D'Open.online :
Le cardinal Müller est impitoyable envers le pape François : "Ses amis sont privilégiés même s'ils sont accusés d'abus : un cercle restreint fait les nominations au Vatican".
20 janvier 2023
Le cardinal allemand lance une série d'accusations cinglantes à l'encontre du souverain pontife, dans son dernier livre intitulé "In buona fede", qui sera bientôt disponible en librairie.
Un cercle restreint graviterait autour du pape François. Les abus dans l'Église seraient traités de manière partiale. Le "non" à la messe en latin aurait chagriné et aliéné les franges traditionalistes. Ce ne sont là que quelques-unes des révélations faites par le cardinal Gerhard Müller dans son livre In buona fede with Franca Giansoldati (Solferino), qui sortira dans quelques jours. L'ancien préfet de la Doctrine de la Foi ne ménage pas ses critiques à l'égard de la ligne adoptée par le Pontife, qui selon lui s'entourerait de personnes "non préparées d'un point de vue théologique". En outre, selon lui, au Vatican, les informations circuleraient désormais "de manière parallèle" : "d'une part, il existe des canaux institutionnels qui sont malheureusement de moins en moins consultés par le pontife, et d'autre part, il existe des canaux personnels utilisés même pour les nominations d'évêques ou de cardinaux".
La question des abus
Des mots forts, qui ne font même pas l'économie d'un commentaire sur les scandales qui ont éclaboussé l'Église ces derniers temps. On cite notamment le cas de Monseigneur Gustavo Zanchetta, l'évêque argentin qui a été condamné en mars dernier à quatre ans et demi de prison pour avoir abusé sexuellement de deux séminaristes. Son cas, écrit Müller, "fait débat parce qu'il jouissait d'un statut privilégié en tant qu'ami du pape". En règle générale, les amitiés ne peuvent influencer le cours de la justice, tout le monde doit être traité de manière égale". Don Mauro Inzoli, un prêtre proche de Communion et Libération, est également mis en cause. "Le tribunal du Vatican, lit-on dans le livre, a ouvert un procès à son encontre à l'issue duquel il a été décidé de le réduire à l'état laïc car il a été reconnu coupable de crimes. Mais malheureusement, il y a eu un cardinal de la curie qui est allé frapper à Santa Marta, demandant la "clémence". Müller raconte que "face à cet interventionnisme", le pape s'est laissé convaincre et a choisi de modifier la sentence, en aménageant la peine d'Inzoli, stipulant qu'il devait rester prêtre. Mais avec l'interdiction de porter l'habit sacerdotal ou de clerc en public, et sans se présenter aux communautés comme consacré : "Il restait consacré mais ne pouvait pas se montrer aux étrangers comme tel. Ce n'est qu'un exemple".
Le "non" à la messe en latin et l'affaire Becciu
Le travail de Mgr Müller fait écho aux propos de Georg Gänswein, secrétaire de Benoît XVI, selon lesquels le "non" du pape François à la messe en latin a "brisé le cœur" de Joseph Ratzinger. La décision, a ajouté Mgr Müller, est "une gifle" pour les traditionalistes, "elle a creusé des fossés et causé de la douleur". Et cela a donné l'impression, selon lui, que le souverain pontife avait choisi "d'écouter un groupe de conseillers, sans tenir compte du fait que la mesure aurait pris les apparences d'une simple démonstration de pouvoir". Le cardinal est un fleuve en crue, et ne ménage même pas les critiques sur la gestion de l'affaire Becciu, le cardinal accusé de s'être enrichi, lui et sa famille, avec des fonds de la Secrétairerie d'État du Vatican. "Vous ne pouvez pas punir quelqu'un sans avoir la preuve de sa culpabilité en main. Cette façon d'agir s'est produite fréquemment au Vatican et ne concerne pas seulement le cas singulier de Becciu, mais s'est même produite au sein de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi lorsque des prêtres ont été renvoyés sans raison, du jour au lendemain", a condamné Müller. Le reproche du cardinal s'adresse en premier lieu aux médias, coupables selon lui d'avoir amplifié une "question macroscopique".