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Histoire - Page 49

  • La mort du Père Gumpel, l'érudit qui a déboulonné les mythes contre Pie XII

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    D'Ermes Dovico sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Le Père Gumpel, l'érudit qui a déboulonné les mythes contre Pie XII

    14-10-2022

    Le jésuite allemand est décédé, lui qui a démantelé, en étudiant la documentation historique, la légende noire sur Pie XII et son comportement envers les Juifs qui ont été sauvés par milliers grâce à l'activité du pasteur angélique. La Bussola s'entretient avec le père Bux : "Gumpel a dissipé tous les doutes sur le pape Pacelli et a été convaincu de sa sainteté".

    Le père Peter Gumpel, un jésuite allemand de 98 ans, est décédé le 12 octobre (il aurait eu 99 ans le 15 novembre). Gumpel est notamment connu pour avoir eu accès, depuis 1965, à la documentation sur le pontificat de Pie XII contenue dans les Archives secrètes du Vatican (aujourd'hui Archives apostoliques) et avoir ainsi contribué à démanteler, avec d'autres historiens, les légendes noires qui circulaient sur le pape Pacelli.

    Des légendes qui avaient atteint leur paroxysme en 63, à travers la pièce Le Vicaire du dramaturge Rolf Hochhuth, qui accusait le pasteur angélique d'être resté passif et indifférent face au génocide perpétré par les nazis. Une "thèse théâtrale" qui se heurte à la réalité d'un pontife, tel que Pie XII, qui a mis en place une œuvre de réseaux pour offrir refuge, nourriture et salut à des milliers de Juifs. Pourtant, la thèse susmentionnée n'a jamais disparu de la propagande anticatholique, dont le père Gumpel lui-même, comme il en a témoigné, a fait l'expérience dans son travail d'historien.

    La Nuova Bussola a interviewé le père Nicola Bux, qui connaissait personnellement le jésuite allemand.

    Père Bux, pouvez-vous d'abord esquisser la figure du Père Gumpel ?

    Il appartenait à une noble famille allemande, qui a été persécutée sous le gouvernement nazi en raison de ses origines juives et contrainte d'émigrer. Son rôle d'historien a été souligné, essentiellement, pour son travail de recherche et d'établissement de la vérité sur la figure de Pie XII. Il était déjà bien connu à l'époque de Paul VI, car c'est alors que les recherches sur Pacelli ont été approfondies. Le pape Montini tenait Pie XII en haute estime (avec lequel il avait travaillé lorsqu'il était substitut à la Secrétairerie d'État) et souhaitait donc que des documents soient publiés pour attester du travail de Pacelli pendant la guerre. Lors du Concile Vatican II, Paul VI lui-même a demandé que la cause de béatification de Jean XXIII et de Pie XII soit lancée en même temps. Puis, sous Benoît XVI, la postulation de la cause de Pacelli a été confiée aux Jésuites, notamment parce que les Jésuites étaient les conseillers de Pie XII, qui comptait beaucoup sur leur aide. Je rappelle que déjà deux mois après sa mort, la première prière pour demander sa béatification a été publiée : Pie XII est mort le 9 octobre 1958 et déjà le 8 décembre de la même année, l'imprimatur a été donné à l'une de ses images saintes.

    Quel rôle le père Gumpel a-t-il joué dans cette cause ?

    Le père Gumpel, en particulier, a été le relais de la cause de béatification de Pie XII pendant trente ans, de 1983 à 2013. À cette époque, en 2009, l'Église a reconnu les vertus héroïques du Pape Pacelli, qui a alors été proclamé Vénérable par Benoît XVI. Le pape Ratzinger s'est servi de la collaboration du père Gumpel jusqu'à la fin pour dissiper le dernier doute qui planait sur le processus de béatification, à savoir si Pie XII avait fait tout son possible pour aider et sauver les Juifs. Gumpel a su dissiper les derniers doutes à cet égard. Il a notamment rencontré le chef d'un groupe d'environ 800 rabbins juifs orthodoxes d'Amérique du Nord, qui lui a remis une déclaration écrite dans laquelle il expliquait que les juifs orthodoxes n'acceptaient pas que leurs frères dans la foi se mêlent des affaires internes de l'Église. On sait que des influences politiques partisanes ont pesé sur l'affaire Pie XII, ce qui a ralenti le processus de béatification, mais que le père Gumpel a pu "dribbler" avec la force de la documentation historique, qui atteste du comportement exemplaire du Saint-Père.

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  • Le traditionalisme : une fidélité, une résistance, une oeuvre d'Eglise

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    Du site de Paix liturgique, lettre 889 du 11 Octobre 2022 :

    LE TRADITIONALISME : UNE FIDELITE, UNE RESISTANCE, UNE OEUVRE D'EGLISE

    Le samedi 24 septembre dernier, s'est tenu à Paris un colloque sur l'avenir de la messe traditionnelle qui a réuni près de 500 participants. La grande réussite de cette évènement, co-organisé notamment par les associations Oremus-Paix Liturgique et Renaissance Catholique, tient à la qualité des interventions et notamment de celle de Jean-Pierre Maugendre, Président de Renaissance Catholique, que nous reproduisons ici avec son aimable autorisation.

    Tout avait bien commencé : « Le concile qui vient de s’ouvrir est comme une aurore resplendissante qui se lève sur l’Eglise, et déjà les premiers rayons du soleil levant emplissent nos cœurs de douceur. Tout ici respire la sainteté et porte à la joie. Nous voyons des étoiles rehausser de leur éclat la majesté de ce temple, et ces étoiles, comme l’apôtre Jean nous en donne le témoignage (Ap 1, 20), c’est vous ! ». Ainsi s’exprimait le 11 octobre 1962 le bon pape Jean dans son discours d’ouverture du Concile ! Le programme proposé était d’une simplicité…biblique : « L’Eglise n’a jamais cessé de s’opposer [aux] erreurs. Elle les a même souvent condamnées et très sévèrement. Mais aujourd’hui, l’Epouse du Christ préfère recourir au remède de la miséricorde, plutôt que de brandir les armes de la sévérité, elle répond mieux aux besoins de notre époque en mettant davantage en valeur les richesses de sa doctrine. » La méthode proposée était parfaitement claire : « Il faut que [l’Eglise] se tourne vers les temps présents, qui entraînent de nouvelles situations, de nouvelles formes de vie et ouvrent de nouvelles voies à l’apostolat catholique. C’est pour cette raison que l’Eglise n’est pas restée indifférente devant les admirables inventions du génie humain et les progrès de la science, dont nous profitons aujourd’hui, et qu’elle n’a pas manqué de les estimer à leur juste valeur. » Ces intentions au demeurant sans doute fort louables sur le fond aboutirent dans la réalité à ce que Jacques Maritain, peu suspect d’intégrisme, voire même, si j'ose dire, "imam caché" du concile Vatican appelait dans le « Paysan de la Garonne » : « L’agenouillement devant le monde ». (p 85) En quelques années un héritage multiséculaire fut jeté à bas, des habitudes millénaires oubliées, daubées, fustigées et condamnées. Mme Michu qui n’avait pas lu les Actes du concile et n’avait pas l’intention d’y consacrer dix secondes observa cependant avec stupeur, dans sa paroisse : • La suppression de la chorale, c’était pourtant bien beau mais … plus long. • L’élimination du latin ; elle n’y comprenait rien, mais l’objectif était que Dieu comprenne. • L’apparition d’une table devant l’autel, c’est sa voisine qui l’avait fournie. • La célébration de la Messe face au peuple qui faisait que le célébrant tournait le dos au tabernacle ce qui paraissait incongru à Mme Michu, pas au célébrant. • La distribution de la communion dans la main ; Mme Michu avait vu des gamins mettre l’hostie dans leur poche. • Le bouleversement du calendrier et la suppression du saint protecteur de la paroisse. Elle apprit que même sainte Philomène, la sainte préférée du curé d’Ars, avait disparu dans la tourmente. • La destruction des confessionnaux, 2 • L’interdiction des agenouillements, • La suppression de la Fête-Dieu, • L’abandon de la récitation du rosaire, etc… Mme Michu fit comme une autre voisine, elle décida de ne plus remettre les pieds à l’église, hormis pour les mariages et les enterrements. On lui avait changé sa religion. Comme le rapporte Patrick Buisson dans son ouvrage capital La fin d’un monde, citant une brave mère de famille, épouse d’un mécanicien : « La religion, ça ne devrait pas changer, puisque ce qu’on cherche, c’est d’être sûr de quelque chose. » (p 266) De son côté Guillaume Cuchet note, en conclusion de son précieux travail Comment notre monde a cessé d’être chrétien : « Cette rupture au sein de la prédication catholique a créé une profonde discontinuité dans les contenus prêchés et vécus de la religion de part et d’autre des années 1960. Elle est si manifeste qu’un observateur extérieur pourrait légitimement se demander si, par-delà la continuité d’un nom et de l’appareil théorique des dogmes, il s’agit bien toujours de la même religion. » (p 266) Tout ceci fut imposé avec une brutalité inouïe. Brutalité certes en opposition avec le discours officiel sur l’écoute, l’ouverture, le dialogue, le respect de l’autre, l’accueil des différences, mais brutalité nécessaire car tous ces bouleversements ne répondaient en aucune façon aux demandes des fidèles catholiques. Un sondage du 13 août 1976, au cœur de l’été chaud ainsi nommé en raison de la canicule de cette année-là mais aussi en référence à la messe traditionnelle célébrée par Mgr Lefebvre, devant des milliers de fidèles, à Lille, publié par l’IFOP et le Progrès de Lyon révélait l’ampleur du malaise. Si 40% des pratiquants réguliers estimaient qu’il fallait continuer les réformes initiées par Vatican II, 48% estimaient que l’Eglise était allée trop loin dans les réformes. Chiffre auquel il faut sans doute rajouter l’immense majorité de ceux qui avaient cessé de pratiquer entre 1965 et 1976. Aujourd’hui encore tous les sondages menés par l’association “Paix Liturgique” le confirment. Globalement 30% des pratiquants réguliers assisteraient à la messe traditionnelle si elle était célébrée dans leur paroisse. Alors qu’il est de bon ton de dénoncer le cléricalisme, les années qui suivirent le concile furent d’abord celles d’un cléricalisme effréné dans la continuité de ce que Mgr Schneider dans son ouvrage indispensable Christus Vincit analysait : « Le phénomène “Vatican II” apparaît comme un énorme spectacle de triomphalisme clérical. » (p 164) Le départ de sa paroisse de Madame Michu ne contrista pas son curé ; certes c'était contrariant pour la quête mais il avait bien intégré le postulat « mille fois rabâché, que l'évangélisation de ceux qui étaient loin de pourrait se faire qu'après l'éviction de tous ceux qui n'était que faussement proches », (p 256) selon la lumineuse synthèse de Patrick Buisson. Comme l’écrivait un évêque cité par la revue “Itinéraires” de Jean Madiran : « L'Eglise passe d’un christianisme sociologique à un christianisme authentique ».

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  • Comment les catholiques sont devenus prisonniers de Vatican II

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    Lu sur « Il Sismografo » cet article extrait du New York Times

    le concile a 60 ans maxresdefault (5).jpg« (Ross Douthat, The New York Times) Le Concile Vatican II, la grande révolution dans la vie de l'Église catholique moderne, s'est ouvert il y a 60 ans cette semaine à Rome. Une grande partie de ce monde des années 1960 est décédée, mais le conseil est toujours avec nous; en effet, pour une église divisée, ses conséquences toujours en cours ne peuvent être échappées.

    Pendant longtemps, cela aurait été une revendication libérale. Dans les guerres au sein du catholicisme qui ont suivi le concile, les conservateurs ont interprété Vatican II comme un événement discret et limité - un ensemble particulier de documents qui contenaient divers changements et évolutions (sur la liberté religieuse et les relations catholiques-juives en particulier), et ouvraient la porte à une version révisée et vernaculaire de la messe. Pour les libéraux, cependant, ces détails n'étaient qu'un point de départ : il y avait aussi un « esprit » du concile, similaire au Saint-Esprit dans son fonctionnement, qui était censé guider l'église. dans de nouvelles transformations, une réforme perpétuelle.

    L'interprétation libérale a dominé la vie catholique dans les années 1960 et 1970, lorsque Vatican II a été invoqué pour justifier un éventail toujours plus large de changements - à la liturgie, au calendrier et aux prières de l'Église, aux coutumes laïques et à la tenue cléricale, à l'architecture de l'église et à la musique sacrée, à la discipline morale catholique. Puis l'interprétation conservatrice s'est installée à Rome avec l'élection de Jean-Paul II, qui a publié une flottille de documents destinés à établir une lecture faisant autorité de Vatican II, à freiner les expérimentations et les altérations plus radicales, à prouver que le catholicisme avant les années 1960 et Le catholicisme par la suite était toujours la même tradition.

    Maintenant, dans les années du pape François, l'interprétation libérale est revenue - non seulement dans la réouverture des débats moraux et théologiques, l'établissement d'un style d'écoute permanente de la gouvernance de l'église, mais aussi dans la tentative de supprimer une fois de plus l'ancien catholique rites, la liturgie latine traditionnelle telle qu'elle existait avant Vatican II.

    L'ère de François n'a pas restauré la vigueur juvénile dont jouissait autrefois le catholicisme progressiste, mais elle a justifié une partie de la vision libérale. Par sa gouvernance et même par sa simple existence, ce pape libéral a prouvé que le Concile Vatican II ne peut pas être simplement réduit à une seule interprétation établie, ou voir son travail en quelque sorte considéré comme terminé, la période d'expérimentation terminée et la synthèse restaurée.

    Au lieu de cela, le concile pose un défi permanent, il crée des divisions apparemment insolubles et il laisse le catholicisme contemporain face à un ensemble de problèmes et de dilemmes que la Providence n'a pas encore jugé bon de résoudre.

    Voici trois déclarations pour résumer les problèmes et les dilemmes. D'abord, le concile était nécessaire. Peut-être pas sous la forme exacte qu'il a prise, un concile œcuménique convoquant tous les évêques du monde entier, mais dans le sens où l'Église de 1962 avait besoin d'adaptations importantes, d'une réflexion et d'une réforme importantes. Ces adaptations devaient être tournées vers le passé : la mort de la politique du trône et de l'autel, la montée du libéralisme moderne et l'horreur de l'Holocauste ont tous exigé des réponses plus complètes de la part de l'Église. Et ils devaient aussi être tournés vers l'avenir, dans le sens où le catholicisme du début des années 1960 commençait à peine à compter avec la mondialisation et la décolonisation, avec l'ère de l'information et les révolutions sociales déclenchées par l'invention de la pilule contraceptive.

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  • Peut-on conclure à l'authenticité du Saint Suaire ?

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    De Marguerite Aubry sur le site de l'Homme Nouveau :

    Le Linceul de Turin est-il authentique ? Entretien avec Jean-Christian Petitfils

    Que nous montrent l'histoire et la science à propos du linceul de Turin ? Ce suaire est-il bien le témoin de la Passion et de la Résurrection du Christ ? Jean-Christian Petitfils, auteur de Le Saint Suaire de Turin (Taillandier), répond à nos questions.

  • L'objectif "pastoral" de Vatican II est la source de malentendus

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    De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Vatican II, l'objectif "pastoral" est la source de malentendus.

    11-10-2022

    Soixante ans après son inauguration, on se demande encore si l'évaluation de Vatican II doit porter uniquement sur son application ou également sur ses documents. Il y a un facteur, spécifique au Concile, qui s'est prêté à des déformations de son application : son objectif " pastoral ", qui a influencé la présentation de la doctrine.

    Le Concile Vatican II inauguré par Jean XXIII le 11 octobre 1962, il y a soixante ans, ne cesse d'interroger l'Eglise, malgré les tentatives soit de le célébrer comme un acquis incontesté, voire un dogme, soit de le considérer comme dépassé parce que nous serions dans la phase d'un post-concile définitif. Il est assez difficile de se débarrasser du Concile en tant que problème.

    La principale question qui reste ouverte est de savoir si son évaluation doit porter uniquement sur l'application du Concile ou sur le Concile lui-même. Est-ce que ce sont seulement les applications (souvent) aventureuses du Concile, sans rapport avec les textes approuvés par les Pères, qui ont posé problème et provoqué la discussion, ou bien y a-t-il quelque chose qui se prête au malentendu, même dans les textes ? Y a-t-il eu quelque chose au Concile qui a ensuite échappé à tout contrôle, quelque chose qui a ensuite échappé à tout contrôle parce qu'il a été formulé au Concile de manière à permettre qu'il échappe à tout contrôle ?

    On peut donner des exemples à l'infini des applications erronées du Concile, des progrès réalisés en faisant appel à son "esprit" et non à sa "lettre". Ces soixante années, y compris nos jours, en sont pleines. Cependant, de nombreux éléments étayent également le fait qu'il y avait des problèmes mal définis au sein du Concile lui-même. Sinon, on ne s'expliquerait pas pourquoi de nombreuses applications déformées de tel ou tel passage des documents du Concile ont pu faire levier sur tel ou tel autre. Par exemple, la synodalité qui s'impose aujourd'hui avec la phase synodale actuelle se fonde sur la notion de " signes des temps ", une des expressions les plus ambiguës de Vatican II et qui se prête à toutes les instrumentalisations : aujourd'hui, dans l'Église, on dit que même l'émergence des droits des couples homosexuels serait un signe des temps, c'est-à-dire un souffle de l'Esprit.

    Le Concile en tant que problème ne peut donc pas être relégué à ses lacunes, mais est également lié à des facteurs qui lui sont propres. La question se pose maintenant : quel était le principal de ces facteurs propres ? Quel élément produit des obstacles à la pleine compréhension du Concile, et continue de le faire même après soixante ans ? À mon avis, c'est son caractère essentiellement "pastoral". Vatican II a été convoqué pour des besoins pastoraux, mais c'est précisément cette caractéristique qui a semé la confusion, de sorte qu'aujourd'hui encore, elle reste à décrypter.

    Il était, et il est toujours, très difficile de penser que l'objectif pastoral de re-présenter le message chrétien à l'homme contemporain - l'objectif même du Concile - n'impliquait pas également une remise en question de la doctrine. Une certaine naïveté dans ce domaine est perceptible dans le discours d'ouverture de Jean XXIII, mais plus maintenant. En fait, le Concile était pleinement doctrinal, approuvant même des Constitutions "dogmatiques". En même temps, cependant, son but n'était pas principalement doctrinal, puisqu'il était principalement pastoral, de sorte que ce dernier but (pastoral) a affecté la repensée et l'exposition de l'autre élément (doctrinal). D'où tous les problèmes qui se sont posés.

    Entre-temps, pour des raisons pastorales, certains éléments de la doctrine ont été soit passés sous silence, soit formulés de manière à ne pas déplaire. Le communisme n'a pas été condamné pour ces raisons ; le rapport entre l'Écriture et la Tradition a été pensé en tenant compte des exigences des relations œcuméniques avec les protestants ; même la discussion en assemblée sur la place à accorder à Marie Très Sainte a été affectée par ces préoccupations ; l'acceptation du personnalisme est due à l'idée que la mentalité contemporaine valorise fortement la subjectivité.

    Puis, pour des raisons pastorales, on a choisi un langage non pas définitionnel mais narratif, nécessairement plus nuancé et à interpréter. Le problème de la langue du Concile est important. Dans les textes, il y a de nombreuses expressions, comme l'incipit de Gaudium es spes, qui sont continuellement citées, mais qui ont très peu de précision doctrinale et une faible cohérence théologique. Gaudium et spes est appelée (de manière problématique) une " constitution " pastorale, mais quelle valeur théologique et magistérielle a la photographie du monde contemporain qu'elle propose dans sa première partie en langage sociologique et existentiel ? De nombreuses expressions doivent être reliées à d'autres pour obtenir une image complète du problème présenté, mais c'est une tâche complexe et difficile pour les non-initiés. Pensez, à cet égard, à la définition du bien commun dans Gaudium et spes, ou à la célèbre phrase selon laquelle l'homme est la "seule créature que Dieu a voulue pour elle-même". Cela peut être interprété à la fois dans un sens anthropocentrique et théocentrique.

    Pour des raisons pastorales, les problèmes ont donc été présentés de manière nouvelle, sans toutefois les résoudre de manière adéquate du point de vue de la certitude magistérielle. On pense à la doctrine de la liberté religieuse dans Dignitatis humanae. Cet enseignement ne ferme pas la boucle et fait encore l'objet de débats aujourd'hui. Si elle l'avait fermée, il n'y aurait pas eu besoin de publier Dominus Iesus et, inversement, François n'aurait pas signé la déclaration d'Abu Dhabi.

    Plus généralement : dans les textes conciliaires, il est difficile de distinguer ce qui est doctrinal et ce qui est pastoral, ce qui a ensuite permis à une nouvelle vision de la pastorale de s'imposer dans la théologie, une pastorale qui coproduit la doctrine avec la Révélation. Et cela ouvre la porte à tant d'aspects inacceptables de la théologie contemporaine. La théologie du Concile était encore une théologie de la pastorale, mais on a ensuite développé une théologie pastorale, dans laquelle s'inscrit aujourd'hui la nouvelle version pastoraliste de la synodalité.

    Le concile Vatican II engagera également l'Église dans les soixante prochaines années.

  • Un saint qui a fait notre malheur : Jean XXIII, le pape du concile

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    Du Frère Pierre de la Transfiguration sur crc-resurrection.org :

    LE BIENHEUREUX QUI A FAIT NOTRE MALHEUR Jean XXIII, le pape du Concile

    Jean XXIII

    Le 3 juin 1963, à 19 heures 45, tandis que le cardinal Traglia, provicaire de Rome, venait de chanter l’Ite missa est de la messe qu’il disait pour le Souverain Pontife mourant, le “ bon pape Jean ” s’éteignit doucement, âgé de 81 ans. Sur la place Saint-Pierre, la foule pleurait ce pontife dont la bonhomie avait conquis les cœurs. Le monde entier, y compris Moscou, lui rendit hommage. Et sa réputation de sainteté, entretenue par les partisans du concile Vatican II qu’il avait convoqué, aboutit à sa béatification par Jean-Paul II, le 3 septembre 2000.

    Une de ses dernières paroles rend bien toute l’ambivalence de ce pape qui porte la responsabilité d’avoir ouvert l’Église au monde. Après avoir reçu en toute conscience l’extrême-onction, il montra le crucifix à la tête de son lit, et dit à son entourage : « Le secret de mon ministère est dans le Crucifix que j’ai toujours voulu avoir devant mon lit. Je peux ainsi le voir dès mon réveil et avant de m’endormir. Il est là, je peux lui parler pendant les longues heures du soir. Regardez-le, voyez comme je le vois. Ces bras ouverts ont été le programme de mon pontificat : ils disent que le Christ est mort pour tous, pour nous. Nul n’est exclu de son amour, de son pardon. »

    Quelques instants plus tard, il dit encore : « J’ai eu la grâce d’être appelé par Dieu comme un enfant, je n’ai jamais pensé à rien d’autre, je n’ai jamais eu d’autres ambitions. (…) Pour ma part, je n’ai pas conscience d’avoir offensé qui que ce soit, mais si je l’ai fait, j’en demande pardon. (…) En cette dernière heure, je me sens calme et sûr que le Seigneur, dans sa miséricorde, ne me rejettera pas. Quelque indigne que je sois, j’ai voulu le servir et j’ai fait mon possible pour rendre hommage à la vérité, la justice, la charité et pour garder le cor mitis et humilis [le cœur doux et humble] de l’Évangile ».

    Jean XXIII se voulait donc un apôtre de l’amour inconditionnel que le Christ porte aux hommes, mais les saints canonisés avant ces dernières années, pensaient-ils que l’amour du Christ était inconditionnel ? Pour prendre la mesure de ce qui les sépare du 261e successeur de Pierre, il suffit de raconter sa vie, en suivant son biographe le plus informé, Peter Hebbletwhaite, un universitaire anglais, jésuite défroqué, spécialiste de l’histoire de l’Église contemporaine.

    JEUNESSE CLÉRICALE EN SERRE LIBÉRALE

    Comme saint Pie X et ainsi que l’écrit son biographe, Angelo Roncalli « est né pauvre », mais ce sera bien le seul point commun avec son saint prédécesseur car il n’a pas « vécu pauvre » ni « n’est mort pauvre ». La “ bonhomie ” avec laquelle il appréciait les trésors des églises où il célébrait, pour se les faire offrir, était célèbre et redoutée des sacristains. Il vit le jour le 25 novembre 1881 dans un petit village près de Bergame en Lombardie, quatrième des douze enfants d’une famille de métayers, profondément chrétienne.

    Angelo se montre un enfant pieux, imperméable à la propagande de l’école laïque où il est contraint d’aller. Cela lui vaut de faire sa première communion exceptionnellement dès l’âge de 8 ans. C’est d’ailleurs son curé qui discerne son intelligence et convainc ses parents de lui faire continuer ses études ; ce qu’il fera avec courage dans de dures conditions, tout au moins les premières années.

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  • De Jérusalem à Turin : le voyage du Saint Suaire

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    D'Edward Pentin  sur le National Catholic Register :

    Le voyage du Saint Suaire de Turin

    L'équipe de scientifiques italiens qui a utilisé les nouvelles techniques de datation par rayons X pour dater le Linceul à l'époque de la mort du Christ a utilisé les mêmes techniques pour tracer son parcours géographique probable par la suite.

    7 octobre 2022

    BARI, Italie - Six mois après qu'un groupe de scientifiques italiens a fait une découverte révolutionnaire en utilisant de nouvelles techniques de datation par rayons X pour montrer que le Saint Suaire de Turin remonte à peu près à l'époque de la mort et de la résurrection du Christ, les scientifiques ont maintenant utilisé les mêmes expériences pour déterminer la route géographique probable de la relique inestimable.  

    L'équipe de recherche, composée de six membres, a estimé le vieillissement naturel pour différentes localités où le Linceul aurait pu être conservé avant son histoire européenne, puis a comparé le résultat avec la valeur expérimentale obtenue par radiographie.  

    Les chercheurs ont alors constaté que l'itinéraire le plus probable qui correspondait le mieux au vieillissement naturel du linceul mesuré par rayons X était Jérusalem-Beyrouth-Constantinople-Lirey-Chambéry-Turin, bien que d'autres chemins ne puissent être totalement exclus. Les résultats ont été publiés dans un article revu par des pairs le 28 septembre.  

    Dans cet entretien accordé au Register le 4 octobre, le chercheur en chef Liberato De Caro, de l'Institut de cristallographie du Conseil national de la recherche de Bari, en Italie, revient plus en détail sur les résultats et sur la possibilité de porter un jugement définitif sur l'authenticité du linceul. Il affirme également que, d'après leurs recherches, le Saint Suaire de Turin est actuellement conservé dans des conditions dans la cathédrale de Turin qui ne sont pas idéales pour l'image visible sur le tissu, et qu'une température beaucoup plus basse devrait être utilisée pour l'atmosphère contrôlée du reliquaire.  

    Dr. De Caro, au début de cette année, vous avez publié des recherches utilisant de nouvelles techniques qui ont montré que le Saint Suaire coïncide avec la tradition chrétienne en datant d'environ l'époque de la mort et de la résurrection du Christ. Que nous apprennent vos dernières découvertes ?  

    Le tissu du Linceul de Turin est constitué de lin. Le vieillissement naturel du lin est influencé par la température et l'humidité relative. La dépendance du vieillissement naturel par rapport à la température est fortement non linéaire. Tous ceux qui ont obtenu un permis de conduire savent que la vitesse et les distances d'arrêt n'augmentent pas au même rythme. De petites augmentations de la vitesse entraînent des augmentations plus importantes des distances d'arrêt. Il s'agit d'un effet non linéaire typique. Il en va de même pour la température et le vieillissement naturel : Une petite augmentation de la température entraîne une forte augmentation du vieillissement naturel.  

    Dans mes travaux précédents, le vieillissement naturel du lin a été calculé en utilisant des valeurs moyennes séculaires pour la température et l'humidité relative. Mais cette approche est plus adaptée aux tissus en lin conservés dans des tombes souterraines profondes où les variations de température quotidiennes, mensuelles et saisonnières sont presque totalement filtrées.  

    Par exemple, si nous visitons une grotte en été, la température à l'intérieur sera beaucoup plus basse qu'à l'extérieur. En fait, elle est presque constante tout au long de l'année. Comme il est plus probable que, pendant toute son histoire, le Linceul ait été conservé soit dans des églises, soit dans d'autres bâtiments privés, et non sous terre, le vieillissement naturel de son linge aurait dû subir des variations saisonnières de température.  

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  • La crise du joséphisme en Autriche et le synode de Pistoie (XVIII° s) (cours de liturgie de Denis Crouan, n°20)

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    Liturgie 20 : La crise du joséphisme en Autriche et le synode de Pistoie (XVIII° s) (40 mn) 

    https://youtu.be/CXvhnfLvqZE

    Le gallicanisme et le jansénisme qui se sont développés en France et ont gangréné tant la liturgie que la foi vont trouver un prolongement dans un synode qui se tient dans la ville italienne de Pistoie (Pistoia) en Toscane. Désormais, les erreurs ne seront plus limitées à la France : elles vont aussi se propager dans les pays germaniques et en Italie. La liturgie romaine que le concile de Trente avait tenté de mettre en ordre n’est plus qu’un vague projet qui ne trouve d’application nulle part. Quant au « missel de saint Pie V », il demeure presque partout superbement ignoré. 

    On aurait tort de croire que les décisions prises à Pistoie sont approuvées par l’ensemble des fidèles. Dès mai 1788, les catholiques de Prato envahissent la cathédrale afin de protéger le somptueux autel et les reliques qui s’y trouvent. Puis, dans leur lancée, ils s’emparent du trône épiscopal de Scipion Ricci pour le brûler sur la place publique au son du tocsin. 

    COURS DE LITURGIE, PAR DENIS CROUAN, DOCTEUR EN THEOLOGIE, 2022 

    Pour accéder à la totalité de la playlist :  

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLuko328jWH_06CYFfUP8d6v_vzl9f4UbI 

    Cours donné par Denis Crouan, docteur en théologie, en entretien interactif avec Arnaud Dumouch. 

    Vidéo du site http://docteurangelique.free.fr/fichiers/InstitutDocteurAngelique.htm, les œuvres complètes en français de saint Thomas d'Aquin. 

    Denis Crouan 2022. 

  • La rencontre de François d'Assise et du sultan ou l'exploitation abusive d'un joli mythe

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    On ne cesse de nous présenter la rencontre de François d'Assise avec le sultan d’Égypte Al-Malik al-Kâmil comme un précédent emblématique du dialogue interreligieux et en particulier de celui entre le christianisme et l'islam actualisé par la rencontre entre le pape et le grand imam d'Al-Azhar qui a débouché sur la déclaration commune d'Abou Dhabi. Cette récupération d'un évènement historique - consistant pour François d'Assise non à rechercher un dialogue avec l'Islam mais visant à obtenir la conversion du sultan - pour justifier la ligne de conduite adoptée par le pape François est pourtant abusive et ne correspond pas à la réalité historique comme l'a démontré l'historien John Tolan (Le saint chez le sultan (Seuil, Paris, 2007) :

    Un si joli mythe (Témoignage chrétien (Philippe Clanché), 31 octobre 2019)

    La célèbre rencontre entre François d’Assise et le sultan d’Égypte, en 1219, a-t-elle été le premier dialogue entre chrétiens et musulmans ? Pour l’historien John Tolan*, rien n’est moins sûr.

    On célèbre cette année le huit centième anniversaire de la rencontre de François d’Assise et du sultan d’Égypte Al-Malik al-Kâmil ? Qu’en sait-on historiquement ?

    La scène se déroule durant la cinquième croisade. En 1219, les croisés étaient alors ensablés devant la ville portuaire de Damiette, en Égypte, que le sultan défendait avec succès. Deux chroniqueurs de l’époque racontent que François est arrivé dans le camp des croisés et qu’il est passé voir le sultan, avec un compagnon nommé Illuminé, lors d’une période de trêve et de négociation de paix. On sait que certains parmi leurs proches les ont prévenus du danger et ont tenté de les décourager. Les récits rapportent que François et Illuminé sont revenus quelques jours plus tard, sains et saufs.

    Que se sont dit François et Al-Kâmil ?

    On pense que le dialogue fut plutôt paisible et respectueux. Sur son contenu, les versions divergent. L’hagiographie franciscaine avance que François a cherché activement le martyr, ou du moins qu’il était prêt à cette éventualité. D’autres récits mettent l’accent sur son désir de convertir son hôte musulman. La première raison n’exclut pas l’autre. En créant ce qui allait devenir l’ordre franciscain, François cherchait à recréer une vie apostolique, en prenant pour modèle les apôtres et leur désir de pauvreté et d’humilité. Ceux-ci ont tous prêché l’évangile aux infidèles et tous ont été martyrisés. Il est logique que François ait vu ainsi son destin, mais il a fait preuve d’humilité et de respect envers le sultan. Ce dernier, qui vivait entouré de chrétiens et de juifs, ne voulait pas se convertir, mais ne voulait aucun mal à un visiteur comme François. L’épisode, événement mineur dans la Croisade, est passé presque inaperçu sur le moment. Certains chroniqueurs ne le mentionnent pas.

    Comment l’événement s’est-il intégré dans l’histoire franciscaine ?

    L’épisode fait débat dès les premières hagiographies. À partir du XIVe siècle, la mémoire de François fait l’objet d’une tension au sein de l’ordre entre deux courants : les spiritualistes et les conventuels. Un des biographes du saint a écrit que François était prêt à convertir le sultan, mais que la division des siens l’a obligé à abandonner la mission en Égypte.

    À partir de quand le geste de François est-il devenu un symbole du dialogue interreligieux ?

    Au XXe siècle, de nombreux auteurs et théologiens ont voulu faire de François un apôtre du dialogue avec les musulmans. Cette relecture historique s’est renforcée avec le concile Vatican II, et plus encore après les attentats de 2001. Giulio F. Basetti-Sani (1912-2001), frère franciscain, a affirmé que François avait pour but, à Damiette, d’entreprendre un dialogue pour la paix. Selon lui, le saint d’Assise avait compris que la croisade était contraire à l’amour prêché par l’Évangile et aurait tout fait pour l’en empêcher. Ne pouvant convaincre les papes, François aurait d’abord cherché à rejoindre un mouvement pacifiste en France, puis serait parti dans les rangs des croisés pour les enjoindre de renoncer. De nombreux franciscains ont suivi cette théorie. Des auteurs littéraires ont également défendu cette vision de François. Le romancier grec Níkos Kazantzákis, dans Le Pauvre d’Assise, présente un François initialement favorable à la croisade qui change d’avis en voyant les tueries et les pillages commis par les soldats chrétiens lors du siège de Damiette. Dans Frère François, Julien Green raconte que le saint a tenté d’éviter l’assaut des croisés et qu’en désespoir de cause il est allé chez le sultan. Selon lui, en échangeant avec cet homme érudit et agréable, François a acquis une très bonne image de l’islam. En réalité, rien n’indique cela. N’oublions pas le contexte de l’événement, un temps de violence.

    Comment vos travaux sont-ils reçus par les héritiers de François ?

    Les franciscains, très impliqués dans le dialogue interreligieux, et particulièrement avec les musulmans, m’invitent régulièrement. Je leur dis que l’image de François homme de dialogue est un joli mythe, mais pas la réalité. Je suis entendu par beaucoup, mais certains n’arrivent pas à accepter ma thèse.

    Qu’en est-il dans le monde arabo-musulman ?

    L’épisode y est très peu connu. Je n’ai quasiment rien trouvé dans les sources ou auprès de mes collègues. D’un point de vue arabe, on regarde aujourd’hui les croisades moins dans leur dimension religieuse que comme un phénomène précurseur du colonialisme européen.

    Propos recueillis par Philippe Clanché.

    * Professeur d’histoire à l’université de Nantes, spécialiste des études médiévales, auteur de Le Saint chez le Sultan. La rencontre de François d’Assise et de l’Islam. Huit siècles d’interprétation (Seuil, 2007).

    On peut aussi lire - avec la prudence qui s'impose - cette étude parue ICI.

  • 2022 : le centenaire de la mort de l'empereur Charles d'Autriche

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    De Marguerite Aubry sur le site de l'Homme Nouveau :

    Centenaire de la mort de Charles d'Autriche : entretien avec Elizabeth Montfort

    Entretien avec Elizabeth Montfort, ancien député européen, responsable de la Ligue de Prière pour la canonisation du Bienheureux Charles d’Autriche et secrétaire générale de l’association pour la béatification de l’impératrice et reine Zita.

    Nous fêtons cette année le centenaire de la mort du Bienheureux Charles Ier d’Autriche. Qui était-il ?

    Charles d’Autriche n’aurait jamais dû être empereur. Il était le petit neveu de François-Joseph dont le fils s’est suicidé. L’empire devait donc revenir, à sa mort, à l’un des frères de François-Joseph, puis à ses fils : François-Ferdinand, mais celui-ci avait dû renoncer à la couronne pour ses descendants afin de contracter un mariage inégal et fut assassiné en 1914, ou Otto, décédé en 1906. Charles était l’aîné d’Otto, et c’est donc lui qui monta sur le trône à la mort de François-Joseph, le 21 novembre 1016. Il avait 28 ans. Il s’était marié à Zita le 21 octobre 1911, avait fait des études d’officier, de sciences politiques, d’histoire et de culture à l’université de Prague. Sa préparation au trône, en tant qu’héritier, fut bien courte. Charles eut avec Zita 8 enfants : son fils aîné Otto en 1912, et une dernière fille Elisabeth née après sa mort.

    Il ne régna que de 1916 à 1918, mais il ne cessa de rechercher la paix par des négociations, paix que son allié allemand voulait obtenir par les armes. Même la plupart de ses ministres ne le soutinrent pas. Son autre préoccupation était la justice. Lorsque saint Jean-Paul II l’a proclamé vénérable, il déclara que Charles avait mis en œuvre la Doctrine sociale de l’Eglise dans ses actes de gouvernement. Il avait probablement lu l’encyclique de Léon XIII Rerum Novarum. Il portait attention à tout son peuple, aussi bien sur le front que dans les hôpitaux et les familles qui vivaient loin des combats. Il créa des foyers d’accueil pour les soldats, les blessés, les aveugles. Avec Zita, il s’occupa de fonder une œuvre pour l’enfance, et de trouver des marraines de guerre. Ils firent tout leur possible pour atténuer les souffrances des familles. Charles gracia des prisonniers tchèques injustement condamnés car il ne pouvait tolérer les jugements iniques, malgré les conséquences que cet acte allait engendrer. C’est le premier chef d’État à créer un ministère des affaires sociales et de la santé, pour lequel il fut secondé par Zita.

    Charles fut béatifié comme époux, père, chef d’État et ami de la paix. Jean-Paul II résuma ainsi toutes les dimensions de sa vie : la recherche de la paix et la soif de la justice.

    Vous êtes responsable de la Ligue de Prière pour la canonisation du Bienheureux Charles. Où en est le procès ?

    Sa béatification le 3 octobre 2004 est un signe de la Providence, il s’agit de l’année de la réunification de l’Europe : les pays de l’ex-empire ont rejoint l’Europe occidentale. Son procès de canonisation est toujours en cours, il ne manque plus que la reconnaissance d’un miracle, mais celle-ci est très longue. Une guérison est en cours d’examen.

    Zita, l’épouse de Charles, est, elle aussi, en voie de béatification…

    Son procès s’est ouvert le 9 décembre 2009 dans le diocèse du Mans, car elle a fait de nombreux séjours à l’abbaye de Solesmes où elle retrouvait sa grand-mère et ses trois sœurs. La première partie, aujourd’hui terminée, fut très intéressante car les personnes interrogées avaient connu l’impératrice : ce sont des membres de sa famille, son médecin, les religieuses de Solesmes et de Kergonan.

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  • Quand le cardinal Kurt Koch provoque la colère des progressistes catholiques allemands

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    De Maike Hickson sur LifeSiteNews :

    Le chef des évêques allemands en colère après que le cardinal a comparé la Voie synodale au protestantisme à l'époque du nazisme

    Le cardinal Kurt Koch a provoqué la colère des progressistes catholiques allemands après avoir établi une comparaison entre la Voie synodale allemande et certains groupes protestants à l'époque du national-socialisme, car tous deux tentaient d'adapter leur foi à l'esprit du temps.

    29 septembre 2022

    (LifeSiteNews) - Dans une interview accordée le 29 septembre à l'hebdomadaire catholique allemand Die Tagespost, le cardinal Kurt Koch a provoqué la colère des progressistes catholiques allemands après avoir établi une comparaison entre le chemin synodal allemand et certains groupes protestants à l'époque du national-socialisme, car tous deux tentaient d'adapter leur foi à l'esprit du temps.

    Le chef des évêques allemands, Georg Bätzing, s'est montré indigné, faisant une déclaration quelques heures après la publication de l'interview de Koch, menaçant de se plaindre au pape François si Koch ne présentait pas d'excuses.

    Koch s'est depuis excusé pour toute blessure qu'il aurait pu causer, mais ne s'est pas rétracté.

    La cause de cette irritation en Allemagne est une interview longue et réfléchie du cardinal Koch réalisée par le journaliste allemand Martin Lohmann, qui a réfléchi avec Koch sur le thème de la "dictature du relativisme", comme l'avait autrefois appelée le pape Benoît XVI lui-même. Le Suisse Koch est, depuis 2010, le président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens. Il a été nommé cardinal par Benoît XVI en 2010.

    Dans cet entretien réflexif avec Lohmann, Koch a regretté que le chemin synodal allemand s'ouvre désormais à l'idée qu'il existe de nouvelles sources de révélation - c'est-à-dire l'esprit du temps, les nouvelles connaissances scientifiques sur la sexualité humaine, etc. - qui devraient inciter l'Église à modifier ses enseignements de longue date sur des questions telles que l'homosexualité.

    LifeSite avait fait état de la récente quatrième assemblée de la voie synodale allemande, qui s'est tenue du 8 au 10 septembre, et qui a demandé au pape de modifier l'enseignement de l'Église sur l'homosexualité et sur l'ordination des femmes. Les décisions de cette récente assemblée ont incité le cardinal Walter Brandmüller à parler d'"apostasie massive de la Sainte Écriture et de la Tradition".

    Dans le même ordre d'idées, Mgr Koch a montré dans cette nouvelle interview accordée à Die Tagespost une grande inquiétude. "Cela m'irrite", a-t-il déclaré, "qu'à côté des sources Révélation - Sainte Écriture et Tradition - de nouvelles sources soient encore acceptées ; et cela m'effraie que cela se produise - à nouveau - en Allemagne."

    Le cardinal de 72 ans a fait ici référence à l'époque du national-socialisme en Allemagne :

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  • Belgique : regard extérieur sur une Eglise sinistrée

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    De Luke Coppen sur The Pillar :

    L'Église catholique belge : en perte de vitesse mais toujours influente

    Le catholicisme belge subit une forte déperdition. Alors pourquoi continue-t-il à alimenter l'actualité catholique ?

    22 septembre 2022

    L'Église catholique de Belgique fait la une des journaux cette semaine, après que les évêques ont publié un texte pour la bénédiction des couples de même sexe. Mais ce n'est pas seulement cette semaine que le pays a attiré l'attention des cercles catholiques - le catholicisme belge jouit depuis longtemps d'une influence considérable au sein de l'Église mondiale, surtout depuis le concile Vatican II. Pourtant, la Belgique n'occupe que la 28e place sur la liste des pays ayant la plus grande population catholique, derrière la République dominicaine et le Kenya.

    Alors pourquoi le pays continue-t-il à alimenter l'actualité catholique ? Le Pillar y jette un coup d'œil.

    Un cardinal, le Conseil et la coresponsabilité

    La Belgique n'est pas un pays facile à comprendre. Pendant des siècles, cette bande de terre stratégique a été le "champ de bataille de l'Europe". La nation, qui a déclaré son indépendance des Pays-Bas en 1830, est composée de deux grands groupes ethniques : les Flamands, majoritaires, qui parlent un dialecte néerlandais, et les Wallons, minoritaires, qui parlent français.

    La Belgique compte 11,5 millions d'habitants et a des frontières communes avec les Pays-Bas, l'Allemagne, le Luxembourg et la France. Sa capitale, Bruxelles, est le centre de l'Union européenne, une alliance politique et économique de 27 États membres. Le pays est relativement prospère, mais les étrangers le considèrent souvent comme profondément divisé sur le plan culturel et son gouvernement comme dysfonctionnel, le surnommant "l'État en faillite le plus réussi du monde". (...)

    On dit souvent qu'il n'y a pas de Belges célèbres, mais en fait, le pays a produit des saints légendaires tels que saint Jean Berchmans et saint Damien de Molokai.

    Peu après l'indépendance de la Belgique, un important centre d'érudition catholique a été établi dans la ville de Louvain. (L'université catholique de la ville s'est divisée dans les années 1960 selon des lignes linguistiques, ce qui a alors entraîné l'effondrement d'un gouvernement belge).

    Les prouesses académiques de l'Église belge ont eu une influence lorsque le pape Jean XXIII a convoqué les évêques du monde entier à Rome pour un Conseil œcuménique en 1962. Les théologiens et les évêques belges contribuèrent vigoureusement aux sessions de Vatican II, et le cardinal Leo Jozef Suenens fut le premier à le faire. Selon sa nécrologie parue dans le New York Times, Suenens a contribué à influencer l'orientation du concile en envoyant au pape une critique des documents préparatoires. Avec le soutien de Jean XXIII, le cardinal a présenté une vision alternative lors de la première session du Conseil. Le pape a ensuite nommé Suenens à une commission chargée de rationaliser l'ordre du jour du Conseil. Paul VI l'a ensuite nommé l'un des quatre modérateurs du Conseil.

    Le New York Times a décrit Suenens comme un champion de la "modernisation des vêtements et du style de vie des religieuses catholiques, de l'élargissement des responsabilités des laïcs, de l'ordination d'hommes mariés comme diacres, de la retraite obligatoire des évêques et du renouvellement des liens avec les autres branches du christianisme et avec le judaïsme". Quelques années après Vatican II, Suenens a publié un livre largement discuté dans lequel il affirmait que le Vatican revenait sur l'engagement du Concile en faveur de la "coresponsabilité des laïcs".

    Bonnes œuvres, petites congrégations

    Le rapport annuel de l'Église belge est une publication colorée et brillante d'une centaine de pages. Avec ses photos excentriques de jeunes et ses pages mettant en avant les œuvres de charité, le rapport suggère que le catholicisme belge est bien vivant. Mais au milieu de la publication, il y a une section statistique. Et là, le tableau commence à s'assombrir. Le rapport note que 1 261 personnes ont demandé à être rayées des registres de baptême en 2020. Cette année-là, 33 paroisses ont été fermées et 17 églises sont tombées en désuétude (dont deux données à d'autres communautés chrétiennes). Il n'y a eu que quatre ordinations sacerdotales dans le pays, tandis que trois prêtres diocésains ont quitté le ministère. Plus de la moitié des prêtres diocésains restants en Belgique sont âgés de plus de 75 ans.

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