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  • Le pape va consacrer la Russie et l’Ukraine au Cœur immaculé de Marie le 25 mars

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    Lu sur le site web de l’hebdomadaire « Famille chrétienne » :

    " Le geste est fort : le pape François consacrera la Russie et l’Ukraine au Cœur immaculé de Marie, au cours d'une célébration pénitentielle le 25 mars 2022 dans la basilique Saint-Pierre, vient d'annoncer le Bureau de presse du Saint-Siège ce 15 mars.

    Alors que la guerre bat son plein en Ukraine, le pape François va consacrer la Russie et l’Ukraine au Cœur immaculé de Marie, durant une célébration pénitentielle le 25 mars 2022 dans la basilique Saint-Pierre, a annoncé le Bureau de presse du Saint-Siège le 15 mars. Le même geste sera accompli le même jour depuis le sanctuaire de Fatima au Portugal, par l’aumônier apostolique le cardinal Konrad Krajewski.

    Depuis l’invasion de l’armée russe en Ukraine le 25 février dernier, l’évêque de Rome a lancé maints appels à faire cesser cette « guerre atroce » et ces « fleuves de sang et de larmes ». Jusqu’alors, il n’avait pas prononcé le nom de la Russie – une omission qui a pu faire couler beaucoup d’encre. Le pontife va donc briser ce silence par un geste à forte valeur spirituelle : lors d’une célébration pénitentielle de carême, il unira les deux pays de l’Est en les consacrant ensemble à la Sainte Vierge.

    À lire aussi : « J’espère que la guerre sera finie à Pâques » : avec les réfugiés d'Ukraine fuyant l’enfer

    Le deuxième secret de Fatima

    Ce geste s’inscrit dans une tradition prophétique, la consécration de la Russie au Cœur immaculé de Marie étant l’un des trois “secrets” que la Vierge de Fatima a confiés aux enfants voyants, Lucie dos Santos, Jacinthe et Francisco Marto, sur les terres de Cova da Iria en 1917. Dans le deuxième “secret”, qui décrit une nouvelle guerre pire que la Première Guerre mondiale, la Vierge Marie demande en effet de consacrer la Russie à son Cœur immaculé pour éviter que le pays ne répande « ses erreurs à travers le monde » en détruisant des nations. « Si on accepte mes demandes, dit la Mère de Dieu, la Russie se convertira et l’on aura la paix. »

    À lire aussi : Jean-François Colosimo : « A l’issue de la guerre, le patriarcat de Moscou ne pourra plus imposer ses diktats au reste du monde orthodoxe »

    En découvrant ces paroles, Pie XII le premier consacrera le monde au Cœur immaculé de Marie, le 8 décembre 1942 en pleine Seconde Guerre mondiale. Cependant il ne cite pas nommément la Russie. Dix ans plus tard, le 7 juillet 1952, il renouvelle la consécration dans une lettre apostolique, cette fois en mentionnant « tous les peuples de la Russie ».

    Dans les décennies suivantes, les fameux secrets de Fatima continuent à susciter les passions au sein de l’Église. Paul VI est sollicité dès son élection par des évêques pour procéder à une nouvelle consécration de la Russie pendant la Guerre froide, ce qu’il fera le 21 novembre 1964. Puis Jean Paul II présidera un “acte de consécration” du monde le 7 juin 1981 à Rome, qu’il renouvellera le 13 mai 1982 à Fatima, et le 25 mars 1984 place Saint-Pierre, en union avec tous les évêques de la planète.

    À lire aussi : « En France, je n'ai plus à craindre pour la vie de mes enfants » : Angers accueille ses premiers réfugiés ukrainiens

    Consécration des deux pays

    Néanmoins, des voix continuent à mettre en doute la validité de ces prières du pontife polonais, qui ne mentionnent pas explicitement la Russie mais seulement « ces hommes et ces nations qui ont particulièrement besoin de […] cette consécration ». En l’an 2000, au moment de la révélation publique du troisième secret de Fatima, le cardinal Tarcisio Bertone, alors secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi, répond aux controverses. Citant une lettre de 1989 de Sœur Lucie, seule voyante encore vivante, il affirme que le désir de la Vierge Marie a été respecté dans la célébration du 25 mars 1984.

    C’est donc 38 ans jour pour jour après le geste de Jean Paul II que le pape François renouvellera cette consécration. Comme annoncé par le Vatican, il devrait nommer la Russie, mais également l’Ukraine. Pour le Père Antonio Spadaro, jésuite proche du pontife ce choix de consacrer les deux pays, « dément toute forme de “Gott mit uns” [Dieu avec nous, ndlr] en rappelant la vision non-nationaliste de la foi chrétienne ». « Toute consécration d’une armée contre l’autre sonne faux et blasphème », a réagi le directeur de La Civiltà cattolica sur Twitter."

    À lire aussi : Le maire de Kiev invite le pape à se rendre dans sa ville assiégée

     Source : Agence I.Media

    Ref. Le pape va consacrer la Russie et l’Ukraine au Cœur immaculé de Marie le 25 mars

    Lire également : La Russie, la paix, et le cœur immaculé de Marie

  • La parution, en français, du 1er tome de la biographie de Benoît XVI par Peter Seewald

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    THÈMES du tome I

    • La jeunesse de Joseph Ratzinger.
    • La Seconde Guerre mondiale en Allemagne.
    • Ses débuts en tant que prêtre et professeur de théologie.
    • Le Concile Vatican II.

    POINTS FORTS

    • La biographie définitive d’un géant de notre époque.
    • Un best-seller international.
    • Une biographie complète et très documentée.
    • 16 pages de photos.

    « Mon impulsion fondamentale était de dégager le véritable noyau de la foi sous les couches sclérosées et de donner force et dynamisme à ce noyau. Cette impulsion est la constante de ma vie. » Benoît XVI

    LE LIVRE

    Dans le nouvel ouvrage définitif et monumental sur Benoît XVI, son biographe Peter Seewald a découvert des éléments nouveaux sur la vie et le caractère du pape émérite, et notamment son rôle dans le Concile Vatican II, « extrêmement important ». Le visage de Benoît XVI nous est révélé dans ces lignes très bien documentées, laissant entrevoir enfin l’humanité d’un homme qui aura marqué notre siècle. La voix de Peter Seewald se fait entendre, sa biographie tend à transmettre au lecteur la vérité de ce que lui-même a découvert à travers toutes ces heures passées à récolter minutieusement les témoignages et anecdotes sur ce grand théologien.

    ISBN : 9788831414142 - Format : 220x145 mm - Pages : 592 - Prix : 24,80 €

    L’AUTEUR

    Peter Seewald, né en 1954 en Bavière, à Bochum, est un écrivain et journaliste allemand. Il est rédacteur en chef du journal « Der Spiegel », puis journaliste pour le journal « Stern », il travaille ensuite pour la revue « Süddeutsche Zeitung ». Il vit et travaille à Munich (Bavière). En 1993, son journal l’envoie auprès du cardinal Ratzinger. Écrivain et confident pendant plus de 25 ans, il noue une relation privilégiée avec Joseph Ratzinger. De leurs entretiens sont nés plusieurs ouvrages : Le Sel de la terre (1996), Dieu le monde (2000), Lumière du monde (2010) et Dernières conversations (2016), tous traduits en plusieurs langues et aujourd’hui devenus best-sellers.

    QUELQUES MOTS DE L’AUTEUR

    « Il existe aujourd’hui une multitude de livres sur Benoît XVI, mais aucun n’a montré la biographie de Ratzinger et son enseignement en rapport avec les événements historiques. Une vie essaie de raconter la vie, l’œuvre et la personne du pape allemand d’une manière passionnante car elle correspond à sa vie, dans tout son drame et son importance pour l’histoire de l’Église et du monde.

    À cette fin, j’ai effectué des recherches approfondies, analysé des archives et mené des conversations avec une centaine de témoins contemporains. Enfin, le pape Benoît XVI s’est mis à disposition pour ce projet lors d’innombrables rencontres.

    On a toujours pensé que l’ascension de l’ancien professeur de théologie était une progression sans heurts, une carrière sans faille. Mais les hauts et les bas sont nombreux, avec des drames qui l’ont conduit au bord de l’échec [...] Et ce n’est pas par hasard qu’il est considéré dans le monde entier comme l’un des grands penseurs de notre époque.

    Son travail est important et sa vie passionnante. En outre, la biographie, avec son contexte historique contemporain, n’est pas seulement un voyage spirituel et historique à travers un siècle captivant et dramatique ; elle montre également les leçons à tirer de toutes ces décennies et les réponses de pointe qu’elles apportent à la crise actuelle de la foi et de l’Église en Occident. »,

    Peter Seewald

    LA PRESSE INTERNATIONALE EN PARLE

    « L’intérêt qu’il suscite est dû à son exhaustivité, à une richesse d’informations et de détails inédits, qui est aussi le résultat du dialogue habituel et continu de Seewald avec Benoît. » Francesco Macri, dans le quotidien italien « Corriere della Sera » du 17 décembre 2020.

    « Une vie est l’encyclopédie de la vie de Benoît XVI. La figure du pape émérite est un pont entre notre époque et le XXe siècle. » Cezary Kościelniak, département d’Anthropologie et d’Études culturelles, Université Adam Mickiewicz, Poznan, Poland.

    « Le récit de la jeunesse dans une famille de condition très modeste et d’une foi catholique profonde, qui a conduit les deux frères Ratzinger à entrer au séminaire, est passionnant. Le contexte est celui de la campagne bavaroise des années 1930, alors que le régime nazi devient oppressif, conduisant à l’extermination des juifs d’Europe et à la guerre. La reconstitution de Seewald suit méticuleusement, dans les dures années d’après-guerre, la formation du jeune clerc. » Giovanni Maria Vian, dans le journal italien « Vita e pensiero » du 21 novembre 2020.

    « Benoît XVI est généralement considéré par les catholiques libéraux – à tort, je pense – comme l’inverse du gentil et empathique pape François. Vous vous souvenez du film Les deux papes qui juxtaposait un Anthony Hopkins constipé sur le plan émotionnel, dans le rôle de Benoît XVI, à son successeur chaleureux et amateur de football ? Ce livre montre un Joseph Ratzinger très différent : un garçon timide, intelligent et sensible qui est devenu un théologien profondément doué et qui a eu une formidable influence libéralisatrice lors du Concile Vatican II. » Melanie McDonagh, dans le magazine britannique « the Oldie ».

    ÉDITIONS CHORA

    Chora est une maison d’édition qui explore les domaines culturels, scientifiques, spirituels et philosophiques. Les publications variées s’inscrivent au cœur des questionnements et des débats contemporains, et s’engagent à promouvoir une culture de la Beauté et de l’Espérance.

    «LA VIE DE JOSEPH RATZINGER EST LA BIOGRAPHIE D’UN SIÈCLE.» Peter Seewald

  • Etats-Unis : la voix de ces femmes qui regrettent leur avortement se fait entendre

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    D'Alexis Buisson sur le site du journal La Croix :

    Dans le mouvement « pro-vie » américain, ces femmes qui regrettent leur avortement

    Reportage

    Elles ont mis un terme à leur grossesse par le passé et le regrettent aujourd’hui. Dans le mouvement anti-avortement américain, leur voix porte, alors que la Floride a adopté jeudi 3 mars une loi réduisant le délai pour recourir à l’IVG.

    14/03/2022

    Les États conservateurs continuent leur charge contre l’avortement. Le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, doit ratifier prochainement une loi, adoptée le jeudi 3 mars par le Parlement de cet État, réduisant à quinze semaines le délai pour recourir à une interruption volontaire de grossesse (IVG). Un texte similaire issu du Mississippi fait l’objet d’une plainte très suivie devant le Cour suprême des États-Unis qui pourrait déterminer l’avenir du droit à l’avortement dans le pays.

    Des piliers de la cause

    Mais pour la militante « pro-vie » Janet Morana, ces remises en cause judiciaires et législatives ne sont qu’une simple étape. Encore faut-il changer l’opinion publique américaine. Selon l’institut Gallup, seuls 19 % des Américains veulent rendre la pratique illégale en toutes circonstances. « On n’aura pas gagné la bataille tant que l’avortement n’aura pas été rendu impensable », juge-t-elle.

    → REPORTAGE. À Washington, les militants anti-avortement crient presque « victoire »

    Cette catholique est la cofondatrice de la campagne de sensibilisation Silent No More (« Fini le silence »). Lancée en 2003, elle met en avant les témoignages de femmes (et de leurs conjoints) qui ont connu une IVG et le regrettent. De telles voix sont désormais incontournables dans le mouvement pro-vie américain, où elles sont utilisées pour dissuader les candidates à l’avortement et, plus largement, marquer « les esprits et les cœurs », comme le dit Janet Morana.

    Certaines de ces femmes sont devenues des piliers du mouvement : Alveda King, la nièce de Martin Luther King Jr, ou encore l’Afro-Américaine Toni McFadden, conférencière influente dans le domaine de l’éducation sexuelle.

    « J’ai souffert d’un deuil profond »

    « À l’occasion d’une manifestation il y a plusieurs années, je m’étais présentée à des militants pro-IVG avec une pancarte sur laquelle on pouvait lire “Je regrette mon avortement”. Au lieu de m’écouter, ils m’ont insultée. En colère, je me suis alors demandé comment je pouvais promouvoir la perspective de femmes dans ma situation », explique l’anglicane Georgette Forney, l’autre fondatrice de la campagne.

    À lire aussi Les évêques américains dans le combat contre l’avortement

    Le camp pro-vie ne l’a pas accueillie à bras ouverts non plus. « Quand j’ai rejoint le combat contre l’avortement en 1998, je me suis sentie jugée. Mais nous sommes parvenus à convaincre les militants qu’il ne fallait pas seulement se concentrer sur le sort de l’enfant. Il faut aussi reconnaître que la femme est affectée aussi. Ils l’ont compris », poursuit-elle.

    → PORTRAIT. États-Unis : Bryan Hughes, le sénateur champion des « pro-vie »

    Certains membres de Silent No More ont fait entendre leur voix lors de la Marche pour la vie, le grand rassemblement des « pro-vie » à Washington, fin janvier. Au bord des larmes, ces femmes de tous horizons ont parlé des problèmes physiques, de la détresse psychologique et de la solitude rencontrés après avoir mis fin à leur grossesse. « J’ai souffert d’un deuil profond, de colère, de rage, de dépression, d’épisodes de panique et de pulsions suicidaires », a énuméré Deb, sur une estrade dressée devant la Cour suprême devant des dizaines de personnes.

    Un vécu transformé en engagement politique

    Pour sa part, Della a décrit « la haine que j’ai ressentie envers moi-même » et les problèmes conjugaux qui ont suivi l’intervention. « Je ne pensais pas que cette décision, prise il y a quarante-deux ans, laisserait des traces pour le restant de ma vie. »

    → ANALYSEAux États-Unis, le droit à l’avortement comme marqueur idéologique

    Les liens entre santé mentale et avortement sont sujets à débat. L’association des psychologues américains APA note ainsi sur son site que le recours à l’IVG « n’accroît pas le risque de dépression, d’anxiété ou de stress post-traumatique ». Des conclusions réfutées par le camp pro-vie.

    Ethel Maharg, elle, a transformé son vécu en engagement politique. Directrice d’une association pro-vie au Nouveau-Mexique, elle se présente à la primaire du Parti républicain pour le poste de gouverneur. « Les femmes qui ont connu un avortement se battent plus férocement que les autres pour la défense de la vie, car leur existence a été bouleversée par leur expérience, dit-elle. Face à moi, personne ne peut remporter un débat sur l’IVG ! »

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    Une vingtaine d’États américains attendent le feu vert de la Cour suprême

    Si la Cour suprême américaine devait invalider l’arrêt « Roe vs Wade », chaque État serait libre d’interdire ou d’autoriser les avortements.

    36 millions de femmes dans 26 États, soit près de la moitié des Américaines en âge de procréer, perdraient probablement le droit d’avorter, selon un rapport de Planned Parenthood publié le 1er octobre.

    Une douzaine d’États ont déjà adopté des lois fixant le seuil à six, huit ou douze semaines, et n’attendent que le feu vert de la Haute Cour pour les faire entrer en vigueur. Une douzaine d’autres sont prêts à leur emboîter le pas.

  • Arménie-Haut-Karabakh : un peuple chrétien-martyr abandonné par ses coreligionnaires occidentaux…

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    D'Alexandre Del Valle sur Atlantico.fr :

    Arménie-Haut-Karabakh : la destinée douloureuse d’un peuple chrétien-martyr abandonné par ses coreligionnaires occidentaux…

    Cette semaine, Alexandre del Valle s’est entretenu avec Tigrane Yégavian, chercheur au Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), membre du comité de rédaction de la revue Conflits, spécialiste du Caucase, qui vient de faire paraître un ouvrage passionnant et très instructif sur la Géopolitique de l’Arménie*, particulièrement marqué par un réalisme et une grande lucidité sur les liens entre politique interne, géopolitique et diplomatie. 

    14 mars 2022

    Tigrane Yégavian nous a donné des clefs de décryptage du conflit du Haut-Karabakh, qui a sévi un an avant la guerre ukrainienne et qui s’est conclu par la victoire des agresseurs turco-azéris en novembre 2020. Il nous explique aussi les liens qui peuvent établis entre les dossiers russo-ukrainien et azéro-turco-arménien, deux conflits de l’espace post-soviétique où le rôle de la Russie demeure souvent imprévisible, comme celui de la Turquie d’Erdogan et de la dictature pétro-gazière azérie, entre lesquelles les Arméniens du Caucase sont pris en tenailles, avec comme seul protecteur relatif mais récurrent, la Russie.

    Avant d’aborder le thème du terrible conflit arménien qui a fait souvent couler du sang depuis les années 1990, sans même parler du terrible génocide des années 1896-2015, et sachant que vous établissez à plusieurs reprises des liens entre les deux théâtres dans votre livre, expliquez-nous en quoi la guerre en Ukraine va avoir un impact sur l’Arménie ?

    Ayant scellé son destin à celui de la Russie, l’Arménie va se retrouver davantage fragilisée car elle ne dispose d’aucun levier, ni de moyens de diversifier ses alliances. La diplomatie arménienne a opté jusqu’à présent pour une attitude de prudence, affichant une neutralité totale afin de privilégier un règlement diplomatique. Le jour du déclenchement de la guerre (24 février 2022), on apprenait la démission du chef d’état- major de l’armée arménienne et la convocation à Moscou du ministère de la Défense. Cette guerre en Ukraine donne l’occasion à l’Azerbaïdjan de bomber le torse et de négocier des livraisons de gaz aux Européens en alternative à celui que la Russie ne livrera pas. L’Ukraine a choisi son camp, celui de l’OTAN et de la Turquie, mais aussi celui de l’Azerbaïdjan. Les Arméniens de leur côté, n’oublient pas que pendant la guerre de l’automne 2020, ce sont des bombes au phosphore made in Ukraine qui avaient causés des ravages auprès des soldats et des forêts de l’Artsakh…

    Lire la suite sur Atlantico ou ICI

    *Tigrane Yégavian, Géopolitique de l’Arménie, Editions Biblimonde, Préface de Gérard Challiand, Paris, 2022.

  • Une note confidentielle circule entre les cardinaux en vue du prochain conclave

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    Un mémorandum sur le prochain conclave circule parmi les cardinaux. Le voici

    (s.m.) Depuis le début du Carême, les cardinaux qui éliront le prochain pape se transmettent ce mémorandum. Son auteur, qui utilise le pseudonyme de Demos, « le peuple » en grec, est inconnu, mais il montre une grande maîtrise de son sujet. Il n’est pas exclu qu’il soit lui-même cardinal.

    *

    Le Vatican aujourd’hui

    Les commentateurs, toutes écoles confondues, à l’exception notable du P. Spadaro SJ, s’accordent pour dire que ce pontificat est désastreux à plusieurs points de vue ; une véritable catastrophe.

    1. Le successeur de Saint-Pierre est le roc sur lequel l’Église est bâtie, une source et un fondement d’unité dans le monde. Historiquement (selon St. Irénée), le Pape et l’Église de Rome jouent un rôle unique dans la préservation la tradition apostolique, la règle de la foi, et pour s’assurer que les Églises continuent à enseigner ce que le Christ et les apôtres ont eux-mêmes enseigné. Auparavant, on disait : « Roma locuta. Causa finita est. » Aujourd’hui, on dit : « Roma loquitur. Confusio augetur. »

    (A) Le synode allemand parle d’homosexualité, de femmes prêtres, de la communion aux divorcés. La papauté se tait.

    (B) le cardinal Hollerich rejette l’enseignement chrétien sur la sexualité. La papauté se tait. C’est d’autant plus significatif que ce Cardinal est explicitement hérétique ; il n’utilise pas de codes ni d’allusions. Si ce Cardinal devait poursuivre sans correction de la part de Rome, cela constituerait une rupture supplémentaire et encore plus profonde avec la discipline, avec peu de précédents – voire aucun – dans l’histoire. La Congrégation pour la discipline de la Foi doit agir et parler.

    (C) Ce silence est d’autant plus pesant qu’il contraste avec la persécution active des traditionnalistes et des ordres contemplatifs.

    2. La dimension christocentrique de l’enseignement est affaiblie, le Christ est écarté du centre. Parfois, Rome elle-même semble confuse sur l’importance d’un monothéisme strict et se réfère parfois à un certain concept de divinité plus large, qui n’est pas tout à fait du panthéisme mais qui ressemble à une variante du panthéisme hindou.

    (A) Pachamama est idolâtre ; même si ce n’était sans doute pas l’intention initiale.

    (B) Les religieuses contemplatives sont persécutées et des tentatives sont en cours pour changer les enseignements des charismatiques.

    (C) L’héritage christocentrique de saint Jean-Paul II sur la foi et la morale fait l’objet d’attaques systématiques. Une grande partie des professeurs de l’Institut romain pour la Famille ont été licenciés ; la plupart des étudiants sont partis. L’Académie pour la Vie a été gravement sinistrée, certains de ses membres ont par exemple fait récemment l’apologie du suicide assisté. Certains membres des académies pontificales et certains de leurs orateurs soutiennent l’avortement.

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  • "La Belgique est devenue le village Potemkine de l’euthanasie"

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    De Gènéthique magazine :

    Euthanasie : « Une nouvelle morale s’instaure : celle de l’abnégation sociale, de ma mort au profit du collectif »

    14 mars 2022

    A la veille des élections présidentielles en France, la dépénalisation de l’euthanasie semble être l’« avancée sociétale » promise par le prochain quinquennat. Samedi dernier a d’ailleurs démarré une 15e « semaine de mobilisation “pour le droit de mourir dans la dignité” ». Le sujet d’actualité a fait l’objet de trois ouvrages parus récemment, dont celui de Damien Le Guay : Quand l’euthanasie sera là…, publié aux éditions Salvator. Entretien avec l’auteur.

    Gènéthique : L’euthanasie est au programme de plusieurs candidats à l’élection présidentielle. Le vote d’une loi autorisant euthanasie et/ou suicide assisté vous semble-t-il inéluctable lors du prochain quinquennat ?

    Damien Le Guay : Inéluctable ? Dieu seul le sait. Hautement probable, voilà qui est sûr. Quand on regarde les programmes, comment ne pas constater une sorte de nonchalance coupable vis-à-vis de ces sujets ? Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon sont tout à fait pour. Et on est en droit de penser qu’Emmanuel Macron, quand il descendra de son Olympe, sera pour lui aussi – même si sous la forme d’invitation à remettre une décision entre les mains d’un « comité citoyen ». Valérie Pécresse est contre sur le principe, mais ne le dit pas avec une force de conviction suffisante pour ne pas avoir des doutes. Et puis ses convictions pour les sujets dits de « société » sont fluctuantes – comme nous l’avons vu sur le mariage pour tous. Quand à Eric Zemmour et Marine Le Pen, ils sont contre. Ils le disent. Et si Madame Le Pen chiffre ses ambitions dans un grand plan pour l’hôpital, Eric Zemmour, lui, en reste à une pétition de principe.

    Ceci dit, n’oublions pas que le « parti euthanasique » fait son travail de sape depuis des années, et qu’il a déjà conquis les médias et une grande partie des députés. N’oublions pas que le 8 avril 2021, l’Assemblée nationale a adopté le premier article d’une loi (heureusement non votée dans son intégralité, et donc non valide) qui autorisait et l’euthanasie et le suicide assisté (cf. La PPL Falorni tombe en désuétude – le spectacle exagéré des promoteurs de l’euthanasie).

    G : Les partisans de l’euthanasie se réclament de la liberté – l’« ultime » liberté – de l’individu, et invoquent l’« autonomie » de la personne comme valeur essentielle. Finalement, quels sont les enjeux anthropologiques liés à l’euthanasie ? La liberté, l’autonomie, peuvent-elles s’exercer indépendamment de la société ?

    DLG : L’euthanasie est le stade terminal de l’autonomie. Elle parachève cette longue histoire, l’accomplit et en est comme le Requiem. Désormais l’autonomie humaine ne reconnaît plus d’extériorité au moment de la mort. Je tiens ma vie, je tiens ma mort. Mais le parti euthanasique ne comprend pas les enjeux anthropologiques de son combat. Il croit lutter contre les souffrances humaines mais fait tout pour en renforcer d’autres – celle d’un individu, seul à seul avec lui-même, qui doit décider de tout y compris de l’heure de sa mort. N’être pas maître de sa mort est confortable – dans l’inconfort de la mort. La vie s’en charge. Dieu s’en charge. La maladie s’en charge. Je la remets à plus fort que moi. Elle m’est dérobée par un maître. Je le reconnais comme tel et m’en remets à lui. Et avant de me remettre, je remets ma vie à ceux que j’aime. Cette double remise, qui est dans l’ordre des civilisations depuis toujours, va s’arrêter. Elle s’est déjà arrêtée en Belgique et aux Pays-Bas, depuis longtemps, et maintenant, depuis peu, en Espagne et pour tout bientôt au Portugal. Et bientôt, en France. Elle s’arrête dans des pays fatigués, dans un continent fatigué, dans des terres chrétiennes qui le sont de moins en moins. Elle s’installe dans des pays qui sont de plus en plus gestionnaires, aplatis, soumis à une horizontalité dominatrice et de moins en moins traversés aussi par ce souci des « lois non écrites », celles d’Antigone qui nous dominent et avec lesquelles il faut composer. Créon, lui qui n’entend pas Antigone, domine les esprits. Il est le modèle des gestionnaires de la « chose publique ».

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  • L'Eglise gay friendly du cardinal Marx

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    Du National Catholic Register :

    Le cardinal Marx célèbre la messe marquant "20 ans de culte et de soins pastoraux pour les homosexuels".

    Lors de la messe, le cardinal a déclaré : "Je souhaite une Église inclusive. Une Église qui inclut tous ceux qui veulent marcher sur le chemin de Jésus ".

    Cardinal Reinhard Marx marks ‘20 years of queer worship and pastoral care’ at St. Paul parish church, Munich, southern Germany, March 13, 2022.
    Le cardinal Reinhard Marx célèbre les "20 ans de culte et de pastorale des homosexuels" à l'église paroissiale Saint-Paul de Munich, dans le sud de l'Allemagne, le 13 mars 2022. (photo : Photo courtoisie / erzbistummuenchen/Facebook)

    14 mars 2022

    MUNICH, Allemagne - Le cardinal Reinhard Marx a célébré dimanche à Munich, dans le sud de l'Allemagne, une messe marquant "20 ans de culte et de pastorale des queers".

    L'archevêque de Munich et Freising a offert la messe le 13 mars à l'église paroissiale St. Paul, près de la Theresienwiese de Munich, où l'Oktoberfest annuel est célébré, a rapporté CNA Deutsch, le partenaire d'information en langue allemande de CNA.

    S'exprimant lors de la messe, le cardinal a déclaré : "Je désire une Église inclusive. Une Église qui inclut tous ceux qui veulent suivre le chemin de Jésus".

    Il a ajouté qu'une Église synodale signifie être ouverte, apprendre et toujours se renouveler dans la foi, dans la recherche des "possibilités de Dieu", ainsi que "dans la question de ce que nous avons à dire sur la sexualité et sur les relations entre les personnes".

    Le prélat de 68 ans, qui est membre du conseil des cardinaux conseillers du pape François, a également déclaré : "Le royaume de Dieu consiste à découvrir que Dieu est Amour - dans toutes ses dimensions". Cela inclut la dimension sexuelle mais ne s'y limite pas, a-t-il ajouté. 

    "Toutes les relations humaines doivent être marquées par la primauté de l'Amour. C'est alors qu'elles peuvent être acceptées par Dieu", a-t-il déclaré.

    Le cardinal Marx, qui est également président du Conseil pour l'économie du Vatican, a critiqué ce qu'il a appelé la discrimination "des chrétiens à l'égard de la communauté homosexuelle", se disant "choqué que cela se poursuive." 

    Chacun a le droit d'avoir ses propres opinions, a ajouté le prélat allemand, "mais la reconnaissance et la primauté de l'Amour, je ne peux pas les mettre en cause en tant qu'évêque."

    Il a appelé à une "dynamique d'ouverture" qui devrait caractériser la "voie synodale" de l'Église catholique en Allemagne, affirmant que c'était ce que le pape François voulait dire lorsqu'il soulignait la valeur d'aller de l'avant pour "découvrir ce que l'Esprit a à nous dire aujourd'hui."

    Après la messe, une "réception non publique avec des représentants de la communauté queer et le cardinal Marx" a eu lieu, selon un communiqué de presse du 7 mars. 

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  • Nicaragua : Le Vatican proteste contre l'expulsion "incompréhensible" du nonce apostolique

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Nicaragua : Le Vatican proteste contre l'expulsion "incompréhensible" du nonce apostolique

    14/03/2022

    Cette mesure rare, prise après que le diplomate ait été calomnié et même battu, est un signe que le régime d'Ortega ne veut plus prétendre que la liberté religieuse existe dans le pays.
    par Massimo Introvigne

    Parmi les quelques amis que la Russie de Poutine entretient dans le monde, les médias internationaux mentionnent généralement le Nicaragua. Toutefois, la diplomatie n'est pas le point fort du régime dirigé par le président Daniel Ortega et son épouse Rosario Murillo. La Russie a fait d'Ortega un membre de son Ordre de l'amitié, et les pseudo-républiques géorgiennes pro-Poutine dissidentes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, respectivement, lui ont décerné l'Ordre de l'honneur et de la gloire et l'Ordre d'Uatsamonga. Le Nicaragua a officiellement reconnu ces pseudo-États ; les seuls autres pays à l'avoir fait sont la Russie, le Venezuela, la Syrie et Nauru.

    La semaine dernière, le Nicaragua a expulsé le nonce du Vatican, l'archevêque polonais Waldemar Stanislaw Sommertag. Le 12 mars, le Saint-Siège a réagi en exprimant "sa grande surprise et sa tristesse" pour cette expulsion "incompréhensible" et peu diplomatique. Il est possible qu'en plus des raisons intérieures, la situation internationale tendue ait motivé Ortega.

    En expulsant le nonce, un geste rare, Ortega a signalé qu'il n'est pas intéressé à maintenir ne serait-ce qu'un semblant de liberté religieuse au Nicaragua, ce que Sommertag avait mis en doute. Et pour de bonnes raisons. Toute critique du régime par les évêques catholiques et Sommertag lui-même a été accueillie avec violence.

    Ce qui est encore plus rare qu'une expulsion, en 2018 des milices liées au parti au pouvoir d'Ortega sont entrées dans la basilique de San Sebastián à Diriamba et ont attaqué physiquement le nonce ainsi que le cardinal Leopoldo Brenes, qui est le chef de l'Église catholique au Nicaragua, et l'évêque auxiliaire de Managua José Silvio Báez. Ce dernier a été blessé à l'aide d'un couteau, puis a dû fuir le pays après avoir reçu des menaces de mort répétées.

    Ortega est un vieux marxiste qui, en pleine guerre froide, a créé en 1979 un régime pro-soviétique qui comptait parmi ses principaux opposants la hiérarchie catholique nicaraguayenne, dirigée par le cardinal Miguel Obando y Bravo. J'ai interviewé Obando en 1986, et il était à l'époque un critique virulent d'Ortega.

    Après avoir perdu le pouvoir en 1990, Ortega est revenu en 2007 et est resté président du Nicaragua depuis lors, périodiquement reconfirmé par des élections de plus en plus jugées irrégulières et peu fiables par les observateurs internationaux, la dernière datant du 7 novembre 2021.

    Dans le cadre de ses efforts de reconquête du pouvoir au cours de la décennie 2000, Ortega a cherché à se réconcilier avec l'Église catholique. En 2004, il a rencontré son ancien ennemi juré Obando et aurait conclu un accord. S'il regagnait la présidence, Ortega s'engageait à étendre l'interdiction nicaraguayenne de l'avortement à tous les cas (ce qu'il a finalement fait) et à promouvoir d'autres points du programme catholique. Ortega a également atténué sa rhétorique marxiste et s'est finalement déclaré non-marxiste.

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  • La 'guerre sainte' du patriarche Kirill, ancien espion du KGB

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    Un entretien avec Antoine Nivière, professeur à l’Université de Lorraine, spécialiste de l’histoire culturelle et religieuse russe sur le "Journal Chrétien" (Anne-Sylvie Sprenger) :

    Ukraine: la guerre sainte du patriarche Kirill, ancien espion du KGB

    Entre un passé d’espion pour le KGB à Genève, de la contrebande de cigarettes avec l’Irak et son chalet en Suisse, qui est Kirill de Moscou, le patriarche de l’Église orthodoxe russe, qui soutient Poutine dans sa guerre en Ukraine?

    Alors que le monde entier tournait ses regards vers le patriarche Kirill de Moscou, l’invoquant de faire entendre raison au président Poutine, le chef de l’Église orthodoxe russe a délivré, dimanche dernier, un sermon glaçant, ne laissant plus aucun doute quant à sa position personnelle. Mais que sait-on de ce personnage aussi influent que mystérieux, dont les propos bellicistes ont choqué jusque dans ses rangs? Entretien avec Antoine Nivière, professeur à l’Université de Lorraine, spécialiste de l’histoire culturelle et religieuse russe.

    Comment décryptez-vous l’attitude du patriarche Kirill depuis le début de l’invasion russe en Ukraine?

    Celle-ci est dans la lignée d’une longue tradition du patriarcat de Moscou, qui manifeste des liens étroits avec les autorités, autrefois de l’Union soviétique et aujourd’hui du régime du président Poutine. Malgré les affirmations qu’il s’agit d’une Russie nouvelle, le patriarche Kirill est resté dans le prolongement de l’URSS et de ses services secrets, dont il est lui-même issu.

    Tout comme Poutine, le chef de l’Église orthodoxe russe vient du KGB?

    Tout à fait. Quand les archives du KGB ont été brièvement accessibles à une commission d’enquête parlementaire de la Douma au début des années 1990, celui qui n’était alors que l’archevêque Kirill (Goundiaev) y apparaissait sous le nom de code «Mikhailov» en tant qu’agent recruté par le KGB au sein du clergé du patriarcat de Moscou. Et cela notamment en raison de ses fonctions comme représentant du patriarcat auprès du Conseil œcuménique des Églises (COE) à Genève. Cela avait été publié dans la presse russe de l’époque.

    On serait donc toujours dans une forme d’union sacrée entre l’État et l’Église?

    On est dans une double union. Premièrement, il y a cette tradition de soumission de la hiérarchie de l’Église orthodoxe au pouvoir politique, qui remonte jusqu’au Moyen Âge, mais qui a été renforcé à l’époque soviétique par un contrôle absolu et une utilisation de l’Église au profit des intérêts politiques de l’URSS, notamment sur la scène internationale à partir de la Seconde Guerre mondiale.

    Mais il y a une deuxième tradition, presque millénaire, qui est celle d’un nationalisme centré sur l’orthodoxie. Poutine a beaucoup joué là-dessus. Après la disparition de l’idéologie marxiste de l’époque soviétique, il fallait remplacer ce vide, ce vacuum, et la religion a été rapidement perçue comme un élément d’identification national fort qui permettait de se distinguer de l’Occident.

    « Kyrill a été recruté comme espion du KGB, notamment en raison de son rôle au COE à Genève »

    ANTOINE NIVIÈRE, SPÉCIALISTE DE L’HISTOIRE CULTURELLE ET RELIGIEUSE RUSSE

    C’est donc ainsi qu’il faut comprendre l’ homélie du 6 mars, où le patriarche évoquait la notion de guerre sainte?

    Absolument. À l’instar de Poutine, le patriarche Kirill a fait sienne la théorie du choc des civilisations. Cela fait plusieurs années qu’il se fait le propagateur de ce qu’il appelle le «monde russe», soit un monde orthodoxe et nationaliste, mettant en avant les valeurs traditionnelles et s’opposant à l’Occident, perçu comme perverti, décadent et moralement dégénéré. D’où notamment sa grande diatribe sur les gay prides, qui relèveraient d’un plan des Occidentaux pour détruire la société russe. Pour lui, la responsabilité de ce conflit incombe aux Occidentaux, qui souhaitent imposer ce genre de comportements.

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  • La guerre de la Russie contre l'Ukraine n'est pas une guerre juste, pas plus qu'une éventuelle intervention de l'OTAN

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    Le philosophe catholique Edward Feser écrit que risquer une guerre nucléaire viole les critères d'une guerre juste, ainsi que Poutine le fait dans son attaque contre l'Ukraine. De son blog :

    La théorie de la guerre juste et la guerre russo-ukrainienne

    L'une des caractéristiques frappantes de la catastrophe en Ukraine est la façon dont les principes de la doctrine de la guerre juste semblent s'appliquer sans ambiguïté.  D'une part, l'invasion de la Russie ne peut être justifiée par les critères de la théorie de la guerre juste.  D'autre part, l'action militaire de l'OTAN contre la Russie ne peut pas non plus être justifiée.  Voici les critères d'une action militaire juste tels qu'ils sont énoncés dans la section 2309 du Catéchisme de l'Église catholique :

    En un seul et même temps :

    - le dommage infligé par l'agresseur à la nation ou à la communauté des nations doit être durable, grave et certain ;

    - tous les autres moyens d'y mettre fin doivent s'être révélés impraticables ou inefficaces ;

    - il doit y avoir de sérieuses chances de succès ;

    - l'usage des armes ne doit pas produire des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer.  La puissance des moyens modernes de destruction pèse très lourd dans l'évaluation de cette condition.

    Fin de citation.  Je soutiens que l'invasion de la Russie ne répond manifestement pas aux premier, deuxième et quatrième critères, et qu'une action militaire de l'OTAN contre la Russie ne répondrait manifestement pas aux deuxième, troisième et quatrième critères.

    L'injustice de l'invasion est évidente, même dans l'interprétation la plus généreuse des motifs de Poutine.  Supposons donc que nous admettions, pour les besoins de l'argumentation, que la Russie a un intérêt légitime à maintenir l'Ukraine hors de l'OTAN.  Supposons que, comme certains l'ont fait valoir, les États-Unis et leurs alliés ont longtemps donné inutilement des coups à l'ours, et que la Russie aurait été beaucoup moins susceptible d'envahir l'Ukraine s'ils ne l'avaient pas fait.  Même en partant de ces prémisses, il ne s'ensuit tout simplement pas que l'Ukraine est un "agresseur", que la Russie a subi un préjudice "durable, grave et certain" de la part de l'Ukraine ou que "tous les autres moyens" de répondre aux préoccupations de la Russie "se sont révélés irréalisables ou inefficaces".

    Le préjudice extrême infligé aux Ukrainiens innocents par la guerre n'est pas non plus proportionnel aux griefs de la Russie, quels qu'ils soient.  On ne peut donc pas dire que l'invasion de l'Ukraine par la Russie réponde aux premier, deuxième et quatrième critères d'une guerre juste, et elle est donc manifestement gravement injuste.

    Pour cette raison, une action militaire visant à repousser l'invasion de la Russie est clairement légitime, et la justice exige de favoriser la partie ukrainienne dans cette guerre.  Dans l'abstrait, le soutien à l'Ukraine pourrait inclure une action militaire contre la Russie par toute nation amie de l'Ukraine.  Cependant, la justice de la cause de la défense de l'Ukraine ne remplit que le premier des quatre critères énoncés par le Catéchisme.  Qu'en est-il des trois autres ?

    Poutine a menacé, de manière non subtile, d'utiliser des armes nucléaires si les États-Unis ou d'autres pays de l'OTAN intervenaient militairement dans le conflit.  La perspective réaliste d'une telle escalade extrême rend impossible qu'une telle intervention réponde au quatrième critère du Catéchisme, qui souligne que "la puissance des moyens modernes de destruction pèse très lourd dans l'évaluation de cette condition."  L'utilisation d'armes nucléaires contre l'Ukraine, à laquelle la Russie pourrait recourir en cas d'intervention de l'OTAN, produirait certainement "des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer."  Plus grave encore serait une situation dans laquelle l'Ukraine, d'autres États voisins de l'OTAN et la Russie (à la suite des représailles nucléaires de l'OTAN) seraient tous attaqués avec des armes nucléaires.  Et le pire de tous serait un scénario dans lequel ce qui a commencé comme une guerre locale en Ukraine se transformerait en un échange nucléaire global entre la Russie et les États-Unis.

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  • Les conservateurs pro-Poutine sont victimes d'une erreur culturelle

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    Des propos recueillis par Nico Spuntoni sur la nuova Bussola Quotidiana :

    Les conservateurs pro-Poutine sont victimes d'une erreur culturelle

    14-03-2022

    L'historien britannique Tim Stanley, chroniqueur au Telegraph, explique à la NBQ pourquoi l'idée d'une Russie post-soviétique comme rempart chrétien contre un Occident sécularisé n'a jamais été vraie : "Poutine a essayé de restaurer la Russie telle qu'elle était vers 1900". Mais en même temps, il est faux de penser que l'Ukraine se bat au nom de la démocratie : "La vérité est qu'ils se battent pour leurs maisons, leurs terres et leurs familles".

    "Qu'est-il arrivé à la tradition ? History, Belonging and the Future of the West", publié en 2021 par Bloomsbury, est un texte qui mérite d'être lu pour s'orienter dans le monde du conservatisme mondial qui se remet de l'effet de la pandémie et de la gueule de bois Brexit-Trump. Son auteur Tim Stanley, historien et chroniqueur au "Telegraph", de confession catholique, s'est également attardé - avec un regard critique - sur la restauration de Poutine qui a également impliqué directement l'Église orthodoxe russe.

    L'image d'une Russie post-soviétique et post-eltsinienne comme rempart du christianisme face à un Occident de plus en plus sécularisé a eu un certain succès dans le monde conservateur. Mais, est-ce encore acceptable après l'éclatement de la crise ukrainienne ? En réalité, pour Tim Stanley, cela n'a jamais été vrai et il explique ses raisons dans cet entretien avec la Nuova Bussola Quotidiana.

    Lorsque vous avez parlé de la symphonie de l'Eglise et de l'Etat en Russie, vous avez écrit : "lorsque la foi et la nation deviennent synonymes, il y a un risque que la foi devienne un label d'identité plutôt qu'un système de croyance vécu". Craignez-vous que cela ne devienne la motivation idéale pour une offensive militaire en Ukraine ?

    Il y a deux points de vue sur la foi et l'invasion. L'une consiste à dire que Poutine, contraint d'agir en raison de la menace d'expansion de l'OTAN, est le défenseur de la civilisation orthodoxe, qu'il prend des mesures pour unir un peuple divisé et pour tenir tête au sécularisme occidental agressif. Je ne sais pas combien de Russes pensent réellement cela, car il est difficile de distinguer la propagande du Kremlin du sentiment populaire. L'autre opinion est que les actions de Poutine sont l'antithèse même du christianisme : violence, intimidation, massacre des innocents. Nous assistons donc à un conflit classique entre la foi en tant qu'identité ethnique/politique et la foi en tant qu'ensemble de croyances spirituelles qui devraient réellement transcender l'ethnicité. Ce dilemme est partout. À un certain niveau, je suis moi aussi nationaliste : j'aime mon pays et je veux le voir gagner, et je veux protéger son caractère chrétien distinctif contre les civilisations concurrentes. D'un autre côté, ma foi est universelle : lorsqu'une partie de l'église humaine souffre, qu'il s'agisse d'orthodoxes à Kharkiv ou de musulmans à Alep, tout le corps hurle de douleur.

    Vous avez lancé un appel aux conservateurs il y a plus d'un an : ne tombez pas dans le piège de penser que Poutine mène une contre-révolution culturelle. Pensez-vous que la fascination des conservateurs pour Poutine survivra à cette guerre ?

    Presque personne en Occident, à droite ou à gauche, n'a déclaré que l'invasion de Poutine était moralement légitime. Tucker Carlson et quelques-uns de la droite américaine disent que "ce n'est pas notre affaire", sans doute parce qu'ils s'arrachent la loyauté de l'électeur moyen de Trump - mais ce faisant, ils se trompent en réalité sur Trump. Il prétend avoir menacé de bombarder Moscou si Poutine l'envahissait et dit maintenant que l'Otan est trop mou. Je pense que la réputation de Poutine en a pris un coup terrible. En revanche, j'ai été fasciné de constater comment ma propre mère a réagi émotionnellement aux réfugiés ukrainiens. "Ils sont tellement religieux", dit-elle avec approbation, "et ils aiment leurs grands-mères". Ce n'est pas une guerre Est contre Ouest, c'est presque une guerre civile entre communautés chrétiennes.

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  • "Philo à Bruxelles", 22 mars : "La colère, tout est dans le contrôle"

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    Infos supplémentaires

    Séance de questions & réponses à la fin de la conférence, sur place. Pour les téléspectateurs, envoyez vos questions par chat, en direct sur YouTube ou par SMS, Telegram, Signal, emailformulaire de contact etc.)

    Stéphane Mercier est heureux de vous retrouver aux prochaines conférences :

    22 mars : La colère
    Tout est dans le contrôle.

    19 avril : La paresse
    Le vide de l’âme.