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Justice - Page 28

  • Motu Proprio « Traditionis Custodes » : les portes claquent

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    Andrea Grillo hqdefault (1).jpgD’aucuns se sont réjouis un peu vite de l’ouverture méritante quoique prudente au Motu Proprio « Traditionis custodes » esquissée par le Père-Abbé de l’importante abbaye bénédictine de Fontgombault dans un commentaire publié par l’hebdomadaire « Famille chrétienne ». Cliquez ici: Dom Pateau : « Il faut sortir de ce combat liturgique qui épuise l’Église »

    Voici la réponse fourchue que vient de lui adresser Andrea Grillo (photo ci-jointe) le plus connu des inspirateurs avérés de la prose militante du Motu Proprio signé par le pape François.

    “Cher Père Abbé,

    Dans l’interview publiée par “Famille Chrétienne” le 19/7, reprise avant-hier par le blog Messainlatino dans une traduction italienne, j’ai trouvé avant tout un esprit bénédictin de réconciliation et de paix. En cela, je suis pleinement d’accord avec vous. L’année dernière, avec un groupe de théologiens européens et américains, nous avons écrit un livre électronique sur le thème de la “réconciliation liturgique”, perspective que vous considérez également comme absolument décisive. Vos propos sont également très clairs en soulignant l’objectif de “ne pas rejeter” le texte du nouveau Motu Proprio (=MP) du Pape François, qui abroge “Summorum Pontificum” (=SP). Vous avez eu le courage de prononcer ce mot fort, spécialement dans votre milieu, et j’y trouve un signe de la grande tradition bénédictine qui caractérise non seulement votre Abbaye, mais aussi les Abbayes dans lesquelles j’ai appris à connaître et à reconnaître la force de la liturgie : Sainte Justine à Padoue, Saint Anselme à Rome, Camaldoli dans le Casentino, Dominus tecum à Prad Mill, ainsi que les nombreuses Abbayes féminines (Grandate, Fabriano, Tarquinia…).

    Nous sommes d’accord sur deux exigences tout à fait centrales : construire des ponts est devenu un impératif, ainsi que mettre fin aux batailles liturgiques s’avère être une priorité incontournable pour tous. Vous essayez de trouver le ton le plus approprié pour donner du nouveau texte une vision qui ne soit pas source de division, intolérante, d’opposition frontale. C’est un noble objectif qui vous honore. En même temps, cependant, votre texte semble rester complètement sourd au contenu du MP “Traditiones Custodes” (=TC), et cela me surprend quelque peu. Dès le titre, que vous n’avez peut-être pas déterminé, mais qui semble néanmoins fidèle au contenu de vos propos, la relation entre le texte de François et la construction de ponts est déplacée : ce que François demande, avec TC, c’est de construire des ponts “entre les personnes” dans l’unique rite commun ordinaire, et non “des ponts entre deux formes du rite romain”. Ce malentendu initial, qui trouve de nombreuses confirmations tout au long de votre interview structurée, manifeste une sorte d’ “angle mort” que je tente d’éclaircir, dans une série de brèves observations, que je vous soumets volontiers :

    a)  D’une manière générale, votre option de “ne pas rejeter le texte de François”, si on l’observe attentivement, apparaît plutôt singulière. Pour le fait que, en évaluant le texte de TC, vous le remplissez continuellement avec le contenu de SP. Mais TC a abrogé SP et la logique avec laquelle SP prétendait faire la paix. Si l’intention est de “faire la paix”, il faut donner aux mots leur véritable sens. Vous poursuivez, dans votre discours, en parlant de “deux formes du même rite”, auxquelles les baptisés “auraient droit”. Mais c’est la vision que SP a tenté d’introduire d’une façon disruptive avec des principes que la tradition n’a jamais connus. L’interprétation sur le “missel tridentin” – que vous n’êtes pas le premier à répéter et qui a vu le jour dans les déclarations du Card. Giuseppe Siri en 1951 et de M. Lefebvre après le Concile Vatican II – selon laquelle il n’aurait pas éliminé les “autres formes” du rite romain, est une élucubration sans fondement : vous devriez savoir que les “autres formes”, avec lesquelles le rite tridentin est comparé, avaient des déterminations géographiques ou personnelles très particulières. Ni le rite ambrosien ni le rite dominicain ne sont des “rites universels”, mais un ordo conditionné par des dimensions géographiques ou personnelles qui délimitent structurellement leur impact. Le Concile de Trente n’a jamais conçu, même de loin, “deux formes” du même rite existant dans la même unité d’espace, de temps et de personnes. Seul SP a tenté d’émettre l’hypothèse de l’existence simultanée de deux formes différentes et conflictuelles du même rite romain. Cette “astuce” – car il s’agit d’un trucage systématique – a apporté la “bataille”, pas la “paix”. C’est pourquoi TC a abrogé SP : parce qu’il n’est pas possible de construire des “ponts” entre différentes formes du rite romain, mais seulement des ponts entre les personnes diverses qui utilisent toutes la même forme commune du rite romain.

    b) Toujours au début, puis à plusieurs reprises dans vos réponses, vous soulignez la “dureté” et la “sévérité” de TC, qui se résume dans la perception que vous exprimez ainsi : “Le texte du Pape suggère que tout doit être fait pour que le mode de célébration sous forme extraordinaire disparaisse le plus rapidement possible. Cela inquiète à juste titre les fidèles qui sont attachés à cette forme”. D’une certaine manière, vous semblez évaluer cette histoire sous un angle privilégié. Certains monastères bénédictins, dont le vôtre, avaient en quelque sorte anticipé, sous une forme particulière et non sans éléments de rigidité et d’obstination, la solution que l’on pensait transformer en 2007 en “droit commun”. Dure et sévère a été la précipitation voulue en 2007. Elle a créé des illusions, des distorsions de perspectives, des mirages et des cauchemars. L’invention – à la limite de la mystification – d’une “forme extraordinaire” ajoutée 50 ans plus tard à la forme ordinaire rédigée sur instruction du Concile et rendue “facultative” est une démarche trop dure et trop sévère. Face à cette “dure accélération de la nostalgie”, CT apparaît au contraire comme un acte de modération et de reprise organique de la véritable histoire commune. Ce n’est pas une “prétention absurde de François” que le VO (=Vetus Ordo) disparaisse : c’est toute la tradition qui a toujours su – au moins jusqu’à l’amnésie institutionnelle de 2007 – qu’une réforme générale du rite romain remplace le rite précédent par le nouveau. Et le rite romain se trouve être celui qui résulte de la réforme. Comme cela a toujours été le cas, à travers les âges.

    c) Vous pensez que certains liturgistes “méprisent” la forme extraordinaire du rite romain et que la seule voie vers la paix serait la reconnaissance mutuelle entre les deux “formes” : ceux qui célèbrent le NO (=Novus Ordo) devraient reconnaître le VO et ceux qui célèbrent le VO devraient reconnaître le NO. Mais là aussi, les choses ne peuvent pas fonctionner ainsi, que ce soit sur le plan théologique, spirituel ou pastoral. En ce qui concerne les liturgistes, je ne peux parler qu’en mon nom et je ne me permets pas de parler au nom de tiers. Mais en ce qui me concerne, je n’ai aucun mépris pour le VO : simplement, je ne le connais pas et ne peux pas le connaître : c’est le Concile Vatican II qui le veut ainsi. Parce que c’est la forme du rite romain que le Concile a voulu réformer et qui m’est parvenue sous la seule forme que j’ai jamais célébrée : celle d’après 1969. Je trouve curieux que moi, qui suis né en 1961, je puisse dire cela en toute conscience, alors que vous, qui êtes né cinq ans après moi, pouvez célébrer ordinairement avec la forme extraordinaire. Bien sûr, je sais bien que votre identité française, vos origines vendéennes, l’histoire de l’Église de France, qui a mis en œuvre la réforme liturgique de manière beaucoup plus lente et avec moins de finesse qu’en Italie, parlent d’elles-même ici. En Italie, avec toutes nod limites, nous avons effectivement mis en œuvre et appliqué la réforme. L’accès au rite romain s’est fait dans la nouvelle forme qui est rapidement devenue ordinaire et unique, comme cela s’est toujours produit dans l’histoire de l’Église. C’est mon expérience, depuis le début, qui me parle du rite romain dans la seule forme en vigueur, depuis que j’ai l’âge de raison. Non pas par mépris personnel, mais par invraisemblance traditionnelle.

    d) Vous parlez, en même temps, de “ne pas rejeter le texte de François” et d’”attachement à la forme extraordinaire”. Le premier est une “norme”, le second une “affection”. Je crois qu’il y a là le côté le plus délicat de la question, qui ne peut être résolu ni par des “décrets d’en haut” ni par le “populisme d’en bas”. Avec TC, la façon d’aborder la question a changé. Il n’y a plus de “forme extraordinaire” du rite romain (quelque chose qui a été inventé en 2007 par SP et qui n’a aucun fondement dans le passé ecclésial) mais une seule forme du rite (celle dite “ordinaire”) et quelques concessions à l’usage du rite “non en vigueur”, qui sont destinées avec le temps à être réduites à néant. C’est la physiologie ecclésiale, pas la pathologie de François. Ainsi, le défi de faire la paix passe des “ponts entre deux formes rituelles” aux ponts “entre les fidèles qui utilisent la seule forme commune”. Beaucoup des choses que vous désignez comme “inaliénables” dans la VO doivent être découvertes, introduites ou reconnues dans l’Ordo voulu par le Concile Vatican II. Et ne serait-ce pas un petit signe de paix si une abbaye bénédictine comme la vôtre, qui a nourri une certaine hostilité à l’égard de Vatican II, se donnait progressivement à la découverte des trésors liturgiques du NO et les mettait en commun, dans l’expérience monastique et dans l’expérience ecclésiale. Et aidait ainsi toute l’Église à vivre la continuité de l’essentiel du depositum fidei (=dépôt de la foi) dans la nouvelle formulation de sa présentation.

    e) Les paroles des jeunes qui disent “la réforme n’est pas terminée” sont importantes et tout à fait vraies. La réforme ne fait que commencer. Mais cela ne justifie pas une réponse décevante : soit parce qu’elle leur fait croire qu’ils peuvent rester de ce côté de la réforme, dans un rite artificiel qui n’a plus aucun fondement ; soit parce qu’elle leur fait croire au manque de style et au laisser-aller d’une routine sans soin et sans expérience vivante. Le travail commun, transgénérationnel, sur le seul rite commun est l’horizon que le Pape François a voulu, avec autorité, remettre au centre de l’attention. Contre le détournement introduit dans l’église par la théorie de la “double forme”, qui a trompé et chagriné tout le monde. Sur un plan strictement théologique, il y a eu, au cours de ces 14 années, une sorte de “folie collective” dont François nous a réveillés, avec des mots d’une grande clarté, en vue d’une véritable réconciliation. Ce travail de réconciliation ne peut être réalisé par l’invention d’une “compétition” entre deux formes rituelles, la seconde ayant été créée pour corriger et amender la première.

    Cher Père Abbé, vous dites bien : ” Il est temps de construire des ponts “, en supprimant les lectures idéologiques. Tout d’abord, celles qui créent artificiellement un régime de “concurrence déloyale” entre des formes rituelles qui n’ont pas été faites pour ça et qui ne peuvent coexister, sinon exceptionnellement, que par un indult. Je comprends le désarroi de ceux qui s’étaient bercés de l’illusion qu’ils pouvaient vivre “universellement” avec cette contradiction embarrassante. Mais pour consoler les déçus et les trompés, nous devons utiliser les mots de TC, pas ceux de SP : sinon la blessure ne sera pas guérie et les ponts ne seront que la dénomination opportuniste par laquelle nous continuerons à appeler et à construire de nouveaux murs infranchissables”. 

    (traduzione dall’italiano al francese di Pierre Vignon)

    http://www.cittadellaeditrice.com/munera/cher-pere-abbe-sur-la-paix-liturgique-en-dialogue-avec-dom-pateau/

    Bref, un dialogue avorté: cela commence bien! Pour mémoire, l’abbaye de Fontgombault compte, sauf erreur, une soixantaine de moines auxquels il faut ajouter quelques 170 moines issus d’un essaimage de cette abbaye-mère vers ses quatre abbayes filles fondées (Triors, Randol, Donezan) ou reprise (Wisques) par elle en France et une cinquième abbaye fondée aux Etats-Unis (Clear-Creek)...

    JPSC

  • Martin Mosebach : messe et mémoire

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    Mosebach zwei-wochen-westend-martin.jpgLu et traduit cet article de Martin Moselbach (*) publié sur le site web américain « First Things » :

    Traditionis Custodes : le Pape François a donné un ordre. Il le fait à un moment où l'autorité papale s'effiloche comme jamais auparavant. L'Église a depuis longtemps atteint un stade ingouvernable. Mais le pape continue de se battre. Il abandonne ses principes les plus chers — « écoute », « tendresse », « miséricorde » — qui refusent de juger ou de donner des ordres. Le pape François est réveillé par quelque chose qui le trouble : la tradition de l'Église.

    La marge de manœuvre limitée que les prédécesseurs du pape accordaient à la tradition liturgique n'est plus occupée que par les nostalgiques séniles. La messe traditionnelle en latin attire également les jeunes, qui ont découvert et appris à aimer le « trésor enfoui dans le champ », comme le pape Benoît a appelé l'ancienne liturgie. Aux yeux du pape François, c'est tellement grave qu'il faut le supprimer.

    La véhémence du langage du motu proprio suggère que cette directive est arrivée trop tard. Les cercles qui adhèrent à la tradition liturgique ont en effet radicalement changé au cours des dernières décennies. La messe tridentine n'est plus seulement fréquentée par ceux qui regrettent la liturgie de leur enfance, mais aussi par des personnes qui ont découvert la liturgie à nouveau et qui sont fascinées par elle, y compris de nombreux convertis, dont beaucoup sont éloignés de l'Église depuis longtemps. La liturgie est leur passion et ils en connaissent chaque détail. Il y a parmi eux de nombreuses vocations sacerdotales. Ces jeunes gens ne fréquentent pas seulement les séminaires tenus par les fraternités sacerdotales de tradition. Beaucoup d'entre eux suivent la formation habituelle au sacerdoce, et sont néanmoins convaincus que leur vocation est renforcée précisément par la connaissance du rite traditionnel. La curiosité au sujet de la tradition catholique supprimée s'est accrue, même si beaucoup avaient décrit cette tradition comme obsolète et mal fondée. Aldous Huxley a illustré ce genre d'étonnement dansBrave New World , dans lequel un jeune homme de l'élite moderne, sans le sens de l'histoire, découvre les richesses débordantes de la culture prémoderne et en est enchanté.

    L'intervention du pape peut entraver la croissance du rétablissement liturgique de la tradition pendant un certain temps. Mais il ne pourra l'arrêter que pour le reste de son pontificat. Car ce mouvement traditionnel n'est pas une mode superficielle. Il a démontré dans les décennies de sa répression avant le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît qu'il persiste une dévotion sérieuse et enthousiaste à la plénitude complète du catholicisme. L'interdiction du pape François suscitera une résistance chez ceux qui ont encore la vie devant eux et ne permettra pas que leur avenir soit assombri par des idéologies obsolètes. Ce n'était pas bon, mais ce n'était pas non plus sage, de mettre l'autorité papale à cette épreuve.

    Le pape François interdit les messes de rite ancien dans les églises paroissiales ; il demande aux prêtres d'obtenir la permission de célébrer l'ancienne messe ; il exige même des prêtres qui n'ont pas encore célébré dans l'ancien rite d'obtenir cette permission non de leur évêque, mais du Vatican ; et il exige un examen de conscience des participants à l'ancienne messe. Mais le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît raisonne à un tout autre niveau. Le pape Benoît n'a pas « autorisé » la « vieille messe », et il n'a accordé aucun privilège pour la célébrer. En un mot, il n'a pas pris de mesure disciplinaire qu'un successeur peut se rétracter. Ce qui était nouveau et surprenant à propos de Summorum Pontificum était qu'il déclare que la célébration de l'ancienne messe n'a besoin d'aucune permission. Cela n'avait jamais été interdit parce que cela ne pouvait jamais être interdit.

    On pourrait conclure que nous trouvons ici une limite fixe et infranchissable à l'autorité d'un pape. La tradition est au-dessus du pape. L'ancienne messe, profondément enracinée dans le premier millénaire chrétien, est par principe au-delà de l'autorité du pape à interdire. De nombreuses dispositions du motu proprio du pape Benoît peuvent être écartées ou modifiées, mais cette décision magistrale ne peut pas être si facilement supprimée. Le pape François n'essaie pas de le faire, il l'ignore. Il existe toujours après le 16 juillet 2021, reconnaissant l'autorité de la tradition selon laquelle chaque prêtre a le droit moral de célébrer l'ancien rite jamais interdit.

    La plupart des catholiques du monde ne s'intéresseront pas du tout à Traditionis Custodes . Compte tenu du petit nombre de communautés traditionalistes, la plupart comprendront difficilement ce qui se passe. En effet, nous devons nous demander si le pape n'avait pas de tâche plus urgente - au milieu de la crise des abus sexuels, des scandales financiers de l'Église, des mouvements schismatiques comme la voie synodale allemande et de la situation désespérée des catholiques chinois - que de supprimer cette petite communauté dévouée.

    Mais les adeptes de la tradition doivent accorder au pape ceci : il prend la messe traditionnelle, qui remonte au moins à l'époque de Grégoire le Grand, aussi sérieusement qu'eux. Il la juge cependant dangereuse. Il écrit que les papes dans le passé ont créé à plusieurs reprises de nouvelles liturgies et ont aboli les anciennes. Mais le contraire est vrai. Au contraire, le Concile de Trente a prescrit l'ancien missel des papes romains - qui avait surgi dans l'Antiquité tardive - pour une utilisation générale, car c'était le seul qui n'avait pas été gâté par la Réforme.

    Peut-être que la messe n'est pas ce qui préoccupe le plus le pape. François semble sympathiser avec « l'herméneutique de la rupture », cette école théologique qui affirme qu'avec le Concile Vatican II, l'Église a rompu avec sa tradition. Si cela est vrai, alors en effet toute célébration de la liturgie traditionnelle doit être empêchée. Tant que l'ancienne messe latine sera célébrée dans un garage, le souvenir des deux mille dernières années ne s'éteindra pas.

    Cette mémoire, cependant, ne peut pas être extirpée par l'exercice brutal du positivisme juridique papal. Il reviendra encore et encore et sera le critère selon lequel l'Église du futur devra se mesurer.

    Ref. messe et memoire

    (*)Martin Mosebach, écrivain, scénariste, dramaturge, essayiste, romancier et juriste-poète, est né le 31 juillet 1951 à Francfort-sur-le-Main, Cet écrivain allemand est nanti de nombreuses distinctions : en 2007, il a gagné le Prix Georg-Büchner, l'un des prix littéraires les plus prestigieux du pays, étant également lauréat du prix Kleist, la médaille Goethe, le prix littéraire de la Fondation Konrad Adenauer, le prix Kranichsteiner et grand prix de littérature de l'Académie bavaroise des beaux-arts et de l’Académie des arts de Berlin.  Il est catholique de sensibilité traditionaliste.

     JPSC

  • Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) : un nouveau rapport de l'ECLJ prouve des atteintes à l’indépendance de nombreux experts de cette institution

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    Du site de l'European Centre for Law & Justice :

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    Après avoir mis en lumière les conflits d’intérêts entre certaines ONG et des juges de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), l’ECLJ a poursuivi ce travail d’enquête auprès d’une autre institution internationale basée à Genève : le Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

    L’ECLJ est fier de publier aujourd’hui un nouveau rapport prouvant des atteintes à l’indépendance de nombreux experts de cette institution.

    Dans son précédent rapport, l’ECLJ avait démontré l’existence de conflits d’intérêts touchant des juges de la CEDH. L’exactitude de ce premier rapport a depuis été reconnue par les ambassadeurs du Conseil de l’Europe[i]. Cette fois, l’ECLJ s’est attelé à étudier méticuleusement pendant plusieurs mois les déclarations publiques de financement des experts de l’ONU. Nous avons ensuite tenu à les interviewer pour avoir leur avis sur ces questions. L’ECLJ a pu réaliser plus de 25 entretiens avec ces experts des Procédures spéciales de l’ONU. Ce qui en ressort est édifiant.

    La principale conclusion de ce rapport est que des fondations privées financent directement des experts de l’ONU pour que ceux-ci rédigent des rapports allant dans le sens voulu par ces fondations privées. Ces rapports sont ensuite promus comme des recommandations indépendantes émanant de l’ONU, et repris par des gouvernements et des juridictions internationales pour soutenir ou justifier leurs décisions. Ceci est en contraction flagrante avec le code de conduite des experts et les résolutions du Conseil des droits de l’homme. Les experts devraient être indépendants, non seulement vis-à-vis des États mais aussi vis-à-vis des fondations privées qui veulent aligner l’agenda des experts sur le leur.

    Un exemple parmi d’autres tiré de notre rapport : Juan Méndez, Rapporteur spécial sur la torture entre 2010 et 2016 a été en même temps membre du conseil d’administration de l’Open Society Justice Initiative[ii]. L’Open Society Foundations lui a fourni un financement sur deux ans de 200 000 USD pour financer son centre de recherche l’Anti-Torture Initiative qui l’assiste dans la rédaction de ses rapports[iii]. En 2015, Monsieur Méndez a reçu 90 000 USD de la Fondation Ford, pour organiser une consultation d’experts sur le thème du genre et de la torture[iv], puis pour engager un assistant de recherche en vue de la rédaction d’un rapport sur le genre et la torture et pour en faire la promotion[v]. Le rapport officiel de l’expert sur le genre et la torture fut publié par l’ONU le 5 janvier 2016 et promeut l’avortement dans les mêmes termes que les fondations qui l’ont financé[vi]. À aucun moment le Rapporteur ne fait référence à la générosité de la Fondation Ford ou de l’Open Society Foundations.

    On observe à nouveau que l’Open Society et ses fondations affiliées figurent parmi les plus généreux pourvoyeurs de fonds auprès des experts du Conseil des droits de l’homme, aux côtés de la Fondation Ford.

    Il ressort également de notre enquête que la situation des experts varie grandement. Certains ne sont pas financés, d’autres résistent aux propositions ou démissionnent et sont donc très heureux que le travail d’enquête de l’ECLJ voit le jour. D’autres encore semblent accepter les financements privés sans réellement comprendre en quoi cela serait problématique et d’autres enfin acceptent avec plaisir les centaines de milliers de dollars pour promouvoir des causes qu’ils partagent avec les fondations, quand bien même ces combats idéologiques iraient au-delà de leur mandat.

    Dans son rapport, l’ECLJ s’attache à expliquer les causes de cette faille dans la protection de l’indépendance des experts ; pourquoi des fondations privées investissent massivement dans les Procédures spéciales de l’ONU ; pourquoi ce sont bien souvent les mêmes qui agissent auprès de la CEDH et quelles solutions seraient envisageables pour éviter cette « capture » des experts onusiens.

    L’ECLJ se réjouit que Valeurs Actuelles ait consacré cette semaine sa couverture et un dossier de 12 pages à cet important travail d’enquête. Les données et conclusions de ce rapport se fondent en effet sur les déclarations officielles disponibles librement sur le site internet du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, sur les sites internet des fondations finançant les experts et sur les affirmations directes de certains de ces experts des Procédures spéciales.

    Avec ce deuxième grand rapport pour favoriser l’indépendance réelle des institutions internationales, nous vous encourageons à participer à notre engagement en lisant ce rapport et en le partageant le plus largement possible.

    Télécharger le rapport sur le financement des experts de l'ONU

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    [i] Grégor Puppinck, « Le Conseil de l’Europe admet la véracité du rapport sur les ONG et les juges de la CEDH », Valeurs Actuelles, 16 avril 2021.
    [ii] OSF, Torture: It Can Happen Anywhere, February 13, 2014, https://www.opensocietyfoundations.org/voices/torture-it-can-happen-anywhere
    [iii] ONU, A/HRC/31/39 Annexe X - p.51.
    [iv] Ibid.
    [v] Ibid.
    [vi] ONU, « Perspectives de genre sur l’interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains et dégradants », A/HRC/31/57.

  • Traditionis Custodes : pour l’historien Christophe Dickès, spécialiste du Vatican, « La diversité des rites fait la richesse de l’Église »

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    Pourquoi les remous suscités par le motu proprio du pape François dépassent-ils largement le monde des traditionalistes? voici un décryptage très complet  paru sur le site web « Aleteia :

    « Pour l'historien et spécialiste du Vatican Christophe Dickès, en mettant fin à la libéralisation de la messe dite de saint Pie V, le pape François exprime très clairement le souhait qu’à terme, la forme extraordinaire du rite romain disparaisse. Il ne croit pas que cela soit possible.

    La publication du motu proprio Traditionis Custodes, le 16 juillet dernier, a provoqué de vives réactions au sein de l’Église de France. Si beaucoup d’évêques ont tenu à réitérer leur confiance aux communautés traditionnalistes de leurs diocèses, ces dernières se disent « profondément attristées » par le contenu du texte et de la lettre explicative du pape François. Pour le spécialiste du Vatican Christophe Dickès, il est « heureux » que « tous les conciles dans l’histoire, surtout ceux des premiers siècles, aient été aux centres de grands débats et de vastes discussions ». S’il se montre lui-même critique à propos de la décision du pape François, il rappelle l’importance « d’être constructif et respectueux dans sa critique ».

    Aleteia : En quoi le motu proprio Traditionis Custodes est-il en rupture avec les précédentes règles édictées par Benoît XVI ?

    Par son motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007, le pape Benoît XVI libéralisait la messe dite de saint Pie V. Il permettait à des « groupes stables » de paroissiens de demander à leur curé ce qui serait désormais appelé la « forme extraordinaire du rite romain ». Dès les deux premiers mots de son texte, il justifiait son acte en faisant appel à l’ensemble de l’histoire de l’Église, de Grégoire le Grand à saint Pie V, en passant par Clément VIII, Urbain VIII, saint Pie X ou encore saint Jean XXIII. Écrire un texte en prenant à témoin l’ensemble des « Summorum pontificum » (en français, « Souverains pontifes ») nous dit toute l’importance de la liturgie pour ce pape théologien. Dans la lettre aux évêques qui accompagnait le texte, Benoît XVI ajoutait : « Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste ». De fait, la messe dite de saint Pie V n’a jamais été abrogée (Summorum Pontificum, art 1.)

    Or, le texte du pape François met non seulement fin à cette libéralisation, mais exprime très clairement le souhait qu’à terme, la forme extraordinaire du rite romain disparaisse. On a beau le prendre dans tous les sens, il souhaite son abrogation dans le temps en restreignant drastiquement sa pratique dès aujourd’hui. Alors qu’elle est un droit inaliénable.

    Pourquoi le pape François cherche-t-il à contrôler plus strictement les messes en rite préconciliaire ?

    Le pape François justifie sa décision en évoquant un danger pour l’unité ecclésiale. Mais je souhaiterais tout d’abord rappeler qu’il existe de très nombreuses formes du rite romain : les rites anglican et zaïrois, les rites ambrosien et cartusien. Sans compter les rites spécifiques aux ordres religieux. Et je ne parle même pas des rites non latins : les rites byzantins, arméniens ou antiochiens qui eux-mêmes comportent des sous-ensembles. Bref, il existe une diversité de rites, ce qui fait la richesse de l’Église, de son histoire et de ses traditions liturgiques.

     Lire aussi :L’histoire agitée de « Summorum Pontificum », le motu proprio qui a libéralisé la messe en latin

    Par ailleurs, d’un point de vue plus terre à terre, le motu proprio Traditionis Custodes fait suite à une enquête de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi auprès des diocèses du monde entier. Or, sur l’ensemble des évêques, il semble que seuls 15% aient montré des sentiments défavorables à l’ancienne messe, quand 15% se révélaient neutres ou favorables. Les 70% n’ayant pas répondu, nous pouvons estimer qu’ils sont sans avis, ni pour, ni contre. Voir donc un texte pontifical répondre aux inquiétudes de 15% des évêques me laisse songeur… L’Église peut-elle s’offrir le luxe d’une crise dans le contexte que l’on sait, alors que tant de choses sont à faire et que ces communautés, contrairement à ce qu’en dit le motu proprio, ont montré leur fidélité à Rome dans le cadre offert par le pape Jean-Paul II puis Benoît XVI ?

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  • Vatican : début du procès concernant des opérations illicites réalisées avec des fonds de la Secrétairerie d'État

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    De Vatican News :

    Les magistrats du Vatican lors de la première audience du procès, mardi 27 juillet 2021.

    Procès de l'immeuble de Londres: Une première audience de sept heures. Reprise le 5 octobre

    Le procès pour l'utilisation de fonds de la Secrétairerie d'État a débuté ce lundi dans la salle d'audience aménagée dans les Musées du Vatican. Les avocats de la défense des dix accusés ont présenté leurs requêtes préliminaires.

    Une grande salle aménagée dans les Musées du Vatican a accueilli mardi 27 juillet la première audience du procès au Vatican pour des opérations illicites réalisées avec des fonds de la Secrétairerie d'État, à commencer par la vente de l'immeuble de Sloane Avenue à Londres. L'audience, présidée par Giuseppe Pignatone, a duré sept heures, en présence d'une trentaine d'avocats, de journalistes, de gendarmes, et de seulement deux des dix accusés: Monseigneur Mauro Carlino, présent dans la salle d'audience tôt le matin, et le cardinal Giovanni Angelo Becciù, ancien Substitut de la Secrétairie d'État, accusé de détournement de fonds, d'abus de pouvoir également de subornation.

    Le cardinal, dont les prérogatives du cardinalat ont été révoquées par le pape en septembre 2020, a assisté à toute l'audience, assis au dernier des trois guichets. A la fin de l'audience, il a rappelé qu'il avait toujours été «obéissant au Pape qui a voulu que j’aille au procès», se disant «serein» : «Je suis confiant que les juges seront capables de voir les faits et mon grand espoir est qu'ils reconnaissent mon innocence». Il a également annoncé qu'il avait chargé ses avocats de poursuivre Monseigneur Alberto Perlasca et Francesca Immacolata Chaouqui pour diffamation. 

    Les avocats de Cecilia Marogna et Gianluigi Torzi demandent un ajournement

    Le premier avocat à prendre la parole a été Fiorino Ruggio, qui défendait Cecilia Marogna, la manager de Cagliari, absente à l'audience. L'avocat a présenté une demande de report et de séparation de l'affaire au motif que le DIS (Le département d’information pour la sécurité, qui dépend de la présidence du Conseil en Italie, ndlr) avait ordonné une enquête et donc l'audition de Cecilia Marogna sur la base d'une plainte qu'elle avait déposée pour être libérée du secret. Ambra Giovene, l'avocat de Gianluigi Torzi, a demandé un report en raison de l'«empêchement légitime» de son client à assister à l'audience. Gianluigi Torzi est en effet en liberté surveillée, sous bracelet électronique depuis le 28 avril 2021 : «Il ne peut pas se déplacer de Londres», a déclaré son défenseur. 

    L'avocat d'Enrico Crasso

    Carlo Panella, l'avocat qui défend Enrico Crasso et ses sociétés, a pris plus d'une heure pour présenter un certain nombre d'exceptions et d'objections, dont la première concernait le fait que l'APSA et l'IOR s'étaient joints à la procédure en tant que parties civiles, ce qui, selon Carlo Panella, est «inadmissible» dans la mesure où ils avaient présenté «une formule générique» d'indemnisation sans expliquer leurs raisons. «Il n'y a aucune preuve d'une quelconque relation directe ou indirecte d'Enrico Crasso et de ses entreprises avec l'APSA et l'IOR», a-t-il ajouté. Il a ensuite souligné le risque éventuel que, en créant trois parties exprimant le même État, chacune ayant une demande d'indemnisation, «l'indemnisation pourrait être triplée». L'avocat s'est ensuite plaint de l'absence de «nombreux actes» et aussi du fait que les accusés n'ont pas eu la garantie de disposer du temps nécessaire pour préparer leur défense. Par conséquent, a-t-il dit, il n'y avait «aucun respect des principes de procédure régulière dont le Vatican veut s'inspirer».

    Contestations sur les rescrits du Pape

    L'avocat Carlo Panella conteste également le fait que, en vertu d'un rescrit du 2 juillet 2019 du Pape François, le bureau du Promoteur de Justice a été autorisé à effectuer tout type de mesure même de nature conservatoire. Selon l'avocat, un rescrit est un «acte administratif» et «le doute porte sur la question de savoir si un acte administratif peut déroger à la législation en vigueur». Trois autres rescrits du Pape ont introduit des procédures pénales «uniquement pour ces procédures», ce qui, selon l'avocat d'Enrico Crasso, ferait du Vatican «un tribunal spécial». Tous les autres avocats se sont associés aux demandes de Maître Panella et tous ont demandé que le décret de mise en accusation soit déclaré nul et non avenu.

    Mgr Alberto Perlasca et le procès

    L'avocat Salvino Mondello a déclaré que son client Mgr Carlino avait été accusé de «crimes complètement différents de ceux énumérés dans l'acte d'accusation». L'avocat du cardinal Becciu, Fabio Viglione, a quant à lui souligné l'absence d'enregistrements des interrogatoires de Mgr Alberto Perlasca dans les actes. Selon les avocats du cardinal, les cinq interrogatoires de Mgr Perlasca seraient «nuls et non avenus», ainsi que «le résultat d'une violation procédurale évidente des droits de garantie». Le premier interrogatoire du 31 août 2020, à laquelle Mgr Carlino a comparu volontairement sans avocat, serait invalide.

    L'avocat Giandomenico Caiazza, qui défend le courtier Raffaele Mincione, a souligné que dans les actes «presque par hasard» nous avons appris l'existence d'un mandat d'arrêt émis le 19 juin 2020 contre le courtier. Le dossier était intitulé "Mandat d'arrêt pour l’accusé Torzi". «Cela fait penser à un accident... Ce mandat d'arrêt n'a jamais été exécuté, mais il a été émis avec la même logique que celui de Gianluigi Torzi», à savoir que si Raffaele Mincione s'était présenté pour être interrogé, il aurait été arrêté.

    Severino : «Le Pape est le législateur».

    Paola Severino, avocate de la partie civile de la Secrétairerie d'État, a répondu aux demandes des avocats en réitérant la légitimité de l'incorporation de l'APSA en tant que partie civile en vertu du Motu Proprio du Pape du 26 décembre 2020, qui a transféré les fonds et les investissements de la Secrétairerie d'État à l'Administration du Patrimoine du Siège Apostolique. L'avocat a également souligné à plusieurs reprises que «le Pape est le législateur».

    Les explications du promoteur de la Justice et du promoteur adjoint

    Pour sa part, le promoteur de Justice du Vatican Gian Piero Milano est immédiatement revenu sur la question du rescrit papal qui, a-t-il expliqué, est un acte exprimant «le pouvoir suprême» du Pape. La réponse du promoteur adjoint, Alessandro Diddi, a été plus étendue, admettant que «si nous avons fait des erreurs, nous sommes prêts à les corriger». Il a toutefois répondu, point par point, à toutes les contestations de la défense ; il a surtout expliqué que le mandat d'arrêt contre Raffale Mincione a été décidé parce qu'en ces jours de juin 2020, à un stade «crucial» de l'enquête, il y a eu «une tentative de tromperie» de la part de Gianluigi Torzi et Raffaele Mincione: «Nous avons estimé que nous devions intervenir avec des mises aux arrêts».

    Le promoteur adjoint a également expliqué que tout le matériel informatique saisi est actuellement conservé dans un coffre-fort dans le bureau du Promoteur de Justice et que si certains actes n'ont pas été produits c'est parce que les lois en vigueur établissent qu'il est seulement possible de déposer des actes de procédure et non des actes saisis. Il a toutefois réitéré sa volonté, sous réserve de l'autorisation de la Cour, de reproduire toute documentation demandée. Enfin, il s'est dit fier du fait qu'«en un an et demi d'enquête, aucune fuite d'information n'a eu lieu».

    La décision du tribunal

    Enfin, le président du tribunal Giuseppe Pignatone a joint la position de l'ancien président de l'AIF, René Bruelhart, au procès principal. Il a ensuite levé le mandat d'arrêt du Vatican contre Raffaele Mincione et a réservé sa position sur toutes les exceptions et demandes des avocats. Il a enfin décidé que toutes les personnes absentes lors de cette première audience, à l'exception du courtier Gianluigi Torzi, du cardinal Angelo Becciu et de l'ancien secrétaire Mauro Carlino, devaient être jugées par contumace.

    La salle des audiences aménagée dans les Musées du Vatican
    La salle des audiences aménagée dans les Musées du Vatican
  • Le pape ne parviendra pas à faire disparaître la messe traditionnelle car cette décision est “hors-sol”

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    Extraits d’un article publié dans le « Figaro » par Jean-Marie Guénois, lus sur le site du « Salon Beige » :

    « Dans Le Figaro, Jean-Marie Guénois revient sur le motu proprio Traditionis Custodes. Il écrit notamment :

    […] Commençons par un point fondamental : François n’abroge pas le rite pré-conciliaire, il n’en a pas le droit, ni le pouvoir. Son objectif est d’éradiquer l’usage et l’idée que ce rite puisse subsister « à côté » ou « en parallèle », comme une « alternative » possible, voire une « option » ouverte en complément du rite conciliaire, dit « de Paul VI ». Cette pratique et cette conception se sont installées depuis 2009 dans certaines mentalités catholiques et en particulier au sein des jeunes générations. François veut combattre cette vision des choses jusqu’à la faire disparaître.

    Il n’y parviendra pas parce que l’enquête mondiale qui a préparé cette décision et les conseillers liturgiques qui l’entourent n’ont pas d’expérience concrète des communautés réelles rassemblées par ce type de liturgie, dont la motivation a décuplé après ces mesures de restriction. C’est fut une décision « hors sol ». Une analyse logique, cohérente, rationnelle, mais prise en laboratoire, sur la base de dossiers, d’avis, loin des communautés concernées et des fidèles qui les animent.

    […]

    François semble ne pas connaître la réalité de ces jeunes fidèles qu’il juge à l’aune de quelques jeunes prêtres et séminaristes qu’il accuse de « rigidité » : les super « cathos » qu’il vise et qu’il ne se prive pas de fustiger pour leur manque de souplesse, sont sans doute « rigides » pour certains. Mais… ce sont ses propres petits enfants spirituels ! Comme ils sont aussi les petits-enfants de Benoît XVI et arrière petits-enfants de Jean-Paul II.

    Cette jeune génération – minoritaire –, plus ou moins « tradi » engagée sur le plan social comme sur le plan spirituel, ne se reconnaît plus dans les combats conciliaires et anti-conciliaires de leurs aînés. Ces jeunes forment le laboratoire de l’Église catholique de demain et se vivent comme tels : ils sont la génération François-Benoît ! Avec un trait d’union et non avec barreau d’exclusion qui sentirait la mise à l’écart, le cachot parce qu’ils penseraient mal…

    À propos de cette génération mais aussi des fidèles réels qui peuplent ce type d’assemblée, un prêtre qui célèbre dans les deux rites me disait cette semaine : « François pose une question juste mais il y répond de façon injuste ». Oui, il y a de l’injustice dans l’air, en particulier quand on observe, factuellement, la façon dont François traite les tradis et la façon dont il accueille d’autres « communautés ». Ces jeunes « tradismatiques » resteront profondément blessés par cette décision de François.

    […]

    Au fond, ce Motu Proprio François contre le Motu Proprio Benoît n’est pas un combat d’arrière-garde mais le dernier des combats de l’ère post-conciliaire. En cela il est spectaculaire et magistral.

    Deux visions s’opposent. Je tiens à disposition des textes étonnants du cardinal Ratzinger et de Benoît XVI sur la liturgie qui aideront peut-être ceux qui pensent toujours qu’il y a continuité sur ce plan entre les deux pontificats…

    Petite remarque : souvent les catholiques ont peur du débat, de la controverse, de la disputatio. Par manque de connaissance de leur propre histoire, ils pensent que ce ne serait pas catholique ou chrétien de ne pas être d’accord. Au passage, il suffit de lire ne serait-ce qu’une seule « question » sur les milliers posées par Thomas d’Aquin dans la Somme Théologique pour comprendre que la vie intellectuelle, la liberté d’esprit, la prise en compte des opinions contraires sont l’ADN même de l’Église catholique. Il ne faudrait pas que les cathos congèlent ce patrimoine comme l’a fait la majorité du monde musulman, ce qui conduit à la sclérose. […]

    Oui, il y a deux visions qui s’opposent actuellement dans l’Église catholique sur l’interprétation du Concile Vatican II. Nous vivons avec les deux pontificats de Benoît XVI et de François – ils ont tous les deux le même « âge » cette année, huit années – le dénouement de ce conflit. Il a été rendu visible par cette affaire des Motu Proprio. […]

    Quand je suis allé à Rome pour préparer ces sujets début juin, beaucoup se disaient que François attendrait que Benoît XVI ne soit plus là pour publier son Motu Proprio. Il ne l’a pas fait. Il est passé en force. Serait-ce aussi parce que François sent que le temps lui est aussi compté ? Ce n’est pas impossible depuis la lourde opération qu’il a subie – plus importante dans ses conséquences qu’on ne le dit. […] ».

    Ref. Le pape ne parviendra pas à faire disparaître la messe traditionnelle car cette décision est “hors-sol”

    Un chiffon rouge pour animer le prochain consistoire ?

    JPSC

  • Traditionis Custodes : l’appel de jeunes « tradis » au pape François

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    Dans une vidéo relayée sur les réseaux sociaux par l'association Notre-Dame de Chrétienté, une soixantaine de jeunes du monde entier interpellent le pape François et les évêques, pour témoigner de leur attachement à la messe tridentine. Le site web « aleteia » en assure à son tour le relai :

    « Nous aimons la messe latine traditionnelle parce qu’elle est la même messe partout dans le monde, elle est universelle, catholique, au sens premier du terme ». Quelques jours après la publication du motu proprio Traditionis Custodes, qui a suscité une vague de réactions en France et dans le monde entier, une soixantaine de jeunes s’adressent directement au pape François et aux évêques, dans une vidéo de près de deux minutes, publiée sur le compte YouTube de Young Catholics for Holy Mass et relayée, entre autres, par l’association Notre-Dame de Chrétienté.

    Sur un ton très respectueux et qui semble dépourvu de toute volonté de polémique, ils expliquent pourquoi ils regrettent certains passages de la lettre du pape François accompagnant le motu proprio. « Nous n’encourageons pas “les désaccords qui blessent l’Eglise” », affirme une jeune fille. « Nous ne “bloquons pas son chemin” ni ne l’ “exposons au péril de la division” », insiste un autre. Réaffirmant leur loyauté, ces jeunes affirment au Pape et aux évêques être « votre jeunesse » et « vos brebis ». « Nous prions pour vous tous les jours », concluent-ils »:

    Ref. Traditionis Custodes : l’appel de jeunes « tradis » au pape François

     JPSC

  • Le pape est-il le maître absolu de la liturgie ? Selon le cardinal Burke, « Traditionis custodes » dépasse les bornes légitimes d’un « motu proprio » pontifical

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    Cardinal-Burke.jpgLu sur le site web « Salon Beige »:

    "En ce 23 juillet 2021,  fête de sainte Marie-Madeleine, le cardinal Burke a diffusé le texte suivant (traduction via le FC) :

    ”De nombreux fidèles – laïcs, ordonnés et consacrés – m’ont exprimé la profonde détresse que leur a apporté le Motu Proprio «Traditionis Custodes». Ceux qui sont attachés à l’Usus Antiquior (usage plus ancien), ce que le Pape Benoît XVI a appelé la Forme Extraordinaire du Rite Romain, sont profondément découragés par la sévérité de la discipline imposée par le Motu Proprio et offensés par le langage qu’il emploie pour les décrire, leurs attitudes et leur conduite. En tant que membre des fidèles, qui a également un lien intense avec l’Usus Antiquior, je partage pleinement leurs sentiments de profonde tristesse.

    En tant qu’Évêque de l’Église et Cardinal, en communion avec le Pontife romain et avec une responsabilité particulière pour l’assister dans sa pastorale et la gouvernance de l’Église universelle, je fais les observations suivantes:

    1. À titre préliminaire, il faut se demander pourquoi le texte latin ou officiel du Motu Proprio n’a pas encore été publié. Autant que je sache, le Saint-Siège a promulgué le texte en versions italienne et anglaise, et, par la suite, en traductions allemande et espagnole. Puisque la version anglaise est appelée une traduction, il faut supposer que le texte original est en italien. Si tel est le cas, il existe des traductions de textes significatifs dans la version anglaise qui ne sont pas cohérentes avec la version italienne. Dans l’article 1, l’adjectif italien important, “unica“, est traduit en anglais par “unique“, au lieu de “seulement“. À l’article 4, le verbe italien important, ”devono”, est traduit en anglais par ”devrait”, au lieu de ”doit”.

    2. Tout d’abord, il importe d’établir, dans cette observation et les suivantes (nos 3 et 4), l’essentiel de ce que contient le Motu Proprio. Il ressort de la sévérité du document que le pape François a publié le Motu Proprio pour s’attaquer à ce qu’il perçoit comme un mal grave menaçant l’unité de l’Église, à savoir l’Usus Antiquior. Selon le Saint-Père, ceux qui pratiquent selon cet usage font un choix qui rejette ”l’Église et ses institutions au nom de ce qu’on appelle la «vraie Église», un choix qui «contredit la communion et nourrit la tendance à la division… contre laquelle l’apôtre Paul a si vigoureusement réagi.”

    3. Clairement, le Pape François considère le mal si grand qu’il a pris des mesures immédiates, n’en informant pas les évêques à l’avance et ne prévoyant même pas l’habituelle vacatio legis, une période de temps entre la promulgation d’une loi et son entrée en vigueur. La vacatio legis donne aux fidèles, et surtout aux évêques, le temps d’étudier la nouvelle législation concernant le culte de Dieu, l’aspect le plus important de leur vie dans l’Église, en vue de sa mise en œuvre. La législation, en effet, contient de nombreux éléments qui nécessitent une étude quant à son application.

    4. De plus, la législation impose des restrictions à l’Usus Antiquior, qui signalent son élimination définitive, par exemple, l’interdiction d’utiliser une église paroissiale pour le culte selon l’Usus Antiquior et l’établissement de certains jours pour un tel culte. Dans sa lettre aux évêques du monde, le pape François indique deux principes qui doivent guider les évêques dans la mise en œuvre du Motu Proprio. Le premier principe est de «pourvoir au bien de ceux qui sont enracinés dans la forme de célébration précédente et qui ont besoin de revenir en temps voulu au rite romain promulgué par les saints Paul VI et Jean-Paul II». Le deuxième principe est «d’interrompre l’érection de nouvelles paroisses personnelles davantage liées au désir et aux souhaits des prêtres individuels qu’aux besoins réels du ‘saint Peuple de Dieu’».

    5. Apparemment, la législation vise à corriger une aberration principalement attribuable au «désir et aux souhaits» de certains prêtres. À cet égard, je dois observer, surtout à la lumière de mon service d’Évêque diocésain, que ce ne sont pas les prêtres qui, en raison de leurs désirs, ont exhorté les fidèles à demander la Forme extraordinaire. En fait, je serai toujours profondément reconnaissant aux nombreux prêtres qui, malgré leurs engagements déjà lourds, ont généreusement servi les fidèles qui ont légitimement demandé l’Usus Antiquior. Les deux principes ne peuvent que communiquer aux fidèles dévots, qui ont une profonde appréciation et attachement à la rencontre avec le Christ à travers la Forme Extraordinaire du Rite Romain, qu’ils souffrent d’une aberration qui peut être tolérée pendant un certain temps mais doit finalement être éradiquée.

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  • De bonnes (et exigeantes) lectures pour l'été

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    Suggestion de l'European Centre for Law & Justice (ECLJ) :

    Adoption de la Résolution Matic

    Madame, Monsieur,

    Le combat pour le droit et la justice serait vain s’il n’était enraciné dans une bonne compréhension du droit naturel et de la morale. C’est là la beauté du droit ; et c’est ce qui fait souvent défaut dans l’enseignement juridique. C’est pourquoi nous souhaitons contribuer à y remédier en vous proposant une série de textes de qualité permettant de comprendre les notions fondamentales telles que la loi, le juste, le bien commun, le droit naturel, ou encore la relation entre le droit et la morale.

    Pour cet été, nous vous proposons deux textes de grande qualité expliquant ce qu’est la « loi » en philosophie et en théologie morales. Il s’agit d’extraits de cours dont la publication nous a été autorisée par leurs éditeurs respectifs. Nous les en remercions vivement. La lecture et l’étude de ces textes peut être très bénéfique aux juristes, étudiants et confirmés.

    • Le Pédagogue : la loi, extrait du « Petit cours » de morale fondamentale, du P. Michel Labourdette, O.P., accessible ici.
    • La loi morale, extrait du cours de théologie morale fondamentale de l’abbé Perrenx, accessible ici.
    Nous vous proposons en outre quelques articles plus spécifiques :
    • La justice selon Aristote, par Michel Bastit, accessible ici.
    • Le regard du jusnaturaliste : la nature humaine, source du droit, par Xavier Dijon, accessible ici.
    • Insaisissable dignité, par Xavier Dijon, accessible ici.
    • Les échelles juridiques de l’eugénisme, par Xavier Dijon, accessible ici.
  • Communiqué de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, sur le Motu proprio du Pape François Traditionis custodes

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    Aillet 12-Mgr-Marc-Aillet.jpgVoici le texte de Mgr Aillet publié sur le site web du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron dont on voudrait espérer que l’exemple sera suivi par un grand nombre de ses confrères :

    « Chers frères et sœurs,

    Le Pape François a promulgué le vendredi 16 juillet 2021, en la mémoire de Notre-Dame du Mont Carmel, un Motu proprio, intitulé Traditionis Custodes - Gardiens de la Tradition -, sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la Réforme de 1970. Il va sans dire que nous accueillerons ce motu proprio avec le même sens de l’Eglise et la même communion avec le Successeur de Pierre que le Motu proprio Summorum Pontificum, promulgué par le Pape Benoît XVI, le 7 juillet 2007.

    Le Pape rappelle qu’en tant que « gardiens de la tradition, les évêques, en communion avec l’évêque de Rome, constituent le principe et le fondement visible de l’unité dans leurs Eglises particulières ». Aussi, comme le stipule l’art. 2 du Motu proprio, « En tant qu’il est le modérateur, le promoteur et le gardien de toute la vie liturgique dans l’Eglise particulière qui lui a été confiée, c’est à l’évêque diocésain qu’il appartient de régler les célébrations liturgiques dans son propre diocèse. Par conséquent, c’est sa compétence exclusive d’autoriser l’usage du Missel Romain de 1962 dans le diocèse, selon les orientations du Saint-Siège ».

    Dans la lettre adressée aux évêques pour accompagner ce motu proprio, le Pape François explique pourquoi il a été amené à prendre de nouvelles dispositions qui abrogent celles prises par ses vénérés prédécesseurs. Tout en saluant la sollicitude paternelle et la magnanimité de Saint Jean Paul II et du Pape émérite Benoît XVI, pour faciliter l’usage du Missel de 1962, en vue de promouvoir la communion au sein de l’Eglise, le Saint-Père dit sa tristesse de constater, au terme de l’enquête qu’il a diligentée auprès des évêques du monde entier, que la possibilité offerte par ses prédécesseurs « ait été utilisée pour augmenter les distances, durcir les différences, construire des oppositions qui blessent l’Eglise et en entravent la progression, en l’exposant au risque de divisions ».

    Conscient de possibles dérives induites ici ou là dans l’Eglise et toujours à corriger, j’atteste pour ma part que l’application loyale du Motu proprio Summorum Pontificum dans le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron, a favorisé un climat de paix et de respect mutuel entre les prêtres et les fidèles attachés à ce que Benoît XVI désignait comme la forme ordinaire et la forme extraordinaire de l’unique rite romain. Il me semble pouvoir attester que les prêtres assurant dans le diocèse de Bayonne le service de la liturgie selon le Missel de 1962, adhèrent pleinement au Concile Vatican II, reconnaissent la légitimité du Missel de 1970, expression par excellence de la lex orandi de l’Eglise latine, et cultivent un sens aigu de la communion ecclésiale en participant activement aux manifestations et célébrations, comme aux orientations pastorales et missionnaires du diocèse. Je sais qu’ils ont le souci de faire grandir dans la foi, la vie chrétienne et le sens de la communion et de la mission, les fidèles qui participent habituellement ou occasionnellement aux célébrations liturgiques qu’ils président. Je constate d’ailleurs que leurs assemblées sont relativement jeunes et qu’on y trouve des familles très soucieuses de transmettre la foi à leurs enfants et de les éduquer à « sentire cum Ecclesia –  sentir avec l’Eglise ».

    Je veux leur redire ma confiance et les invite à poursuivre leurs efforts dans le même sens, dans l’esprit du nouveau Motu proprio Traditionis Custodes, dont je préciserai ultérieurement les modalités d’application. Et s’ils ressentent de l’incompréhension, je les invite à ne pas céder à la colère ni à des attitudes de fermeture ou de repli, mais bien plutôt, à l’instar de l’apôtre Thomas dans l’Evangile (cf. Jn 14, 5-6), à demander au Seigneur lui-même des explications, dans une prière d’abandon à sa volonté.

    Les prêtres qui célèbrent le Missel de 1962, en communion avec l’évêque, appartiennent pleinement au presbyterium du diocèse, au sein duquel ils entretiennent des relations fraternelles avec les autres prêtres et y assument des services diocésains appréciés. Je redis aux fidèles attachés au Missel de 1962 qu’ils sont membres à part entière de la communauté des fidèles qui constituent le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron et je les invite à recevoir ce Motu proprio avec foi, confiance et sens de l’Eglise.

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  • RDC : Décès de Mgr Monsengwo, la disparition d’un pilier du Congo

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    Mgr-Monsengwo.jpgLu ce jour sur le site web de la Libre Afrique, cet éloge funèbre très mérité du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque émérite de Kinshasa, un Congolais de premier plan dont la mémoire honore son cher Pays et la Belgique à laquelle l’unissaient aussi tant de liens :

    "Une des plus grandes figures du Congo indépendant s’est éteinte ce dimanche 11 juillet à Paris. Mgr Laurent Monsengwo, 81 ans, avait été évacué de Kinshasa vers l’Europe le 5 juillet pour des soins. Si des difficultés de santé l’avaient éloigné, ces dernières années, des prises de position publiques, il reste, pour de nombreux Congolais, une référence morale primordiale.

    Ce brillant intellectuel fut le premier Africain docteur en exégèse (1971). Le premier Africain secrétaire spécial d’un synode des évêques (2008). En 2012, il copréside avec Benoît XVI le synode sur la nouvelle évangélisation. Membre de diverses sociétés savantes, il parlait sa langue maternelle, le kisakata, ainsi que le lingala (lingua franca de l’ouest du Congo), le swahili (idem pour l’est), le français, l’italien, l’allemand, l’anglais, le néerlandais, l’hébreu moderne, l’espagnol et le portugais ; il avait aussi “appris l’hébreu ancien, le grec, l’araméen, le syriaque et le latin” (1). Il a composé une dizaine de pièces pour orgue mais se défendait d’être, pour les jouer, autre chose qu’“un dilettante quelque peu formé” ; ce goût pour la musique classique européenne ne l’empêchait pas d’apprécier les grandes vedettes de la musique populaire congolaise – Rochereau, Franco, Kabasele ou Simaro.

    Mgr Monsengwo : « Félix Tshisekedi aurait dû reconnaître sa claire et nette défaite »

    Ses capacités intellectuelles et sa rigueur morale lui donnaient une sûreté de soi qui faisait défaut à nombre de ses interlocuteurs, hommes de pouvoir dont la plupart n’étaient, à ses yeux, que “des invertébrés”, girouettes reniant leur signature avant que l’encre ait séché sur le document. Elles ont contribué à donner à ce prélat à la voix douce, démentie par un visage sévère, un rôle politique essentiel pour le pays.

    Une famille de chefs du Maï Ndombe

    Laurent Monsengwo est né le 7 octobre 1939 près d’Inongo (Maï Ndombe, ex-Bandundu, ouest du pays), dans une famille de chefs des Basakatas “connus pour leur endurance et leur obstination” (1). Son père était charpentier et menuisier à la Forescom, une entreprise belge, et accroissait ses revenus en construisant des meubles après le travail. De quoi subvenir aux besoins de la famille, très chrétienne, qui comptera huit enfants, dont six garçons ; “nous étions une famille heureuse”, dira le prélat.

    Il fait ses études secondaires au petit séminaire de Bokoro et trois années de philosophie au grand séminaire de Kabwe, après lesquelles ce brillant élève est envoyé à Rome étudier la théologie ; il y est ordonné prêtre en 1963. Il deviendra le fils adoptif de Gaston Leysen et son épouse, des Anversois chez qui le jeune Congolais logera pendant ses études, dans les années 60.

    En 1980, Jean-Paul II le fait évêque et, huit ans plus tard, Mgr Laurent Monsengwo est archevêque de Kisangani ; il deviendra celui de Kinshasa en 2007, charge qu’il laissera à Mgr Fridolin Ambongo en 2018. En 2010, Benoît XVI le fait cardinal.

    Laurent Monsengwo a aussi été secrétaire général puis, par deux fois, président de la Conférence épiscopale du Zaïre ; président du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et Madagascar ; président de Pax Christi International. Il représentait l’Afrique dans le collège des neuf cardinaux nommés par le pape François pour travailler à la réforme de la Curie.

    Hors du Zaïre, toutefois, c’est son irruption sur la scène politique qui le fera connaître du grand public.

    À partir des communautés ecclésiales de base

    En 1990, l’archevêque de Kisangani est la cheville ouvrière du mémorandum de l’Église adressé au président Mobutu et demandant, en définitive, un changement de régime. Les prélats jugent en effet de leur devoir de prendre position “lorsqu’un système de gouvernement est entaché dans ses principes ou traduit, dans ses structures et moyens d’action, des normes contraires au bien commun et aux droits de l’Homme”. L’Église en est venue à ces positions en développant, depuis quelques années, notamment sous l’impulsion de Laurent Monsengwo, les communautés ecclésiales de base – confiées à des laïcs locaux – pour approfondir la foi des chrétiens et organiser la solidarité dans les villages.

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  • Fin de l’enquête sur l’immeuble de Londres : dix personnes seront jugées au Vatican dont le cardinal Becciu

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    De Vatican News :

    Fin de l’enquête sur l’immeuble de Londres, dix personnes seront jugées au Vatican

    Un procès aura lieu à l’encontre de Mgr Carlino, Enrico Crasso, Tommaso Di Ruzza, Cecilia Marogna, Raffaele Mincione, Nicola Squillace, Fabrizio Tirabassi, Gianluigi Torzi, René Brülhart et le cardinal Angelo Becciu.

    3 juillet 2021

    L'enquête, longue et complexe, a été menée par le Promoteur de Justice Gian Piero Milano et les magistrats Alessandro Diddi et Gianluca Perrone. Une enquête qui s'est déroulée grâce aux investigations de la gendarmerie vaticane dirigée par le commandant Gianluca Gauzzi Broccoletti et qui a conduit à l'examen d'une grande quantité de documents, d'appareils électroniques saisis chez les suspects, ainsi qu'à la confrontation de témoins.

    Le président du Tribunal de la Cité du Vatican, Giuseppe Pignatone, a ordonné l’inculpation de dix personnes, suite à la demande présentée par le Bureau du Promoteur de Justice, rapporte un communiqué du Bureau de presse du Saint-Siège ce samedi 3 juillet. L’acte d’accusation, déposé ces derniers jours, conclut la première phase de l'enquête : les documents recueillis jusqu'à présent seront examinés par la Cour lors de l'audience publique qui opposera l'accusation à la défense. La première audience est prévue pour le 27 juillet.

    Les personnes suivantes seront jugées : René Brülhart (ancien président de l’AIF, Autorité d’Information Financière) à qui l'accusation reproche le délit d'abus de pouvoir ; Mgr Mauro Carlino (ancien secrétaire du Substitut de la Secrétairerie d'État) accusé d'extorsion et d'abus de pouvoir ; Enrico Crasso (l’intermédiaire gestionnaire pendant des décennies des investissements de la Secrétairerie d'État), accusé des délits de détournement de fonds, corruption, extorsion, blanchiment d'argent et auto-blanchiment, fraude, abus de pouvoir, faux en écriture publique commis par un particulier et faux écriture privé ; Tommaso Di Ruzza (ancien directeur de l’AIF) accusé de détournement de fonds, d'abus de pouvoir et de violation du secret professionnel.

    Egalement sur les bancs de la justice : Cecilia Marogna (qui a reçu des sommes considérables de la Secrétairerie d'État pour mener des activités de renseignement) accusée de détournement de fonds ; Raffaele Mincione (l’intermédiaire qui a fait souscrire à la Secrétairerie d'État d'importantes parts du fonds possesseur de l'immeuble londonien du 60 Sloane Avenue, utilisant l'argent reçu pour ses investissements spéculatifs), accusé de détournement de fonds, fraude, abus de pouvoir, détournement de fonds et auto-blanchiment ; Nicola Squillace (avocat impliqué dans les négociations) accusé de fraude, détournement de fonds, blanchiment d'argent et auto-blanchiment ; Fabrizio Tirabassi (un assistant, employé du Bureau administratif de la Secrétairerie d'État qui a joué un rôle de premier plan dans l'affaire) accusé de corruption, extorsion, détournement de fonds, fraude et abus de pouvoir ; Gianluigi Torzi (l’intermédiaire appelé pour aider le Saint-Siège à sortir du fonds de Raffaele Mincione qui se fait octroyer jusqu'à 15 millions pour rendre l’immeuble à ses propriétaires légitimes) accusé d'extorsion, détournement de fonds, fraude, blanchiment d'argent et auto-blanchiment.

    La demande de citation à comparaître a également été présentée à l'encontre des sociétés suivantes : HP Finance LLC, d’Enrico Crasso, accusée de fraude ; Logsic Humanitarne Dejavnosti, D.O.O., de Cecilia Marogna, accusée de détournement de fonds ; Prestige Family Office SA, d’Enrico Crasso, accusée de fraude ; Sogenel Capital Investment, désignée par Enrico Crasso, accusée de fraude. Certains délits sont également considérés comme ayant été commis en « complicité ».

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