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Solidarité - Page 37

  • La liturgie et les migrants : considérations chrétiennes sur le devoir d'hospitalité

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    Du Père Simon Noël osb, moine au monastère de Chevetogne, sur son blog :

    La liturgie et les migrants

    Considérations chrétiennes sur le devoir d'hospitalité

    La question des migrants est à l'ordre du jour et suscite des débats passionnés. Sur ce sujet comme sur d'autres, l’Église tient les deux bouts de la corde : accueil de l'étranger et nécessité aussi de sauvegarder le bien commun du pays qui accueille.

    L’Évangile nous demande d'accueillir l'étranger, le voyageur, le pèlerin, et d'une manière générale toute personne en difficulté et qui a besoin de notre aide. Notre maison doit être ouverte à toute détresse. Notre devoir vis-à-vis des migrants qui viennent chercher refuge chez nous doit être une attitude de sympathie, d'estime, d'ouverture.

    Toutefois, si l'hospitalité est sacrée, et l'orient là-dessus nous donne souvent un témoignage émouvant (car on sait se mettre là-bas dans la gêne pour accueillir à l'improviste qui que ce soit), il existe aussi ce que les orientaux appellent l'abus de l'hospitalité. Lorsque la personne accueillie ne respecte pas certaines règles, alors on a le droit, voire le devoir, de la mettre dehors. La bonté ne doit pas se transformer en bêtise.

    La règle de saint Benoît demande aux moines d'accueillir les hôtes, surtout les pauvres et les pèlerins, comme le Christ. Mais il est dit ceci quand quand un hôte survient au monastère: Dès qu'un hôte est annoncé, le supérieur et les frères iront l'accueillir avec une charité toute prête au dévouement. D'abord qu'ils prient en commun, ensuite qu'ils communient dans la paix; mais ce baiser de paix ne sera pas offert sans que la prière l'ait précédé, à cause des illusions diaboliques (Règle, chap. 53). Concernant l'accueil d'un moine venu d'ailleurs, la Règle bénédictine est formelle: Si, pendant le temps de son hébergement, on le trouve exigeant et vicieux, non seulement il ne faut pas l'agréger au corps du monastère, mais on devra lui dire honnêtement de se retirer, pour que sa misère n'en contamine pas d'autres (Règle, chap. 61).

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  • Congo : une chute inexorable…qui nous concerne

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    De Marie-France Cros dans « La Libre Belgique » de ce jour et sur le site « La Libre Afrique » sous le titre « RDC: une chute inexorable » :

    virunga-national-park-1-681x511.jpg" Alors que l’Organisation mondiale de la Santé a lancé ce week-end un cri d’alarme au sujet de l’épidémie de choléra qui s’est propagée à 20 des 26 provinces du Congo sans que le gouvernement de Kinshasa réagisse, le Premier ministre Bruno Tshibala poursuit son séjour à Paris à la recherche d’appuis pour un régime mal en point et tenterait d’y négocier une visite du président hors mandat Joseph Kabila.

    Car, ayant passé le plus clair de ces dernières années à préparer son maintien anticonstitutionnel au pouvoir, le chef de l’État a peu travaillé au bien-être des 80 millions de Congolais. La tension que cela crée – ainsi que l’insécurité juridique dans un pays où la famille Kabila s’est extraordinairement enrichie – font fuir les investisseurs et provoquent une chute régulière du franc congolais depuis 2016; rien que depuis le début 2017, il a perdu plus de 55 % de sa valeur. Kinshasa en rejette la faute sur la chute des prix des matières premières; cela a été vrai mais, depuis septembre 2016, le cours du cuivre ne cesse d’augmenter, alors que la production congolaise de métal rouge a été multipliée par trois depuis 2011.

    Après avoir beaucoup vilipendé les Occidentaux qui ont pris des sanctions contre les principaux responsables des violations des droits de l’homme, Kinshasa a, il y a quelques mois, demandé leur aide financière. En juin, le Fonds monétaire international (FMI) a insisté pour que Kinshasa promulgue un calendrier électoral (toujours absent, alors que la date limite de convocation des élections tombe ce mois-ci) et mette en œuvre des mesures de décrispation politique (alors que le nombre de détenus politiques n’a jamais été aussi élevé).

    Aujourd’hui, le Congo est donc comme une grange où se promèneraient des fumeurs : la moindre flammèche peut y provoquer un incendie.

    En raison de la chute du franc congolais, de nombreuses stations à essence avaient fermé, fin août – après plusieurs hausses du prix au consommateur depuis le début de l’année – les pétroliers assurant vendre le carburant à perte; une commission mixte a été créée début septembre pour trouver une solution.

    La chute du franc et le mauvais état des routes ont aussi entraîné une hausse des prix des denrées alimentaires, qui doublent ou triplent par rapport aux derniers mois selon l’aliment et le lieu considérés. Or, on sait que septembre et décembre sont les mois les plus “explosifs” au Congo en raison du désespoir que causent, dans la population, l’impossibilité de financer la rentrée scolaire et celle de bien manger au moins à Noël.

    La rentrée scolaire du 4 septembre a été peu honorée à Kinshasa, dans le Sud-Ubangui et l’Équateur (nord-ouest du pays), et à Kisangani (nord-est) notamment, à cause des difficultés de paiement des parents et d’une grève des enseignants qui réclament une hausse de leur pouvoir d’achat, amputé de moitié. De nombreux fonctionnaires ont d’importants arriérés de salaire.

    Et alors que la Banque centrale a tout juste de quoi payer seulement deux semaines d’importations – dans un pays si mal géré qu’il importe presque tout – son gouverneur, au début du mois, dénonçait dans “l’État” le “premier mauvais client” des banques du pays.

    Comment arrêter l’inexorable chute du Congo?"

    Ref. RDC : Une chute inexorable

    Le Congo paie toujours les conséquences du péché originel commis par la Belgique : celui d’une indépendance jetée à la figure des autochtones dans l’impréparation la plus totale après 18 mois (janvier 1959-juin 1960) de tergiversations incohérentes et irresponsables. Un bon demi-siècle plus tard, Ponce-Pilate continue à secouer la tête:  azali likambo na ngai mosusu te…

    JPSC

  • Le pape est revenu sur la question de l'accueil des migrants

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    D'Hélène Ginabat sur zenit.org

    Accueil des migrants: « le cœur toujours ouvert, prudence et intégration »

    Conférence dans l’avion Cartagena-Rome

    « Le cœur toujours ouvert, prudence et intégration, et proximité humanitaire. » C’est l’attitude que le pape François préconise dans l’accueil des migrants, devant les journalistes qui l’ont accompagné en Colombie.

    Dans l’avion qui le ramenait de Cartagena à Rome, le 11 septembre 2017, lors de sa traditionnelle conférence de presse de retour de ses voyages, le pape a dénoncé la tentation d’ « exploiter l’Afrique » : « investissons là-bas pour qu’ils se développent… Nous devons renverser cela. L’Afrique est une amie et il faut l’aider à grandir ».

    Chaque gouvernement, a-t-il aussi souligné doit gérer la question des migrants « avec la vertu propre au gouvernant, à savoir la prudence. Qu’est-ce que cela signifie ? D’abord, combien de places j’ai. Deuxièmement, ne pas seulement recevoir, (mais) intégrer ».

    Voici notre traduction des paroles du pape transcrites par le quotidien de la Conférence épiscopale italienne Avvenire.

    Récemment l’Église italienne a exprimé une sorte de compréhension envers la nouvelle politique du gouvernement de restreindre sur la question des départs de la Libye et par conséquent des débarquements. On a aussi écrit que, sur ce point, vous avez rencontre le président du Conseil, Gentiloni. Nous voudrions savoir si cette rencontre a eu lieu et si cette question a été abordée. Et surtout, que pensez-vous de cette politique de fermeture des départs, considérant aussi le fait qu’ensuite les migrants qui restent en Libye, comme cela a été prouvé par des enquêtes, vivent dans des conditions inhumaines, dans des conditions vraiment très précaires. Merci.

    Avant tout, la rencontre avec le (premier) ministre Gentiloni a été une rencontre personnelle et non sur cette question. C’était avant ce problème qui a émergé quelques semaines plus tard… Deuxièmement, je ressens un devoir de gratitude envers l’Italie et la Grèce parce qu’elles ont ouvert leur cœur aux migrants. Mais il ne suffit pas d’ouvrir son cœur. Le problème des migrants est : premièrement, un cœur ouvert, toujours, entre autres parce que c’est un commandement de Dieu, recevoir, parce que « tu as été esclave », migrant, en Égypte. Mais un gouvernement doit gérer ce problème avec la vertu propre au gouvernant, à savoir la prudence. Qu’est-ce que cela signifie ? D’abord, combien de places j’ai. Deuxièmement, ne pas seulement recevoir, (mais) intégrer. J’ai vu ici, en Italie, des exemples de très belle intégration. Je suis allé à l’Université Roma Tre, quatre étudiants m’ont posé des questions. J’en regardais une, la dernière : mais ce visage, je le connais. C’était une étudiante qui, moins d’un an plus tôt, était venu de Lesbos avec moi en avion, elle a appris la langue, elle étudiait la biologie dans sa patrie, elle a fait l’équivalence et maintenant elle continue. Cela s’appelle intégrer. Sur un autre vol, je rentrais de Suède, j’ai parlé de la politique d’intégration de ce pays comme un modèle. Mais la Suède aussi a dit avec prudence : le nombre est celui-ci, je ne peux pas plus. Troisièmement, il y a un problème humanitaire. Ce que vous disiez. L’humanité prend-elle conscience de ces camps, des conditions dans le désert ? J’ai vu des photos, ceux qui exploitent. Je crois, j’ai l’impression que le gouvernement italien fait tout, par des travaux humanitaires, pour résoudre même des problèmes qu’il ne peut assumer. Mais le cœur toujours ouvert, prudence et intégration, et proximité humanitaire. Et il y a une dernière chose que je veux dire et qui vaut surtout pour l’Afrique. Il existe, dans notre inconscient collectif, une devise, un principe : il faut exploiter l’Afrique. Aujourd’hui, à Carthagène, nous avons vu un exemple d’exploitation, humain dans ce cas-là. Sur ce point, un chef de gouvernement a dit une belle vérité : ceux qui fuient la guerre, c’est un autre problème ; mais beaucoup qui fuient la faim, investissons là-bas pour qu’ils se développent. Mais dans l’inconscient collectif, il y a le fait que chaque fois que tous les pays développés vont en Afrique, c’est pour exploiter. Nous devons renverser cela. L’Afrique est une amie et il faut l’aider à grandir.

  • Les entretiens du pape avec Dominique Wolton : extraits

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    Présentés sur zenit.org :
     
  • Un dialogue inédit ou quand le pape se dévoile

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    D'Anne Kurian sur zenit.org :

    France : livre d’entretien du chercheur Dominique Wolton avec le pape

    Politique Et Société – Pape François Et Dominique Wolton, Editions De L'Observatoire

    Politique et société – Pape François et Dominique Wolton, Editions de L'Observatoire

    « Pape François : rencontres avec Dominique Wolton : politique et société ». C’est le titre du livre-entretien que publie le chercheur français, fondateur de l’Institut des sciences de la communication du CNRS, qui a conversé avec le pape au cours d’une douzaine d’audiences privées au Vatican.

    L’ouvrage du sociologue de 70 ans, dont la publication est prévue le 6 septembre 2017 en France (Editions de L’Observatoire), a été présenté le 30 août au journal télévisé de France2. Il est le fruit d’une année de rencontres entre l’intellectuel et le pape argentin.

    Le pape y évoque notamment son enfance, les figures de sa mère et de ses deux grands-mères : « Je remercie Dieu d’avoir connu ces vraies femmes dans ma vie. »

    Il confie qu’il a suivi une psychanalyse à l’âge de 42 ans : « Cela m’a beaucoup aidé à un moment de ma vie où j’ai eu besoin de consulter (…) pour éclaircir les choses. »

    Quant à son pontificat, il répète qu’il n’est pas « un professeur » mais « un pasteur ». « Je n’ai jamais pensé finir dans cette cage mais je reste libre intérieurement », assure-t-il.

    Au fil des pages, le pape aborde diverses thématiques qui lui tiennent à cœur, comme celle des migrants, dénonçant l’attitude du Vieux continent : « L’Europe en ce moment a peur, elle ferme, ferme, ferme. »

    Autres sujets de ce livre de plus de 400 pages : la paix et la guerre, la politique et les religions, la mondialisation et la diversité culturelle, les fondamentalismes et la laïcité, l’écologie, les inégalités dans le monde, l’œcuménisme et le dialogue interreligieux, l’individu, la famille, l’altérité, le temps, la confiance et la joie.

    Après ses rencontres avec le pape latino-américain, Dominique Wolton témoigne de son sourire, de sa douceur, de ses yeux « extrêmement vifs », de son intelligence.

    Dominique Wolton est directeur de recherche au CNRS. Il est le fondateur et le directeur de la revue internationale Hermès (CNRS Éditions) depuis 1988. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages dont le livre d’entretien Le Choix de Dieu, avec Mgr Jean-Marie Lustiger, ancien archevêque de Paris.

    De larges extraits de ce livre sont reproduits ICI

  • La transformation du catholicisme en utopie multiculturaliste n'est pas inscrite dans son ADN

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    Si le Père Vénard voit dans le livre de Laurent Dandrieu "Eglise et immigration : le grand malaise" de faux procès incriminant injustement le pape François (voir ICI), Mathieu Bock-Côté, sur Figaro Vox, voit dans ce livre "une méditation subtile et éclairante sur le destin de notre civilisation" :

    Mathieu Bock-Côté : «Un certain catholicisme se mue en utopie multiculturaliste»

    FIGAROVOX/LECTURE - Mathieu Bock-Côté a lu l'essai Eglise et immigration : le grand malaise. Loin des polémiques, Laurent Dandrieu «ajoute sa voix au renouveau intellectuel du conservatisme français», estime le sociologue québécois.

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d' Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.

    Journaliste à Valeurs actuelles et auteur de nombreux ouvrages consacrés à l'histoire de la peinture ou du cinéma, Laurent Dandrieu a incontestablement marqué le début de l'année 2017 avec un livre inattendu, qui a fait éclater un malaise profond chez les catholiques français. Avec Église et immigration: le grand malaise, il se penche sur la doctrine catholique concernant l'immigration. Dans quelle mesure le catholicisme est-il capable de penser les grandes migrations au-delà d'un discours moralisateur et désincarné sur l'ouverture, qui nous est généralement administré et dont le pape François semble s'être fait une spécialité médiatique? Mais si ce livre frappe fort, il n'a rien d'un brûlot. On n'y trouve aucune facilité polémique, aucune formule gratuite lancée pour le simple plaisir de choquer. Il est non seulement bien mené, mais remarquablement documenté et c'est une pensée forte et articulée qui s'y exprime. On sent que l'auteur méditait son ouvrage depuis très longtemps, comme il le dit clairement dès ses premières pages. Ce livre, à sa manière, est une méditation subtile et éclairante sur le destin de notre civilisation.

    Le problème de base peut être aisément posé: il existe une telle chose qu'un devoir d'hospitalité et d'aide aux personnes en détresse. L'Église le pense à travers la parabole du Bon Samaritain. Mais c'est une chose d'accueillir une personne, c'en est une autre d'en accueillir des millions, comme c'est le cas, aujourd'hui, avec l'immigration massive qui se jette en nombreuses vagues sur le continent européen, au point que certains parlent même d'une immigration de peuplement. D'autant qu'on ne saurait assimiler systématiquement la figure de l'immigré à celle du réfugié en détresse, fuyant la guerre et la faim. Est-ce qu'une nation est en droit de défendre ses frontières? Depuis un bon moment déjà, l'Église semble penser que non. Mais Laurent Dandrieu lui rappelle qu'elle a déjà pensé le contraire et qu'elle a déjà reconnu le droit des nations: la transformation du catholicisme en utopie multiculturaliste n'était pas inscrite dans son ADN. L'histoire des idées, quand on la maîtrise, éclaire la vie de la cité. D'ailleurs, certains papes comme récents comme Jean-Paul II et Benoit XVI conjuguaient paradoxalement une défense résolue du droit des peuples à leur personnalité collective et un immigrationnisme sans nuances, comme s'ils ne voyaient pas la contradiction entre les deux.

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  • "La responsabilité du pape est d'abord le développement humain intégral"; vraiment ?

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    L'abbé de Tanoüarn, sur son blog, réagit au propos du père Stalla-Bourdillon que nous avons relayé hier :

    Qu'est-ce qu'un Christ humanitaire

    En cette fête de saint Augustin légèrement dépassée, je tombe, en lisant La Vie, sur une formule du Père Stalla-Bourdillon, responsable du Service pastoral d'étude politique, qui me semble révélatrice, c'est-à-dire porteuse de vérités. Nous sommes en plein dans le débat sur les migrants, sur ce droit opposable universel que le pape François, au nom de la Personne humaine, veut voir conféré aux migrants, qui déferlent sur l'Europe depuis la Syrie, l'Afghanistan, l'Irak, la Somalie, le Tchad et toute l'Afrique sub-saharienne. Loyalement le Père Stalla-Bourdillon fait son métier, en défense de la parole pontificale.

    Son premier argument ? Une nouvelle définition de la fonction pontificale. Pour lui, il faut reconnaître, je cite, que "la responsabilité du pape est d'abord le développement humain intégral, tel qu'il est apparu dans la personne [divine] du Christ".

    On peut rapprocher cet essai pour la délimitation d'un rôle qui soit propre au Successeur de Pierre, mais qui touche en même temps à l'univers et à l'universel, de cette belle appellation, qui resurgit depuis Vatican II : "pasteur universel". Le pasteur est celui auquel le Christ a confié solennellement ses brebis, après sa résurrection (Jean 20). Quant aux brebis, elles ne sont pas toutes explicitement de "ce" bercail (Jean 10). Le pape-monde a une fonction qui dépasse cette confession particulière qu’est le catholicisme. "Doux Christ en terre" disait Catherine de Sienne, chargé, au nom du Christ, du salut du monde, il est bien le pasteur universel. On peut dire que la personne de Jean-Paul II a illustré, pour la première fois depuis les grands papes du Moyen âge, cette fonction du pape-monde, qui dépasse toutes les limites humaines, comme l'Eglise dont il a la charge, parce qu'elle est à la fois l'Eglise visible et l'Eglise invisible. Nous avons trop tendance à juger le pape en tant que chef de l'Eglise catholique (par quoi nous entendons de façon humaine, trop humaine le catholicisme). Or il est beaucoup plus que cela, puisqu'il est le pasteur universel, pour qui le salut ou la damnation d'une âme quelle qu'elle soit ne peut pas être un événement indifférent.

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  • Le pape et les migrants : le Père Stalla-Bourdillon dénonce deux graves confusions

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    Du Père Laurent Stalla-Bourdillon, Directeur du Service pastoral d'Etudes politiques et Aumônier des Parlementaires (France), sur son blog :

    François et les migrants : ce que les critiques révèlent

    Les réactions, souvent désobligeantes, au message du Pape François pour la journée 2018 du migrant et du réfugié, publiée en août 2017, sont révélatrices de deux graves confusions.

    La contestation essentielle porte sur la trop grande bienveillance du Pape à l’égard des migrants. Ses propos concernant les conditions de leur accueil semblent à certains totalement délirants. Contrairement aux auteurs des critiques, le Pape serait d’un angélisme naïf, à la limite dangereux, concernant l’identité réelle des migrants : ils sont étrangers (à la culture européenne) et de surcroit ils sont musulmans. Le Pape ignore la menace que l’Islam fait peser sur l’Europe : voilà son tort. Demain, le Pape sera le complice tout trouvé, des attentats que l’on nous prédit. Il n’est pas comme toutes les vraies bonnes consciences qui le critiquent, un défenseur de la supériorité culturelle de l’Europe chrétienne. Ces migrants menacent l’intégrité ethnique et religieuse de l’Europe. C’est pourquoi ces auteurs ne comprennent pas que le Pape ne soit pas le défenseur de l’Europe, telle qu’elle s’est développée dans l’histoire, produisant une culture basée sur la foi au Christ, repoussant vaillamment l’hérésie que représente l’Islam pour le Christianisme.

    Ces personnes revendiquant leur identité « catholique » n’hésitent plus à annoncer que Rome tombera sous la domination de l’Islam, et que le Pape en sera responsable. En attaquant ainsi le Pape, ces personnes adressent un triste signal de division à ceux qu’ils veulent combattre. Ce n’est pas parce que Rome est en Europe et est le siège de l’Eglise catholique, que l’Eglise a pour mission d’édifier une Europe chrétienne. Ce serait là une logique de domination territoriale qui consonne avec celle que l’on présume des musulmans, soucieux d’étendre leur empire sur l’Europe et sur le monde. Nous assistons ici à une première confusion : la réduction du christianisme à une identité culturelle, à un détournement de la foi au Christ dans un rapport de force culturel et religieux. Si cela a pu exister dans l’histoire, il semble que l’Eglise soit davantage soucieuse de faire entrer l’humanité dans l’ère de la liberté de conscience et dans la responsabilité personnelle qui en découle. Rome est le lieu du martyr des apôtres Pierre et Paul, témoins de la Parole de Vie qui s’énonce dans le don de soi jusqu’au bout et par amour.

    Sans doute faut-il redire que le christianisme n’a pas à mimer des prétentions de conquêtes géographiques comme critères de son action, de sa crédibilité. Ce n’est pas parce que l’Evangile rapporte la parole du Christ « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » Matthieu 28,19, que cela indique une hégémonie territoriale à atteindre. Ce ne sont pas des nations qui sont à conquérir, mais des disciples : dans toutes les nations, faites naître des disciples ! Or, un disciple du Christ est une personne qui a compris que son humanité n’était pas encore complète et que son achèvement suppose un don de soi, une relation à l’autre et le combat permanent contre l’illusion de la possession, de la jouissance et de la puissance. Autrement dit, le Pape François est d’abord le témoin de la Parole vivante de Dieu qui donne à l’être humain d’atteindre à sa plénitude. Il a pour souci l’accomplissement de l’humanité en toute personne et non pas la protection culturelle d’une Europe dont il sait qu’elle accélère sa stérilisation en se refermant sur elle-même.

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  • Et si l'Église se penchait en profondeur sur la question des flux migratoires ?

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    Hugues Lefèvre, sur le site de Famille Chrétienne, a recueilli les propos de Marc Fromager, Directeur de l'Aide à l'Eglise en Détresse (France) :

    Marc Fromager : " Concernant les migrants, l'Église doit faire un vrai travail de pédagogie "

    Le directeur de l'Aide à l'Église en Détresse (AED) revient sur le message du pape François pour la journée mondiale du migrant et du réfugié. Il estime que le texte ne va pas assez loin dans l'analyse des causes des flux migratoires. Une plus profonde compréhension du phénomène permettrait selon lui de dénoncer notamment les pratiques de l'Occident en Afrique et au Moyen-Orient.

    Comment avez-vous réagi à la lecture du message du pape François sur les migrants ?

    Pour tout vous dire, j'ai d'abord parcouru les réactions occasionnées par le texte avant de le lire… Et le fait de voir certains passages pris et commentés de manière isolée joue à une espèce de dramatisation qui, si on en reste à ce niveau, rend le texte un peu anxiogène. Il faut donc le lire en entier. D'autre part, replaçons le message du pape François dans son contexte. Il ne s'agit pas d'un discours programmatique d'une personne nouvellement élue qui donnerait un cap stratégique et politique précis pour les années à venir. Il s'agit d'un message pour la journée mondiale du migrant qui a lieu chaque année.

    Que retenez-vous de ce message ?

    D'abord, certains points positifs m'ont interpellé. Le fait que le pape rappelle et insiste sur la centralité de la personne humaine. Les migrants ne sont ni des pions, ni une espèce de masse informe, une main d'œuvre ou bien une menace. Ils sont avant tout des personnes. Aussi, le pape évoque à la fin de son message l'opportunité d'évangélisation engendrée par ces flux migratoires. Reste à savoir si, en France par exemple, l'Église a encore les moyens humains, l'énergie et la volonté de s'occuper de ces personnes. Sans parler d'évangélisation proactive, il s'agirait déjà d'être en capacité de répondre aux migrants musulmans qui frappent à la porte des églises.

    Ensuite, j'ai un regret. Je trouve que ce message procède d'une vision un peu pessimiste du monde. Une vision qui consisterait à dire que, quoiqu'on fasse, il y aura toujours autant de migrants. J'aurais attendu que l'Église s'intéresse davantage aux raisons de ces flux migratoires. Car je pense que c'est seulement en identifiant bien les causes que l'on peut s'attaquer aux problèmes. Certes, dans un passage, le pape évoque le fait que l'Église participe à cette recherche des causes mais il ne va pas plus loin. Sur la question complexe des migrants, une analyse plus approfondie du phénomène et un vrai travail de pédagogie de la part de l'Église permettraient à chacun de prendre ses responsabilités.

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  • Quand le pape suscite une levée de boucliers

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  • Migrants : le pape suscite le débat

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    Migrants: la bombe du Pape François adressée à Macron et Merkel
    Articles de fond Challenges.fr 23 août 2017
    Le pape François veut légaliser la migration illégale
    LINFO.re 23 août 2017
    Vatican. Accueil des migrants : le message du pape divise la presse italienne
    Courrier International 22 août 2017
    La sécurité des migrants doit-elle l'emporter sur la sécurité nationale ?
    La Croix 23 août 2017
    «Rempart des réfugiés», «naïveté»... Les propos du pape sur les migrants interpellent les politiques
    RT en français 23 août 2017
    Message du Pape pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié
    LPJ 23 août 2017
    Migrants : le message « explosif » du pape François
    Famillechretienne.fr il y a 22 h
    Réécouter La revue de presse internationale
    France Culture 23 août 2017
    Pape François: le christianisme contre la chrétienté
    Causeur.fr 23 août 2017
    L. Dandrieu : «La sécurité personnelle ne peut exister si les nations basculent dans l'anarchie»
    Le Figaro 22 août 2017
    Migrants: comment François mène son combat depuis le début de son pontificat
    Le Figaro 22 août 2017
    Pourquoi le message du pape sur les migrants suscite le débat
    La Vie 22 août 2017
    Italie : le pape François plaide pour le droit du sol
    Médias-Presse-Info 23 août 2017
    Le pape François veut favoriser l'intégration des migrants
    Aleteia FR 22 août 2017
    "Sa Sainteté devrait se mêler de sa mission" : quand une élue FN charge le pape François
    Atlantico.fr 22 août 2017
    Le pape François en faveur du regroupement familial sans conditions
    RT en français 21 août 2017
    Le pape François rejette l'assimilation entre migrants et terroristes
    La Croix 21 août 2017
    “L'Église est disponible pour s'engager en première ligne”, affirme le pape François dans son message pour la ...
    La Croix 21 août 2017
    Les positions du pape François en faveur de l'invasion migratoire : un crime contre l'Europe [Tribune libre]
    Breizh Info 22 août 2017
    Le Pape propose des initiatives concrètes pour les migrants et réfugiés
    Radio Vatican 21 août 2017
    Le pape François : “La sécurité des migrants passe toujours avant la sécurité nationale”
    Valeurs Actuelles 21 août 2017
    Migrants : le pape propose des mesures concrètes
    Famillechretienne.fr 21 août 2017
    Le pape qui ne fait pas de politique donne des directives en matière de politique migratoire – medias-presse.info
    Médias-Presse-Info 23 août 2017
    Le pape demande des "visas temporaires" pour les migrants des zones de conflits
    Corse-Matin 22 août 2017

  • Migrants : le pape dénie-t-il aux Etats le droit de se protéger ?

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    Clémence Houdaille, sur le site du journal La Croix, a interrogé le Père Laurent Stalla-Bourdillon, Directeur du Service pastoral d’études politiques :

    La sécurité des migrants doit-elle l’emporter sur la sécurité nationale ?

    « Le principe de la centralité de la personne humaine (…) nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale » écrit le pape François dans son message pour la prochaine journée mondiale du migrant et du réfugié (lire « La Croix » d’hier). Un principe qui ne remet toutefois pas en cause le devoir des États de protéger leurs ressortissants.

    Si l’on perd de vue la centralité de la personne humaine, on perd notre humanité

    En écrivant que la sécurité des personnes passe avant la sécurité nationale, le pape ne dénie pas aux États le droit de se protéger. Mais insister sur la centralité de la personne humaine permet de déminer un argument sécuritaire qui servirait de prétexte pour refuser l’accueil des migrants. Si l’on perd de vue la centralité de la personne humaine, on perd notre humanité.

    Il existe différents niveaux de défis à relever, sur le plan migratoire, mais aussi sécuritaire. C’est une question d’arbitrage, et il ne faudrait pas lire le propos du pape comme une invitation à faire voler en éclats la question de la responsabilité nationale. Le Catéchisme de l’Église catholique précise bien les choses : après avoir dit que « les nations mieux pourvues sont tenues d’accueillir autant que faire se peut l’étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine » et que « les pouvoirs publics veilleront au respect du droit naturel qui place l’hôte sous la protection de ceux qui le reçoivent », le paragraphe 2241 ajoute que « les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont elles ont la charge subordonner l’exercice du droit d’immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l’égard du pays d’adoption ».

    Le message du pape, rendu public au lendemain de l’attentat de Barcelone, a été signé le 15 août. L’actualité des derniers jours a sans doute eu un effet grossissant dans la manière de le lire, mais celui-ci est écrit dans un contexte beaucoup plus large. François a conscience que son pontificat se déroule à un moment de l’histoire où la pression démographique et migratoire est réelle, indépendamment de la question de la guerre en Syrie et des déplacements de population qui y sont liés. Ce phénomène, qui relève pour lui des « signes des temps », échappe à une simple gestion ponctuelle et doit être perçu avec plus de profondeur. Benoît XVI lui-même était déjà assez sévère vis-à-vis des organismes internationaux à propos de la façon dont ils gèrent les migrants.

    François insiste sur la nécessité de préparer les communautés locales aux processus d’intégration. Il y a effectivement là un énorme déficit. Il est illusoire de penser que ces questions n’auront d’incidence que chez le voisin. La question sera d’ailleurs débattue lors du prochain pèlerinage des élus chrétiens à Lourdes, qui se déroulera du 12 au 15 octobre autour du thème : « Solidarité contrainte, solidarité voulue ».

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