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Société - Page 180

  • Un "tournant stratégique" du Vatican sur le suicide assisté ?

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    De Loup Besmond de Senneville sur le site du journal La Croix :

    Suicide assisté, le tournant stratégique du Vatican sur la bioéthique

    L’Académie pontificale pour la vie s’est montrée récemment favorable à ce que l’Église italienne ne s’oppose plus à la législation sur le suicide assisté. Un tournant dans la stratégie adoptée par Rome sur les questions de bioéthique : l’Église espère ainsi continuer à pouvoir faire entendre sa voix, quitte à participer à des « lois imparfaites ».

    7/02/2022

    Tout a commencé par un article publié, le 15 janvier, dans La Civiltà Cattolica. La revue jésuite dirigée par Antonio Spadaro, un proche du pape, publie ce jour-là un article intitulé « La discussion parlementaire sur le suicide assisté ». Le propos, signé par le père Carlo Casalone, est simple mais pour le moins surprenant : alors que l’Italie s’apprête à légiférer sur la fin de vie, l’Église catholique aurait intérêt à y soutenir le suicide assisté plutôt que l’euthanasie. En contradiction avec la doctrine de l’Église.

    → CONTEXTE. Suicide assisté : l’Italie relance le débat

    Il faut dire que l’Italie fait face à un cas bien particulier : depuis une décision de la Cour constitutionnelle en 2019 dépénalisant l’aide au suicide sous certaines conditions, les parlementaires italiens sont contraints de légiférer sur la question. Deux voies s’ouvrent à eux. Première option, autoriser, sous conditions, une personne à aider un proche en fin de vie à mettre fin à ses jours. Seconde possibilité : supprimer, par référendum, dans le droit pénal italien, l’interdiction du « meurtre de la personne consentante », et ouvrir ainsi très largement la voie à l’euthanasie. Deux choix que l’Église catholique a toujours réprouvés.

    Le Vatican est-il donc en train de changer de stratégie ?

    À toute première vue, tout laissait donc à penser que ce texte du père Casalone s’inscrivait avant tout dans un contexte italien. Jusqu’à ce que soit publiée dans Le Monde, le 31 janvier, une tribune de la moraliste française Marie-Jo Thiel, soulignant qu’il fallait y voir le signe d’un changement plus large de positionnement de l’Église.

    → À LIRE. En Italie, le Vatican s’alarme du retour du débat autour de l’euthanasie

    Et en effet, tout indique aujourd’hui qu’il ne concerne pas que l’Italie. D’abord, tous les textes de La Civiltà Cattolica sont, comme le rappelle régulièrement son directeur, approuvés au Vatican par la Secrétairerie d’État. Ensuite, parce que son auteur, le jésuite Carlo Casalone, est l’un des collaborateurs de l’Académie pontificale pour la vie, instance en charge, auprès du pape, de la réflexion sur les délicats sujets de la bioéthique. Et que le texte de Marie-Jo Thiel a été publié dans Le Monde avec son approbation.

    Le Vatican est-il donc en train de changer de stratégie ? « Nous sommes dans un contexte précis, avec un choix à opérer entre deux options, dont aucune – suicide assisté ou euthanasie – ne représente la position catholique », répond Mgr Renzo Pegoraro, médecin et chancelier (« numéro deux ») de l’Académie pontificale pour la vie.

    « Quoi qu’il en soit, il y aura une loi, poursuit-il. Et parmi ces deux possibilités, c’est le suicide assisté qui restreint le plus les dérives car il serait accompagné de quatre conditions strictes : la personne demandant de l’aide doit être consciente et pouvoir l’exprimer librement, être atteinte d’une maladie irréversible, ressentir des souffrances insupportables et dépendre d’un traitement de maintien en vie comme un respirateur. » En somme, l’Église fait le choix du moindre mal ? « Plutôt du bien le meilleur. Il s’agit de voir quelle loi peut limiter le mal », corrige Mgr Pegoraro. Qui admet : « C’est un terrain difficile, délicat. »

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  • Les actions d’influences politiques et juridiques pro-avortement en Europe et en particulier en Pologne

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    De Louis-Marie Bonneau en Tribune sur le site de Valeurs Actuelles :

    L’influence des lobbies de l’avortement en Europe  

    Louis-Marie Bonneau, chercheur associé au European Centre for Law and Justice (ECLJ), expose les actions d’influences politiques et juridiques pro-avortement en Europe et en particulier en Pologne.

    Lors de la dernière session plénière du Parlement européen en janvier, le président Macron a appelé à inscrire le droit à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Cette déclaration tente de parachever le travail d’influences des lobbyistes pro-avortement en Europe. Ces derniers, très actifs au Parlement européen et devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) sont bien souvent financés par des fondations extra-européennes. Contrairement à ce qu’affirme une partie de la presse, les ingérences idéologiques étrangères sur cette question sont majoritairement de gauche.

    Le 25 mars 2021, les Commissions FEMM (droits de la femme) et INGE (ingérence étrangère), organisaient une audition publique conjointe sur le Financement des organisations anti-choix. Il s’agissait de cibler les organisations de défense de la vie en Europe, expliquant qu’elles s’ingéraient de façon illégitime dans les affaires européennes par des opérations de désinformation. Paradoxalement, ce sont précisément des organisations pro-avortement, financées par des grandes fondations étrangères qui étaient invitées à cette audition. Par exemple, l’European Parliamentary Forum for Sexual & Reproductive Rights (EPF) de Neil Datta est un des principaux lobbies pro-avortement au Parlement européen. En 2018, EPF déclarait disposer d’un budget de 3 589 422 euros dont 2 357 251 euros en provenance de la Fondation Gates. L’EPF est aussi financé par plusieurs autres organisations, au premier rang desquelles l’Open Society Fondations. Également financé par de nombreuses fondations extra-européennes, OpenDemocracy était aussi représenté à cette audition. OpenDemocracy est une organisation qui produit des enquêtes et du contenu médiatique contre ceux qui « s’attaqueraient » aux droits des femmes.

    Neil Datta et OpenDemocracy mènent une action de lobbying importante, essayant de faire croire à l’existence d’un réseau secret, puissant et mondial d’opposants à l’avortement. Les méthodes employées sont à la limite de la légalité et indignes, en ce qu’elles s’attaquent aux personnes plutôt qu’à leurs arguments. En 2012, l’EPF publiait une black-list de personnalités pro-vie, comme Jean-Marie Le Méné ou Grégor Puppinck, indiquant des détails de leur vie privée, notamment religieux et relatifs à leurs enfants. Depuis, EPF publie régulièrement des rapports attaquant ses opposants. De la même façon, en octobre 2020, Claire Provost (OpenDemocracy) publiait un article contre les groupes chrétiens conservateurs, lui aussi aux relents conspirationnistes. Il s’appuyait sur les textes de Neil Datta et prétendait exposer l’influence de la droite chrétienne américaine dans le monde, grâce à d’énormes sommes d’« argent sale ».

    La Pologne comme révélateur de l’influence étrangère sur l’avortement en Europe

    Au Parlement européen comme au Conseil de l’Europe, le cas polonais est emblématique de cette lutte d’influence que l’avortement suscite. Cette lutte est particulièrement visible depuis la décision du Tribunal constitutionnel polonais du 22 octobre 2020, interdisant l’avortement en raison du handicap du bébé. Dans ce combat, l’éclair rouge de la Strajk Kobiet (Grève des femmes) est devenu le symbole porté par les militants qui s’opposent à cette interdiction. Il est aujourd’hui utilisé comme une arme de guérilla symbolique et est brandi publiquement, aussi bien par des députés militants pour la cause, lors de débats publics au Parlement européen, que par des membres de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

    À la différence des députés européens ayant un engagement politique, le fait que des membres du greffe de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) s’affichent avec ce symbole est choquant. Du fait même de leur fonction au sein de cette juridiction, ils devraient être particulièrement neutres, conformément au statut du personnel du Conseil de l’Europe (art. 25-27). Cette obligation de neutralité est d’autant plus importante que des affaires doivent être jugées par la Cour européenne sur cette question précise. En effet, aujourd’hui en Pologne, un réseau de militantisme juridique met en œuvre des litiges stratégiques pour contrer le droit polonais relatif à l’avortement devant la CEDH. Au sein de ce réseau, la Fondation Helsinki et la Federation for Women and Family Planning (Federa) sont très actives. Federa est financée entre autres par l’Open Society Foundations, avec près de 500 000 euros entre 2017 et 2020.

    Depuis des années, Federa mène une stratégie juridique consistant à déposer des requêtes à la CEDH, pour tenter de faire évoluer le droit polonais. En avril 2021, elle a lancé une action visant à soumettre une plainte collective à la CEDH (Women’s Collective Complaint) contre la décision du Tribunal constitutionnel sur l’avortement eugénique. Le 1er juillet 2021, la CEDH, de façon exceptionnellement rapide, a informé le gouvernement polonais de sa décision de juger une série de 12 affaires. Cette annonce de la Cour est étonnante puisqu’aucune des requérantes n’est “victime” d’une impossibilité d’avorter. En effet, celles qui sont enceintes attendent un enfant en bonne santé et ne veulent pas avorter. Certaines autres ne peuvent ou ne veulent pas tomber enceintes. Elles invoquent simplement devant la CEDH, leur crainte de ne pas pouvoir avorter si, dans l’hypothèse d’une grossesse future, un handicap était décelé chez leur bébé. Il s’agit de l’argumentaire fourni par Federa sous la supervision des avocates Kamila Ferenc, Agata Bzdyń et Monika Gąsiorowska. Ces deux dernières sont d’anciennes juristes de la CEDH qui travaillent aussi sur ces sujets avec la Fondation Helsinki. Cela pose d’autant plus question que des fonctionnaires du Conseil de l’Europe et certains membres du greffe de la Cour qui, dans les faits, examinent la recevabilité des requêtes, sont eux aussi passés par cette fondation (c’est le cas de Marcin Sczaniecki). En outre, sept juges de la CEDH présents entre 2009 et 2021, ont été membres des Helsinki Committees au cours de leur carrière.

    Alors que le gouvernement polonais démocratiquement élu met en œuvre une politique pro-vie, ce sont des militants pro-avortement financés en grande partie par des fondations étrangères qui mettent à mal ce processus démocratique.

    Lire également : L’avortement dans la Charte des droits fondamentaux : une simple déclaration symbolique ?

  • Sur la féminisation galopante des élites

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    De Ludovic Lavaucelle sur La Sélection du Jour :

    La féminisation des élites occidentales et ses conséquences

    « La surproduction des élites annonce toujours la décadence d’un État et l’instabilité politique » disait l’anthropologue russo-américain Peter Turchin dans son livre « Ages of discord » en 2016. Quand les surdiplômés deviennent plus nombreux que les postes prestigieux ou avantageux, la frustration s’installe. Un phénomène nouveau est apparu, constate Mary Harrington pour The Critic Magazine (voir son article en lien) : la féminisation galopante de ces élites.

    Le « tsunami » féminin dans les universités et les grandes écoles

    L’équilibre entre les sexes dans les universités américaines date de 1978. Aujourd’hui, les filles représentent 60% des étudiants. Historiquement, les postes les plus qualifiés ont été occupés par des hommes. Un changement majeur est en cours. Or, si le système éducatif d’excellence est en « surchauffe » par rapport aux postes disponibles, quelle forme va prendre le mécontentement de cette élite féminine ? Les optimistes peuvent y voir un motif d’espoir : la frustration des femmes revêt rarement la violence exsudée par les hommes. On entrerait dans une société plus bienveillante. Les travaux de psychologues et sociologues contemporains, comme Joyce Benenson à Harvard, tendent à démontrer que la « douceur de l’âme féminine » est plus un fantasme qu’une réalité. Benenson écrit que les femmes ont dû adapter leur stratégie compétitive pour pallier leur relative faiblesse physique. Elle continue en décrivant les tactiques adoptées : ne pas faire obstacle frontalement aux buts poursuivis par une concurrente. Affirmer son ambition seulement du haut d’une position sociale privilégiée par rapport à ses congénères. Imposer l’égalité au sein du groupe qu’elle domine et ostraciser toute concurrente potentielle. La déchéance des hiérarchies officielles dans les entreprises est à mettre en parallèle. Une étude globale du cabinet Mercer en 2017 indiquait qu’un tiers des sociétés interrogées prévoyaient « d’aplanir » leur organisation.

    L’impact sur les relations en entreprise et le marché du travail

    Corrélation n’est pas causalité. Mais on peut établir un lien entre la féminisation des postes administratifs et la promotion de la « diversité et de l’inclusion » dans les grandes entreprises. Harrington suggère que l’emploi des réseaux sociaux pour livrer une rivale à la vindicte populaire –et l’empêcher d’accéder à un poste convoité – est une stratégie convenant à la psychologie féminine. La (sur)production d’élites a conduit dans les organisations au gonflement de l’administration. Une enquête de 2014 montrait que le rapport entre postes d’enseignants et d’administrateurs avait chuté de 40% entre 1990 et 2012 dans les universités américaines. 70% des emplois de « back office » sont occupés par des femmes. Les conséquences sur le marché du travail sont visibles : les métiers des « ressources humaines » sont en pleine expansion. 71% des professionnels de ce secteur sont des femmes aux États-Unis. Les spécialistes « diversité et inclusion » sont les nouvelles « stars ». Le site Hive Learning a publié la liste des personnalités les plus influentes en 2019 dans cette spécialité : 63 femmes et 13 hommes. Le communautarisme conduit à protéger les membres de son groupe. On comprend mieux la pression exercée pour imposer des quotas toujours plus hauts de femmes et de personnes issues de « minorités ».

    La lutte sociale devient une guerre des sexes

    La féminisation du travail présente un avantage : les rivalités sont moins violentes. Quelles conséquences sur la relation entre les sexes ? L’Université de Californie affiche notamment que 70% de ses postes manuels – donc peu qualifiés – sont tenus par des hommes. À l’inverse, ses postes de gestionnaires sont occupés à 75% par des femmes. Depuis 1990, la proportion des métiers manuels aux États-Unis s’est écroulée d’un tiers alors que les emplois plus qualifiés ont doublé. Un tournant politique : 71% des ouvriers blancs ont voté en 2016 pour Donald Trump. Par ailleurs, une étude mondiale démontre que les femmes accordent toujours une grande importance au statut social d’un partenaire potentiel. Rien à voir avec l’oppression du patriarcat mais plutôt le fruit d’une stratégie évolutive millénaire. Que se passe-t-il si le statut des femmes monte alors que celui des hommes tombe ? L’Institute of Family Studies en 2018 montre que si le célibat des femmes est resté stable, il a augmenté très fortement chez les hommes ces 30 dernières années. Les mariages sont plus tardifs et les psychologues notent une frustration grandissante chez les deux sexes…

    Le problème n’est pas tant la féminisation que la surproduction des élites. La crise de la Covid-19 a révélé le besoin de réindustrialisation en Occident. Les bénéfices économiques, réduction du chômage et balance commerciale, sont évidents. On oublie un autre besoin : redonner ses lettres de noblesse au travail de production, typiquement masculin. N’en déplaise aux féministes, les « hommes déconstruits » font rarement le bonheur des femmes…

    Ludovic Lavaucelle

    Pour aller plus loin : The new female ascendency

    >>> Lire l'article sur : The Critic Magazine

  • François : « Toute vie doit être protégée, toujours ! »

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    D'Anita Bourdin sur zenit.org :

    Journée pour la vie en Italie: « Toute vie doit être protégée, toujours ! »

    Appel du pape François après l’angélus

    « Toute vie doit être protégée, toujours ! », a déclaré le pape François en italien, après l’angélus de dimanche, 6 février 2022, à l’occasion de la Journée italienne « pour la vie ».

    Le pape François a pensé à toutes les vies qui sont particulièrement en danger dans les sociétés modernes: « Aujourd’hui, en Italie, on célèbre la Journée pour la vie, sur le thème « Protéger toute vie ». Cet appel est valable pour tous, en particulier pour les catégories les plus faibles : les personnes âgées, les malades, et même les enfants que l’on empêche de naître. Je me joins aux évêques italiens pour promouvoir la culture de la vie comme réponse à la logique du déchet et du déclin démographique. Toute vie doit être protégée, toujours ! »

  • Chantal Delsol sur la fin de la chrétienté et l'effondrement du catholicisme

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    Des propos recueillis par Laurent Ottavi sur Aleteia.org :

    « La fin de la chrétienté correspond à un effondrement du catholicisme »

    7/02/22

    Dans "La Fin de la chrétienté" (Cerf), Chantal Delsol s’interroge sur l’agonie d’une civilisation, née avec le christianisme, puis le catholicisme. Les chrétiens, plutôt que de tomber dans le piège de l’impatience, devraient, selon la philosophe, recourir à l’exemple et au témoignage.

    Chantal Delsol est philosophe, membre de l’Académie des sciences morales et politiques. Dans ses derniers essais, Le Crépuscule de l’universel (Cerf, 2020) et La Haine du monde, Totalitarismes et postmodernité (Cerf, 2016), elle décryptait la discorde entre les modernes et les antimodernes, entre ceux qui veulent remplacer le monde existant et ceux qui veulent le cultiver comme des héritiers. Poussant plus loin l’analyse, la philosophe s’attaque dans La Fin de la chrétienté aux conséquences du déclin du catholicisme en Occident avec le retour du paganisme. Pour elle, le christianisme doit inventer un autre mode d’existence. Elle explique son point de vue à Aleteia.

    Aleteia : la chrétienté, expliquez-vous dans votre livre, est une civilisation contrairement au christianisme. Si la première est finie, le second peut perdurer. Qu’entendez-vous par chrétienté et civilisation ?

    Chantal Delsol : la chrétienté est cette civilisation, autrement dit ce système du monde, qui a été constitué autour et sous la houlette du christianisme, puis du catholicisme. Il s’agit d’un mode d’être à la fois total et cohérent : il sous-entend en même temps la croyance religieuse, les mœurs, la morale, les lois, les types de pouvoir, les types de famille et la sociologie, etc. Et dans ce cadre, tout est cohérent : par exemple le pouvoir politique correspond avec la définition de Dieu (la démocratie est inventée en Occident parce que nous avons un Dieu qui confère la liberté à l’homme, sa créature). Chaque civilisation est à cet égard un ensemble cohérent. Ainsi le christianisme a-t-il construit le monde qui lui convenait, comme l’islam-religion a construit l’islam-civilisation. Dans la chrétienté-civilisation, c’est le christianisme, puis le catholicisme, qui impose ses lois et ses mœurs, qui conseille les puissants, qui apporte ses modèles de pouvoir et de vie. C’est cette influence-pouvoir qui est aujourd’hui effacée.

  • Un résumé du magistère de François à l'intention des téléspectateurs de la RAI

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    De Gian Guido Vecchi sur le site du Corriere della Sera :

    Le pape François chez Fabio Fazio : l'interview sur "Che tempo che fa", en direct

    Le pape François s'est entretenu en liaison vidéo depuis la Casa Santa Marta avec Fabio Fazio

    Dimanche soir, le pape François a été interviewé par Fabio Fazio sur Che tempo che fa (RaiTre). François s'est exprimé par liaison vidéo depuis la Casa Santa Marta, au Vatican, où il réside.

    La guerre, "un non-sens de la création". Les migrants, les pauvres et le besoin de "toucher" la douleur des autres, "il ne suffit pas de voir, il faut sentir". La "mondanité spirituelle" qui est "le plus grand mal de l'Église" et "engendre une chose hideuse, le cléricalisme, une perversion de l'Église". Mais il y a aussi eu des observations plus personnelles, comme lorsque Fabio Fazio lui a demandé : "Vous sentez-vous parfois seul, avez-vous des amis ? Et François de répondre : "Oui, je suis un homme ordinaire, j'aime être avec mes amis, j'en ai besoin. J'ai peu d'amis mais de vrais amis".

    Le Pape a été interviewé par "Che tempo che fa", sur Rai Tre, en relation avec Santa Marta, presque un résumé du magistère de François à l'intention des téléspectateurs.

    Tout d'abord, la migration, les camps en Libye et le traitement "criminel" des migrants, l'UE qui doit "se mettre d'accord" sur la répartition et ne pas tout laisser à des pays comme "l'Italie ou l'Espagne", la Méditerranée qui est devenue un "cimetière", et des tragédies comme les 12 migrants retrouvés morts de froid à la frontière entre la Grèce et la Turquie : "C'est un signe de la culture de l'indifférence. Les catégories qui occupent la première place en ce moment sont les guerres. Les gens sont en deuxième position. Il y a des catégories qui comptent et d'autres qui sont en bas de l'échelle : les enfants, les migrants, les pauvres, ceux qui n'ont pas de quoi manger. En un an sans fabriquer d'armes, vous pourriez donner de la nourriture et une éducation au monde entier. Nous voyons comment les économies sont mobilisées et ce qui est le plus important aujourd'hui, la guerre : guerre idéologique, guerre de pouvoir, guerre commerciale et nombreuses usines d'armement".

    Il y a des signes d'espoir, comme l'histoire de John, un jeune Ghanéen de 25 ans, qu'il a évoqué à l'Angélus : "Pour arriver ici, il a souffert tout ce que souffrent tant de migrants, et à la fin il s'est installé dans le Monferrato, il a commencé à travailler, à faire son avenir, dans une entreprise vinicole. Et puis il est tombé malade d'un terrible cancer, il est en train de mourir. Et quand ils lui ont dit la vérité, ce qu'il aurait aimé faire, il a répondu : "Rentrer à la maison pour embrasser mon père avant qu'il ne meure". En mourant, il a pensé à son père. Et dans ce village du Monferrato, on a immédiatement fait une collecte et, après l'avoir bourré de morphine, on l'a mis avec un compagnon dans un avion et on l'a envoyé pour qu'il meure dans les bras de son père. Il nous montre qu'aujourd'hui, au milieu de tant de mauvaises nouvelles, il y a de bonnes choses, des saints à côté".

    M. Fazio l'a également interrogé sur les tensions entre la Russie et l'Ukraine, et sur le risque de guerre. Un "non-sens" présent dès le début, dès l'histoire biblique de Caïn : "Il y a comme un contre-sens de la création, c'est pourquoi la guerre est toujours une destruction. Faire la guerre est une mécanique de destruction". Au sujet du "toucher la douleur", François cite en exemple "les médecins, les infirmières et les infirmiers qui ont donné leur vie dans cette pandémie : ils ont touché le mal et ont choisi de rester là avec les malades". François a parlé de ses goûts musicaux, "des classiques mais aussi du tango" qu'il a dansé dans sa jeunesse, comme il se doit à Buenos Aires : "Un porteño qui ne danse pas le tango n'est pas un porteño !".

    Il se souvient qu'enfant, il rêvait d'être "boucher", car "quand j'allais avec ma grand-mère, je voyais qu'il mettait beaucoup d'argent de côté...".

    Il a également parlé du pardon, "c'est un droit de l'homme". De la prière, "c'est ce que fait un enfant qui se sent impuissant et qui dit : papa, maman". Et encore le soin de la création, le besoin d'être proche des enfants. Douleur innocente : "Pourquoi les enfants souffrent-ils ? Il n'y a pas de réponse. Dieu est fort, oui, omnipotent dans l'amour. Au contraire, la haine, la destruction, sont entre les mains d'un autre qui a semé le Mal dans le monde par envie".

    À la fin, il a demandé aux gens de prier pour lui et a cité le "Miracle à Milan" de De Sica : "Dans ce film, une diseuse de bonne aventure lit dans les mains et dit "merci cent lires", je vous dis : cent prières".

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  • Comment les enfants sont les premières victimes de la superexposition aux écrans

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    Du Figaro via le site "Pour une école libre au Québec" :

    « Les enfants sont les premières victimes de la surexposition aux écrans »

    5 février 2022

    Auteurs de La guerre de l’attention (L’Échappée) et cofondateurs de l’association Lève les yeux !, Florent Souillot et Yves Marry alertent contre la surexposition aux écrans et expliquent les ressorts de la guerre que mènent les grandes entreprises du numérique pour capter l’or du XXIe siècle : notre attention. Yves Marry est cofondateur de l’association Lève les yeux !, collectif pour la reconquête de l’attention, avec Florent Souillot, responsable du numérique aux Éditions Gallimard-Flammarion.

    LE FIGARO. — La « guerre de l’attention », c’est celle que mènent les grandes entreprises du numérique pour capter le temps de cerveau disponible des usagers, expliquez-vous. Où en est-on aujourd’hui ?

    Florent SOUILLOT et Yves MARRY. — La situation est très inquiétante, mais pas désespérée. Nous considérons que l’attention humaine est la nouvelle ressource rare, au cœur de la croissance économique. Et comme avec le charbon, le pétrole ou l’eau, l’extraction ne va pas sans quelques effets indésirables pour l’humanité. Comme tout le monde peut le constater autour de soi, nous passons désormais l’essentiel de notre temps éveillé devant un écran, soit dix heures par jour en moyenne pour les adultes en 2019, et entre trois et quatre heures par jour pour les enfants de moins de 12 ans. Ces chiffres datent d’avant la crise du Covid qui a encore aggravé cette tendance. Toute la société subit des impacts cognitifs et psychologiques, et constate une dégradation du débat public. Oui, la guerre de l’attention nous coûte cher !

    — Vous décrivez « la mutation sociale la plus déterminante de ces dix dernières années ». En quoi le smartphone change-t-il radicalement la donne par rapport à la télévision ?

    — En dix ans, le téléphone intelligent a fait doubler le temps passé devant un écran, qui était déjà massif auparavant ! Il s’est glissé dans nos poches, s’est invité dans tous les instants de notre vie, constamment connecté, vibrant, omniprésent du réveil au coucher. Nous sommes désormais collés à son écran bleu et à ses applications, véritables armes de captation massive de notre attention et portes ouvertes sur des contenus de plus en plus violents et addictifs. Il s’agit bien là d’une rupture anthropologique et nous parlons de la naissance d’un nouvel homo numericus. Ce n’est pas qu’une image : le cortex préfrontal de nos enfants, assailli à coups de shoots de dopamines, s’atrophie au contact des écrans.

    Plus largement, nos capacités attentionnelles, constamment manipulées, se déséquilibrent vers toujours plus de saillance, d’émotion, de vitesse, de récompenses à court terme et d’oppositions stériles. Grâce à ces « outils » surpuissants, nous sommes pris dans une illusion de puissance et de confort de plus en plus difficile à assumer : nous avons beau avoir le monde à portée de clics ou de commentaires, croire que nous pouvons tout maîtriser, nous avons de plus en plus de mal à agir, débattre, nous situer, « entrer en résonance » comme dirait Hartmut Rosa. Du malaise au mal-être, de l’isolement à l’aliénation, jamais un objet technique ne nous avait donné cette impression funeste.

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  • Des fissures dans l’orthodoxie LGBT+

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    D'IFN Italie :

    Des fissures apparaissent dans l’orthodoxie LGBT+.

    La résistance par rapport aux diktats de l'idéologie du genre voit le jour au Royaume-Uni.

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  • Le pape à un talk show télévisé

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    De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana (traduction de "Benoît et moi"):

    Le Pape chez Fabio Fazio, c’est sérieux

    L’apparition annoncée du pape François demain soir dans l’émission de la RAI « Che tempo che fa » dénote une déconsécration marquée de la papauté, une confusion totale entre le sacré et le profane, et une incapacité à comprendre le sens du sacré.

    La participation demain soir du Pape François au prochain numéro de l’émission de la RAI « Che tempo che fa » animée par Fabio Fazio est une affaire plus sérieuse qu’il n’y paraît et que les sarcasmes critiques les plus faciles ne l’ont considérée. En fait, elle dénote une sécularisation (ou déconsécration) accentuée de la papauté. Pendant la révolution communiste en Chine, Mao faisait défiler les mandarins nus pour montrer leur ridicule faiblesse, une fois débarrassés de leurs robes de cérémonie solennelles et descendus des sièges du pouvoir hiératique.

    Pourtant, c’est Karl Marx, dont Mao disait s’inspirer, qui critiquait la désacralisation imposée par le capitalisme dans le Manifeste communiste : « Tout ce qui a de la consistance s’évapore, tout ce qui est sacré est déconsacré, et les hommes sont finalement contraints de considérer leur position dans la vie et leurs relations mutuelles avec un regard désenchanté ». Mais le marxisme, et peut-être SURTOUT le marxisme, a aussi contribué à ce désenchantement, puisque pour lui tout ce qui n’est pas matériel est superstructure, c’est-à-dire enchantement, conte de fées pour enfants, jusqu’à ce qu’ils se réveillent de l’enchantement. Max Weber a décrit ce désenchantement du monde moderne et l’abandon du sacré, vu comme un conte de fées enchanté.

    Je me souviens qu’en 2003, le nom de Jean-Paul II a fait couler beaucoup d’encre à propos de la candidature au prix Nobel de la paix. À cette occasion, j’ai écrit un article dans lequel je disais que j’espérais que cela ne se produirait pas. Non pas parce que Jean-Paul II ne le méritait pas, mais parce que, de cette façon, il serait placé au même niveau que les autres prix Nobel de la paix, alors que le pape est quelque chose de différent, il a un lien avec le sacré que les autres n’ont pas. En 2003, il était encore possible de considérer l’attribution du prix Nobel de la paix à un pontife comme une désacralisation, mais il faut maintenant le faire pour « Che tempo che fa » : comme on peut le constater, le processus de sécularisation de la papauté se poursuit à un rythme soutenu.

    Et cela ne s’arrête pas :  » Nous sommes passés de la domination du sacré à l’invasion du profane dans la vie du sacré et à l’éviction du sacré lui-même  » écrivait le Père Cornelio Fabro en 1974, parlant de l’aventure de la théologie progressive. Pie XII se plaignait qu’à son époque les paroles du pape dans ses sermons ordinaires, n’appartenant donc ni au magistère solennel ni au magistère authentique, n’étaient pas prises avec une déférence religieuse, car il y voyait une attitude irrévérencieuse à l’égard de l’investiture sacrée de l’autorité papale.

    Pie XII nous reprocherait-il aujourd’hui de ne pas prendre avec déférence religieuse les paroles que François prononcera chez Fabio Fazio, où rien ne peut être pris avec déférence religieuse vu qu’il n’y a pas d’émission de télévision plus irréligieuse ? Mais si les paroles du pape ne peuvent être accueillies avec une révérence religieuse, à quoi bon ? Est-ce Bergoglio qui va chez Fazio, ou est-ce le pape? Dans cette question, il y a déjà une allusion à toute l’évolution de la sécularisation de la papauté.

    Identifier le « sacré » à l' »enchantement » et la sécularisation au « désenchantement » est typique des idéologies modernes des Lumières qui considèrent la religion comme un conte de fées pour enfants. Les origines de cette sécularisation moderne du sacré se trouvent dans le luthéranisme, qui sépare la raison et la foi et admet ainsi une foi déraisonnable, c’est-à-dire enchantée. Penser à séculariser la papauté en la débarrassant de sa supposée aura d’enchantement, c’est ne pas avoir compris le sacré. Le profane a besoin du sacré, qui est le lieu de refuge pour éviter la sacralisation du profane. Le sacré permet au profane d’être profane, le temple permet à ce qui est hors du temple d’être hors du temple sans se dissoudre et sans vouloir jouer au sacré.

    Le sacré, lui, a besoin d’être caché pour ne pas être profané. Il a besoin de son propre langage pour ne pas être vulgarisé. Il doit être protégé afin de ne pas être dégradé. Depuis Jean XXIII, lorsqu’une caméra vidéo est entrée dans l’appartement papal et que le cameraman a dit au pape de faire semblant de prier, tandis que quelqu’un d’autre remarquait que, malheureusement, le blanc de sa soutane gâchait l’image, un processus a commencé, non pas incontrôlable mais incontrôlé. Surtout lorsque la sécularisation de la papauté n’a plus été considérée comme un moyen pastoral de diffuser le message chrétien à un public plus large et d’atteindre même les personnes éloignées, mais est devenue constitutive du fait d’être pape.

    Après le tournant anthropologique, on ne doit plus dire Dieu mais homme, et être François passe par être Bergoglio. La sacralité passe par le profane. Entre histoire sacrée et histoire profane, disent les théologiens aventuristes, il n’y a plus de différence et, par conséquent, pas non plus entre le palais apostolique et un poste de télévision, le trajet de l’un à l’autre passant par Sainte Marthe. S’il n’y a plus de balustrade séparant l’Église du monde, entre le presbytère et le peuple, pourquoi ces séparations entre sacré et profane devraient-elles encore être appliquées ? Pourquoi un pape ne pourrait-il pas aller chez Fabio Fazio comme n’importe quel autre quidam?

  • Quand le cardinal Hollerich se fourvoie

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    De Tommaso Scandroglio sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Hollerich et l'homosexualité, que d'erreurs du cardinal

    5-02-2022

    Dans une interview avec KNA, Hollerich fait plusieurs déclarations sur l'homosexualité, appelant à un changement de doctrine. Mais le cardinal a tort. Il oublie que l'enseignement de l'Église est fondé sur la morale naturelle et qu'il existe un accord total entre l'Ancien et le Nouveau Testament pour juger négativement la condition et les actes homosexuels.

    Il y a quelques semaines, 125 employés de diverses organisations catholiques ont fait leur coming out en Allemagne. Le cardinal Jean Claude Hollerich, président de la Commission des épiscopats de l'Union européenne (Comece) et rapporteur général du Synode des évêques, s'est exprimé sur le thème de l'homosexualité dans une interview accordée à l'agence de presse allemande KNA. Le cardinal a déclaré : "Je crois que la base sociologique-scientifique de cet enseignement n'est plus correcte." Le haut prélat a tort. Le fondement de la condamnation de l'homosexualité et des actes homosexuels par l'Église catholique ne se trouve pas dans les sciences empiriques et la sociologie, mais dans la morale et, en particulier, dans la morale naturelle.

    Pourquoi l'Église affirme-t-elle que l'homosexualité et donc le comportement homosexuel sont intrinsèquement désordonnés ? L'homosexualité est une condition moralement désordonnée car elle est contraire à la nature rationnelle de l'homme. La nature, dans son sens métaphysique, signifie un faisceau d'inclinations qui tendent vers leur fin. L'être humain est enclin/attiré à rechercher une personne du sexe opposé. On pourrait faire valoir qu'il existe également un penchant homosexuel naturel. La réponse à l'objection repose sur le principe de proportion : un penchant est naturel si la personne est en possession des moyens nécessaires pour satisfaire les fins auxquelles ce penchant tend. La fin doit être proportionnelle aux facultés de l'homme. Par exemple, nous pouvons dire que la connaissance est une fin naturelle parce que l'homme est doté de l'instrument de l'intellect qui est adapté à la satisfaction de cette fin. Si donc une personne poursuit un but impossible à satisfaire, non pas en raison de simples circonstances extérieures, mais parce qu'elle est naturellement privée des instruments propres à le satisfaire, ce but ne serait pas une fin naturelle et agirait contre la nature rationnelle de l'homme.

    L'homosexualité étant une attirance pour les personnes du même sexe, cette attirance, pour trouver un parfait épanouissement, doit conduire à des rapports charnels. Les buts du coït - tant procréatif qu'unitif - ne peuvent être atteints par le rapport charnel homosexuel : l'instrument n'est pas adapté à la fin. Et, comme l'explique l'Aquinate, " tout ce qui rend une action impropre à la fin voulue par la nature doit être défini comme contraire à la loi naturelle " (Summa Theologiae, Supp. 65, a. 1 c), c'est-à-dire contraire à la nature rationnelle de l'homme. La relation génitale de type homosexuel est incapable de satisfaire la finalité naturelle de la procréation et de l'union. Il est donc contradictoire de dire que l'homosexualité est conforme à la nature alors qu'elle est incapable de satisfaire les fins naturelles du rapport sexuel.

    Le contre-argument qui est généralement apporté à cette réflexion est le suivant : de nombreux couples hétérosexuels sont également stériles ou infertiles. Mais les raisons de l'infertilité sont diamétralement opposées : la relation homosexuelle est physiologiquement infertile, la relation hétérosexuelle stérile est pathologiquement infertile ; la première est par nature infertile, la seconde est par nature fertile ; la première est par nécessité, c'est-à-dire toujours et dans tous les cas, infertile (la relation homosexuelle ne peut être qu'infertile), la seconde n'est que possible (la relation sexuelle hétérosexuelle peut être infertile) ; il est normal que la première soit infertile, il n'est pas normal que la seconde le soit.

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  • Euthanasie : il faut y aller voir de plus près

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    Même si, chez nous, l'euthanasie a été légalisée, cela n'exclut pas que l'on continue à y réfléchir. Le livre publié par Erwan Le Morhedec peut y contribuer. Du site Aleteia.org :

    Fin de vie : « La liberté ne peut pas être conçue sans la fraternité »

    03/02/22

    Dans son dernier essai, "Fin de vie en République", l’avocat Erwan Le Morhedec appelle à considérer la fin de vie comme un mystère qu’on ne peut pas comprendre « sans être aller y voir ». Pour lui, notre façon de traiter la mort dit aussi notre rapport à la vie : « L’euthanasie serait une sombre défaite de notre humanité ».

    « Nous sommes prêts », disent les promoteurs de l’euthanasie, la nouvelle loi prétendant régenter la fin de vie est pour demain, et nul doute que ce sera un sujet clivant de la campagne présidentielle. 93% des Français y seraient favorables. Mais dès que l’on va « y voir de plus près », dès que l’on pose les questions autrement, dès que l’on offre une alternative, « les évidences défaillent » constate Erwan Le Morhedec. Au terme d’une longue enquête de terrain auprès des malades et de leurs proches, des établissements de soins palliatifs et des soignants, l’avocat montre que l’euthanasie corrompt les valeurs fondamentales de liberté, d’égalité et de fraternité. Pourtant, explique-t-il à Aleteia, l’humanité demeure : « Les soins palliatifs sont la marque qu’il y a encore une place en France pour la bonté et l’amitié sociale ».

    Aleteia : vous ouvrez votre livre par une confidence : « Qu’on l’ignore ou qu’elle nous hante, la mort nous détermine. J’ai été moi-même cet adolescent qui a connu ces cris silencieux et solitaires quand la perspective du néant indicible se fait trop évidente… » Que dit notre société de la mort, et de la pression constante et militante en faveur de l’euthanasie ?

    Erwan Le Morhedec : Nous avons, je crois, bien conscience que depuis des années la mort est occultée. Je cite, en exergue de mon livre, la préface de François Mitterrand pour La Mort intime, de Marie de Hennezel et déjà, avec tant d’autres, il soulignait que « jamais peut-être le rapport à la mort n’a été si pauvre qu’en ces temps de sécheresse spirituelle où les hommes, pressés d’exister, paraissent éluder le mystère ». C’était il y a trente ans. Il est probable que de l’avoir fréquentée remettait un peu les priorités dans l’ordre.

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  • Quand la déchristianisation semble ne plus finir son œuvre de déconstruction

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    D'Aymeric Pourbaix sur le site de France Catholique :

    La boussole

    2 février 2022

    Si la sainte Église est semper reformanda – sans cesse à réformer, dans le sens d’une re-formation conforme à ses principes originels – c’est aussi que le paganisme, lui, repousse continuellement comme les mauvaises herbes. Que ce soit au temps des barbares, où il a fallu neuf cents ans avant de voir émerger le siècle de saint Louis, fleuron de la civilisation médiévale ; ou à notre époque moderne, après la Révolution, où les églises ont été démolies et le clergé décimé, exilé, exécuté ; ou plus proche de nous, en ce temps où la déchristianisation semble ne plus finir son œuvre de déconstruction, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’Église – cette «  autodestruction  » dont parlait Paul VI…

    Mais, et c’est rassurant, les méthodes des pasteurs qui ont su redonner de la vigueur à la foi, elles, ne changent pas. À chaque époque de crise et de renouveau, elles semblent toujours les mêmes depuis 2000 ans, fondées sur la foi en l’efficacité de l’Esprit-Saint qui ne cesse d’agir dans son Église – même si les apparences paraissent un temps contraires… Il s’agit d’enseigner les vérités de la foi, de sanctifier par les sacrements, et de gouverner le peuple de Dieu en vue de son salut.

    L’exemple d’un saint évêque

    C’est ce que fit, au lendemain de la Révolution, Mgr Eugène de Mazenod – dernier évêque français canonisé – en une époque qui présente, toutes proportions gardées, des similitudes instructives avec la nôtre…

    En 1814, il y avait 36 000 prêtres en exercice, soit moitié moins qu’en 1789. L’hémorragie n’est alors pas moins sévère qu’elle ne le sera dans les années 1970… Devenir prêtre à cette époque n’est donc pas une situation enviable, mais un choix personnel, voire anticonformiste, assorti de convictions fortes. Là non plus, rien de nouveau sous le soleil de 2022…

    À l’époque, deux défis attendent le jeune clergé : la déchristianisation d’une élite bourgeoise voltairienne, et la non-christianisation de milieux populaires et de la jeunesse. Malgré cette situation, étrangement semblable à celle que nous vivons, le terreau reste en partie favorable, note l’historien Gérard Cholvy.

    De par la dimension culturelle de la foi d’abord, qui attire un peuple peu pratiquant mais aimant les grandes fêtes et les processions. De par aussi un noyau de familles ferventes, qui a formé à la génération précédente un réseau de résistants autour des prêtres clandestins, et dont les descendants fournissent les cadres (religieux et religieuses) nécessaires à cette ré-évangélisation. De par enfin les profanations révolutionnaires qui, paradoxalement, ont suscité en réaction le désir d’une nouvelle visibilité de la foi catholique – construction ou restauration de chapelles, de sanctuaires, renouveau du culte marial, dont Notre-Dame de la Garde, et des saints… 

    Autant de lignes de force que l’on retrouve aujourd’hui. Mais celles-ci ne seraient rien sans les consignes spirituelles d’Eugène de Mazenod à ces Missionnaires de Provence, fondés pour rechristianiser les campagnes : tels des nouveaux Jonas, ils prônaient la conversion et la pénitence en rappelant les vérités éternelles – Ciel, enfer, purgatoire. Mais ils pratiquaient aussi, au confessionnal, la plus grande miséricorde et l’accueil du pécheur.

    Lire également : Que demandez-vous à l’Église de Dieu ?