Lu sur "The Conversation" :
Quand la Chine exécute ses prisonniers d’opinion pour alimenter le trafic d’organes
18 août 2022
auteurs : (Transplant Nephrologist, Assistant Professor of Medicine, McMaster University) et (Clinical professor, Faculty of Health Sciences, McMaster University)
C’est, sans conteste, l’une des plus grandes réussites de la médecine moderne. La greffe d’organes a, en effet, sauvé des millions de vies. Cependant, l’offre limitée de donneurs associée à une demande massive de greffes a créé une pénurie (5 273 transplantations ont ainsi été réalisées en France en 2021, alors que près de 20 000 patients sont en liste d’attente d’un rein, d’un cœur, etc. ndlr).
Ce manque a alimenté une industrie mondiale du trafic d’organes, qui exploite en premier lieu les membres les plus pauvres, défavorisés voire persécutés de la société, parfois considérés comme de simples « sources » à la disposition de ceux qui sont capables de s’offrir leurs organes.
Bien que cette pratique existe dans de nombreux pays, la situation en Chine est particulièrement préoccupante. Ce pays est le seul au monde à organiser le trafic d’organes à une échelle industrielle, en prélevant des organes sur des prisonniers d’opinion exécutés. Cette pratique est connue sous le nom de prélèvement forcé d’organes.
Un trafic aussi odieux que rentable
Considérons un instant l’hypothétique scénario suivant : au Canada, un patient atteint d’une maladie cardiaque en phase terminale a besoin d’une greffe de cœur pour survivre.
Ses médecins l’informent qu’il doit s’inscrire sur une liste d’attente jusqu’à ce qu’un donneur compatible décède dans des conditions appropriées… ce qui peut se produire des semaines, des mois, voire des années plus tard. Mais, en se renseignant un peu, le patient découvre un programme de greffe en Chine qui peut lui garantir une greffe cardiaque à partir d’un donneur compatible quelques semaines à l’avance.
Cela soulève plusieurs questions importantes.
Une transplantation cardiaque ne peut provenir que de donneurs décédés. Alors, comment un hôpital peut-il mettre en relation ce patient avec un donneur potentiel « décédé » des semaines à l’avance ? Comment l’hôpital a-t-il trouvé ce donneur ? Comment les responsables de l’hôpital savent-ils quand ce donneur va mourir ? Ce dernier a-t-il consenti à ce que ses organes soient prélevés ?