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Robert Sarah - "La vie, si elle n'est pas spirituelle, n'est pas vraiment humaine".
L'Occident ne peut plus se tenir debout car il ne sait plus s'agenouiller.
Préoccupé par le mépris de la modernité pour les âmes, le cardinal Robert Sarah vient de publier un Catéchisme de la vie spirituelle à propos duquel Charlotte d'Ornellas l'a interviewé dans Valeurs Actuelles :
Vous avez écrit un nouveau livre intitulé Catéchisme. Non pas de l'Église, mais de notre vie spirituelle... Pourquoi avez-vous ressenti le besoin d'écrire sur ce sujet ?
La vie spirituelle est la chose la plus intime, la plus précieuse que nous ayons. Sans elle, nous sommes des animaux malheureux. Je voulais souligner ce point : la spiritualité n'est pas un ensemble de théories intellectuelles sur le monde. La spiritualité est une vie, la vie de notre âme.
"Je voyage dans le monde entier depuis des années, rencontrant des personnes de toutes cultures et de tous horizons. Mais je peux affirmer une constante : la vie, si elle n'est pas spirituelle, n'est pas vraiment humaine. Il devient une attente triste et angoissante de la mort ou une fuite dans la consommation matérialiste. Saviez-vous que pendant l'enfermement, l'un des mots les plus recherchés sur Google était le mot "prière" ?
"Nous nous sommes occupés de l'économie, des salaires, des soins de santé, c'est bien ! Mais qui a pris soin de son âme ?
"J'ai voulu répondre à cette attente inscrite dans le cœur de chacun. C'est pourquoi j'ai choisi ce titre, Catéchisme de la vie spirituelle. Un catéchisme est un recueil de vérités fondamentales. Elle a un but pratique : être un point de référence incontestable au-delà du flux des opinions. En tant que cardinal de l'Église catholique, j'ai voulu donner à tous un point de référence pour les fondements de la vie de l'âme, de la relation de l'homme avec Dieu.
Vous aviez déjà écrit un livre sur le pouvoir du silence. Dans ce livre, vous continuez à insister beaucoup sur la nécessité vitale de trouver le silence. Qu'est-ce que nous pouvons trouver de si important dans le silence ?
Permettez-moi de retourner la question : que pouvons-nous trouver sans le silence ? Le bruit est partout. Il n'y a pas que dans les villes animées, enveloppées par le vrombissement des moteurs ; même à la campagne, il est rare de ne pas être hanté par un fond musical intrusif. Même la solitude est colonisée par les vibrations du téléphone portable.
C'est la pire année pour l'Église catholique de France. Et depuis longtemps. Même l'an 2019 et l'incendie de Notre-Dame-de-Paris ne fut pas aussi rude. « Annus horibilis » dirait-on pour les douze mois écoulés. L'expression latine est inquiétante et rassurante à la fois. Elle montre, comme un vieux vestige, qu'une « année horrible » n'est pas la première, ni la dernière.
Prenons un calendrier depuis juillet 2021. La saturation des tensions ecclésiales est évidente. Ce sujet s'impose donc pour cette dernière lettre avant la pause de l'été que je vous souhaite serein !
Commençons par nous remémorer les faits, sans trop nous y attarder car nous les avons déjà traités.
LITURGIE. Le 18 juillet 2021, le pape François publie un Motu Proprio, « Traditionis Custodes » (le texte n'est toujours pas traduit en français sur le site du Vatican) qui met un terme à l'expérience ouverte par Benoît XVI, en 2007, de permettre l'usage de la messe selon le rite tridentin, à titre « extraordinaire ». Le 29 juin 2022, jour de la fête de la Saint Pierre Saint Paul, François confirme cette décision par une lettre apostolique « Desiderio, Desideravi » qui redit formellement l'exclusivité, dans l'Église latine, d'un unique rituel de la messe, celui du Concile Vatican II.
Cette restriction liturgique est très mal vécue par une part minoritaire mais très dynamique, jeune et significative du catholicisme français. Elle réjouit certains mais sème de profonds germes d'incompréhension dans l'Église.
SCANDALES. Le 5 octobre 2021 l'Église de France qui avait lancé et financé une étude sur la pédophilie en milieu clérical confiée à Jean-Marc Sauvé, ancien vice-président du Conseil d'État, voit ce rapport - dont elle espérait une sortie de crise - revenir comme un boomerang et… l’enfoncer encore plus. Elle est déstabilisée comme jamais depuis la crise postconciliaire des années 70 où les prêtres quittaient le sacerdoce par dizaines.
Beaucoup ont applaudi l'effort de vérité et de transparence de l'institution. Il est louable. Il était nécessaire. Mais l'onde de choc tétanise encore la structure parce que sa force a été médiatiquement démultipliée par l'usage d'un chiffre statistiquement « estimé » à « 330.000 » victimes en soixante-dix ans. Sa validité et sa méthodologie sont certes de plus en plus questionnées mais l'ampleur de l'impact émotionnel de ce chiffre a littéralement cassé l'image de l'Église. Et l'a décrédibilisé pour longtemps.
Quant aux plaintes réelles et non statistiques – c'est un point de vue important - les voici : 1200 victimes ont saisi l'Église de France entre 2016 et 2022. 2819 personnes se sont manifestées auprès de la commission Sauvé entre 2019 et 2021. Au 31 mai 2022 la commission chargée de compenser financièrement les victimes, l'Inirr (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation) a reçu 735 demandes de victimes.
DÉMISSION. Le 2 décembre 2021, le pape accepte la démission de Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris suite à une affaire impliquant une relation féminine, ce que l'intéressé dément formellement. En réalité c'est l'occasion pour le Saint-Siège de régler les problèmes de gouvernance à répétition reprochés à l'archevêque dont Rome avait une connaissance fournie.
Béatification de Jean-Paul Ier: le programme se précise
La messe de béatification du Pape Jean-Paul Ier sera célébrée sur la Place Saint-Pierre le 4 septembre prochain. Un temps de prière est prévu à Rome la veille au soir, tandis qu’une messe d’action de grâce aura lieu le dimanche suivant dans le village natal d’Albino Luciani, en Vénétie.
Il reste un peu plus de 50 jours avant la béatification de Jean-Paul Ier, prévue le dimanche 4 septembre sur la place Saint-Pierre à 10h30, au cours d’une messe présidée par le Pape François.
À Rome ainsi qu’à Canale d’Agordo, village d’origine du pontife italien entouré des cimes des Dolomites, les cérémonies sont en train d’être peaufinées, mais plusieurs éléments sont déjà connus.
Comment participer à la messe?
Ainsi, au cours de la messe de béatification, la pétition – demande officielle de béatification adressée au Pape - sera lue par Mgr Renato Marangoni, évêque du diocèse de Belluno-Feltre, le diocèse d’origine du Pape Luciani, qui est aussi le siège exceptionnel de sa cause de canonisation. Le postulateur de la cause, le Cardinal Beniamino Stella et la vice-postulatrice Stefania Falasca seront eux aussi présents. Le postulateur fera don au Saint-Père d'un reliquaire contenant une relique du nouveau bienheureux.
Pour participer à cette célébration du 4 septembre, les billets - gratuits - doivent être demandés à la Préfecture de la Maison pontificale, tandis que tous les évêques et prêtres qui souhaitent concélébrer et les diacres qui souhaitent assister à la messe doivent s'inscrire directement sur: biglietti.liturgiepontificie.va
La veille, samedi 3 septembre, à 18h30, une veillée de prière aura lieu dans la basilique Saint-Jean-de-Latran, présidée par le cardinal Angelo De Donatis, vicaire général de Sa Sainteté pour le diocèse de Rome. Jean-Paul Ier a pris possession de cette basilique, qui contient la chaire de l’évêque de Rome, le 23 septembre 1978. Le temps de prière sera animé par des chants et des lectures de passages du magistère de Jean-Paul Ier. Aucun billet ne sera nécessaire pour y assister, l'entrée étant gratuite.
L’Église de Vénétie en fête
La messe d'action de grâce pour la béatification de Jean-Paul Ier aura lieu le dimanche 11 septembre dans le diocèse de Belluno-Feltre. Elle aura lieu à 16h00 sur la place de Canale d'Agordo, avec la participation des évêques et des communautés des trois sièges épiscopaux dans lesquels Jean-Paul Ier avait exercé son ministère sacerdotal et épiscopal. Autrement dit, le patriarcat de Venise, dirigé par Mgr Francesco Moraglia, le diocèse de Belluno-Feltre, avec Mgr Renato Marangoni, et le diocèse de Vittorio Veneto, qui a pour évêque Mgr Corrado Pizziolo. La messe sera présidée par le patriarche Francesco Moraglia, métropolite de la province ecclésiastique de Venise.
Protéger son héritage matériel et spirituel
Dans les jours précédant la béatification, une conférence de presse se tiendra au Bureau de presse du Saint-Siège, à laquelle participeront également la jeune fille argentine miraculeusement guérie en 2011, grâce à l'intercession du vénérable Jean-Paul Ier, Candela Giarda, sa mère Roxana Sousa et le père José Dabusti, le curé de l'église voisine de l'hôpital de Buenos Aires où Cande était soignée et qui a suggéré d'invoquer Jean-Paul Ier.
La cause de canonisation de Jean-Paul Ier a été ouverte en 2003, vingt-cinq ans après sa mort, dans son diocèse natal de Belluno-Feltre, et s'est conclue le 9 octobre 2017 par le décret sur les vertus sanctionné par le Pape François. «L'ouverture de la cause, souligne la vice-postulatrice Stefania Falasca, vice-présidente de la Fondation vaticane Jean-Paul Ier, a également rendu possible un travail fondamental qui n'avait jamais été fait auparavant et qui nous permet de parler en connaissance de cause de Luciani: l'acquisition des sources. Un travail de recherche, de protection du patrimoine, d'étude de son œuvre et de son magistère qui est aujourd'hui mené par notre Fondation», ajoute-t-elle.
La foi prise au mot s'attarde sur un personnage que nous connaissons tous : Benoît de Nursie, autrement dit Saint Benoît. Il est considéré comme le patriarche des moines. Sa règle sert encore à organiser la vie des Bénédictins et de nombreux ordres qui s'en inspirent. Il est l'un des patrons de l'Europe. Au-delà de ces quelques clichés, que sait-on de ce mythique fondateur de l'ordre bénédictin, qui mourut vers 547 dans l'abbaye du Mont-Cassin ? Que peut-on savoir de sa vie, et de quelles sources dispose-t-on ? Que contient sa règle et pourquoi sert-elle, depuis quinze siècles à organiser la vie des moines et des moniales ? Telles sont les questions que Régis Burnet posera à ses deux invités : Mère Christophe, abbesse de l'abbaye de Jouarre, et Daniel-Odon Hurel, chercheur au CNRS.
"L’église d’Avioth sort tout droit du Moyen Âge. Ni les guerres ni les révolutions n’ont eu de prise sur elle. Elle est joyeuse et modeste comme on aime à se représenter la Vierge qu’elle célèbre. Elle est simplement ce qu’elle est, un sanctuaire pour les gens d’ici et que les gens d’ici ont construit de leurs mains et de leurs deniers, y mettant toutes les fleurs de leur campagne."
L’enthousiasme ne semble pas vraiment à l’ordre du jour des cahiers de doléances transmis à Rome. Lu, entre autres, dans « La Libre Belgique », sous la signature de Bosco d’Otreppe, responsable des pages « Débats » :
Le Pape a invité les catholiques à penser l’Église de demain à l’occasion d’une réflexion mondiale. Beaucoup de Belges aiment leur Église, mais déplorent qu’elle soit “formaliste et éloignée de la vie des gens”. Si la gouvernance de l’Église sera discutée, François ne pourra pas répondre à toutes les demandes “du terrain”.
Avant tout, les catholiques semblent perdus. Ils reconnaissent ne pas avoir "la compréhension, le langage, la formation ou la foi nécessaires pour entrer en dialogue avec les autres". "Dans les écoles, l'annonce est difficile […]. Dans le contexte paroissial, nous ne savons pas comment nous adresser aux personnes qui ne font pas partie de notre propre cercle." De tels constats ont été très régulièrement entendus.
À cela s’ajoute une difficulté de taille pour les catholiques : pour la première fois depuis le IVe siècle, leur confession est minoritaire au sein de la société nord-occidentale. L’Église doit donc trouver une nouvelle posture. Entre deux extrêmes (le repli identitaire ou la "dilution" dans l’esprit du temps), la voie est difficile à trouver, et cela crée de nombreux remous et de doutes au sein d’une Église qui est elle-même marquée par la crise des institutions. Il n’y a pas d’impasse : des initiatives discrètes naissent ou poursuivent leur chemin dans les paroisses, dans des communautés, et cherchent à articuler le soin aux autres et un véritable enracinement dans la vie de prière. Mais cette question de la posture que l’Église doit adopter dans le monde contemporain hante les catholiques et le synode en a porté le témoignage.
Le souhait d’une réforme de structure
Deuxièmement, on remarque que les participants au synode n’ont pas évoqué en premier lieu la dimension spirituelle de l’institution, ni même la manière dont elle peut les aider à creuser leur vie de prière et de foi.
Bien entendu, l'objectif du synode était de discuter de l'organisation de l'Église. De surcroît, on lit que les jeunes sont en attente de "témoins", que les célébrations doivent être davantage soignées et que certains souhaitent trouver de nouveaux lieux "pour vivre des expériences de foi". La dimension spirituelle ne fut donc pas absente des discussions.
Néanmoins, ce thème de la spiritualité et de la prière demeure peu présent quand sont abordées les questions de fond : l'essentiel des attentes exprimées est que l'Église s'adapte et rejoigne chacun dans son vécu, sans morale, ni condamnation. Comme si elle devait moins "montrer les chemins du Ciel" que se pencher avant tout sur chacun, là où il en est.
C’est un fait à considérer avec prudence, et qui mériterait d’être étudié. Sans doute correspond-il à une évolution interne à l’Église, tout autant qu’à une évolution sociétale.
Il y a encore 60 ans, en effet, l’Église insistait sur ce qu’elle appelait "les fins dernières". Le catholique devait conformer sa vie en fonction du paradis qui lui était promis. Depuis quelques décennies, le ton a changé : l’Église encourage non plus tant le chrétien à rejoindre l’éternité qu’à faire advenir le "Royaume de Dieu" ici et maintenant, par des actes concrets. Le catholique doit donc œuvrer dans l’aujourd’hui, panser les plaies, accueillir et réconforter.
Les deux appels se sont toujours conjugués, l’un fut toujours lié à l’autre, mais la tendance est celle-là. L’Église (qui ne se définit plus comme l’unique voie d’accès au "Salut") cherche donc avant tout à accompagner chacun ici-bas, dans ses pérégrinations et dans sa recherche du bien-être au cœur de son quotidien. D’où la volonté première qu’elle s’adapte à son siècle.
Dans le même temps, la société est devenue plus individuelle. La soif de spiritualité n’a pas disparu, mais chacun désire tracer son chemin personnel ; on ne conçoit plus que ce soit une institution qui le balise, note Stanislas Deprez qui a porté le synode dans le diocèse de Tournai. Ceci explique sans doute pourquoi les catholiques attendent avant tout l’Église sur le terrain du social.
"La société est plus individualiste, regrette plus sévèrement une chrétienne engagée. Dans ce synode, chacun a donc rêvé l'Église à partir de lui-même, ses désirs et ses attentes. S'est-on vraiment demandé : que Dieu souhaite-t-il pour son Église ? Le sens de la transcendance disparaît, même chez les catholiques."
Ces questionnements sur ce que doit être l'Église et sur ce qu'elle peut offrir sont la meilleure preuve que le synode est utile, notent beaucoup d’observateurs » conclut poliment « La Libre ».
« Ne cherchez pas à être tendance ! » : le message fort de Mgr Bozo aux pères de Cotignac
Dans une belle homélie sur le vin nouveau, Mgr Bozo s'est adressé le samedi 2 juillet 2022 aux plus de 1 700 hommes réunis à l'occasion du pèlerinage des pères de famille à Cotignac.
Au risque de donner dans le stéréotype de genre, parmi les deux exemples sur lesquels Jésus s’appuie, rapiécer un vêtement et mettre du vin en bouteille, je choisis, pour un pèlerinage de pères de famille, le vin et les outres et je laisse le raccommodage au pèlerinage des mères.
« On ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, les outres éclatent, le vin se répand et les outres sont perdues. Mais on met le vin nouveau dans des outres neuves et le tout se conserve. »
« On met le vin nouveau dans des outres neuves. » Je suis obligé de passer par un peu de grec, parce qu’il manque en français une distinction importante.
Le vin nouveau, en grec, c’est oinon neon et les outres neuves, c’est askous kainous. Neos et kainos : deux mots traduits par nouveau. On connait neos qui donne néophyte, néologisme ou néoruraux, c’est-à-dire nouveau au sens chronologique de récent. Le vin nouveau, c’est le beaujolais nouveau, tout juste tiré.
Kainos signifie nouveau au sens d’une autre modalité, qualité. L’outre neuve, ça ne veut pas dire qu’on vient de la fabriquer, ça veut dire qu’elle est d’un modèle différent. Pour recueillir le vin nouveau, le vin fort de l’Évangile, il faut une nouvelle qualité de réceptacle. C’est le baptême qui fait de nous des outres neuves, « des hommes nouveaux » (καινὸν ἄνθρωπον) (Ep. 4, 24).
Dans la mission de père de famille, on peut avoir peur de ce décalage de culture avec nos enfants qui grandissent, qui semblent vivre dans une autre culture, un autre monde. Nous chercherons alors à être up to date, « dernier cri » comme on disait autrefois. Mais à vouloir être « tendance », on risque toujours d’être en retard d’une mode. A vouloir trop s’adapter, on risque d’être à la remorque. Bien sûr, le chrétien n’est pas obligé d’être ringard, mais il doit faire attention à ne pas confondre la nouveauté de l’Évangile avec les modes passagères, superficielles, modes de pensée, mode d’agir… « Ne prenons pas pour modèle le monde présent, transformez-vous en renouvelant votre façon de penser… » (Rm 12, 5).
Car Dieu n’est pas vieux, il est éternellement jeune. C’est pourquoi l’Évangile est toujours actuel, si adapté, adapté à toute époque, parce qu’il est l’Évangile du Christ. Comme dit une belle formule de notre nouveau
(neos !) docteur de l’Église, Saint Irénée « le Christ a apporté toute nouveauté en s’apportant lui-même ». Omnem novitatem attulit semetipsum afferens. Pour refléter la nouveauté du Christ, il ne faut pas s’éloigner de Lui, être de plus en plus référé à Lui. « Si quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle – kainos ». 2 Co, 5, 17. Cela interroge donc notre relation à Jésus, notre vie de prière, notre vie sacramentelle.
Dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium (2013), le Pape François a un beau paragraphe sur ce sujet de la nouveauté du Christ :
« Le Christ est « la Bonne Nouvelle éternelle » ( Ap 14, 6), et il est « le même hier et aujourd’hui et pour les siècles » ( He 13, 8), mais sa richesse et sa beauté sont inépuisables. Il est toujours jeune et source constante de nouveauté. (…) Il peut toujours, avec sa nouveauté, renouveler notre vie et notre communauté (…) Chaque fois que nous cherchons à revenir à la source pour récupérer la fraîcheur originale de l’Évangile, surgissent de nouvelles voies, des méthodes créatives, d’autres formes d’expression, des signes plus éloquents, des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d’aujourd’hui. En réalité, toute action évangélisatrice authentique est toujours « nouvelle ».
Cela renvoie dos à dos le progressisme et l’intégrisme qui sont deux manières de mal comprendre la nouveauté. L’intégrisme refuse de reconnaître ce qu’il y a d’humain, de muable, de changeant dans le christianisme et le progressisme ne voit que cela. L’un et l’autre ont en commun de ne pouvoir accepter à la fois l’humanité et la divinité du christ, et donc de l’Église, alors qu’elle est précisément cette réconciliation entre l’homme et Dieu.
C’est parce que Dieu fait toutes choses nouvelles que justement le chrétien aime le passé, où il recueille le mystère du Christ, qui est venu dans l’histoire, il y a deux mille ans, et qui est toute nouveauté. Le chrétien aime la Tradition, qui n’a rien à voir avec la nostalgie de je ne sais quelle époque révolue, mais qui est cette longue chaine qui traverse le temps pour lui transmettre l’Évangile vivant. Le chrétien aime le présent où le Christ a promis qu’il serait avec nous et il aime le futur, parce qu’il est tourné vers l’accomplissement. Il tire de son trésor du neuf et de l’ancien.
Saint Charles de Foucaud disait que « L’Église est une apparente défaite dans une perpétuelle victoire ». Que les batailles perdues, les rendez-vous manqués de l’Église ne vous empêchent pas considérer cette victoire, qui est celle en elle du Ressuscité. Et le ressuscité se donne sans cesse, dans les sacrements qui sanctifient, purifient, rajeunissent incessamment l’Église.
On retrouve ce kainos à la fin de l’Apocalypse : Kaina poio panta : « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (21, 5). Madeleine Delbrel écrivait : « Les chrétiens n’ont pas besoin d’une foi nouvelle ou rajeunie, ils ont simplement besoin de vivre la nouveauté et la jeunesse de la foi ».
Le vin nouveau de l’Évangile, a besoin d’outres neuves, de pères nouveaux, incessamment renouvelés par le Christ !
A Bukavu, dans la Région du Sud-Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo, cependant marquée par des conflits armés depuis plus de 25 ans, les communautés chrétiennes (soixante pourcents de catholiques), sont très vivantes. Malgré la guerre, la pauvreté et les violences au quotidien, l’Eglise se mobilise et soutient la population: elle est un point d’ancrage pour tous et un lieu d’Espérance comme le montre ci-dessous un reportage KTO réalisé en partenariat avec l’Aide à l’Église en Détresse, auquel nous avons joint un coup d’œil sur l’école de musique des petits chanteurs de la Résurrection de l’archidiocèse de Bukavu qui accueille les enfants et les jeunes pour une mission d’éducation à la vie de groupe, à l’autonomie, à la responsabilité, à la maitrise et l’affirmation de soi. JPSC
Dans la finale de l’épître aux Galates que nous lisons ce dimanche, saint Paul se livre : il a été exaspéré par les rumeurs et les manigances qui se trament dans son dos dans les communautés de Galatie. C’est pourtant là, en Asie mineure, qu’il a fait ses premiers pas avec Barnabé. Rappelons-nous : Antioche de Pisidie, Lystres, Iconium, tous beaux fleurons de son premier voyage missionnaire…
Les fidèles n’ont pas perdu la foi, mais ils se laissent facilement troubler. Les voilà maintenant dans les bras de judéo-chrétiens extrémistes, qui exigent la circoncision ! Qu’est-ce qu’ils vont encore trouver ?
Paul n’a été épargné par rien. Il a combattu le bon combat, comme il le dira un peu plus tard dans une lettre à Timothée. Il est marqué jusque dans sa chair par les sévices qu’il a subis pour le Christ, il a prématurément vieilli, même s’il reste entreprenant. Mais il n’a plus rien à perdre. « Le monde est à jamais crucifié pour moi, et moi pour le monde. »
La liberté de l’apôtre
Il a adhéré à la Croix du Christ, c’est sa seule fierté. Il ne jette pas un regard blasé sur les hommes. Il les aime ses Galates, c’est pour eux qu’il souffre. Et il est dévoré du désir de porter l’évangile plus loin, toujours plus loin. Toutes ces foules qui attendent au-delà des mers… Mais il ne joue pas un personnage, il n’a que faire de se faire bien voir. Il dit les choses comme elles sont, que cela plaise ou non.
Cette liberté est précieuse, car tant que l’on dépend du jugement des hommes, on ne peut pas leur faire grand bien. C’est un malheur de l’Église d’aujourd’hui d’être terriblement dépendante du jugement que le monde porte sur elle. Je me faisais cette remarque en regardant l’autre jour les traductions liturgiques que l’on nous donne. Il y a des tas de choses que l’on n’ose pas dire. Par peur de quoi ? De choquer ?
Et après ? Il y a des chocs qui réveillent et ce n’est pas plus mal. Alors on censure des passages entiers des psaumes, et même dans l’Évangile il y a des versets que vous n’entendrez jamais. On remplace des mots crus par des euphémismes.
On a tronqué l’enseignement de saint Paul sur l’eucharistie, pour ne pas faire peur avec sa mise en garde en cas de communion sacrilège. On a peur des termes qui font trop « boutique », alors on ne parle plus d’épître, mais de lettre, de laudes mais de prière du matin, etc. C’est une attitude de fond, une peur d’être ce que nous sommes, de croire que Jésus est le seul sauveur et qu’il y a une seule véritable église.
Fierté de la Croix
D’où notre faiblesse devant les musulmans et beaucoup d’autres. Nous croyons que c’est de la charité, de la tolérance, mais regardons bien au fond de nous-mêmes, c’est de l’orgueil ! Nous avons peur d’être mal jugés, critiqués. Nous voudrions être reçus comme des gens éclairés, en avance sur leur temps, libérés des entraves du passé. Et cela rend notre message illisible.
Dans la lettre apostolique Desiderio Desideravi, l'accent mis sur la musique sacrée et le chant est réduit à une parenthèse, se contentant d'indiquer qu'il s'agit d'aspects à soigner. En réalité, des remèdes drastiques sont nécessaires, mais c'est le Vatican qui doit agir en premier. Depuis des décennies, des musiques qui ne sont pas dignes de la liturgie sont proposées au peuple, tandis que le chant grégorien est mis de côté.
La musique sacrée est un sujet dont on parle beaucoup, mais on fait peu, très peu. Depuis des décennies, nous assistons au dessaisissement d'institutions musicales glorieuses, jugées inadaptées à la liturgie actuelle. Mais si la liturgie actuelle prétend se passer des patrimoines de beauté constitués au cours des siècles, il ne faut pas penser qu'il y a vraiment quelque chose qui cloche dans la mentalité de quelqu'un. Les chœurs, même célèbres, sont soit supprimés, soit "normalisés", c'est-à-dire pratiquement empêchés de chanter du grégorien ou de la polyphonie ancienne et moderne. Le chant folklorique doit être promu, sans penser qu'il y avait et qu'il doit encore y avoir une distinction claire entre le chant liturgique et le chant folklorique, mais qui s'en soucie ?
Le point 23 de la Lettre apostolique Desiderio Desideravi dit : "Soyons clairs : tous les aspects de la célébration doivent être soignés (espace, temps, gestes, paroles, objets, vêtements, chants, musique, ...) et toutes les rubriques doivent être observées : cette attention serait suffisante pour ne pas priver l'assemblée de ce qui lui est dû, c'est-à-dire le mystère pascal célébré selon le rituel établi par l'Église". L'attention portée à la musique et au chant sacrés est réduite à cette parenthèse. Ils doivent être guéris... mais comment ? Parce que des remèdes drastiques sont nécessaires maintenant qu'ils sont très malades. Puisqu'il est clair qu'ils ne sont pas guéris, il faut peut-être adopter une position plus radicale.
Après tout, cela correspond tout à fait à l'intérêt manifesté pour ces sujets au cours des dernières décennies. Et cela est évident du fait que la plupart des abus commencent précisément par l'utilisation d'une musique indigne de la célébration. Et les évêques, qui sont censés être vigilants, tournent souvent le dos et détournent le regard. N'est-ce pas la musique que les gens veulent ? Non, c'est la musique que le peuple subit parce qu'il ne connaît rien d'autre, il n'a pas été éduqué à la vraie musique liturgique, comme le demande le pape dans le dernier document et Vatican II avant lui.
Et pourtant, malgré de belles paroles sur le sujet, même de la part de ce Pontife, aucune action efficace pour une réforme de la musique sacrée qui prenne à cœur sa dignité n'a jamais suivi. Si l'on veut être inflexible, comme on le voit avec les traditionalistes, on l'est. Mais comment se fait-il que ceux qui abusent de la liturgie par une musique indigne ne puissent entendre de telles paroles de condamnation à leur égard ? Mais il y en a bien d'autres.
Peut-être est-ce parce que la situation s'est tellement détériorée qu'ils ont perdu l'espoir de faire quelque chose pour la changer. Mais s'ils n'essaient pas depuis le Vatican, les personnes de bonne volonté ailleurs ne pourront pas faire grand-chose à cet égard. S'il n'y a pas d'encouragement ferme et d'enjeux à ne pas franchir, même les quelques personnes qui n'agissent pas par peur ne pourront pas faire grand-chose pour améliorer la situation tragique.
Pèlerinage slovaque de Levoca avec 400.000 fidèles !
5 juillet 2022
Après la pandémie de Corona, le plus grand pèlerinage de Slovaquie a de nouveau conduit cette année des centaines de milliers de fidèles sur la colline de Marie, près de Levoca.
Bratislava (kath.net/KAP) Selon les estimations de la direction du pèlerinage, environ 400.000 fidèles se sont rassemblés cette année pour le plus grand pèlerinage de Slovaquie, qui conduit chaque année de nombreux fidèles sur la colline de Marienberg près de Levoca (Leutschau) à l'occasion de la fête de la Visitation. L'année dernière, le pèlerinage avait dû se dérouler sous une forme nettement réduite en raison de la pandémie de Corona.
Cette année, le pèlerinage était placé sous la devise "L'amour dans la famille comme vocation et chemin de sainteté". Lors de la messe principale du dimanche, l'archevêque de Kosice, Mgr Bernard Bober, a déclaré que "rien n'est plus important, plus nécessaire et en même temps plus vulnérable à notre époque que la vie en famille".
Le programme de la semaine de pèlerinage avait commencé le dimanche 26 juin et était lié à une journée diocésaine de la famille, qui faisait suite à la dixième rencontre mondiale des familles à Rome. Parallèlement, on a célébré cette année le centième anniversaire de la consécration de l'église de pèlerinage néogothique sur le Marienberg par l'évêque de Spis, Jan Vojtassak. Les efforts de Vojtassak en faveur du pèlerinage sont l'un des arguments avancés dans son procès en béatification, entamé en 1996.
Le sanctuaire a été élevé au rang de basilique mineure en 1984. En 1995, le pape Jean-Paul II s'est rendu à Levoca lors de sa deuxième visite en Slovaquie, et avec lui 65.000 pèlerins. Levoca est le plus ancien lieu de pèlerinage de Slovaquie orientale. Les racines de la dévotion à la Vierge remontent au 13e siècle. Le dernier grand pèlerinage en date, en 2019, avait également attiré 400.000 pèlerins.