Livres - Publications - Page 154
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Un petit catéchisme des c...
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Pédagogie : l'imposture des "compétences"
Tous les enseignants connaissent cette notion de "compétences" au nom de laquelle ils sont contraints de pratiquer une pédagogie absurde qui conduit à la crétinisation des élèves qui leur sont confiés. Voilà une publication salubre susceptible de nourrir leur résistance :
L'imposture scolaire
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Islam et printemps arabes : l'approche de Jacques Rifflet
Dans La Libre du 19 novembre dernier (cela nous avait échappé), Christian Laporte a recensé un ouvrage intéressant de Jacques Rifflet consacré à l'Islam, un ouvrage intelligent éloigné des platitudes islamophiles des uns et des poncifs islamophobes des autres. Nous aimons tout particulièrement cette insistance sur le désert et son lien avec la transcendance qui n'avait pas échappé à un Charles de Foucauld :
(...) Une nouvelle brique de près de 700 pages où Jacques Rifflet confronte ses découvertes récentes à sa très remplie vie de voyages et de reportages. L’islam avait déjà une place importante dans son ouvrage précédent mais, ici, il nous emmène des piliers de la foi musulmane aux origines des conflits du Proche et du Moyen Orient. La bonne plume de Rifflet est épaulée par une volonté récurrente d’expliquer simplement, sans tourner autour du pot, comment on en est passé d’une religion aux principes pacifiques et pacifistes aux situations actuelles inextricables.
De l’Histoire à l’actualité, il n’y a qu’un pas largement franchi par l’auteur qui, dans la seconde partie de son ouvrage, propose une explication et une interprétation des différents Printemps arabes. Avec, à la clé, une analyse de ses incidences sur les sphères d’influence russe et occidentale. Jacques Rifflet a donc dressé une fresque palpitante d’un courant religieux qui a connu, à l’instar des autres religions et des philosophies éclairées, des époques tantôt brillantes et de grande ouverture, notamment sur le plan scientifique et culturel, tantôt des temps plus sombres marqués par la violence et l’oppression.
Mais quelle est "la" marque de l’islam ? Pour Rifflet, c’est le désert. Là, sa plume s’envole car on y passe parfois de la plus grande solitude à un sentiment de plénitude absolue. Loin d’être une volonté d’ajouter une touche exotique à son travail, l’auteur nous montre que ceux qui professent cette conviction ont souvent la certitude d’être porteurs de l’exclusivité de l’authentique transcendance. C’est cette conviction qui dote les musulmans de ce qu’il appelle"une intense énergie prosélyte". Une énergie qui "submerge toute tentative d’établir un échange de conceptions religieuses diversifiées". Et, "plus encore, s’il s’agit de présenter une argumentation athéiste, une thèse inconcevable"
Mais qu’on ne se méprenne pas : tout au long de son analyse qui s’étend sur quatorze siècles, l’auteur dit avoir rencontré "la qualité des valeurs de cette religion, sa grandeur et ses excès, l’attitude arrogante où elle élève ses convictions, la générosité accueillante de ses ouvertures mais aussi l’implacabilité de ses enfermements et son incapacité à s’organiser en une vraie démocratie qui n’est pas verrouillée par les interdits de son sacré". A l’évidence, son livre suscitera le débat à l’heure où, après avoir été écartée pendant des siècles de la dynamique mondiale, cette croyance interpelle vivement aujourd’hui le monde occidental.
L’islam dans tous ses états - Jacques Rifflet - Editions Mols - Autres regards 685 pp., env. 38 €
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La raison du corps
Le Père Xavier Dijon était l'invité, ce mardi 4 décembre, du cercle "Ethique Sociale" à l'Université de Liège, lors d'un lunch-débat consacré aux droits de l'homme. Avec cette séance s'ouvrait un nouveau cycle consacré aux "Droits de l'Homme en péril". Une assemblée nombreuse et attentive était au rendez-vous. Catho.be, après avoir fait l'impasse sur cette conférence du Père Dijon, rend compte à présent de la publication d'un nouvel ouvrage qu'il vient de publier :
Le père Xavier Dijon compte un long parcours universitaire : à la fois docteur en droit et diplômé en théologie, il a été professeur à la faculté de Droit à l’Université de Namur et membre du Comité consultatif de bioéthique de Belgique. Avec « La raison du corps », il nous invite à « comprendre la condition corporelle du sujet humain dans le champ juridique de la société occidentale contemporaine ».
Partant du constat que l’encadrement institutionnel, encore présent jusqu’au milieu du siècle dernier, s’effrite sous nos yeux dans les domaines de la bioéthique. Alliance, vie, sexe, fécondité, mort passent en effet de plus en plus sous l’empire du sujet qui en dispose, le droit se comprenant alors comme instituant l’égalité des citoyens par les libertés qu’ils sont autorisés à prendre à l’égard de leur corps.
L’ouvrage décrit cette évolution à partir de documents principalement belges, français et européens. Puis il entame, à l’aide des trois personnes verbales je, tu, il, une réflexion philosophique sur la place qu’une telle transformation réserve encore à l’altérité : si la science a remplacé la richesse du symbole par l’objectivité du il dans l’intelligence des corps, et si la volonté subjective du je a pris la place de la ‘loi naturelle’ dans la formulation du droit, où est passé le tu qui désigne l’autre ? En d’autres termes, comment la loi qui régit les corps relèvera-t-elle encore le défi de l’intersubjectivité ?
Pour radicaliser le propos, l’ouvrage aborde le débat mené, dans ces questions de vie, d’amour et de mort, entre la référence chrétienne et sa contestation libérale. En deçà des évidences de la liberté et de l’égalité, l’insistance religieuse sur la fraternité, – sans rien renier de la nécessaire liberté de conscience garantie par l’État laïc -, fournit une contribution propre au débat bioéthique en délivrant une parole de raison sur la donnée du corps.
« La raison du corps » de Xavier Dijon aux éditions Bruylant, dans collection « droit et religion » (info catho.be)
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Un historien belge aurait découvert les vraies raisons pour lesquelles les églises se vident...
Christophe Buffin de Chosal aurait-il découvert "Les vraies raisons pour lesquelles les églises se vident" ? C'est ce que vous découvrirez (peut-être!) en lisant son essai...
novembre 2012 - 128 pages - 17 € ttc
ISBN / EAN : 978-2-87402-150-3Présentation du livre (par l'éditeur)
Beaucoup d’hommes d’Église les cherchent, ces vraies raisons, mais ils s’obstinent à les chercher là où elles ne sont pas. L’Église ne maîtriserait pas assez les moyens de communication modernes, elle devrait davantage soigner son image, les messes ne sont pas encore assez conviviales, les prêtres pas encore assez familiers, l’Église pas encore assez à la page… Ils font fausse route. C’est justement parce que l’Église a trop imité le monde, qu’elle en a copié les vices, les laideurs et les platitudes, qu’elle s’est tue quand elle devait parler et qu’elle parle trop quand elle devrait se taire, que les églises, les séminaires et les couvents se vident. Ce n’est pas le monde actuel qui est responsable de la crise de l’Église. Ce sont les hommes d’Église eux-mêmes. Tout se résume à une question de foi.
L’auteur
Christophe Buffin de Chosal, catholique et père de six enfants, est historien, correspondant de presse et directeur de programme universitaire. Il est l'auteur de Une nouvelle Belgique est-elle possible ? paru aux éditions Mols.
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"Tintin au Congo" ne contient pas de propos racistes
Nous lisons dans la Libre :
La bande dessinée "Tintin au Congo" ne contient pas de propos racistes et n'est pas une œuvre "méchante", a estimé la cour d'appel de Bruxelles, confirmant le jugement de première instance rendu en 2011. La BD ne doit donc pas être privée de vente ni de diffusion, a-t-on appris mercredi auprès du conseil des éditions Casterman et de la SA Moulinsart, Me Alain Berenboom. L'association française Le Cran (Conseil Représentatif des Associations Noires) et Bienvenu Mbutu Mondondo demandaient aux éditions Casterman et à la SA Moulinsart de cesser toute exploitation commerciale de la bande dessinée.
Déboutés en première instance, ils avaient interjeté appel. La cour a suivi le tribunal de première instance et estimé qu'il n'y avait aucune volonté dans le chef d'Hergé de véhiculer des idées à caractère raciste, vexantes, humiliantes ou dégradantes à l'égard des Congolais ni d'inciter les lecteurs à la discrimination et à la haine. "Hergé s'est borné à réaliser une œuvre de fiction dans le seul but de divertir ses lecteurs. Il y pratique un humour candide et gentil", a noté la cour.
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L'Eglise et les Etats
C'est ICI, sur Canal Académie :
Un jour dans l’Histoire reçoit l’archevêque de Dijon, Mgr Minnerath, auteur d’une étude magistrale sur la politique concordataire du Saint-Siège intitulée L’Eglise catholique face aux Etats - Deux siècle de pratique concordataire (1801-2010) (Editions du Cerf, 2012).
En, effet, le Concile va changer la conception même des relations entre Etat et Eglise par l’introduction du concept de liberté religieuse dans son discours et sa politique : dans cette perspective "émerge une autre vision de l’Etat, lié non par une profession de foi religieuse, mais par les exigences de l’éthique naturelle. L’Eglise ratifie maintenant la forme constitutionnelle de l’Etat, comme structure juridique impersonnelle et abstraite, fondée sur des règles de droit, et dont la première tâche est de défendre les droits des citoyens et des associations qui se regroupent en son sein." Ce changement fut-il une révolution de la conception du pouvoir par le Vatican ? Ou faut-il au contraire nuancer le propos et voir des éléments de continuité entre l’avant Concile et l’après Concile ? Autant de questions auxquelles répond Mgr Minnerath en partant de l’époque dite du juridictionnalisme (Gallicanisme, Joséphisme, etc) qui s’éteint à l’époque de la théorie des Sociétés parfaites, elle-même bouleversée par les sécularismes du XXe siècle et l’adaptation du Concile Vatican II au monde moderne.
http://www.canalacademie.com/ida9924-Les-relations-entre-l-Eglise-catholique-et-les-Etats.html
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Une figure de prêtre qui nous réjouit
Itinerarium rend compte de la présentation de son dernier livre "Croire" par le Père Zanotti-Sorkine à La Procure :
Après avoir publié en octobre dernier "Au diable la tiédeur", un brûlot alerte et grave sur la situation sociale du christianisme, le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine nous revient avec "Croire – Questions éternelles, réponses actuelles", petit traité de pensée vivante digne du talon marial écrasant la raison conceptuelle du roi des sophistes, le grand enfumeur devant l’Eternel, satan.
Dans ce combat du Verbe contre le verbalisme, ce marathonien du Christ ose se frotter aux éternelles questions que le christianisme a dû affronter au cours des siècles et qui continuent de travailler bien des théologiens : Peut-on être heureux sans recourir au divin ? Y a-t-il un Dieu ? Si Dieu existe vraiment et qu’il est amour, comment peut-il permettre la présence du mal sur la terre et de la souffrance dans nos vies ?
Marina Corradi (L'Avvenire) a rencontré le Père Zanotti. Et elle raconte. (source)
(Ce reportage a été publié le 29 novembre dans "Avvenire", le quotidien de la conférence des évêques d’Italie. C’est le premier d’une série ayant pour objectif de présenter des témoins de la foi, connus ou non, capables de faire naître l’étonnement évangélique chez ceux qui les rencontrent.)
"LE PAPE A RAISON : TOUT DOIT RECOMMENCER À PARTIR DU CHRIST"
Cette soutane noire qui voltige sur la Canebière, au milieu d’une foule plus maghrébine que française, fait se retourner les gens. Tiens, un prêtre, et habillé comme autrefois, dans les rues de Marseille. Un homme brun, souriant, mais qui a pourtant quelque chose de réservé, de monacal. Et quelle histoire que la sienne ! Il a chanté dans des cabarets à Paris, cela ne fait que huit ans qu’il a été ordonné prêtre et depuis lors il est curé ici, à la paroisse Saint-Vincent-de-Paul.Lien permanent Catégories : Actualité, Eglise, Foi, Livres - Publications, Spiritualité 0 commentaire -
La vie d'un chef vendéen bien malgré lui
Dans La Libre, sous le titre "En révolte contre la Révolution", Paul Vaute recense un livre de Philippe de Villiers consacré à Charette :
La vie d’un chef vendéen bien malgré lui, fusillé à Nantes le 29 mars 1796.
Entre 1793 et 1796, le soulèvement de la Vendée "catholique et royale" et sa répression par la Convention se soldent par un nombre de morts estimé entre 120 000 et 600 000 selon les historiens. Les combattants républicains en représentent quelque 10 %. La presse officielle désigne alors la population de Vendée comme la " race rebelle ". Robespierre, dans le "Journal des Jacobins", a appelé à " exterminer tous ces êtres vils et scélérats ". Les "colonnes infernales" de Turreau et les noyades de Carrier à Nantes inaugurent des techniques d’extermination de masse bien avant le XXe siècle. Le général Santerre, dans une lettre au ministre de la Guerre, réclame, pour "nettoyer" les départements insoumis, des mines, " des fumées soporatives " ou encore une composition chimique " dont la vapeur, dégagée par le feu, devrait asphyxier tout être vivant fort loin à la ronde ".
Le peuple vendéen en révolte contre la Révolution a besoin de chefs. Les paysans du canton de Machecoul sont allés chercher un lieutenant de vaisseau, François Athanase Charette de la Contrie. Ils l’ont trouvé sous son lit, où il s’était caché, peu désireux de s’embarquer dans cette galère. Ainsi démarre bien peu glorieusement l’épopée qui a séduit Philippe de Villiers !
Homme politique mais aussi initiateur du parc et du spectacle historiques du Puy du Fou, où la Vendée se raconte, l’auteur a choisi de donner à sa biographie une forme romancée. Le vainqueur de Saint-Christophe près de Challans en 1794, capturé puis fusillé à Nantes le 29 mars 1796, s’exprime ici à la première personne. Impossible, dès lors, de discerner les détails réels ou les propos effectivement tenus de ceux qui résultent d’extrapolations. Restent la trame d’ensemble, le contexte, les figures principales et ce qui les anime, globalement bien conformes à l’histoire et traités par quelqu’un qui leur est familier.
Issu d’une lignée de soldats, Charette a grandi "sous un modeste toit d’ardoises breton", en lisière du bourg de Couffé. Dans la Marine du Roi, il a participé à l’indépendance de l’Amérique et à d’autres grands événements de son temps, des pays baltes à l’Empire ottoman. Il aurait pu passer le reste de sa vie à raconter ses souvenirs, entre deux chasses à la perdrix. "Les convulsions du pays et la fuite des hiérarchies" en ont décidé autrement.
Philippe de Villiers ne le cache pas : son héros est un meneur d’hommes qui ne sont pas tous des anges. Mais à ses trousses, un général Rossignol, parfaite illustration du monde nouveau, rendant compte au Comité de salut public de ses efforts pour détruire les ennemis de la Liberté, ajoute : "Mais il y a encore des hommes humains et, en révolution, c’est un défaut selon moi". Et c’est encore d’un basculement prémonitoire de bien des Big Brothers à venir que Charette témoigne quand, après que les conventionnels aient rebaptisé la paroisse de Bouin "L’Isle-Marat" et Noirmoutier "L’Isle-de-la-Montagne", cette réflexion lui est prêtée : "Ils veulent prendre nos vies et effacer jusqu’à nos souvenirs".
Le roman de Charette Philippe de Villiers Albin Michel 480 pp., env. 22 €
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Parier avec Pascal
"Parier avec Pascal" est le livre que l'abbé de Tanoüarn vient de publier, dans le but, affirme-t-il, de "faire comprendre que le pari n'est pas un calcul de probabilité mais une quête de l'évidence de Dieu..."
François Bousquet, dans le numéro de novembre de Spectacle du monde, rencontre l'auteur :
Prêtre traditionaliste, philosophe et homme de foi, directeur du Centre Saint-Paul, l’abbé Guillaume de Tanoüarn publie aux éditions du Cerf (318 pages, 28 €), un Parier avec Pascal.
Pourquoi Pascal est-il si crucial ?
Il l’est parce qu’il a en quelque sorte ressenti à l’avance, comme aucun autre, la montée en puissance du rationalisme moderne. Son but dans les Pensées ? Trouver une parade à ce rationalisme, au nom de la plus grande intelligence. Du fond de son scepticisme naturel, c’est la raison elle-même qu’il va scruter - les pouvoirs de la raison - en distinguant d’un côté l’esprit de géométrie, fondée sur le principe d’identité, et de l’autre l’esprit de finesse, fondée sur « la grande pensée de la ressemblance ». Que peut dire Pascal à Monsieur Homais, le pharmacien ratiocineur de Flaubert ? La raison ne fonctionne pas uniquement à travers le principe d’identité, il ne suffit pas d’écrire : A = B, B = C, donc A= C ; la raison n’est pas seulement mesurante, elle s’exerce aussi à travers des intuitions et des ressemblances ; nous dirions : des analogies. Pour Pascal, Dieu – l’Infini - est la plus évidente de ces intuitions. Le problème qui se pose à lui, c’est que cette évidence de Dieu n’est pas assez forte dans nos vies. D’où le pari par lequel il veut donner force à l’évidence de Dieu.
Mais réduit à sa plus simple expression, en quoi consiste le pari ?
Ce que l’on appelle pari est en réalité un fragment – un manuscrit de quatre page, raturé et annoté - que Pascal a intitulé : « Infini-rien ». Pascal est hanté par cette idée de l’infini, cette idée des deux infinis, le grand et le petit, si disproportionnés au regard de l’homme. Le pari, stricto sensu, c’est qu’il vaut toujours mieux vivre pour l’infini que de vivre sans l’infini. Pascal le présente comme un calcul, mais on est au-delà du calcul. Il dit d’ailleurs - comme Platon au fond - que si Dieu n’existait pas, il vaudrait mieux être un homme de bien de toutes les façons que de s’être laissé porter par nos désirs.
Peut-on dire de l’œuvre de Pascal qu’elle est un dialogue entre la foi et scepticisme, entre lui et Montaigne ?
On peut évidemment penser que c’est un dialogue entre la foi et le scepticisme, Montaigne n’étant pas uniquement du côté du scepticisme, mais aussi du côté de la foi, puisqu’il meurt au cours d’une messe célébrée dans sa chambre, dans une sorte d’étonnante extase au moment de la consécration. Montaigne et Pascal ont en commun d’avoir posé la relation du scepticisme et de la foi. C’est parce que la raison humaine est impuissante que la foi est nécessaire. Dit autrement : le scepticisme ouvre le vaste champ de la foi.
Quel est le génie de Pascal ?
On pourrait dire du génie de Pascal que c’est celui de la vérité contraire. Vous savez qu’il dit à propos de l’hérésie qu’elle n’est pas le contraire de la vérité, mais l’oubli de la vérité contraire. Il donne ainsi une image de la foi catholique faite de deux vérités contraires. Par exemple, la grâce et la liberté humaine sont les deux vérités contraires autour desquelles, en tant que janséniste, Pascal a tourné, sans jamais sacrifier l’une à l’autre.
Une sorte de dialectique pré-hégélienne ?
Non, parce que la dialectique hégélienne produit une synthèse qui n’est, Dieu me pardonne, qu’une foutaise, alors que Pascal laisse ouverte la dualité de toute approche. Avec lui, le choix n’est jamais fermé. Ainsi cela reste-t-il un pari.
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L’anarchisme chrétien ou l’épée de Perceval
“Voici le peuple immense de ceux qui t’ont cherché”, chante la liturgie de la Toussaint. Cette exclamation tirée du psaume 23 pourrait résumer L’anarchisme chrétien de Jacques de Guillebon et Falk van Gaver. Oui, voici le peuple immense, turbulent et bariolé des chercheurs de Dieu, tel qu’il défile sous nos yeux étonnés au long des 400 pages de cet ouvrage dont le titre est un paradoxe et un défi. En effet, comment peut-on être en même temps anarchiste et chrétien? Comment réconcilier Ni Dieu ni maître avec Mon Dieu et mon tout (S. François d’Assise)? Comment prétendre faire marcher ensemble les poseurs de bombes et les semeurs de joie? Réponse : en retournant à la source de toute révolte pure : la soif de justice. Pas seulement la soif, mais aussi la faim, telles que Jésus les proclame en S. Matthieu (5, 6) : “Heureux ceux qui ont faim et soif de justice : ils seront rassasiés!” La soif et la faim signifient que l’être tout entier est mobilisé par le désir infini de justice. Et ce désir n’est pas sans conséquence politique, car “la foi chrétienne, qui est accidentellement politique, est intimement subversive des pouvoirs aliénants éternellement constitués” (p. 11).
Jacques de Guillebon; Falk van Gaver
Or, les âmes ardentes et les esprits passionnés ne peuvent que se fracasser contre l’ordre d’airain des sociétés humaines.
Le croyant sait que la justice des hommes n’est pas forcément celle de Dieu, il est même invité par le Christ à “dépasser la justice des scribes et des pharisiens” sous peine de ne pas entrer dans le Royaume des Cieux (Mt 5, 20), saint Pierre engage même les croyants à “obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes” (Actes 5, 29) ; quant aux hommes de bonne volonté, ces “saints laïcs” mus par la seule justice, ils devront faire l’expérience douloureuse de la résistance aux commandements du monde.
On connaît la recommandation de saint Paul enjoignant aux chrétiens de se “soumettre aux autorités en charge, car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent sont constituées par Dieu” (Rom. 13, 1). Toute révolte contre un ordre inique serait-elle dès lors interdite? Non, bien sûr, au contraire. L’Eglise invite même les chrétiens à la résistance “si l’autorité viole gravement et de façon répétée les principes du droit naturel” et saint Thomas d’Aquin précise qu’ “on n’est tenu d’obéir... que dans la mesure requise par un ordre fondé en justice” (Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise, Cerf, p. 225). Si donc l’ordre des hommes en vient à s’opposer frontalement à l’ordre divin, l’insoumission devient un droit, voire un devoir. Les martyrs des premiers siècles ont été principalement condamnés pour le simple motif qu’ils refusaient de sacrifier aux idoles et de reconnaître la divinisation du pouvoir politique. Dans nos sociétés, où les nouvelles idoles se présentent à l’adoration sous des formes multiples et où l’Etat en vient à règlementer l’espace de la conscience et à déplacer d’autorité les fondements immémoriaux de l’ordre social, cette résistance peut prendre deux formes principales : l’engagement chrétien radical ou l’insurrection comme étape vers la sainteté.
C’est à partir de ce tronc commun que les auteurs nous invitent à considérer les pensées et les actes des anarchistes.
Ils démontrent ce que l’anarchisme et le premier socialisme doivent au christianisme plus qu’à n’importe quelle autre doctrine ou philosophie.
En nous plongeant dans les eaux profondes de l’insoumission à l’ordre des hommes, les auteurs nous font découvrir une foule de personnages originaux, étonnants, extraordinaires, connus ou méconnus, une troupe d’assoiffés et d’affamés de justice, quelquefois très éloignés de Dieu, en apparence, quelquefois très proches de Lui, mais à leur manière.
Les auteurs ne canonisent personne, ce n’est pas leur moindre mérite ; ils analysent les ressorts de l’âme, les fondements des actes, la volonté droite. Ils posent en définitive un regard pénétrant et miséricordieux sur la vie de ces défunts qui forment la cohorte tempétueuse et haute en couleurs de ceux qui cherchent Dieu à travers la Justice, en piétinant quelquefois nos pelouses sacrées ou zigzagant à travers les transepts en heurtant les chaises alignées. Ainsi Proudhon (“L’anarchie, c’est l’ordre sans le pouvoir” ou encore “Il est surprenant qu’au fond de notre politique, nous trouvions toujours la théologie”) voisine avec Tolstoï (“La grande révolution, c’est le véritable christianisme, base de l’égalité entre les hommes et de la vraie liberté”) qui fraternise avec le prince noir Kropotkine (“Du berceau à la tombe, l’Etat nous étrangle dans ses bras”); Barbey d’Aurevilly, Claudel, Hello, Bloy, Péguy, Bernanos, Thibon forment la procession chrétienne de ces cavaliers de l’Apocalypse ; puis viennent les errants, les clochards, les fols en Christ, les dandies : l’archimandrite Spiridon, figure brûlante et exaltée de la foi russe, S. Benoît Labre, Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Oscar Wilde, Adolphe Retté (athée, matérialiste militant, anarchiste et jouisseur, auteur de Contes blasphématoires et qui décrit sa conversion incroyable dans Du diable à Dieu) ; les pages consacrées à Gandhi sont d’une stupéfiante luminosité évangélique ; et l’on ne s’étonnera pas de retrouver notre cher G. K. Chesterton en si tonifiante compagnie.
On voudrait s’attarder sur tous les personnages décrits dans ce livre, tant chacun d’eux devient attachant et fraternel, fût-ce à travers ses errances et ses maladresses.
Le trait commun de tous ceux qui forment ce “peuple immense” est la recherche éperdue de justice et de vérité - jusqu’à la résistance passive, jusqu’à la désobéissance, jusqu’à rupture sociale voire la prise de maquis (le “recours aux forêts” : Thoreau, Jünger, Hainard). Un fil rouge traverse cet ouvrage, et ce fil relie entre elles toutes ces personnalités diverses et contradictoires en une sorte de tapisserie mystique en laine brute, une communion des saints tout étonnés d’être là : à la noce divine, seront conviés “les mauvais comme les bons”, trouvés sur les chemins (Mt 22, 10), “les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux ramassés sur les places et les rues de la ville” (Lc 14, 21).
On aura compris que l’anarchie analysée dans ce livre n’est pas celle des assassins ni des déséquilibrés. L’anarchisme est ici présenté dans son processus intellectuel et affectif, quand il procède d’un sentiment quasi océanique, c’est-à-dire “tributaire de forces parfois inconscientes, parfois mises au jour, que meut pourtant toujours un désir de s’extraire de la fausse contradiction moderne imposée par la domination des ethos socialiste et libéraux” (p. 12), contradiction à masque d’alternance, dont le seul point commun est le “narcissisme anthropocentrique et la même négation de la nature” (p. 315).
Il y a pourtant bien une troisième voie (qui est en réalité la première et la plus éternellement moderne) : l’amour de Dieu et du prochain comme source de subversion par le bien, comme seule alternative aux culs-de-sac idéologiques de tous les temps. La vraie et seule révolution ne commence-t-elle pas dans le cœur de l’homme, avec les premiers mots de Jésus dans l’Evangile selon S. Marc : “Convertissez-vous!”
Pierre René Mélon
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Jacques de Guillebon et Falk van Gaver, L’anarchisme chrétien, Editions de l’Œuvre, 2012, 411 p., 29 €.
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Éduquer autrement
Eduquer autrement : le regard d’un père sur l’éducation de ses enfants
Ce livre est né de l’expérience d’un jeune père impliqué dans l’éducation de ses enfants. Les conseils que l’on trouvera dans Éduquer autrement découlent d’une réflexion sur le sens même de leur devenir. Il ne s’agit donc ni de recettes, ni d’idées toutes faites.Dans une société déstructurée comme la nôtre, les parents se retrouvent trop souvent seuls. Seuls et contraints à pallier les insuffisances du système scolaire. Ils doivent expliquer ce qu’on n’enseigne plus en classe, apprendre aux enfants à résister à l’injonction hyper-consumériste et pseudo-libertaire de l’environnement médiatique. Résister au culte de la pulsion et de l’immédiateté qui sabote le travail difficile sur la maîtrise de soi. La transmission des règles du savoir-vivre et de la civilité est un autre chantier, immense.
L’auteur n’est pas loin de penser que si nos enfants n’étaient éduqués que par la société, ils seraient à peu près infréquentables.
Pierre-Henri d’Argenson, Eduquer autrement : le regard d’un père sur l’éducation de ses enfants. 2012. Ed. L’œuvre.
(via "Veille Education")