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Religions - Page 32

  • Al-Andalus ou l'invention d'un mythe

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    De sur le site de la Revue Catholica :

    L’invention d’un mythe

    4 Avr 2022

    En fait un peu antérieur à l’étude de Rafael Sánchez Saus[1], portant également sur le  mythe de l’Andalousie musulmane comme modèle de cohabitation heureuse entre l’islam, le catholicisme et le judaïsme dans un territoire de souveraineté musulmane, l’ouvrage de Serafín Fanjul[2] le complète opportunément. Il s’agit de même d’un livre « politiquement incorrect », à contre-courant de la tendance de nos jours dominante consistant à célébrer ce qui n’est pourtant qu’un mythe démenti par le gros de la littérature historique sur le sujet. Membre de l’Académie royale d’histoire espagnole et professeur de littérature arabe à l’Université autonome de Madrid, Serafin Fanjul s’érige donc contre le travestissement de la longue période de domination musulmane de l’Espagne. Période qui s’étend de l’agression arabo-berbère fulgurante des années 711-754  à la disparition du Royaume de Grenade en 1492, en passant par le moment triomphal du califat de Cordoue (929-1031), présentée comme règne supposé d’une Arcadie illustrée par la cohabitation harmonieuse et pacifique des trois cultures arabo-musulmane, catholique et juive. Pour l’auteur en revanche, « Le bon sauvage n’a jamais existé, pas plus en al-Andalus qu’ailleurs. Ce que l’Islam a perdu n’est en rien un paradis originel » (p. 669).

    Substantiel, précédé d’une préface signée par Arnaud Imatz comme celle du livre de Sanchez Saus, l’étude très documentée de Serafin Fanjul comporte deux parties. Intitulée al-Andalus contre l’Espagne, la première s’emploie pour l’essentiel à ramener à sa juste mesure l’apport arabo-musulman à l’Espagne. Il y est question de tous les clichés qu’il importe de redresser : en particulier le caractère nullement pacifique du contact interculturel et la fusion en réalité introuvable des trois sociétés. Sont examinés ensuite la brutalité de l’intervention musulmane, arabe et aussi berbère, puis l’interprétation par les populations locales de cette catastrophe, perçue comme un châtiment de Dieu, ainsi que l’observation du peu d’importance démographique de l’immigration musulmane. Longtemps, le gros de la population d’al-Andalus fut constitué de mozarabes, chrétiens réfractaires à l’islam longtemps majoritaires, ou juifs, les uns et les autres soumis au statut subalterne de dhimmis, régime de prétendue protection assurée par le pouvoir islamique, mais en réalité contraints très souvent à une réelle servitude et à d’incessantes humiliations. Inversement, l’auteur souligne la faible influence puis l’expulsion en 1609 hors de l’Espagne chrétienne des morisques, musulmans convertis de force au catholicisme à l’issue de la Reconquête. Dans une perspective plus convenue, Fanjul observe toutefois également la fréquence de vocables arabes dans la toponymie et moindrement dans l’onomastique, qui n’entraîne cependant guère de conséquences à long terme. Parallèlement, il relève la multitude de fables concernant l’origine arabo-musulmane imaginaire de certaines danses ou éléments de culture populaire, dont en particulier le flamenco. De même encore qu’une prétendue découverte de l’Amérique par des navigateurs arabes ou la présence de pilotes noirs dans la flotte de Magellan (pp. 567 et 570).

    De son côté, la seconde partie de l’ouvrage est consacrée plus spécifiquement à l’invalidation du mythe d’al-Andalus dans une perspective thématique et quelque peu anthropologique, inspirée notamment par Julio Caro Baroja. Fanjul s’y révèle plutôt mesuré dans une perspective toujours critique. Il se situe dans une ligne proche de celle de José Antonio Maravall, pour lequel une culture andalouse à bien existé en dépit des frontières entre les trois populations. Mais il prend soin en même temps de rappeler par exemple que le grand politologue Giovanni Sartori ou l’essayiste italienne Oriana Fallaci ont compté parmi les plus pertinents censeurs du mythe des trois cultures. Fanjul revient en outre dans cette seconde partie sur le phénomène essentiel de la « dhimitude », ce statut de quasi servage appliqué aux chrétiens sous prétexte de les protéger (p. 603). Il réduit par ailleurs à néant la thèse selon laquelle les gitans, apparus pour la première fois en 1432 à Barcelone, auraient eu à voir avec le pseudo-miracle andalou-musulman. Il récuse également l’idée que des morisques (musulmans convertis de force plus tard au catholicisme) auraient contribué après la Reconquête au peuplement de l’Amérique espagnole. Dans l’ensemble, tout comme le grand hispaniste Ramón Menéndez Pidal, il confirme que la conversion de plus en plus étendue des chrétiens à l’Islam au fur et à mesure de la longue poursuite de sa domination a été due à l’usage de la force ou de la persécution plus ou moins violente. Tout au plus minimise-t-il quelque peu cette violence, ou du moins s’abstient-il de la répertorier aussi en détail que le fait l’ouvrage de Rafael Sánchez Saus, dont le plan non plus thématique mais minutieusement chronologique livre une véritable histoire de la réalité plus consternante qu’angélique d’al-Andalus.

    [1] Rafael Sánchez Saus, Les chrétiens dans al-Andalus. De la soumission à l’anéantissement, Le Rocher, 2020, 468 p., 9,90 €, recensé précédemment dans la revue (n. 143, puis pour une nouvelle édition, 146).

    [2] Serafín Fanjul, Al-Andalus, l’invention d’un mytheLa réalité historique de l’Espagne des trois cultures, L’Artilleur, 2017, 717 p., 28 €.

  • Russie-Ukraine : aux sources du conflit

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    Le 24 février dernier, la Russie a lancé une grande offensive sur l’Ukraine. Une surprise pour beaucoup d’observateurs. Alexandre Del Valle, géopolitologue, avait alerté sur ce risque dans son dernier livre, La Mondialisation dangereuse (L’Artilleur, 2021). Il répond ici, dans une synthèse claire et précise, aux questions d’Odon de Cacqueray  le 22 mars 2022 dans l’ International , sur le site web du périodique « L’Homme Nouveau »

    Les rapprochements de l’Ukraine avec l’Otan et l’Union européenne constituaient-ils réellement un danger pour la Russie ?

    Il n’est pas certain que ce rapprochement soit une menace existentielle pour la Russie. mais pour le « système Pou­tine » au pouvoir, certainement. Beaucoup disent que c’est un prétexte, car Poutine voit dans ­l’occidentalisation-otanisation de l’Ukraine une plate-forme de projection de puissance américaine et démocratique-libérale qui menace existentiellement son pouvoir, avec le « syndrome des révolutions de couleur », qu’il ne veut pas voir se reproduire en Russie et qui causerait sa perte. Cependant, comme le rappelle l’école française de géopolitique d’Yves Lacoste, ce qui compte ce n’est pas uniquement le réel : c’est la représentation. Or, pour le pouvoir russe, en dehors même de Poutine, bien avant son accession au pouvoir, il y a une ligne très claire selon laquelle ces rapprochements sont des casus belli. Une constante rappelée depuis les années 1997-2000. Hélas, cette vision, également chère aux généraux et stratèges russes, n’a jamais été assez prise au sérieux en Occident.

    Quelle différence entre le conflit actuel et la crise de Crimée ?

    Le problème du Donbass est beaucoup plus difficile à régler. Le territoire est très différent, ce n’est pas une presqu’île comme la Crimée. Il y a une concentration de bataillons d’extrême droite néo-nazis (le bataillon Azov par exemple) qui depuis des années tuent là-bas des russophones malgré le fait qu’ils n’ont pas voulu ou obtenu, comme en Crimée, un rattachement immédiat à la Russie. En Russie, le meurtre de ces habitants du Donbass par l’armée ukrainienne et le groupe Azov a été monté en épingle par le clan Poutine et les plus radicaux comme un casus belli, d’où la grossière désinformation de la « dénazification » promise par Poutine, qui repose sur le fait que les néo-nazis d’Azov sont issus de partis néo-nazis qui ont fait l’Euromaïdan en 2014. Ces soldats sont beaucoup plus durs sous le président Zelensky, qui a souhaité reprendre le Donbass par la force, que sous l’ancien président Porochenko. Élu, Zelensky a porté une volonté de rupture totale avec la Russie, en complexifiant les négociations et en laissant les milices les plus violentes harceler le Donbass afin de reprendre le territoire. Du point de vue du droit international, l’armée ukrainienne a le droit de chercher à reprendre une région sécessionniste. Malheureusement il n’y a pas que le droit, il y a aussi les rapports de forces. Les Russes avaient averti qu’en cas de non-respect des accords de Minsk, ils iraient au « secours de leurs frères ». Les Ukrainiens reprochent aux sécessionnistes d’avoir violé les accords et les Russes font les mêmes reproches aux Ukrainiens. En parallèle, Zelensky ne s’est pas caché de vouloir adhérer à l’Otan et a même parlé de devenir un jour une puissance nucléaire. Les Russes ont demandé aux Occidentaux une redéfinition des rapports sécuritaires en Europe avec notamment le retrait de missiles de plusieurs pays. Des demandes trop ambitieuses et inaccessibles pour les Occidentaux. Nous sommes donc arrivés à un point de non-retour et au déclenchement de cette guerre.

    Au regard des différends séparatistes, existe-t-il une identité ukrainienne distincte de l’identité russe ?

    Oui, il existe une identité ukrainienne, spécialement dans l’ouest du pays. La langue jouit d’une grande importance avec encore une majorité de russophones. Mais il est possible d’être russophone et plutôt pro-ukrainien. Poutine a sous-estimé le fait que même s’il y a une part importante d’Ukrainiens russifiés (russophones), la majorité des Ukrainiens n’est pas nécessairement prorusse. Il est resté dans un monde où, longtemps, l’Ukraine a fait partie de l’Empire russe, avant d’en être séparée en 1922 par Lénine. Poutine ne veut pas admettre qu’une identité puisse changer. Depuis 2004, les révolutions successives et les conflits ont renforcé l’identité ukrainienne contre l’identité russe. Para­doxalement, Poutine a accéléré la naissance d’une identité ukrainienne plus large, jadis cantonnée à l’est, et maintenant générale, à part le Donbass et la Crimée.

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  • Du nouveau sur Pie XII ?

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     Une émission de KTO dans la série « Au risque de l’histoire » animée par Christophe Dickès :

    Elu le 2 mars 1939 au cours du conclave le plus rapide des XXe et XXIe siècles, le cardinal Pacelli prend le nom de Pie XII. Le 2 mars 2020, alors que l’Europe entre à peine dans la crise pandémique que l’on connaît, il règne au Vatican une certaine effervescence. En effet, pour la première fois, une équipe de chercheurs peut accéder aux fameuses archives de Pie XII. Une décision que l’on doit au pape François ; un pape est le seul à pouvoir décider de la date d’ouverture des archives de ses prédécesseurs. L’émission Au risque de l’histoire se penche sur l’un des pontificats les plus controversés du XXe siècle. Que faut-il attendre de l’ouverture de ces archives ? Faut-il opposer Pie XI et Pie XII comme les études historiques ont parfois l’habitude de le faire ? Que savait le Saint-Siège de l’extermination des Juifs et quel fut son rôle au cours de cet événement inouï que fut la Deuxième Guerre mondiale?

  • KTO : comment évangéliser ? loin des slogans, les leçons de l’histoire missionnaire

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  • Une rencontre se préparerait entre le pape et le patriarche de Moscou

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    De sur zenit.org :

    Russie : une rencontre entre le pape et le patriarche envisagée «cette année», annonce Moscou

    Interview du métropolite Hilarion

    C’est ce que le métropolite Hilarion a dit dans une interview à l’émission « Église et monde » de la chaîne russe Russie 24 le 27 mars 2022. Le texte intégral de l’interview a été publié sur le site du patriarcat de Moscou le 29 mars.

    Le métropolite russe a souligné que l’entretien du 16 mars dernier, en vidéo-conférence entre le pape François et le patriarche Kirill a été « très important » : « Pour les relations entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique romaine, de telles négociations, de telles rencontres personnelles, bien que dans un format à distance, sont très importantes. Et le fait que le format à distance ait été choisi … est dû aux circonstances de l’époque actuelle et à l’urgence des négociations qui ont eu lieu. »

    « Comme les événements se déroulent très rapidement, a-t-il expliqué, il était nécessaire, sans attendre cette rencontre (la rencontre personnelle qui se prépare, ndlr), que les deux primats communiquent entre eux et discutent de ce qui se passe. »

    Le métropolite Hilarion a indiqué que c’est lui qui avait « en quelque sorte préparé ces négociations ». Elles étaient « consacrées au sujet de l’Ukraine, car le pape s’est prononcé à plusieurs reprises à ce sujet récemment, et le patriarche s’est prononcé à ce sujet, a noté le métropolite. Il était très important que les représentants des plus grandes Églises chrétiennes communiquent entre eux précisément à ce moment critique ».

    En ce qui concerne la consécration par le pape François de la Russie et de l’Ukraine au Cœur immaculé de Marie, vendredi dernier, 25 mars, le métropolite Hilarion a déclaré que « c’est un événement qui compte avant tout pour l’Église catholique, où il existe une tradition qui remonte à l’apparition de la Mère de Dieu à Fatima ». Il a rappelé que « de tels actes de consécration solennelle ont déjà été accomplis par d’anciens pontifes romains, notamment par le pape Jean-Paul II ». « Dans le contexte de la crise actuelle, du conflit en Ukraine, a-t-il poursuivi, de nombreuses conférences épiscopales de l’Église catholique ont lancé un appel au pape pour qu’il reprenne cet acte de consécration du monde entier, y compris la Russie et l’Ukraine, à la Vierge Marie. »

    Selon le métropolite, « quelque chose de similaire se produit dans l’Église orthodoxe, car il n’y a pas si longtemps, Sa Sainteté le patriarche Kirill s’est adressé à tout le troupeau de l’Église orthodoxe russe avec un appel à lire quotidiennement un canon de prière à la Très Sainte Mère de Dieu, en y ajoutant une prière pour le rétablissement de la paix en Ukraine, c’est-à-dire, selon le métropolite Hilarion, que les croyants catholiques à leur manière et les croyants orthodoxes à leur manière se tournent » vers Dieu.

    Lors de l’entretien du 16 mars, le communiqué du Vatican avait souligné à la fois les points de convergence et de divergence entre le patriarcat de Moscou et Rome sur la guerre en Ukraine. Le pape n’a pas hésité à condamner comme un « sacrilège » ce qu’il appelé « la monstruosité » de la guerre, sa « cruauté sauvage ». Jusqu’ici le patriarcat de Moscou a, pour sa part, trouvé des justifications à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

  • L'unité de l'Eglise catholique serait menacée

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    Du site d'Ouest France ( François VERCELLETTO) :

    28 mars 2022

    ENTRETIEN. Jean-Louis Schlegel : « L’unité de l’Église catholique est menacée »

    Le sociologue des religions, ancien directeur de la rédaction d’Esprit, Jean-Louis Schlegel analyse les raisons de la crise qui affecte une institution menacée, selon lui, « d’implosion », alors que le pape François fait l’objet de critiques virulentes de la part des courants traditionalistes. Entretien.

    Le catholicisme traverse une crise grave, quels en sont les symptômes ?

    En France et ailleurs en Europe, fût-ce à un degré moindre, on constate d’abord une baisse généralisée de la pratique religieuse. La pratique dominicale – en principe obligatoire ! – est aujourd’hui inférieure à 2 %. Tous les autres « signaux sacramentels » – baptêmes, confirmations, mariages –, mais aussi les inscriptions au catéchisme, les professions de foi, et même les enterrements religieux sont au rouge. Les vocations sacerdotales restent à l’étiage d’une centaine d’ordinations par an (pour 800 décédés ou partis), dont un quart issu de communautés « traditionnelles », comme la communauté Saint-Martin ou d’autres. Et il y a deux ans, une enquête de l’Ifop a montré que moins de 50 % des Français croyaient en Dieu.

    Mais ce tableau concerne les pays occidentaux. Il n’y a jamais eu autant de catholiques dans le monde…

    Oui, les statistiques publiées chaque année par le Vatican sont à la hausse, notamment pour le nombre de prêtres dans certaines régions du monde, comme l’Asie (l’Inde surtout) et l’Afrique. Mais dès que la modernité démocratique avec ses libertés et son individualisme consumériste s’impose, comme en Pologne ou en Croatie, les chiffres sont en baisse. Et si on y regarde de plus près, on voit de fortes disparités : les religieuses dites actives, par exemple, sont en net recul, en Afrique entre autres. Faut-il s’en étonner ?

    Cette tendance s’est-elle accélérée après les révélations sur les crimes sexuels ?

    Ce qui a fait vraiment vaciller l’Église, plus que tout le reste, c’est depuis trente ans la révélation des abus sexuels et spirituels « systémiques » de toutes sortes. Et nous ne sommes qu’au début des enquêtes sérieuses par pays. On n’a encore rien vu pour l’Italie ou pour l’Espagne, grands pays catholiques, peu pour la Pologne… Et qu’apprendront des enquêtes en Afrique, en Asie, en Amérique latine ? On peut s’attendre à des choses extrêmement attristantes.

    François, élu en mars 2013, avait soulevé beaucoup d’espoirs. Or, il est très violemment contesté…

    Oui, presque de suite, de la part de courants traditionalistes. Des attaques aussi contre sa personne, d’une ampleur et d’une violence inégalées. Peut-être plus que Jean-Paul II, Benoît XVI était le pape « selon leur cœur », et faire son deuil au profit d’un pape en rupture sur tout avec Benoît dépassait leurs capacités d’accueillir le nouveau. Il faut dire aussi que contrairement à Benoît, François a pris acte que les discussions pour les ramener dans le « giron » de l’Église du concile Vatican II ne servaient à rien. En revenant, l’été dernier, sur les facilitées accordées par son prédécesseur pour l’usage des rites anciens – la messe en latin pour simplifier –, François a mis fin à une fiction, et le feu aux poudres.

    Le différend dépasse la question du latin…

    Bien sûr. François est inquiet pour l’unité de l’Église. Il a constaté que la permission des rites anciens n’a pas servi à réconcilier, mais a au contraire renforcé la création d’une Église parallèle, traditionaliste, opposée au concile.

    Quels sont les principaux reproches des « tradis » vis-à-vis du pape ?

    Ils se présentent comme des fidèles exemplaires de la règle de foi et des exigences morales de « l’Église de toujours », contrairement aux conciliaires libéraux, qui, selon eux, « en prennent et en laissent ». Pour les « tradis », c’est la loi de Dieu et de l’Église qui « tient » les sociétés. Sinon, c’est l’anarchie. Ils se retrouvent donc sur la ligne de Jean Paul II, opposés à toutes les législations qui « permettent » (la pilule, l’IVG, le divorce, la PMA, la recherche sur les embryons…). Ne parlons pas du mariage gay !

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  • Écoutez cette soliste chanter un « Kyrie » ukrainien du XVe siècle

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    Publié sur le site web « aleteia » par J-P Mauro :

    Enregistré il y a quelques jours par deux jeunes chrétiens orthodoxes de Lettonie, ce “Kyrie” ukrainien date du XVe siècle. Écoutez cette prière qui élève les âmes, en ces temps de détresse et de guerre.

    Dans une vidéo postée sur Facebook, la soliste Aleksandra Špicberga interprète avec un ami une magnifique version ukrainienne d’un “Kyrie eleison” datant du XVe siècle. Une façon de rendre hommage à tout un peuple qui souffre et de prier pour lui.

  • Pourquoi des évêques anglicans deviennent-ils catholiques ?

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    De Peter Jesserer Smith sur le National Catholic Register :

    Pourquoi des évêques anglicans deviennent-ils catholiques ?

    En l'espace d'un an, quatre évêques de l'Église d'Angleterre sont devenus catholiques - une décision qui s'enracine à la fois dans la vie de disciple de Jésus-Christ et dans la prise de conscience que l'unité corporative entre le catholicisme et l'anglicanisme devenait impossible.

    17 mars 2022

    LONDRES - Il y a six mois, Jonathan Goodall a abandonné son ministère d'évêque anglican d'Ebbsfleet, en Angleterre, pour entrer dans l'Église catholique. 

    Samedi dernier, le désormais Père Goodall a été ordonné prêtre catholique dans la cathédrale de Westminster par le cardinal Vincent Nichols - l'aboutissement d'un voyage du protestantisme à l'Église catholique entrepris récemment par un certain nombre d'anciens évêques anglicans.

    "C'est un sacré voyage", a déclaré le cardinal Nichols dans son homélie sur le chemin du père Goodall vers la prêtrise. "Pourtant, je sais qu'il est animé par une seule quête, le désir de cette seule chose nécessaire : vivre en conformité avec la volonté de Dieu."

    La prochaine étape du parcours du père Goodall sera de devenir curé de la paroisse de St William of York à Londres, qui fait partie de l'archidiocèse de Westminster. Dans son homélie, le cardinal Nichols a clairement exprimé la position de l'Église, à savoir que le service du père Goodall en tant qu'évêque anglican a véritablement engendré la grâce de Dieu chez d'autres personnes et qu'il est "désormais intégré à la plénitude du sacerdoce tel qu'il est compris et vécu dans l'Église catholique".

    En un peu plus d'un an, quatre anciens évêques de l'Église d'Angleterre sont entrés en pleine communion avec l'Église catholique, soit par l'intermédiaire du diocèse catholique romain ordinaire, soit par l'intermédiaire de l'Ordinariat de Notre-Dame de Walsingham, un diocèse catholique de tradition anglicane pour le Royaume-Uni établi en vertu de la constitution apostolique Anglicanorum Coetibus de 2009 du pape Benoît XVI. 

    Outre Mgr Goodall, trois évêques retraités de l'Église d'Angleterre sont entrés en pleine communion avec l'Église catholique en 2021 : le père Michael Nazir-Ali, ancien évêque de Rochester, Peter Foster, ancien évêque de Chester, et John Goddard, ancien évêque de Burnley. Le père Nazir-Ali, qui a failli être choisi comme archevêque de Canterbury, a été ordonné prêtre catholique le 30 octobre par le cardinal Nichols à Londres pour l'ordinariat. Le père Goddard doit être ordonné prêtre catholique pour l'archidiocèse de Liverpool le 2 avril, tandis que le père Foster n'a pas indiqué s'il voulait rester laïc ou poursuivre la prêtrise. 

    Disciples fidèles

    Alors que les évêques anglicans auront des raisons variées de devenir catholiques, le père Nazir-Ali a expliqué que la question centrale derrière ces décisions est "comment rester un disciple fidèle". 

    "J'ai besoin - et je pense que la plupart des chrétiens auraient besoin - d'une certaine clarté sur la façon d'être un disciple dans le monde d'aujourd'hui qui change rapidement", a déclaré le père Nazir-Ali au Register à propos de sa décision de rejoindre l'Église catholique.

    Le père Nazir-Ali a déclaré qu'il faisait partie des dialogues ARCIC (Commission internationale anglicane-catholique romaine) entre la Communion anglicane et l'Église catholique. À l'origine, ces dialogues étaient censés répondre à un "mandat explicite" du pape Saint-Paul VI et de l'archevêque de Canterbury de l'époque, Michael Ramsey, visant à trouver une voie pour le rétablissement de la pleine communion sacramentelle entre les Églises - une perspective qui, selon le père Nazir-Ali, "semble maintenant, humainement parlant, impossible".

    "C'est, bien sûr, l'une des raisons pour lesquelles les gens abandonnent maintenant cette idée d'unité par étapes", a-t-il dit.

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  • France : un rapport parlementaire relève la « gravité croissante » des actes antireligieux

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    De Bérengère Dommaigné  sur aleteia.org :

    Un rapport parlementaire relève la « gravité croissante » des actes antireligieux en France

    17/03/22

    Deux députés ont remis jeudi 17 mars au Premier ministre un rapport sur les actes antireligieux en France. Ils y relèvent une "gravité croissante" des actes antireligieux et soulignent que les chiffres sont probablement sous-estimés. Ils formulent également onze propositions.

    La député des Hauts-de-Seine, Isabelle Florennes (MoDem) et le député de Moselle, Ludovic Mendes (LREM) ont été chargés début décembre par le Premier ministre de rédiger un rapport sur les violences religieuses en France. Pour cela, ils ont réalisé une trentaine d’auditions (représentants du culte, gendarmerie, police, justice, renseignements territoriaux, chercheurs…) et quatre déplacements auprès de communautés à Strasbourg, Sarcelles, Lyon et Nantes. Ils remettaient ce jeudi 17 mars leurs conclusions et leurs propositions, et elles ne sont pas très rassurantes. Ces dernières années en France, les faits de violences religieuses augmentent en gravité.

    1.659 actes antireligieux dont 857 antichrétiens 

    Selon les chiffres publiés en début d’année par le ministère de l’intérieur, en 2021, ce sont 1.659 actes antireligieux qui ont été recensés : 857 faits antichrétiens (52%) dont 92% concernent les atteintes aux biens, 589 faits antisémites (36%) dont 52% d’atteintes aux personnes et 213 faits antimusulmans (23% d’attaques aux personnes). Les deux députés déplorent des chiffres “très certainement” sous-estimés à cause du dispositif de collecte de l’information et conviennent d' »une montée de la violence dans la société », et « une gravité constante des faits ».

    Si les chiffres sous-estimés, c’est qu’ il est difficile de qualifier et de quantifier ces violences. D’une part, parce que la France ne dispose pas de statistiques ethniques ou religieuses, on ne peut donc mesurer l’impact ou l’ampleur des violences d’une religion à l’autre, par rapport à sa population concernée. D’autre part, parce qu’il est compliqué d’établir des distinctions statistiques entre par exemple un acte de vandalisme dans une église, ou une réelle profanation, ou encore entre une agression raciste et un acte antisémite ou antimusulman. 

    Quoi qu’il en soit, les faits oscillent entre 1.500 et 2.000 par an depuis 2015, et ils sont de plus en plus graves, en passant de l’atteinte aux biens à l’atteinte aux personnes, dans l’espace public puis dans l’espace privé. Les « actes anticatholiques semblent aujourd’hui suivre le même chemin, avec une augmentation des atteintes aux personnes dans la sphère publique », indique le rapport. Des chiffres en augmentation qui se retrouvent aussi dans les autres pays européens. Les auteurs voient dans ces données « une des déclinaisons d’un état général de crispation de la société ».

    Onze propositions

    Le rapport des deux parlementaires fait onze propositions. La première est de permettre un accès à des chiffres plus fiables, avec une « communication plus complète sur les chiffres et les dispositifs mis en œuvre (…), idéalement interministérielle ». Les rapporteurs préconisent par ailleurs de doubler en cinq ans le « programme K », ligne budgétaire du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), qui permet de financer à hauteur de 80% des mesures de sécurisation de lieux de culte ou autres sites à caractère confessionnel. En 2021, les cinq millions d’euros de ce programme ont été intégralement dépensés, en permettant de sécuriser 104 lieux juifs, 54 sites chrétiens et 35 sites musulmans.

    Autres préconisations, l’information des victimes tout au long de la procédure, une meilleure application des qualifications pénales, et la répression sur les réseaux sociaux. Enfin, sur le plan culturel, le rapport plaide pour le soutien au dialogue interreligieux et pour l’enseignement du fait religieux à l’école. Pour le député Ludovic Mendes, il y a « un vrai besoin d’éducation aux religions », et il ne faut pas « refuser le débat des religions sous couvert de laïcité au sein de l’école ».

  • RDC : Nsango nini na bango?

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    Nsango nini na bango (Quelle nouvelle de ceux-là) ? Lu sur le site de La Libre Afrique:

    Le président Félix Tshisekedi opéré du cœur à Bruxelles

    tshisekedi images (6).jpg« Le président congolais Félix Tshisekedi est invisible depuis son atterrissage lundi 7 mars à Bruxelles. Seule certitude, le voyage n’était pas programmé. A l’origine, le président devait être à Kinshasa pour accueillir la délégation royale belge qui aurait dû, sans un enième report de la visite dû cette fois à la situation en Ukraine, débarquer dans la capitale congolaise le dimanche 6 mars en soirée.

    Le voyage semblait précipité. L’aéroport avait été prévenu sur le coup de 16 heures pour un départ dans les deux heures.

    « La situation est gérée », nous dit un des proches de la présidence à Kinshasa qui confirme l’opération « à coeur ouvert qui s’est bien passée ».  Et qui nous confirme que le président de la République « a quitté le pays dans un état critique dimanche » .

    Les problèmes cardiaques de Félix Tshisekedi avaient été diagnostiqués bien avant la campagne électorale de 2018. Une intervention avait été conseillée mais les médecins ne pouvaient pas garantir sa réussite ce qui avait poussé celui qui était alors un opposant à repousser cette opération sans doute devenue inévitable cette fois.

    « Le silence ne pourra plus être maintenu très longtemps, mais ce sont des opérations délicates et même si tous les voyants sont au vert, il faut attendre le go des médecins pour communiquer, ajoute la source kinoise, qui poursuit : « le président devra rester quelques jours à l’hôpital et devrait mettre ensuite le cap sur Dubaï pour une semaine de repos complet. En tout cas, c’est le scénario qui prévaut actuellement. »

    RDC : Félix Tshisekedi opéré du coeur à Bruxelles

    **

    Olive Lembe, l’épouse de l’ancien chef de l’État Joseph Kabila, lorgne-t-elle la présidence  ?

    « Décidément, elle prend de plus en plus la lumière, s’amuse, volontiers persifleur, un ancien opposant au clan Kabila, devenu ministre dans l’actuel gouvernement congolais.

    Il faut être attentif aux gesticulations de la Kabilie, prévient un autre éternel opposant à l’ancien chef de l’État. Il faut s’attendre à ce que cette famille mette en avant une carte généralement acceptable dans la perspective de la prochaine présidentielle. Olive Lembe-Kabila coche pas mal de cases pour l’ancienne majorité. Premièrement, c’est la femme de l’autorité morale incontestée du PPRD et de sa plateforme politique le FCC. Ensuite, elle a une image assez positive dans la population. Elle est simple, va facilement vers les gens et n’a jamais été impliquée dans des affaires trop louches. Enfin, même dans les rangs des autres opposants, elle est plutôt acceptable, compatible, si je puis dire”, poursuit notre opposant qui siège à l’Assemblée nationale.

    Visite catholique

    L’ancienne Première dame a marqué les esprits en apparaissant le 7 février dernier au côté du cardinal Ambongo dans la ferme familiale de Kingakati, non loin de Kinshasa.

    Une visite largement mise en scène sur les réseaux sociaux congolais. On y entend le cardinal féliciter la dame et son mari pour le travail accompli. Une rencontre que certains jugeaient impensables en se remémorant les vives tensions qui étaient de mise entre l’institution catholique et le pouvoir d’un Joseph Kabila dont la fin prolongée du dernier mandat avait notamment débouché sur la répression mortelle de certaines manifestations de catholiques et même, sacrilège suprême et inconcevable, sur des scènes lors desquelles des militaires ont ouvert le feu sur des catholiques en plein cœur d’une église de Kinshasa le 31 décembre 2018.

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  • Un "reset" oecuménique s'impose

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    De George Weigel sur le Catholic World Report :

    Une réinitialisation œcuménique s'impose

    Depuis le début des années 1960, le Vatican s'est entiché de l'idée d'une entente bilatérale avec l'orthodoxie russe. Quelles que soient ses nobles intentions, cela a été une course de dupes.

    9 mars 2022 George Weigel The Dispatch 28Imprimer

    Au début des années 1990, j'ai rencontré Kirill, aujourd'hui patriarche de Moscou et de toute la Rus', alors que l'homme baptisé Vladimir Mikhailovich Gundyayev était le responsable œcuménique en chef de l'Église orthodoxe russe. L'occasion était un dîner organisé à la Bibliothèque du Congrès par le regretté James H. Billington, dont l'histoire de la culture russe, The Icon and the Axe, reste l'ouvrage classique sur le sujet.

    Le métropolite Kirill, comme on l'appelait à l'époque, m'a paru être un cosmopolite sophistiqué, qui n'était pas étranger aux choses les plus fines de la vie ; il n'avait rien de l'ascète ou du mystique dostoïevskien. Et s'il semblait moins être un homme d'église qu'un diplomate suave et mondain en costume ecclésiastique, on ne pouvait qu'être impressionné par le sang-froid avec lequel il jouait ce rôle. Une grande partie des discussions à table et des conversations qui ont suivi lors des repas postprandiaux ont porté sur la possibilité que la Russie devienne une démocratie fonctionnelle - une perspective pour laquelle, si ma mémoire est bonne, Kirill a fait preuve d'un scepticisme considérable, bien qu'urbain.

    Plus tard, en étudiant sa biographie, certains aspects de Kirill sont devenus plus évidents.

    En 1971, à l'âge de 25 ans, l'archimandrite Kirill a été envoyé par le patriarcat de Moscou en tant que représentant orthodoxe russe auprès du Conseil œcuménique des Églises à Genève. Dix ans plus tôt, le régime soviétique, qui menait alors une persécution draconienne ayant entraîné la fermeture de la moitié des églises orthodoxes du pays, avait "autorisé" l'Église orthodoxe russe à rejoindre le Conseil mondial. Les motivations du régime n'étaient toutefois guère œcuméniques. Les représentants orthodoxes russes au Conseil mondial étaient soigneusement sélectionnés par le KGB, les services secrets soviétiques ; leur tâche consistait à bloquer toute contestation des violations de la liberté religieuse par l'Union soviétique, tout en faisant du Conseil mondial un critique constant de l'Occident.

    Tout ceci est détaillé dans The Sword and the Shield : Les archives Mitrokhin et l'histoire secrète du KGB. Et à partir de cette ressource inestimable, il est impossible de ne pas conclure que Kirill était, à tout le moins, un atout du KGB ; il pourrait bien avoir été un agent du KGB comme un autre Vladimir, M. Poutine.

    La carrière ecclésiastique de Kirill a prospéré pendant les décennies Poutine et il serait devenu un homme riche - si ce n'est pas à l'échelle colossale de Poutine lui-même, au point qu'il a été photographié un jour, à son grand embarras, portant une montre Breguet de 30 000 dollars qu'il supposait cachée sous ses robes. (L'Église russe a lancé une fusillade de propagande suggérant que la photo avait été trafiquée, bien que ce qui semble avoir été une photo retouchée par la suite, déployée à la défense de Kirill, montrait maladroitement le reflet de la montre sur une table brillante).

    Quelle que soit sa situation financière, il est indiscutable que Kirill a été un fidèle serviteur de l'État russe depuis son élection comme patriarche en 2009. Et s'il a subi les foudres des cercles orthodoxes russes réactionnaires pour sa rencontre avec le pape François à La Havane en 2016, il devait savoir que, quelle que soit l'opposition interne à laquelle il était confronté de la part du clergé et des congrégations anti-roms, le Kremlin et son maître - sans le feu vert duquel la rencontre de La Havane n'aurait pas eu lieu - assuraient ses arrières.

    Il n'est donc pas surprenant que le patriarche Kirill ait tenté de couvrir l'agression brutale et non provoquée de Poutine contre l'Ukraine, qui, selon Kirill, fait depuis longtemps partie du Russkiy mir, le "monde russe". La guerre en Ukraine, a-t-il déclaré au quatrième jour de l'invasion russe de son voisin, a été causée par des "puissances extérieures obscures et hostiles", les "forces du mal" et "les attaques du malin".

    Le fait que Kirill agisse comme un instrument du pouvoir d'État russe n'a rien de nouveau. Il le fait depuis des décennies. Cependant, sa déclaration du 27 février a atteint un nouveau seuil, en invoquant délibérément l'imagerie chrétienne pour falsifier ce qui se passe en Ukraine. Le terme technique pour une telle utilisation délibérée et aberrante des choses de Dieu est le blasphème. L'agit-prop profane de Kirill a également porté atteinte à sa propre Église en Ukraine, dont le chef, le métropolite Onufry, a condamné l'invasion russe.

    Depuis le début des années 1960, le Vatican s'est entiché de l'idée d'une entente bilatérale avec l'orthodoxie russe. Quelles que soient ses nobles intentions, c'est une course de dupes et il est grand temps de procéder à une remise à zéro œcuménique. Si deux des organisations les plus vénales et les plus corrompues de la planète - le Comité international olympique et la FIFA, l'hégémonie du football mondial - peuvent rompre leurs relations avec la Russie en raison de son agression meurtrière, le Vatican peut certainement informer le patriarche Kirill que les contacts œcuméniques du Saint-Siège avec l'orthodoxie russe sont suspendus jusqu'à ce que Kirill condamne l'invasion de l'Ukraine, prouvant ainsi qu'il n'est pas une marionnette de Poutine.

  • Catholicisme et modernité : un essai optimiste discutable

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    Weigel 61EH2UvIw8L.jpgL’Américain George Weigel, auteur d’une biographie de référence de Jean-Paul II, vient de publier en français un essai important défendant une thèse quelque peu iconoclaste : catholicisme et modernité (*) ne s’opposeraient pas. Thèse certes discutable, mais qui mérite assurément d’être présentée ici, car elle ouvre la porte à un nécessaire débat de fond dans l’Église sur cette question essentielle. Le site web du mensuel la Nef qui publie cette analyse de Anne-Sophie Retailleau promet d’y revenir plus en détail dans un prochain numéro de la revue….

    « L’ironie du catholicisme moderne. Tel est le titre donné par le théologien américain George Weigel à son nouvel essai paru en 2019 aux États-Unis et traduit depuis lors en français. Le choix de ce titre, pour le moins original, prend le contrepied d’une historiographie fondée sur la thèse d’une opposition entre catholicisme et modernité, cette dernière étant perçue comme une menace pour l’existence même du catholicisme. De nombreux essais alarmistes ont entériné l’idée que la relation entre l’Église catholique et les penseurs de la modernité ne pouvait être envisagée que comme une « lutte à mort ». En résulterait le déclin inéluctable du catholicisme, condamné à la fatalité d’une inévitable victoire de la modernité.

    Weigel©DR.jpgRetraçant avec brio 250 ans de l’histoire de l’Église, confrontée à l’émergence de la pensée moderne, George Weigel entend réfuter cette historiographie traditionnelle qu’il estime erronée. Ainsi, entreprend-il une analyse originale des rapports entre catholicisme et modernité, et déroule le fil de l’histoire de l’Église dans son rapport avec ce nouveau défi des temps contemporains. Cette relation est d’abord marquée par un rejet originel des nouveaux principes de la modernité issus de la Révolution française. Progressivement, l’enchaînement aboutit à une lente maturation entraînant l’Église, sous l’impulsion de papes visionnaires, au dialogue avec le monde moderne. Cette longue histoire de maturation constitue pour l’auteur « le drame du catholicisme et de la modernité », compris comme le déroulement d’une action scénique divisée en cinq actes. Chacun de ces moments marque les étapes d’un apprivoisement de la modernité par l’Église. Non dans le but de s’y soumettre, mais au contraire de proposer une nouvelle voie de recherche de la vérité qui répondrait aux aspirations les plus nobles auxquelles le monde moderne aspire.

    De cette longue maturation, George Weigel propose une analyse à la fois thématique et chronologique, pour dérouler ce « drame du catholicisme et de la modernité », entendu comme une nouvelle scène du théâtre de la grande histoire des hommes. À rebours de l’histoire opposant systématiquement catholicisme et modernité, le théologien américain y voit une lente évolution, certes marquée par des moments de crise, mais qui a permis de redécouvrir les vérités profondes d’un catholicisme délié de toute compromission avec le pouvoir politique et essentiellement porté vers l’élan évangélisateur, recentré sur le Christ et les Écritures.

    Le tournant Léon XIII

    Pour George Weigel, donc, la vision d’une Église s’opposant farouchement à la modernité et ainsi marginalisée par ce courant dominant est fausse. Au contraire, le pontificat de Léon XIII marque un changement de cap en amorçant un dialogue avec la modernité. Pour cela, il s’appuie sur des bases solides et éprouvées, telles que saint Thomas d’Aquin, en mettant l’accent sur l’aspect sacramentel, christologique et contemplatif. Avec le développement de la doctrine sociale de l’Église, George Weigel perçoit également dans le pontificat de Léon XIII le point de départ des évolutions de l’Église vers un dialogue avec la modernité.

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