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Société - Page 83

  • La surprenante conversion au sacré de Sonia Mabrouk

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    De Samuel Dufay sur le site de l'Express :

    Messe en latin, "vigueur" de l’islam… La surprenante conversion au sacré de Sonia Mabrouk

    La journaliste star d’Europe 1 et CNews appelle à renouer avec le sacré. Une injonction inattendue, qui alimente son mystère.

    14/05/2023

    Qui est vraiment Sonia Mabrouk ? La "combattante de la liberté" vantée par Le Figaro Magazine, ou la "directrice de la réaction" et "égérie de la "droitosphère"" décriée par Libération ? Son dernier livre, Reconquérir le sacré (éditions de l’Observatoire), ne dissipera pas le mystère entourant la native de Tunis, petite-fille d’un ministre de Bourguiba, et dont l’ambition forcenée a présidé à l’ascension éclair dans les médias : débuts à Jeune Afrique en 2005, recrutement en 2008 à Public Sénat, où Jean-Pierre Elkabbach la prend sous son aile. Jusqu’à son entrée à Europe 1 en 2013, où elle s’impose jusqu’à décrocher l’entretien politique de la matinale, tout en rejoignant CNews en 2017.

    On connaissait l’intervieweuse pugnace de 8 h 13, la lanceuse d’alerte contre les dangers de l’islamisme, dont a pu observer les ravages dans sa Tunisie natale. On l’imaginait moins se livrer à un éloge du "sacré", c’est-à-dire "tout ce qui ouvre à plus grand que soi". C’est pourtant à la reconquête de cette transcendance que la journaliste appelle dans Reconquérir le sacré. "Soyons de nouveau perméables à l’invisible, au mystère et au sublime", y enjoint-elle, sans craindre la grandiloquence. Un opuscule déroutant, entre réflexion anthropologique et injonction à la résilience, qui convoque aussi bien l’écrivain allemand Ernst Jünger que Frédéric Lenoir. Sonia Mabrouk, de confession musulmane, y plaide pour la messe en latin et de plain-chant, "expression d’un sacré formé de rituels et de pièces musicales multiséculaires", évoque son émerveillement face aux "voix d’or" des muezzins entendues à Tunis, à Istanbul ou au Caire. Dans un entretien au Figaro Live, on l’a même vue s’improviser théologienne en déplorant le "dévoiement de la proposition chrétienne", transformée, depuis le concile Vatican II, en "accueil de l’autre, du migrant, dans une humanité rassemblée"…

    De quoi surprendre ceux qui voyaient d'abord en elle une combattante de la laïcité. Signe d’une évolution ou dissipation d’un malentendu ? "Peut-être que je me suis mal exprimée, répond l’intéressée dans son bureau d’Europe 1 encombré de livres. Pour moi, la laïcité n’a jamais consisté à rogner toute expression religieuse ou de sacré ; c’est d’abord l’expression chez soi, individuelle, pas une forme de prosélytisme. Et surtout, ce n’est pas le laïcisme. Par exemple, je n’ai jamais été contre le voile, mais contre la contrainte qu’on impose à certaines femmes." Un représentant de la gauche républicaine, qui l’a côtoyée sur les plateaux de télévision, s’interroge : "Je ne sais pas vraiment si elle était une combattante de la laïcité. Je la sens un peu plus réservée par rapport à ma sensibilité qu’envers des discours davantage identitaires. Ce sont de petites nuances, une insistance sur les aspects historiques et civilisationnels de l’identité française, plutôt que civiques et politiques." Le thème de la transcendance, elle l’avait déjà abordé par le passé, comme dans Insoumission française (2021), où elle appelait au rassemblement derrière le "sacré" national.

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  • Quand "la magie de Disney" opère dans l'église de Florennes...

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    De Bernard Polet sur Boukè.Media :

    Un concert Disney pas comme les autres !

    3 mai 2023
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    cliquer sur l'image pour accéder au reportage

    La magie de Disney opère maintenant dans les églises ! C'était le cas ce week-end de la collégiale de Florennes qui a accueilli en concert l'Harmonie Royale Sainte-Cécile. Septante musiciens de tous âges ont repris les grands standards musicaux de la franchise Disney devant un public conquis d'avance.

  • L'Église a été une force de libération dans le domaine politique, culturel et scientifique

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    D

    «Le christianisme a largement contribué au développement des sciences»

    Jean-François Chemain est docteur et agrégé en histoire ainsi que docteur en histoire du droit. Il est l'auteur de nombreux livres et enseignant dans différents établissements supérieurs. Son dernier livre Ces idées chrétiennes qui ont bouleversé le monde vient de paraître aux éditions Artège (280p., 19,90€.).

     

    FIGAROVOX - Vous écrivez dans votre premier chapitre que «le christianisme a apporté au monde l'idée de l'Europe comme un espace politique, religieux et culturel». Qu'entendez-vous par là ?

    Jean-François CHEMAIN. - Le terme d'«Europe» est très ancien, il était déjà employé par les Hittites, les Phéniciens et les Grecs, dans des acceptions assez variées, pour désigner telle divinité ou telle région. Mais il est utilisé pour la première fois dans son sens moderne par le moine irlandais saint Colomban, dans deux lettres adressées au Pape. Dans la première, en 590, il définit l'Europe comme le territoire soumis à l'autorité spirituelle du Pape, ce qui correspond aux frontières européennes actuelles. Ainsi, cette désignation donne à l'Europe un sens géographique définitif, mais aussi une dimension religieuse et institutionnelle importante, étant donné que le Pape est le chef de l'institution ecclésiale. Cela exclut par conséquent toute la partie de la chrétienté originelle qui n'obéit pas au Pape, notamment l'Empire byzantin au sein duquel la religion était dirigée par l'Empereur, dans la tradition césaro-papiste romaine. La seconde lettre est écrite en 614, à l'époque où apparaît l'Islam.

    Les monastères chrétiens ont également été un facteur important d'unification religieuse et culturelle de l'Europe. Nous avons connu deux principales vagues monachiques, la première avec l'ordre de Cluny fondé en 910 selon la règle bénédictine, qui a édifié environ 1000 prieurés ; et la seconde avec l'ordre cistercien, qui s'appuie lui aussi sur la règle de saint Benoît. Si on regarde la carte des monastères bénédictins et cisterciens au Moyen-Âge, nous retrouvons le territoire européen actuel, excepté les récents élargissements orthodoxes (Roumanie, Bulgarie etc.).

    Selon vous, les chrétiens sont les premiers à avoir établi la distinction entre l'État et la religion. Peut-on dire, en somme, que même la République laïque se fonde sur un modèle chrétien ?

    Absolument, il y a dans la République un prolongement de la rivalité entre l'Église et l'État, qui est un conflit fondateur de la civilisation chrétienne occidentale. La France a résolu cette rivalité de manière fondamentaliste et intellectuelle, en faisant absorber par l'État les fonctions traditionnelles de l'Église. Autrement dit, l'institution ecclésiale a été marginalisée et décrédibilisée, pendant que la République reprenait ses principes évangéliques pour en faire une politique.

    En absorbant les différents rôles de l'Église, l'État a déserté ses propres fonctions régaliennes, il ne défend plus nos frontières, n'assure plus la sécurité et ne rend plus la justice.

    Jean François Chemain
    L'Église a originellement trois grandes missions, les tria munera, à savoir gouverner, enseigner et sanctifier. Concernant la première, il y a eu pendant des siècles un bras de fer entre l'Église et l'État pour savoir qui devait gouverner, et l'État en est sorti victorieux. Pour la seconde, l'Église a longtemps eu le monopole de l'enseignement, mais l'État a aujourd'hui entièrement récupéré ce domaine. Enfin, l'État a aussi pris à l'Église sa dernière mission, la sanctification des hommes. En effet, l'institution étatique cherche à faire de chaque citoyen un saint, elle nous exhorte à «la tolérance», à la «repentance», nous invite à accueillir l'étranger, à partager nos biens, à tendre la joue droite quand on nous frappe sur l'autre... C'est un discours évangélique. Mais parallèlement, en absorbant les différents rôles de l'Église, l'État a déserté ses propres fonctions régaliennes, il ne défend plus nos frontières, n'assure plus la sécurité et ne rend plus la justice.

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  • La liberté religieuse dans le monde en 2023 : Pire que jamais

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    De Marco respinti sur Bitter Winter :

    La liberté religieuse dans le monde en 2023 : Pire que jamais

    11/05/2023

    Le rapport annuel 2023 de l'USCIRF fait état de graves régressions dans plusieurs pays et de quelques nouvelles entrées. En Chine et en Russie, les minorités continuent d'être persécutées.
    par Marco Respinti

    Les lecteurs de "Bitter Winter" connaissent bien la mauvaise nouvelle : en 2023, trop de pays refusent encore la liberté religieuse à leurs citoyens. Le pire, c'est que le scénario est généralement si mauvais car, si la situation reste inchangée dans de nombreux pays, d'autres enregistrent de sérieuses régressions, et il y a même de nouvelles entrées sans précédent. C'est ce qu'indique le rapport annuel 2023 de la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale (USCIRF), publié le 1er mai 2023 et couvrant l'année 2022, au moins pour l'Afghanistan, la Chine, Cuba, l'Iran, le Nicaragua et la Russie.

    L'USCIRF est une commission indépendante et bipartisane du gouvernement fédéral américain, créée par la loi de 1998 sur la liberté religieuse internationale (IRFA). Présidée par l'Américain d'origine ouïghoure Nury Turkel, auteur de l'important ouvrage "No Escape", ses commissaires sont nommés par le président et par les chefs de file du Congrès des deux partis politiques. Son principal objectif est de surveiller l'état de la liberté religieuse dans le monde. Par conséquent, l'USCIRF signale des situations que, selon son évaluation faisant autorité, le gouvernement américain devrait particulièrement prendre en considération. Il arrive même que l'USCIRF critique les décisions de son gouvernement. C'est pourquoi une note du rapport sur le Nigeria, un pays où la violence contre les chrétiens a atteint des sommets étonnants, est particulièrement révélatrice et alarmante. "Malgré la persistance des problèmes de liberté religieuse dans le pays, note le rapport, en novembre, le Département d'État américain n'a pas désigné le Nigéria comme un pays particulièrement préoccupant (CPC) pour avoir commis des violations particulièrement graves de la liberté religieuse.

    Le rapport de cette année désigne 17 pays comme des pays particulièrement préoccupants (CPC). Il s'agit de pays dont les gouvernements sont impliqués dans des violations majeures ou notables de la liberté de religion, de conviction et de croyance. La liste comprend les 12 pays que le département d'État a lui-même désignés comme CPC en novembre 2022, à savoir la Birmanie, la Chine, Cuba, l'Érythrée, l'Iran, le Nicaragua, la Corée du Nord, le Pakistan, la Russie, l'Arabie saoudite, le Tadjikistan et le Turkménistan, auxquels s'ajoutent cinq autres pays : Afghanistan, Inde, Nigeria, Syrie et Vietnam.

    Table des matières

    Cuba et Nicaragua
    Etats et privés
    Chine
    Russie
    Cuba et Nicaragua

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  • Quand le mariage gay est devenu un point de repère de l'identité flamande d'aujourd'hui

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    De Johan Bruynseraede sur doorbraak :

    Canon flamand : le mariage gay comme point de repère

    12/05/2023

    Le nouveau canon flamand ("60 événements, dates, personnes, traditions, livres, objets et œuvres d'art qui définissent la Flandre d'aujourd'hui") présente le mariage homosexuel comme une référence positive importante pour la Flandre : "En 2003, la Belgique était le deuxième pays au monde, après les Pays-Bas, où les personnes de même sexe pouvaient se marier. Pour le mouvement LGBT, il s'agissait d'une avancée importante. Il y a eu très peu d'opposition de la part des politiciens et de la presse".

    Cependant, cette présentation des faits ne mentionne pas du tout l'éléphant connu dans la pièce. Et les faits sont qu'elle a totalement changé la substance de l'institution du mariage.

    Le cardinal Francis George de Chicago l'a dit en 2013 : Une proposition visant à modifier la vérité concernant le mariage dans le droit civil est moins une menace pour la religion qu'un affront à la raison humaine et au bien commun d'une société. Cela signifie que nous devons tous faire semblant d'accepter quelque chose qui est physiquement impossible. Le législateur pourrait tout aussi bien abroger la loi de la gravité.

    En 2016, le pape François a écrit sur la joie de l'amour Amoris Laetitia. Personne ne peut penser que l'affaiblissement de la famille, en tant que forme naturelle de vie commune fondée sur le mariage, profite à la société. C'est le contraire qui se produit : cela nuit au développement des enfants, à la culture des valeurs communes et au développement moral des villes et des villages. Il n'y a plus de conscience claire que seule l'union exclusive et indissoluble entre mari et femme remplit pleinement une fonction sociale, car c'est un engagement durable qui permet la fécondité".

    Nous devons reconnaître la grande variété de situations familiales qui peuvent offrir une certaine protection, mais les unions de fait ou les partenariats entre personnes de même sexe, par exemple, ne peuvent simplement pas être comparés au mariage. Aucune union provisoire ou excluant la procréation ne peut assurer l'avenir de la société. Mais qui se préoccupe aujourd'hui de soutenir les familles, de les aider à surmonter les dangers qui les menacent, de les guider dans leur tâche éducative, de promouvoir la stabilité de l'union conjugale ?

    Qui se préoccupe aujourd'hui de (...) promouvoir la stabilité de l'union conjugale, demande le pape. Dans le texte ci-dessus du nouveau canon, nous lisons la réponse : "Du côté de la politique et de la presse, il n'y avait plus guère d'opposition". L'institution du "mariage" était déjà en jeu en Flandre bien avant 2003. L'ouverture aux couples de même sexe n'est donc plus perçue depuis longtemps comme une abrogation de la loi de la gravité. L'amour est l'amour et le mariage pour tous.

    Un canon flamand pourrait donc inclure le mariage homosexuel, mais pas nécessairement de la manière dont cela se fait aujourd'hui. Le professeur Herman De Dijn l'a également fait dans son livre Vloeibare waarden (valeurs fluides) : "À la fin de l'ère moderne, l'institution du mariage est également devenue fluide. Ce n'est plus un "sacrement" qui transforme notre être (en mari ou en femme) ; c'est devenu un instrument dans la construction du style de vie des individus".

    Mais le fait que le canon flamand favorise la construction de la vie (ingénierie sociale) ressort clairement du reste du texte : "(...) La nouvelle législation pénalise la discrimination sur la base de l'orientation sexuelle et, depuis 2013, également sur la base de l'identité de genre. Toutefois, malgré l'égalité juridique, les personnes LGBTQ+ continuent d'être confrontées à la discrimination et à l'homophobie". (Voir aussi le canon sur la pilule).

    Le pape écrit également à ce sujet dans De la joie de l'amour : "Un autre défi émerge dans les diverses formes d'idéologie du genre qui nie la différence et la réciprocité naturelle de l'homme et de la femme. Elle envisage une société sans différence entre les sexes et érode la base anthropologique de la famille. (...) Comprendre la fragilité humaine ou la complexité de la vie est une chose, mais accepter des idéologies qui cherchent à séparer ces deux aspects inséparables de la réalité en est une autre".

    Du canon flamand, je devrais donc conclure - sur ce point - que le Flamand a pleinement embrassé et accepté l'idée de l'ingénierie sociale de la vie et, ce faisant, s'est également détaché de l'Église catholique romaine et de toute idéologie conservatrice (que je retrouve aujourd'hui chez de grands défenseurs du mariage tels que le professeur Robert P. George, Ryan T. Anderson, Mary Eberstadt, Sherif Girgis, Patrick Lee, Elizabeth Anscombe, John Finnis, Melissa Moschella, Madeleine Kearns, Patrick J. Deneen, Ryszard Legutko). Il s'agirait en effet d'un fait qui, s'il existe, devrait être inclus dans un canon flamand, tout simplement. Mais est-ce le cas ?

  • Moyen Age : une société modelée tout autant par les hommes que par les femmes

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    De Paul Vaute sur "le Passé belge" :

    Pas si mâle, le Moyen Age…

    Mai 12

       Cela fait longtemps déjà qu'elle a pris du plomb dans l'aile, l'image toujours répandue du Moyen Age comme une longue nuit violente dominée par les hommes – rois, chevaliers, clercs. Régine Pernoud, dans La femme au temps des cathédrales (1980), voyait dans cette représentation une projection sur les siècles antérieurs de la condition féminine dégradée par le retour en force du droit romain aux temps modernes. A l'opposé cependant, Georges Duby défendit l'idée d'un Mâle Moyen Age (1988), avec pour principal argument que les sources ont presque toujours des hommes pour auteurs.

       Le professeur au Collège de France n'en invitait pas moins à poursuivre le travail qui, dans son cas, se limitait au XIIe siècle. Car à mesure qu'on avance dans le temps s'accroît la masse des documents où s'exprime directement le sexe qu'on ne peut plus appeler faible. Le milieu citadin, en particulier, s'avère des plus riches à cet égard, les activités y impliquant le recours à l'écrit davantage qu'en milieu rural. C'est sur ce Moyen Age tardif – en gros, la période 1350-1550 –, et essentiellement dans le cadre du duché de Brabant ainsi que de la seigneurie enclavée de Malines, qu'a porté l'enquête dirigée par Jelle Haemers, Andrea Bardyn et Chanelle Delameillieure, tous trois liés à la Katholieke Universiteit Leuven (KU Leuven) [1]. Et leurs conclusions corroborent très largement la thèse de Régine Pernoud: les textes les ont mis en présence d'une société "modelée tout autant par les hommes que par les femmes" (p. 215).

  • François et Giorgia Meloni : même combat contre la dénatalité

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    De Jean-marie Guénois sur le site du Figaro :

    À Rome, la natalité rapproche le pape et Giorgia Meloni

  • Les athlètes trans n'ont rien à faire dans les compétitions sportives des femmes

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    De

    Marguerite Stern : «Pourquoi les athlètes trans n'ont rien à faire dans les compétitions sportives des femmes»

    Marguerite Stern est une militante féministe à l'origine des collages contre les féminicides . Ancienne membre des Fémen, elle est, avec Dora Moutot, à l'origine du lancement de la plateforme «Femelliste» . Ce manifeste en ligne entend «s'opposer aux législations qui effacent le sexe au profit de la notion d'identité de genre».

     

    Régulièrement, la twittosphère française s'émeut de voir qu'à l'international, des hommes se déclarant «femmes trans», remportent des compétitions sportives féminines. Nous observons ce folklore de loin en pensant que cela n'arrivera jamais dans notre pays, que l'Amérique c'est l'Amérique. Et bien pour la première fois en France, c'est arrivé : un homme a remporté une compétition sportive féminine. Halba Diouf, qui selon France Culture cumule glorieusement les oppressions («femme trans, noire et musulmane»), a remporté une course départementale de 200 m féminin ce dimanche 7 main avec un temps de 22”67. Je précise que la Fédération française d'athlétisme (FFA), en dépit des règles émises par la Fédération internationale d'athlétisme, lui a interdit de participer aux compétitions nationales, mais l'a autorisé à concourir jusqu'au niveau départemental — mais ne prend heureusement pas en compte ses performances pour d'éventuels records. Il n'en demeure pas moins que cet homme a volé le podium de femmes ayant travaillé dur pour en arriver là. Analyse d'un scandale qui ne dit pas son nom.

    Depuis trois ans, je m'oppose publiquement au transgenrisme que je définis comme une idéologie qui voudrait nous faire avaler que le sexe est un «construit social» — comme l'écrit le Planning familial dans son lexique trans — ; que changer de sexe est possible pour les mammifères que nous sommes ; que la dichotomie femelle / mâle est une invention de l'esprit ; en bref, que la sexuation est un mythe. «Et si les faits disent autre chose, les faits doivent être modifiés», disait Orwell dans 1984.

    Je trouve cette idéologie fantasque ; et intellectuellement, elle me divertit. Mais le problème c'est que son effraction dans le réel cause beaucoup trop de dégâts pour la reléguer au statut de simple amusement. J'observe tous les jours sa progression en France — y compris dans les institutions étatiques (sphère législative, services publics, etc).

    Aujourd'hui, il est question de sport, et plus précisément de l'incroyable performance d'Halba Diouf qui a réussi l'exploit de se hisser à la 58e place mondiale alors qu'il stagnait à la 980e place nationale. Parce que Monsieur s'administre des œstrogènes. Parce que Monsieur déclare être une femme. Parce que si Monsieur affirme être une femme, alors c'est qu'il est en une.

    Il ne suffit pas de s'injecter des hormones contraires ; ni de subir une ablation des parties génitales avec reconstruction d'un simulacre du sexe contraire (ce que les transgenristes appellent « opération de réassignation sexuelle ») pour « changer de sexe ».

    Marguerite Stern

    Connaissez-vous la loi dite de Brandolini ? On peut la résumer comme le principe selon lequel la quantité d'énergie nécessaire pour réfuter des inepties est toujours supérieure à celle nécessaire pour les produire. C'est parti.

    Jusqu'à présent, nous avons toujours nommé la femelle Homo Sapiens femme et le mâle Homo Sapiens homme ; de la même façon, nous nommons par exemple chattes les individus Felis catus femelles et chats les individus Felis catus mâles, etc. Il n'y a aucune raison pour que ça change. «Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde», disait Albert Camus.

    La sexuation d'un être humain se manifeste dans toutes les cellules de son corps — à l'exception des cellules sanguines. Il ne suffit pas de s'injecter des hormones contraires ; ni de subir une ablation des parties génitales avec reconstruction d'un simulacre du sexe contraire (ce que les transgenristes appellent «opération de réassignation sexuelle») pour «changer de sexe». «Changer de sexe» est impossible ; cette expression est un abus de langage.

    Une fois ces faits énoncés, nous pouvons en déduire que lorsqu'on naît homme, on demeure homme, et que lorsqu'on nait femme, on demeure femme. Jusqu'à preuve du contraire. Jusqu'à ce que la médecine soit en capacité de changer les informations chromosomiques de chacune de nos cellules, jusqu'à ce qu'une nouvelle technologie puisse modifier nos os, nos ligaments, notre taux d'hémoglobine, etc. ; notre sexuation demeure immuable et nous ne pouvons pas faire abstraction de notre innéité.

    Chez l'être humain, le sexe est déterminé par la 23e paire de chromosomes : XX pour les femelles ; XY pour les mâles. Les chromosomes comportent des gènes qui déterminent nos caractéristiques physiques, physiologiques, ainsi que certaines caractéristiques mentales.

    Les différences physiques entre les individus mâles et femelles sont nombreuses. Parmi celles qui ont un impact sur les performances sportives, on peut par exemple citer :

    - la production d'hormones ;

    - la fonction cardiaque — elle est généralement plus rapide chez les femmes qui atteignent plus rapidement leur pouls maximum lors d'un effort, certaines de leurs artères sont plus courtes, et leurs coeurs sont environ 30% plus petits ;

    - la consommation d'oxygène — l'hémoglobine (qui sert à transporter l'oxygène) est en proportion plus élevée chez les hommes que chez les femmes ;

    - la répartition des graisses ;

    - la taille — les femmes sont en moyenne 10% plus petites que les hommes, tous groupes ethniques confondus ;

    - l'ossature ;

    - la masse musculaire — en moyenne 35% de la masse totale chez les hommes contre 28% chez les femmes ;

    - la qualité des ligaments — ceux des femmes permettent plus de laxité ; ceux des hommes qui permettent plus d'explosivité.

    De la même manière que toute société ne peut fonctionner sans lois, toute compétition sportive ne peut fonctionner sans règles ; il n'y a aucune raison logique pour léser l'intérêt des femmes au profit des intérêts de quelques hommes.

    Marguerite Stern

    Ces différences influent sur les capacités sportives. À titre d'exemple, le record du 100m féminin est de 10”49, et le masculin de 9”58. L'écart est de quasiment 1”, c’est-à-dire à peu près 10% du temps total de la course ; il reflète l'écart moyen entre les performances des femmes et des hommes à un niveau international. Serena Williams l'affirme elle-même : elle perdrait «6-0, 6-0 en cinq minutes face à Andy Murray».

    Néanmoins, dans des disciplines comme la natation synchronisée, ou la gymnastique — qui sont moins valorisées—, les performances des femmes dépassent celles des hommes. On voit étonnamment moins de femmes trans voler les podiums des femmes dans ces sports-là.

    Il est vrai qu'un homme sous œstrogène perd une partie de ses capacités musculaires, mais il garde globalement le reste de ses capacités inchangé.

    De la même manière que toute société ne peut fonctionner sans lois, toute compétition sportive ne peut fonctionner sans règles ; il n'y a aucune raison logique pour léser l'intérêt des femmes au profit des intérêts de quelques hommes.

    Les femmes ont dû batailler pour arracher la possibilité d'avoir accès à leurs propres compétitions sportives. Kathrine Switzer en est un exemple superbe. Cela est aujourd'hui remis en question. C'est un retour en arrière grave. Les hommes n'ont rien à faire dans les compétitions sportives des femmes.

  • Pénurie de prêtres : à Milan aussi

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    De Giampiero Rossi sur le Corriere della Sera :

    Milan, le dernier prêtre de moins de 30 ans sera ordonné en 2039. L'avenir ? Pas même un prêtre pour échanger".

    Projection statistique de la Curie Ambrosienne sur l'effondrement des vocations. Le nombre de prêtres devrait diminuer de plus de 37% (avec de plus en plus de prêtres âgés de plus de 70 ans). Brambilla, professeur de théologie : "Il faudra maigrir sans avoir peur" -- En l'an de grâce 2039, l'archidiocèse ambrosien pourrait accueillir le dernier nouveau prêtre de moins de 30 ans. Car pour l'année suivante, les projections statistiques n'en voient pas arriver un seul. Pour l'instant, ce n'est qu'une suggestion de modèle numérique, mais l'idée est claire et nette. Et c'est l'Église milanaise elle-même qui développe cette réflexion statistique, en publiant dans le nouveau numéro de la revue "La scuola cattolica" les résultats d'une étude - qui sera présentée demain au séminaire diocésain de Venegono, dans le cadre de la "Fête des fleurs" - réalisée avec l'Université catholique, qui esquisse un scénario dans lequel la population de prêtres est destinée à diminuer.

    La ligne de tendance avait déjà été identifiée dans une étude similaire en 2010, mais les données proposées par l'étude menée par Andrea Bonanomi, Giulia Rivellini (chercheur et enseignant à l'Université catholique) et Paolo Brambilla (professeur de théologie au séminaire) sont impitoyablement détaillées. Après avoir illustré les dynamiques démographiques en Lombardie et mesuré également le nombre de baptêmes, de mariages et de pratiques religieuses, les trois chercheurs proposent un modèle statistique qui ouvre une fenêtre sur l'avenir des paroisses et arrivent à la conclusion que - de manière prévisible - en 2040, les prêtres ambrosiens seront encore réduits de 37,7 %, passant des 1 694 actuels à 1 055. Et du point de vue de l'âge, le scénario sera encore plus marqué : les prêtres de moins de 40 ans diminueront de 56,7%, passant de 194 à 84 (également en raison de l'augmentation de l'âge d'entrée au séminaire), tandis que ceux de moins de 75 ans passeront de 1.206 à 767, soit une baisse de 36,4%. 

    Le calcul de la future "population sacerdotale", c'est-à-dire des prêtres, repose sur l'équation suivante : P=P+O-A-M+(I-E). C'est-à-dire : le nombre de l'année précédente, plus les nouveaux ordonnés, moins ceux qui ont "quitté le ministère" et les défunts, plus le solde des prêtres qui sont arrivés dans le diocèse et ceux qui ont déménagé. À partir de cette formule, les chercheurs ont esquissé quatre scénarios différents, basés sur la ligne de tendance des nouvelles ordinations, les statistiques de mortalité masculine et le nombre moyen de départs. Ces scénarios vont des 17 ordinations annuelles prévues dans l'hypothèse la plus optimiste aux 7 du scénario pessimiste, en passant par les 12 de l'hypothèse définie comme "réaliste", pour arriver au quatrième scénario, le scénario "statistique", qui se base sur la tendance des 30 dernières années. C'est-à-dire de 30 admissions en 2014 à 6 en 2022, sur lesquelles un effet pandémique semble également avoir pesé, considéré comme inférieur même à la diminution prévue.

    L'histoire dit que de 2 200 prêtres diocésains en 1998, nous sommes arrivés à 1 737 en 2020, et qu'en 2040, ce chiffre pourrait tomber à 1 147 dans le scénario le plus optimiste, à 958 dans le scénario pessimiste, et à 1 050 selon l'analyse statistique des tendances. L'étude prévoit également la répartition des prêtres au cours des 20 prochaines années dans les zones de Milan, c'est-à-dire les doyennés. Par exemple, à Affori, il y aura une réduction de 16 à 10 prêtres, dont aucun de moins de 40 ans, et il en va de même dans de nombreuses autres zones, puisque dans le périmètre milanais, d'ici 2040, le modèle statistique prévoit une réduction de 353 à 220 prêtres, dont seulement 14 de moins de 40 ans.

    Nous connaissions ces tendances", explique Paolo Brambilla, "mais une analyse approfondie était nécessaire pour réfléchir à la manière de réorganiser les structures et le travail, et pour comprendre la fatigue de nos prêtres au cours de ces années, pendant lesquelles ils ont continué à maintenir les oratoires ouverts, à promouvoir tant d'activités et à agir selon le modèle de proximité des années 60 et 70, même s'ils étaient de moins en moins nombreux. Il faudra revoir quelque chose, poursuit le père Brambilla, il faudra rationaliser sans avoir peur, conscients que nous ne pouvons pas aller partout, et les fidèles devront aussi se faire à l'idée qu'il n'y aura pas toujours un prêtre disponible pour échanger". Une grande prise de conscience : "Oui, une opération réaliste pour évaluer ce qu'il faut faire avec ce que nous aurons à disposition et pour mettre les prêtres en situation d'aller de l'avant. Mais dans son histoire, l'Eglise a connu des crises bien plus graves".

  • "C'est la biologie qui détermine le sexe, pas la culture"

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    De Franca Giansoldati sur Il Messaggero :

    La théorie du genre se répand en Europe et l'Église du pape François s'alarme : "C'est la biologie qui détermine le sexe, pas la culture"

    L'idéologie du genre qui se répand rapidement et qui est véhiculée avec une certaine emphase depuis Bruxelles - comme l'a également dénoncé le pape François lors de son dernier voyage en Hongrie - est pour l'Église quelque chose d'alarmant, d'erroné et qui doit être corrigé. Le cardinal suédois Anders Arborelius a repris le fil de ce discours délicat, point de référence au niveau européen pour une Église déterminée à prendre position. Il y a peu, Mgr Arborelius a également promu un important document signé par les conférences épiscopales scandinaves. Le cardinal souligne à présent que c'est la nature, la biologie qui détermine le sexe des individus, et non pas tant la culture. Fondamentalement, l'être humain reste toujours un être humain, qu'il soit homme ou femme. C'est ainsi que Dieu nous a voulus", a-t-il déclaré dans une interview accordée à l'hebdomadaire catholique Die Tagespost. Même si l'homme et la femme choisissent un autre sexe, ils restent ce qu'ils sont", ajoutant qu'"il y a des idéologies avec lesquelles - pour l'Église - il est très difficile d'entrer en dialogue". (...)

    Le cardinal d'Utrecht, Wilhelm Jacobus Eijk, est depuis quelque temps à l'avant-garde de cet engagement, insistant sur le fait que l'Église catholique doit être consciente que la théorie du genre est "non seulement un problème social, une subversion des rôles biologiques des hommes et des femmes", mais aussi une menace pour l'évangélisation, car elle remet en question les concepts mêmes de paternité et de procréation qui sont à la base de "l'annonce de Dieu en trois personnes, Dieu le Père, le Christ en tant que fils de Dieu le Père, fait homme, et Marie en tant qu'épouse de l'Esprit Saint".

    Le cardinal Gerhard Müller, théologien et ancien préfet de la Congrégation de la foi, analyse également de manière négative la théorie du genre, selon laquelle le sexe n'est pas déterminé biologiquement, mais un fait culturel (au point d'imaginer l'administration de médicaments aux enfants pré-pubères pour ralentir leur croissance jusqu'à ce qu'ils aient décidé de leur sexe). "Cette idéologie est aussi dangereuse que le stalinisme et l'hitlérisme et va totalement à l'encontre de la nature humaine. "Toute l'humanité existe à partir de la relation entre un homme et une femme, dans la famille, dans le mariage, et il y a un grand potentiel dans la relation entre l'homme et la femme", a poursuivi le cardinal. En tant que chrétiens, nous sommes totalement convaincus que Dieu a créé l'homme et la femme, et c'est pourquoi nous devons inviter les jeunes à trouver chacun leur propre identité, un garçon doit devenir un homme adulte, une fille doit s'identifier à son propre genre, créé et voulu par Dieu, en tant que femme et en tant que mère possible".

  • « Quitter l'Église pour rester catholique » ? Le dilemme auquel sont confrontés les catholiques allemands fidèles

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    La voie synodale : vers une nouvelle querelle des indulgences en Allemagne ? Lu sur le site du National Catholic Register :

    Indulgence BNH2QNMMINBERPFKKY665WN7HY.jpg« Un nombre croissant de catholiques allemands pratiquants ne veulent pas financer la trajectoire controversée de l'Église locale dans le sillage du Chemin synodal ; mais la seule façon de ne pas payer la « taxe d'église » est de se désaffilier officiellement de l'Église catholique en Allemagne – et de risquer de perdre l'accès aux sacrements.

    David Rodriguez, un double citoyen germano-espagnol qui vit en Allemagne depuis 30 ans, aime sa foi catholique. Paroissien de St. Herz Jesu à Berlin, il dit au Registre que "les sacrements sont comme l'eau dont j'ai besoin pour la vie spirituelle". Mais alarmé par la voie synodale allemande officiellement soutenue – qui plus tôt cette année a accepté un éventail de résolutions qui s'écartent des enseignements établis de l'Église – et désespéré de cesser d'y contribuer financièrement, Rodriguez envisage une mesure qui, selon la pratique actuelle de l'Église en Allemagne, mettrait en péril son accès aux sacrements : se désaffilier légalement de l'Église catholique en Allemagne. C'est une étape dramatique, celle qui implique de renoncer publiquement à son appartenance à l'Église devant un fonctionnaire du gouvernement. Cette décision est largement considérée en Allemagne comme une "auto-excommunication" de facto, car ceux qui la subissent sont techniquement exclus de l'Eucharistie, de la pénitence, des autres sacrements et même d'un enterrement chrétien. La participation ecclésiale est également restreinte, car il est également interdit d'exercer une fonction ou un emploi dans l'Église, de participer à des conseils diocésains ou paroissiaux et même de servir de parrain.

    Mais à part embrasser la pauvreté volontaire, la désaffiliation est actuellement le seul moyen possible pour un adulte officiellement enregistré comme catholique en Allemagne de cesser de payer le Kirchensteuer (taxe d'église) obligatoire, qui fournit la majorité du financement aux diocèses catholiques d'Allemagne et, à son tour, probablement le chemin synodal. Et avec le vote de la voie synodale pour mettre en œuvre une foule de résolutions hétérodoxes lors de son assemblée finale en mars dernier - y compris des bénédictions pour les relations homosexuelles, la pression pour la tentative d'ordination des femmes et la prise de mesures préparatoires pour établir un conseil synodal permanent qui a été interdit par le Vatican — continuer à contribuer viole la conscience de nombreux catholiques allemands qui désirent être fidèles à l'Église universelle.

    Ainsi, alors que bon nombre des personnes parmi le nombre record de personnes se désaffiliant de l'Église catholique en Allemagne le font probablement par désir de ne plus financer une foi qu'elles ne croient plus ou ne pratiquent plus , les fidèles catholiques comme Rodriguez envisagent de plus en plus de renoncer à leur adhésion pour un raison différente - et posent la question, à la lumière de la trajectoire problématique continue du Chemin synodal en Allemagne, s'ils doivent "quitter l'Église pour rester catholiques" - ou du moins ne pas continuer à violer leur conscience.

    'La dernière paille'

    Selon Birgit Kelle, porte-parole du groupe laïc allemand New Beginning (Neuer Anfang), qui a critiqué la voie synodale, "pas un jour ne se passe" sans que l'organisation ne soit contactée par des catholiques allemands consternés par la direction du l'Église locale et demandant s'ils devaient quitter la structure de l'Église allemande pour éviter de la financer.  Kelle a déclaré au Register que le Kirchensteuer est depuis longtemps une source de frustration pour les fidèles allemands, mais les actions de la Voie synodale n'ont fait qu'intensifier l'inquiétude. 

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  • "Bannir une expression religieuse ou laïque de l’espace public constitue un déni de démocratie" (Eric de Beukelaer)

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    Une chronique d’Eric de Beukelaer, prêtre (1), en "contribution externe", sur le site de La Libre :

    Oui à la laïcité. Non au laïcisme.

    Le laïcisme est la tentation de se créer une nouvelle religion d’État... laïque, où le libre-examen a valeur de dogme absolu. Je m'inscris totalement en faux par rapport à cela.

    Diverses voix veulent inscrire la laïcité dans notre Constitution. Je me suis toujours méfié de cela, y voyant un piège laïciste. L’actualité récente me conforte dans cette attitude. De zélés avocats du libre-examen ont récemment désapprouvé que les évêques interviennent dans un débat aussi éthiquement chargé, que l’allongement de la dépénalisation de l’avortement. Quand je m’en suis indigné, un professeur de droit constitutionnel a même invoqué la possibilité de poursuites aux termes de l’article 268 du code de droit pénal. Le laïcisme est une vision doctrinaire de la laïcité, considérant que l’absence de religion est l’unique chemin pour construire le bien commun. Il condamne, ce faisant, tous représentants d’un culte à une forme de “dhimmitude”. Étant étrangères à la construction du bien commun, les religions ne seront tolérées, que si elles ne polluent pas l’espace publique et restent confinées aux sacristies. Bref, le laïcisme est la tentation de se créer une nouvelle religion d’État… laïque, où le libre-examen a valeur de dogme absolu.

    A contrario, et avec la tradition catholique, je défends la laïcité politique, soit une saine différenciation entre politique et convictions religieuses. C’est la raison critique qui fait battre le cœur de la démocratie. “L’homme est un animal politique”, enseignait Aristote, “parce qu’il est un animal qui raisonne”. (Politiques, I 2). Le seul langage capable de fonder une démocratie, est le langage de la raison. Sa grammaire logique et sa visée critique font en sorte que la raison offre à des personnes de convictions différentes d’écouter l’autre sans a priori, afin d’arriver à prendre avec lui une décision commune au bien de la Cité. C’est la raison qui donne, non pas de voir en l’autre d’abord le “juif”, le “chrétien”, le “musulman”, ou le “libre-exaministe”, mais bien le citoyen qui défend son point de vue avec des arguments accessibles à toute personne normalement intelligente, quelle que soit sa conviction religieuse ou philosophique. C’est également la raison qui donne de distinguer le domaine de la science et celui de la foi. Les religions et autres convictions philosophiques n’ont pas compétence pour trancher des questions scientifiques (le “comment cela fonctionne”), comme, par exemple, la théorie de l’évolution. Leur registre de discours concerne le sens des choses (le “pourquoi il en est ainsi”).

    La laïcité politique est un rempart contre la tentation de prendre l’État de droit en otage. Cela vaut pour les religions (danger théocratique), comme pour le libre-examen (tentation laïciste). Bannir une expression religieuse ou laïque de l’espace public, constitue un déni de démocratie – le glissement vers une forme de démocrature soft. De plus, il s’agit d’une impasse sociétale. Quand elles ne sont plus irriguées par la spiritualité que charrient les religions ou convictions non religieuses, les sociétés implosent par perte de sens. Un athée me confia récemment qu’il se sentait radicalement seul face aux décisions existentielles. Je lui ai répondu que l’humanisme chrétien voyait en chacun une “personne” (un être de relation), plutôt qu’un individu (un atome séparé des autres). Avec d’autres, le christianisme apporte à la société une vision de l’homme, qui dépasse l’opposition abstraite entre individu et collectivité. L’humain concret est relationnel, d’où l’insistance du personnalisme chrétien sur la société civile. Les religions et chapelles libre-exaministes en font partie. Ne les excluons donc pas de l’espace public et de ses débats, au risque de faire le lit des dérives autocratiques. Suite aux récentes polémiques, un intellectuel en marge de la démocratie, m’écrivit : “voilà la preuve que le débat démocratique est une farce. Tout n’est que conflit et il s’agit de le gagner”. Amis laïques, ne lui donnons pas raison.

    (1) http://www.ericdebeukelaer.be/