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Culture - Page 82

  • Le pape à un talk show télévisé

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    De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana (traduction de "Benoît et moi"):

    Le Pape chez Fabio Fazio, c’est sérieux

    L’apparition annoncée du pape François demain soir dans l’émission de la RAI « Che tempo che fa » dénote une déconsécration marquée de la papauté, une confusion totale entre le sacré et le profane, et une incapacité à comprendre le sens du sacré.

    La participation demain soir du Pape François au prochain numéro de l’émission de la RAI « Che tempo che fa » animée par Fabio Fazio est une affaire plus sérieuse qu’il n’y paraît et que les sarcasmes critiques les plus faciles ne l’ont considérée. En fait, elle dénote une sécularisation (ou déconsécration) accentuée de la papauté. Pendant la révolution communiste en Chine, Mao faisait défiler les mandarins nus pour montrer leur ridicule faiblesse, une fois débarrassés de leurs robes de cérémonie solennelles et descendus des sièges du pouvoir hiératique.

    Pourtant, c’est Karl Marx, dont Mao disait s’inspirer, qui critiquait la désacralisation imposée par le capitalisme dans le Manifeste communiste : « Tout ce qui a de la consistance s’évapore, tout ce qui est sacré est déconsacré, et les hommes sont finalement contraints de considérer leur position dans la vie et leurs relations mutuelles avec un regard désenchanté ». Mais le marxisme, et peut-être SURTOUT le marxisme, a aussi contribué à ce désenchantement, puisque pour lui tout ce qui n’est pas matériel est superstructure, c’est-à-dire enchantement, conte de fées pour enfants, jusqu’à ce qu’ils se réveillent de l’enchantement. Max Weber a décrit ce désenchantement du monde moderne et l’abandon du sacré, vu comme un conte de fées enchanté.

    Je me souviens qu’en 2003, le nom de Jean-Paul II a fait couler beaucoup d’encre à propos de la candidature au prix Nobel de la paix. À cette occasion, j’ai écrit un article dans lequel je disais que j’espérais que cela ne se produirait pas. Non pas parce que Jean-Paul II ne le méritait pas, mais parce que, de cette façon, il serait placé au même niveau que les autres prix Nobel de la paix, alors que le pape est quelque chose de différent, il a un lien avec le sacré que les autres n’ont pas. En 2003, il était encore possible de considérer l’attribution du prix Nobel de la paix à un pontife comme une désacralisation, mais il faut maintenant le faire pour « Che tempo che fa » : comme on peut le constater, le processus de sécularisation de la papauté se poursuit à un rythme soutenu.

    Et cela ne s’arrête pas :  » Nous sommes passés de la domination du sacré à l’invasion du profane dans la vie du sacré et à l’éviction du sacré lui-même  » écrivait le Père Cornelio Fabro en 1974, parlant de l’aventure de la théologie progressive. Pie XII se plaignait qu’à son époque les paroles du pape dans ses sermons ordinaires, n’appartenant donc ni au magistère solennel ni au magistère authentique, n’étaient pas prises avec une déférence religieuse, car il y voyait une attitude irrévérencieuse à l’égard de l’investiture sacrée de l’autorité papale.

    Pie XII nous reprocherait-il aujourd’hui de ne pas prendre avec déférence religieuse les paroles que François prononcera chez Fabio Fazio, où rien ne peut être pris avec déférence religieuse vu qu’il n’y a pas d’émission de télévision plus irréligieuse ? Mais si les paroles du pape ne peuvent être accueillies avec une révérence religieuse, à quoi bon ? Est-ce Bergoglio qui va chez Fazio, ou est-ce le pape? Dans cette question, il y a déjà une allusion à toute l’évolution de la sécularisation de la papauté.

    Identifier le « sacré » à l' »enchantement » et la sécularisation au « désenchantement » est typique des idéologies modernes des Lumières qui considèrent la religion comme un conte de fées pour enfants. Les origines de cette sécularisation moderne du sacré se trouvent dans le luthéranisme, qui sépare la raison et la foi et admet ainsi une foi déraisonnable, c’est-à-dire enchantée. Penser à séculariser la papauté en la débarrassant de sa supposée aura d’enchantement, c’est ne pas avoir compris le sacré. Le profane a besoin du sacré, qui est le lieu de refuge pour éviter la sacralisation du profane. Le sacré permet au profane d’être profane, le temple permet à ce qui est hors du temple d’être hors du temple sans se dissoudre et sans vouloir jouer au sacré.

    Le sacré, lui, a besoin d’être caché pour ne pas être profané. Il a besoin de son propre langage pour ne pas être vulgarisé. Il doit être protégé afin de ne pas être dégradé. Depuis Jean XXIII, lorsqu’une caméra vidéo est entrée dans l’appartement papal et que le cameraman a dit au pape de faire semblant de prier, tandis que quelqu’un d’autre remarquait que, malheureusement, le blanc de sa soutane gâchait l’image, un processus a commencé, non pas incontrôlable mais incontrôlé. Surtout lorsque la sécularisation de la papauté n’a plus été considérée comme un moyen pastoral de diffuser le message chrétien à un public plus large et d’atteindre même les personnes éloignées, mais est devenue constitutive du fait d’être pape.

    Après le tournant anthropologique, on ne doit plus dire Dieu mais homme, et être François passe par être Bergoglio. La sacralité passe par le profane. Entre histoire sacrée et histoire profane, disent les théologiens aventuristes, il n’y a plus de différence et, par conséquent, pas non plus entre le palais apostolique et un poste de télévision, le trajet de l’un à l’autre passant par Sainte Marthe. S’il n’y a plus de balustrade séparant l’Église du monde, entre le presbytère et le peuple, pourquoi ces séparations entre sacré et profane devraient-elles encore être appliquées ? Pourquoi un pape ne pourrait-il pas aller chez Fabio Fazio comme n’importe quel autre quidam?

  • Chine : un nouveau livre défend l’athéisme et cible les religions

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    La Chine fait la promotion d’un nouveau livre défendant l’athéisme et ciblant les religions

    05/02/2022

    Le gouvernement chinois a fait la promotion d’un nouveau livre sur l’athéisme auprès des écoles et des cadres du Parti communiste chinois (PCC). Le manuel, intitulé « Les principes de l’athéisme scientifique » et écrit par Li Shen, un universitaire chinois de 76 ans, soutient une théorie défendue par le président Xi Jinping, affirmant que la culture chinoise a toujours été non religieuse. Cette nouvelle publication s’inscrirait dans le cadre des décisions de la dernière Conférence nationale sur les Affaires religieuses, organisée début décembre.

    Le gouvernement chinois a défendu un nouveau livre sur l’athéisme auprès des établissements scolaires et des cadres du Parti communiste chinois (PCC), en ciblant les religions organisées et en appliquant strictement les politiques marxistes, dans un État officiellement athée. Le manuel, intitulé Les principes de l’athéisme scientifique, est rédigé en chinois et publié par Li Shen. Selon le site Bitter Winter, cette publication s’inscrit dans une campagne du PCC destinée à mettre en œuvre les décisions de la Conférence nationale sur les Affaires religieuses organisées de décembre dernier.

    Le manuel, dont l’écriture aurait pris environ six ans, soutient une théorie du président Xi Jinping, affirmant que la culture chinoise a toujours été non religieuse et appelant à étudier attentivement les positions de Karl Marx sur les religions au sein du PCC. Durant la conférence de décembre, le président chinois avait demandé aux cadres du parti d’accroître la surveillance en ligne sur les Affaires religieuses et de renforcer le contrôle sur les religions, afin d’assurer la sécurité nationale.

    Le livre de Li Shen comprend une annexe titrée « Savoir théologique général et Critique de la religion », ainsi que quatre chapitres intitulés « Qu’est-ce qu’est Dieu », « Preuve de la non-existence de Dieu », « Les dieux et leurs impacts » et « La théorie religieuse et la politique religieuse du Parti communiste ». Le manuel est préfacé par Zhu Xiaoming, ancien secrétaire de l’équipe dirigeante du PCC au sein du Centre de recherche tibétologique de Chine.

    Soutien de l’athéisme d’État en Chine

    Dans son livre, l’auteur présente des arguments en faveur d’explications « scientifiques » de la « non-existence de Dieu » et des « conséquences négatives des religions ». Il affirme également que Marx et le PCC en Chine ont définitivement démontré les principes de l’athéisme décrits par la philosophie occidentale et chinoise. L’auteur, Li Shen, âgé de 76 ans, a déjà publié des livres intitulés Histoire de la science chinoise et histoire de l’athéisme chinois. Il est connu comme intellectuel et défenseur de l’athéisme d’État en Chine. Il soutient la promotion par le PCC du « confucianisme comme une forme d’athéisme ».

    Li Shen a travaillé pour l’Académie sociale des sciences chinoises, au sein de l’Institut World Religions. Il a également été directeur du Bureau de recherche sur le confucianisme de l’académie, ainsi que professeur du département de philosophie de la Shanghai Normal University et vice-président de la Société chinoise de l’athéisme. Il est aussi membre du comité universitaire de la Fédération internationale confucéenne. Son nouveau livre a pour but de soutenir le PCC dans son objectif à long terme de pousser les universités chinoises d’une éducation et d’une recherche « neutres » à une propagande active de l’athéisme tel qu’il est défendu par Marx.

    Affaires religieuses et sinisation des religions

    Officiellement, la Chine communiste reconnaît cinq religions organisées (bouddhisme, taoïsme, catholicisme, protestantisme et islam). L’État exige que toutes les religions et activités religieuses soient strictement contrôlées par des institutions religieuses officielles et qu’elles appliquent les lois chinoises. Les répressions contre les religions et les groupes religieux en Chine ont augmenté depuis l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir en 2013. Sous sa présidence, le PCC a adopté des politiques draconiennes destinées à intensifier la répression sur les religions.

    Ainsi, en 2018, le PCC a adopté ses Nouvelles règles sur les Affaires religieuses, en renforçant la surveillance sur les organisations religieuses et en poursuivant les membres du clergé et les laïcs engagés dans des activités considérées comme illégales et non autorisées. L’État a également défendu l’application de sa politique sur la Sinisation des religions – une idéologie politique qui a pour but d’imposer des règles strictes aux sociétés et institutions religieuses chinoises selon des valeurs clés du PCC comme le socialisme, l’autonomie et la reconnaissance de l’autorité du PCC.

    (Avec Ucanews)

  • Des "hommes enceints" parmi les émoticônes d'Apple

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Emoji d’homme « enceint » : où est passé le combat contre les « fake news » ?

    3 Fév, 2022

    La société Apple a élargi ses propositions d’émoticônes, dévoilant des « hommes enceints ». « Le Parti finirait par annoncer que deux et deux font cinq et il faudrait le croire », était-il écrit dans 1984. Georges Orwell « ne savait pas que c’était le wokisme qui accomplirait ses prophéties », analyse Eugénie Bastié.

    Le fait est « révélateur » pour la journaliste qui souligne que « les émoticônes d’Iphone, présents dans toutes les poches sur tous les continents, sont les marqueurs d’une révolution insidieuse des mentalités, selon une mécanique d’ingénierie sociale visant à nous faire accepter une humanité nouvelle, déconstruite et multiculturelle ».

    L’oubli de la science ?

    « Il est étonnant que les Big tech, qui promeuvent bien souvent un combat pour la science et chassent sans merci de leurs réseaux sociaux quiconque diffuse des “fake news“, se fassent les relais de propositions aussi anti-scientifiques », pointe Eugénie Bastié. Car « la froide vérité biologique est que les changements de sexe sont impossibles. Chaque cellule de nos corps, à l’exception des cellules sanguines, contient pour la vie le code de notre genre de naissance », rappelait la féministe américaine Camille Paglia, citée par Claude Habib dans La question trans, Le débat parue aux éditions Gallimard.

    « Ce n’est peut-être pas scientifique, mais “ça n’enlève rien à personne” répondront les chantres du Progrès », anticipe la journaliste. Pourtant, « la promotion de la figure de l’homme enceint contribue à l’effacement du féminin, ce qui est plutôt cocasse à une époque qui prône la “visibilité” des femmes », relève-t-elle. Car « le féminisme entendait bousculer les représentations traditionnelles des rapports entre hommes et femmes, il n’a jamais prétendu abolir la biologie, sans laquelle d’ailleurs on n’explique pas grand-chose des inégalités qui subsistent entre les sexes », rappelle Eugénie Bastié.

    «L’alliance de l’inclusivité et du capitalisme, du woke et de la Silicon Valley »

    « Le Consortium Unicode, l’association qui décide quels seront les nouveaux émojis est composée de représentants de toutes les plus grandes entreprises technologiques : Facebook, Microsoft, Google, Netflix et Apple », précise la journaliste. Ainsi, « le plus frappant dans cette histoire est l’alliance de l’inclusivité et du capitalisme, du woke et de la Silicon Valley » juge-t-elle. Et « le wokisme permet ainsi d’éveiller les esprits sur de pseudo-inégalités horizontales pour mieux faire oublier (et racheter) les véritables et grandissantes inégalités sociales provoquées par la numérisation de l’économie », décrypte Eugénie Bastié.

    Source : Le Figaro, Eugénie Bastié (02/02/2022)

  • Redécouvrir la figure de l’archéologue Giovanni Battista de Rossi

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    De Vatican News :

    Le Pape invite à redécouvrir la figure de l’archéologue Giovanni Battista de Rossi

    Le scientifique italien, considéré comme le fondateur de l’archéologie chrétienne moderne, est évoqué dans une lettre du Souverain Pontife écrite à l’occasion de la remise du prix des Académies pontificales, qui a lieu ce 1er février à Rome.

    Les traces des premières communautés chrétiennes foisonnent à Rome, mais ce n’est qu’au 19e siècle que leur protection et leur analyse s’est formalisée, grâce à une coopération étroite entre le Saint-Siège et des érudits passionnés.

    Parmi eux, l’Italien Giovanni Battista de Rossi (1822-1894), dont on célèbre cette année le bicentenaire de la naissance. Comme le rappelle le Pape François dans une lettre adressée au cardinal Gianfranco Ravasi, président du conseil pontifical pour la Culture, on peut voir en de Rossi le fondateur de l’archéologie chrétienne moderne. Son contemporain Theodor Mommsen a déclaré qu'il avait «élevé cette discipline du rang de simple passe-temps érudit à celui de véritable science historique», ajoute le Saint-Père.

    Un modèle pour les universités chrétiennes

    François salue «l’extraordinaire engagement» de Giovanni Battista de Rossi, «savant infatigable qui a jeté les bases d'une discipline scientifique (…) encore présente aujourd'hui dans de nombreuses universités». L’archéologue italien a vécu «avec passion» «ce qui était pour lui une véritable vocation : découvrir et faire mieux connaître la vie des premières communautés chrétiennes de Rome, à travers toutes les sources possibles, à commencer par les sources archéologiques et épigraphiques», souligne le Successeur de Pierre.

    Son exemple «mérite d'être reproposé» là où sont enseignés aujourd’hui l’archéologie chrétienne, mais aussi la théologie et l’histoire du christianisme, estime le Pape.  

    Développement du culte des martyrs

    Dans sa missive, le Saint-Père évoque quelques traits marquants de la vie et de l’œuvre de Giovanni Battista de Rossi. Ses travaux «ont été fortement encouragés par le bienheureux Pie IX qui, le 6 janvier 1852, a créé la Commission d'archéologie sacrée». Celle-ci vise «la protection et la surveillance les plus efficaces des cimetières et des anciens bâtiments chrétiens de Rome et de la banlieue, pour les fouilles et les explorations scientifiques des cimetières eux-mêmes, et pour la conservation et la sauvegarde de tout ce qui a été trouvé ou mis en évidence au cours des fouilles».

    L'archéologue romain était également proche de Léon XIII, «qui l'a voulu comme hôte dans le palais apostolique de Castel Gandolfo pendant la dernière période de sa vie». Le soutien du Pape «s'est également traduit par l'achat par le Saint-Siège de terrains surplombant les catacombes les plus importantes», afin de préserver celles-ci. Ce fut notamment le cas de la catacombe de San Callisto, où fut découverte une crypte des Papes datant du IIIe siècle, ainsi que la tombe de sainte Cécile.

    Giovanni Battista de Rossi a aussi découvert de nombreuses tombes de martyrs romains «et, avec des collaborateurs et de jeunes chercheurs, a relancé le culte de ces martyrs». «Il a perçu et mis en évidence le sens profond de ces nécropoles souterraines, parsemées de milliers de niches funéraires identiques, comme pour exprimer plastiquement la fraternité et l'égalité de tous les membres de l'Église», fait remarquer François.

    Ces nombreux tunnels de catacombes découverts et étudiés par de Rossi sont encore parcourus de nos jours par de nombreux pèlerins, marchant sur les traces des premiers fidèles chrétiens.

    Les lauréats 2022

    Dans sa lettre, le Pape François désigne enfin les vainqueurs 2022 de la Médaille d’or du Pontificat, qui sera remise ce 1er février à Rome, en présence des cardinaux Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, et Gianfranco Ravasi. La médaille d’or revient au professeur Gyözö Vörös, membre de l'Académie hongroise des arts, pour ses recherches sur "Les fouilles archéologiques de Machaerus". La Médaille d'argent du Pontificat est quant à elle décernée ex-aequo au docteur Domenico Benoci, pour sa thèse sur "Les inscriptions chrétiennes de l’aire I de Saint Calixte", et au docteur Gabriele Castiglia, pour sa monographie "Topographie chrétienne de la Toscane centro-méridionale".

  • Redevenue mosquée, Sainte-Sophie suscite des inquiétudes

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    D'Anne Andlauer sur le site du Figaro via ce blog :

    Turquie: inquiétudes pour Sainte-Sophie, redevenue mosquée par la volonté d’Erdogan

    31 janvier 2022

    ENQUÊTE – L’Unesco attend ce mardi des Turcs un rapport sur l’état de conservation de Sainte-Sophie. Ce symbole d’Istanbul, tour à tour église byzantine, mosquée ottomane puis musée républicain, est redevenu mosquée en juillet 2020. Certaines préoccupations demeurent.

    La seule chose qu’on n’entend plus à l’intérieur de Sainte-Sophie, ce sont les bruits de pas. Les touristes, par centaines à certaines heures, se promènent en chaussettes sur le tapis couleur turquoise qui recouvre le marbre gris. Ils ont les yeux levés vers la grande coupole, les oreilles tournées vers le guide qui commente la visite. C’est un brouhaha multilingue.

    À LIRE AUSSI Sainte-Sophie, la reconquête turque d’un symbole chrétien

    Pendant que les touristes déambulent, s’assoient ou même s’allongent sur le tapis et font un selfie, des fidèles musulmans prient. Plus on avance vers les côtés et le bout de la nef – là où est situé le mihrab – plus on voit d’hommes, imperturbables, réciter le Coran ou se prosterner à toute heure. Des femmes aussi, mais à l’écart, dans une zone qui s’étire à gauche, derrière d’épaisses colonnes et un moucharabieh en bois. Et puis, cinq fois par jour, dans ce mélange de recueillement et d’agitation permanent, résonne l’appel à la prière.

    Un haut-parleur invite les visiteurs à reculer derrière des barrières. Lucia s’attarde quelques instants, puis récupère ses chaussures dans un casier du vestibule. «J’ai été très surprise, confie cette jeune Espagnole en laissant glisser le voile léger qui couvrait ses cheveux. Je ne m’attendais pas à ce que ça soit si grand. Je m’y suis vraiment sentie comme dans une mosquée, pas du tout comme dans un musée.»

    Un édifice redevenu mosquée

    Ainsi va Sainte-Sophie depuis le 24 juillet 2020. Depuis que l’édifice est redevenu mosquée au cours d’une grande prière à laquelle participait le chef de l’État, Recep Tayyip Erdogan. Deux semaines plus tôt, le Conseil d’État l’avait rendu, de droit, au culte musulman, jugeant qu’il n’aurait jamais dû lui être retiré, au motif que le bâtiment appartient à une fondation dont les statuts prévoient son usage comme mosquée. Sainte-Sophie d’Istanbul, née basilique byzantine en 537 sous l’empereur Justinien, convertie en mosquée quand les Turcs ottomans menés par Mehmet II conquièrent Constantinople en 1453, transformée en musée en 1934 par le président-fondateur de la République de Turquie, Mustafa Kemal Atatürk, s’appelle désormais, de nouveau, la grande mosquée Sainte-Sophie.

    «Quand la prière est terminée, des gens du monde entier, musulmans et non-musulmans, visitent Sainte-Sophie. La seule différence avec le musée, c’est qu’ils entrent gratuitement. C’est mieux, non?», s’amuse Ferruh Mustuer, 50 ans, l’un des deux imams affectés au service de la mosquée. «De jour comme de nuit, ceux qui entrent ici sont nos invités, et nous les accueillons de la meilleure des manières. Sainte-Sophie appartient à tous.»

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  • L'Abbé de Lagrasse : "Gardons-nous de la tentation puritaine"

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    Le séjour de plusieurs romanciers à l’abbaye de Lagrasse a suscité une polémique dans les milieux chrétiens et culturels, qui y ont vu une apologie d’un christianisme traditionaliste. Le père Emmanuel Marie, abbé des chanoines de Lagrasse, défend cette démarche qu’il estime conforme à ce qui est attendu des chrétiens par le pape François.

    31/01/2022 

    « L’Église doit être prête à soutenir ce dialogue avec tous les hommes de bonne volonté, qu’ils soient au-dedans ou au-dehors de son enceinte. » À l’abbaye de Lagrasse, nous avons voulu prendre au sérieux ces mots de saint Paul VI. Le dialogue n’est pas qu’une idée, mais un risque à prendre. Nous avons souhaité courir ce risque, inviter au cœur de notre monastère des écrivains qui voulaient tenter l’expérience. Chacun d’eux a ensuite écrit ce que ce séjour lui a inspiré en un chapitre de ce qui est devenu un livre : Trois jours et trois nuits. Ni sélection à l’entrée, ni censure à la sortie. La règle du dialogue est la liberté.

    → CRITIQUE. « Trois jours et trois nuits », des écrivains au monastère

    Il y avait là un enjeu théologique. Nous le savons : « À l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne : Jésus-Christ. (1) » Nous savons aussi que cette rencontre ébranle la culture, se diffracte en beauté et se dit en un discours. Le Verbe s’est fait chair. Dieu entre charnellement dans la culture de son temps qui devient ainsi le terrain de son dialogue avec l’humanité. Selon les mots du Cardinal Ravasi, « le Verbe s’est fait culture ».

    Dès lors, il n’y aura jamais de christianisme sans culture. Elle est l’onde de choc de la rencontre avec le Verbe incarné. Il est des hommes et des femmes qui découvrent la culture chrétienne avant de rencontrer le Christ. Faut-il s’en scandaliser ? Attention aux puritanismes qui excommunient trop vite ces « chrétiens du seuil », ceux qui ne voient que la cathédrale et pas encore la présence divine dont elle est l’écrin.

    Qui sommes-nous pour juger

    Qui sommes-nous pour juger un Simon Liberati, narrant dans ce livre son expérience de paix au cœur d’une église plongée dans la nuit, alors que lui-même s’est abîmé dans l’alcool ? Qui sommes-nous pour juger les larmes de Frédéric Beigbeder pendant la liturgie de la messe, lui qui raconte ses débauches nocturnes dans son dernier roman ? Émotion esthétique et superficielle ou début d’une secrète rencontre avec le Christ ? Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre.

    → TRIBUNE. Abbaye de Lagrasse : « Le récit d’une guerre de religion entre gauchistes et intégristes est mensonger »

    Devons-nous juger un Pascal Bruckner s’il pense pouvoir écrire : « L’abbaye s’inscrit dans une Église post-Vatican II, quand Rome, après un vaste réexamen de sa doctrine, accepte de revenir à une certaine tempérance dans la propagation de la foi. Cette inflexion est capitale : l’abandon de la conversion violente a constitué une formidable avancée et explique pourquoi le christianisme est devenu synonyme de douceur » ?

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  • L'existence de Dieu prouvée par la science ?

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    La science prouve-t-elle Dieu ? Entretien avec un docteur en Philosophie des sciences

    La science prouve-t-elle Dieu ? Entretien avec un docteur en Philosophie des sciences

    Publié à la fin de l'année 2021, "Dieu, la science, les preuves. L'aube d'une révolution" fut un livre très médiatisé qui connait un immense succès. Les auteurs, Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies, prétendent recenser les nouvelles preuves scientifiques de l'existence de Dieu. Une bonne intention, soutenue par une vision naïve de la vérité scientifique qui pêche par absence de philosophie. C'est en tout cas ce que soutient Florian Laguens, docteur en philosophie, et enseignant chercheur à l'IPC, que nous avons rencontré.

    Qu'est-ce qu'une preuve ? Quelles sont les limtes des sciences expérimentales ? Quelles sont les relations entre Dieu et la science, entre la Foi et la raison ? Découvrez l'entretien passionnant de 25mn sur YouTube, avec Florian Laguens qui nous a gentiment ouvert les portes de son bureau à l'IPC.

                           

  • Le cours de religion voué à disparaître ?

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    S'il est une question cruciale pour l'avenir du christianisme dans notre société, c'est bien celle de la transmission. Si les jeunes générations s'éloignent de la religion, c'est d'abord parce qu'elles ne la connaissent plus. Si nous sommes croyants, c'est grâce au relais familial et à la transmission dont nous avons bénéficié à l'école, au catéchisme et dans les mouvements de jeunesse. Que reste-t-il de tout cela aujourd'hui ? Les menaces qui pèsent à présent sur l'enseignement de la religion (mais qu'est-il devenu ?) confirment la tendance lourde à l'effacement du religieux dans notre société.

    Une chronique du chanoine Eric de Beukelaer sur le site de la Libre :

    La religion à l’école

    La question du cours de religion à l’école oppose deux conceptions de l’homme et de son éducation. Vu le rapport des forces politiques en présence, je crains pour sa survie.

    Depuis quelques années, le cours de religion est dans le viseur d’une certaine laïcité, soutenue par de puissants relais politiques. L’objectif à peine masqué, est de le supprimer du réseau officiel et ensuite, de l’évacuer du libre. Tant qu’à présent, notre Constitution freine cet élan en jouant son rôle de garde-fou, mais elle pourrait être modifiée. La conviction qui anime ce combat est que la religion est du domaine privé, alors que l’école appartient au domaine public. La religion n’aurait donc pas sa place à l’école, sauf à être étudiée de façon "neutre", comme tout phénomène humain. Pareille vision de l’homme est un héritage des Lumières. Ce qui rendrait libre, c’est la raison. D’où le credo : apprenez à un jeune à raisonner et vous en ferez un humain accompli. Cette façon de voir trouve un large écho dans une population où beaucoup se sont éloignés du catholicisme de leur enfance. Elle semble un moyen adéquat pour lutter contre la montée des fondamentalismes. Confiner la religion dans l’espace privé, voire la mettre en quarantaine, parait un enjeu de santé publique.

    Mon avis est que cette vision des choses est borgne, en ce qu’elle occulte une part de la réalité. Oui, l’éducation au raisonnement permet de combattre le fanatisme obscurantiste. Ainsi, l’analyse historico-critique des textes sacrés de chaque religion, donne de les interpréter, en distinguant le cœur du message de son contexte de rédaction. Cependant, pas plus que la culture, la démarche spirituelle n’est privée. Elle est personnelle, voire intime, mais fait partie intégrante de notre humanité. Nos sociétés sécularisées sont-elles plus humaines, avec l’effacement progressif de la religion ? Le taux de burnout, de violences sexuelles, de suicides et autres signes de mal-être, démontre qu’il n’en est rien. Le témoignage du moine bouddhiste Matthieu Ricard est à cet égard éclairant. Né dans une famille non religieuse, d’un célèbre journaliste et d’une artiste-peintre reconnue, il rencontra dans sa jeunesse, chez ses parents, nombre de célébrités. Elles brillaient d’intelligence et avaient du succès, mais aucune ne lui semblait pleinement unifiée. Ainsi débuta sa quête spirituelle. Bien que docteur en génétique, Ricard a découvert que la raison seule ne suffit pas. L’humain est doté de deux parties de cerveau, dont une est davantage émotionnelle. Il s’agit donc d’également humaniser nos passions et désirs. Vaste chantier auquel s’attaquent le sport, les jeux, les loisirs, la culture, mais aussi la spiritualité - qu’elle soit d’origine religieuse ou non. Il est donc sain qu’un projet pédagogique intègre ces dimensions dans son offre éducative.

    La question du cours de religion à l’école oppose deux conceptions de l’homme et de son éducation. Vu le rapport des forces politiques en présence, je crains pour sa survie à terme. Seul un sursaut démocratique massif, soulignant l’attachement à ce cours, pourrait encore empêcher cela. Est-ce envisageable ? Soyons francs : la tentation est forte chez nombre de parents, d’écoliers et même d’enseignants, de considérer le cours de religion comme accessoire, comparé aux mathématiques, sciences et langues. Il est vrai que la compétence religieuse n’est guère prisée sur le marché de l’emploi. De plus, enseigner cette matière est ardu et ingrat, car cela fait autant appel à l’intelligence qu’à l’écoute et à la bienveillance. Et pourtant, ce cours offre au jeune de se construire, à travers le prisme d’une grande tradition religieuse, interrogeant non seulement des enjeux philosophiques, mais aussi ses désirs et passions. D’aucuns moquaient injustement l’enseignement qui est censé le remplacer, en l’appelant "cours de rien". Personnellement, si je devais trouver un surnom pour parler du cours de religion, je l’étiquetterais "cours du tout" sur le chemin de la maturité adulte.

  • Don Bosco à l'honneur sur France Catholique

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    Au sommaire de France Catholique

    Aymeric Pourbaix présente le dernier numéro de France Catholique sur le thème : « Don Bosco : un maître éducateur. »

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    Église : retrouver l’éducation

    par Gérard Leclerc

    Selon l’expression de Jean XXIII, l’Église est à la fois « mater et magistra  ». Sa maternité spirituelle ne va pas sans mission éducatrice.
     
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    Don Bosco : un phare pour la jeunesse

    de notre envoyé spécial, Matteo Ghisalberti

    La tendresse et l’attention envers les jeunes ont été les clefs de voûte de l’œuvre de saint Jean Bosco. Les valeurs qui ont façonné la mission du grand éducateur demeurent vivantes, en particulier à Turin. Reportage.
     
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    « L’éducation : œuvre de Salut »

    propos recueillis par Constantin de Vergennes

    Enseigner, éduquer et guider les enfants vers le Ciel : Jean Bosco et Jean-Baptiste de La Salle, à eux seuls, tracent le portrait de l’éducateur chrétien.

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    Un triptyque essentiel et mystérieux

    par le P. Jean-François Thomas, s.j.

    Parmi les nombreuses grâces et dons particuliers dont bénéficia saint Jean Bosco se trouvent une multitude de  révélations. La plus célèbre d’entre elles donne à méditer sur l’essentiel de la foi : les Trois Blancheurs.
     
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    Une triomphale tournée en France

    par Anne Bernet

    Pour financer le projet colossal de la basilique du Sacré-Cœur de Rome, saint Jean Bosco n’a pas hésité à passer la frontière, en 1883, pour solliciter les dons des Français.

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    Don Bosco : l’ami des jeunes

    par Défendente Genolini

    Saint Jean Bosco, communément appelé Don Bosco, était «  l’ami légendaire des jeunes sans amis  ».
     
  • Le transhumanisme : une détestation de l’humain

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    François-Xavier Bellamy : « Le transhumanisme est d’abord une détestation de l’humain »

    « La volonté de tout transformer atteint aujourd’hui sa dernière frontière : l’homme lui-même. » C’est le constat de François-Xavier Bellamy, philosophe et député européen, dans un entretien à l’Osservatore Romano.

    « Si rien ne nous convient dans le réel, l’homme lui-même doit être transformé », décrypte-t-il. Car « le rêve du transhumanisme n’est rien d’autre que le projet de ce changement appliqué à l’auteur du changement lui-même : il s’agit de vaincre les frontières qui limitent son mouvement, d’éliminer les rigidités, les pesanteurs de la vie humaine. » (cf. Le sens des limites)

    Deux grandes limites : le sexe et la mort

    « Les deux grandes limites que nous tentons de dépasser sont celles que les humains ont expérimentées, et qui les ont éprouvés, depuis la nuit des temps : le sexe, et la mort », explique le philosophe. « La première frontière est le sexe, parce que l’altérité sexuelle fait que je ne peux pas être le “tout” de l’humanité, que je ne peux pas donner la vie seul. Et la seconde est la mort – il ne s’agit plus de la repousser par la médecine, mais d’abolir définitivement la mort organique, la mort du corps. »

    « Le transhumanisme est d’abord une détestation de l’humain », juge François-Xavier Bellamy. Car « vouloir tout changer, c’est haïr ce que nous sommes, ce que nous avons reçu ». « Cet espoir d’un progrès n’est en réalité que le symptôme du mépris que nous exprimons envers l’être humain, analyse-t-il, si un humain 2.0 est nécessaire, c’est parce que l’humain 1.0 n’est pas assez bon. »

    L’échec annoncé du transhumanisme

    « La guerre de l’homme contre l’humain qu’est le transhumanisme est vouée à l’échec, prévient le député, car elle ne s’arrêtera jamais. Si nous n’avons plus précisément un but à atteindre, nous ne pourrons qu’être structurellement insatisfaits du point où nous sommes arrivés – après l’humain 2.0, nous aurons l’humain 3.0, tout comme nous avons eu la première version de l’iPhone, avec lequel on était admiré de tous il y a quinze ans, et qui nous rendrait aujourd’hui ridicules ».

    « La technologie remplace constamment ses propres produits et crée ainsi une insatisfaction structurelle, rappelle-t-il, il en sera de même pour l’humain. Nous n’en aurons jamais assez, nous ne serons jamais comblés, et nous ne serons plus capables d’habiter l’expérience qui nous a été donnée ».

    Gérer l’inéluctable ou défendre une réforme parce qu’elle est juste ?

    « Ce qui me frappe au Parlement européen, explique François-Xavier Bellamy, c’est qu’il n’y a pas de débat sur les finalités. » Il n’y est question que de « gérer ce qui est toujours décrit comme “inéluctable“ ».

    Pourtant, « on ne devrait pas défendre une réforme parce qu’elle s’impose », rappelle le député, « mais on devrait défendre une réforme parce qu’elle est juste, parce qu’elle est bonne, parce qu’elle sert une idée de l’homme, de son bonheur, de son bien ». « La question que nous devrions nous poser n’est pas de savoir si nous devons avancer ou non, mais vers où aller, quel est notre but, interpelle-t-il. La politique commence là. » (cf. Présidentielles 2022 : premières prises de position en matière de bioéthique).

    Source : Osservatore romano, Alessandro Vergni (20/01/2022)

    Lire également : 

    Michel Onfray : « Seule une morale pourrait arrêter l’inhumanisme du posthumanisme »

  • "Le parfum s’est dissipé, et le vase rompu demeure..." Billet d'humeur

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    Un ami, lecteur fidèle de belgicatho, nous adresse ce :

    Billet d’humeur

    Nous le savons déjà, le grand mérite du présent pontificat sera d’avoir favorisé le débat. Les disputes aussi, à fleuret moucheté ou le sabre au bout du bras, la charité chrétienne n’apparaissant que par intermittence sur le champ de bataille, encore qu’il puisse s’agir le plus souvent de ses oripeaux.

    Mais comme depuis Bernanos « Tout est grâce », accueillons ces débats comme s’ils étaient initiés par Dieu lui-même en vue de clarifier l’horizon forcément restreint des uns et des autres. Parmi les innombrables sujets d’affrontement – il faut parfois appeler les choses par leur nom – citons au hasard le rôle éminent de la Pachamama dans l’évangélisation, la disparition voulue et donc organisée de l’ancien rite liturgique, la présence au Vatican d’hommes du monde et bien peu d’Eglise, les propos nébuleux et parfois contradictoires du successeur de Pierre quand il prend l’avion et bien d’autres choses que certains lecteurs pourront identifier à loisir.

    Tandis que nous ne manquons pas de nous anathématiser à coups d’extraits du dernier « motu proprio » en date, d’articles du code de droit canonique, de citations du Docteur Angélique et des actes de divers Conciles, l’institution ecclésiale poursuit en Europe, et aussi ailleurs, sa vertigineuse plongée dans les abysses de l’histoire, n’intéressant plus personne - dans le meilleur des cas – ou suscitant une dernière coulée de haine chez ceux qui veulent encore tirer sur l’ambulance, laquelle ne deviendra pas l’hôpital de campagne tant vanté.

    Le 28 août 1946 paraissait dans la presse un billet de François Mauriac qui contenait ce texte : « Ce parfum d’un vase brisé, dont Renan disait que nous vivons, ce parfum s’est dissipé, et le vase rompu demeure, - ce vase qui est l’Eglise et dont les débris sont les églises ». Le « Vase rompu demeure ». Prions et agissons pour qu’il en soit ainsi !

    P. L.

  • Motu proprio sur la liturgie : « Pourquoi chercher à éradiquer une mouvance qui est une source précieuse de conversions ? »

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    16-novembre-2013-messe-action-grace-latin-selon-missel-romain-1962les-25-Fraternite-Sacerdotale-Saint-Pierre-presidee-Abbe-Vincent-Ribeton-leglise-Saint-Sulpice-Paris_0.jpgA propos d’un motu proprio qui ne passe décidément pas la rampe :  tribune du journaliste et écrivain Laurent Dandrieu dans le journal « La Croix » du 25 janvier 2021 :

    « TRIBUNE. Le débat continue autour du motu proprio Traditionis Custodes du pape François dans les colonnes de La Croix. Pour le journaliste et écrivain Laurent Dandrieu, le rite ancien ne sent pas le renfermé mais est au contraire « éminemment missionnaire » et à la source de « nombre de vocations » dont l’Église a tant besoin.

    Dans une tribune publiée le 27 décembre dans La Croix, Mgr François Blondel s’en prend aux catholiques traditionalistes. Sa thèse est résumée dès le titre : la « violence réactionnaire » de leurs réactions au motu proprio Traditionis Custodes du pape François montre tout le bien-fondé de celui-ci. Notons que Mgr Blondel ne donne aucun exemple de cette « violence réactionnaire » : pour notre part, nous avons entendu des réactions blessées, un fort sentiment d’injustice, beaucoup d’incompréhension, de la colère même, mais rien qui puisse justifier cette expression.

    Une sorte de réserve d’Indiens ecclésiale

    Blessure, sentiment d’injustice, incompréhension, colère : ces réactions des traditionalistes devant le motu proprio Traditionis Custodes (partagées par beaucoup de fidèles qui ne fréquentent aucunement la liturgie traditionnelle) sont-elles illégitimes ? Mgr Blondel les accuse de ne pas supporter qu’on leur « fasse des remarques » : l’expression paraît faible pour qualifier les mesures extrêmement dures prises à leur encontre par le pape François.

    → ANALYSE. Dans les milieux traditionalistes, « l’incompréhension » domine après le motu proprio du pape François

    En demandant aux évêques de ne pas autoriser de nouvelles célébrations traditionnelles, en exigeant que celles existantes soient chassées des églises paroissiales, en soumettant leur autorisation à un contrôle de la « conformité ecclésiale » de ces communautés (ce qui introduit à leur égard un soupçon de non-communion), en soumettant les nouveaux prêtres désireux de célébrer selon ce rite à une autorisation préalable de Rome (curieuse conception de la synodalité…), le pape dresse un véritable cordon sanitaire autour des traditionalistes, relégués dans une sorte de réserve d’Indiens ecclésiale. Jusqu’à extinction, puisque le pape précise dans une lettre aux évêques que le rite ancien ne sera autorisé que le temps dont ces fidèles auront besoin « pour revenir au rite romain ».

    Une dureté sans trace de « sollicitude paternelle »

    La raison de cette dureté ? Le rite traditionnel, écrit le pape, aurait été instrumentalisé pour rejeter le concile Vatican II et entretenir le « rejet de l’Église et de ses institutions » par des fidèles et des prêtres qui se considéreraient comme « la vraie Église ». Le ton est sec, disciplinaire, sans aucune trace de cette « sollicitude paternelle » affirmée par le Saint-Père au début de son motu proprio. Il justifie le sentiment de blessure et la colère, naturelle quand cette sollicitude à laquelle on vous reconnaît le droit vous est pratiquement déniée.

    → TRIBUNE. Motu proprio : « La nostalgie pour le passé ne peut plus servir de modèle pastoral »

    Quant à l’injustice, elle naît de cette description biaisée dans laquelle les traditionalistes ne reconnaissent rien de ce qu’ils vivent au jour le jour. L’expérience montre au contraire que, grâce à la libéralité du motu proprio Summorum pontificum promulgué en 2007 par Benoît XVI (et abrogé par celui de François), les catholiques « des deux rites » avaient cessé de se regarder en chiens de faïence, pour voir leurs ressemblances plutôt que ce qui les séparait. Contrairement à ce qui est dit, l’immense majorité des traditionalistes ne rechigne aucunement à fréquenter également le rite selon le missel de Paul VI. Dans les paroisses où les deux rites sont célébrés, on a appris à se connaître et à travailler ensemble.

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