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Culture - Page 78

  • L'existence de Dieu prouvée par la science ?

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    La science prouve-t-elle Dieu ? Entretien avec un docteur en Philosophie des sciences

    La science prouve-t-elle Dieu ? Entretien avec un docteur en Philosophie des sciences

    Publié à la fin de l'année 2021, "Dieu, la science, les preuves. L'aube d'une révolution" fut un livre très médiatisé qui connait un immense succès. Les auteurs, Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies, prétendent recenser les nouvelles preuves scientifiques de l'existence de Dieu. Une bonne intention, soutenue par une vision naïve de la vérité scientifique qui pêche par absence de philosophie. C'est en tout cas ce que soutient Florian Laguens, docteur en philosophie, et enseignant chercheur à l'IPC, que nous avons rencontré.

    Qu'est-ce qu'une preuve ? Quelles sont les limtes des sciences expérimentales ? Quelles sont les relations entre Dieu et la science, entre la Foi et la raison ? Découvrez l'entretien passionnant de 25mn sur YouTube, avec Florian Laguens qui nous a gentiment ouvert les portes de son bureau à l'IPC.

                           

  • Le cours de religion voué à disparaître ?

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    S'il est une question cruciale pour l'avenir du christianisme dans notre société, c'est bien celle de la transmission. Si les jeunes générations s'éloignent de la religion, c'est d'abord parce qu'elles ne la connaissent plus. Si nous sommes croyants, c'est grâce au relais familial et à la transmission dont nous avons bénéficié à l'école, au catéchisme et dans les mouvements de jeunesse. Que reste-t-il de tout cela aujourd'hui ? Les menaces qui pèsent à présent sur l'enseignement de la religion (mais qu'est-il devenu ?) confirment la tendance lourde à l'effacement du religieux dans notre société.

    Une chronique du chanoine Eric de Beukelaer sur le site de la Libre :

    La religion à l’école

    La question du cours de religion à l’école oppose deux conceptions de l’homme et de son éducation. Vu le rapport des forces politiques en présence, je crains pour sa survie.

    Depuis quelques années, le cours de religion est dans le viseur d’une certaine laïcité, soutenue par de puissants relais politiques. L’objectif à peine masqué, est de le supprimer du réseau officiel et ensuite, de l’évacuer du libre. Tant qu’à présent, notre Constitution freine cet élan en jouant son rôle de garde-fou, mais elle pourrait être modifiée. La conviction qui anime ce combat est que la religion est du domaine privé, alors que l’école appartient au domaine public. La religion n’aurait donc pas sa place à l’école, sauf à être étudiée de façon "neutre", comme tout phénomène humain. Pareille vision de l’homme est un héritage des Lumières. Ce qui rendrait libre, c’est la raison. D’où le credo : apprenez à un jeune à raisonner et vous en ferez un humain accompli. Cette façon de voir trouve un large écho dans une population où beaucoup se sont éloignés du catholicisme de leur enfance. Elle semble un moyen adéquat pour lutter contre la montée des fondamentalismes. Confiner la religion dans l’espace privé, voire la mettre en quarantaine, parait un enjeu de santé publique.

    Mon avis est que cette vision des choses est borgne, en ce qu’elle occulte une part de la réalité. Oui, l’éducation au raisonnement permet de combattre le fanatisme obscurantiste. Ainsi, l’analyse historico-critique des textes sacrés de chaque religion, donne de les interpréter, en distinguant le cœur du message de son contexte de rédaction. Cependant, pas plus que la culture, la démarche spirituelle n’est privée. Elle est personnelle, voire intime, mais fait partie intégrante de notre humanité. Nos sociétés sécularisées sont-elles plus humaines, avec l’effacement progressif de la religion ? Le taux de burnout, de violences sexuelles, de suicides et autres signes de mal-être, démontre qu’il n’en est rien. Le témoignage du moine bouddhiste Matthieu Ricard est à cet égard éclairant. Né dans une famille non religieuse, d’un célèbre journaliste et d’une artiste-peintre reconnue, il rencontra dans sa jeunesse, chez ses parents, nombre de célébrités. Elles brillaient d’intelligence et avaient du succès, mais aucune ne lui semblait pleinement unifiée. Ainsi débuta sa quête spirituelle. Bien que docteur en génétique, Ricard a découvert que la raison seule ne suffit pas. L’humain est doté de deux parties de cerveau, dont une est davantage émotionnelle. Il s’agit donc d’également humaniser nos passions et désirs. Vaste chantier auquel s’attaquent le sport, les jeux, les loisirs, la culture, mais aussi la spiritualité - qu’elle soit d’origine religieuse ou non. Il est donc sain qu’un projet pédagogique intègre ces dimensions dans son offre éducative.

    La question du cours de religion à l’école oppose deux conceptions de l’homme et de son éducation. Vu le rapport des forces politiques en présence, je crains pour sa survie à terme. Seul un sursaut démocratique massif, soulignant l’attachement à ce cours, pourrait encore empêcher cela. Est-ce envisageable ? Soyons francs : la tentation est forte chez nombre de parents, d’écoliers et même d’enseignants, de considérer le cours de religion comme accessoire, comparé aux mathématiques, sciences et langues. Il est vrai que la compétence religieuse n’est guère prisée sur le marché de l’emploi. De plus, enseigner cette matière est ardu et ingrat, car cela fait autant appel à l’intelligence qu’à l’écoute et à la bienveillance. Et pourtant, ce cours offre au jeune de se construire, à travers le prisme d’une grande tradition religieuse, interrogeant non seulement des enjeux philosophiques, mais aussi ses désirs et passions. D’aucuns moquaient injustement l’enseignement qui est censé le remplacer, en l’appelant "cours de rien". Personnellement, si je devais trouver un surnom pour parler du cours de religion, je l’étiquetterais "cours du tout" sur le chemin de la maturité adulte.

  • Don Bosco à l'honneur sur France Catholique

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    Au sommaire de France Catholique

    Aymeric Pourbaix présente le dernier numéro de France Catholique sur le thème : « Don Bosco : un maître éducateur. »

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    Église : retrouver l’éducation

    par Gérard Leclerc

    Selon l’expression de Jean XXIII, l’Église est à la fois « mater et magistra  ». Sa maternité spirituelle ne va pas sans mission éducatrice.
     
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    Don Bosco : un phare pour la jeunesse

    de notre envoyé spécial, Matteo Ghisalberti

    La tendresse et l’attention envers les jeunes ont été les clefs de voûte de l’œuvre de saint Jean Bosco. Les valeurs qui ont façonné la mission du grand éducateur demeurent vivantes, en particulier à Turin. Reportage.
     
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    « L’éducation : œuvre de Salut »

    propos recueillis par Constantin de Vergennes

    Enseigner, éduquer et guider les enfants vers le Ciel : Jean Bosco et Jean-Baptiste de La Salle, à eux seuls, tracent le portrait de l’éducateur chrétien.

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    Un triptyque essentiel et mystérieux

    par le P. Jean-François Thomas, s.j.

    Parmi les nombreuses grâces et dons particuliers dont bénéficia saint Jean Bosco se trouvent une multitude de  révélations. La plus célèbre d’entre elles donne à méditer sur l’essentiel de la foi : les Trois Blancheurs.
     
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    Une triomphale tournée en France

    par Anne Bernet

    Pour financer le projet colossal de la basilique du Sacré-Cœur de Rome, saint Jean Bosco n’a pas hésité à passer la frontière, en 1883, pour solliciter les dons des Français.

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    Don Bosco : l’ami des jeunes

    par Défendente Genolini

    Saint Jean Bosco, communément appelé Don Bosco, était «  l’ami légendaire des jeunes sans amis  ».
     
  • Le transhumanisme : une détestation de l’humain

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    François-Xavier Bellamy : « Le transhumanisme est d’abord une détestation de l’humain »

    « La volonté de tout transformer atteint aujourd’hui sa dernière frontière : l’homme lui-même. » C’est le constat de François-Xavier Bellamy, philosophe et député européen, dans un entretien à l’Osservatore Romano.

    « Si rien ne nous convient dans le réel, l’homme lui-même doit être transformé », décrypte-t-il. Car « le rêve du transhumanisme n’est rien d’autre que le projet de ce changement appliqué à l’auteur du changement lui-même : il s’agit de vaincre les frontières qui limitent son mouvement, d’éliminer les rigidités, les pesanteurs de la vie humaine. » (cf. Le sens des limites)

    Deux grandes limites : le sexe et la mort

    « Les deux grandes limites que nous tentons de dépasser sont celles que les humains ont expérimentées, et qui les ont éprouvés, depuis la nuit des temps : le sexe, et la mort », explique le philosophe. « La première frontière est le sexe, parce que l’altérité sexuelle fait que je ne peux pas être le “tout” de l’humanité, que je ne peux pas donner la vie seul. Et la seconde est la mort – il ne s’agit plus de la repousser par la médecine, mais d’abolir définitivement la mort organique, la mort du corps. »

    « Le transhumanisme est d’abord une détestation de l’humain », juge François-Xavier Bellamy. Car « vouloir tout changer, c’est haïr ce que nous sommes, ce que nous avons reçu ». « Cet espoir d’un progrès n’est en réalité que le symptôme du mépris que nous exprimons envers l’être humain, analyse-t-il, si un humain 2.0 est nécessaire, c’est parce que l’humain 1.0 n’est pas assez bon. »

    L’échec annoncé du transhumanisme

    « La guerre de l’homme contre l’humain qu’est le transhumanisme est vouée à l’échec, prévient le député, car elle ne s’arrêtera jamais. Si nous n’avons plus précisément un but à atteindre, nous ne pourrons qu’être structurellement insatisfaits du point où nous sommes arrivés – après l’humain 2.0, nous aurons l’humain 3.0, tout comme nous avons eu la première version de l’iPhone, avec lequel on était admiré de tous il y a quinze ans, et qui nous rendrait aujourd’hui ridicules ».

    « La technologie remplace constamment ses propres produits et crée ainsi une insatisfaction structurelle, rappelle-t-il, il en sera de même pour l’humain. Nous n’en aurons jamais assez, nous ne serons jamais comblés, et nous ne serons plus capables d’habiter l’expérience qui nous a été donnée ».

    Gérer l’inéluctable ou défendre une réforme parce qu’elle est juste ?

    « Ce qui me frappe au Parlement européen, explique François-Xavier Bellamy, c’est qu’il n’y a pas de débat sur les finalités. » Il n’y est question que de « gérer ce qui est toujours décrit comme “inéluctable“ ».

    Pourtant, « on ne devrait pas défendre une réforme parce qu’elle s’impose », rappelle le député, « mais on devrait défendre une réforme parce qu’elle est juste, parce qu’elle est bonne, parce qu’elle sert une idée de l’homme, de son bonheur, de son bien ». « La question que nous devrions nous poser n’est pas de savoir si nous devons avancer ou non, mais vers où aller, quel est notre but, interpelle-t-il. La politique commence là. » (cf. Présidentielles 2022 : premières prises de position en matière de bioéthique).

    Source : Osservatore romano, Alessandro Vergni (20/01/2022)

    Lire également : 

    Michel Onfray : « Seule une morale pourrait arrêter l’inhumanisme du posthumanisme »

  • "Le parfum s’est dissipé, et le vase rompu demeure..." Billet d'humeur

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    Un ami, lecteur fidèle de belgicatho, nous adresse ce :

    Billet d’humeur

    Nous le savons déjà, le grand mérite du présent pontificat sera d’avoir favorisé le débat. Les disputes aussi, à fleuret moucheté ou le sabre au bout du bras, la charité chrétienne n’apparaissant que par intermittence sur le champ de bataille, encore qu’il puisse s’agir le plus souvent de ses oripeaux.

    Mais comme depuis Bernanos « Tout est grâce », accueillons ces débats comme s’ils étaient initiés par Dieu lui-même en vue de clarifier l’horizon forcément restreint des uns et des autres. Parmi les innombrables sujets d’affrontement – il faut parfois appeler les choses par leur nom – citons au hasard le rôle éminent de la Pachamama dans l’évangélisation, la disparition voulue et donc organisée de l’ancien rite liturgique, la présence au Vatican d’hommes du monde et bien peu d’Eglise, les propos nébuleux et parfois contradictoires du successeur de Pierre quand il prend l’avion et bien d’autres choses que certains lecteurs pourront identifier à loisir.

    Tandis que nous ne manquons pas de nous anathématiser à coups d’extraits du dernier « motu proprio » en date, d’articles du code de droit canonique, de citations du Docteur Angélique et des actes de divers Conciles, l’institution ecclésiale poursuit en Europe, et aussi ailleurs, sa vertigineuse plongée dans les abysses de l’histoire, n’intéressant plus personne - dans le meilleur des cas – ou suscitant une dernière coulée de haine chez ceux qui veulent encore tirer sur l’ambulance, laquelle ne deviendra pas l’hôpital de campagne tant vanté.

    Le 28 août 1946 paraissait dans la presse un billet de François Mauriac qui contenait ce texte : « Ce parfum d’un vase brisé, dont Renan disait que nous vivons, ce parfum s’est dissipé, et le vase rompu demeure, - ce vase qui est l’Eglise et dont les débris sont les églises ». Le « Vase rompu demeure ». Prions et agissons pour qu’il en soit ainsi !

    P. L.

  • Motu proprio sur la liturgie : « Pourquoi chercher à éradiquer une mouvance qui est une source précieuse de conversions ? »

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    16-novembre-2013-messe-action-grace-latin-selon-missel-romain-1962les-25-Fraternite-Sacerdotale-Saint-Pierre-presidee-Abbe-Vincent-Ribeton-leglise-Saint-Sulpice-Paris_0.jpgA propos d’un motu proprio qui ne passe décidément pas la rampe :  tribune du journaliste et écrivain Laurent Dandrieu dans le journal « La Croix » du 25 janvier 2021 :

    « TRIBUNE. Le débat continue autour du motu proprio Traditionis Custodes du pape François dans les colonnes de La Croix. Pour le journaliste et écrivain Laurent Dandrieu, le rite ancien ne sent pas le renfermé mais est au contraire « éminemment missionnaire » et à la source de « nombre de vocations » dont l’Église a tant besoin.

    Dans une tribune publiée le 27 décembre dans La Croix, Mgr François Blondel s’en prend aux catholiques traditionalistes. Sa thèse est résumée dès le titre : la « violence réactionnaire » de leurs réactions au motu proprio Traditionis Custodes du pape François montre tout le bien-fondé de celui-ci. Notons que Mgr Blondel ne donne aucun exemple de cette « violence réactionnaire » : pour notre part, nous avons entendu des réactions blessées, un fort sentiment d’injustice, beaucoup d’incompréhension, de la colère même, mais rien qui puisse justifier cette expression.

    Une sorte de réserve d’Indiens ecclésiale

    Blessure, sentiment d’injustice, incompréhension, colère : ces réactions des traditionalistes devant le motu proprio Traditionis Custodes (partagées par beaucoup de fidèles qui ne fréquentent aucunement la liturgie traditionnelle) sont-elles illégitimes ? Mgr Blondel les accuse de ne pas supporter qu’on leur « fasse des remarques » : l’expression paraît faible pour qualifier les mesures extrêmement dures prises à leur encontre par le pape François.

    → ANALYSE. Dans les milieux traditionalistes, « l’incompréhension » domine après le motu proprio du pape François

    En demandant aux évêques de ne pas autoriser de nouvelles célébrations traditionnelles, en exigeant que celles existantes soient chassées des églises paroissiales, en soumettant leur autorisation à un contrôle de la « conformité ecclésiale » de ces communautés (ce qui introduit à leur égard un soupçon de non-communion), en soumettant les nouveaux prêtres désireux de célébrer selon ce rite à une autorisation préalable de Rome (curieuse conception de la synodalité…), le pape dresse un véritable cordon sanitaire autour des traditionalistes, relégués dans une sorte de réserve d’Indiens ecclésiale. Jusqu’à extinction, puisque le pape précise dans une lettre aux évêques que le rite ancien ne sera autorisé que le temps dont ces fidèles auront besoin « pour revenir au rite romain ».

    Une dureté sans trace de « sollicitude paternelle »

    La raison de cette dureté ? Le rite traditionnel, écrit le pape, aurait été instrumentalisé pour rejeter le concile Vatican II et entretenir le « rejet de l’Église et de ses institutions » par des fidèles et des prêtres qui se considéreraient comme « la vraie Église ». Le ton est sec, disciplinaire, sans aucune trace de cette « sollicitude paternelle » affirmée par le Saint-Père au début de son motu proprio. Il justifie le sentiment de blessure et la colère, naturelle quand cette sollicitude à laquelle on vous reconnaît le droit vous est pratiquement déniée.

    → TRIBUNE. Motu proprio : « La nostalgie pour le passé ne peut plus servir de modèle pastoral »

    Quant à l’injustice, elle naît de cette description biaisée dans laquelle les traditionalistes ne reconnaissent rien de ce qu’ils vivent au jour le jour. L’expérience montre au contraire que, grâce à la libéralité du motu proprio Summorum pontificum promulgué en 2007 par Benoît XVI (et abrogé par celui de François), les catholiques « des deux rites » avaient cessé de se regarder en chiens de faïence, pour voir leurs ressemblances plutôt que ce qui les séparait. Contrairement à ce qui est dit, l’immense majorité des traditionalistes ne rechigne aucunement à fréquenter également le rite selon le missel de Paul VI. Dans les paroisses où les deux rites sont célébrés, on a appris à se connaître et à travailler ensemble.

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  • En route vers un "Etat profond planétaire" ?

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    Philippe Maxence s'entretient avec Bernard Dumont, Directeur de la revue 'Catholica', sur le site de l'Homme Nouveau :

    Allons-nous vers un État profond planétaire ?

    Directeur et fondateur de la revue Catholica, Bernard Dumont a consacré un numéro récent (n° 153) à la thématique de l'émergence éventuelle d'un « État profond » de niveau planétaire. Une question qui se pose au regard du traitement de la crise liée au Covid, des solutions étatiques apportées mais aussi des projets, plus ou moins dévoilés, comme celui de la grande réinitialisation. Nous remercions Bernard Dumont d'avoir pris le temps de répondre longuement à nos questions et signalons que le dernier numéro de Catholica vient de paraître et qu'il s'attache notamment à analyser la situation de pré-conclave dans laquelle l'Église est entrée.

    Le numéro d’automne 2021 de Catholica que vous dirigez posait la question en couverture : Vers un État profond planétaire ? Qu’est-ce qui vous a conduit à vous interroger à ce sujet 

    Bernard Dumont : Disons que c’est une préoccupation qui concerne beaucoup de monde en ce moment ! L’arrivée, fin 2019, du virus devenu aujourd’hui une source d’obsession pour l’humanité, et surtout la façon dont il a été combattu par la plupart des gouvernements, avec un autoritarisme de plus en plus durci, en Amérique du Nord, en Europe occidentale, en Asie... ont en effet mis en relief  un changement fondamental de régime, dépassant de beaucoup les réactions habituelles des instances spécialisées face à un danger collectif en matière de santé. On a assisté à une dramatisation délibérée de la situation, une étonnante création de panique collective, là où l’on aurait plutôt attendu des réactions maîtrisées et efficaces. Dans le même temps les grands groupes pharmaceutiques mondiaux ont été les grands bénéficiaires de cette ambiance d’intense agitation. Enfin quelques personnages parmi les plus influents ont accrédité l’idée d’une rupture fondamentale dans le cours des choses : c’est le thème explicite du Global Reset (la grande réinitialisation) lancé par le directeur du Forum économique mondial, Klaus Schwab.

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  • Eglise du Saint-Sacrement à Liège : messe de la fête de la Chandeleur chantée en grégorien le mercredi 2 février 2022 à 18h00

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    Eglise du Saint-Sacrement à Liège

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    Bd d’Avroy, 132 

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    Mercredi 2 février 2022 à 18h 

    Présentation de Jésus au Temple et Purification de Notre-Dame

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    Bénédiction et distribution des cierges

    Procession dans l’église à la lueur des cierges

    Messe grégorienne (Kyriale IX – Credo IV)

     

    → Les cierges sont allumés pour l’Evangile et du Sanctus au Pater

    Bénédiction de saint Blaise (pour protéger la gorge)

    → Avec cette fête, le cycle de Noël prend fin et la crèche est démontée

    Plus de renseignements sursumcorda@skynet.be ou 04 344 10 89

     

  • La RTBF au chevet des églises désacralisées

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    Du site de la RTBF (Kevin Dero) :

    Patrimoine : logements, musées, hôtels, murs d’escalade… que faire de nos églises désacralisées ?

    23 janvier 2022

    Une idée... cardinale pour la Cité Ardente. Cette semaine, un choix très attendu, a été arrêté: l’imposante "Basilique" (qui est en fait une église) implantée sur le mémorial interallié de Cointe et qui domine la ville de Liège, va être réhabilitée. Et c’est le projet baptisé "Basilique Expérience" qui a décroché la timbale. Un projet qui fait la part belle à… l’escalade. Le Groupe Gehlen a, en effet, voulu tirer parti de la hauteur sous plafond de 40 mètres de l’édifice. En association avec d’autres sociétés, il va y aménager ce qui deviendra la plus haute salle d’escalade d’Europe. Un parcours d’accrobranche sera aussi construit, de même qu’une extension proposant restaurant panoramique, cinéma de quartier et espace polyvalent.


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    A lire aussi : Liège : la Basilique de la Paix sera aussi la plus haute salle d’escalade d’Europe


    L’occasion pour nous de revenir sur cette question très actuelle : ils sont très nombreux dans nos contrées, ces bâtiments religieux. Ces églises, chapelles et couvents qui parsèment nos villes et nos campagnes. De moins en moins occupés, leur entretien coûte cher et ils sont de plus en plus à être désacralisés. Que faire de ce patrimoine parfois cher à nos villes et nos villages, une fois qu’il a "perdu sa foi"?

    Emotionnel

    Une église peut revêtir une charge émotionnelle forte dans une entité. Une communauté de personnes s’est souvent attachée au bâtiment pour diverses raisons. Un lieu de rassemblement pour divers grands moments de l’existence : baptême, mariages, mais aussi funérailles ou catéchisme… La silhouette rassurante d’un clocher dans le paysage, le son régulier du carillon, la richesse d’un patrimoine…

    Des lieux dont la destination première est de vivre, mais qui, en de nombreux endroits, se voient de plus en plus désertés. "Les églises sont des lieux d’accueil dont les portes sont ouvertes. On y entre et on en sort comme on veut. […] Ce sont des lieux ouverts pour tous, croyant ou non. Des lieux publics, uniques en leur genre " ont écrit les évêques de Belgique dans une lettre de 2019. Un bâtiment religieux a donc vocation à rester ouvert : "Les églises fermées toute la semaine ou seulement ouvertes pour les services liturgiques, n’émettent pas un bon signal" déclarent-ils. Les prélats ne nient pas que les temps ont changé, et la pratique religieuse aussi. Ainsi, ils écrivent également : " L’infrastructure héritée du passé ne correspond plus à la situation réelle de l’Eglise dans notre société".

    Les restaurations coûtent cher aux finances communales – rappelons que dans nos contrées, les édifices sont gérés par les "fabriques d’Eglise"- et pour ne pas voir tout ce patrimoine tomber en lambeaux, il faut donc procéder à des réaffectations. Selon les Evêques, certaines églises se voient donc attribuer une destination partagée (comme dans le cas de Cointe, où une partie ne sera pas désacralisée). D’autres monuments sont désaffectés et reconvertis. Un choix parfois cornélien et déchirant pour les communautés ecclésiastiques.

    Autel et platines

    Désacraliser et réhabiliter les monuments religieux… Très bien, mais pas de n’importe quelle manière. Les évêques plaident ainsi pour une politique globale, et pas seulement à l’échelle locale. Et si la décision est entérinée, pas question néanmoins de faire n’importe quoi avec le bâtiment maintenant "païen". "S’il n’y a plus suffisamment de personnes dans certains lieux, il vaut mieux trouver une bonne réaffectation à un lieu qui peut toujours parler aux personnes du quartier. Mais le respect de ce qu’a été ce bâtiment demande dans une certaine mesure à être maintenu" expliquait Tommy Scholtès, le porte-parole de la conférence épiscopale de Belgique, en 2016.

    Pourtant, des cas se distinguent… Ainsi, la célèbre discothèque bruxelloise "Spirito" a déjà fait les belles nuits de biens des noceurs. Ancienne église, c’est sous les spotlights qu’un autre type de fidèles a l’habitude (hors temps de pandémie, évidemment) de se trémousser. Mais ce n’était pas une église catholique. Elle était à l’origine ouverte au culte anglican. Pas certain que les autorités catholiques auraient voués l’endroit à des saints si bruyants…

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  • Benoît XV, un pape prophétique mais injustement négligé

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    Benoît XV, Pape de 1914 à 1922

    De Massimo Scapin sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Benoît XV, un pape prophétique (mais négligé)

    22-01-2022

    Il y a cent ans, le 22 janvier, mourait Benoît XV, né Giacomo della Chiesa. Très cher à Ratzinger, il reste dans les mémoires pour ses propos sur le "massacre inutile" de la Première Guerre mondiale et son engagement pour la paix. Mais il avait des mérites dans bien d'autres domaines, des relations avec les Orientaux à la résolution de la question moderniste. Et il a favorisé la musique sacrée, en promouvant la réforme de Saint Pie X.

    Il y a un siècle, le 22 janvier 1922, le pape de la paix mourait à l'âge de 67 ans : Benoît XV, né Giacomo della Chiesa. Né à Gênes dans une famille noble le 21 novembre 1854, il obtient sa licence en droit à 20 ans, devient prêtre à 24 ans, secrétaire du nonce apostolique à Madrid à 28 ans, minuteur à 32 ans et député à la Secrétairerie d'État à 46 ans, archevêque de Bologne pendant sept ans à 53 ans, créé cardinal à 59 ans et élu pape trois mois plus tard.

    Cette grande figure du XXe siècle est injustement négligée. Il y a eu un regain d'intérêt lorsque Benoît XVI, au début de son pontificat, a déclaré : "J'ai voulu m'appeler Benoît XVI pour me rattacher idéalement au vénéré pontife Benoît XV, qui a dirigé l'Église dans une période troublée à cause de la Première Guerre mondiale. Il a été un courageux et authentique prophète de la paix et il a œuvré avec un grand courage d'abord pour éviter la tragédie de la guerre et ensuite pour limiter ses conséquences néfastes" (Benoît XVI, Audience générale, 27 avril 2005).

    La plupart des gens ne se souviennent de Benoît XV que pour son opposition à la Première Guerre mondiale, à "la plus sombre tragédie de la haine et de la démence humaines" (Benoît XV, Homélie, 30 juillet 1916). Ils rappellent l'auteur de l'Exhortation apostolique 'Dès le début', envoyée le 1er août 1917 aux chefs des peuples belligérants, dans laquelle sont indiquées des solutions particulières, propres à mettre fin à "cette lutte formidable qui, chaque jour davantage, apparaît comme un inutile massacre".

    Pourtant, à y regarder de plus près, il y a beaucoup à dire sur son bref pontificat, qui a duré un peu plus de sept ans. En fait, comme l'écrivait le cardinal Giuseppe Siri (1906-1989), archevêque de Gênes, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Benoît XV : "Si quelqu'un se lève pour le scruter à fond, il rendra justice au grand pape et rendra l'histoire plus honnête" (J. F. Pollard, Il papa sconosciuto. Benedetto XV, 1914-1922, e la ricerca della pace, San Paolo, Milan 2001, p. 5). En examinant les nombreux domaines dans lesquels le pape génois était impliqué, nous trouvons : le rapport avec le monde oriental, en constituant une Sacrée Congrégation spéciale pour l'Église orientale et en fondant à Rome un institut pour les études de l'Orient chrétien ; le problème des missions, en promouvant l'organisation autonome des Églises locales dans les territoires de mission et la libération du conditionnement politique et économique par les nations européennes ; la question moderniste, en la résolvant avec prudence ; la discipline ecclésiastique, en promulguant le Code de droit canonique, voulu par saint Pie X ; la musique sacrée.

    Si saint Pie X peut être appelé le grand pape de la musique sacrée, Benoît XV a également un mérite considérable pour la réforme décrétée par le pape Sarto. Il en a encouragé la mise en œuvre à plusieurs reprises par sa parole et sa main généreuse : au début de son pontificat, le 23 septembre 1914, lorsqu'il a reçu à Rome les représentants de l'Association italienne de Santa Cecilia et de l'École pontificale de musique sacrée ; lors d'audiences aux évêques et aux mélomanes ; lorsqu'il a béni les nouvelles institutions de musique sacrée aux États-Unis et en Espagne ; et lorsqu'il a envoyé des messages aux participants des congrès de musique liturgique ou sacrée.

    L'école, fondée par saint Pie X en 1910 et inaugurée le 3 janvier 1911, a en réalité été fondée par Benoît XV qui, le 10 juillet 1914, par un rescrit de la Secrétairerie d'État, l'a déclarée "pontificale" et lui a accordé la faculté de conférer des grades académiques. Après un incendie qui s'est déclaré dans la soirée du 22 novembre 1914 dans ses premiers locaux très modestes de Via del Mascherone, 55, près de la Piazza Farnese, l'école, grâce à Benoît XV, a déménagé, peut-être le 15 mars 1915, au Palazzo dell'Apollinare, alors siège du Vicariat de Rome.

    Le 7 mai 1915, Benoît XV accorde à l'École pontificale sa première audience. Après l'avoir encouragée à poursuivre "avec constance dans la voie qu'elle avait commencée", à se développer, à se perfectionner et à se maintenir "digne des plus nobles traditions des Instituts pontificaux romains", il ajoutait : "Notre encouragement s'est limité jusqu'à présent à donner à l'Ecole des locaux plus vastes et un siège plus digne ; mais nous espérons, dans des circonstances meilleures, pouvoir contribuer à lui donner une plus grande impulsion et un développement plus vigoureux" (Il primo decennio della Pontificia Scuola Superiore di musica sacra in Roma, in La Civiltà cattolica, quad. 1674, Rome 1920, p. 528).

    Le Comité auxiliaire de l'Institut pontifical de musique sacrée, fondé au début de 1915 à New York par l'écrivain et musicienne Justine Ward (1879-1975), a pris une part active à ce développement, avec le double objectif de restaurer la musique sacrée aux États-Unis et de soutenir l'École pontificale de Rome. Avec un autre bienfaiteur américain, Herbert D. Robbins, Ward fit don du grand orgue Tamburini opus 74 à trois claviers et trente registres, situé dans l'historique Sala Gregorio XIII, la salle académique ou Aula Magna de l'Institut, inaugurée le 6 novembre 1921 par le célèbre organiste et compositeur Marco Enrico Bossi (1861-1925), qui interpréta pour la première fois ses Tre momenti francescani, op. 140 (voir E. Cominetti). 140 (cf. E. Cominetti, Marco Enrico Bossi, Gioiosa Editrice, Sannicandro Garganico 1999, pp. 49, 110).

    Enfin, concernant l'intérêt du pontife génois pour la musique sacrée, il ne faut pas oublier la lettre 'Non senza vivo' du 19 septembre 1921, envoyée au cardinal Vincenzo Vannutelli (1836-1930), évêque d'Ostie et de Palestrina et doyen du Sacré Collège des cardinaux, à l'occasion de l'inauguration de la statue de Giovanni Pierluigi à Palestrina. Benoît XV voulait y "promouvoir de plus en plus cette ferveur de restauration musicale qui, heureusement commencée par Notre prédécesseur de vénérable mémoire, dans la première année de son pontificat, s'est répandue et intensifiée dans toutes les régions du catholicisme". Il ne voulait pas que la ferveur allumée par les "sages normes" de son prédécesseur se refroidisse, "surtout en ce qui concerne la polyphonie classique qui, comme on l'a si bien dit, a atteint le sommet de sa perfection dans l'école romaine par l'œuvre de Giovanni Pierluigi da Palestrina".

  • "Le patriarcat n'a jamais existé" (Emmanuel Todd)

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    De la revue de presse de l'Homme Nouveau ("Au quotidien" n°324) :

    Le patriarcat n’a jamais existé selon le démographe Emmanuel Todd

    Dans votre livre, vous vous attaquez sévèrement au « féminisme de troisième vague » et à la théorie du genre, que vous accusez de vouloir créer une guerre des sexes et d’être une idéologie coupée du réel. Vous n’allez pas vous faire des amis à gauche… Qu’est-ce qui vous a poussé à l’écrire ?Le démographe Emmanuel Todd vient de publier un nouvel ouvrage consacré au féminisme : « Où en sont-elles ? » (Seuil). Dans Le Figaro (20 janvier 2022), il a répondu aux questions d’Eugénie Bastié.

    Emmanuel TODD. - C’est vrai, je confesse une forme d’agacement face au développement de ce que j’appelle le féminisme de troisième vague, antagoniste, de ressentiment. Comme un homme de ma génération sans doute. Dans ma génération et mon milieu, un féminisme absolu régnait. Ce qui me frappe, c’est l’irruption en France d’un féminisme antagoniste qui ressemble à celui du monde anglo-américain, un féminisme de conflit (américain) ou de séparation (anglais). Notre pays se distinguait et faisait l’admiration du monde par son modèle de camaraderie entre les sexes. Mais fondamentalement, je n’attaque pas, je cherche à comprendre ce qui se passe, en chercheur, en anthropologue, en historien.

    Quelles sont les racines du féminisme antagoniste anglo-américain ?

    J’associe ce féminisme anglo-américain à l’héritage du protestantisme, en réalité bien plus « patriarcal » que le catholicisme, plus ambivalent. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le monde anglo-américain n’est pas à l’origine plus favorable aux femmes que la France. Le protestantisme, sur les rapports hommes-femmes, est régressif par rapport au christianisme originel. Le catholicisme avait une dimension matricentrée avec le culte de la Vierge Marie. Le message de Luther est très patriarcal. On passe de ­Marie à Eve, la femme pécheresse. La virulence du féminisme dans le monde anglo-américain résulte largement d’une réaction contre cet héritage.

    (…)

    Est-ce à dire que, selon vous, le patriarcat a disparu en Occident ?

    Ce n’est pas qu’il a disparu, c’est qu’il n’a jamais existé. Qu’est-ce que ça veut dire patriarcat ? Je préfère parler de système de patridominance universel, c’est-à-dire une position légèrement supérieure de l’homme en particulier dans les activités de gestion collective. Mais l’intensité de cette domination masculine est tellement variable selon la géographie et l’histoire qu’on ne peut pas appliquer un terme unique à des systèmes très différents. Je propose, avec l’aide d’un expert, une utilisation nouvelle de l’Atlas ethnographique de Murdock pour montrer cette diversité au lecteur, par des cartes originales. Sur un sujet qui est souvent abordé de manière ultra-idéologique, nous pensons que l’accès aux données est fondamental. Nous avons mis en ligne l’outil de visualisation que nous nous sommes construit, et nous donnons le lien dans le livre. Parler de patriarcat de façon indifférencié pour évoquer la situation des femmes à Kaboul et dans la région parisienne n’a aucun sens du point de vue du chercheur en anthropo­logie. Frédéric Le Play emploie le mot « patriarcales » pour désigner les grandes familles indi­vises de type russe et arabe. Pour ce qui est de l’Occident étroit, la France, le monde anglo-américain et la Scandinavie, la mutation patrilinéaire, partie du centre de l’Eurasie, qui a abaissé le statut de la femme au cours de l’histoire, n’a pas eu lieu ou est restée embryonnaire. On croit souvent que plus on remonte le temps, plus les femmes étaient opprimées. Il n’en est rien. Les Occidentaux avant même la révolution des soixante-dix dernières années, étaient très proches dans leurs mœurs des chasseurs-cueilleurs chez qui le statut de la femme est élevé.

    L'intégralité de l'article est reproduite ICI

  • "Il est plus facile de s'attaquer au christianisme qu'à d'autres religions ; là, au moins, on ne risque pas de se faire égorger"

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    Un entretien avec Rémi Brague sur le site du Figaro Vox :

    Rémi Brague: «Il est plus facile de s'attaquer au christianisme qu'à d'autres religions»

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - Après une série d'actes de vandalisme d'églises en France, Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur) a annoncé une enveloppe de quatre millions d'euros pour sécuriser les lieux de culte. Attaquer l'Église catholique, c'est aussi une façon d'affaiblir le pays tout entier, estime le philosophe Rémi Brague pour qui la solution à apporter n'est pas uniquement financière.

    Membre de l'Institut de France, normalien, agrégé de philosophie et professeur émérite de philosophie à l'université Panthéon-Sorbonne, Rémi Brague est notamment l'auteur d'Europe, la voie romaine (Folio essais, 1999) et du Règne de l'homme. Genèse et échec du projet moderne (Gallimard, 2015).

    FIGAROVOX.- Depuis le 1er janvier, huit églises ont fait l'objet d'actes de vandalisme ou de vols. Comment les catholiques perçoivent-ils ces actes malveillants ?

    Rémi BRAGUE.- Il y a pas mal de temps que des gestes de ce genre ont lieu. Il y a des vols dans les églises, et pas seulement des pillages de tronc, mais des vols d'œuvres d'art, tableaux et statues, depuis longtemps, et encore plus depuis que beaucoup d'églises ne sont fréquentées que de loin en loin. Les vases sacrés, calices, ciboires, etc., que les imbéciles croient être en métal précieux, et qui sont plus faciles à écouler, sont évidemment plus visés. Briser des statues de saints est une tradition française depuis la Réformation protestante, puis depuis la Révolution. Les vols d'hosties consacrées sont d'un autre ordre et sont probablement explicables par une montée en puissance des cultes satanistes que l'on signale un peu partout.

    Je ne sais pas si le début de cette année marque une recrudescence nette, mesurable, de ce genre d'incidents. Il semble que oui. Ou en tout cas, il est sûr qu'on en parle plus qu'à l'accoutumée. Il est intéressant que ce soit seulement maintenant qu'on leur donne une couverture médiatique à peu près à la hauteur. Encore cela dépend-il des médias. Pour certains, c'est un non-événement. Au lieu de dire que seuls les médias de «droite» en parlent, et le leur reprocher, ceux de «gauche» devraient faire leur examen de conscience, ou expliquer clairement pourquoi ils choisissent de taire ce genre d'événements.

    Ces actes révèlent une incompréhension totale, voire une ignorance subie ou voulue du message chrétien, de la personne du Christ, de ce qu'ont réalisé les saints représentés par les statues qu'on décapite.

    Rémi Brague

    Les catholiques sont évidemment peinés. Ce n'est pas tellement par les humiliations ou les menaces dont leurs personnes sont l'objet, comme lors de cette procession que des musulmans ont attaquée. C'est surtout par les destructions matérielles. Non pas, bien évidemment, parce que le plâtre ou la pierre seraient plus précieux que la chair humaine ; c'est le contraire. Mais c'est à cause de ce que ces actes révèlent une incompréhension totale, voire une ignorance subie ou voulue du message chrétien, de la personne du Christ, de ce qu'ont réalisé les saints représentés par les statues qu'on décapite. Qu'on déboulonne une statue de Cecil Rhodes passe encore, mais de Saint-Antoine de Padoue ou de Saint-Vincent de Paul ?

    Pour l'heure, l'Église semble avoir peu réagi. Faut-il y voir une forme de timidité?

    Par «l'Église», vous entendez, me semble-t-il, la hiérarchie, donc l'épiscopat. Il est vrai que ses réactions restent discrètes. À quoi attribuer ce peu de bruit ? Prudence dans l'attente de ce que les faits soient mieux établis, les coupables identifiés, leurs motivations mises en lumière ? Lâcheté pure et simple, souci de ne pas «faire de vagues», comme dans l'Éducation nationale ? Désir de ne pas jeter de l'huile sur le feu dans une situation déjà tendue ? De ne pas «faire le jeu» de X ou Y (en l'occurrence, plutôt de Z, d'ailleurs…) ? Je l'ignore.

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