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Justice - Page 27

  • De bonnes (et exigeantes) lectures pour l'été

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    Suggestion de l'European Centre for Law & Justice (ECLJ) :

    Adoption de la Résolution Matic

    Madame, Monsieur,

    Le combat pour le droit et la justice serait vain s’il n’était enraciné dans une bonne compréhension du droit naturel et de la morale. C’est là la beauté du droit ; et c’est ce qui fait souvent défaut dans l’enseignement juridique. C’est pourquoi nous souhaitons contribuer à y remédier en vous proposant une série de textes de qualité permettant de comprendre les notions fondamentales telles que la loi, le juste, le bien commun, le droit naturel, ou encore la relation entre le droit et la morale.

    Pour cet été, nous vous proposons deux textes de grande qualité expliquant ce qu’est la « loi » en philosophie et en théologie morales. Il s’agit d’extraits de cours dont la publication nous a été autorisée par leurs éditeurs respectifs. Nous les en remercions vivement. La lecture et l’étude de ces textes peut être très bénéfique aux juristes, étudiants et confirmés.

    • Le Pédagogue : la loi, extrait du « Petit cours » de morale fondamentale, du P. Michel Labourdette, O.P., accessible ici.
    • La loi morale, extrait du cours de théologie morale fondamentale de l’abbé Perrenx, accessible ici.
    Nous vous proposons en outre quelques articles plus spécifiques :
    • La justice selon Aristote, par Michel Bastit, accessible ici.
    • Le regard du jusnaturaliste : la nature humaine, source du droit, par Xavier Dijon, accessible ici.
    • Insaisissable dignité, par Xavier Dijon, accessible ici.
    • Les échelles juridiques de l’eugénisme, par Xavier Dijon, accessible ici.
  • Communiqué de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, sur le Motu proprio du Pape François Traditionis custodes

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    Aillet 12-Mgr-Marc-Aillet.jpgVoici le texte de Mgr Aillet publié sur le site web du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron dont on voudrait espérer que l’exemple sera suivi par un grand nombre de ses confrères :

    « Chers frères et sœurs,

    Le Pape François a promulgué le vendredi 16 juillet 2021, en la mémoire de Notre-Dame du Mont Carmel, un Motu proprio, intitulé Traditionis Custodes - Gardiens de la Tradition -, sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la Réforme de 1970. Il va sans dire que nous accueillerons ce motu proprio avec le même sens de l’Eglise et la même communion avec le Successeur de Pierre que le Motu proprio Summorum Pontificum, promulgué par le Pape Benoît XVI, le 7 juillet 2007.

    Le Pape rappelle qu’en tant que « gardiens de la tradition, les évêques, en communion avec l’évêque de Rome, constituent le principe et le fondement visible de l’unité dans leurs Eglises particulières ». Aussi, comme le stipule l’art. 2 du Motu proprio, « En tant qu’il est le modérateur, le promoteur et le gardien de toute la vie liturgique dans l’Eglise particulière qui lui a été confiée, c’est à l’évêque diocésain qu’il appartient de régler les célébrations liturgiques dans son propre diocèse. Par conséquent, c’est sa compétence exclusive d’autoriser l’usage du Missel Romain de 1962 dans le diocèse, selon les orientations du Saint-Siège ».

    Dans la lettre adressée aux évêques pour accompagner ce motu proprio, le Pape François explique pourquoi il a été amené à prendre de nouvelles dispositions qui abrogent celles prises par ses vénérés prédécesseurs. Tout en saluant la sollicitude paternelle et la magnanimité de Saint Jean Paul II et du Pape émérite Benoît XVI, pour faciliter l’usage du Missel de 1962, en vue de promouvoir la communion au sein de l’Eglise, le Saint-Père dit sa tristesse de constater, au terme de l’enquête qu’il a diligentée auprès des évêques du monde entier, que la possibilité offerte par ses prédécesseurs « ait été utilisée pour augmenter les distances, durcir les différences, construire des oppositions qui blessent l’Eglise et en entravent la progression, en l’exposant au risque de divisions ».

    Conscient de possibles dérives induites ici ou là dans l’Eglise et toujours à corriger, j’atteste pour ma part que l’application loyale du Motu proprio Summorum Pontificum dans le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron, a favorisé un climat de paix et de respect mutuel entre les prêtres et les fidèles attachés à ce que Benoît XVI désignait comme la forme ordinaire et la forme extraordinaire de l’unique rite romain. Il me semble pouvoir attester que les prêtres assurant dans le diocèse de Bayonne le service de la liturgie selon le Missel de 1962, adhèrent pleinement au Concile Vatican II, reconnaissent la légitimité du Missel de 1970, expression par excellence de la lex orandi de l’Eglise latine, et cultivent un sens aigu de la communion ecclésiale en participant activement aux manifestations et célébrations, comme aux orientations pastorales et missionnaires du diocèse. Je sais qu’ils ont le souci de faire grandir dans la foi, la vie chrétienne et le sens de la communion et de la mission, les fidèles qui participent habituellement ou occasionnellement aux célébrations liturgiques qu’ils président. Je constate d’ailleurs que leurs assemblées sont relativement jeunes et qu’on y trouve des familles très soucieuses de transmettre la foi à leurs enfants et de les éduquer à « sentire cum Ecclesia –  sentir avec l’Eglise ».

    Je veux leur redire ma confiance et les invite à poursuivre leurs efforts dans le même sens, dans l’esprit du nouveau Motu proprio Traditionis Custodes, dont je préciserai ultérieurement les modalités d’application. Et s’ils ressentent de l’incompréhension, je les invite à ne pas céder à la colère ni à des attitudes de fermeture ou de repli, mais bien plutôt, à l’instar de l’apôtre Thomas dans l’Evangile (cf. Jn 14, 5-6), à demander au Seigneur lui-même des explications, dans une prière d’abandon à sa volonté.

    Les prêtres qui célèbrent le Missel de 1962, en communion avec l’évêque, appartiennent pleinement au presbyterium du diocèse, au sein duquel ils entretiennent des relations fraternelles avec les autres prêtres et y assument des services diocésains appréciés. Je redis aux fidèles attachés au Missel de 1962 qu’ils sont membres à part entière de la communauté des fidèles qui constituent le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron et je les invite à recevoir ce Motu proprio avec foi, confiance et sens de l’Eglise.

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  • RDC : Décès de Mgr Monsengwo, la disparition d’un pilier du Congo

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    Mgr-Monsengwo.jpgLu ce jour sur le site web de la Libre Afrique, cet éloge funèbre très mérité du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque émérite de Kinshasa, un Congolais de premier plan dont la mémoire honore son cher Pays et la Belgique à laquelle l’unissaient aussi tant de liens :

    "Une des plus grandes figures du Congo indépendant s’est éteinte ce dimanche 11 juillet à Paris. Mgr Laurent Monsengwo, 81 ans, avait été évacué de Kinshasa vers l’Europe le 5 juillet pour des soins. Si des difficultés de santé l’avaient éloigné, ces dernières années, des prises de position publiques, il reste, pour de nombreux Congolais, une référence morale primordiale.

    Ce brillant intellectuel fut le premier Africain docteur en exégèse (1971). Le premier Africain secrétaire spécial d’un synode des évêques (2008). En 2012, il copréside avec Benoît XVI le synode sur la nouvelle évangélisation. Membre de diverses sociétés savantes, il parlait sa langue maternelle, le kisakata, ainsi que le lingala (lingua franca de l’ouest du Congo), le swahili (idem pour l’est), le français, l’italien, l’allemand, l’anglais, le néerlandais, l’hébreu moderne, l’espagnol et le portugais ; il avait aussi “appris l’hébreu ancien, le grec, l’araméen, le syriaque et le latin” (1). Il a composé une dizaine de pièces pour orgue mais se défendait d’être, pour les jouer, autre chose qu’“un dilettante quelque peu formé” ; ce goût pour la musique classique européenne ne l’empêchait pas d’apprécier les grandes vedettes de la musique populaire congolaise – Rochereau, Franco, Kabasele ou Simaro.

    Mgr Monsengwo : « Félix Tshisekedi aurait dû reconnaître sa claire et nette défaite »

    Ses capacités intellectuelles et sa rigueur morale lui donnaient une sûreté de soi qui faisait défaut à nombre de ses interlocuteurs, hommes de pouvoir dont la plupart n’étaient, à ses yeux, que “des invertébrés”, girouettes reniant leur signature avant que l’encre ait séché sur le document. Elles ont contribué à donner à ce prélat à la voix douce, démentie par un visage sévère, un rôle politique essentiel pour le pays.

    Une famille de chefs du Maï Ndombe

    Laurent Monsengwo est né le 7 octobre 1939 près d’Inongo (Maï Ndombe, ex-Bandundu, ouest du pays), dans une famille de chefs des Basakatas “connus pour leur endurance et leur obstination” (1). Son père était charpentier et menuisier à la Forescom, une entreprise belge, et accroissait ses revenus en construisant des meubles après le travail. De quoi subvenir aux besoins de la famille, très chrétienne, qui comptera huit enfants, dont six garçons ; “nous étions une famille heureuse”, dira le prélat.

    Il fait ses études secondaires au petit séminaire de Bokoro et trois années de philosophie au grand séminaire de Kabwe, après lesquelles ce brillant élève est envoyé à Rome étudier la théologie ; il y est ordonné prêtre en 1963. Il deviendra le fils adoptif de Gaston Leysen et son épouse, des Anversois chez qui le jeune Congolais logera pendant ses études, dans les années 60.

    En 1980, Jean-Paul II le fait évêque et, huit ans plus tard, Mgr Laurent Monsengwo est archevêque de Kisangani ; il deviendra celui de Kinshasa en 2007, charge qu’il laissera à Mgr Fridolin Ambongo en 2018. En 2010, Benoît XVI le fait cardinal.

    Laurent Monsengwo a aussi été secrétaire général puis, par deux fois, président de la Conférence épiscopale du Zaïre ; président du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et Madagascar ; président de Pax Christi International. Il représentait l’Afrique dans le collège des neuf cardinaux nommés par le pape François pour travailler à la réforme de la Curie.

    Hors du Zaïre, toutefois, c’est son irruption sur la scène politique qui le fera connaître du grand public.

    À partir des communautés ecclésiales de base

    En 1990, l’archevêque de Kisangani est la cheville ouvrière du mémorandum de l’Église adressé au président Mobutu et demandant, en définitive, un changement de régime. Les prélats jugent en effet de leur devoir de prendre position “lorsqu’un système de gouvernement est entaché dans ses principes ou traduit, dans ses structures et moyens d’action, des normes contraires au bien commun et aux droits de l’Homme”. L’Église en est venue à ces positions en développant, depuis quelques années, notamment sous l’impulsion de Laurent Monsengwo, les communautés ecclésiales de base – confiées à des laïcs locaux – pour approfondir la foi des chrétiens et organiser la solidarité dans les villages.

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  • Fin de l’enquête sur l’immeuble de Londres : dix personnes seront jugées au Vatican dont le cardinal Becciu

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    De Vatican News :

    Fin de l’enquête sur l’immeuble de Londres, dix personnes seront jugées au Vatican

    Un procès aura lieu à l’encontre de Mgr Carlino, Enrico Crasso, Tommaso Di Ruzza, Cecilia Marogna, Raffaele Mincione, Nicola Squillace, Fabrizio Tirabassi, Gianluigi Torzi, René Brülhart et le cardinal Angelo Becciu.

    3 juillet 2021

    L'enquête, longue et complexe, a été menée par le Promoteur de Justice Gian Piero Milano et les magistrats Alessandro Diddi et Gianluca Perrone. Une enquête qui s'est déroulée grâce aux investigations de la gendarmerie vaticane dirigée par le commandant Gianluca Gauzzi Broccoletti et qui a conduit à l'examen d'une grande quantité de documents, d'appareils électroniques saisis chez les suspects, ainsi qu'à la confrontation de témoins.

    Le président du Tribunal de la Cité du Vatican, Giuseppe Pignatone, a ordonné l’inculpation de dix personnes, suite à la demande présentée par le Bureau du Promoteur de Justice, rapporte un communiqué du Bureau de presse du Saint-Siège ce samedi 3 juillet. L’acte d’accusation, déposé ces derniers jours, conclut la première phase de l'enquête : les documents recueillis jusqu'à présent seront examinés par la Cour lors de l'audience publique qui opposera l'accusation à la défense. La première audience est prévue pour le 27 juillet.

    Les personnes suivantes seront jugées : René Brülhart (ancien président de l’AIF, Autorité d’Information Financière) à qui l'accusation reproche le délit d'abus de pouvoir ; Mgr Mauro Carlino (ancien secrétaire du Substitut de la Secrétairerie d'État) accusé d'extorsion et d'abus de pouvoir ; Enrico Crasso (l’intermédiaire gestionnaire pendant des décennies des investissements de la Secrétairerie d'État), accusé des délits de détournement de fonds, corruption, extorsion, blanchiment d'argent et auto-blanchiment, fraude, abus de pouvoir, faux en écriture publique commis par un particulier et faux écriture privé ; Tommaso Di Ruzza (ancien directeur de l’AIF) accusé de détournement de fonds, d'abus de pouvoir et de violation du secret professionnel.

    Egalement sur les bancs de la justice : Cecilia Marogna (qui a reçu des sommes considérables de la Secrétairerie d'État pour mener des activités de renseignement) accusée de détournement de fonds ; Raffaele Mincione (l’intermédiaire qui a fait souscrire à la Secrétairerie d'État d'importantes parts du fonds possesseur de l'immeuble londonien du 60 Sloane Avenue, utilisant l'argent reçu pour ses investissements spéculatifs), accusé de détournement de fonds, fraude, abus de pouvoir, détournement de fonds et auto-blanchiment ; Nicola Squillace (avocat impliqué dans les négociations) accusé de fraude, détournement de fonds, blanchiment d'argent et auto-blanchiment ; Fabrizio Tirabassi (un assistant, employé du Bureau administratif de la Secrétairerie d'État qui a joué un rôle de premier plan dans l'affaire) accusé de corruption, extorsion, détournement de fonds, fraude et abus de pouvoir ; Gianluigi Torzi (l’intermédiaire appelé pour aider le Saint-Siège à sortir du fonds de Raffaele Mincione qui se fait octroyer jusqu'à 15 millions pour rendre l’immeuble à ses propriétaires légitimes) accusé d'extorsion, détournement de fonds, fraude, blanchiment d'argent et auto-blanchiment.

    La demande de citation à comparaître a également été présentée à l'encontre des sociétés suivantes : HP Finance LLC, d’Enrico Crasso, accusée de fraude ; Logsic Humanitarne Dejavnosti, D.O.O., de Cecilia Marogna, accusée de détournement de fonds ; Prestige Family Office SA, d’Enrico Crasso, accusée de fraude ; Sogenel Capital Investment, désignée par Enrico Crasso, accusée de fraude. Certains délits sont également considérés comme ayant été commis en « complicité ».

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  • Dijon : manifestation des fidèles de Saint-Bernard (FSSP)

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    Lu ce dimanche 27 juin sur le site web « riposte catholique » :

    Ce matin, entre 10h et midi près de 200 fidèles de Saint Bernard de Dijon se sont réunis devant l’archevêché pour prier et supplier l’archevêque de revenir sur sa décision d’expulser les prêtres de la FSSP du diocèse après 23 ans de présence.

    L’archevêque est sorti et a maintenu sa position, allant jusqu’à dire “l’unité, c’est moi“. Il s’est vu répondre “vous aviez l’union, vous avez semé la scission et la division, l’unité, c’est Dieu”.

    Un manifestant a rappelé les propos de Mgr Schneider ce 25 juin en conférence à Paris : L’église n’est pas une dictature. Le Pape n’est pas un Roi, il ne peut dire l’Eglise c’est moi comme Louis XIV a pu dire L’état c’est moi.

    Mgr Schneider continuait d’ailleurs : Les fidèles, les prêtres ont le droit à la liturgie de tous les saints et de tous les temps. S’attaquer à cette messe est un abus”.

    Bien que campé sur sa position – exiger des prêtres de la Fraternité sacerdotale Saint Pierre qu’ils concélebrent “en signe de communion”, “sinon ils n’ont qu’à s’en aller“, une exigence qualifiée de “chantage” par les fidèles et qui témoigne d’une fragilisation croissante de la position de l’archevêque, apparu isolé et esseulé – il a néanmoins donné sa bénédiction en Latin aux fidèles.

    Après le départ de l’archevêque, chants et prières ont continué. Un fidèle a conclu par la parabole des amis importuns : “nous demandons notre pain spirituel, nous avons confiance (…) Tradidi quod accepi, j’ai transmis ce que j’ai reçu, nous demandons à continuer de faire l’expérience pleine et entière de la Tradition”.

    Ref. Dijon : manifestation des fidèles de Saint-Bernard (FSSP)

    La guerre des deux messes, apaisée sous le règne de Benoît XVI (motu proprio Summorum Pontiticum, 2007) va-t-elle reprendre sous celui de son turbulent successeur : en route vers une autre guerre de cent ans ?

    JPSC

  • La Cour Suprême des Etats-Unis conforte une association catholique qui refuse de confier des enfants aux familles homoparentales

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    De Charlotte Gambert sur le site du journal la Croix :

    18 juin 2021

    La justice américaine conforte une association catholique qui refuse de confier des enfants aux familles homoparentales

    L’agence Catholic Social Services (CSS) devra à nouveau être référencée par la mairie de Philadelphie, malgré son refus de placer des enfants au sein de familles d’accueil homoparentales. La Cour suprême a tranché jeudi 17 juin en sa faveur.

    Comment articuler liberté religieuse et principe de non-discrimination ? Cette question sensible a été tranchée jeudi 17 juin par la Cour suprême des États-Unis. Les juges ont estimé que la ville de Philadelphie ne pouvait pas rompre un contrat avec l’agence Catholic Social Services (CSS), au motif que celle-ci refuse de placer des enfants auprès de couples de même sexe.

    « Il est clair que la ville a fait pression sur CSS en lui donnant le choix de restreindre sa mission, ou d’approuver des relations incompatibles avec ses convictions », a estimé le juge en chef John Roberts qui a rendu l’avis de la Cour. Il ajoute que la CSS ne souhaite pas imposer ses idées à qui que ce soit, mais ne cherche « qu’un accommodement qui lui permettra de continuer à servir les enfants de Philadelphie d’une manière conforme à ses croyances religieuses ». Pour la Cour suprême, le refus de la ville de Philadelphie de conclure un contrat avec CSS viole le premier amendement de la Constitution, qui garantit la liberté religieuse.

    La décision sur cette question délicate était très attendue. Elle vient infirmer le jugement rendu par la troisième Cour d’appel des États-Unis, qui avait statué en faveur de Philadelphie, estimant que la ville appliquait de manière neutre sa politique de non-discrimination et que les services sociaux catholiques n’avaient pas le droit à une exemption.

    Les clivages demeurent

    L’affaire remonte à mars 2018. La ville de Philadelphie, apprenant que l’un de ses prestataires, en l’occurrence la CSS, refusait de placer des enfants auprès de couples de même sexe, avait alors décidé de ne plus lui en confier. L’agence avait alors porté plainte, au nom des principes de liberté religieuse et de liberté d’expression.

    Alors que le 4 novembre, la Cour suprême examinait le dossier, la juge Amy Coney Barrett, prenant position en faveur de l’agence, recevait le soutien de « dizaines d’églises, d’élus du Congrès et d’États de la Bible Belt, mais aussi du gouvernement républicain de Donald Trump, pour qui Philadelphie avait fait preuve d'« hostilité » envers la religion », rapportait alors Le Figaro le 3 novembre 2020.

    La grande ville du Nord-Est, quant à elle, recevait également de nombreux soutiens, dont celui de la puissante organisation de défense des droits civiques ACLU, qui mettait en garde contre les conséquences d’un jugement favorable à l’agence catholique. L’association estimait qu’une victoire de la CSS autoriserait des agences privées qui assurent des missions de service public - familles d’accueil, banque alimentaire, foyer pour sans-abri etc. - à refuser leurs services à la communauté LGBT.

    Une décision en demi-teinte

    Selon les défenseurs des droits LGBT, la victoire de leurs opposants n’est cependant pas complète. « La Cour n’a pas établi un droit général pour les organisations religieuses à violer les lois anti-discriminations », a souligné ACLU.

    « Les homosexuels ne peuvent pas être traités comme des parias », a ainsi rappelé la Cour suprême. Toutefois, le principe de non-discrimination « ne peut pas justifier de refuser une exception pour motif religieux à CSS », juge-t-elle, dans la mesure où le contrat conclu entre la ville et ses prestataires autorise les exceptions.

    Trois des neuf sages de la haute cour ont, quant à eux, ajouté, dans une opinion distincte, qu’un arrêt plus large était nécessaire pour renforcer les droits des groupes religieux, selon la Radio-Télévision belgede la communauté française(RTBF).

  • Le pape François a opéré une révision du code de droit canon

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    D'I.Media via Aleteia.org :

    Le pape François réforme profondément le droit canon

    1/06/21

    Le pape François a opéré une révision du code de droit canon dans l’Église catholique par la promulgation de la Constitution apostolique "Pascite gregem Dei" – "Paissez le troupeau de Dieu" en latin – signée le 23 mai 2021 et publiée le 1er juin.

    Le Vatican a présenté ce mardi 1er juin une révision du code de droit canon dans l’Église catholique par la promulgation de la Constitution apostolique « Pascite gregem Dei » – « Paissez le troupeau de Dieu » en latin – signée le 23 mai 2021. Elle vise à adapter le droit de l’Église au monde d’aujourd’hui et à rééquilibrer le rapport entre justice et miséricorde « qui a parfois été mal interprété », entrainant un climat de « laxisme », notamment dans un certain nombre de cas d’abus sexuels commis par des clercs sur des mineurs.  

    Une révision initiée dès 2007

    L’évêque de Rome a justifié la révision générale du chapitre VI portant sur les « sanctions pénales dans l’Église » par la volonté d’adapter les peines et les sanctions « aux changements sociaux et aux nouveaux besoins du peuple de Dieu ». « Il est devenu évident que la discipline pénale promulguée par saint Jean Paul II le 25 janvier 1983 dans le Code de Droit Canonique devait […] être révisée », a-t-il expliqué en introduction de sa Constitution apostolique. 

    Cette révision d’envergure n’est pas le fruit de la seule volonté du pape François. C’est Benoît XVI qui l’avait initiée en 2007. Le projet a fait l’objet d’une grande consultation collégiale entre experts et pasteurs, à Rome et dans les conférences épiscopales. Elle a abouti à une vaste transformation de ce chapitre VI : sur les 89 canons qui composent ce Livre VI, 63 ont été modifiés, soit 71%, 9 autres canons ont été déplacés (10%) et seulement 17 restent inchangés (19%).

    Plus de fermeté concernant les abus sur mineurs

    Les plus importantes modifications concernent la question des abus sur mineurs. Jusqu’alors considérés uniquement comme des délits contre « les obligations spéciales » (Titre V) propres au sacerdoce au même titre que la rupture du vœu de chasteté, ils sont aussi considérés comme des délits contre la vie, mais aussi « la dignité » – terme ajouté dans la révision – et la liberté humaine (Titre VI).

    Sont concernés les abus sexuels commis par des clercs sur des mineurs mais aussi sur des personnes affectées par une quelconque fragilité. Le texte inclut aussi le détournement de mineur, la possession ou l’exhibition d’images pédopornographiques (Can. 1398).

    Les laïcs dans l’exercice de leur mission ecclésiale sont eux aussi concernés par cette même modification. La prescription pour ces derniers passe à 7 ans, contre 5 ans auparavant. Pour les clercs, elle atteint désormais 20 ans (Can. 1362).

    La révision du droit canonique prend aussi quelques précautions pour s’assurer de la bonne application des peines, que ce soit concernant la personne condamnée mais aussi pour les autorités épiscopales, insérant une notion de « vigilance » à plusieurs reprises. On observe aussi un élargissement et une rationalisation de l’échelle des peines. Est notamment ajouté le paiement d’une somme d’argent pour les fins de l’Église en fonction des règles mises en place par la conférence épiscopale (Can. 1336) – une mesure déjà en pratique dans les cas d’abus.

    En matière économique et en cas de corruption

    Le texte législatif comporte également de nouvelles normes en matière d’économie de manière à répondre aux récents litiges qui ont secoué le Saint-Siège. Ainsi désormais, « le clerc ou le religieux qui, outre les cas déjà prévus par le droit, commet un délit en matière économique » (Can. 1293) sera puni de peines expiatoires (Can. 1336) avec l’obligation de réparer le dommage commis.

    Est stipulée l’interdiction de donner ou promettre quoi que ce soit afin que quelqu’un exerçant un office ou une charge dans l’Église « omette » d’agir illégitimement (Can. 1377). De même, celui qui accepte ces dons ou promesses sera puni selon la gravité du délit, jusqu’à la privation de l’office. De nouvelles normes qui pourraient être utiles pour prévenir tout risque de corruption.

    Le même article défend quiconque exerçant une charge de demander « une offrande qui dépasse ce qui est établi ou des sommes supplémentaires » sous peine d’une amende pécuniaire appropriée ou d’autres peines, y compris la privation de l’office.

    Présomption d’innocence renforcée

    Le nouveau livre prévoit par ailleurs de nouvelles dispositions en matière de présomption d’innocence (Can. 1321) : désormais, « quiconque est retenu innocent jusqu’à ce que le contraire ne soit prouvé ».

    Enfin, sera punie toute personne qui empêche le libre exercice d’un ministère ou du pouvoir ecclésiastique ou bien l’usage des biens sacrés (Can. 1272), ou encore violentent un ecclésiastique exerçant un pouvoir. Autre nouveauté : ceux qui empêchent la tenue libre d’une élection ou violentent un électeur ou un élu seront sanctionnés. Une règle qui pourrait s’appliquer lors d’un conclave, d’un synode, ou lors d’élections au sein des conférences épiscopales.

  • Le Liban peut-il se relever ?

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    Épuisé par ses divisions internes, la crise économique aggravée par la pandémie, la corruption endémique, le Liban, sans gouvernement, est à terre. Le cardinal Béchara Raï a proposé une solution. Une analyse d’Annie Laurent publiée sur le site web du mensuel « La Nef » :

    « Depuis l’été 2020, le pape François manifeste une vive préoccupation pour l’avenir du Liban. La crise existentielle dans laquelle s’enfonce le pays du Cèdre, déclenchée en octobre 2019 (1), ne cesse de s’aggraver, menaçant même la survie de ce petit État du Levant auquel le Saint-Siège a, dès 1946, trois ans après son indépendance, reconnu une vocation unique, ce qui inspirera à saint Jean-Paul II la formule de « pays-message » (2).

    Parmi les diverses interventions du Souverain Pontife, celle du 9 février dernier est significative par le choix de sa date et par son contenu. Publiée à l’occasion de la fête de saint Maron, patron de l’Église maronite, la plus nombreuse au sein de la chrétienté locale et la plus influente puisque c’est à l’un de ses patriarches, Élias Hoayek (1843-1931), dont le procès en béatification est en cours, que les Libanais doivent la création de leur État en 1920, raison pour laquelle le 9 février est une fête nationale chômée.

    Dans son message, le pape a insisté sur le rôle et la responsabilité des chrétiens. « Il est plus que jamais nécessaire que le pays garde son identité unique, pour assurer l’existence d’un Moyen-Orient pluriel, tolérant et divers, où la présence chrétienne peut offrir sa contribution et n’est pas réduite à une minorité qu’il faut protéger. » Affirmant que « les chrétiens constituent le tissu conjonctif historique et social du Liban et, à travers les multiples œuvres éducatives, sanitaires et caritatives, la possibilité de continuer à œuvrer pour le bien du pays, dont ils ont été les fondateurs, doit leur être assurée ». Or, a-t-il ajouté, « affaiblir la communauté chrétienne risque de détruire l’équilibre interne du Liban et la réalité libanaise elle-même » (3).

    Le Saint-Père a également demandé à ce que la présence des réfugiés, syriens et palestiniens, majoritairement musulmans, soit abordée dans cette optique. Les premiers, qui ont quitté leur pays en guerre depuis 2011, sont au nombre d’un million et demi ; les seconds, environ 400 000, sont les descendants de ceux qui avaient été chassés de Palestine lors de la création de l’État d’Israël en 1948. C’est donc une charge bien lourde que supportent les cinq millions de Libanais dont le territoire est à peine plus étendu que la Gironde. François a aussi émis la crainte qu’« en l’absence d’un processus urgent de reprise économique et de reconstruction, on risque la faillite du pays, avec la conséquence possible de dangereuses dérives fondamentalistes ». Appelant tous les responsables politiques et religieux libanais à renoncer à leurs intérêts particuliers, il les a engagés « à poursuivre la justice et à mettre en œuvre de vraies réformes pour le bien des citoyens, en agissant de manière transparente ». Il a enfin plaidé pour un engagement politique international aux côtés du Liban (4), pays où il se sait attendu et où il espère se rendre, comme il l’a confié début mars à son retour d’Irak.

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  • "L’interdiction du culte à cause de la pandémie était illégale"

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    Lu sur "Riposte catholique" :

    Genève : l’interdiction du culte à cause de la pandémie était illégale

    19 MAI 2021

    Le 1er novembre dernier, le Conseil d’Etat de Genève – l’exécutif du canton de Genève en Suisse – avait interdit « les services religieux et autres manifestations religieuses accessibles au public » au motif de la pandémie. Le prieur de l’Oratoire Saint-Joseph de Carouge, de la Fraternité Saint-Pie X, M. l’abbé Jean de Loÿe avait alors déposé un recours de droit administratif, le 6 novembre, demandant un effet suspensif.

    Le 3 décembre dernier, la chambre constitutionnelle de la cour de Justice avait accordé l’effet suspensif, les cultes avaient pu reprendre. A l’époque, un groupe de fidèles avait émis un recours et réclamé l’application de la jauge fédérale suisse – 50 personnes par célébration. Plusieurs communautés de croyants, dont les catholiques, les réformés et la communauté juive, s’étaient émues dans des courriers communs de l’interdiction des cultes, et avaient entamé des démarches en commun pour obtenir leur rétablissement.

    Le 6 mai 2021 la chambre constitutionnelle de la cour de justice de Genève a statué sur le fond et donné raison à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X . La décision d’origine, est qualifiée “d’ingérence non justifiée” dans l’exercice des libertés publiques de culte. Les juges genevois constatent aussi que si les mesures sanitaires sont strictement appliquées et que leur respect est contrôlé par un service d’ordre, rien ne permet de justifier que la pratique du culte constituerait un danger en soi.

    Le prieuré Saint-François de Sales de la FSSPX a commenté la décision dans un communiqué : “Cette décision rend justice à la messe contre une décision politique arbitraire et irrespectueuse des droits fondamentaux des catholiques à leur pratique dominicale“.

  • 2020 au Pakistan : une année noire marquée par les abus de la loi anti-blasphème

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    De Vatican News :

    10 mai 2021

    Pakistan: la loi anti-blasphème toujours source d'abus

    Selon un récent rapport du Centre Social pour la Justice les abus de la loi anti-blasphème n'ont jamais été aussi nombreux qu'en 2020, fragilisant encore plus les minorités religieuses. L'ONG Aide à l'Église en Détresse demande l'abrogation urgente de cette loi discriminatoire.

    2020 a été une nouvelle année noire pour la loi sur le blasphème au Pakistan. Telles sont les conclusions d'un récent rapport du Centre pour la justice sociale (CSJ) du Pakistan, qui confirment les conclusions de la fondation pontificale Aide à l'Église en détresse (AED) dans son rapport 2021 sur la liberté religieuse dans le monde.

    Les abus des articles controversés du code pénal pakistanais, qui prévoient une peine de prison à vie ou la peine de mort pour le crime de diffamation du prophète Mahomet, de l'islam ou du Coran, ont augmenté de façon exponentielle l'année dernière. Selon le CSJ, de 1987 à décembre 2020, au moins 1 855 personnes ont été inculpées sur la base de ces règles, dont 200 pour la seule année 2020, soit le nombre le plus élevé enregistré depuis l'entrée en vigueur de la loi en 1986. 75% d'entre eux étaient des musulmans (dont 70% de chiites et 5% de sunnites), 20% d'ahmadis (secte musulmane dissidente), 3,5% de chrétiens, 1% d'hindous.

    La province pakistanaise où le pourcentage d'abus est le plus élevé (76%) est le Pendjab, suivi du Sindh (19%). En décembre 2020, les prisons du Pendjab abritaient 337 détenus (en attente de condamnation définitive et condamnés), dont 60 pour la seule ville de Lahore. Au moins 78 personnes ont été tuées à la suite d'accusations de blasphème, dont 42 musulmans, 23 chrétiens, 9 ahmadis, 2 hindous et 2 dont l'identité religieuse n'a pas été établie. Ces chiffres excluent les assassinats ciblés de personnes appartenant à des groupes jugés hérétiques ou apostats, qui sont souvent indirectement liés à la loi sur le blasphème.

    Musulmans chiites et minorités dans le viseur de la loi

    «Des accusations de blasphème sont portées à la fois contre des musulmans et des membres de minorités religieuses, mais lorsque l'auteur présumé est un non-musulman, ces accusations se traduisent souvent par des lynchages, des attaques de quartiers entiers et des meurtres» souligne Alessandro Monteduro, directeur de la branche italienne de l'AED. «Le nombre de membres de minorités accusés de blasphème est également très disproportionné par rapport à leur pourcentage de la population» précise t-il, commentant des données qui, selon lui, confirment la nécessité d'abroger la loi. Depuis des années, cette loi est contestée par les minorités et les organisations de défense des droits de l'homme au Pakistan en raison de sa nature discriminatoire et de ses abus.

    Intitulé "Justice Yet Afar" ("La justice encore loin"), le rapport du CSJ examine les mesures prises jusqu'à présent par les autorités pakistanaises à différents niveaux depuis un arrêt de la Cour suprême de 2014 sur la protection des minorités. Il révèle la lenteur de la mise en œuvre de l'arrêt, notamment en ce qui concerne la lutte contre le phénomène des mariages forcés et des conversions à l'islam, la non-application du système de quotas pour l'accès à l'emploi, la promotion de la tolérance entre les communautés religieuses et ethniques et la réforme de la loi sur le mariage chrétien, toujours régie par des règles datant de la domination britannique.

  • RDC : pour sécuriser l’Est du Congo , il faut d’abord mettre au pas l’armée congolaise

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    Source récurrente d’anarchie et de corruption depuis l’effondrement de la Force Publique en juillet 1960, l’armée congolaise n’est pas en mesure d’assurer un « état de siège » efficace pour venir à bout des guérillas multiformes qui, du nord au sud,  ensanglantent les provinces de l’Est congolais. La mission que lui confère Tshisekedi est un effet d’annonce sans portée réelle si les forces armées congolaises ne sont pas encadrées et rééduquées par une assistance professionnelle internationale vigoureuse et expérimentée : sur ce point, tout reste à faire. La note que publie Colette Braekman sur son site web hébergé par le journal « Le Soir » ne dit pas autre chose :

    « Oubliant les élections contestées qui ont porté Félix Tshisekedi au pouvoir à la suite d’un accord avec le président Kabila, fermant les yeux sur les sommes considérables qui ont circulé pour cimenter cette « Union sacrée » qui représente la nouvelle majorité, les capitales occidentales, depuis Washington jusque Paris et Bruxelles, ont décidé de faire confiance à l’actuel chef de l’Etat. De considérer avec optimisme que son pouvoir, homogène mais encore bien fragile, pouvait fonder un réel changement et opérer la rupture avec les pratiques de l’ère Kabila. Les bonnes intentions, les promesses, répétées au fil des multiples voyages du président ont pu nourrir cet optimisme, et, à la tête de l’Union africaine, Tshisekedi est devenu incontournable sur le plan international.

    Cependant, si la capitale Kinshasa demeure calme, la situation à l’Est du pays représente un véritable gouffre d’insécurité. Jamais, depuis la première puis la deuxième guerre du Congo, au début des années 2000, on n’avait vu s’affronter autant de milices guerrières, se multiplier autant d’actes de violence, autant d’exactions. Au fil des décennies et grâce à l’impunité qui fut garantie par des accords de paix soutenus par la communauté internationale, on a vu s’élargir les zones de non droit, se renforcer les groupes armés. Avec le temps, la pratique de la violence s’est en quelque sorte démocratisée. Cessant d’être le triste apanage des militaires et des miliciens, la violence est devenue l‘héritage des civils : désormais, eux aussi, sans être inquiétés pratiquent le viol, autrefois tabou, recourent aux armes pour soutenir tel ou tel politicien et répètent à l’envi les discours de haine que leurs livrent les apprentis sorciers des réseaux sociaux.

    Même si l’exercice sera difficile, et aurait peut-être du s’étendre au Sud Kivu, le chef de l’Etat n’a pas tort d’avoir décidé d’instaurer l ‘état de siège. Mais le soutien international qui lui est promis lors de ses tournées dans les capitales doit aller au-delà des paroles d’encouragement : il faut l’aider à améliorer l’outil régalien que doit être son armée. Pourquoi la Belgique ne reprendrait elle pas la formation d’officiers congolais qu’elle avait entamé avec succès à Kindu, avant la rupture avec Kabila ? Pourquoi la France ne renouvellerait elle pas une nouvelle opération Artemis dans l’Ituri, qui avait jadis remis au pas les milices de Thomas Lubanga ? Pourquoi les Etats Unis ne s’engageraient-ils pas dans la lutte contre les réseaux djihadistes qui encerclent Beni ? Certes, il y a d’autres fronts, dans le Sahel entre autres, d’autres urgences, comme le Covid. Mais si au départ de l’Est, l’immense Congo se trouve une nouvelle fois déstabilisé, si l’impunité continue à être la règle, qu’on cesse d’envoyer des lauriers au Docteur Mukwege et de faire des promesses à Tshisekedi. Même s’il est peut-être déjà trop tard, c’est aujourd’hui qu’il faut aider le Congo à rétablir sa souveraineté, à contrôler son territoire, à protéger toute sa population. »

    Ref. A l’Est du Congo, il faut du nouveau…

    JPSC

  • RDC : les islamistes redessinent l’est du pays : nouvel appel de l’évêque de Butembo-Beni

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    Relayé par Thomas Oswald sur le site web « Aleteia » ce 8 mai 2021 :

    Sikuli.jpgMgr Paluku Sikuli Melchisédech, évêque du diocèse de Butembo-Beni, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), dénonce la faillite de son gouvernement face aux défis auxquels il est confronté. Des terroristes chassent de chez elles les populations autochtones, des trafiquants exploitent les ressources minières congolaises, sans être inquiétés. Entretien:

    "Face à la dégradation rapide de la situation sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC), l’armée vient de prendre la responsabilité de deux provinces de l’est du pays, le Nord Kivu et l’Ituri, où les populations sont à la merci de groupes armés dont les ADF (Allied Democratic Forces), lié depuis 2019 à l’État islamique (EI). « Lors de mon intronisation comme évêque, il y a vingt ans, on parlait déjà de « balkanisation » de la région », dénonce Mgr Paluku Sikuli Melchisédech, évêque du diocèse de Butembo-Beni, dans l’est du pays. « Je constate que l’expression s’applique toujours avec la même violence ! »

    Depuis le début du mois d’avril, une vague de manifestations, parfois violentes, secoue votre pays pour dénoncer l’insécurité. Quelle est votre position à l’égard de ces manifestants ?

    Mgr Paluku Sikuli Melchisédech : On ne peut pas demander aux gens qu’on est en train de tuer comme des bêtes de se taire et ne rien faire. C’est leur droit de réclamer la sécurité, c’est leur droit de réclamer la liberté mais nous voulons simplement que cela soit fait dans le respect de la loi, dans la paix, pas dans la violence.

    Il existe un projet de grande envergure pour islamiser ou chasser les populations autochtones.

    Que dénoncent-ils exactement ?

    L’absence d’efficacité de la mission de maintien de la paix de l’ONU. Mais plus largement, les conflits perpétuels, jamais réglés, qui perdurent dans l’est du pays. Lors de mon intronisation comme évêque, il y a 20 ans, on parlait déjà de « balkanisation » de la région. Je constate que l’expression s’applique toujours ! La Conférence épiscopale nationale congolaise calcule ainsi qu’il y a eu plus de 6.000 morts à Beni depuis 2013 et plus de 2.000 à Bunia pour la seule année 2020. On compte également au moins 3 millions de déplacés et environ 7.500 personnes kidnappées. Il existe un projet de grande envergure pour islamiser ou chasser les populations autochtones.

    Pourquoi parlez-vous d’islamisation ? La principale organisation en cause, l’ADF, ne se revendique pas comme une organisation islamique…

    Tous ceux qui ont été kidnappés par ces groupes terroristes et qui en sont sortis vivants rapportent la même histoire. Ils ont eu le choix entre la mort et la conversion à l’islam. On leur impose des noms musulmans, pour gommer leur identité. Par ailleurs, même les habitants du diocèse qui n’ont pas vécu cette expérience traumatisante peuvent constater que des mosquées poussent partout.

    Qui les finance ?

    En son temps, Mouammar Kadhafi se montrait très généreux pour bâtir ces mosquées. À présent, ce sont d’autres sources de financement qui permettent les constructions de ces lieux de culte.

    Lire la suite