Lu sur le site de « diakonos.be » :
« Président de la Conférence épiscopale italienne pendant plus de vingt ans et pressenti à l’époque pour succéder à Jean-Paul II, le cardinal Ruini est l’un des plus importants cardinaux de la Curie romaine. Il est membre de la Congrégation des évêques, du Conseil pontifical pour les laïcs, de l’Administration du patrimoine du siège apostolique et de la Préfecture pour les affaires économiques du Saint-Siège.
Aujourd’hui âgé de 88 ans, il a donné une interview publiée par « Il Corriere della Sera » cette semaine dans laquelle il brise deux tabous de l’Église actuelle : il rejette la solution des prêtres mariés et appelle à ne pas diaboliser Salvini mais à privilégier un dialogue constructif. Comme d’habitude en pareil cas, les foudres des partisans du Pape actuel n’ont pas tardé à se déchaîner contre lui de toutes parts, y compris depuis la Conférence épiscopale italienne.
Nous reproduisons ci-dessous ses déclarations relatives au synode sur l’Amazonie, au mariage des prêtres, au Pape François et à la vie après la mort.
- Le Synode sur l’Amazonie pourrait permettre aux diacres mariés de devenir prêtres. On a l’impression que ça pourrait être le levier qui fasse sauter l’obligation du célibat, non ?
« En Amazonie et dans d’autres parties du monde, il y a un grave manque de prêtres et les communautés chrétiennes sont souvent privées de messe. Il est compréhensible qu’on soit tenté d’ordonner prêtre des diacres mariés et c’est dans cette direction qu’a penché la majorité du Synode. Mais à mon avis, il s’agit d’une erreur. J’espère et je prie pour que le Pape, dans sa prochaine exhortation apostolique post-synodale, ne la confirme pas. »
- Pourquoi est-ce une erreur ?
« Il y a deux raisons principales. Le célibat des prêtres est un grand signe de don de soi total à Dieu et au service des frères, spécialement dans un contexte érotisé comme notre époque. Y renoncer, même de façon exceptionnelle, reviendrait à céder à l’esprit du monde, qui cherche toujours à pénétrer dans l’Église, et il serait difficile de ne s’arrêter qu’aux cas exceptionnels comme l’Amazonie. Et puis, aujourd’hui le mariage est profondément en crise : les prêtres mariés et leurs épouses seraient exposés aux effets de cette crise et leur condition humaine et spirituelle ne pourrait que s’en ressentir ».
- Vous êtes en train de dire qu’un prêtre divorcé serait un problème ?
« C’est cela. »
- Mais vous, n’avez-vous jamais ressentir le manque d’une famille, d’avoir des enfants ?
« Ca n’a pas été facile pour moi de vivre le célibat : c’est un grand don que le Seigneur m’a fait. Je n’ai cependant pas ressenti le poids de ne pas avoir d’enfants, peut-être parce que j’ai eu la chance d’être entouré de l’affection de tant de jeunes. Quant au fait de ne pas avoir ma propre famille, je suis très lié à ma sœur Donada (le cardinal montre une dame souriante sur une photo qu’il garde à côté de celle de Jean-Paul II) et j’ai la chance de vivre avec des personnes qui sont comme une famille pour moi. »