes. Cette relation à la responsabilité de chacun est importante. L’Église, en effet, est une institution. Mais elle n’est pas une institution comme une autre. Elle est un corps « mystique », c’est-à-dire caché, le Corps mystique du Christ, en lequel s’opère une intercommunication de tous ses membres. Le bien fait par chacun contribue à l’élévation de tous, tandis que le mal opéré affecte l’ensemble.

    Le danger du Rapport est de faire perdre précisément de vue aux catholiques eux-mêmes la nature de leur Église, et que ses organes, ses institutions, n’épuisent pas, loin s’en faut, tout son être. Le danger est d’imposer à leurs yeux l’image d’une institution sociale parmi d’autres, dont les désordres prétendument « systémiques » appellent des remèdes de même nature que ceux qui affectent toutes les autres.

    L’inclination sera forte dès lors, ici ou là, après un tel état des lieux, de dresser des diagnostics focalisés sur la gestion de la sexualité et de ses frustrations, et de proposer conséquemment des solutions sociales supposément réformatrices propres à les vaincre : le mariage des prêtres, l’introduction du sacerdoce des femmes, l’abolition du secret de la confession sacramentelle. C’est la pente suivie par l’épiscopat et la frange dominante du catholicisme allemand, jusqu’à l’hérésie incluse, par l’effondrement de l’ecclésiologie croyante dans le sociologisme naturaliste et mondain.

    Cette pente, et la tentation réelle qui l’accompagne, est importante à observer. Elle révèle que s’il existe ou a existé un immense désordre moral chez de nombreux clercs ou laïques dans le domaine de la sexualité, un autre désordre, autrement plus grave et plus profond est en arrière-plan, doctrinal celui-là, qui peut faire tourner le diagnostic opéré sur la prédation pédophile à la ruine de l’Église tout entière.

    Elle manifeste aussi la réalité du concours, voire de la connivence entre ces deux désordres : celui de la dépravation sexuelle et celui de la dépravation théologique, l’une servant finalement l’autre et tous deux concourant de fait aux mêmes fins.

    Ces observations, me semble-t-il, sont de nature à alerter la conscience droite des fidèles. La pourriture qui accompagne la marche difficile de l’église en ce monde n’est pas chose nouvelle. Celle qui nous est à présent signalée appelle, non pas une échappée dans un sociologisme destructeur, commandé par les impératifs des idéologies à la mode, sous couvert de bons sentiments et de compassion pour les victimes, mais un redressement théologal puissant, l’exigence d’un regard de foi plus aigu, plus pur, plus exigeant, fondé sur la prière, le sacrifice, la réparation.

    Au fond, comme tout scandale crucifiant, celui qui est aujourd’hui jeté en pâture au monde met chacun de nous devant ce choix : être davantage chrétien, ou cesser tout à fait de l’être.

    Patrick Poydenot "

    Ref.  Le rapport Sauvé fait-il peser une menace sur l’Église ?

    JPSC

  • France : le secret de la confession dans le collimateur, premier résultat du Rapport Sauvé ?

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    Mgr de Moulins fd2919149900e78727c26519f459fb62de7827e2.jpg

    Lu sur le site web « Salon beige » :

    « Communiqué de Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France :

    Le Président de la Conférence des évêques de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, a reçu du ministre de l’intérieur, M. Gérald Darmanin, ce jour à 13h15, un message par lequel M. le Ministre exprime le souhait de « convenir d’un entretien ».

    Mgr Éric de Moulins-Beaufort a fait savoir, par son secrétariat, à 14h45, qu’il acceptait cette invitation. Il rencontrera ainsi M. Gérald Darmanin le mardi 12 octobre à 14h.

    Mgr Éric de Moulins-Beaufort sera heureux d’échanger avec M. le Ministre de l’Intérieur sur le sens du sacrement de la confession pour les catholiques et sur les fondements théologiques, spirituels et canoniques du secret de la confession. Ce sera pour lui l’occasion de rappeler qu’aujourd’hui, le secret de la confession, imposé aux prêtres par le droit canonique, n’est pas contraire au droit pénal français, comme le souligne la circulaire de la chancellerie du 11 août 2004.

    La confession est aussi un moment durant lequel une personne victime, par exemple un enfant, peut évoquer ce qu’elle a subi, et être rassurée sur son innocence… parce que la certitude du secret lui permet de livrer ce qui lui est le plus difficile. Ce temps peut être alors, sur les encouragements du prêtre qui reçoit cette confession, une première étape dans la libération de la parole, en dehors du sacrement.

    Le secret de la confession a toujours été respecté par la République française. C’est l’honneur de la République française que de respecter ainsi la dignité de la conscience de chacun. »

    Ref. Secret de la confession : soutien à Mgr de Moulins-Beaufort convoqué par le ministre Darmanin

    JPSC

  • France: qui sont les membres de la très indépendante commission sur les abus sexuels dans l’Église (ciase)?

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    La Ciase va rendre son rapport le 5 octobre 2021, après plus de deux ans de travail. Les 21 membres qui entourent le président de la Commission, Jean-Marc Sauvé (photo) vice-président hre du Conseil d'Etat Français, ont tous des parcours très différents. Explications de Sophie Lebrun sur le site web de « La vie » mises à jour le 4 octobre 2021 au milieu des exercices cathartiques déjà préventivement publiés à son de trompes par les médias cléricaux :

    « À l'annonce en novembre 2018 de la création d'une « Commission indépendante sur les abus sexuels sur mineurs et personnes vulnérables dans l’Église » (Ciase), une question se posait : quelle « indépendance » pouvait avoir cette structure finalement créée par les évêques de France ? La nomination à sa présidence, le 20 novembre, de Jean-Marc Sauvé a été un premier signe de la volonté de l’Église catholique de donner carte blanche à cette commission.

    « C'est un grand serviteur de l'État qui a montré par mille missions périlleuses et difficiles qu'il était à la hauteur de la situation avec impartialité. C'était difficile de trouver mieux », commentait alors Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieuses et religieux de France (Corref).

    A lire aussiAbus sexuels dans l’Église : La commission Sauvé veut libérer la parole

    La liste des 21 membres choisis par le vice-président honoraire du Conseil d’État est venue le confirmer. Ceux qui craignaient un « entre-soi catholique » seront rassurés : la commission rassemble d'abord des spécialistes de la protection de l'enfance. C’est le cas notamment de Jean-Pierre Rosenczveig, magistrat de renom, expert Unicef et membre du bureau du Conseil national de la protection de l'enfance ou de Carole Daminani, directrice de l'association Paris Aide aux victimes ou encore de la vice-présidente de la Commission de lutte contre la maltraitance du Haut Conseil de la famille, Alice Casagrande. Ces personnalités, qui font toute autorité dans leur discipline, ont une longue expérience de l'écoute des victimes, de l'enquête et de l'analyse à partir de cas complexes.

    Les « spécialistes » du christianisme rejoignant la Commission sont du même acabit dans leur domaine : Jean-Marc Sauvé a trouvé un équilibre entre un très bon connaisseur des milieux catholiques, l'historien Philippe Portier, spécialiste du rapport entre politique et religion, et deux théologiens reconnus pour leur regard sur l'éthique : le catholique Joël Molinario est professeur à l'Institut catholique de Paris, directeur de l'Institut supérieur de pastorale catéchétique et expert au Vatican auprès du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation ; la protestante Marion Muller-Colard est docteure de la Faculté protestante de l'Université de Strasbourg et membre du Comité consultatif national d'éthique (CCNE).

    Le dossier de présentation de la Ciase souligne de façon crédible que « les opinions philosophiques et religieuses sont diverses : elle compte des croyants de différentes confessions ainsi que des incroyants, agnostiques ou athées ».

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    L'absence des victimes

    Pas de victimes, s'est toutefois désolée l'association La Parole Libérée. Ni d'experts qui traitent particulièrement des abus sexuels sur mineurs ou personnes vulnérables : le choix du président Sauvé est assumé, car il estime ainsi garantir une « impartialité » au travail de la commission. « Pas de combat ni d’engagement derrière soi, explique-t-il au Monde. C’est également la raison pour laquelle j’ai décidé, après m’être posé la question, de ne pas faire siéger de représentants d’associations de victimes. »

    Les 22 membres de la Commission, président compris, se retrouvent dès le vendredi 8 février pour leur première réunion de travail. Ils devront agir vite : on attend qu’ils adoptent une méthodologie et un plan d'action dans un délai de trois mois. « Les méthodes de travail de la commission seront déterminées par elle seule », affirme le dossier de présentation de la Commission tout en martelant : « La commission ne dépend de personne, ne reçoit aucune directive de quiconque. »

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    Ref.

    Ciase : qui sont les membres de la très indépendante commission sur les abus sexuels dans l’Église ?

    JPSC

  • Liturgie : A propos du motu proprio « Traditionis custodes » dégradant la forme extraordinaire du missel romain: une question de sémantique

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    « Comment nommer ce missel mis à l’index (tiens…) par le pape François ? La question est-elle superflue ou byzantine ?

    missale-romanum-1962-grand-format.jpgNous ne le croyons pas un instant. Nommer les choses est de la plus haute importance, les Écritures en témoignent à de nombreuses reprises. Le nom c’est l’être et comme le disait Camus : mal nommer les choses c’est ajouter du malheur au monde. Comment donc faut-il nommer ce missel qui est au centre de la question religieuse depuis plus de cinquante ans ? Missel tridentin, de saint Pie V, de saint Jean XXIII, ancien missel, missel traditionnel, missel grégorien, missel en latin, missel de 1962… Écartons immédiatement les appellations de forme ordinaire et extraordinaire que le pape François a biffé de sa plume même s’il serait instructif de revenir sur ce sujet spécifique d’une double forme du rit romain.

    Plus que de missel, il convient de parler de messe et plus largement de liturgie. Quel que soit le respect que l’on porte et que l’on doive à l’objet que le prêtre embrasse, le missel n’est jamais qu’un support alors que la messe est la réalité sacramentelle. On pourrait se passer du livre, pas des prières qu’il renferme (j’ai souvenir d’un chanoine pyrénéen aveugle qui célébrait par cœur la messe votive à la sainte Vierge et nombreux sont les témoignages de prêtres qui ont célébré mentalement dans les camps de tous les totalitarismes dont la modernité est profuse). Quant à la liturgie, elle recouvre des réalités plus vastes puisqu’elle englobe dans une même cohérence cultuelle non seulement la messe, mais encore l’Office divin, les autres sacrements, les sacramentaux et qu’elle va jusqu’à façonner la civilisation.

    C’est donc globalement de liturgie dont nous parlons tous, le pape comme nous autres ; et au fond de cette question s’affrontent deux approches liturgiques.

    Deux approches divergentes de la liturgie.

    L’une, héritière du mouvement liturgique qui inspira la réforme demandée par le concile Vatican II, menée à bien par ses principaux théoriciens, est visible partout. Cette conception liturgique fait du rit un enjeu pastoral. La liturgie est le rassemblement de la communauté qui prie ensemble, fait mémoire et célèbre. Partant de l’idée neuve que la liturgie doit être accessible immédiatement, elle doit faire ressentir l’appartenance à une communauté, elle doit répondre aux attentes concrètes des situations de vie incarnée des participants, elle fait cercle. Pour parvenir à ses fins, elle doit donc user des artifices des modes du temps. Elle assume d’être du monde et de s’en inspirer pour mieux toucher les hommes de ce temps. Tout ceci est demandé textuellement par le concile Vatican II dans Sacrosanctum concilium : révision des livres liturgiques en faisant appel à des experts (n°25) ; promotion de la participation active en favorisant acclamations, actions, gestes et attitudes corporelles (n°30) ; simplicité, brièveté, suppression des répétitions, rites adaptés à la capacité de compréhension des fidèles (n°34) ; utilité de la langue du pays dans toute la liturgie (n°36) ; adaptation des rites à la diversité des assemblées, des régions, des peuples… (n° 38) ; efficacité pastorale (n°40) ; adaptations des rites aux nécessités de notre temps (n°62)… Pour respecter ces principes il est donc nécessaire de réviser continuellement, d’adapter et de dater. Cette compréhension de la liturgie est par nature progressiste et vouée à d’incessantes évolutions puisqu’elle veut répondre aux attentes des hommes du jour.

    L’autre approche, traditionnelle en ce sens que c’est celle constante et ininterrompue de l’Église jusqu’à aujourd’hui compris (même si c’est de manière limitée et restreinte depuis 1969) comprend la liturgie comme le culte public que l’Église rend à Dieu par diverses expressions, artifices et moyens (sens, objets, temps, espace…) car tout vient de Dieu et que tout est pour Dieu. La liturgie c’est la manière concrète pour les hommes de répondre à la première table du décalogue et à la première demande du Pater. Elle est verticale car elle relie le Ciel et la terre, hiérarchique comme toute la création, orientée vers notre source et notre fin. La liturgie c’est la « joie de Dieu » (Alcuin), c’est la lumière du monde ; comment prétendre aménager la lumière ? Comment vouloir l’adapter ? Je ne peux m’empêcher de songer à cette réflexion de Sylvain Tesson sur un sujet pas si éloigné de notre réflexion : « Il fallait que les hommes fussent drôles pour s’imaginer qu’un paysage eût besoin qu’on l’aménageât. D’autres parlaient d’augmenter la réalité. Un jour peut-être s’occuperaient-ils d’éclairer le soleil ? (Sylvain Tesson, Sur les chemins noirs, 2016, Gallimard). La liturgie n’est pas une invention, une création, elle ne nous appartient pas et ne peut être le fruit de notre créativité. Elle n’est pas le fruit d’une volonté mais un héritage. La liturgie est l’expression de la foi catholique, elle s’est longuement sédimentée, sans autre but précis que de rendre gloire à Dieu ; elle est l’aboutissement de 2000 ans de christianisme non sans quelques apports du culte de l’ancienne alliance. Si la codification et la normalisation ont connu des étapes importantes (la Réforme Grégorienne ou le concile de Trente par exemple), le rit ancien est le fruit de la longue et lente maturation spirituelle de tous ceux qui nous ont précédés et avec qui nous sommes en relation par la communion des saints. La liturgie par essence se méfie de la nouveauté et des idées personnelles. La liturgie qui englobe tous les mystères de notre foi et qui rend Dieu présent (par la réunion des baptisés en son nom, par sa Parole et plus encore dans l’Eucharistie), n’est que lentement pénétrable bien qu’elle soit immédiatement aimable. La liturgie, en cachant, possède la paradoxale particularité de désigner : c’est entre autre tout l’usage liturgique des voiles qui attirent l’attention sur ce qu’ils dissimulent par la majesté, la délicatesse et la beauté dont ils usent ; on pourrait en dire autant de la langue sacrée et de l’orientation. Il faut accepter humblement et patiemment cette difficulté à saisir certains aspects des rites, c’est la condition d’un enthousiasme inlassable, d’un émerveillement sans cesse renouvelé et d’un progrès spirituel véritable. De même qu’on ne devient pas saint Jean de La Croix ou sainte Catherine de Sienne un petit matin en laçant ses souliers, on ne peut approcher les réalités insondables que renferme l’écrin liturgique d’un coup de baguette magique ou par une invention de l’équipe d’animation pastorale.

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  • Le cardinal Sarah, ni traditionaliste, ni progressiste, mais intransigeant

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    «Je ne suis ni traditionaliste, ni progressiste. J’enseigne ce que les missionnaires m’ont enseigné. Je veux être fidèle, c’est tout.» Le cardinal Robert Sarah n’aime pas les étiquettes. Mais il admet celle d’intransigeant «parce que Dieu est exigeant, parce que l’amour est exigeant».

    A lire sur cath.ch

  • Eglise romaine et Liturgie : pour une véritable réforme.

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    Lu dans l’ Éditorial du bimensuel « L’Homme nouveau rédigé par Philippe Maxence le 17 septembre 2021

    « Depuis la publication du motu proprio Traditionis custodes, l’inquiétude des catholiques vivant de la forme extraordinaire ne cesse de grandir. Est-elle fondée ? J’ai dit ici même que des informations convergentes laissaient entendre que les séminaires des instituts traditionnels seraient particulièrement visés. Leurs supérieurs ont de ce fait publié un communiqué commun (disponible sur notre site) faisant part de leur crainte et demandant un évêque comme médiateur. Comme le remarquait Jean-Marie Guénois dans Le Figaro (4 septembre 2021), ils n’ont, en effet, plus d’interlocuteur à Rome alors que certains membres de la Curie rêvent de prendre leur revanche sur une famille spirituelle riche en vocations et qui à leurs yeux incarne le pontificat de Benoît XVI.

    Le thermomètre de l’inquiétude grimpe

    À vrai dire, l’inquiétude commence à gagner également certaines communautés qui célèbrent la forme ordinaire en tentant de l’inscrire dans une herméneutique de la continuité. Craintes là aussi vaines ? L’avenir le dira concrètement, mais le passé récent parle. Il y a un an, la Congrégation pour le Clergé ordonnait la fermeture du séminaire diocésain de San Rafael en Argentine. Son crime ? Continuer à distribuer la communion de manière traditionnelle. On se souvient aussi de l’affaire des Franciscains de l’Immaculée, congrégation très florissante et dont les prêtres célébraient dans les deux formes. Elle a été anéantie. Faut-il rappeler aussi la triste affaire des Petites Sœurs de Marie Mère du Rédempteur, absolument pas traditionalistes, mais dont les usages ont été jugés trop conservateurs ? Cette congrégation, aussi, a été réduite à sa plus simple expression. En juillet dernier, au Costa Rica, la conférence épiscopale a non seulement interdit toute célébration de la forme extraordinaire mais aussi celle de la forme ordinaire en latin, tournée vers l’orient, ainsi que l’utilisation de vêtements liturgiques anciens. Un prêtre aurait été sanctionné dans ce sens. Forts de ces faits, des laïcs ont signé une Lettre aux catholiques du monde entier en demandant au Pape de revenir sur son motu proprio (texte sur notre site). Même demande de la part d’un prêtre, l’abbé Pellabeuf, au nom du respect e la constitution de Vatican II sur la liturgie? (ici).

    Prendre acte du réel

    Le constat est donc là : la paix liturgique installée par Benoît XVI semble brisée ; les discussions reprennent et les oppositions s’affirment. Au nom de quoi ? De la fidélité au concile dont nombre d’historiens affirment aujourd’hui qu’il a représenté dans les faits davantage l’étendard d’une remise en cause permanente qu’une règle certaine. Dans son dernier livre, L’Ivresse et le Vertige (1), l’historien Yvon Tranvouez, venu pourtant de l’extrême-gauche de Dieu et qui partage avec François une admiration pour Michel de Certeau, note ainsi que « Vatican II n’est plus qu’un mot de passe, un pavillon de complaisance ». Les mots sont forts. Ils traduisent au moins une certaine réalité trop souvent mise de côté par les clercs. Et pourtant, l’Église a besoin d’une véritable réforme pour faire face à un monde anti ou postchrétien pour que ses fidèles aillent au Ciel.

    Dans une telle situation, la première urgence, le premier pas d’une telle réforme serait de prendre acte de la réalité et de cesser de vivre comme si le monde ne reniait pas le christianisme. Voici des années que nous demandons une vraie réforme. Voici des années que nous l’attendons. Ecclesia semper reformanda : l’Église est toujours réformable. Encore faut-il la vouloir et la voulant, la réaliser.

    Difficile mais d’autant plus nécessaire

    Réforme encore, ou plutôt refondation, cette fois-ci. Le mot vient à l’esprit en observant le jeu des primaires en vue de l’élection présidentielle ainsi que les déclarations de candidature. Pas sûr que nous allions ainsi à l’essentiel. L’homme étant d’abord et par nature un être sociable et politique, il est urgent de dépasser les simples joutes électorales pour avancer vers une refondation d’une véritable polis. C’est le sens d’une tribune libre de notre ami Guilhem Golfin (2) dont nous faisons nôtre la conclusion : « il n’est d’autre voie que de procéder à une refondation politique afin de retrouver le sens de la communauté politique, du droit et de la justice, de la res publica authentique. L’avenir de la France passe par un tel changement, à fondement moral et spirituel. Y parvenir sera difficile, mais suppose pour commencer d’en percevoir la nécessité »…

    1. Yvon Tranvouez, L’Ivresse et le Vertige, DDB, 252 p., 20,30 €.
    2. Valeurs actuelles, 9 septembre 2021. Auteur notamment de Babylone ou l’effacement de César, Éditions de L’Homme Nouveau, 128 p., 12 €.

    Ref. Pour une véritable réforme !

    JPSC

  • Olobi nini : « demokarasi azali mobali soko mwasi ? ». De 1960 à 2021, un concept toujours pas tiré au clair en RDC…

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    Décidément, Kinshasa et le pouvoir en République "démocratique" du Congo semblent retrouver certains des mauvais réflexes qui étaient de mise sous l’ancien régime tant décrié. Un commentaire d’Hubert Leclercq sur le site web de la "Libre Afrique" :

    « Ce mercredi 15 septembre 2021, une manifestation qui se voulait pacifiste emmenée par des partis politiques, des représentants de la société civile et des mouvements citoyens a été violemment prise à partie par les forces de l’ordre avant même de s’élancer.

    Une attitude déjà condamnée par le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme en République démocratique du Congo (BCNUDH) MONUSCO-HCDH. En marge de ses violences, les policiers s’en sont également pris  à des journalistes qui faisaient leur travail, notamment Patient Ligodi, correspondant pour RFI et responsable du site d’informations Actualite.cd.

    Le journaliste, comme on peut le voir sur certaines vidéos sur les réseaux sociaux, a été tabassé par les policiers.

    Décidément, le pouvoir en place, accueilli comme une délivrance, comme la transition « démocratique » tant attendue en RDC, poussé dans le dos par une certaine communauté internationale prompte à oublier les « manquements démocratiques » du scrutin qui l’ont amené à la tête de l’Etat, commence à montrer un autre visage. Celui d’un pouvoir qui dérive déjà dangereusement, n’hésitant pas à molester et séquestrer les journalistes un peu trop critiques, comme ce fut le cas la semaine dernière avec la journaliste Tatiana Ossango et son collègue Michael Mika Ndeke. Les deux ont été arrêtés et séquestrés pendant une semaine dans les cachots de l’ANR, le service de renseignement, sans qu’aucune charge ne leur soit imputée, sans avoir accès à leurs avocats. Ils ont finalement été libérés en début de semaine.

    Dans le cas de Patient Ligodi, ce mercredi, il s’agirait d’une « bavure » !  Tatiana Ossango, elle, dans une conférence de presse surréaliste (digne des régimes dictatoriaux) a dû expliquer qu’elle avait été bien traitée, que les agents de l’ANR qui l’ont kidnappée en pleine rue alors qu’elle revenait paisiblement du marché avec sa fille de 4 ans, avant de la séquestrer pendant 12 jours,  s’étaient comportés comme de vrais parents !

    Mais les faits sont éloquents. Des journalistes qui faisaient simplement leur travail ont été arrêtés et/ou violentés. Les faits sont têtus. Et ces dérives sont des signes très inquiétants dans cette République que l’on voudrait vraiment démocratique du Congo.

    Ref. RDC : Les journalistes ciblés !

    JPSC