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Religions - Page 34

  • Remplacer les politiciens "catholiques" par des musulmans ou des mormons ?

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    De Robert Siedlecki sur IFN (International Family News) :

    Le professeur Kreeft et les politiciens “catholiques”

    Alors que la bataille de Lépante était une défense de la chrétienté, Peter Kreeft affirme que la guerre culturelle actuelle est "une plus grande bataille" qui peut être gagnée par les chrétiens qui rejettent les "catholiques" et soutiennent les musulmans et les mormons.

    16 février 2022

    Peter Kreeft est probablement le meilleur théologien, auteur et apologiste catholique de ces 50 dernières années. Professeur au Boston College, il a écrit des dizaines de livres et donné des milliers de conférences dans tout le pays. En raison de sa formidable vision du christianisme et de son style d’écriture unique, qui fait notamment un usage remarquable de l’analogie, de l’allégorie et de l’esprit, on l’a surnommé le “C.S. Lewis catholique”. L’une des choses les plus sages qu’il ait jamais dites se trouve dans son livre Ask Peter Kreeft de 2019 . En réponse à la question “Je pense que les musulmans sont nos ennemis. Qu’en pensez-vous ?” Kreeft a dit :

    “George Weigel, biographe officiel de Jean Paul II, a déclaré que l’Église catholique pourrait gagner la guerre culturelle et faire légaliser sa morale sociale en remplaçant simplement chaque politicien “catholique” à Washington par un musulman ou un mormon.”

    Jamais des mots plus vrais n’ont été prononcés. Il suffit de regarder certains des politiciens et fonctionnaires “catholiques” les plus en vue aux États-Unis – le président Joe Biden, la présidente de la Chambre des Représentants Nancy Pelosi, le Sénateur Dick Durbin, la juge de la Cour suprême Sonia Sotomayor, la Gouverneure de New York Kathy Hochul, pour n’en citer que quelques-uns – pour se rendre compte de la véracité de la déclaration de Kreeft. L’Église catholique a clairement échoué dans sa mission de catéchiser correctement ces personnes ; en effet, toutes ces personnes ont des positions diamétralement opposées aux doctrines majeures et bien connues de l’Église. Ils soutiennent tous une culture de la mort, que ce soit dans l’utérus ou en fin de vie, le mariage des homosexuels, la croyance qu’un homme biologique peut devenir une femme et vice versa, et la croyance que Dieu a créé plus de deux genres, entre autres choses.

    Kreeft compare les convictions de ces fonctionnaires “catholiques” à celles d’un musulman moyen : “Vous auriez du mal à trouver un seul musulman dans le monde qui soit pro-avortement. Ou anti-famille. Ou pro-révolution sexuelle”.

    Il poursuit en montrant comment le pape Jean-Paul II, lors de la Conférence Internationale des Nations Unies sur la population et le développement qui s’est tenue au Caire en 1994, a réussi à empêcher que le soutien à l’avortement soit une condition préalable pour qu’un pays puisse recevoir l’aide de l’ONU en travaillant avec les pays musulmans contre l’Occident chrétien/catholique. Kreeft écrit :

    “Le pape Jean-Paul II a mené et gagné une plus grande bataille en travaillant avec les musulmans que celle que les chrétiens ont gagnée contre eux lors de la bataille de Lépante, un demi-millénaire plus tôt. Il l’a fait lors de la conférence des Nations Unies au Caire dans les années 1990 en alliant l’Église aux musulmans pour bloquer un règlement parrainé par les États-Unis qui aurait exigé de chaque nation qu’elle légalise l’avortement afin de bénéficier de tout avantage ou aide de l’ONU. Le règlement aurait été adopté sans cela.”

    Afin de gagner la guerre culturelle, ou du moins d’enrayer son avancée agressive, Peter Kreeft semble offrir aux catholiques plusieurs choix. Tout d’abord, ils pourraient exiger de l’Église catholique qu’elle fasse un meilleur travail de catéchisation de ses membres, de sorte que lorsqu’un “catholique” se présente aux élections, les gens sachent qu’il soutient en fait les positions de l’Église. Deuxièmement, ils pourraient exiger que les politiciens qui ne croient pas vraiment ce que l’Église enseigne ne puissent pas dire qu’ils sont catholiques. Troisièmement, ils pourraient retirer leur soutien aux politiciens “catholiques” et élire à la place des musulmans (ou des mormons) qui soutiendraient des positions sociales conformes à l’enseignement catholique. Quatrièmement, ils pourraient faire deux ou plusieurs des éléments ci-dessus. Espérons que les catholiques choisiront rapidement la quatrième option avant que nos fonctionnaires “catholiques” ne causent davantage de dommages à notre culture judéo-chrétienne.

  • Persécutions : cinq pays où la situation des chrétiens s’est dramatiquement dégradée

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    15 février 2022

    À l’approche de la 49e session du Conseil des droits de l’homme, l’ECLJ a soumis cinq déclarations écrites pour mettre en exergue les persécutions des chrétiens là où elles se sont le plus aggravées ces derniers mois. Des telles interventions devant cet organe des Nations unies permettent de pointer les défaillances des États qui se sont eux-mêmes engagés à respecter les droits fondamentaux des minorités religieuses devant ce même organe de l’ONU. L’ECLJ interviendra aussi oralement durant cette session du mois de mars.

    L’Afghanistan, la Birmanie, l’Inde, le Nigéria et le Pakistan sont les cinq pays que l’ECLJ a voulu pointer du doigt dans ses déclarations écrites envoyées au Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour cette 49e session.

    Alors que la Corée du Nord figurait depuis longtemps en tête du classement international de Portes ouvertes sur les pires pays pour les chrétiens, l’Afghanistan vient de prendre la première place. Cela s’explique principalement par l’arrivée au pouvoir des Talibans qui, comme ils l’avaient promis, appliquent déjà la charia à la lettre et dans toute sa rigueur. On compte déjà des dizaines d’exécutions de chrétiens depuis le retrait des troupes américaines acté par Joe Biden. L’état catastrophique de l’économie du pays accentue encore la persécution et les difficultés matérielles, poussant par exemple certaines familles à vendre leurs propres enfants pour survivre.

    Au Pakistan, c’est la loi réprimant le blasphème contre l’islam qui demeure la principale source de persécution des chrétiens. Une équipe d’avocats sur place, affiliée à l’ECLJ, aide autant que possible ces chrétiens accusés abusivement de blasphèmes par des islamistes. Nous attirons l’attention de la communauté internationale sur un personne, Shahzad Masih, dont l’affaire illustre de manière emblématique cette persécution. Ce pauvre jeune garçon a été accusé de blasphème alors qu’il ne faisait que relater les propos d’un tiers. Il a été incarcéré à 17 ans, il est en prison depuis déjà quatre ans et n’a toujours pas été jugé. Depuis juillet 2021, il est censé enfin être jugé, mais chaque mois, on le torture un peu plus en repoussant son audience finale. Cela fait sept fois successives qu’il espère être acquitté tout en se préparant à être condamné et que le juge le reconvoque finalement pour une prochaine fois. S’il était condamné, il attendrait encore en prison pendant des années pour que sa procédure d’appel aboutisse. Ils sont des centaines à croupir en prison comme lui, attendant leurs audiences suite à des accusations d’islamistes, ou purgeant des peines sur le fondement de cette loi contre les blasphèmes.

    En octobre 2021, l’ECLJ avait organisé une conférence sur ce sujet au Parlement européen avec l’Intergroupe des Chrétiens du Moyen-Orient. Vous pouvez retrouver les détails de cette affaire et de cette conférence dans notre communiqué ici.

    La situation du Nigéria continue d’être très préoccupante. C’est un des pays les plus peuplé d’Afrique et qui devient de plus en plus coupé en deux. Les petits villages font l’objet d’attaques éclairs par les troupes de Boko Haram, qui tuent les villageois et brûlent leurs maisons et leurs églises. Nous citons dans notre déclaration quelques exactions parmi tant d’autres, qui montrent la régularité et la cruauté de celles-ci. Comme nous le pointons également dans notre déclaration, en à peine six mois, il y a encore eu plus de 200.000 personnes déplacées et la conférence des évêques du Nigéria affirme elle-même que « c’est la survie de la nation qui est en jeu », du fait de l’inaction du gouvernement à sévir contre les responsables. Le 19 février 2022, cela fera quatre ans que la jeune chrétienne Leah Sharibu est prisonnière de ses ravisseurs, qui l’ont depuis violée à de multiples reprises et qui a déjà accouché de deux enfants… Pour bien comprendre les raisons géostratégiques de la situation au Nigéria, vous pouvez consulter notre communiqué ici.

    En Inde, la persécution des chrétiens se fait principalement par l’application tout à fait fallacieuse d’une loi interdisant les conversions forcées. Alors que cette loi prétend garantir la liberté religieuse en interdisant strictement toute conversion forcée, elle est en fait appliquée contre les chrétiens, qui sont accusés pour le moindre geste chrétien de tenter de convertir des hindous. Par exemple, si un chrétien donne l’aumône à un pauvre, les nationalistes hindous pourraient accuser ce chrétien de tenter de convertir le pauvre en lui donnant de l’argent. Cet abus, joint au nationalisme hindou persistant, mène à des arrestations abusives et à des violences populaires régulières contre les chrétiens. En effet, les agresseurs jouissent d’une forme d’impunité : il leur suffit d’accuser les chrétiens d’avoir tenté de convertir quelqu’un pour justifier leur violence.

    Enfin, en Birmanie, les chrétiens souffrent de la persécution d’une armée qui a pris le contrôle du pays et qui revendique officiellement son appartenance au bouddhisme. Ce véritable putsch de l’armée effectué en février 2021, entraîne des restrictions de libertés pour tous, des centaines de morts et des milliers d’arrestations arbitraires. Les chrétiens, représentant moins de 8 % de la population, ne sont pas spécifiquement visés par ce régime militaire. Cependant, en tant que minorité, ils sont davantage exposés aux violations de leurs droits et aux brimades d’un régime dictatorial qui se maintient depuis un an.

    Soutenez l’action de l’ECLJ aux Nations unies en défense des chrétiens persécutés dans le monde en signant notre pétition.

    Pour la liberté religieuse : Lire le texte complet de la pétition

  • Le nombre des catholiques dans le monde a augmenté en 2020

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    D'Hélène Ginabat sur zenit.org :

    Augmentation du nombre des catholiques dans le monde en 2020

    Ainsi que des religieux profès et des diacres permanents

    En 2020, le nombre des catholiques baptisés a augmenté d’1,2 %, avec une hausse significative en Asie et en Afrique. On observe également une hausse de 1% du nombre des diacres permanents, ainsi qu’une augmentation significative des religieux profès.

    En ce qui concerne le nombre des prêtres, diocésains et religieux, entre 2019 et 2020, des hausses importantes ont été enregistrées en Afrique (+1 004) et en Asie (+778).

    C’est ce qu’indique une étude publiée dans L’Osservatore Romano en italien et sur Vatican News du 10 février dernier. L’article se réfère aux années 2019 et 2020 et se base sur les données contenues dans l’Annuaire pontifical 2022 et dans l’Annuarium Statisticum Ecclesiae 2020, édités par le Bureau central des statistiques de l’Église, actuellement en vente dans les librairies, et publiés par la Maison d’édition du Vatican.

    Les catholiques baptisés dans le monde sont passés de 1344 millions en 2019 à 1360 millions en 2020, soit une augmentation absolue de 16 millions, équivalente à environ +1,2%. Si la présence relative des catholiques sur l’ensemble de la planète ne change pas, la situation diffère en fonction des continents : en Asie, on observe une augmentation significative de +1,8% (surtout dans le Sud-Est, et malgré la baisse au Moyen-Orient) et en Afrique une augmentation de +2,1%, tandis qu’en Europe, elle est de 0,3%.

    En Afrique, le nombre des catholiques est passé de 18,7% en 2019 à 18,9% en 2020 par rapport à l’ensemble du monde. Ceux d’Amérique représentent 48% du total mondial, dont 28% sont en Amérique du Sud. Sur le continent asiatique, qui représente 59% de la population mondiale, le pourcentage des catholiques reste stable, autour de 11%. La proportion mondiale des catholiques en Europe, en revanche, a diminué de 21, 2% entre 2019 et 2020. Quant à l’Océanie, le pourcentage de catholiques par rapport au reste du monde y reste stable, autour de 0,8%.

    Le nombre des évêques dans le monde a légèrement diminué, passant de 5 364 à 5 363 entre 2019 et 2020, le poids relatif de chaque continent restant stationnaire sur cette période, avec une plus grande concentration sur le total en Amérique et en Europe. En Afrique, les évêques représentent 13,4% de l’ensemble.

    En ce qui concerne le nombre des prêtres, diocésains et religieux, en 2020, s’il a surtout diminué en Europe (-1114) et en Amérique du Nord (-4374), des hausses significatives ont été enregistrées en Afrique (+1 004 unités) et en Asie (+778).

    En termes relatifs, l’Europe et l’Amérique (où vivent respectivement 40 et 29,3% des prêtres de la planète en 2020), restent en tête, suivies de loin par l’Asie (17,3%) et l’Afrique (12,3%) qui gagnent du terrain, et par l’Océanie (1,1%).

    Les diacres permanents constituent le groupe ayant la plus forte évolution dans le temps : ils sont passés de 48 238 en 2019 à 48 635 en 2020, avec une augmentation relative de près de 1%. C’est surtout sur le continent américain que s’observe cette dynamique soutenue : en 2019, ce continent comptait 31 668 diacres, tandis qu’en 2020, le nombre passe à 32 226.

    Une hausse significative est enregistrée pour les religieux profès non prêtres. En 2019, on en comptait 50.295 dans le monde et ils atteignent 50.569 en 2020. Il convient de noter que l’augmentation est concentrée en Afrique (+1,1%), en Asie (+2,8%) et en Europe (+4%).

    Quant aux religieuses professes, leur nombre a augmenté sur les continents les plus dynamiques, l’Afrique (+3,2%) et l’Asie (+0,2%), tandis qu’il a enregistré une baisse en Europe (-4,1%), en Amérique (-2,8%) et en Océanie (-5,7%).

    Le nombre des séminaristes, enfin, a augmenté de 2,8% en Afrique, passant de 32.721 à 33.628, mais il a baissé sur les autres continents. En 2020, les séminaristes sont dans le monde 111.855, l’Afrique et l’Asie représentant 59,3% de l’ensemble, tandis que l’Amérique et l’Europe en représentent 39,9%, l’Océanie restant à peu près stable.

  • Inde : persécution des chrétiens

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    Varanasi-1-758x423.jpgLe nationalisme religieux de l’Inde s’est toujours méfié du Christianisme et, au lendemain même de l’indépendance (1947), les tracasseries administratives, - telles que l’organisation de quotas d’accès des Jésuites (florissants à l'époque) au sous-continent indien- n’ont pas manqué. Quoi d’étonnant à ce que, des années plus tard encore dans ce monde très identitaire, « depuis l’élection de Narendra Modi en 2014, les chrétiens subissent des pressions croissantes de la part de l’administration hindoue. Début 2022, les Missionnaires de la Charité, la Congrégation de Mère Teresa, en a fait les frais ». Point de la situation par Syvain Dorient dans le mensuel La Nef (février 2022) :

    « Les Missionnaires de la Charité ont passé un triste Noël. Le gouvernement indien leur refusait le renouvellement de la licence qui leur permettait de recevoir des dons de l’étranger. Un coup dur pour cette Congrégation vieille de plus de 70 ans, comptant 5000 Sœurs, qui peut se mettre au service des plus pauvres grâce aux ressources financières apportées par les donateurs occidentaux. Le 24 décembre 2021, le ministre de l’Intérieur, Shri Amit Shah, affirma que la Congrégation ne remplissait plus les conditions pour que lui soit accordée la licence lui permettant de recevoir ces dons, la FCRA (Foreign Contributions Regulation Act).

    La décision fut vivement critiquée internationalement en raison de la stature de sainte Teresa de Calcutta. Le gouvernement britannique s’est fendu d’une lettre demandant très diplomatiquement « de plus amples informations sur cette décision étonnante ». Lors d’un débat à la Chambre des Lords, Harries de Pentregarth s’étonnait : « Quelle raison pourrait invoquer le gouvernement pour entraver le travail des Missionnaires de la Charité, reconnu dans le monde entier ? […] Je crains qu’il ne répercute les pressions du nationalisme hindou, de peur que des gens n’entrent en contact avec des chrétiens et finissent par se convertir. »

    Le 10 janvier 2022, les Missionnaires de la Charité retrouvaient leur licence, peut-être grâce aux pressions internationales. Mais près de 6000 autres Organisations non-gouvernementales (ONG) connaissent des difficultés comparables. L’administration indienne, puissante et tatillonne, exige que les ONG désirant recevoir des fonds de l’étranger renouvellent chaque année une demande de FCRA. Cette pratique, antérieure à l’élection de Narendra Modi, puisqu’elle a été instituée en 2010, s’est considérablement durcie en 2020. Le ministre de l’Intérieur, Shri Amit Shah, imposa un amendement qui permettait de surveiller les membres des ONG, en prenant leurs empreintes digitales, et en autorisant des enquêtes à leur sujet.

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  • Grand carnaval et foutoir théologique à Saint-Sulpice

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    Du Père Danziec sur le site de Valeurs Actuelles :

    Prière musulmane dans une église : est-ce bien sérieux ?

    Les images de la rencontre organisée en l’église Saint-Sulpice à Paris entre catholiques et musulmans a légitiment soulevé une vague d’indignations. Peut-on raisonnablement discuter avec l’islam d’une façon aussi ingénue ? Pour notre chroniqueur, le Père Danziec, la réponse est résolument négative.

    Aux éditions Buchet-Chastel, Soazig Quéméner et François Aubel, respectivement journalistes à Marianne et au Figaro, viennent de cosigner un ouvrage La dictature des vertueux au sous-titre évocateur : Pourquoi le moralement correct est devenu la nouvelle religion du monde. Une religion pour en chasser une autre ? Depuis cinquante ans en effet, on ne le voit que trop, l’influence de la religion catholique s’étiole. Les progressistes des années 70 avaient pour grand rêve de réconcilier l’Église avec le monde. Ils n’auront réussi qu’à la faire disparaître du champ des hommes. Finis les rites sacrés, la grande pompe liturgique et les mystères magiques qui subjuguaient les humbles, transportaient la nef et savaient édifier petits et grands.  Disparue l’aura intellectuelle de l’Église, experte en sagesse et en recul. La nature ayant horreur du vide, le progressisme s’est fait une place au soleil des renoncements des autorités ecclésiastiques. Le printemps merveilleux que l’esprit du concile Vatican II promettait de faire bourgeonner au-delà des sacristies aura finalement laissé place à un grand hiver au cœur même de l’Occident. Certains se féliciteront que l’Église ait perdu de sa superbe. Réalisent-ils seulement qu’elle a surtout perdu de sa saveur et de son goût. Or, « si le sel vient à s’affadir, avec quoi le salera-t-on ? » (Matthieu 5, 13).

    Des jeunes adolescentes en niqab dans le chœur de l’église Saint-Sulpice

    Oui, le moralement correct est une nouvelle religion et parmi ses prophètes, certains portent un col romain. Tandis que la culture de l’effacement contribue à façonner un nouvel ordre sociétal, les hommes d’Église font l’étalage de leurs carences et brillent par leur discrétion, hélas. Où se trouvent les veilleurs authentiques face à l’effondrement des murs porteurs de la société occidentale et chrétienne ? Trop de clercs donnent le sentiment d’être passifs et dépassés. Un grand nombre préfère nier le désastre quand d’autres se rangent eux-mêmes à la cohorte des destructeurs.

    L’épisode atterrant du week-end dernier dans le chœur de Saint-Sulpice (VIe arrondissement de Paris) est à cet égard suffisamment éloquent pour être passé sous silence. Que s’est-il donc produit dans la plus grande des églises de la capitale le dimanche 6 février ? En apparence, chrétiens et musulmans se sont vus proposer un moment unique de fraternité. Prier ensemble, se rencontrer, dialoguer. En réalité, dans l’édifice sacré, un panneau indiquait même aux disciples de Mahomet qu’un lieu (temporaire) leur avait été réservé garantissant un « espace de silence pour la prière musulmane » (sic). Des lectures coraniques et des récitations de sourates eurent lieu à l’ambon. Le rassemblement islamo-chrétienne se clôturait par une danse autour de l’autel accompagnée de chants et de tapements de main. Le tout en compagnie de jeunes adolescentes en niqab dans le chœur. Qui peut se laisser séduire par un dialogue interreligieux vécu de la sorte ?

     

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  • France : les premiers constats alarmants de la mission ministérielle sur les violences antireligieuses

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    De Bernard Gorce sur le site du journal la Croix :

    Violences antireligieuses : les premiers constats alarmants de la mission ministérielle 

    Les atteintes aux personnes en raison de leur confession se multiplient et traduisent une montée des haines, selon les premiers constats des députés missionnés par le premier ministre.

    10/02/2022

    L’année 2021 a été marquée par 1 659 actes antireligieux : 857 concernant le christianisme, 589 le judaïsme et 213 l’islam. Ces chiffres, présentés jeudi 10 février par la mission ministérielle sur les actes antireligieux, viennent consolider le bilan provisoire présenté en décembre par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.

    Ils révèlent une hausse importante pour les actes anti-musulmans (+ 38 %) et une relative stabilité pour les autres confessions, par rapport à 2019 – l’année 2020 marquée par le confinement ne pouvant servir de référence. Et, sur le temps long, une montée des atteintes aux personnes en raison de leur religion.

    « Beaucoup de faits sont passés sous silence »

    Après une trentaine d’auditions et quatre déplacements sur le terrain, les députés Isabelle Florennes (MoDem) et Ludovic Mendes (LREM), missionnés par le premier ministre pour dresser un état des lieux des violences contre les religions, ont fait un point d’étape avant la remise de leur rapport, début mars. La question du recensement des faits n’est qu’un volet de leur travail (d’autres, comme la prévention ou les sanctions, seront aussi abordés), mais pas le plus simple. Car si les pouvoirs publics ont pris le pli depuis quelques années de communiquer des statistiques, leur signification interroge.

    Les chiffres sont établis par le bureau des cultes sur la base des plaintes enregistrées par le ministère de la justice et des remontées de terrain des services de renseignements. Mais elles n’offrent qu’une part de la réalité. « Beaucoup de faits sont passés sous silence », explique Ludovic Mendes.

    Si la communauté juive est la plus organisée pour signaler systématiquement les actes ou menaces et accompagner les victimes, les musulmans ne le sont pas du tout. Ce sera d’ailleurs le sujet d’un des quatre groupes de travail du nouveau Forum de l’islam de France. Quant aux catholiques, Ludovic Mendes souligne qu’une personne est spécialement chargée au sein du secrétariat de l’épiscopat de sensibiliser les fidèles à la nécessité de qualifier les faits et de déposer plainte.

    Les violences physiques se multiplient

    Longtemps, les actes antichrétiens ont consisté en des dégradations ou vols dans les lieux de culte – qui représentent encore l’essentiel des faits. Mais les violences physiques se multiplient. Le ministère de l’intérieur a décompté douze actes physiques contre des chrétiens, relève Isabelle Florennes. De leur déplacement à Nantes (Loire-Atlantique), les élus retiennent l’activisme d’une extrême gauche anticléricale. « Nous avons rencontré une communauté chrétienne douloureusement atteinte », dit Isabelle Florennes.

    La publication du rapport Sauvé sur les crimes sexuels dans l’Église a aussi provoqué un regain de tensions. Dans son département de Moselle, un prêtre a été pris à partie et traité de pédophile, relate Ludovic Mendes.

    À Lyon, poursuit Isabelle Florennes, la menace vient d’abord « d’une ultra-droite très forte » qui s’en prend aux communautés musulmanes. Le climat de la campagne présidentielle inquiète à cet égard les parlementaires, qui mettent en garde contre un risque de « délitement de la société ».

    Une banalisation des haines

    Toutes les religions semblent connaître l’évolution qui a touché le judaïsme. L’antisémitisme s’est traduit d’abord par des atteintes aux lieux de culte dans les années 2000, puis des attaques de fidèles et enfin des agressions de voisinage, dont les meurtres de Sarah Halimi en 2017 et de Mireille Knoll en 2018.

    À Lyon, la cour d’appel a pris l’habitude de s’entretenir chaque année avec les représentants des cultes pour faire le point sur les dépôts de plaintes et leur traitement par la justice. « Nous allons valoriser ce qui fonctionne bien », promet Isabelle Florennes. Mais au-delà des relations et dispositifs institutionnels, c’est un défi de société qu’il s’agit de relever. « Les juifs nous ont dit qu’ils savaient pouvoir compter sur l’État. Mais ils se demandent si les Français sont encore là », poursuit la députée des Hauts-de-Seine.

    « Tous les cultes décrivent une montée des haines », appuie Ludovic Mendes, en particulier sur les réseaux sociaux qui participent de leur banalisation. Jamais un rapport ne s’est attaqué à un tel sujet, mais celui qui sera présenté début mars ne constituera qu’une « première étape », préviennent les députés.

  • Quatre anciens évêques de l'Église anglicane convertis à la foi catholique en un an

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    De Kath.Net/News :

    Un total de quatre anciens évêques de l'Église d'Angleterre convertis à la foi catholique en un an

    9 février 2022

    Londres (kath.net/KAP) En 2021, un total de quatre évêques anglicans ont été acceptés dans l'Église catholique en Grande-Bretagne. Selon le "Church Times", l'ancien évêque de Chester, Peter Forster (71 ans), est devenu catholique fin 2021, après d'autres anciens évêques diocésains de l'Église d'Angleterre, Michael Nazir-Ali, Jonathon Goodall et John Goddard. La conversion de Forster a été confirmée la semaine dernière par l'archidiocèse de St Andrews et d'Édimbourg, où lui et sa femme ont été reçus dans l'Église catholique et vivent maintenant.

    Forster avait déjà démissionné du diocèse de Chester en 2019 en tant qu'évêque alors le plus ancien de l'Église d'Angleterre pour des raisons d'âge. Il était également auparavant l'un des 26 évêques siégeant à la Chambre des lords britannique. Il s'est fait connaître dans les milieux catholiques, entre autres, pour sa critique de l'encyclique environnementale "Laudato si" du pape François ainsi que par sa critique de la "dérive" des relations œcuméniques (...). 

    Selon le rapport du Church Times, Forster n'a pas commenté sa conversion et on ne sait pas encore s'il veut devenir prêtre catholique. Au cours de son mandat, il s'est prononcé contre les efforts visant à légaliser le mariage homosexuel au Royaume-Uni et contre l'ordination du clergé homosexuel pratiquant. En même temps, cependant, il a soutenu l'ordination des femmes et la première femme évêque de l'Église d'Angleterre est issue de son diocèse.

  • Pakistan : forte augmentation des conversions forcées de chrétiennes

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    Lu sur Kath.Net/News :

    Pakistan : forte augmentation des conversions forcées de chrétiennes

    4 février 2022

    Le ministère des droits de l'homme a documenté 60 cas d'enlèvements et de mariages forcés avec des maris musulmans et de conversions forcées l'année précédente.

    Berlin (kath.net/KAP) Au Pakistan, le nombre d'enlèvements de chrétiennes et de leur conversion forcée à l'islam est en augmentation. C'est ce qui ressort des données du ministère pakistanais des droits de l'homme, comme l'a rapporté jeudi l'agence de presse allemande dpa. Selon ces données, environ 60 chrétiennes ont été enlevées en 2021, mariées de force à des musulmans sunnites et contraintes de se convertir à l'islam. L'année précédente, seuls 15 cas de ce type avaient été enregistrés.

    Les organisations de défense des droits de l'homme estiment toutefois à au moins 1.000 par an le nombre de jeunes filles chrétiennes et hindoues victimes de conversion forcée à l'islam.

    Près des trois quarts des chrétiennes concernées officiellement enregistrées en 2021 n'avaient pas encore 18 ans, a déclaré le ministre des droits de l'homme et des affaires des minorités de la province centrale du Punjab, Ejaz Alam Augustine. Les femmes hindoues sont également concernées par les conversions forcées. Ces données ne sont toutefois pas encore disponibles, a indiqué le ministère.

    Le Pakistan est un pays islamique majoritairement conservateur. Plus de 94 pour cent des 220 millions d'habitants sont des musulmans sunnites, tandis que les hindous représentent environ 2,1 pour cent et les chrétiens 1,27 pour cent de la population. Le reste appartient aux minorités islamiques des chiites et des ahmadis ainsi qu'à la communauté religieuse des sikhs. Ces derniers groupes sont régulièrement confrontés à l'intimidation et à la persécution et se plaignent de ne pas être considérés comme des citoyens à part entière.

    Selon les analystes pakistanais, l'un des principaux moteurs de la forte augmentation des conversions forcées, mais aussi des cas de blasphème au Pakistan, est la prise de pouvoir des talibans militants islamistes en Afghanistan voisin. Celui-ci a encouragé les islamistes dans le pays et leur a donné le sentiment de pouvoir écraser l'Etat et la loi, explique l'analyste en sécurité Fida Khan.

  • Pour dialoguer avec de jeunes musulmans

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    Jalons d'une espérance sans violence à la lumière de la Fâtiha

    Jalons d'une espérance sans violence à la lumière de la Fâtiha

    Françoise Breynaert

    Ce qui caractérise la jeunesse, c'est l'espérance d'un monde meilleur, et, pour le croyant, l'espérance du règne de Dieu.
    Les risques de manipulation sont cependant bien connus.
    La Fâtiha, la prière musulmane, peut inviter le lecteur à réfléchir comment vivre son espérance sans violence.

    En fait, il s’agit de la version « jeunes » du Canevas de méthode de déradicalisation, qui est une excellente manière de « dialoguer » en annonçant la vraie source qu’est la Révélation chrétienne. Cette version comporte peu de textes mais de nombreuses photos, pour un public dès 12 ans !       

    40 pages

    ISBN : 9782322412723

    Éditeur : Books on Demand

    Date de parution : 26/01/2022

  • Rod Dreher: «Le projet Monasphère permettra aux chrétiens de vivre leur foi et d'en témoigner»

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    En ces temps d’apostasie du monde occidental, sur quels « traditionis custodes » mise votre pari chrétien? Ne pas confondre une réserve d’indiens avec un monastère médiéval...

    Un entretien d’Aziliz Le Corre avec le journaliste américain Rod Dreher, publié sur le site "Figarovox"  :

    " L'église Saint-Gilles de L'Île-Bouchard est devenue un sanctuaire à la suite de témoignages attestations d'une apparition de la Vierge Marie devant des enfants. Wikimedia Commons - CC

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - L'entreprise Monasphère a présenté un projet de lotissement destiné aux familles souhaitant retourner vivre à la campagne, à proximité de sanctuaires chrétiens. Le journaliste et essayiste américain se réjouit de voir émerger ce type de communautés dans un monde qui n'est plus chrétien.

    Rod Dreher est un journaliste et écrivain américain, éditorialiste à The American Conservative. Il a publié Comment être chrétien dans un monde qui ne l'est plus: le pari bénédictin (traduit en français aux éd. Artège, 2017) et dernièrement Résister au mensonge, vivre en chrétien dissident (trad. Artège, avril 2021).

    FIGAROVOX. – Un projet lotissement d'inspiration chrétienne, Monasphère, promet de « contribuer au développement et au déploiement des écosystèmes chrétiens au XXIe siècle ». Cela semble rejoindre votre « pari bénédictin »... Que vous inspire-t-il ?

    Rod DREHER. - Nous vivons actuellement un fait indéniable : l'effondrement de la civilisation chrétienne, un effondrement aussi profond que l'effondrement de l'Empire romain au Vsiècle. Jusqu'alors, la plupart des chrétiens ont été complaisants face à ce désastre. Peut-être ne comprenaient-ils pas ce qu'il se passait ?

    Dans mon livre Le pari bénédictin, je prends l'exemple des premiers moines bénédictins, qui ont conçu une stratégie pour vivre fidèlement et avec résilience au milieu du chaos de l'Europe post-romaine. Que nous conseillerait un saint Benoît du XXIe siècle ? Comment pouvons-nous, chrétiens laïcs - et pas seulement catholiques - créer un habitus dans lequel nous pouvons vivre en chrétiens fidèles, en approfondissant notre propre conversion, en transmettant la foi à nos enfants et en nous rendant assez forts pour témoigner du Christ dans un monde qui lui est hostile ? Il n'y a pas qu'une seule réponse, mais celle des chrétiens et de l'Église catholique depuis 60 ans n'est pas la bonne.

    Quels peuvent être les fruits d'un tel projet, selon vous ?

    L'équipe de Monasphère essaie de permettre aux familles catholiques de vivre concrètement l'option bénédictine. Personnellement, je suis doué pour comprendre les idées, y adhérer, mais moins pour les mettre en œuvre. Si le projet Monasphère fonctionne, alors les familles catholiques trouveront des moyens de vivre leur foi en communauté, tout en étant ancrées dans le monde. Le projet Monasphère n'entend pas faire de nous des moines. Il veut permettre à des familles de transmettre leur foi à leurs enfants, tout en étant une lumière dans ce monde sombre et froid.

    Certains ont accusé le projet de participer à la partition du territoire français. Comprenez-vous cette inquiétude ?

    Oui, je comprends cette inquiétude, qui est propre à la culture républicaine française. Mais cette façon appartient à une époque révolue. Dans notre monde post-chrétien, les croyants ont besoin de communautés fortes de fidèles, pour ne pas subir la culture matérialiste et laïque. Aux États-Unis, nous subissons le même processus de sécularisation que l'Europe a emprunté depuis plusieurs générations déjà. Les chrétiens eux-mêmes ne connaissent pas grand-chose à leur foi. Savez-vous qu'aux États-Unis, une majorité de catholiques ne croient pas en la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie ? C'est un scandale total. L'Église post-Vatican II - à la fois l'institution et les familles catholiques - a lamentablement échoué à transmettre la foi aux jeunes. En Amérique, nous acceptons que des citoyens fassent le choix de vivre au sein de communautés particulières fortes, tout en participant à la vie de la Cité. Je ne comprends pas pourquoi certains Français - en particulier les Français catholiques - ont si peur des chrétiens qui veulent simplement vivre ensemble en tant que chrétiens.

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  • Les chrétiens, des cibles croissantes du radicalisme hindou en Inde

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Les chrétiens, cibles croissantes du radicalisme hindou en Inde

    15/01/2022

    Le 25 décembre dernier, l’annonce d’un blocage des financements étrangers en faveur des Missionnaires de la charité a choqué les esprits et a été rapidement relayée par la presse internationale. Présente en Inde depuis 1950, la congrégation avait par ailleurs été récemment visée par des accusations de « conversions forcées » au Gujarat. Finalement, le refus des autorités a été levé le 8 janvier. Mais l’incident envoie un message clair à la minorité chrétienne et incarne la perception d’une discrimination croissante envers les chrétiens sous le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi.

    En août 2017 à New Delhi, lors d’une manifestation organisée par des chrétiens du nord-est de l’Inde en vue de défendre les droits de leur communauté.

    Ce jour de Noël, d’autres incidents ont eu lieu. Des brigades radicales hindoues ont perturbé ou attaqué, dans seize incidents documentés, des célébrations et lieux de culte chrétiens de différentes villes de l’Inde. Au même moment, à l’occasion d’une commémoration au sein de la communauté sikhe, le Premier ministre Narendra Modi a souligné, quant à lui, « les atrocités » commises par les anciens empereurs musulmans contre les hindous et les sikhs, stigmatisant la minorité des musulmans, qui subit quant à elle de plein fouet le radicalisme hindou depuis leur arrivée au pouvoir en 2014.

    Dans une Inde qui comprend plus d’1,3 milliard d’habitants, de confession hindoue pour la très grande majorité, les attaques contre la petite minorité chrétienne, soit seulement 2,3 % de la population, se sont multipliées au cours de l’année 2021. L’organisation Evangelical Fellowship of India a répertorié 305 incidents survenus jusqu’au mois de novembre. Selon le United Christian Forum, qui regroupe plusieurs organisations chrétiennes, au moins 400 incidents ont ciblé les chrétiens indiens et leurs lieux de culte tout au long de l’année, dans des attaques perpétrées par des extrémistes hindous. Il s’agit d’un chiffre record, selon l’organisation, depuis les pogroms contre les chrétiens perpétrés en 2007 et 2008 dans l’État de l’Orissa.

    Le 30 octobre dernier, Narendra Modi a pourtant rencontré le pape François au Vatican et l’a invité à se rendre en Inde en dépit de l’aversion, dans son pays, des groupes hindous radicaux. « Le Premier ministre a été photographié avec le pape et, pratiquement immédiatement à son retour, une agitation a débuté dans l’État du Karnataka avec l’introduction d’une loi anti-conversion », a commenté John Dayal, catholique engagé et porte-parole de la All Catholic Union. Le Karnataka devrait ainsi rejoindre dix autres États ayant adopté cette loi anti-conversion, qui criminalise les hommes musulmans et chrétiens voulant épouser des femmes hindoues.

    Le Premier ministre Narendra Modi reste silencieux

    Dans cet État dirigé par le BJP (Parti du peuple indien), le parti nationaliste hindou de Narendra Modi, les accusations de conversions forcées au christianisme se sont multipliées et près d’une quarantaine d’incidents de violence ciblant les chrétiens ont été répertoriés. Le Premier ministre reste quant à lui silencieux face aux attaques visant les minorités, même s’il a réitéré la primauté de l’égalité citoyenne sur l’appartenance religieuse. Narendra Modi n’a pas non plus condamné les discours de haine proférés par certains de ses fidèles.

    L’exemple le plus récent remonte à la mi-décembre, à Haridwar, aux pieds de l’Himalaya, lorsque des religieux et militants hindous ont appelé à armer les leurs pour attaquer musulmans et chrétiens. « Rien n’est possible sans les armes. Si vous voulez éliminer leur population, alors tuez-les », a notamment proféré Sadhvi Annapurna, secrétaire général de l’organisation nationaliste hindoue Hindu Mahasabha« Tenez-vous prêts à tuer et à aller en prison. »

    Face à l’indignation suscitée, décuplée par l’inaction de la police, la Cour suprême vient d’intervenir en recevant une plainte. Ces discours de haine interviennent dans un contexte particulièrement agité, puisque plusieurs États électoralement cruciaux pour les nationalistes hindous s’apprêtent à passer aux urnes au mois de février.

    Ces dernières années, d’autres dignitaires et extrémistes hindous ont régulièrement proféré des appels à la haine. À commencer par les propos glorifiant Nathuram Godse, l’assassin du Mahatma Gandhi, haï par les hindous radicaux pour avoir défendu une Inde basée sur une identité laïque et multiconfessionnelle. De tels propos ne font plus exception et s’étendent parfois à des incitations à la violence.

    Les attaques contre les chrétiens se sont accélérées

    « Les extrémistes hindous ont organisé douze rassemblements en vingt-quatre mois, dans quatre États, appelant au génocide des musulmans, à des attaques contre les chrétiens et à l’insurrection contre le gouvernement », détaille un rapport du site Article14, qui accuse la police « d’ignorer une conspiration flagrante ». « Les minorités se sentiront en sécurité si le gouvernement agit contre la haine et les violences ciblées », a estimé un communiqué de la Catholic Union« L’impunité de l’État, la complicité de la police et les lois fanatisées militarisent les groupes extrémistes. »

    Après l’arrivée au pouvoir des nationalistes hindous en 2014, les musulmans ont été les premiers à être les victimes de ces attaques. Plusieurs dizaines d’entre eux ont été lynchés par des extrémistes hindous, qui les accusaient de porter offense aux vaches, considérées comme sacrées dans leur religion, en en faisant le commerce ou en consommant la viande. En 2019, la réélection des nationalistes hindous à la tête de l’Inde a marqué un tournant plus accentué vers la radicalisation.

    Une loi sur l’obtention de la citoyenneté indienne a été adoptée et est accusée par de nombreux défenseurs des droits de l’homme de défavoriser les musulmans. Le statut du Cachemire, seule région indienne à majorité musulmane, a été abruptement rétrogradé. La vie du pays a également vu une acceptation plus large, dans la sphère publique, des éléments extrémistes marginaux.

    Par ailleurs, au cœur même de New Delhi, des extrémistes hindous ont attisé des émeutes antimusulmanes en février 2020, les affrontements causant la mort de 53 personnes. Enfin, les attaques contre les chrétiens se sont accélérées, sans que la police ne procède à des arrestations. Selon John Dayal, « les principales organisations chrétiennes ne semblent pas encore avoir pris pleinement conscience de la menace ».

    (EDA / A. R.)

  • Entre Moscou et Constantinople, qui choisir ? Un dilemme pour le Vatican

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    Un article de Sandro Magister sur Settimo Cielo :

    Dans l'orthodoxie, il y a un schisme entre Moscou et Constantinople. Mais Rome ne sait pas avec qui se tenir.

    *

    Alors que les rumeurs vont bon train quant au lieu et à la date de la nouvelle rencontre tant vantée entre le pape François et le patriarche orthodoxe de Moscou Kirill - qui devrait avoir lieu dans l'abbaye hongroise de Pannonhalma, après le Kazakhstan - les relations entre le catholicisme et l'orthodoxie sont en fait au point mort.

    Ce qui cause de grandes difficultés à François est ce qui se passe au sein du monde orthodoxe. Où Kirill est en conflit ouvert, au bord du schisme, avec deux des patriarcats historiques d'Orient, ceux de Constantinople et d'Alexandrie, le premier étant particulièrement proche de Rome.

    Ce qui a rendu Kirill furieux au point de rompre la communion eucharistique avec le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée, c'est la décision de ce dernier, formalisée le 6 janvier 2019, de reconnaître l'autonomie vis-à-vis de Moscou de la nouvelle Église orthodoxe d'Ukraine, dirigée par le métropolite Épiphane.

    Le Patriarcat de Moscou a immédiatement condamné cette reconnaissance comme illégitime. Moscou a toujours considéré que l'Église ukrainienne faisait partie d'elle-même et, en fait, une grande partie de l'orthodoxie ukrainienne, avec le métropolite Onuphrius, continue d'être soumise au patriarcat de Moscou. Au contraire, Bartholomée, en tant que patriarche œcuménique et "primus inter partes" dans l'ensemble du monde orthodoxe, estime avoir l'autorité pour établir des Églises "autocéphales", qui se gouvernent elles-mêmes, et agit en conséquence.

    Si l'on ajoute à cela l'état de guerre entre la Russie et l'Ukraine et les liens très étroits entre Kirill et le président russe Vladimir Poutine, on comprend la radicalité de l'affrontement entre les deux patriarcats, qui consiste finalement en un refus du patriarche de Moscou de reconnaître l'autorité primatiale revendiquée par le patriarche œcuménique de Constantinople.

    Forte de son poids numérique et politique dans le domaine de l'orthodoxie, Moscou a immédiatement mis en garde toutes les autres Églises orthodoxes contre la reconnaissance de la nouvelle Église orthodoxe ukrainienne. Seules les Églises de Grèce et de Chypre, les plus étroitement liées à Constantinople, l'ont fait. Mais maintenant que le patriarche grec orthodoxe d'Alexandrie "et de toute l'Afrique" Théodore II a fait de même, Moscou a réagi d'une manière à laquelle personne ne s'attendait.

    *

    Le premier avertissement remonte à décembre 2019, lorsque le patriarcat de Moscou a retiré au patriarcat d'Alexandrie et lié à lui-même six paroisses africaines, confiées à des missionnaires russes.

    Dans l'orthodoxie, chaque patriarcat a autorité sur son propre territoire canonique, dans lequel aucun autre patriarcat ne peut interférer, et l'Afrique appartient par tradition ancienne au patriarcat d'Alexandrie.

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