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Politique - Page 90

  • 100 jours du blocus de l'Artsakh : de la mort lente aux opérations létales

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    L'éditorial d'Ara Toranian sur Nouvelles d'Arménie :

    Blocus : de la mort lente aux opérations létales

    Dans la longue liste des crimes commis par l’Azerbaïdjan contre la population du Haut-Karabakh, le lâche assassinat le 5 mars de trois policiers arméniens, pères de famille, qui étaient stationnés à l’entrée du village de Lissagor, a franchi un nouveau palier dans l’ignominie. Cette opération militaire n’est pas seulement une énième violation meurtrière du cessez-le-feu. Elle marque le passage d’une politique de nettoyage ethnique par mort lente à un recours assumé aux actions létales. Cette accélération du mouvement ne change rien sur le fond. Il s’agit toujours pour le régime Aliev de laisser libre cours à sa haine, dans la perspective d’éliminer les Arméniens, non sans les avoir auparavant brisés. C’est la fonction du blocus mis en place depuis le 12 décembre dernier. Une réalité dont on ne cerne pas toujours le contenu, la signification, les conséquences concrètes. Mais qui se traduit par la faim, l’humiliation, et une claustrophobie collective.

    Depuis presque trois mois, les rayons sont vides en Artsakh. Les 120 000 hommes femmes et enfants vivant dans l’enclave arménienne sont coupés du monde. Plus rien ne passe. Ni par la terre ni par le ciel. Ni homme ni marchandise. Le blocus mis en place par l’Etat azerbaïdjanais vise clairement à les affamer, en provoquant des carences alimentaires. Il entend aussi briser l’échine de cette population. Car non seulement les énergies sont rationnées, alors que les températures avoisinent les -10 degrés, mais tous les produits de première nécessité font défaut. On dit que la République du Haut-Karabakh est une prison à ciel ouvert. Mais du moins, même en univers carcéral, est-il possible de « cantiner ». Peut-on imaginer ce qu’est le quotidien de ces gens, de ces femmes, de ces enfants privés depuis des mois de savon, de dentifrice, de couches, de tampons, de lessives, de papiers toilette, de piles, de liquide vaisselle ou d’essence ? Le régime dictatorial d’Aliev est en train, sous les yeux d’un monde indifférent, de ramener au Moyen-Age toute une population, dont il prétend par ailleurs régenter l’avenir. Cette situation est unique. Nulle part sur la planète, et jamais depuis le ghetto de Varsovie, un peuple n’a été soumis à un tel traitement, inhumain, humiliant. Ces personnes ne demandaient pas de missiles ni de chars, mais de l’aspirine et du shampoing. Le meurtre organisé du 5 mars va-t-il changer la donne ?

    Le président de la République française a écouté courtoisement, le 23 janvier dernier, l’appel des coprésidents du CCAF et d’une délégation d’intellectuels qui l’ont alerté sur la situation, lui demandant d’agir. Il était question d’envoyer en Artsakh un camion de produits de « première nécessité » pour cette population en détresse. Plus de deux mois plus tard, on ne détecte aucune initiative en ce sens. Silence radio. A l’image de ce désert de la consommation qu’est devenu le Haut-Karabakh, où les enfants rêvent devant un œuf à la coque tandis que leur procurer un fruit relève de la mission impossible.

    Alors que la pression s’accroît, que les menaces se multiplient et que les violences criminelles recommencent, cette situation confine aujourd’hui à l’intolérable. Mais la honte ne touche pas seulement celles et ceux qui n’ont plus la possibilité de vivre dans la dignité la plus élémentaire, celle qui a trait notamment à l’alimentation ou à l’hygiène, mais aux dirigeants mondiaux qui s’en lavent les mains tout en contribuant à l’opulence sans limites de l’oligarchie azerbaïdjanaise et à la mégalomanie dangereuse de la dynastie Aliev.

    Cette forme de complicité ne peut plus durer. La Cour International de Justice a réclamé le 22 février dernier la libre circulation dans le corridor de Latchine. Les nations civilisées doivent réagir. Et en ce qui nous concerne, le temps est venu pour la France de passer des paroles aux actes, en s’impliquant concrètement sur le front humanitaire et en saisissant sur le plan diplomatique les instances internationales au nom de la « responsabilité de protéger ». Avant qu’il ne soit vraiment trop tard.

  • La religion, le patriotisme et le fait d'avoir des enfants perdent de leur importance pour les Américains

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    De Jonah McKeown sur Catholic News Agency :

    La religion, le patriotisme et le fait d'avoir des enfants perdent de leur importance pour les Américains : Sondage WSJ
     
    28 mars 2023

    Un nouveau sondage réalisé auprès de résidents américains suggère que certaines valeurs telles que la religiosité et le fait d'avoir des enfants ont perdu de leur importance au cours des 25 dernières années, tandis que l'opinion des gens sur l'importance de l'argent a augmenté au cours de la même période. 

    Interrogés sur certaines valeurs et sur le fait qu'ils les considèrent comme "très importantes", 39 % ont répondu que la "religion" était très importante pour eux. En revanche, en 1998, 62 % des personnes interrogées sur la même question ont déclaré que la religion était très importante pour elles. 

    Le sondage, publié le 27 mars, a été réalisé au début du mois par le National Opinion Research Center (NORC) de l'université de Chicago et financé par le Wall Street Journal. 

    La foi est l'un des indicateurs des valeurs plus traditionnelles qui, selon l'enquête, sont moins importantes pour les Américains qu'elles ne l'étaient il y a 25 ans. L'enquête de 2023 a révélé que ces valeurs sont moins importantes qu'en 2019, la dernière fois que l'enquête a été réalisée

    Parmi les résultats :

    • Seuls 30 % des répondants de 2023 ont déclaré qu'il était très important pour eux d'avoir des enfants, contre 59 % en 1998 et 43 % en 2019. 
    • Autre baisse notable, 38 % des personnes interrogées en 2023 ont déclaré que le "patriotisme" était très important, contre 70 % en 1998 et 61 % en 2019. 
    • Seuls 43 % ont déclaré que le mariage était très important (cette question ne figurait pas dans les enquêtes de 2019 et de 1998). 

    La seule valeur dont l'importance a augmenté dans l'esprit des répondants entre 1998 et 2023 est l'argent, qui est passé de 31 % à 43 % au cours de cette période. 

    "Hormis l'argent, tous les groupes d'âge, y compris les personnes âgées, attachent beaucoup moins d'importance à ces priorités et à ces valeurs que lorsque les sondeurs les ont interrogées en 1998 et en 2019. Mais les jeunes Américains en particulier accordent peu d'importance à ces valeurs, dont beaucoup étaient au cœur de la vie de leurs parents", a rapporté le Wall Street Journal.

    Dans le sondage de 2023, seulement 19 % des personnes interrogées ont déclaré assister à des services religieux une fois par semaine ou plus. Quelque 31 % des jeunes répondants ont déclaré que la religion était très importante pour eux, contre 55 % pour les personnes âgées, selon le journal. 

    En fonction de la conviction politique, 53 % des républicains et 27 % des démocrates ont déclaré que la religion était "très importante" pour eux, et 38 % des républicains et 26 % des démocrates ont déclaré que le fait d'avoir des enfants était très important pour eux.

    Bill McInturff, un sondeur qui a travaillé sur une précédente enquête du WSJ, a déclaré au journal que "ces différences sont si spectaculaires qu'elles dressent un portrait nouveau et surprenant d'une Amérique en mutation" et a émis l'hypothèse que "peut-être que le bilan de notre division politique, le COVID, et la confiance économique la plus faible depuis des décennies ont un effet surprenant sur nos valeurs fondamentales".

    Autres résultats

    • Les sondeurs ont demandé aux personnes interrogées si elles étaient convaincues ou non que la vie de la génération de leurs enfants sera meilleure que la leur. Soixante-dix-huit pour cent des personnes interrogées ont répondu qu'elles n'étaient pas confiantes, tandis que 21 % ont répondu par l'affirmative. 
    • Seulement 27 % des personnes interrogées ont déclaré que "l'engagement communautaire" était très important pour elles. Il s'agit d'une baisse spectaculaire par rapport à 2019, année où 62 % des personnes interrogées ont déclaré qu'elles y accordaient une grande importance. En 1998, 47 % des personnes interrogées l'ont jugé très important.
    • Le "travail acharné" est moins important aujourd'hui qu'il ne l'était auparavant : 67 % ont déclaré qu'il était très important, contre 89 % en 2019 et 83 % en 1998.

    Les sondeurs ont également posé aux répondants plusieurs questions sur des sujets d'actualité qui ne figuraient pas dans les sondages précédents. Par exemple, ils leur ont demandé leur avis sur les athlètes transgenres.

    Cinquante-six pour cent des répondants ont déclaré que les athlètes transgenres devraient jouer dans des équipes correspondant à leur sexe biologique, 17 % ont déclaré qu'ils devraient pouvoir jouer dans des équipes sportives correspondant à leur identité de genre, et 25 % n'étaient pas sûrs. 

    Le sondage du Journal-NORC a été réalisé auprès de 1 019 personnes entre le 1er et le 13 mars. La marge d'erreur était de plus ou moins 4,1 points de pourcentage. Les résultats complets du sondage 2023 du WSJ sont disponibles ici.  Les résultats des sondages NBC/Wall Street Journal réalisés en 2019 et 1998 sont disponibles ici.

    Jonah McKeown est rédacteur et producteur de podcasts pour la Catholic News Agency. Il est titulaire d'une maîtrise de l'école de journalisme de l'université du Missouri et a travaillé comme rédacteur, producteur pour la radio publique et vidéaste. Il est basé à St. Louis.

  • Ecosse : ce que révèle l'avènement d'un premier ministre musulman, pro-avortement et pro-gender

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    De Luca Volontè sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Ecosse : le nouveau premier ministre est musulman, pro-avortement et pro-gender

    29-03-2023

    Le nouveau Premier ministre Yousaf, qui est musulman, est déterminé à faire avancer le "programme Sturgeon", mais il s'est déjà distingué par sa volonté d'imposer des lois sur les "discours de haine", même dans les domiciles privés. Au Royaume-Uni, seuls les chrétiens sont pourchassés ou entravés.

    Finalement, la "tsarine" de l'Écosse Nicola Sturgeon a réussi et a favorisé - grâce aussi aux manœuvres évidentes de son mari Peter Murrell, resté à la tête du Scottish National Party jusqu'à quelques jours du vote final - son candidat Humza Yousaf, qui est devenu le premier musulman élu, le 27 mars dernier, à la direction du SNP et au poste de premier ministre.

    Malgré une campagne amère après la démission de Mme Sturgeon (nous en avons parlé dans The Compass), M. Yousaf, considéré comme le candidat de la continuité au sein du parti, a remporté 48 % des votes de première préférence au premier tour, repoussant le défi de la ministre des finances et fervente chrétienne Kate Forbes (40 %) et du ministre sortant de la sécurité des communautés Ash Reagan (11 %). Le musulman et pakistanais Yousaf a ensuite battu de justesse la chrétienne Forbes au second tour (52 %, 26 032 voix contre 48 %, 23 890 voix), où seuls les membres du parti pouvaient voter. Sur les 5 500 partisans du troisième candidat Ash Regan, seuls 2/3 se sont prononcés en faveur de Kate Forbes, tandis que les autres ont permis à Yousaf Humza de l'emporter. 

    Yousaf Humza avait le soutien de la plupart des députés du parti et de tous les médias écossais, ainsi que de la plupart des médias britanniques, qui ont placé la candidate chrétienne Kate Forbes dans le collimateur des critiques dès les premiers jours pour sa fière défense de ses convictions chrétiennes et de ses principes non négociables de vie, de liberté, d'éducation et de mariage chrétien.

    Les spéculations ont déjà commencé sur les changements que Yousaf apportera au nouveau gouvernement, mais beaucoup espèrent qu'il ne commettra pas l'erreur de marginaliser ses concurrents et en particulier Kate Forbes, qui n'a été battue que dans les sondages internes et certainement pas auprès du public.

    Le musulman Humza a gagné grâce au lobbying et au soutien du parti mais, comme le montre un sondage réalisé il y a six jours, Forbes reste la plus populaire auprès du public écossais.  L'investiture officielle en tant que premier ministre a eu lieu lors d'un vote au Parlement écossais le 28 mars. M. Yousaf devrait poursuivre le programme libéral de Mme Sturgeon, notamment en soutenant les lois écossaises sur les transgenres et l'adhésion à l'Union européenne.

    Le nouveau Premier ministre écossais espère utiliser les prochaines élections britanniques pour préparer un futur référendum sur l'indépendance de l'Écosse, un concept qu'il a mentionné dans son discours au Parlement écossais hier, mais, à cet égard, hier également, le Premier ministre britannique Rishi Sunak, un Indien et Hindou, a rejeté la demande de Humza Yousaf. Selon un communiqué publié par le porte-parole de Sunak, les Écossais et les Britanniques dans leur ensemble veulent des hommes politiques qui "se concentrent sur les questions qui leur importent le plus : réduire l'inflation, s'attaquer à la crise du coût de la vie et réduire les temps d'attente dans le système de santé publique".

    Existe-t-il un risque d'affrontement ethnico-religieux entre les Pakistanais musulmans et les Indiens hindous au Royaume-Uni ? Avec l'élection de Yousaf en Écosse, les premiers ministres d'Irlande (l'Indien Leo Varadkar, qui a imposé le mariage gay, l'idéologie LGBTI et l'avortement à l'Irlande catholique ces dernières années), de Grande-Bretagne et d'Écosse sont tous d'origine indienne ou pakistanaise, et aucun des trois n'est chrétien, tous trois ont toujours déclaré que leur foi et leurs convictions religieuses n'influenceraient pas leurs choix politiques, s'alignant ainsi sur le dogme actuel du politiquement correct qui exige que toute personne en politique ou occupant un rôle public important abjure sa foi et vénère le nouveau moloch de l'environnementalisme, du genre, de l'avortement libre et du métissage. 

    Il est extrêmement significatif que le lundi 27 mars, dans les heures qui ont suivi l'élection de Humza Yousaf à la tête du SNP, le Conseil musulman de Grande-Bretagne ait appelé à ce qu'il soit "une source de grande unité entre les communautés" et que le secrétaire général de l'organisation, Zara Mohammed, ait déclaré : "L'élection de Humza Yousaf n'est pas seulement capitale pour l'Écosse, mais aussi pour le Royaume-Uni : il est le premier dirigeant d'une nation britannique d'origine musulmane. Nous espérons que le nouveau premier ministre s'engagera activement dans les défis cruciaux auxquels les communautés sont confrontées en ce moment et qu'il sera la source d'une grande unité entre les communautés". Jusqu'à présent, la communauté islamique pouvait se contenter du rôle joué par le maire de Londres, un musulman pakistanais, Sadiq Khan, et depuis hier, elle peut également compter sur le soutien du premier ministre écossais.

    De Humza Yousaf, il faut cependant rappeler, comme le rappelle le site américain et conservateur Breitbart, son important combat politique de 2020 à 2021 pour imposer que la loi contre les discours de haine prenne également effet au domicile des particuliers, précisément pour lutter efficacement contre "l'islamophobie et l'homophobie". Quel type de coexistence multiculturelle la communauté islamique écossaise et britannique promouvra-t-elle et à quel type de coexistence aspirera-t-elle ?

    Il est nécessaire de noter qu'au Royaume-Uni, des politiciens chrétiens sont empêchés (voir Kate Forbes) ou chassés (voir Boris Johnson) de fonctions prestigieuses. Il est également vrai que les chrétiens du Royaume de Sa Majesté, selon le recensement de 2021, ne représentent que 46,2 % de la population de l'Angleterre et du Pays de Galles et 34 % de celle de l'Écosse. Avec ces chiffres, il est encore possible pour les chrétiens et les catholiques d'être des protagonistes, mais seulement à travers une sérieuse réévangélisation à partir du catéchisme et un engagement fort dans la sphère publique.

  • Qu'est-ce que la démocratie et que peut-on faire pour la préserver ? La réponse de Mgr Gallagher

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    D'Antonella Palermo sur Vatican News :

    Les «trois maladies» des démocraties modernes selon le Saint-Siège

    Le secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États, Mgr Paul Richard Gallagher, a donné un cours magistral sur la démocratie «selon la sagesse des Papes» dans le cadre du panorama géopolitique actuel. Un discours prononcé lors d’une conférence à la faculté des sciences sociales de l’université pontificale grégorienne de Rome, lundi 27 mars.

    Qu'est-ce que la démocratie et que peut-on faire pour la préserver? Mgr Paul Richard Gallagher, Secrétaire pour les relations avec les États, a tenté d’y répondre dans la lectio magistralis «La démocratie selon la sagesse des Papes dans le scénario international actuel», dans le cadre de la conférence «La démocratie pour le bien commun. Quel monde voulons-nous construire?», organisée par la faculté des sciences sociales de l'Université pontificale grégorienne.

    La Carta Caritatis, premier manifeste démocratique médiéval

    «Malheureusement, il semble aujourd'hui que ce qui anime la souveraineté populaire, garante de la liberté et de l'égalité de tous les citoyens, soit la politique négative, la délégitimation des propositions de l'autre, quelles qu'elles soient, afin de maximiser ses propres objectifs individuels et son consensus, mais on ne remarque guère les efforts de recherche de l'unité. L'individualisme et l'utilitarisme semblent être les seules réponses au besoin de bonheur qui consolident les structures de la "fausse démocratie"». C'est ce qu'a affirmé Mgr Gallagher dans la lectio qui part de la considération de l'influence chrétienne dans l'élaboration de la théorie démocratique moderne et contemporaine.

    Rappelant que la Carta Caritatis (1119) -Charte de charité et d’unanimité, bref document latin du XIIe siècle, fondateur de l'ordre de Cîteaux- peut être considérée comme le premier manifeste pour une coexistence civile et démocratique, Mgr Gallagher a souligné que la démocratie est précisément le service de l'unité symphonique d'un peuple, le fruit d'un engagement à créer l'unité. 

    Et le diplomate britannique de citer sur cette question complexe le cardinal Ratzinger qui a parlé de la loi comme expression de l'intérêt commun, et s'est inspiré des penseurs allemands Harmut Rosa et Eric Weil.

    L'accélération des sociétés crééent des court-circuits

    Mgr Gallagher s’est ensuite interrogé sur la portée du phénomène de la mobilité humaine sur la résilience du lien entre les individus, qui deviennent des agglomérations de sujets étrangers les uns aux autres, voire compétitifs et mutuellement hostiles. Il a expliqué notamment comment l'accélération de notre époque crée un court-circuit où les changements semblent n'avoir aucune direction réelle. Or, a-t-il rappelé, le processus démocratique a nécessairement plusieurs strates: faire en sorte que les arguments de chacun soient canalisés vers la représentativité est quelque chose qui prend du temps.

    La conséquence est claire, selon Mgr Gallagher: «Dans la politique moderne, plus encore que dans le passé, ce n'est pas le pouvoir du meilleur argument qui décide des politiques futures, mais le pouvoir des rancunes, des sentiments instinctifs, des métaphores et des images suggestives». Il a souligné ce qu'il appelle le «tournant esthétique de la politique: les hommes politiques et les groupes gagnent les élections parce qu'ils sont "cool", et non parce qu'ils ont articulé des idées, des programmes et des thèses».

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  • "L’aide active à vivre, un engagement de fraternité" : la déclaration des évêques de France sur la fin de vie

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    De Marina Droujinina sur zenit.org :

    France : « L’aide active à vivre, un engagement de fraternité »

    Déclaration des évêques sur la fin de vie (texte intégral)

    Réunis à Lourdes du 28 au 31 mars 2023 pour leur Assemblée plénière de printemps, les évêques de France ont souhaité rappeler leur engagement en faveur d’une « aide active à vivre », et non à mourir, indique un communiqué du service de presse de la CEF.

    Une déclaration, portée par les évêques membres du Conseil permanent de la CEF, représentant l’ensemble de leurs pairs, a été votée ce mardi 28 mars, lors de la première matinée de l’Assemblée plénière.

    « Nous tenons à saluer le développement encore insuffisant, mais significatif des soins palliatifs », écrivent les évêques.

    Ils soulignent « l’attention » avec laquelle ils suivent « le débat en cours sur le juste accompagnement de la fin de vie » en France. Rappelons que la Convention citoyenne sur la fin de vie s’achèvera ce dimanche 2 avril, par la remise à la Première ministre, Élisabeth Borne, de l’avis des 185 citoyens mobilisés depuis décembre dernier et invités à répondre à une question : « Le cadre d’accompagnement de la fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils être introduits ? »

    Les évêques français déclarent qu’ils aiment la liberté et croient « à la liberté » : « Mais nous affirmons qu’elle ne peut se déployer que si la valeur de la vie de chacun est pleinement reconnue et respectée. C’est dans ce cadre protecteur qu’il convient de mettre en œuvre tous les chemins possibles d’aide active à vivre. »

    Voici la déclaration des évêques de France.

    L’aide active à vivre, un engagement de fraternité

    Réunis à Lourdes, lieu d’espérance et de paix, où les personnes malades et handicapées sont à la première place, nous voulons exprimer l’attention avec laquelle nous suivons le débat en cours sur le juste accompagnement de la fin de vie dans notre pays.

    Nous sommes profondément sensibles aux souffrances et aux angoisses des malades, des familles et des aidants qui connaissent des situations humaines et médicales particulièrement éprouvantes. Beaucoup de fidèles catholiques se tiennent à leur côté dans les aumôneries d’hôpitaux ou de maisons de retraite, en leur rendant visite à domicile, ou en s’impliquant dans des associations non confessionnelles d’accompagnement des soins palliatifs. Avec eux, grâce à eux, nous avons pleinement conscience que notre société doit encore progresser dans l’accompagnement de la fin de vie et de la grande fragilité.

    Nous sommes impressionnés par le dévouement et la compétence des personnels soignants, malgré les difficultés humaines et économiques considérables auxquelles ils doivent aujourd’hui faire face. Nous tenons à saluer le développement encore insuffisant, mais significatif des soins palliatifs. Certes, les déserts palliatifs sont encore trop nombreux, la culture palliative n’est pas assez valorisée durant les études médicales, les soins palliatifs doivent encore progresser pour les nourrissons et les enfants. Mais une véritable dynamique palliative, faite d’attention à chaque personne dans son unité et avec son entourage, contribue notablement à l’humanité de notre société.

    Nous entendons de très nombreux soignants affirmer vigoureusement que « la main qui prend soin ne peut en aucun cas être celle qui donne la mort ». Nous entendons plusieurs observateurs de notre société, aux opinions philosophiques et aux appartenances religieuses diverses, mettre en garde contre l’injonction de renoncer à vivre que ferait peser sur les personnes fragiles la facilité légale et économique de « l’aide active à mourir ». Nous entendons la révolte, la colère, le sentiment d’injustice qui retentissent face à la souffrance et à la mort comme des appels à une plus grande fraternité et comme la recherche d’une espérance dont nous désirons témoigner, mais en aucun cas comme une légitimation de l’euthanasie ou du suicide assisté.

    Voilà pourquoi nous souhaitons que le débat en cours sur la fin de vie constitue l’occasion positive d’un progrès significatif de l’accompagnement et de la prise en charge notamment de la dépendance due au grand âge dans notre pays. Beaucoup de projets législatifs dans ce domaine ne sont malheureusement pas encore allés jusqu’au bout de leurs promesses. Le débat sur le « suicide assisté » pose aussi la question globale de notre engagement collectif pour la prévention du suicide.

    Notre époque est marquée par un mélange de négation de la mort et de fascination pour la mort : comment mieux assumer socialement le terme naturel de l’existence terrestre ?

    Nous aimons et nous croyons à la liberté. Mais nous affirmons qu’elle ne peut se déployer que si la valeur de la vie de chacun est pleinement reconnue et respectée. C’est dans ce cadre protecteur qu’il convient de mettre en œuvre tous les chemins possibles d’aide active à vivre. Plus que jamais, ce qui peut unir et apaiser notre société si violemment fracturée, comme le montrent les conflits sociaux de ces jours, c’est la vérité de notre engagement collectif pour la fraternité. Voilà ce que, dans la lumière toute proche de Pâques, nous voulons partager avec toute notre société.

    Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France,

    à Lourdes, le mardi 28 mars 2023

  • Un séminaire catholique de l'est de la RDC attaqué par des hommes armés

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    De Prisca Materanya (à Kinshasa) sur le site du journal La Croix (Africa) :

    Dans l’Est de la RD-Congo, des hommes armés ont attaqué un séminaire catholique

    27 mars 2023

    À Butembo, dans l’Est de la RD-Congo, des hommes armés ont attaqué le grand séminaire de théologie Saint-Octave de Vulindi dans la nuit du 21 au 22 mars. Un prêtre et un séminariste ont été pris en otage puis relâchés par les assaillants.

    Situé dans le Nord-est de la ville de Butembo, dans l’Est de la RD-Congo en proie à l’insécurité, le grand séminaire de théologie Saint-Octave a subi, dans la nuit du 21 au 22 mars, l’intrusion d’une dizaine d’hommes armés. « Ils étaient vêtus d’uniformes militaires et de tenues civiles. Ils étaient en outre munis d’armes à feu et d’armes blanches », renseigne le père Jean Berchmans Paluku, recteur du séminaire.

    Il était exactement 20 h 30, l’heure de la prière des complies, lorsque les séminaristes et leurs formateurs qui se dirigeaient vers la chapelle ont remarqué une intrusion d’hommes armés. « Ils arrêtaient des séminaristes qu’ils trouvaient sur leur passage, raconte le recteur. Toute la maison a été alertée et plusieurs séminaristes menacés ont pris la fuite ».

    « Ceux qui étaient maîtrisés par les assaillants étaient sommés de leur indiquer la chambre du recteur ainsi que le gîte des gardiens, poursuit le prêtre. Face à cette situation, un prêtre est sorti de sa cachette pour intervenir en faveur des séminaristes agressés. C’est ainsi qu’il a été pris en otage avec un séminariste ».

    Des séminaristes blessés et des biens de valeur emportés

    Quatre séminaristes se sont gravement blessés par ailleurs en tentant de s’enfuir. Ceux qui ont pu escalader la clôture sont allés alerter les habitants du quartier et ont été hébergés toute la nuit. « La réaction des voisins a été directe, ils ont fait du tapage avec des bidons, des ustensiles de cuisine et des sifflets, raconte le recteur. Certains jeunes du quartier sont même venus jusqu’au séminaire pour nous secourir ».

    Face à la réaction des populations, les hommes armés se sont enfuis après avoir pillé les chambres ouvertes. Ils ont également relâché le prêtre et le séminariste qu’ils avaient pris en otage.

    L’évêque de Butembo Beni interpelle les autorités politiques

    Informée de la situation, la mairie de Butembo a dépêché la police nationale et les forces armées qui sont intervenues pour rassurer la population.

    De son côté, dans un communiqué daté du 22 mars, Mgr Melchisédech Sikuli Paluku, évêque de Butembo-Beni, a, de nouveau, interpellé les autorités politiques sur la situation sécuritaire qui se détériore dans cette région. « Portant haut le cri du cœur de toute la population de la contrée victime de ces incursions devenues actuellement monnaie courante, je dénonce, pour la énième fois, cette insécurité persistante », a-t-il notamment écrit.

    Le 20 octobre 2022, Mgr Sikuli avait déjà lancé un cri d’alarme lors d’une violente attaque dans le village de Maboya, dans l’Est de la RD-Congo, qui avait fait plusieurs morts parmi lesquelles une religieuse, sœur Marie-Sylvie Kavuke Vakatsuraki, médecin et membre de la congrégation des Petites sœurs de la Présentation de Notre Dame au Temple de Butembo-Beni.

  • Autriche : des pressions très fortes sont exercées sur les femmes pour qu'elles avortent

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    IVG : les femmes autrichiennes sous pression

    24 mars 2023

    Une enquête menée auprès de 1000 personnes en Autriche indique qu’une femme « concernée » sur deux subit une « forte ou très forte pression » pour avorter.

    77% des personnes interrogées indiquent souhaiter davantage de soutien pour les femmes enceintes qui souhaitent garder leur bébé. Par ailleurs, 75% d’entre elles sont témoins d’une « pression croissante » en faveur de l’avortement en cas de suspicion de handicap.

    Ines Gstrein, présidente régionale de l’Association autrichienne des psychothérapeutes, estime que l’avortement est un « sujet tabou ». « Aucune grossesse n’est exempte de peurs, de doutes, d’incertitudes et de réflexions critiques », souligne-t-elle. « Mais aucune interruption de grossesse ne passe non plus sans laisser de traces chez une femme ». Elle déplore que « l’énorme pression à laquelle sont soumises les femmes dans cette situation » soit « généralement trop peu perçue ».

    En effet, l’une des sondées témoigne que dire « la décision vous appartient entièrement » conduit souvent à ce que les femmes concernées soient laissées seules.

    Pour le professeur Daniela Karall, présidente de la Société autrichienne de pédiatrie, il est « incompréhensible » que l’Etat ne dispose toujours pas de données consolidées en matière d’avortement. « Avec 30.000 avortements estimés par an, nous ne pouvons pas nous permettre de fermer les yeux », déclare-t-elle. « Il est urgent de disposer de statistiques et d’une recherche sur les motifs de l’avortement en Autriche, comme c’est le cas dans la plupart des autres pays, afin de pouvoir apporter une aide ciblée et plus efficace. »

    Source : Glaube (08/03/2023)

  • Réaffectations en vue pour des églises bruxelloises

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    Lu sur La Capitale de ce 28 mars (p. 8) :

    Bruxelles : Des projets de réaffection pour nos églises bruxelloises 

    Le secrétaire d’État Pascal Smet (One.Brussels) a fait le point sur les projets de transformation et de réaffectation des églises à Bruxelles. Huit projets sont à l’étude. Pour la plupart, il s’agit de transformer l’église en logements. …  Pour l’église Saint-Antoine à Forest, un permis a été délivré en 2022 pour la transformation en salle d’escalade tout en conservant une partie pour le culte. À Anderlecht, une demande d’avis de principe à la CRMS (Commission Royale des Monuments et Sites) pour la transformation de l’église Saint-François-Xavier en salle de sport a été introduite. À Watermael-Boitsfort, diverses réunions ont déjà eu lieu pour transformer l’église Saint-Hubert en logements et lieu de culte. À Ixelles, un projet de logements est à l’étude pour l’église Sainte-Trinité. Il en est de même pour l’église Saint-Joseph à Uccle. Un projet pour le Précieux Sang à Uccle est en cours d’examen. Pour l’église Sainte-Famille de Helmet à Schaerbeek, un projet est en cours d’instruction avec maintien partiel des cultes. Enfin pour l’église Saint-Rémi à Molenbeek, un projet est à l’étude avec maintien partiel des services de culte. « Des échanges ont également eu lieu concernant les églises Saint-Joseph à Jette et Sainte-Bernadette à Anderlecht », ajoute Pascal Smet. « Les projets de reconversion ou de réaffectation réalisés ou étant à l’étude, qu’ils soient utilisés par d’autres communautés religieuses ou accessibles aux Bruxellois en matière de logement, vont dans le bon sens. Offrir une deuxième vie à ces édifices me semble plus que pertinent afin de ne pas laisser dépérir ce patrimoine », conclut Céline Fremault.)

  • On va bientôt pouvoir changer plusieurs fois de genre et de prénom

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Belgique : vers la possibilité de changer plusieurs fois de genre et de prénom

    27 mars 2023

    Le 24 mars, le conseil des ministres belge a approuvé la première phase de la réforme sur la « loi transgenre » du 25 juin 2017 en réponse aux remarques de la Cour constitutionnelle qui avait annulé plusieurs dispositions de la loi.

    Le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, a annoncé la suppression du principe d’irrévocabilité et de la procédure devant le tribunal de la famille. Il sera donc possible de changer plusieurs fois de genre et de prénom, et de modifier l’enregistrement auprès de l’officier de l’état civil en suivant la même procédure que pour la première modification (cf. En Belgique, importante augmentation des demandes de changement de sexe à l’état civil).

    La deuxième phase de la réforme doit porter sur la possibilité de reconnaissance pour les personnes se déclarant non binaires.

    La procédure de changement de genre devrait également être bientôt simplifiée en Allemagne avec l’adoption d’une « loi sur l’autodétermination ». Si le texte est voté, le changement de genre à l’état civil pourra entrer en œuvre après un délai de réflexion de trois mois. Une personne ayant obtenu un changement d’état civil pourra formuler une nouvelle demande, mais au bout d’un an. Concernant les mineurs de 14 ans, la procédure sera engagée par leurs parents ou tuteurs. Après 14 ans, ils pourront contester la démarche de leur enfant mais la décision reviendra au tribunal (cf. Espagne : l'”autodétermination du genre” librement autorisée dès 16 ans).

  • Pour les élections en RDC : un mauvais signal concernant la lutte espérée contre l’impunité et la corruption

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    Lu sur le site web « Afrikarabia » :

    Cela y est : Felix Tshisekedi s’offre Bemba (Equateur) et Kamerhe (Sud Kivu). L’hypothèse d’un renouveau aux mains propres, avec Fayulu, Katumbi et Mukwege, va-t-elle s’éloigner encore. Que va faire l’Eglise congolaise pour illustrer les bonnes paroles de la récente tournée du pape François ?

    Lu sur le site web « Afrikarabia » :

    « Le départ de ministres proches de Moïse Katumbi du gouvernement nécessitait un réaménagement de l’exécutif congolais et la nomination de nouveaux ministres. Depuis 3 mois, le projet était dans l’air. Mais plutôt qu’un simple remaniement technique ou un jeu de chaise musicale, Félix Tshisekedi a préféré frapper un grand coup, avec un remaniement plus large, très stratégique et très politique à l’approche de la présidentielle. Trois surprises composent le nouveau gouvernement Sama Lukonde, qui reste à son poste : la nomination de Jean-Pierre Bemba au ministère de la Défense, celle de Vital Kamerhe à l’Economie et enfin celle d’Antipas Mbusa Nyamwisi à l’Intégration régionale. Trois figures emblématiques de la politique congolaise, longtemps restés en réserve, font donc leur entrée au gouvernement.

    Un homme à poigne pour les FARDC

    Jean-Pierre Bemba sera en charge de la Défense, alors que l’armée congolaise peine à restaurer la sécurité à l’Est et que le M23 contrôle toujours de vastes territoires au Nord-Kivu. L’ancien seigneur de guerre du MLC, qui avant de se muer en parti politique était un groupe armé, prend donc les commandes d’une armée fantôme, qui n’est plus que l’image d’elle-même. Mal commandée, mal équipée et rongée par la corruption, l’armée doit profondément se réformer. Félix Tshisekedi, qui a échoué à ramener la paix à l’Est après la mise en place de l’état de siège, cherche donc un homme fort pour remettre de l’ordre dans les FARDC.

    Un geste vers l’Ouganda

    Du temps où Jean-Pierre Bemba était à la tête de sa milice, il avait pour parrain l’Ouganda voisin. Ce qui tombe plutôt bien pour Félix Tshisekedi, qui compte sur Kampala pour lutter contre les ADF, un groupe armé affilié à l’Etat islamique, qui sévit en Ituri. En faisant entrer Bemba au gouvernement, le chef de l’Etat espère donc relancer la collaboration sécuritaire avec l’Ouganda. La nomination de Mbusa Nyamwisi, nommé à l’Intégration régionale, acte également cette volonté de repositionnement de Kinshasa envers son puissant voisin. Félix Tshisekedi avait déjà appelé Kampala à la rescousse pour combattre les ADF, mais sans résultat. Pire, le dernier rapport de l’ONU soupçonnait l’Ouganda d’avoir laissé entrer les rebelles du M23 prendre le contrôle de la ville frontière de Bunagana. Les ex-chefs de guerre, Bemba et Mbusa Nyamwisi (un des fondateurs de la rébellion du RCD) auront donc la délicate mission d’améliorer la coopération ougando-congolaise.

    Bemba: la mauvaise réputation

    Rappeler deux ex-seigneurs de guerre pour régler l’insécurité endémique qui règne à l’Est du Congo est une veille recette qui n’a jamais restauré la paix dans cette région. D’autant que c’est un étrange signal qu’envoie Kinshasa aux défenseurs des droits humains concernant les nombreux crimes commis dans cette zone en toute impunité depuis bientôt 30 ans. L’ancien chef de guerre, Jean-Pierre Bemba, n’a jamais vraiment eu bonne réputation. Ses propres troupes ont souvent été laissées en déshérence et se sont livrées à de nombreuses exactions au début des années 2000. Jean-Pierre Bemba avait d’ailleurs été condamné à 18 ans de prison par la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes commis par ses miliciens en République centrafricaine, avant d’être acquitté en appel en 2018. On se souvient aussi de la tristement célèbre opération « effacer le tableau », menée par les troupes du MLC et du RCD-N en 2002 en Ituri. Une opération marquée par de nombreuses atrocités contre les civils.

    Des nouveaux ministres puissants dans leur province

    Le nouveau ministre de l’Intégration régionale, Mbusa Nyamwisi n’a guère meilleure réputation. L’Armée populaire congolaise (APC), la branche militaire du RCD est accusée, en 2000, d’avoir tué 1.500 personnes, principalement de l’ethnie Hema, dans la région de Bunia (Ituri). Sa milice prélèvait également des taxes aux commerçants voulant traverser sa zone de contrôle, selon un rapport de l’ONU de 2002. Les bons rapports entretenus par Mbusa Nyamwisi avec le président ougandais, Yoweri Museveni, et sa forte implantation politique dans la zone de Beni et Bunia, font pourtant de cet ancien rebelle un nouvel allié de poids pour le président Tshisekedi à la veille des élections. Jean-Pierre Bemba, toujours très puissant en Equateur, assure lui aussi le soutien de sa province au président sortant. Et il en va naturellement de même pour Vital Kamerhe, le nouveau ministre de l’Economie, très bien implanté dans le Sud-Kivu.

    Kamerhe,l’allié incertain

    La nomination du patron de l’UNC à un poste gouvernemental n’est pas une surprise, même si celui-ci lorgnait sur la Primature plutôt qu’un simple poste de vice-Premier ministre. Mais après sa mésaventure judiciaire dans l’affaire de détournement de fonds du « programme des 100 jours« , puis sa condamnation à 20 ans de prison et son blanchiment de dernière minute, on se demandait si Vital Kamerhe était toujours un allié fiable du président Tshisekedi ? Plusieurs contentieux planent en effet entre les deux hommes. L’accord de coalition électorale avec Félix Tshisekedi, signé en 2018, prévoyait que Vital Kamerhe occuperait la Primature en cas de victoire du patron de l’UDPS. Mais le nouveau président ne le nommera qu’au poste de directeur de cabinet. Et puis il y a bien sûr le passage par la case prison, qui reste en travers de la gorge à Vital Kamerhe.

    Du neuf avec du vieux

    L’arrivée du patron de l’UNC à un poste gouvernemental-clé remet en selle l’ancien président de l’Assemblée nationale. Comme pour Jean-Pierre Bemba, la nomination de Vital Kamerhe dans le nouvel exécutif permet à Félix Tshisekedi de renforcer sa majorité présidentielle, forte de l’UDPS, mais aussi maintenant du MLC et de l’UNC. Le candidat-président s’assure ainsi le soutien de deux poids lourd de la politique tout en les neutralisant pour le scrutin à venir. Le chef de l’Etat en profite également pour contrer un possible front « anti-Tshisekedi » qui est en train de se nouer dans l’opposition autour de Martin Fayulu, Augustin Matata Ponyo et Denis Mukwege. Avec ce remaniement, Félix Tshisekedi a l’air de faire du neuf avec du vieux. Le nouvel exécutif congolais ressemble à un énième partage du pouvoir, qui pourrait être payant pour Tshisekedi en cas de report des élections pour négocier une transition politique. Si le chef de l’Etat apparaît plus fort politiquement, marginalisant un peu plus ses concurrents en affichant une large coalition, ce tour de passe-passe peine à cacher les entailles aux deux principes défendus par le président Tshisekedi depuis des mois : la lutte contre la corruption et la promotion de la justice transitionnelle pour combattre l’impunité. Deux bonnes intentions qui restent des voeux pieux avec les nominations de Jean-Pierre Bemba, Mbusa Nyamwisi et Vital Kamerhe. »

    Christophe Rigaud – Afrikarabia

    Ref. Pour les élections en RDC : un mauvais signal concernant la lutte espérée contre l’impunité et la corruption

    A propos de l'auteur

    Journaliste, directeur du site Afrikarabia consacré à l'actualité en République démocratique du Congo (RDC) et en Afrique centrale.

  • J-7 avant la Marche pour la vie 2023

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    MARCHE POUR LA VIE 2023

    ON A BESOIN DE VOUS

    Dans 7 jours se tiendra, la Marche pour la vie 2023. Nous vous attendons nombreux ce dimanche 2 avril, Place Poelaert à Bruxelles. Les récentes recommandations du comité "scientifique" sur l'avortement en Belgique nous amènent à redoubler nos efforts pour défendre les vrais droits à la vie. Retrouvez ici notre analyse et opinion ainsi que la synthèse de l'Institut Européen de Bioéthique.

    Wil je dit bericht lezen in het Nederlands? Klik dan op deze link, en pas je profielvoorkeuren aan voor de toekomst.

    LA BIÈRE DE CLARA LIFE

    1- Achetez nos bières

    Nous avons en stock une belle quantité de bière CLARA Life que vous pouvez acheter pour nous soutenir financièrement. Pour cela, écrivez-nous et en fonction de votre localisation nous pourront organiser une livraison ou un point de collecte sur Bruxelles.

    JE COMMANDE DES BIERES

    • La Marche a besoin de votre générosité
      L'organisation d'un tel évènement implique d'importantes dépenses. 
    • Nous sommes encore à la recherche de 7 000€. Pour récolter cette somme, nous ne pouvons compter que sur vos dons.
    • Vous pouvez aussi nous aider en transférant cet email à un ami qui voudrait nous aider financièrement.

    JE SOUTIENS LA MARCHE POUR LA VIE- Votre don au BE02 7310 4206 5740 (au nom de CLARA Life) -

    MERCI BEAUCOUP

  • Communiqué de CLARA Life sur le rapport du "Comité scientifique" concernant l'avortement en Belgique

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    COMMUNIQUÉ SUR LE RAPPORT DU "COMITÉ SCIENTIFIQUE"

    • Extension du délai d’avortement de 12 à 18 semaines de grossesse ;
    • Suppression du délai de réflexion de six jours imposé à la femme qui demande l’avortement ;
    • Reconnaissance de l’avortement comme soin de santé ;
    • Remboursement total de l’avortement par la sécurité sociale ;
    • Organisation de cours spécifiquement dévolus à la pratique de l’avortement, à l’attention de
      tous les étudiants en médecine du pays.

    L’association CLARA Life a pris acte des récentes conclusions du comité d’experts chargé d’étudier et d’évaluer la pratique et la législation de l'avortement. Les principales recommandations du comité sont les suivantes: 

    CLARA Life constate que ces recommandations visent davantage à accroitre et sanctuariser la pratique de l’avortement, beaucoup moins à diminuer la détresse des femmes qui demandent à y avoir recours. Affirmant s’appuyer sur le principe de « l’autonomie des femmes », tout en érigeant l’avortement en solution unique de fait et en fin en soi, les experts semblent ne pas envisager qu’une femme en détresse puisse souhaiter une alternative à l'avortement.

    Pourtant, dans son rapport portant sur 2020-2021, la Commission nationale d’évaluation de l’interruption volontaire de grossesse indique qu’en 2021, sur les 16 702 avortement déclarés, 10 000 (60%) avaient été pratiqués sur des femmes célibataires. Une telle proportion suffit à mettre en évidence le lien entre recours à l’avortement et précarité affective ou financière. De même, selon une étude de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes publiées en 2017, 22% des travailleuses enceintes ont été confrontées à des discriminations directes et 69% à des discriminations indirectes sur leur lieu de travail. Autrement dit, pour de très nombreuses femmes, le recours à l’avortement n’est pas un droit, mais une obligation dictée par leurs finances, leur état civil ou leurs impératifs professionnels.

    Banaliser davantage l’avortement, notamment en réduisant le délai de réflexion préalable à l’intervention, ne soulagera donc en rien la détresse de ces femmes confrontées au non-choix de l’avortement. Pire encore, allonger le délai légal risquerait de prolonger une période d’ambivalence par rapport à l’acceptation de la grossesse, tandis que l’étape des douze semaines peut être sécurisante pour certaines femmes qui hésitent ou subissent les pressions d’un environnement hostile à leur grossesse.

    CLARA Life rappelle également qu’à partir de treize semaines de grossesse, la taille du fœtus implique des méthodes abortives très lourdes : soit accouchement provoqué avec fœticide préalable ; soit morcellement du fœtus in utero, suivi d’une recomposition des morceaux, afin de s’assurer qu’aucun ne demeure dans l’utérus. De telles interventions, s’avèrent contraignantes sur le plan physique et ne sont pas non plus sans risque pour la femme. Plus globalement, les études montrent que la mortalité maternelle à la suite d’un avortement augmente à chaque semaine de gestation [1].

    En outre, l’impact psychologique d’un avortement n’est aucunement négligeable, ainsi qu’une certaine doxa pseudo-féministe voudrait le faire accroire. Celui-ci est d’autant plus important, que le stade de développement du fœtus est avancé. Ainsi, dès treize semaines, un avortement se soldera par un véritable processus de deuil [2], tandis que les syndromes de stress posttraumatique se feront plus fréquents (symptômes d’intrusion, rêves angoissants, difficultés du sommeil) [3].

    De même, on ne peut raisonnablement pas négliger l’impact psychologique des avortements tardifs sur le corps médical, dont les témoignages sont nombreux. À titre d’exemple, le docteur Warren Hern, fondateur d’une clinique d’avortement aux Etats-Unis, écrit : « Il n’est pas possible de nier qu’il y a un acte de destruction par le praticien. C’est là devant ses yeux. La sensation de démembrement remonte à travers les forceps comme un courant électrique. » [4] De tels témoignages révèlent l’importance pour les soignants d’un droit inaliénable à l’objection de conscience. Cependant, celui-ci serait-il encore garanti si l’avortement était reconnu comme un soin de santé et si tous les étudiants de médecine devaient être formés à le pratiquer ?

    Enfin, CLARA Life tient à rappeler que le produit d’une rencontre entre deux gamètes humains est un embryon doté d’un ADN humain, lequel ne peut dès lors être qualifié que d’être humain. Ce banal constat fondé sur la biologie et la logique élémentaires se doit d’être répété aujourd’hui, tandis qu’activistes, idéologues et médias rivalisent d’euphémismes, dont « tas de cellule » demeure le plus emblématique, pour mieux déshumaniser le petit d’homme et justifier son élimination. Au contraire, CLARA Life réaffirme qu’un avortement, aussi précoce soit-il, consiste bet et bien à éliminer un être humain, acte qui n’est jamais souhaitable, ce d’autant moins que son développement est avancé.

    En conclusion, la question est la suivante. L’avortement, autrement dit l’élimination in utero d’un embryon ou d’un fœtus humain, est-il en soi souhaitable, ou bien est-il une défaite à laquelle doivent consentir de nombreuses femmes qui n’ont pas réellement le choix ? La réponse tombe sous le sens. CLARA Life appelle donc le législateur à ne pas céder aux sirènes de l’idéologie et à sortir de cette spirale mortifère du « tout avortement ». Plus concrètement, sans a priori idéologique, le législateur doit d’urgence de renforcer le soutien aux femmes enceintes isolées et envisager tous les moyens possibles pour réduire le nombre d’avortements.

    CLARA Life asbl
    Mars 2023 

    [1] The American College of Obstetricians and Gynecologists, Practice Bulletin, 135, juin 2013

    [2] M. Soulé, Introduction à la psychologie fœtale, Paris, 1992, p. 133.

    [3] P. Colleman et al., Late-Term elective Abortion and Susceptibility to Posttraumatic Stress
    Symptoms, in Journal of Pregnancy, 2010.

    [4] Warren Hern et. al., What About Us? Staff Reactions to the D&E Procedure, paper presented
    at the Annual Meeting of the Association of Planned Parenthood Physicians, San Diego, 1978.