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Patrimoine religieux - Page 98

  • "Un texte offensant et violent"

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    D'Elisabeth Caillemer sur le site de Famille Chrétienne :

    « C’est un texte offensant et violent » : les tradis blessés par le motu proprio du pape François

    Tristesse, incompréhension, colère… Le motu proprio « Traditionis Custodes », promulgué par le Pape François le 16 juillet et restreignant l’usage du rite tridentin, a plongé les fidèles attachés à la forme extraordinaire du rite romain dans une profonde affliction. « C’est un texte très offensant et très violent », estime l’abbé Paul-Joseph, supérieur du district de France de la Fraternité Saint Pierre (FSSP) qui rejette en bloc les accusations portées à l’encontre des communautés tradis, accusations sur lesquelles le pape semble s’être appuyé pour remettre en cause le motu proprio « summorum pontificum » de son prédécesseur libéralisant la messe traditionnelle. « Les motifs invoqués sont difficilement recevables, explique-t-il. On y parle d’une part de rejet du concile, or la Fraternité Saint Pierre n’a jamais rejeté le concile Vatican II. Pour nous, il ne présente pas de difficultés fondamentales mais uniquement des demandes de précisions sur certains points que nous interprétons à la lumière de la tradition de l’Eglise comme le préconise Benoit XVI. Le deuxième motif qui me semble démenti par les faits est celui de la division ce alors même que, comme plusieurs publications récentes l’ont démontré, les relations entre les diocèses et les communautés ecclesia dei se sont considérablement apaisées depuis une quinzaine d’années ».

    Des accusations injustifiées

    Même sentiment d’injustice pour l’Abbé Mateusz Markiewicz, supérieur du district d’Europe de l’Institut du Bon Pasteur (IBP), qui qualifie ce texte d’« acte contre la charité parce que nous ne savons pas sur quoi s’appuient les accusations portées à notre encontre dans ces documents car rien de ce qui est écrit n’est conforme à la réalité ». Un écart confirmé par l’abbé Guy-Emmanuel Cariot, recteur de la basilique d’Argenteuil qui précise « ne pas célébrer habituellement selon l’ancien rite » : « Je ne comprends pas ce motu proprio, nous a-t-il confié. Ce qui est dit dans le discours du pape ne correspond en rien aux tradis que je connais. Cela semble plutôt s’adresser à des membres de la Fraternité Saint-Pie X. Je n’ai jamais entendu des membres de communautés ecclesia dei parler de « vraie Eglise » en parlant d’eux. Benoit XVI voulait que le concile Vatican II soit reconnu et je pense qu’un gros travail a été fait du côté des communautés ecclesia dei dans ce sens. Je ressens beaucoup de tristesse parce que ce texte semble balayer les efforts faits par Benoit XVI pour maintenir l’unité de l’Eglise et mépriser les efforts faits depuis quinze ans par les communautés traditionalistes. En outre, à une époque où on parle tant de synodalité, je suis étonné que choses semblent aussi définitives et méprisantes ».

    Après le calme, la tempête ? C’est ce que redoute l’abbé Timothée Pattyn, curé de la paroisse de la Trinité en Beaujolais. « Je pense que ce motu proprio va produire l’effet inverse de ce que désire le pape - l’unité et la communion - car cela va braquer les fidèles et les prêtres qui ne se sentent pas compris. Certains vont se diriger vers la Fraternité Saint Pie X, d’autres vont se remettre en porte à faux avec les évêques, des évêques vont rallumer des guerres là où il n’y en avait plus… Ce texte déchire les artisans d’unité qui célèbrent volontiers la forme extraordinaire, en adhérant au concile, à la forme ordinaire et au magistère des papes », regrette cet ancien prêtre de la FSSP qu’il a quittée pour célébrer la messe dans les deux formes du rite romain. « Au sein de ma paroisse où cohabitent les deux formes du rite romain il n’y a aucune querelle entre les fidèles : ils se fréquentent sans problème, oeuvrent ensemble dans les mêmes équipes d'évangélisation, et participent aux mêmes évènements paroissiaux. Mais, avec ce texte, certains ont désormais le sentiment d’être les vilains petits canards, et d’être surveillés de près. Le plus saisissant est de lire qu’on veillera à ce "qu’aucun nouveau groupe ne se forme" : quelle est la part laissée au discernement pour le bien des âmes et sur la volonté du Saint Esprit dans une telle affirmation ? », ajoute-t-il.

    « Nous sommes peu payés pour notre obéissance à Rome  »

    « Ces restrictions apportées par Rome me choquent énormément, fustige Gabrielle, 43 ans. On exige des tradis une communion sans faille qu’on ne demande à aucun autre fidèle dans l’Eglise. Vouloir discuter de l’interprétation de quelques passages du concile est quand même moins grave que de remettre en cause le célibat des prêtres, l’ordination sacerdotale des femmes ou la bénédiction des unions homosexuelles. Nous avons l’impression d’être continuellement dans le viseur pendant que d’autres peuvent se permettre de critiquer ouvertement le pape et la doctrine de l’Eglise ». Une impression de « deux poids, deux mesures » partagée par l’abbé Mateusz Markiewicz qui remarque qu’« on punit des prêtres et des fidèles attachés à une messe multiséculaire tandis que des évêques en Allemagne produisent quasiment un schisme ». Moins bien tolérées que la mouvance progressiste, les communautés ecclesia dei se retrouvent également moins bien loties que la Fraternité Saint Pie X.

    « Nous sommes peu payés pour notre obéissance à Romeobéissance qui est la pierre angulaire de notre fondation, souligne en effet l’abbé Paul-Joseph. La Fraternité Saint Pie X est finalement mieux traitée que nous, ce que je ne regrette pas pour eux, pour autant on ne peut pas s’empêcher d’avoir le sentiment du frère ainé de l’enfant prodigue qui lui est resté auprès de son père. Depuis notre création, nous avons essayé d’être dans cet esprit filial, avec le droit qui nous a été accordé de pouvoir émettre des critiques constructives mais il demeure chez certains une suspicion sur notre communion ecclésiale, notre état d’esprit, notre obéissance, notre reconnaissance de la validité et la fécondité du missel de Paul VI que nous n’avons jamais remise en cause ».

    Une volonté de supprimer le Missel de Saint-Pie V

    Que va-t-il advenir dans les mois prochains ? L’abbé Cariot se veut confiant : « Une grande liberté est laissée à nos évêques. Il faut espérer qu’ils auront à cœur de veiller à l’unité de leur peuple dont ces personnes attachées à la forme extraordinaire font partie. On ne peut pas nier du jour au lendemain ce qu’elles sont, ce qu’elles désirent, ni leur vitalité ».

    Pour l’abbé Paul-Joseph, en revanche, il fait aucun doute que ce motu proprio vise tout simplement à enterrer la messe dite de Saint Pie V. « L’avenir va être à géométrie variable car il va dépendre des évêques. Je crois que certains n’ont pas envie de partir dans des conflits car les choses sont paisibles dans leur diocèse et n’ont aucun intérêt à revenir en arrière. Mais il n’y aura plus de stabilité. Nous passons de la bienveillance à un régime de tolérance, illustré notamment par le fait que les messes traditionnelles ne sont plus censées être célébrées dans des églises paroissiales, qu’il n’y aura plus d’érection de paroisses personnelles et qu’on demande aux évêques de ne plus accepter de demande venant de nouveaux groupes. C’est l’acheminement vers l’unique missel de Paul VI. La bonté propre et la fécondité de la liturgie pré conciliaire n’est absolument pas reconnue et elle est même niée. Il s’agit donc d’un encadrement des dernières personnes attachées au missel de Saint Pie V que l’on accompagne de façon thérapeutique comme en soins palliatifs ». « Dans un contexte de déchristianisation, vouloir donner un tel coup d’arrêt à des communautés qui se développent et portent des fruits est incompréhensible », conclut l’abbé Mateusz Markiewicz. 

  • Les partisans de la messe traditionnelle réagissent avec désarroi aux nouvelles restrictions sévères du pape

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    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

    Les partisans de la messe en latin réagissent avec désarroi aux nouvelles restrictions sévères du pape

    "Je prie pour que les fidèles ne cèdent pas au découragement qu'une telle sévérité engendre nécessairement, mais qu'ils persévèrent, avec l'aide de la grâce divine, dans leur amour de l'Église et de ses pasteurs", a déclaré le cardinal Raymond Burke au Register.

    16 juillet 2021

    Le pape François a émis des restrictions importantes à la célébration de la messe traditionnelle en latin, annulant les décrets papaux précédents qui avaient libéralisé la messe célébrée avant les réformes liturgiques du pape Paul VI en 1970, et exhortant à un "retour en temps voulu" à la liturgie instituée après le Concile Vatican II. 

    Les partisans de la messe en latin ont réagi avec inquiétude au nouveau document papal, affirmant qu'il s'en prend de manière injustifiée, rapide et sévère à la célébration de la sainte liturgie. 

    Dans une nouvelle lettre apostolique publiée motu proprio intitulée Traditionis Custodes (gardiens de la tradition) et signée le 16 juillet, en la fête de Notre-Dame du Mont Carmel, le pape a pris la "ferme décision" d'annuler immédiatement le motu proprio Summorum Pontificum de 2007 de Benoît XVI et le motu proprio Ecclesia Dei de 1988 du pape Jean-Paul II qui libéralisaient la disponibilité de la messe célébrée avant 1970. 

    L'un des éléments clés du Summorum Pontificum de Benoît XVI, qui affirmait que le Missel romain promulgué par Jean XXIII en 1962 n'a "jamais été abrogé en tant que forme extraordinaire de la liturgie de l'Église", était qu'il accordait que tout groupe stable de fidèles laïcs pouvait demander à un prêtre de célébrer cette forme de la messe (également appelée forme extraordinaire du rite romain), et qu'il n'avait besoin "d'aucune permission du Siège apostolique ou de son propre Ordinaire". 

    Mais selon le nouveau motu proprio de François, il sera désormais de la "compétence exclusive" de l'évêque diocésain "d'autoriser l'utilisation du Missel romain de 1962 dans son diocèse, selon les directives du Siège apostolique." L'évêque se verra également confier d'autres pouvoirs étendus, notamment celui d'accorder la permission aux prêtres qui souhaitent célébrer l'ancienne messe et à ceux qui le font déjà, et celui de mettre fin au droit des groupes de faire célébrer cette forme de messe dans les églises paroissiales. 

    François a déclaré qu'il apportait ces changements après avoir "soigneusement examiné" les résultats d'une enquête en neuf points envoyée par la CDF aux évêques l'année dernière pour évaluer la mise en œuvre de Summorum Pontificum, et "à la lumière de l'expérience qui a mûri au cours de ces années". 

    "Les réponses révèlent une situation qui me préoccupe et m'attriste, et me persuade de la nécessité d'intervenir", a écrit le pape dans une lettre d'accompagnement aux évêques publiée vendredi. 

    "Malheureusement, l'objectif pastoral de mes prédécesseurs, qui entendaient 'faire tout leur possible pour que tous ceux qui possédaient vraiment le désir de l'unité trouvent la possibilité de rester dans cette unité ou de la redécouvrir à nouveau', a souvent été sérieusement négligé", a-t-il déclaré. 

    Il a ajouté que les efforts de Jean-Paul II et de Benoît XVI pour "retrouver l'unité" après la rupture de la Fraternité Saint-Pie X avec Rome en 1988 à cause des réformes liturgiques et doctrinales qui ont suivi Vatican II ont été "exploités pour élargir les fossés, renforcer les divergences et encourager les désaccords qui blessent l'Église, bloquent son chemin et l'exposent au péril de la division". 

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  • Communiqué d’Esprit de la liturgie sur le motu proprio Traditionis Custodes

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    Communiqué d’Esprit de la liturgie sur le motu proprio Traditionis Custodes

    La publication par le pape François du motu proprio Traditionis Custodes est une source de grande souffrance pour Esprit de la liturgie comme pour tous ceux, fidèles de l’une ou l’autre forme du rite romain, qui sont attachés à la pensée de Benoît XVI en matière de liturgie.

    Il n’est pas envisageable d’adhérer à la volonté explicite du Souverain Pontife de voir disparaître l’usage ancien au profit de l’usage réformé, tant que la situation de fait de cet usage réformé est celle d’une rupture avec la tradition liturgique latine.

    Cette rupture se fait selon trois axes : premièrement, une grande partie des éléments les plus antiques de la liturgie traditionnelle (oraisons, lectures, antiennes), est absente de la liturgie réformée ; deuxièmement, les options les plus couramment choisies dans la liturgie réformée ne correspondent pas à la tradition liturgique latine (abandon du grégorien, de l’orientation, plus généralement du hiératisme) ; troisièmement, même si les abus liturgiques au sens strict se font plus rares que par le passé, ils sont encore assez fréquents pour qu’on souhaite s’en prémunir.

    Cette rupture, Esprit de la liturgie a toujours voulu contribuer à la réduire, encouragée par l’appel de Benoît XVI à recevoir les usages nouveaux avec une herméneutique de réforme dans la continuité. Le Motu Proprio Traditionis Custodes, au contraire, entérine cette rupture.

    Dans la situation présente, la possibilité de célébrer la Messe, l’Office divin et les Sacrements selon l’usage ancien est un témoignage, ô combien vivant, de la tradition liturgique latine, qui doit continuer d’informer l’ars celebrandi de l’usage réformé et ses éventuelles réformes ultérieures.

    La généreuse liberté donnée par le pape Benoît XVI à tout fidèle du rite latin de bénéficier des livres liturgiques en usage en 1962 avait arrêté net la “guerre des missels” qui empoisonnait la vie de l’Église depuis les années 1970. C’est dans le cadre de cette coexistence, largement paisible, que notre association s’est proposée d’encourager une réflexion qui aille au-delà d’une prise de position pour l’un ou l’autre missel, et permette de promouvoir un vrai sens liturgique et traditionnel dans les célébrations de l’Église latine aujourd’hui. Elle était en cela encouragée par l’affirmation de l’égale dignité des deux formes du rite romain, affirmation que Traditionis Custodes répudie dès son premier article. Le motu proprio ramène ainsi la liturgie préconciliaire, et l‘Église avec lui, quarante ans en arrière, et déterre au passage la hache de guerre liturgique.

    L’association Esprit de la liturgie, son blog, son groupe Facebook et sa revue, continueront de promouvoir l’ars celebrandi traditionnel du rite romain, son esthétique, son chant et sa symbolique, dans l’usage ancien comme dans l’usage réformé, toujours convaincue de la profonde vérité de ces paroles de Benoît XVI dans la lettre accompagnant le motu proprio :

    “L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Eglise, et de leur donner leur juste place.”

    Le comité d’Esprit de la liturgie

  • Le Motu Proprio du pape rouvre-t-il la guerre liturgique ?

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    D'Odon de Cacqueray sur le site de l'Homme Nouveau :

    Motu Proprio « Traditionis custodes »
    la guerre liturgique réouverte ?

    Après plusieurs semaines d’attente et de rumeurs, le pape François a publié le 16 juillet dernier sa Lettre apostolique « Traditionis custodes » (« gardiens de la Tradition ») sous forme de motu proprio (« de son propre mouvement »). Le pape insiste ainsi sur l’importance qu’il accorde personnellement à ce texte. Celui-ci abroge la lettre apostolique également sous forme de motu proprio de Benoit XVI : Summorum Pontificum, et apporte des restrictions à la célébration de la messe selon le missel de 1962, jusqu’alors communément appelée la Forme extraordinaire du Rite Romain (FERM) pour la différencier de la messe selon le missel de Paul VI appelée Forme ordinaire du Rite Romain (FORM). La Lettre apostolique est accompagnée d’une lettre à tous les évêques du monde qui vise à l’accompagner et l’expliciter. Le motu proprio du pape François publié le 16 juillet « Traditionis custodes », annule les normes jusqu'ici en vigueur pour la messe en Forme extraordinaire du Rite Romain. Le Souverain Pontife justifie son texte par le souci de l'unité. Le ton choisi, les arguments retenus ne vont-ils pas rouvrir de vieilles blessures ? 

    Premier fait anecdotique mais tout de même à relever, le document du pape a été originellement publié en anglais et en italien. Pas de latin ni de français. Outre le fait que notre langue a été très longtemps de rigueur dans les communications internationales, principalement diplomatiques, le contenu de la lettre touche particulièrement la France où la question liturgique entre les deux formes est toujours un sujet de débat houleux. 

    Le pape François a choisi de diviser sa lettre en huit articles, précédés d’un mot introductif conséquent et suivis d’une courte conclusion. L’introduction commence par rappeler le rôle d’unité qu’ont les évêques, citant Lumen Gentium (n°23) « Les évêques sont, chacun pour sa part, le principe et le fondement de l’unité dans leurs Églises particulières » et (n°27) « Chargés des Églises particulières qui leur sont confiées, les évêques les dirigent ». Très vite le pape rappelle le cadre dans lequel s’inscrivent les célébrations de la FERM « mes vénérables prédécesseurs, saint Jean-Paul II et Benoît XVI, ont accordé et réglementé la faculté d'utiliser le Missel romain édité par Jean XXIII en 1962 ». Dans Summorum Pontificum Benoit XVI parlait lui aussi, en mentionnant l’Indult Quattuor abhinc annos (1984), d’une faculté accordée « d’utiliser le Missel romain publié en 1962 » mais il précisait dans sa lettre qui accompagnait Summorum Pontificum « Quant à l’usage du Missel de 1962, comme Forma extraordinaria de la Liturgie de la Messe, je voudrais attirer l’attention sur le fait que ce Missel n’a jamais été juridiquement abrogé, et que par conséquent, en principe, il est toujours resté autorisé. » En conséquence l’Indult n’était pas nécessaire, pas plus que les deux motu proprio, celui de Benoit XVI et Ecclesia Dei de Jean-Paul II « On devra partout respecter les dispositions intérieures de tous ceux qui se sentent liés à la tradition liturgique latine, et cela par une application large et généreuse des directives données en leur temps par le Siège apostolique pour l'usage du missel romain selon l'édition typique de 1962 ». Pour autant ce qui va sans le dire, va mieux en le disant. Le rappel de la possibilité pour les prêtres de célébrer selon le missel de 1962 allait dans le sens de l’apaisement en donnant une base scripturaire sérieuse aux prêtres et aux fidèles qui souhaitaient en bénéficier. 

    Sont ensuite exposées les raisons qui ont conduit à l’écriture de cette lettre apostolique : le souci d’évaluer l’application et les fruits de Summorum Pontificum par une grande consultation de tous les évêques (voir Le club des Hommes en Noir sur le sujet), un avis de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et la volonté de toujours plus œuvrer pour l’unité de l’Église.

    Que disent les articles de ce motu proprio ?

    L’article premier annonce que les livres liturgiques promulgués par Paul VI et Jean-Paul II sont la seule et unique expression de la lex orandi du Rite Romain. Un miroir de l’article premier de Summorum Pontificum « Le Missel romain promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de la lex orandi de l’Église catholique de rite latin. Le Missel romain promulgué par saint Pie V et réédité par le Bienheureux Jean XXIII doit être considéré comme expression extraordinaire de la même lex orandi  de l’Église ».

    L’article 2 donne à l’évêque le pouvoir d’autoriser ou non la célébration de la messe selon le missel de 1962 dans son diocèse. 

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  • Communiqué de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, sur le Motu proprio du Pape François Traditionis custodes

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    Aillet 12-Mgr-Marc-Aillet.jpgVoici le texte de Mgr Aillet publié sur le site web du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron dont on voudrait espérer que l’exemple sera suivi par un grand nombre de ses confrères :

    « Chers frères et sœurs,

    Le Pape François a promulgué le vendredi 16 juillet 2021, en la mémoire de Notre-Dame du Mont Carmel, un Motu proprio, intitulé Traditionis Custodes - Gardiens de la Tradition -, sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la Réforme de 1970. Il va sans dire que nous accueillerons ce motu proprio avec le même sens de l’Eglise et la même communion avec le Successeur de Pierre que le Motu proprio Summorum Pontificum, promulgué par le Pape Benoît XVI, le 7 juillet 2007.

    Le Pape rappelle qu’en tant que « gardiens de la tradition, les évêques, en communion avec l’évêque de Rome, constituent le principe et le fondement visible de l’unité dans leurs Eglises particulières ». Aussi, comme le stipule l’art. 2 du Motu proprio, « En tant qu’il est le modérateur, le promoteur et le gardien de toute la vie liturgique dans l’Eglise particulière qui lui a été confiée, c’est à l’évêque diocésain qu’il appartient de régler les célébrations liturgiques dans son propre diocèse. Par conséquent, c’est sa compétence exclusive d’autoriser l’usage du Missel Romain de 1962 dans le diocèse, selon les orientations du Saint-Siège ».

    Dans la lettre adressée aux évêques pour accompagner ce motu proprio, le Pape François explique pourquoi il a été amené à prendre de nouvelles dispositions qui abrogent celles prises par ses vénérés prédécesseurs. Tout en saluant la sollicitude paternelle et la magnanimité de Saint Jean Paul II et du Pape émérite Benoît XVI, pour faciliter l’usage du Missel de 1962, en vue de promouvoir la communion au sein de l’Eglise, le Saint-Père dit sa tristesse de constater, au terme de l’enquête qu’il a diligentée auprès des évêques du monde entier, que la possibilité offerte par ses prédécesseurs « ait été utilisée pour augmenter les distances, durcir les différences, construire des oppositions qui blessent l’Eglise et en entravent la progression, en l’exposant au risque de divisions ».

    Conscient de possibles dérives induites ici ou là dans l’Eglise et toujours à corriger, j’atteste pour ma part que l’application loyale du Motu proprio Summorum Pontificum dans le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron, a favorisé un climat de paix et de respect mutuel entre les prêtres et les fidèles attachés à ce que Benoît XVI désignait comme la forme ordinaire et la forme extraordinaire de l’unique rite romain. Il me semble pouvoir attester que les prêtres assurant dans le diocèse de Bayonne le service de la liturgie selon le Missel de 1962, adhèrent pleinement au Concile Vatican II, reconnaissent la légitimité du Missel de 1970, expression par excellence de la lex orandi de l’Eglise latine, et cultivent un sens aigu de la communion ecclésiale en participant activement aux manifestations et célébrations, comme aux orientations pastorales et missionnaires du diocèse. Je sais qu’ils ont le souci de faire grandir dans la foi, la vie chrétienne et le sens de la communion et de la mission, les fidèles qui participent habituellement ou occasionnellement aux célébrations liturgiques qu’ils président. Je constate d’ailleurs que leurs assemblées sont relativement jeunes et qu’on y trouve des familles très soucieuses de transmettre la foi à leurs enfants et de les éduquer à « sentire cum Ecclesia –  sentir avec l’Eglise ».

    Je veux leur redire ma confiance et les invite à poursuivre leurs efforts dans le même sens, dans l’esprit du nouveau Motu proprio Traditionis Custodes, dont je préciserai ultérieurement les modalités d’application. Et s’ils ressentent de l’incompréhension, je les invite à ne pas céder à la colère ni à des attitudes de fermeture ou de repli, mais bien plutôt, à l’instar de l’apôtre Thomas dans l’Evangile (cf. Jn 14, 5-6), à demander au Seigneur lui-même des explications, dans une prière d’abandon à sa volonté.

    Les prêtres qui célèbrent le Missel de 1962, en communion avec l’évêque, appartiennent pleinement au presbyterium du diocèse, au sein duquel ils entretiennent des relations fraternelles avec les autres prêtres et y assument des services diocésains appréciés. Je redis aux fidèles attachés au Missel de 1962 qu’ils sont membres à part entière de la communauté des fidèles qui constituent le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron et je les invite à recevoir ce Motu proprio avec foi, confiance et sens de l’Eglise.

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  • Grillo : un des inspirateurs de la suppression de Summorum Pontificum

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    De "Paix Liturgique" (lettre n°807) :

    ANDREA GRILLO, UN DES PENSEURS DE LA SUPPRESSION DE SUMMORUM PONTIFICUM

    ENQUETE SUR LES ENNEMIS DE LA PAIX DANS L'EGLISE

    Dans notre lettre 805 du 28 Juin 2021, nous évoquions l’offensive contre Summorum Pontificum, menée par un groupe de pression œuvrant au sein de la Curie et de l’épiscopat italien, auquel un intellectuel engagé s’employait à donner des munitions, Andrea Grillo, professeur de liturgie à l’Université romaine Saint-Anselme. Nous citions un important article de cet auteur, « Il peccato dell’Ecclesia Dei si chiama Summorum Pontificum », Le péché d’Ecclesia Dei se nomme Summorum Pontificum ( http://www.cittadellaeditrice.com/munera/il-peccato-dellecclesia-dei-si-chiama-summorum-pontificum/ ), qu’il nous a paru utile de reproduire, car il éclaire parfaitement les motifs de ceux qui tentent aujourd’hui, en une ou plusieurs étapes, d’anéantir l’esprit et la lettre du motu proprio Summorum Pontificum.

    Qui est Andrea Grillo ?

    Ce laïc de soixante ans, marié et père de deux enfants, docteur en droit de l’Université de Gênes, docteur en théologie de l’Institut de Liturgie de Padoue, très en phase avec le monde épiscopal italien progressiste, a fait partie de la Commission de la Conférence des Évêques d’Italie chargée de traduire et d’adapter le nouveau rite du sacrement du mariage. Il s’est d’ailleurs beaucoup investi dans le soutien de la novation intervenue dans la morale de la famille à l’occasion des assemblées du Synode sur la Famille et de l’exhortation Amoris laetitia (sa trouvaille est que beaucoup d’ouvertures peuvent être obtenues si on prend soin de distinguer le mariage et la famille…)

    Il est professeur de théologie sacramentaire à l’Université pontificale Saint-Anselme, située sur l’Aventin, professeur de théologie à l’Institut de Liturgie pastorale de Padoue et à l’Institut théologique d’Ancône. Dans le petit monde extrêmement bugninien de l’enseignement de la liturgie en Italie, c’est une personnalité de poids (il est vice-président de l’Association des professeurs de liturgie), même s’il a par ailleurs une réputation d’intellectuel un peu répétitif. Son blog Come se non, est hébergé par Munera, « Revue européenne de Culture » : Andrea Grillo ( cittadellaeditrice.com ). On dit qu’il a l’oreille du pape.

    Un article-programme

    L’article que nous reproduisons ici, du 21 janvier 2019, très militant, comme tous ceux de Grillo, commente à chaud la suppression de la Commission Ecclesia Dei, intervenue quelques jours auparavant, le 17 janvier 2019, absorbée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Il y développe un thème martelé depuis l’élection du pape Francois au sein de la Curie et de l’épiscopat italien, celui du scandale représenté par cette Commission : elle protégeait l’existence d’un monde liturgique et doctrinal parallèle à l’Eglise rénovée par le Concile.

    Mais, à la différence des ecclésiastiques qui n’osaient pas s’en prendre directement à l’œuvre de Benoît XVI, A. Grillo se livre à une attaque frontale de Summorum Pontificum. Attaque qui a ensuite prospérée et qui a abouti aux projets actuellement sur la table.

    Sur le fond, A. Grillo pointe ce qui est la force et la faiblesse de Summorum Pontificum, à savoir son affirmation que deux formes rituelles (fondées sur deux états doctrinaux notoirement hétérogènes) étaient deux expressions d’une identique lex orandi. Du coup la communion ecclésiale, remarque Grillo, n’est plus fondée sur une expression unique de la foi catholique vécue au moyen de la liturgie.

    En un sens il a raison. C’était même tout le pari de Benoît XVI : d’une part, avec ce compromis, il assurait la paix de l’Église ; et d’autre part, il espérait qu’à terme cette coexistence de deux rites successifs, qualifiées de « formes » parallèles, contribuerait à raccrocher le rite nouveau à la tradition de l’Église par le biais de l’enrichissement réciproque » (un zeste de nouveauté dans la forme traditionnelle, préfaces, fêtes ; une infusion massive de tradition dans la forme nouvelle, sens de la célébration, communion, etc.) Sur le deuxième point, Benoît XVI était manifestement irénique. Sur le premier – la pacification – il avait obtenu un évident résultat.

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  • Que reproche le pape aux traditionalistes ?

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    D'Antoine Pasquier sur le site de Famille Chrétienne :

    Motu proprio Traditionis Custodes : ce que le pape François reproche aux tradis

    Le pape en exercice l’explique longuement dans sa lettre accompagnant son décret. Treize ans après la publication de Summorum pontificum par Benoît XVI, François a décidé en 2020 de charger la Congrégation pour la Doctrine de la Foi d’adresser aux évêques un questionnaire sur l'application du motu proprio. « Les réponses reçues ont révélé une situation qui m'angoisse et m'inquiète, confirmant la nécessité d'intervenir », écrit le Pontife, estimant que « l'intention pastorale de mes prédécesseurs, qui avaient entendu « tout mettre en œuvre pour que tous ceux qui désirent vraiment l'unité puissent rester dans cette unité ou la retrouver », a souvent été sérieusement négligée ». Le pape François considère que le geste envers les fidèles du missel de 1962 « a été utilisé pour augmenter les distances, durcir les différences, construire des contrastes qui blessent l'Église et entravent sa progression, l'exposant au risque de divisions ».

    Le successeur de Pierre ne mâche pas ses mots, se disant « attristé par une utilisation instrumentale du missel de 1962, de plus en plus caractérisée par un rejet croissant non seulement de la réforme liturgique, mais du Concile Vatican II, avec l'affirmation infondée et insoutenable qu'il a trahi la Tradition et « la vraie Église »". Le choix « des célébrations selon les livres liturgiques précédant le Concile Vatican II » et le rejet de l'Église et de ses institutions vont de pair, estime-t-il. « C'est un comportement qui contredit la communion, nourrissant cette pulsion de division (…). C'est pour défendre l'unité du Corps du Christ que je suis contraint de révoquer la faculté accordée par mes prédécesseurs ».

    De précédentes critiques

    Ce n’est pas la première fois que le pape François dénonce « les paroles et les attitudes » des prêtres et des fidèles attachés à la tradition. Le 23 juin dernier, lors de sa catéchèse du mercredi, il avait ainsi fustigé ceux qui « affirment avec force que le vrai christianisme est celui auquel ils sont attachés, souvent identifié avec certaines formes du passé ». Ces chrétiens, qu’il n’avait pas explicitement nommé, pensent « que la solution aux crises actuelles est de revenir en arrière pour ne pas perdre l’authenticité de la foi ». Il existe chez eux, avait-il ajouté, « la tentation de se refermer sur certaines certitudes acquises dans des traditions passées ».

    Rétrospectivement, l'épisode du renvoi de la Fraternité Saint-Pierre du diocèse de Dijon préfigurait déjà la direction prise par le pape François à l'encontre des communautés traditionnelles. L'évêque Mgr Roland Minnerath n'avait d'ailleurs pas caché aux fidèles venus manifester devant son évêché que Rome allait prochainement donner un sérieux tour de vis. Parallèlement, la Conférence des évêques de France avait décidé de mettre en place une instance de dialogue avec les principales communautés traditionnelles. Une manière d'anticiper la réception du document pontifical dans les milieux traditionnels ?

  • Le pape François s’en va-t-en guerre contre l’oeuvre liturgique de son prédécesseur Benoît XVI

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    De Jean-Marie Guénois, ce jour sur le site web du « Figaro » (extraits) :

    Bergoglio 7d7c4294e36933a020aa376ba5a15b07bcb1f807e183c061d5779576c2c46daa.jpg"Par le Motu Proprio «Traditionis Custodes» publié ce 16 juillet  2021 (en traduction française ICI), le pape François annule les effets du Motu Proprio «Summorum Pontificum» de Benoît XVI qui avait donné en 2007 un statut de rite «extraordinaire» à la messe selon le rite de Saint Pie V, pour en faciliter l'usage.

    À LIRE AUSSI :Liturgie: le pape François veut remettre en cause le motu proprio de Benoit XVI

    Il permettait aux fidèles qui désiraient la messe selon le rite tridentin, en usage avant le Concile Vatican II et communément appelé «messe en latin», de pouvoir en bénéficier à condition de représenter un groupe stable. Il suffisait de le demander au curé de la paroisse qui devait accepter ou trouver une solution pour satisfaire cette demande. En cas de conflit, l'évêque devait donner raison aux fidèles.

    Des conditions très strictes

    Dans son Motu Proprio, François rappelle que «l'unique expression» du rituel de messe latine est celle du Concile Vatican II. Il donne aux seuls «évêques» locaux, par «compétence exclusive», l'autorisation de célébrer selon l'ancien rite avec des conditions très strictes:

    – que le «groupe» en question «n'exclue pas la validité et la légitimité» de la réforme liturgique du Concile Vatican II, du concile Vatican II et du magistère des Papes.

    -qu'un lieu ou plusieurs soient définis dans le diocèse pour cette messe selon l'ancien rite mais «pas dans les églises paroissiales et sans ériger de nouvelles paroisses personnelles».

    – que les lectures de ces messes soit lues en langue vernaculaire, celle du pays et non en latin, selon les traductions établies par la conférence épiscopale.

    -qu'un prêtre, soit nommé par l'évêque, comme «délégué de l'évêque» pour ces célébrations et pour le «soin des fidèles».

    -qu'un contrôle soit réalisé par l'évêque dans toutes les paroisses personnelles (paroisses spéciales déjà constituées avec autorisation de célébrer le rite préconciliaire) pour «évaluer si elle seront maintenues ou pas».

    – que l'évêque «aura soin de ne pas autoriser la constitution de nouveaux groupes».

    À LIRE AUSSI :La méthode François déroute jusque dans son propre camp

     Le pape François demande aussi aux prêtres ordonnés «après la publication » de ce motu proprio et qui veulent célébrer selon l'ancien rite, «de faire une demande formelle à l'évêque» qui «avant de donner l'autorisation consultera le Siège Apostolique» donc Rome. Quant aux prêtres qui célèbrent déjà dans cette forme, ils devront «demander à l'évêque l'autorisation pour continuer ».

    Par ailleurs le pape supprime le bureau spécialisé au Vatican en charge de cette question «traditionnaliste» dans l'Église qui s'appelait «Ecclesia Dei» et confie aux différents ministères concernées du Vatican le soin de régler les éventuels problèmes.

    Ref. Le pape François réduit fortement l'usage de la messe en latin

    Un texte et un geste peu élégants, par lesquels le pape François rallume avec brutalité la guerre des deux messes, apaisée voici 14 ans (7 juillet 2007) par son prédécesseur le pape émérite Benoit XVI: toujours en vie…

    JPSC

  • La meilleure bière du monde est fabriquée par des trappistes belges

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    De Michel Janva sur le Salon Beige :

    Les mythiques bières de l’abbaye de Westvleteren

    • être brassée au sein d’une abbaye de l’ordre cistercien de la stricte observance,
    • par les moines ou au moins sous leur supervision,
    • et enfin, les bénéfices doivent être utilisés pour le monastère et le surplus donné à des œuvres caritatives ou sociales

    Tout est en ordre à Westvleteren !

    Les moines de Westvleteren, dans la brasserie de leur monastère – ©Abbaye de Westvleteren

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  • Que faire de nos églises désertées ?

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    De Mélanie Geelkens sur le site du Vif :

    Coût des cultes: les Eglises sont vides et peinent à ressusciter

    11 juillet 2021

    Chaque année, quelques dizaines d'églises sont désaffectées, et certaines mises en vente, les communes refusant d'investir de trop importants montants dans leur rénovation. Déjà que les cultes leur coûtent pas mal d'argent... Mais que faire des édifices désacralisés? La piste des logements est à l'étude.

    Neuf cents mètres carrés, belle hauteur sous plafond, vaste crypte aménageable, vitraux simple vitrage: faire offre à partir de 790 000 euros. Depuis sa mise en vente en 2019, des amateurs se sont manifestés, imaginant y ouvrir tantôt un restaurant, tantôt une maison de repos, voire une mosquée. L'agent immobilier imaginait même de l'escalade sur la tour. L'église Notre-Dame de Lourdes au Bouhay, à Bressoux (Liège), a finalement été vendue en 2020 et son affectation reste à déterminer. Peut-être du logement.

    D'autres se sont transformées en hôtel (à Malines), en restaurants (à Anvers, Gand et Marche-en-Famenne), en discothèque (à Bruxelles)... Les projets de reconversion ne peuvent devenir que de plus en plus nombreux. En Belgique, on recense pas moins de 4 296 églises, selon le décompte officiel effectué en 2018. Mais quelques dizaines sont désaffectées chaque année (31 en 2018, 26 en 2019). Elles sont, dans de rares cas, attribuées à d'autres cultes chrétiens. Sinon laissées vides.

    Et, même lorsqu'elles ne sont plus fréquentées, elles engendrent des frais. De réparations urgentes, de sécurisation... Ce sont alors les communes qui déboursent, toutes historiquement obligées qu'elles sont de devoir assumer les déficits des fabriques d'église depuis un décret datant de... 1809 (mais aussi ceux des cultes protestant, israélite et anglican, tandis que les provinces se chargent de ceux des cultes orthodoxe et musulman). En moyenne, le financement annuel global des cultes au niveau des communes wallonnes représente 40,1 millions d'euros au budget ordinaire et 51,2 millions à l'extraordinaire. Soit environ 1% du budget communal. Ou, plus concrètement, quasi 26 euros par habitant.

    Pour des pouvoirs locaux souvent en déficit structurel, ça pèse lourd. D'autant que les églises sont souvent vides, ou en tout cas trop nombreuses sur un territoire communal par rapport aux besoins des habitants. A Nivelles, il y en a dix (huit catholiques et deux protestantes). Dont coût annuel en 2021 de 3,4 millions d'euros (budgets ordinaire et extraordinaires confondus). L'un de ces édifices, Saint-Sépulcre, est fermé au public depuis 2019. Trop délabré, trop risqué. "Le coût d'une rénovation serait de 2,2 millions au minimum minimorum, détaille Colette Delmotte, présidente du CPAS en charge des cultes et du patrimoine (MR). La commune a dit non, et la fabrique d'église pense à la vendre depuis un petit temps, étant donné aussi qu'il y a de moins en moins de paroissiens." Cette année, bien que fermée, Saint-Sépulcre a continué à coûter plus de 31 000 euros. Si elle est un jour vendue, les caisses communales ne toucheront pas un centime.

    Même si un bien devait être vendu pour l'euro symbolique, il est peu probable qu'un investisseur privé assume les rénovations et y trouve une rentabilité.

    Mais dès l'annonce d'une possible mise en vente, un comité de soutien s'est organisé, "Les amis du Spluc". Même désertée, une église ne disparaît que rarement sans protestation, sans doute en raison des liens affectifs qu'elle suscite. Le lieu d'un mariage, d'une communion, d'un baptême, pour plusieurs générations. "Ces riverains s'imaginaient qu'avec des goûters, des soupers, ils pourraient sauver les lieux, constate Colette Delmotte. Mais il faut rester réaliste, il y a des normes à respecter, et la Ville a d'autres priorités."

    A Liège, c'est la basilique de Cointe qui est à vendre depuis des temps immémoriaux. Plusieurs investisseurs privés s'étaient manifestés, aucun projet n'a réussi à se concrétiser. "C'est difficile, car nous ne sommes pas propriétaires fonciers, explique l'échevine en charge des cultes Christine Defraigne (MR). La Ville ne peut que souhaiter lui donner un avenir." Le territoire liégeois compte pas moins de 57 édifices, dont 48 catholiques. Qui nécessitent un budget annuel de 545 000 euros. "Nous respectons bien sûr nos obligations. Mais vu notre état d'impécuniosité, et étant donné la chute évidemment drastique de la fréquentation, nous avons demandé aux représentants de réfléchir à des formules de rationalisation."

    Lire aussi: Coût des cultes: l'impôt qui fait vivre les Eglises en Allemagne

    Des fidèles aux locataires?

    Rationaliser, c'est aussi ce que propose aux communes l'intercommunale immobilière Ecetia. Et si aucune église n'était déjà construite, combien seraient érigées pour répondre aux besoins? "On pourrait alors envisager une nouvelle affectation, totale ou partielle, aux autres", expose son directeur, Bertrand Demonceau, qui raconte avoir été régulièrement consulté par des bourgmestres en quête de solutions de reconversion. "Souvent, on imagine de les transformer en bibliothèques et centres culturels. Mais quand bien même, les communes ont-elles besoin de cinq de chaque sur leur territoire? Ce qui leur manque, le plus souvent, ce sont des logements, surtout des appartements. On pourrait imaginer soit l'intervention d'agences immobilières sociales, soit des promotions immobilières classiques." Les communes tiennent parfois à proposer une emphytéose plutôt qu'une vente réelle. On ne sait jamais, qu'un jour les fidèles reviennent en masse...

    Ecetia est en contact avec plusieurs communes, et deux dossiers sont plus particulièrement avancés (une étude économique a été réalisée): concernant les églises de Tignée et du Heusay, toutes deux en périphérie liégeoise. Mais ce genre de reconversion ne peut être que complexe, d'abord car les pouvoirs publics ne sont pas toujours eux-mêmes propriétaires et ne peuvent que suggérer les choses. "Le constat que l'on a tiré, poursuit Bertrand Demonceau, c'est qu'il devrait de toute façon y avoir un coût public, pour certains frais de réparation ou de rénovation. Même si un bien devait être vendu pour l'euro symbolique, il est peu probable qu'un investisseur privé assume les rénovations et y trouve une rentabilité." Peut-être certains subsides régionaux pourraient-ils aider mais, à nouveau, l'investissement public sera difficilement épargné.

    "Le sujet est complexe,conclut- il. Et parfois émouvant car le fait même que cette question de l'avenir des églises se pose, à une aussi grande échelle et sans doute pour la première fois depuis la christianisation de l'Europe au Haut Moyen Age, témoigne d'un changement de paradigme. Du passage d'une époque à une autre."

  • Messe traditionnelle : le pape voudrait revenir sur les ouvertures de Benoît XVI

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via "Pour une école libre au Québec" :

    Le pape François veut réduire l'influence des traditionnalistes en revenant sur les ouvertures de Benoît XVI

    Quatorze ans après la décision de son prédécesseur de libéraliser la messe en latin, le pape argentin envisage de restreindre son application pour réduire l’influence des traditionalistes.

    Le 7 juillet 2007, Benoît XVI avait ouvert un nouvel horizon à la liturgie traditionnelle. Dans un décret devenu célèbre, le motu proprio Summorum pontificum, il accordait une place nouvelle à l’« ancienne messe » alors qu’elle avait été marginalisée par le concile Vatican II (1962-1965).La liturgie traditionnelle dans l’Église ne lésine pas sur l’encens. Ses volutes légères et profondes veulent exprimer un mystère. Un autre mystère plane toutefois sur l’avenir de cette tradition connue sous le nom de « messe en latin ». François pourrait en limiter l’usage. Benoît XVI avait pourtant redonné ses lettres de noblesse à cette liturgie. Nuage fugitif ou orage annoncé ?

    « Extraordinaire » et « ordinaire » Le pape allemand reconnaissait la pertinence de la messe dite de saint Pie V, telle qu’elle était dite avant ce concile en lui conférant un statut pérenne, celui de rite « extraordinaire ». Il demeurerait à côté du rite « ordinaire », celui de la messe dite de Paul VI. Non comme une alternative pour tous les catholiques, mais comme une possibilité pour les fidèles demandeurs. Il suffisait qu’un « groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure » se signale au curé de la paroisse pour que celui-ci « accueille volontiers leur demande », sans recourir à l’autorisation de l’évêque. Benoît XVI attendait des deux formes du rite de l’Église latine, « extraordinaire » et « ordinaire », qu’elles vivent un « enrichissement mutuel ». Quelques mois plus tôt, dans une tribune collective publiée dans Le Figaro, des personnalités tels que le philosophe René Girard, le chef d’entreprise Bertrand Collomb, les comédiens Jean Piat et Claude Rich ou encore l’historien Jean-Christian Petitfils appelaient de leurs vœux cette décision pontificale.

    Cette libéralité pourrait avoir vécu. Le pape François lui-même a révélé le 24 mai dernier à Rome, aux évêques italiens réunis à huis clos, que la révision du motu proprio de Benoît XVI ne tarderait pas. De fait, ce projet, toujours tenu secret, en est à sa troisième version. Plusieurs sources fiables indiquent que cette révision ne remettrait pas en cause la reconnaissance du rite de saint Pie V à titre « extraordinaire ». Il ne toucherait pas davantage aux associations religieuses de prêtres constituées et concernés par ce rituel. Serait en revanche visé le libéralisme du motu proprio de Benoît XVI : ce serait désormais l’évêque local, et non plus les fidèles, qui contrôlerait le droit de célébrer selon le rituel extraordinaire. Second axe de révision : au Vatican, les « traditionalistes » — ainsi sont-ils dénommés dans l’Église — ne dépendraient plus d’une structure ad hoc abritée au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi qui protégeait de facto les entités traditionalistes.

    La sphère traditionaliste

    À l’avenir, toute question non soluble par l’évêque local serait traitée, selon la nature du sujet, au sein des congrégations vaticanes compétentes : évêques, clergé, liturgie, qui sont les « ministères » romains spécialisés du gouvernement de l’Église. Le dossier traditionaliste ne serait plus un cas à part.

    Quand cette révision sera-t-elle publiée ? Selon nos informations, la version finale aurait été validée pour une sortie imminente.

    Que représente la sphère traditionaliste en France ? Une enquête de l’épiscopat vient de recenser « un à deux » lieux de cultes par diocèse accueillant « moins de 100 fidèles », voire « entre 20 et 70 ». Soit 20 000 personnes au mieux. Le mensuel de référence en ce domaine, La Nef, vient de publier dans son dernier numéro une enquête complète, estimant ces pratiquants entre 31 000 et 51 000 fidèles. En ajoutant ceux qui désireraient aller à ces messes mais qui habitent trop loin, il estime « les fidèles tradis à environ 60 000 personnes ». Avec de fortes disparités régionales et la présence de bastions comme Versailles, qui représente 10 % de ce chiffre. Le choix pour le rite tridentin, 250 lieux de culte en France, attirerait, selon cette source, 4 % des pratiquants. Sans compter les fidèles de la Fraternité Saint-Pie-X (les « lefebvristes »), qui compteraient 35 000 fidèles en France. Au total, un poids loin d’être négligeable.

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  • Au Canada, on brûle des églises catholiques dans un mélange d’indifférence et de joie mauvaise

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    De  Mathieu Bock-Côté sur le site du Journal de Montréal :

    Au Canada, on brûle des églises impunément

    Au Canada, on brûle des églises impunément
    CAPTURE D'ÉCRAN

    7 juillet 2021 05:00

    La question des pensionnats autochtones occupera une grande place dans l’actualité cet été.

    Le Canada prend conscience d’une injustice historique logée dans les entrailles du pays qui façonne encore sa réalité présente. Comment ne pas être obsédé par le sort de ces enfants arrachés à leurs familles et à leur culture pour les y rendre étrangers ?

    • Écoutez la chronique de Mathieu Bock-Côté avec Vincent Dessureault sur QUB Radio:
    Ce pays qui se présente à la manière d’un modèle pour la terre entière n’est pas à la hauteur de sa réputation, pour le dire d’un euphémisme.

    Les Canadiens découvrent que le Canada n’est pas le paradis et ne parviennent pas à le croire.

    Haine

    Le sentiment de révolte est inévitable, et naturel. Il est aussi légitime.

    Il s’exprime toutefois trop souvent de manière criminelle, comme on le voit dans l’ouest du Canada avec la multiplication des incendies d’églises. D’autres sont vandalisées. Tout cela se passe, faut-il le dire, dans une indifférence médiatique générale. Ou alors, les événements sont rapportés avec une grande pudeur, presque dans la gêne. Sans oublier les statues déboulonnées devant des policiers capitulant devant les vandales.

    Plus encore, si on se promène un peu sur les réseaux sociaux, on en trouve plusieurs pour s’en réjouir, comme s’il s’agissait des flammes de la justice rasant une institution maudite. Ils y voient une vengeance légitime, en oubliant que plusieurs leaders autochtones ont eux-mêmes dénoncé ces incendies criminels et se désolent de cette violence.

    Résumons : au Canada, à l’été 2021, on brûle des églises dans un mélange d’indifférence et de joie mauvaise.

    Imaginons un autre scénario. Imaginons si, après le 11 septembre 2001, aux États-Unis, ou après les attentats islamistes des dernières années, en France, des citoyens « en colère » avaient décidé de s’en prendre aux mosquées, de les vandaliser, de les brûler.

    Nous aurions tous été révoltés par de tels gestes. Nous les aurions condamnés sans nuance. Nous aurions rappelé que de tels gestes sont criminels, en plus d’exiger une sévère punition pour leurs auteurs. Surtout, nous aurions eu raison d’être intraitables envers les vandales.

    Comment, dès lors, expliquer la réaction présente ?

    Est-il plus grave de s’en prendre à un lieu de culte musulman qu’à une église catholique ?

    Banalisation

    Comment se fait-il qu’on banalise de tels gestes criminels, qu’on les range presque dans la catégorie des faits divers, alors qu’il s’agit au sens fort d’actes haineux ? Encore une fois, la logique du deux poids, deux mesures s’impose.

    Selon la religion qui sera la vôtre, on dénoncera, on relativisera ou on excusera les actes de violence et les propos haineux qui vous seront destinés.

    Sans le moindre doute, l’État fédéral canadien, qui a imaginé et piloté la politique des pensionnats autochtones, doit faire une autocritique sévère et améliorer la situation des communautés amérindiennes. Il est le principal responsable de cette histoire macabre. Les ordres religieux qui ont participé à cette entreprise doivent aussi assumer leurs responsabilités.

    Mais cela ne saurait justifier, aujourd’hui, ces incendies criminels anticatholiques à répétition et leur transformation en faits divers insignifiants.