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Actualité - Page 11

  • Le pontificat de Léon XIV consacré à Notre-Dame de Fátima au sanctuaire du Portugal

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    D'Andrés Henríquez sur CNA :

    Le pontificat de Léon XIV consacré à Notre-Dame de Fátima au sanctuaire du Portugal

    Procession aux chandelles à Fatima 2025

    Procession aux chandelles à Fatima, le 12 mai 2025. | Crédit : Avec l'aimable autorisation du Sanctuaire de Fatima/EWTN

    Staff ACI Prensa, 14 mai 2025

    Environ 470 000 pèlerins se sont rassemblés à Fátima, au Portugal, les 12 et 13 mai, pour commémorer le 108e anniversaire des apparitions de la Vierge Marie. Cet événement de deux jours avait pour thème principal un appel à l'espoir face aux conflits mondiaux et des prières pour le pontificat de Léon XIV.

    À la fin de la messe de clôture, devant l'image de la Bienheureuse Vierge Marie, l'évêque José Ornelas de Leiria-Fátima a consacré le pontificat de Léon XIV au Cœur Immaculé de Marie :

    « Nous sommes à vos pieds, les évêques… et cette multitude de pèlerins, à l’occasion du 108e anniversaire de votre apparition aux petits bergers dans cette Cova da Iria pour vous consacrer le ministère de l’actuel successeur de Pierre et évêque de Rome, le Saint-Père Léon XIV », a prié Ornelas.

    Près d'un demi-million de pèlerins 

    Malgré des pluies occasionnelles, les fidèles ont participé à la traditionnelle procession aux chandelles le soir du 12 mai, formant une impressionnante mer de lumière sur l'esplanade du sanctuaire.

    Le cardinal brésilien Jaime Spengler, qui a présidé le pèlerinage international anniversaire à Fátima, a souligné le rôle de Marie comme « intercesseur au nom de tous ceux qui cherchent à faire leurs propres sentiments ».

    Marie est une mère ! Une mère qui enfante, qui prend soin, qui accompagne, qui guide, qui corrige et qui encourage ! C'est pourquoi nous la contemplons et laissons-nous veiller sur nous. Laissons-nous guider par elle ; écoutons ce qu'elle continue de nous dire : Faites tout ce que mon fils vous dira ! Chère mère, accompagnez-nous ; veillez sur nous », a déclaré le cardinal pendant la procession.

    Le 13 mai, jour anniversaire de la première apparition de la Mère de Dieu aux petits bergers en 1917, Spengler — qui célébrait la messe de clôture des événements — a constaté que le monde traverse « des temps incertains, tendus et complexes » dans lesquels « certains ne pensent peut-être qu’à eux-mêmes ».

    Vingt-sept évêques ont participé à la messe, dont deux cardinaux : António Marto, évêque émérite de Leiria-Fátima, et Fortunato Frezza, chanoine de la basilique Saint-Pierre, ainsi que 282 prêtres et 14 diacres.

  • Le pape Léon XIV nous laisse-t-il deviner dans quelle direction il s'oriente ?

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    Du Père Raymond J. de Souza sur le NCR :

    Le pape Léon XIV nous laisse-t-il des indices sur son orientation ?

    COMMENTAIRE : Dans ses premiers jours en tant que pape, Léon XIV a marqué la continuité plutôt que la rupture, a ancré sa vision dans la tradition patristique et a lancé un appel audacieux aux jeunes : « N'ayez pas peur. »

    Les premiers jours du pape Léon XIV ont été accueillis avec un enthousiasme et une excitation généralisés, notamment parce que le Saint-Père lui-même est confiant, à l'aise et semble apprécier d'être pape. 

    Il a déclaré aux cardinaux qu'ils lui avaient demandé « de porter cette croix et d'être béni par cette mission ». Pour l'instant du moins, la bénédiction est plus apparente que la croix. 

    Après les premières impressions des premiers jours du Saint-Père — et la réaction mondiale —, il y a maintenant de secondes impressions qui suggèrent dans quelle direction le pape Léon pourrait aller.

    Signaux des citations

    À Rome, les citations comptent. Le pape Léon XIV a couvert d'éloges son prédécesseur immédiat, comme tout pape est censé le faire. Le pape saint Jean-Paul II l'a fait en octobre 1978, alors que le bienheureux Jean-Paul Ier n'était pape que depuis 33 jours. 

    Léon XIV a cependant soigneusement cité le pape Benoît XVI, ainsi que Jean-Paul II et saint Paul VI. En choisissant le nom de Léon – en l'honneur du pape Léon XIII, a-t-il déclaré –, il remonte encore plus loin dans l'histoire catholique. 

    À ceux qui pourraient opposer un pontificat à un autre, le pape Léon encourage le contraire : il encourage la continuité entre eux. Et il semble déterminé à rappeler aux catholiques que l’Église n’a pas commencé avec Vatican II dans les années 1960, même s’il reste attaché à sa vision.

    L'ordre augustinien, auquel appartient le pape Léon, a une spécialisation académique en patristique, digne des « fils de saint Augustin », comme le Saint-Père s'est lui-même qualifié lors de sa première apparition au balcon. L'université augustinienne de Rome est spécialisée en patristique.

    Le pape Léon XIV a cité saint Augustin dans son discours et sa bénédiction urbi et orbi (« à la ville et au monde »), saint Ignace d'Antioche dans l'homélie de sa messe avec les cardinaux, et saint Grégoire le Grand dans son premier discours du Regina Caeli. Il ne serait pas surprenant qu'il ait demandé à son équipe de préparer des références patristiques pour ses discours, auxquelles il ajouterait les siennes.  

    L'étude patristique a été négligée ces dernières décennies, en partie parce que le véritable renouveau des études bibliques a absorbé une grande partie de l'énergie et de l'attention des chercheurs, et ces ressources ne sont pas infinies. La patristique se veut pourtant un complément à l'étude des Écritures. Le pape Léon XIV le rappellera à l'Église.

    N’ayez pas peur !

    Les remarques papales sont soigneusement préparées, de sorte que les écarts par rapport au texte et les remarques spontanées sont remarquables — reflétant ce qui pourrait avoir la priorité dans l’esprit papal. 

    Lors de son premier dimanche de pontificat, Léon XIV a prononcé une homélie improvisée lors de la messe célébrée au tombeau de saint Pierre. Parlant de la mission de l'Église et des vocations, il a déclaré : « Courage ! Sans peur ! Jésus dit souvent dans l'Évangile : “N'ayez pas peur.” »

    Peu après, prononçant son premier discours du Regina Caeli depuis le balcon de Saint-Pierre, il s'écartait du texte qu'il avait préparé – centré sur les vocations sacerdotales et religieuses – pour ajouter : « Et aux jeunes, je dis : n'ayez pas peur ! Accueillez l'invitation de l'Église et du Christ Seigneur ! »

    C'était un écho direct au « N'ayez pas peur ! » prononcé par Jean-Paul II en 1978. Ce fut le thème emblématique de tout le pontificat ; Léon XIV aurait voulu rendre cet hommage en le citant spontanément. L'immense foule de quelque 100 000 personnes l'a certainement immédiatement reconnu et a poussé un rugissement d'approbation. 

    Lors de son homélie inaugurale, le 24 avril 2005, le pape Benoît XVI a conclu en citant, puis en réinterprétant, le « N'ayez pas peur ! ». Ce passage est devenu le plus cité de son immense pontificat :

    « C'est pourquoi, aujourd'hui, avec une grande force et une grande conviction, fondées sur une longue expérience personnelle, je vous dis, chers jeunes : n'ayez pas peur du Christ ! Il ne vous enlève rien et vous donne tout. En nous donnant à lui, nous recevons au centuple. Oui, ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ, et vous trouverez la vraie vie. Amen. »

    Benoît XVI a repris le « N'ayez pas peur » de Jean-Paul II et l'a appliqué à la vie de chaque disciple, en particulier des jeunes, et pas seulement aux grands systèmes politiques et économiques dont parlait Jean-Paul II. Le pape Léon XIV l'a désormais appliqué plus spécifiquement à la dimension vocationnelle des jeunes.

    Pour visiter la Sainte Mère

    « Demain, je souhaite aller prier Notre-Dame, afin qu'elle veille sur tout Rome », a déclaré le pape François lors de sa première apparition au balcon. Le lendemain, il irait visiter l'icône de Marie, Salus Populi Romani, à Sainte-Marie-Majeure. Il y retournerait plus de cent fois durant son pontificat, choisissant finalement d'être enterré à côté de l'image. 

    Il est peu probable qu'un pape égale ce record, mais Léon XIV a peut-être contribué à en faire une tradition. Quelques semaines après son élection, Jean-Paul II s'est rendu au sanctuaire marial de Mentorella. Le pape Léon XIV s'est rendu samedi au sanctuaire de la Mère du Bon Conseil, à environ une heure de Rome, un sanctuaire confié aux Pères Augustins, que le Saint-Père fréquente depuis des décennies. 

    Avec Jean-Paul et Léon flanquant le pèlerin marial François, un court pèlerinage vers un sanctuaire marial pourrait bien devenir une tradition pour les papes nouvellement élus. (...)

  • Au-delà des tendances : pourquoi la beauté catholique captive une nouvelle génération

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    De Solène Tadié sur le NCR :

    Au-delà des tendances : pourquoi la beauté catholique captive une nouvelle génération

    ANALYSE : L’esthétique catholique a captivé les croyants et les non-croyants du monde entier, suscitant une admiration renouvelée pour le bien, le vrai et le beau.

    Les cardinaux défilent vers la chapelle Sixtine alors que le conclave pour élire le 266e successeur de saint Pierre, le 267e pape, commence le 7 mai 2025.
    Les cardinaux défilent vers la chapelle Sixtine alors que le conclave pour élire le 266e successeur de saint Pierre, le 267e pape, commence le 7 mai 2025. (photo : Vatican Media / VM)

    Il y a des images qui ne s'effacent pas. Le chant de l'antienne traditionnelle « In Paradisum » flottait au-dessus de la place Saint-Pierre, alors que l'Église confiait l'âme du pape François à la Jérusalem céleste, le 26 avril. 

    Le long cortège des cardinaux vêtus de pourpre suivait en silence, le poids des siècles sur leurs épaules ; la procession solennelle des 133 cardinaux électeurs, défilant lentement de la chapelle Pauline à la chapelle Sixtine, accompagnée de l'hymne antique Veni Creator Spiritus invoquant le Saint-Esprit alors que le conclave était sur le point de commencer, le 7 mai.

    Les cardinaux se réunissent dans la basilique Saint-Pierre pour la messe « Pro Eligendo Romano Pontifice » le 7 mai, jour du début du conclave pour élire le successeur du pape François.
    Les cardinaux se réunissent dans la basilique Saint-Pierre pour la messe « Pro Eligendo Romano Pontifice » le 7 mai. (Photo : Courtney Mares / CNA)

    Puis, suivant l'ordre latin « Extra omnes » (que tout le monde sorte), les grandes portes de bronze de l'emblématique chapelle Sixtine se sont refermées avec gravité, excluant le monde. Tous ces moments ont captivé croyants et non-croyants du monde entier, suscitant une admiration renouvelée pour la beauté inhérente au catholicisme. 

    Antidote à la finitude humaine

    Les publications et les commentaires se sont multipliés sur X et Instagram, rendant hommage au spectacle offert par les traditions ancestrales de l'Église catholique. Un nombre croissant de voix s'exprimaient avec audace. 

    « L'esthétique catholique est belle parce que la religion est vraie », affirmait un compte X – une phrase qui a trouvé un écho au-delà des cercles catholiques habituels. Dans un écosystème en ligne saturé de gratifications immédiates et de modes passagères, l'idée que la beauté puisse signifier une vérité immuable est non seulement rafraîchissante, mais aussi discrètement révolutionnaire.

    Au cœur de cette fascination renouvelée se trouve l'idée que la beauté catholique n'est pas simplement accessoire ou décorative, mais objectivement révélatrice. Ce récent mouvement en ligne n'est pas porté par les autorités ecclésiastiques, mais par des personnalités populaires comme Julia James Davis, créatrice de « War on Beauty », dont la présence sur YouTube, X et Instagram est devenue un point de ralliement pour cette sensibilité. 

    Davis soutient que l'abandon de la beauté par la culture moderne – dans l'architecture, l'art, l'habillement et même les manières – reflète un rejet plus profond de la vérité elle-même. À l'inverse, le catholicisme défend une forme de beauté toujours ordonnée, transcendante et résolument tournée vers l'âme.

    La critique de Davis trouve un écho auprès des jeunes générations, confrontées à un paysage culturel fait de minimalisme stérile et d'utilitarisme agressif. Pour elles, la vue d' autels éclairés à la bougie , de chants grégoriens et d'iconographie sophistiquée est synonyme de transcendance et offre un chemin privilégié vers Dieu.

    Lille Messe 2
    « Je pense que ce qui attire le plus les jeunes, c'est la simplicité de la beauté », a déclaré au Register Joséphine Auberger, étudiante à La Catho et responsable de la communication de l'aumônerie. (Photo : avec l'aimable autorisation de l'Université catholique de Lille)

    D'autres tendances récentes ont confirmé ce phénomène de société, à commencer par l'extraordinaire succès du traditionnel pèlerinage de Paris à Chartres, qui doit refuser des milliers d'inscriptions chaque année. 

    En France, plus de 10 000 adultes – un chiffre record – ont été baptisés à Pâques 2025, soit une augmentation de 45 % par rapport à l’année précédente. Au Royaume-Uni et en Belgique , des hausses similaires sont signalées. Et dans ces trois pays, comme aux États-Unis, les nouveaux convertis les plus fréquents ne sont pas des personnes d’âge moyen ou âgées, mais de jeunes adultes d’une vingtaine d’années. Dans leurs témoignages , la beauté est constamment mentionnée : la beauté de la liturgie, de la musique sacrée, des rites anciens.

    Génie catholique

    Cette intuition — que la beauté parle de vérité — n’est pas nouvelle. 

    Il y a deux siècles, au lendemain de la Révolution française, l'écrivain français François-René de Chateaubriand formulait, dans son chef-d'œuvre Le Génie du christianisme , ce que beaucoup redécouvrent aujourd'hui instinctivement en ligne. À une époque où les Lumières avaient réduit la religion à des principes éthiques, Chateaubriand voyait dans la beauté la forme d'apologétique la plus aboutie pour réaffirmer la réalité de l'Incarnation. La véracité d'une religion, affirme-t-il, se juge à la beauté qu'elle diffuse et à la sophistication de ses dogmes, domaines dans lesquels le christianisme a excellé comme nul autre au fil des siècles. Il faut s'inspirer, insistait-il, non seulement des saints et des théologiens, mais aussi de l'héritage matériel que la foi a produit.

    « Attachés aux traces de la religion chrétienne », écrivait-il à propos des arts, « ils la reconnurent comme leur mère dès son apparition au monde. […] La musique notait ses chants, la peinture représentait ses douleurs, la sculpture rêvait avec elle au bord des tombeaux, et l’architecture construisait pour ses temples des temples aussi sublimes et mystérieux que sa pensée. »

    Livre des Évangiles Chapelle Sixtine 56
    Le livre des Évangiles est exposé à la chapelle Sixtine pour le conclave destiné à élire le prochain pape, le mardi 6 mai 2025. (Photo : Vatican Media)

    Pour Chateaubriand, la beauté n'était pas facultative, mais essentielle. La musique, par exemple, ne servait pas seulement à procurer du plaisir, mais à purifier l'âme et à l'élever vers la vertu. 

    « La plus belle musique », observait-il, « est celle qui imite le plus parfaitement le beau. » Lorsque la religion s’empare de la musique, affirmait-il, elle réunit deux conditions indispensables à l’harmonie : la beauté et le mystère.

    Mais nulle part cela n'est plus frappant qu'en architecture. Pour Chateaubriand, le temple chrétien – surtout dans sa forme gothique – incarnait la présence divine. 

    « C'est pourquoi rien n'est plus religieux que les voûtes de nos anciennes églises gothiques », écrivait-il. « On ne pourrait entrer dans une telle église sans ressentir un frisson de dévotion et un vague sentiment de divinité. »

    Chapelle Sixtine
    La Chapelle Sixtine attend l'arrivée des cardinaux électeurs pour le conclave destiné à élire le prochain pape, le mardi 6 mai 2025. (Photo : Vatican Media)

    Difficile d'imaginer un parallèle plus parfait avec la chapelle Sixtine, où s'est déroulé le récent conclave qui a conduit à l'élection du pape Léon XIV. Lorsque les cardinaux ont défilé sous le Jugement dernier de Michel-Ange , ils ne se trouvaient pas dans une salle de réunion neutre, mais dans un espace animé de revendications théologiques. Ses murs ornés de fresques et son plafond céleste ne sont, en effet, que de simples proclamations de foi.

    Ce que Chateaubriand appelait le lyrisme de la littérature romantique, une nouvelle génération le redécouvre à travers algorithmes, bobines et captures d'écran. Les plateformes ont changé, mais le message reste inchangé : la beauté du catholicisme est la forme extérieure d'une réalité vivante ; elle est l'écho visible d'une vérité trop vaste pour être saisie d'un seul coup.

    Faim culturelle

    Pourtant, de nombreux penseurs de notre époque estiment que le monde postmoderne, celui qui a émergé de la Seconde Guerre mondiale, est confronté à une « crise de beauté » sans précédent et que celle-ci n’épargne pas l’Église catholique. 

    Une relique d'Agnus Dei orne le mur d'une maison.
    Une relique d'Agnus Dei orne le mur de la maison Malloy.

    « Les artistes et écrivains catholiques se sentent isolés et aliénés de leur société et de l'Église. L'Église catholique a perdu son lien traditionnel avec la beauté », affirmait la poétesse Dana Gioia en 2019. L'apologétique postconciliaire, centrée sur la raison, l'éthique et la justice sociale, tendait, selon les observateurs , à marginaliser la beauté, la considérant, au mieux, comme un outil périphérique de la mission évangélisatrice de l'Église et, au pire, comme un vecteur d'orgueil et de cupidité. 

    Hans Urs von Balthasar, l'un des plus grands théologiens catholiques du XXe siècle, a averti dans son livre de 1982 La Gloire du Seigneur : voir la forme , qu'abandonner la beauté signifiait falsifier la foi elle-même. 

    « Nous n’osons plus croire à la beauté », écrit-il, considérant que « la beauté exige pour elle-même au moins autant de courage et de décision que la vérité et la bonté, et elle ne se laissera pas séparer et bannir de ses deux sœurs sans les entraîner avec elle dans un acte de vengeance mystérieuse. » 

    Pour von Balthasar, la beauté n’était pas un luxe mais une nécessité, le rayonnement de la vérité rendu visible.

    La philosophe Simone Weil, attirée par le mystère de l'Église catholique sans jamais y entrer formellement, est arrivée à une conclusion similaire : « Le beau est la preuve expérimentale que l'Incarnation est possible », écrivait-elle. La beauté, pour elle, n'était pas sentimentale, mais métaphysique. C'était le moment où l'âme est transpercée par quelque chose qui la dépasse et reconnaît une présence.

    Corps sang âme divinité de notre Seigneur Jésus Christ.
    La plus grande erreur de la modernité a été de négliger l'Église domestique, écrit Emily Malloy.

    Le renouveau spontané de l'esthétique catholique en ligne – à une époque où les conversions abondent de manière inattendue – est donc particulièrement significatif, d'autant plus qu'il ne résulte pas d'une stratégie ecclésiale, mais d'une soif culturelle populaire. Ces jeunes passionnés, en quête de sens, découvrent, comme Chateaubriand en son temps, que le catholicisme ne se contente pas de posséder la beauté. Il la révèle – parce qu'elle est vraie.

  • Un pontificat sous le signe de Marie

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    De sur Corrispondenza Romana :

    Un pontificat sous le signe de Marie

    Un pontificat sous le signe de Marie

    Le chiffre 8 est un chiffre récurrent le jour de l'élection du nouveau pape : la fumée blanche est arrivée à 18h08 le 8 du mois marial. Le 8 mai marque l'anniversaire de l'apparition en 490 de saint Michel Archange à saint Lorenzo Maiorano, évêque de Siponto, dans la grotte du Gargano ; De là, la dévotion à saint Michel se répandit dans toute l'Europe. L'Archange a indiqué cette grotte comme lieu de culte et ainsi est né le sanctuaire de San Michele Arcangelo, appelé Basilique Céleste, qui se trouve au milieu du centre-ville de Monte Sant'Angelo. Depuis le Moyen Âge, elle est devenue une destination pour un flux ininterrompu de pèlerins.

    Notre-Dame du Saint Rosaire (liée à Notre-Dame de Pompéi et aussi à Notre-Dame de Fatima, dont la fête était célébrée avant-hier, 13 mai) et l'Archange Saint Michel sont d'excellents auspices d'initiation pour le nouveau Pontificat. Le 13 octobre 1884, le pape Léon XIII eut une vision mystique, à la fin de la célébration de la messe, dans laquelle Satan menaçait l'Église ; Immédiatement après, le pape Pecci composa une prière, recommandant qu'elle soit récitée à la fin de chaque messe, ainsi que de l'inclure dans le recueil des exorcismes. En 1886, cette prière, sous forme abrégée, fut insérée avec les Prières léonines , pour être récitée à la fin des messes non chantées ; elle continua à être pratiquée jusqu'au 26 septembre 1964, date à laquelle, avec la réforme liturgique consécutive au Concile Vatican II, l'instruction Inter oecumenici n.48, § j en décréta la suppression. Cependant, dans le Vetus Ordo, la prière à saint Michel Archange continue d'être présente. 

    Le vendredi 9 mai, Léon XIV, au terme de son homélie lors de la première messe sur le trône de saint Pierre, confia à nouveau son mandat pétrinien et missionnaire à la Vierge, affirmant son désir de disparaître pour ne laisser que Jésus-Christ au premier plan : « selon la célèbre expression de saint Ignace d’Antioche (voir Lettre aux Romains, Salut). » Conduit enchaîné dans cette ville, lieu de son sacrifice imminent, il écrivit aux chrétiens présents : « Alors je serai vraiment disciple de Jésus-Christ, lorsque le monde ne verra plus mon corps » (Lettre aux Romains, IV, 1). Il faisait allusion au fait d’être dévoré par les bêtes sauvages dans le cirque – et c’est ce qui est arrivé –, mais ses paroles rappellent, de manière plus générale, un engagement indispensable pour quiconque, dans l’Église, exerce un ministère d’autorité : disparaître pour que le Christ demeure, se faire petit pour qu’il soit connu et glorifié (voir Jn 3, 30), se donner entièrement pour que personne ne manque l’occasion de le connaître. et de l'aimer. Que Dieu m'accorde cette grâce, aujourd'hui et toujours, avec l'aide de la très tendre intercession de Marie, Mère de l'Église .

    En tant que « Fils de Saint Augustin », le Pape Prévost a une dévotion particulière à la Sainte Vierge, patronne de l'Ordre des Augustins et traditionnellement invoquée par les moines sous les titres de Notre-Dame de Grâce, de Consolation, de Bon Conseil et de Perpétuel Secours. N'oublions pas que parmi les Augustins il existe aussi une dévotion particulière pour sainte Monique, saint Ambroise, saint Possidius, saint Alypius et Fulgence de Ruspe ; tandis que parmi les ermites canonisés de saint Augustin sont cités Nicolas de Tolentino, Jean de San Facondo, Thomas de Villanova, sainte Rita de Cascia ; Les figures du bienheureux Simone Fidati et de Mère Teresa Fasce méritent également d'être mentionnées.

    Par surprise, le samedi 10 mai, Léon XIV a visité le sanctuaire de Notre-Dame du Bon Conseil à Genazzano (appelée la « Lorette du Latium »), près de Rome, géré par les Pères Augustins, que le Saint-Père avait déjà visité à plusieurs reprises dans le passé. Au XVe siècle, ce lieu sacré marial devint une destination de pèlerinage car, selon la tradition, une image de la Vierge à l'Enfant Jésus se détacha miraculeusement d'un mur de la cathédrale de Santo Stefano à Scutari, ville albanaise, pendant le siège des Ottomans, pour être placée dans l'actuel sanctuaire de Genazzano. Le 17 mars 1903, le pape Léon XIII l'éleva à la dignité de basilique mineure et aujourd'hui Léon XIV, dévot de cette effigie, alla lui rendre hommage et la prier.

    Le 14 mai 2023, le préfet du Dicastère pour les évêques de l'époque a célébré la messe dominicale pour la visite de la Vierge de San Luca à la ville de Bologne, à l'intérieur de la cathédrale de San Pietro, un événement annuel très attendu par les fidèles. Il s'agit d'une tradition qui voit l'icône de la Vierge de San Luca descendre du Sanctuaire et traverser la ville pendant la semaine de l'Ascension. Le sanctuaire de San Luca, qui se dresse sur le Colle della Guardia, est depuis des siècles un symbole de Bologne : il est relié au centre-ville par une route qui, partant de Porta Saragozza, serpente sur quatre kilomètres à travers un portique de plus de 600 arches, le plus long du monde.

    C'était le 9 décembre 2023 lorsque le cardinal Prevost est entré dans la Sainte Maison de Lorette et la reconstitution historique de la Translation de la Sainte Maison a eu lieu dans la Basilique Pontificale avec la bénédiction du feu sur la place devant le Sanctuaire. Pour l'occasion, les fidèles ont été invités à allumer un cierge à leur fenêtre en récitant un Je vous salue Marie ou les Litanies de Lorette, rejoignant ainsi l'allumage traditionnel des feux de joie dans les campagnes qui, depuis le XVIIe siècle, commémorent la fuite de la Maison de Marie sur la colline de Lorette, arrivée dans la nuit du 9 au 10 décembre 1294 en provenance de Nazareth. Il est à souligner que le sanctuaire de Lorette nous a invités à accompagner le Collège des Cardinaux par la prière pour l'élection du Pape en cette Année Sainte.

    Mais ce n'est pas tout. Dans la neuvaine pour le Sacré Collège des Cardinaux réunis pour le Conclave chargé d'élire le Pontife Romain, que le Cardinal Raymond Leo Burke a invité chacun à réciter, Notre-Dame de Guadalupe est invoquée « pour l'Église en cette période de grande épreuve et de grand danger. Comme vous êtes venu en aide à l'Église de Tepeyac en 1531, nous prions et intercédons pour le Sacré Collège des Cardinaux réunis à Rome pour élire le Successeur de Saint Pierre, Vicaire du Christ, Pasteur de l'Église universelle. En ce moment tumultueux pour l'Église et le monde, suppliez votre divin Fils que les Cardinaux de la Sainte Église Romaine, son Corps mystique, obéissent humblement aux inspirations de l'Esprit Saint. Que, par votre intercession, ils choisissent l'homme le plus digne d'être le Vicaire du Christ sur terre . » 

    Sur la place Saint-Pierre, pendant que la fumée montait sur la cheminée, des fidèles agitaient les drapeaux de Notre-Dame de Guadalupe. Dans le nord du Pérou, où le père Robert Francis Prevost était un évêque missionnaire, qui parcourait également les routes à cheval, il existe une dévotion particulière à Notre-Dame de Guadalupe, une effigie mariale différente de celle mexicaine. Historiquement, la fondation du district de Guadalupe (l'un des cinq districts de la province de Pacasmayo, avec Guadalupe comme capitale) fut l'œuvre, en 1550, du capitaine espagnol Francisco Pérez de Lezcano, qui, lors d'un voyage en Espagne, demanda la possibilité d'obtenir une réitération du culte, suite à son pèlerinage au sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe au Mexique, sur la colline Tepeyac, au nord de Mexico (La Villa de Guadalupe). Les premières célébrations et pèlerinages eurent lieu en 1560. Quelques années plus tard, l'image de Notre-Dame de Guadalupe apportée d'Espagne fut donnée aux Pères Augustins, qui travaillèrent dur pour faire construire un sanctuaire en son honneur. En 1954, cette image de Notre-Dame de Guadalupe fut couronnée par Pie XII et le titre qui lui fut accordé fut celui de patronne des peuples du Nord et reine du Pérou.

    Dimanche 11 également, au Regina Coeli , le Pape, devant 150 000 personnes, s'est adressé à la Vierge, d'abord pour les vocations, invitant les jeunes à ne pas avoir peur d'écouter l'invitation de l'Église et du Christ Seigneur et à la prier, qui « a été toute une réponse à l'appel du Seigneur », afin qu'« elle nous accompagne toujours à la suite de Jésus » et ensuite à confier à la Reine de la Paix son rôle magistral d'intercession « pour nous obtenir le miracle de la paix ».

    Une chose est déjà certaine : dans le vocabulaire de Léon XIV, avec son esprit évangélisateur, une place d'honneur est donnée à Jésus-Christ et à la Mère de Dieu, comme le démontrent ses armoiries papales, qui rappellent celles épiscopales, c'est-à-dire un bouclier divisé en diagonale en deux secteurs : en haut à gauche, sur fond bleu, est représenté un lys blanc, qui symbolise la pureté et la virginité, en référence immédiate à la Vierge. En bas à droite, sur un fond clair, est représenté le logo des Augustins : un cœur transpercé d'une flèche, placé au-dessus d'un livre, qui rappelle la conversion du Père et Docteur de l'Église, « Vulnerasti cor meum verbo tuo » (« Tu as transpercé mon cœur par ta parole »). Sous les symboles se trouve la devise, tirée de l'Exposition sur le Psaume 127 par saint Augustin lui-même, « In Illo Uno unum » (« En Celui qui est Un, nous sommes un »).

  • "Léon XIV, ou la rupture avec la confusion": l'éclairage de Jeanne Smits

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    De Jeanne Smits sur Réinformation TV :

    Habemus papam ! Léon XIV, ou la rupture avec la confusion

    Léon XIV rupture confusion

    La première apparition du pape Léon XIV au balcon de Saint-Pierre, après la proclamation de l’Habemus papam, nous a d’abord convaincu d’une chose, presque surprenante : nous avons un pape ! Le cardinal Robert Prevost s’est coulé dans la fonction – une fonction restaurée – avec une gravité empreinte de bienveillance, habillé comme un pape, parlant comme un pape, et ouvrant son discours par ces mots qui renvoient immédiatement au Christ : « La paix soit avec vous. » Notre Seigneur n’a-t-il pas envoyé ses disciples en mission en leur enjoignant de dire, dans quelque maison qu’ils visitent : « La paix soit sur cette maison » ? Et ce sont les premiers mots que Jésus a prononcés – comme l’a aussitôt rappelé Léon XIV – lui, le Bon Pasteur après sa résurrection.

    Léon XIV a aussi rappelé que « l’humanité a besoin de Lui comme le pont qui lui permet d’être atteinte par Dieu et par son amour ». Lui, le Christ, le Dieu fait homme, est en effet en tant qu’homme « l’unique médiateur » entre Dieu et l’humanité. Il n’y en a pas d’autre. Il n’y a pas d’autre religion qui puisse ainsi relier l’homme à Dieu.

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  • Prions pour notre Pape Léon : que le Seigneur le préserve et le vivifie

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    "Prions pour notre Pape Léon : que le Seigneur le préserve et le vivifie, qu'il soit heureux sur la terre, et qu'il ne soit pas entraîné par l'âme de ses ennemis. Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre Elle."

  • L'archevêque Gänswein à propos du pape Léon XIV : « Ce pape inspire l'espoir, l'espoir, l'espoir »

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    De Tom Colsy sur le Catholic Herald :

    L'archevêque Gänswein à propos du pape Léon XIV : « Ce pape inspire l'espoir, l'espoir, l'espoir »

    13 mai 2025

    L'archevêque Georg Gänswein, ancien préfet de la Maison pontificale, a décrit les résultats du récent conclave papal comme marquant le début d'une nouvelle ère pour l'Église, une ère marquée par la clarté, la stabilité et une rupture décisive avec la confusion du passé.

    Dans une interview accordée au Corriere della Sera, Gänswein a décrit l'élévation du cardinal Robert Prevost comme un moment de « grande et bonne surprise », ajoutant qu'il avait ressenti un sentiment immédiat d'espoir lorsque le nouveau pape est apparu sur le balcon de la basilique Saint-Pierre.

    « Optiquement et acoustiquement, ce pape inspire l’espoir, l’espoir, l’espoir », a déclaré Gänswein, qui a longtemps été l’assistant du pape Benoît XVI.

    « Nous pouvons commencer à compter sur une papauté capable de garantir la stabilité. »

    L'archevêque, qui est nonce apostolique dans les États baltes depuis juin 2024, a parlé chaleureusement du pape Léon XIV, qui, selon lui, saura trouver un équilibre entre les traditions de Benoît XVI et l'approche pastorale du pape François.

    « Si nous combinons les chaussures noires de Bergoglio avec la clarté doctrinale cristalline de Ratzinger », a déclaré Gänswein, « sans rechercher l'originalité à tout prix, je pense que Léon XIV offrira une belle combinaison. » Cela, a-t-il suggéré, pourrait donner à l'Église un sentiment de renouveau sans pour autant abandonner son riche héritage doctrinal.

    L’un des thèmes clés sur lesquels Gänswein est revenu était la nécessité d’une clarté doctrinale à la suite de ce qu’il a décrit comme les années « confuses » sous le pape François.

    Il a déclaré : « Il existe aujourd'hui de fortes tensions dans l'Église et des conflits effrayants à l'extérieur. Je crois qu'une clarification doctrinale est nécessaire dès maintenant. La confusion de ces années doit être surmontée. »

    Dans cette optique, Gänswein considère les structures de l'Église non pas comme un obstacle, mais comme des outils essentiels pour aider le pape à gouverner. « Les institutions de l'Église ne sont pas une lèpre », a-t-il déclaré, soulignant l'importance de s'appuyer sur les structures existantes pour soutenir la papauté.

    Gänswein a également salué la décision de Léon XIV de présenter un texte écrit lors de son discours d'investiture, un petit geste qui, selon lui, témoigne de sérieux et d'un sens aigu de l'orientation. « Quand j'ai vu qu'il tenait un texte écrit à la main, je me suis dit : il a bien commencé », a observé Gänswein. « C'est un homme qui sait où il va. »

    Concernant le parcours de Léon XIV, Gänswein a exprimé sa surprise face à l'élection d'un pape américain, mais a suggéré que la diversité de son expérience – ayant travaillé au Vatican et comme missionnaire au Pérou – lui permettrait de s'adresser à un large public. « Il vient de nombreux horizons, et non d'un seul », a déclaré Gänswein. « Son expérience et sa capacité à parler plusieurs langues font de lui à la fois un pasteur et un gouverneur. »

    Gänswein a également indiqué qu'il s'attendait à ce que le pape s'installe au Palais apostolique, lieu de résidence traditionnelle du pape. « Je crois que Léon XIV ira certainement vivre au Palais apostolique », a-t-il déclaré. « Ce palais est destiné à être la résidence des papes. C'est sa fonction historique. »

    Revenant sur son propre séjour à Rome, Gänswein a réitéré sa conviction que les tensions entre les pontificats de Benoît XVI et de François doivent être apaisées. « La saison de l'arbitraire est révolue », a-t-il déclaré, indiquant que l'Église entre désormais dans une nouvelle phase. Il s'agit, suggère-t-il, d'une phase où la stabilité et la clarté reprendront le dessus.

    Il a également évoqué sa propre transition du Vatican vers les États baltes, confirmant que ses relations avec le pape François s'étaient apaisées depuis sa nomination. « J'ai souffert ces années-là, c'est vrai », a-t-il reconnu, faisant référence à son éviction du Vatican en 2020. « Mais j'ai mis les choses au clair avec François avant ma nomination comme nonce. »

    Gänswein est connu pour ses sympathies conservatrices et traditionalistes au sein de l'Église, notamment pour sa défense des pratiques liturgiques de l'Église. Dans une interview accordée au Tagespost en 2023, il a critiqué les restrictions imposées par le pape François à la messe traditionnelle en latin. Celles-ci, a-t-il révélé , ont « brisé… le cœur de Benoît XVI ».

    « Si l'on pense que depuis des siècles l'ancienne messe a été une source de vie spirituelle et de nourriture pour de nombreuses personnes, y compris de nombreux saints, il est impossible d'imaginer qu'elle n'ait plus rien à offrir », a-t-il remarqué.

    Et n'oublions pas que beaucoup de jeunes – nés bien après le Concile Vatican II et qui ne saisissent pas vraiment tout le drame qui l'entoure –, même s'ils connaissent la nouvelle messe, ont néanmoins trouvé un refuge spirituel, un trésor spirituel dans l'ancienne messe. Être privé de ce trésor… eh bien, je ne peux pas dire que cela me convienne.

    Tourné vers l'avenir, Gänswein s'est dit confiant dans le potentiel du pape Léon XIV pour apaiser les divisions au sein de l'Église et stabiliser sa gouvernance. « Le pape Prévost me donne beaucoup d'espoir », a-t-il conclu. « Je suis convaincu qu'il aura un impact positif au sein de l'Église et dans le monde. C'est un artisan de paix. »

  • Comment évangéliser dans la société du spectacle. Le pape Léon à l’épreuve des médias

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Comment évangéliser dans la société du spectacle. Le pape Léon à l’épreuve des médias

    Léon XIV (sur la photo quand il était missionnaire et évêque au Pérou) a consacré sa première audience publique ce lundi 12 mai aux quelques 5 000 journalistes issus des quatre coins du monde qui ont afflué à Rome pour l’élection du nouveau pape.

    « Paix » et « Vérité » auront été les mots-clés de son discours. Des objectifs susceptibles de coûter la liberté voire la vie à de nombreux journalistes. C’est pour eux que le pape a lancé d’emblée ce vibrant appel :

    « Permettez-moi de réaffirmer aujourd’hui la solidarité de l’Église avec les journalistes emprisonnés pour avoir cherché à rapporter la vérité, et par ces paroles, de demander la libération de ces journalistes emprisonnés. L’Église reconnaît dans ces témoins – je pense à ceux qui racontent la guerre au prix de leur vie – le courage de ceux qui défendent la dignité, la justice et le droit des peuples à être informés, car seuls des peuples informés peuvent faire des choix libres. La souffrance de ces journalistes emprisonnés interpelle la conscience des nations et de la communauté internationale, nous appelant tous à préserver les biens précieux que sont la liberté d’expression et la liberté de la presse ».

    En effet, de la Russie à l’Iran en passant par la Chine, on ne compte plus les journalistes jetés en prison. « Nous vivons des temps difficiles », a dit le pape Léon. Mais la communication et le journalisme ne peuvent exister en-dehors du temps et de l’histoire. « Comme nous le rappelle saint Augustin, qui disait : ‘Vivons bien, et les temps seront bons. Nous sommes les temps’ ».

    Ce n’est pas la première fois que l’augustinien Robert F. Prevost aborde la question des médias. Le 11 octobre 2012, son intervention au Synode convoqué par Benoît XVI sur « La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne » portait déjà sur ce même thème.

    La salle de presse du Saint-Siège et « L’Osservatore Romano », comme de rigueur à l’époque, publiaient chaque jour un résumé de chaque intervention. Et ils ont donc fait de même pour celle de celui qui était à l’époque prieur général de l’Ordre de Saint-Augustin.

    Mais en lisant le texte intégral de son intervention, on est étonné par la clairvoyance de son diagnostic des biais médiatiques de la société actuelle, mais plus encore par ses références aux Pères de l’Église – d’Augustin à Ambroise en passant par Léon le Grand et Grégoire de Nysse – en tant que maîtres reconnus dans l’art de comprendre les enjeux communicationnels de leur époque et donc dans la compréhension de la manière d’évangéliser au mieux la société du Bas-Empire.

    Cette intervention de Prevost au Synode de 2012 a été conservée par ses soins dans deux vidéos enregistrées à l’époque par « Catholic News Service », l’agence de presse de la Conférence épiscopale des États-Unis.

    Et c’est à nouveau « Catholic News Service » qui, après l’élection de Prevost comme pape, a mis à disposition la même année une interview vidéo limpide d’une demi-heure environ de Francis X. Rocca, toujours sur le sujet des médias et de l’évangélisation.

    On trouvera ci-dessous la traduction de l’intervention de Prevost au Synode de 2012.

    Quant aux trois vidéos, elles sont disponibles sur cette page du blog du professeur Leonardo Lugaresi, éminent spécialiste des Pères de l’Église.

    *

    Les Pères de l’Église et les médias de leur temps. Une leçon pour l’aujourd’hui

    de Robert F. Prevost

    (Intervention au Synode sur l’évangélisation, le 11 octobre 2012)

    Les médias occidentaux sont remarquablement efficaces quand il s’agit d’encourager une certaine solidarité publique pour des croyances et des pratiques contraires à l’Évangile, comme par exemple l’avortement, l’homosexualité et l’euthanasie. Quant à la religion, les médias la tolèrent tout au plus comme quelque chose de ringard ou de bizarre, pourvu qu’elle ne s’oppose pas activement aux positions éthiques que les médias revendiquent pour eux-mêmes.

    Par conséquent, quand des personnes religieuses s’expriment contre ces mêmes positions, les médias mettent la religion sous le feu des projecteurs et la dépeignent comme idéologique et insensible aux besoins soi-disant vitaux des personnes vivant dans le monde actuel.

    Cette sympathie pour les choix de vie antichrétiens encouragée par les médias a été enracinée dans l’opinion publique avec tant de maestria et d’ingéniosité que lorsque des personnes entendent le message chrétien, ce dernier leur semble inévitablement cruel au niveau idéologique et émotionnel, tout le contraire de l’humanisme attribué au point de vue antichrétien.

    Les pasteurs catholiques prêchant contre la légalisation de l’avortement et la requalification du mariage sont décrits comme des personnes idéologisées, dures et insensibles. Pas pour quelque chose qu’ils auraient fait ou dit, mais bien parce que le public confronte leur message avec le ton bienveillant et plein de compassion de l’image, fabriquée par les médias, d’hommes et de femmes enfermés dans des situations de vie moralement compliquées, qui prennent des décisions présentées comme saines et bonnes.

    C’est le cas, par exemple, de la manière dont les familles alternatives, y compris celles formées de couples de même sexe ayant adopté des enfants, sont représentées dans les séries télévisées et dans les films.

    Si la nouvelle évangélisation veut réussir à contrer ce biais médiatique envers la religion et l’éthique, les pasteurs, les prédicateurs, les enseignants et les catéchistes devront être bien mieux informés qu’ils ne le sont sur le contexte de l’évangélisation dans un monde dominé par les médias de masse.

    Les Pères de l’Église ont offert une réponse magistrale aux courants littéraires et rhétoriques non chrétiens et antichrétiens actifs dans l’Empire romain et qui structuraient l’imaginaire religieux et éthique de l’époque.

    Les « Confessions » d’Augustin, avec leur image forte du « cœur inquietum » ont défini la façon dont les chrétiens et les non chrétiens se sont représenté l’aventure de la conversion religieuse en Occident.

    Dans la « Cité de Dieu », saint Augustin s’appuie sur le récit de la rencontre entre Alexandre le Grand et un pirate caricatural pour ironiser sur la légitimité morale présumée de l’empire romain.

    Les Pères de l’Église, dont Jean Chrysostome, Ambroise, Léon le grand et Grégoire de Nysse ne furent pas de grands orateurs parce qu’ils furent de grands prédicateurs : ils furent de grands prédicateurs parce qu’ils furent avant tout de grands orateurs.

    Pour le dire autrement, leur évangélisation a été couronnée de succès en grande partie parce qu’elle comprenait les fondements de la communication sociale adaptés au monde dans lequel ils vivaient. Par conséquence, ils comprenaient en détail les techniques avec lesquelles les centres de pouvoir séculier de ce monde manipulaient l’imaginaire religieux et l’éthique populaire de leur époque.

    En outre, l’Église devrait résister à la tentation de penser pouvoir rivaliser avec les médias de masse modernes en transformant la liturgie sacrée en un spectacle.

    À ce propos, des Pères de l’Église comme Tertullien nous rappellent aujourd’hui que le spectacle visible est le domaine du « saeculum » et que notre mission et celle d’introduire les personnes à la nature du Mystère, comme antidote au spectacle.

    ———

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire L’Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.
    Ainsi que l’index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • Quand le futur Léon XIV consacrait son diocèse à Notre-Dame de Fatima

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    De Walter Sanchez Silva sur CNA :

    Prière de consécration du pape Léon XIV à Notre-Dame de Fátima sharethis sharing button

    Le pape Léon XIV, alors qu'il était évêque de Chiclayo, au Pérou, a offert une prière spéciale de consécration à la Sainte Vierge Marie devant la statue pèlerine de Notre-Dame de Fátima, dont la fête est célébrée par l'Église catholique le 13 mai.

    Le 7 janvier 2019, après avoir demandé un an plus tôt que l'image mariale soit apportée à Chiclayo depuis le sanctuaire de Fátima au Portugal, l'évêque de l'époque, Robert Prevost, a offert une messe spéciale dans la cathédrale Sainte-Marie à laquelle ont assisté un grand nombre de fidèles.

    « Mon souvenir de la consécration de janvier 2019 est que l'évêque [Prevost] a accepté très facilement, par amour pour la Vierge. Je me souviens que nous, prêtres, étions en retraite et que nous lui avons demandé la permission pour recevoir nous aussi l'image et nous consacrer, et il a accepté », a déclaré le père Jorge Millán Cotrina, curé de la paroisse de la Sainte-Famille à Chiclayo, dans une déclaration à ACI Prensa, le partenaire d'information en espagnol de CNA.

    « C'était très émouvant, car ici, à Chiclayo, les gens sont très mariaux. Le nom original de la ville est Notre-Dame des Vallées de Chiclayo, que les Franciscains lui ont donné au XVIe siècle », a-t-il poursuivi.

    « Le pape est dévoué à la Vierge Marie, mais pas sous un titre spécifique, bien qu'il puisse s'agir de la Mère du Bon Conseil , qu'il est récemment allé vénérer en Italie. » Cependant, il a également célébré des messes pour « Notre-Dame de Guadalupe, Notre-Dame de Lourdes et Notre-Dame du Mont Carmel », en raison de la grande dévotion mariale des habitants de Chiclayo.

    Concernant l'élection du cardinal Prevost comme successeur de saint Pierre, Millán a déclaré qu'en voyant l'annonce, il avait ressenti « une émotion immense, indescriptible » et une cause de « grande joie, grande paix et une âme ouverte à l'espoir, car il y a toujours de petites choses qui sont déroutantes, et savoir qu'il sera là nous donne un certain espoir que les choses iront mieux ».

    « Non pas à cause de lui, mais à cause de sa personnalité, à cause de sa docilité aux choses de Dieu, au Saint-Esprit », a-t-il précisé.

    Le prêtre a également commenté que lorsqu'il a entendu le pape Léon XIV mentionner son « diocèse bien-aimé de Chiclayo » depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, « beaucoup d'entre nous ont été émus aux larmes ».

    Ci-dessous se trouve la prière de consécration que le pape Léon XIV a récitée devant la statue pèlerine de Notre-Dame de Fátima lorsqu'il était évêque de Chiclayo :

    « Moi, Robert Francis Prevost Martínez, je fais de ce jour un acte de consécration, de repentance, de pardon et de réparation à Dieu pour toutes les transgressions qui ont eu lieu au Pérou.

    Je le fais devant Dieu et pour ceux qui, hier comme aujourd'hui, ont cherché à anéantir la foi catholique. Je demande pardon, et par cet acte de pardon, nous voulons que cette consécration nous encourage à rechercher au Pérou la conversion et l'unité dont nous avons tant besoin, et qui ne viennent que de Dieu.

    « Par cet acte de repentance, de pardon et de réparation à Dieu, je renouvelle la consécration du Pérou, unie aux diocèses, paroisses, prêtres, diacres, séminaristes, religieux, religieuses et laïcs, au Sacré-Cœur de Jésus et au Cœur Immaculé de Marie.

    « Je désire ainsi consacrer et abandonner à Dieu tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons, et recevoir en retour son amour éternel et sa protection pour chaque personne et chaque famille au Pérou.

    « Et disons ensemble, Je vous salue Marie… »

    Cet article a été initialement publié par ACI Prensa, le partenaire d'information en espagnol de CNA.

  • Homme, prêtre, évêque, pape : qui est Léon XIV et de quel bois se chauffe-t-il ?

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    De Serre Verweij sur le blog "Rorate Caeli" :

    Léon XIV : l'homme, le prêtre et l'évêque. Qui est-il ?
    Une analyse, par RORATE CÆLI


    Qui est-il ?

    10 mai 2025

    Robert François Prévost est devenu le pape Léon XIV. Avant le 8 mai 2025, le nom de Prévost était inconnu de la plupart des gens, mais il est aujourd'hui le pasteur en chef de plus d'un milliard de catholiques. Catholiques orthodoxes et modernistes ont célébré sa victoire, tandis que des sceptiques se sont fait entendre des deux côtés. Cela reflète le fait que Prévost était présenté comme un « candidat de compromis » et soutenu par des prélats influents des deux côtés. Orthodoxes et modernistes semblent penser, ou espérer, que le nouveau pape penche davantage dans leur direction, les fidèles orthodoxes étant particulièrement optimistes après son choix vestimentaire plus traditionnel et sa première messe papale orthodoxe. Donc, pour le dire crûment, la vraie question est : qui s'est fait avoir ?

    Pour bien comprendre notre nouveau pape, il pourrait être utile d’examiner  ses déclarations passées, ses actions et sa carrière générale, en commençant par sa récente ascension à Rome.

    L'ascension fulgurante

    Une poignée d'excellents analystes savaient suivre Prévost et le compter parmi les papabile depuis sa nomination au cardinalat il y a moins de deux ans, peu après sa nomination au poste de préfet du Dicastère des évêques. Avant 2023, presque personne n'avait entendu parler de lui. Puis, François l'a soudainement nommé préfet, en remplacement de Marc Ouellet, en poste depuis sa nomination par le pape Benoît XVI en 2010.

    Ouellet lui-même était à l'origine un « conservateur » modéré et fut l'un des rares prélats à rester longtemps en poste sous François. Malgré ce traitement « généreux », François éroda progressivement son autorité de fait, nommant son propre fidèle, le Brésilien Ilson de Jesus Montanari, comme nouveau secrétaire fin 2013, représentant de François avec une influence démesurée.

    Des sources indiquaient que François souhaitait depuis des années que Montanari devienne le nouveau préfet, mais qu'il refusait ce poste. De ce fait, Prévost n'était pas le premier choix de François, ni peut-être même le deuxième ou le troisième, pour être le nouveau préfet (la rumeur courait que ce serait également le cas pour Fernandez, nouveau préfet du Dicastère de la Doctrine de la Foi), car des sources internes suggéraient que Cupich, et peut-être même McElroy, étaient pressentis pour ce poste.

    Montanari resta secrétaire et la rumeur courait qu'il jouissait d'une influence considérable. De plus, les alliés américains de François continuèrent à contourner le nonce apostolique pour que les États-Unis poussent directement François à promouvoir des évêques radicaux.

    C'est pourquoi il est étrange de voir Prevost accusé d'être responsable de la nomination de McElroy à Washington, alors que ce sont les cardinaux libéraux Cupich et Tobin qui l'avaient ardemment défendue. Si Prevost était un progressiste radical, n'aurait-il pas fait pression pour de telles promotions sans que Cupich ait besoin de rencontrer François ?

    Il semble évident que Prévost a été promu durant la dernière phase du pontificat de François, alors que divers prélats puissants se disputaient l'influence, et qu'il agissait avec modestie et professionnalisme. Alors que François se rétablissait temporairement, après sa sortie de l'hôpital et ne pouvant rencontrer que de temps en temps des prélats comme Prévost, et non Cupich, deux nouveaux archevêques furent nommés aux États-Unis (McKnight et McGovern), tous deux d'orientation conservatrice modérée plutôt que moderniste.

    De même, la persécution de l'évêque français pro-traditionnel Dominique Rey de Fréjus-Toulon fut initiée sous Ouellet et soutenue par lui, et encouragée par certains évêques français hostiles, ainsi que par Parolin. Prévost hérita de ce problème.

    Enfin, le limogeage de Mgr Strickland, qui a débuté par une visite apostolique en juin 2023, est sans doute le seul exemple où Prevost aurait pu jouer un rôle important. Les sources divergent quant à savoir si c'est le pape François qui a ordonné la visite ou Prevost, mais ce dernier n'avait probablement pas le choix, car il était très nouveau à son poste et Strickland critiquait parfois sévèrement le pape François sur Twitter. Strickland lui-même semble satisfait, ou du moins pas mécontent, de l'élection de Prevost.

    Étrange alliance de partisans

    Le pape Léon XIV aurait été élu grâce au soutien massif du bloc conservateur, notamment du cardinal Dolan. Il aurait toutefois rencontré le cardinal Burke en préparation du conclave (un journaliste du Corriere della Sera l'a vu en personne devant l'appartement de Burke). Cependant, cette information est restée relativement secrète. Au départ, la rumeur courait que le cardinal Maradiaga, originaire du Honduras et entaché de scandales, soutenait sa candidature, mais Maradiaga est parti plus tôt que prévu. On prétendait qu'il était contrarié par le  fait que des dizaines de cardinaux nommés par le pape François trahissaient le pape défunt.

    On a ensuite affirmé que Prévost bénéficiait du soutien du moderniste radical Cupich et du conservateur modéré Pierre. Ce curieux mélange de soutiens illustre parfaitement le profil mystérieux dont jouissait Prévost.

    Bien que Pierre ait été considéré comme un anti-traditionaliste ces dernières années, il est en réalité un conservateur qui s'est traditionnellement opposé à la contraception, aux unions civiles pour les homosexuels, à l'engagement du clergé dans la politique de gauche et à la nomination d'évêques libéraux. Il a débuté comme nonce aux États-Unis en 2016 et n'a manifesté aucune hostilité envers le traditionalisme pendant au moins cinq ans. Même après la publication de Traditionis Custodes, il n'a pas été le premier à l'appliquer sévèrement et, fin 2022, il a fini par agir principalement au nom de Rome.

    Pierre et Cupich ont été des adversaires constants, notamment sur la nomination des évêques américains, mais les deux prélats ont soutenu Prevost, peut-être parce qu'il était un ancien collègue avec lequel ils avaient tous deux bien travaillé.

    Vues récentes en tant que préfet

    Durant son mandat de préfet, Prévost a joué la carte de la discrétion et n'a accordé que quelques entretiens, ne permettant qu'une compréhension superficielle de l'homme. Il donnait l'impression d'être favorable à une réforme dans la continuité. Contrairement à Fernandez (préfet de l'ancien Saint-Office), il a clairement travaillé selon les procédures établies et sur la base du consensus, en consultant les autres membres en séance plénière. François avait déjà nommé trois femmes membres du dicastère avant de nommer Prévost préfet. Prévost a quelque peu minimisé leur rôle.

    En ce qui concerne une plus grande implication des laïcs dans la nomination des évêques, il s’est clairement opposé à une véritable démocratisation et a soutenu le rôle traditionnel des nonces, qui se contentaient de consulter les plus fidèles avant de faire des recommandations.

    Son profil de poste pour les évêques a irrité certains ultraconservateurs, car il a clairement essayé de s'adapter au nouveau statu quo sous François, mais il n'a pas nié que les évêques devraient défendre la doctrine, il a simplement souligné que présenter l'amour du Christ était encore plus crucial.

    Nous sommes souvent préoccupés par l'enseignement de la doctrine, par la manière de vivre notre foi, mais nous risquons d'oublier que notre première tâche est d'enseigner ce que signifie connaître Jésus-Christ et de témoigner de notre proximité avec le Seigneur. Cela passe avant tout par la communication de la beauté de la foi, la beauté et la joie de connaître Jésus. Cela signifie que nous la vivons nous-mêmes et que nous partageons cette expérience.

    Il a ouvertement rejeté les appels à l'ordination des femmes diacres et prêtres. Concernant le débat houleux sur l'autorité doctrinale des conférences épiscopales nationales lors de la phase finale du Synode sur la synodalité en 2024, il s'est exprimé avec modération et prudence :

    Chaque conférence épiscopale doit avoir une certaine autorité pour dire : « Comment allons-nous comprendre cette [doctrine] dans la réalité concrète où nous vivons ? » Cela ne signifie pas que les conférences épiscopales vont rejeter l’autorité doctrinale du pape, mais qu’elles vont l’appliquer dans le contexte particulier où elles vivent.

    « La synodalité ne signifie pas que tout d’un coup, il y aura une manière pleinement démocratique, de type assemblée, d’exercer l’autorité dans l’Église. »

    « La primauté de Pierre et des successeurs de Pierre, de l’évêque de Rome, du pape, est quelque chose qui permet à l’Église de continuer à vivre la communion de manière très concrète. »

    « La synodalité peut avoir un grand impact sur notre façon de vivre dans l'Église, mais elle n'enlève rien à ce que nous appelons la primauté. »

    Il a même essayé de dissiper la confusion concernant d'éventuelles propositions plus radicales (qu'il a rejetées), soulignant que le texte original parlait d'une « sorte d'autorité doctrinale » pour les conférences épiscopales plutôt que d'une forme plus absolue d'autorité doctrinale.

    Ironiquement, il n'a pas cité comme exemple les prières belges pour les relations homosexuelles ou les diverses applications d'Amoris Laetitia, mais le refus africain de mettre en œuvre la Fiducia Supplicans (François et Fernandez voulaient tous deux que l'autorité sur le document soit laissée à chaque évêque africain).

    Il a interprété de manière nuancée les enseignements de François sur les migrants et a reconnu les problèmes causés par leur arrivée dans différents pays, tout en souhaitant rechercher une solution humaine.

    On prétend également qu'il aurait soutenu l'idée que François autorise la communion aux divorcés remariés. Cette affirmation semble remonter au rapport du Collège des cardinaux et à une citation d'EWTN, mais elle n'est pas étayée par des citations précises, et il n'est même pas précisé quand ni comment Prévost était censé l'avoir soutenue. En tant qu'évêque du Pérou, il n'est pas connu qu'il ait utilisé Amoris Laetitia pour permettre aux divorcés remariés de recevoir la communion. Lorsqu'il est devenu préfet, la controverse s'était apaisée depuis environ cinq ans.

    Il a également pris la place d'Ouellet en travaillant avec Parolin et Ladaria dans une autre tentative pour tenter d'arrêter le chemin synodal allemand en juillet 2023. Après que Fernandez ait remplacé Ladaria, il semble y avoir eu une brève accalmie dans la lutte avec les évêques allemands, jusqu'au début de 2024, après que Fernandez ait été discrédité en raison de la réaction contre Fiducia Supplicans.

    Enfin, de nombreuses rumeurs, provenant de sources diverses, circulent selon lesquelles il célébrerait souvent la messe traditionnelle, même après Traditionis Custodes . Cette information n'a pas encore été confirmée (si elle provient d'une source totalement fiable, Rorate la communiquera ; il n'y a rien à ce jour ).

    Contexte plus profond

    Originaire de Chicago d'ascendance mixte, notamment italienne, française, espagnole et créole louisianaise, Prevost est devenu augustinien et prêtre au début des années 1980, a obtenu une licence en droit canonique en 1984, puis un doctorat en droit canonique en 1987, est allé comme missionnaire au Pérou, servant comme chancelier de la prélature territoriale de Chulucanas de 1985 à 1986, puis a quitté le Pérou pour servir comme directeur des vocations et directeur des missions de la province augustinienne de Notre-Dame du Bon Conseil (Midwest des États-Unis), à Olympia Fields, dans l'Illinois, et finalement il est retourné au Pérou où il a passé plus d'une décennie à la tête du séminaire augustinien de Trujillo, a enseigné le droit canonique au séminaire diocésain, a été préfet des études et a agi comme juge au tribunal ecclésiastique régional.

    De retour aux États-Unis en 1998, il fut élu à la tête des Augustins à deux reprises, de 2001 à 2013. Il participa à un synode à Rome en 2012 sous la présidence du pape Benoît XVI, où il s'exprima avec critique envers les médias modernes laïcs et anticatholiques, et leur promotion de l'avortement, de l'euthanasie et de l'homosexualité. Il critiquait ouvertement le mode de vie homosexuel et les familles dites homosexuelles. La personne la plus proche d'une inspiration intellectuelle spirituelle semble avoir été saint Augustin et le cardinal conservateur Prosper Grech .

    Le pape François l'a nommé évêque de Chiclayo, au Pérou, en 2014 (il avait déjà refusé cette fonction à deux reprises). Il a fait preuve d'une telle efficacité qu'il a fini par être élu vice-président de la Conférence épiscopale péruvienne.

    Informations de Twitter

    Parallèlement, en 2011, il a également créé un compte Twitter qu'il a fini par utiliser avec parcimonie. Il suivait principalement Vaticannews et des chaînes similaires liées au Vatican et aux Augustins. Les deux médias catholiques qu'il suivait étaient Cruxnow et EWTN (en plusieurs langues). Il a également suivi ses deux collègues américains du Dicastère des évêques, Cupich et Tobin, mais aucun autre prélat progressiste (à l'exception sans doute de Scicluna, dont l'importance réside principalement dans la lutte contre les abus).

    Tout au long des années 2011 et 2012, il a publié des messages positifs concernant sa rencontre avec le pape Benoît XVI, l'archevêque Chaput et des questions liées à l'ordre augustinien.

    Même après son élection, le ton de François est resté inchangé en 2013 et 2014. Il a retweeté des messages du cardinal Scola, candidat conservateur finaliste lors du conclave de 2013, ainsi que des propos concernant le pape émérite Benoît XVI, et a publié des articles concernant le cardinal Francis George. Originaire de Chicago, Prevost a rencontré George à plusieurs reprises et s'est montré très proche de lui, notamment lors de sa dernière année. Il a même publié une photo d'anniversaire de George en fauteuil roulant.

    Ses tweets ont montré des préoccupations pro-vie constantes avec un rejet de l'avortement, de l'euthanasie et de la contraception artificielle, y compris le mandat de contraception de l'administration Obama.

    Il a également republié des publications de la Conférence épiscopale péruvienne critiquant l'idéologie du genre et réaffirmant que la famille est composée d'un père, d'une mère et de leurs enfants. Son seul tweet sur la controverse autour d'Amoris Laetitia a été un retweet d'un article du Catholic News Service qui citait le cardinal Schönbörn affirmant qu'Amoris Laetitia avait développé la doctrine de l'Église, sans la modifier. Cette explication a été brièvement populaire parmi les partisans du pape , les modérés et les conservateurs modérés.

    Lorsqu'il publiait des propos pro-migrants ou antiracistes, il s'agissait souvent de prélats conservateurs comme le cardinal DiNardo ou l'archevêque Gomez. Prevost n'a commencé à retweeter des articles de Cupich que fin 2016, et même de manière assez sporadique au début. À l'approche de l'élection présidentielle de 2016, il n'a republié qu'un seul tweet critique à l'égard de Trump, à l'été 2015, et il s'agissait d'un tweet du cardinal Dolan.

    Il a retweeté un message d'EWTN, qui attribuait la défaite électorale d'Hillary Clinton à son ignorance des électeurs pro-vie.

    Et il a également republié un tweet de James Martin, une fois en 2017, lorsqu'il exprimait son soutien aux réfugiés syriens.

    Il a également retweeté un message citant la critique de l'idéologie du genre par le cardinal Muller.

    Le seul changement notable réside dans le fait qu'il a progressivement tweeté davantage sur l'environnement, les migrants et l'aide aux plus démunis, tout en continuant à s'exprimer sur des questions pro-vie et pro-famille. Enfin, il a également appelé à l'abolition de la peine de mort, sans toutefois la qualifier d'inadmissible.

    Évaluation globale

    Globalement, il apparaît clairement orthodoxe sur les questions d'avortement, d'euthanasie, de contraception, de LGBT, de nomination des évêques et d'ordination des femmes, tandis que sa position sur la communion des divorcés remariés et le célibat des prêtres semble difficile à cerner avec certitude. Il semble également adhérer à une conception orthodoxe de la foi, la considérant comme immuable, et les évêques comme de simples serviteurs de celle-ci. Sa position actuelle sur la migration apparaît également plutôt modérée.

    Ses véritables cas tests seront :

    *Traiter des groupes d’étude synodaux et des développements en vue de l’assemblée ecclésiale de 2028.

    *Assurer une réponse pastorale orthodoxe à la polygamie en Afrique.

    *Nouvelles nominations curiales et cardinalices ; l’Église a besoin de sang neuf.

    Le dernier point est particulièrement important : le personnel est une question de politique . Si le nouveau pape parvient à rétablir l’ordre à la Curie, il pourra rétablir l’ordre dans l’Église. S’il dispose de collaborateurs compétents et parvient à mettre fin aux hérésies en Allemagne, la normalité pourra revenir dans l’Église et peut-être alors Traditionis Custodes et Amoris Laetitia seront-elles réinterprétées, réappliquées de manière orthodoxe, ou carrément abrogées.

    Nous pouvons prier et espérer.

  • Le martyre silencieux des chrétiens dans l’Est du Congo

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    Du site de l'ECLJ (Centre européen pour le droit et la justice) :

    Le martyre silencieux des chrétiens dans l’Est du Congo

    12 Mai 2025

    «Je fais partie d’un des pays les plus riches de la planète et pourtant le peuple de mon pays fait partie des plus pauvres du monde.»

    — Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018

    Cette phrase du docteur congolais Mukwege résume à elle seule la tragédie de la République Démocratique du Congo (RDC). Riche en ressources naturelles, ce vaste pays d’Afrique centrale est ravagé depuis des décennies par une violence endémique et une instabilité chronique, particulièrement dans sa région orientale.

    Une terre de richesses ensanglantée par les conflits

    La RDC, affaiblie et gangrenée par la corruption, se montre incapable de protéger sa population. Plus de 200 groupes armés opèrent aujourd’hui sur le territoire. Parmi eux, deux factions se démarquent par leur violence et leur influence : les ADF (Allied Democratic Forces), affiliés à l’État islamique, et le M23 (Mouvement du 23 mars), soutenu par le Rwanda.

    Les origines du conflit sont complexes et profondément enracinées. Héritées des guerres régionales des années 1990, elles mêlent luttes pour le contrôle des ressources, rivalités ethniques et tensions géopolitiques avec les pays voisins. Les conséquences du génocide des Tutsis par les Hutus au Rwanda en 1994 se ressentent encore aujourd’hui.

    Une crise humanitaire et religieuse majeure

    Les exactions commises par ces groupes armés ont causé depuis janvier 2025, la mort d’au moins 7.000 personnes, le déplacement de 700.000 personnes, et des violences sexuelles d’une ampleur dramatique (un enfant en est victime toutes les 30 minutes).

    Loin d’être uniquement politique ou ethnique, cette violence revêt aussi une dimension religieuse. Les chrétiens sont spécifiquement ciblés. En février 2025, les ADF ont décapité 70 chrétiens dans une église protestante de Kasenga (Nord-Kivu). Un massacre atroce dont l’ECLJ s’est saisi pour alerter les institutions internationales.

    Cette réalité a été reconnue officiellement par le Parlement européen dans une résolution adoptée le 3 avril 2025 (2025/2612(RSP)), qui demande la mise en place de sanctions ciblées pour défendre la liberté de religion et la sécurité. Comme le rappelle à juste titre le docteur Mukwege : « Le silence est l’arme des bourreaux. » L’Union européenne ne peut plus se contenter d’observer. L’heure est à l’action.

    L’action de l’ECLJ sur le terrain et dans les institutions internationales

    Face à cette urgence, le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) a pris des mesures concrètes. Nous avons invité Camille et Esther Ntoto, fondateurs de l’ONG congolaise Un Jour Nouveau, à venir témoigner en Europe. Basés à Goma, en plein cœur de la zone de conflit, ils œuvrent à briser le cycle de la violence, de la pauvreté et des inégalités par l’éducation, le développement économique et l’émancipation des femmes.

    Leur témoignage et les données collectées sur le terrain ont permis à l’ECLJ de rédiger une contribution officielle à destination de la Rapporteuse spéciale des Nations unies sur les personnes déplacées internes, en amont de sa mission en RDC prévue du 19 au 30 mai 2025.

    Notre rapport dresse un constat alarmant : près de 7,3 millions de personnes déplacées à l’intérieur de la RDC, des persécutions religieuses documentées, dont des massacres de chrétiens par les ADF, et une explosion des violences sexuelles (en janvier et en février 2025, l’Unicef dit en avoir enregistré plus de 10 000 cas). Une impunité généralisée règne dans le pays. L’ECLJ a également formulé des recommandations concrètes pour renforcer l’aide humanitaire locale et faciliter les enquêtes internationales sur le terrain.

    Poursuivre le plaidoyer en Europe pour les chrétiens congolais

    Après une première mission de sensibilisation aux États-Unis, les époux Ntoto poursuivent leur mobilisation sur le continent européen. Du 14 au 16 mai 2025, l’ECLJ sera à Bruxelles pour rencontrer des responsables politiques, notamment des eurodéputés membres de l’intergroupe « Liberté de religion », ainsi que des membres de la sous-commission des droits de l’homme, mais aussi des officiels du Service européen pour l'action extérieure (le service diplomatique de l'UE).

    L’objectif est clair : faire entendre la voix des victimes congolaises et transformer la récente résolution du Parlement européen en actions concrètes et durables.

    Seigneur, prions pour le peuple congolais. Tu vois les larmes des mères, les cris des enfants, la détresse des familles déplacées. Viens consoler ceux qui pleurent, protéger ceux qui fuient, relever ceux qui tombent. Mets fin à la violence, aux massacres et aux viols. Désarme les bourreaux, fortifie les artisans de paix. Ouvre le cœur des dirigeants politiques. Et que ton Église se lève, ferme et douce, pour être signe d’espérance au cœur du chaos.

    Huet Manaëm

    Pour la défense des Chrétiens persécutés
    Lire le texte complet de la pétition

    22,765 SIGNATURES

  • Léon XIV : un pape face aux défis de notre temps

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    D'Alberto M. Fernandez sur le NCR :

    Le nouveau pape et les 4 cavaliers de la révolution

    COMMENTAIRE : Une Église unie et en paix avec elle-même est puissante et possède des réponses éprouvées et éprouvées à toutes les questions qui seront soulevées par les bouleversements technologiques, sociaux, économiques et politiques déjà en cours.

    Prédire ce que fera ou ne fera pas un nouveau pape est une entreprise illusoire, même si cela n'a pas empêché de nombreuses personnes de lancer leurs critiques virulentes. Certains se sont concentrés sur les spéculations concernant les positions du Souverain Pontife à l'égard du président Donald Trump, tandis que d'autres ont exprimé leur « inquiétude » face aux déclarations passées du pape Léon XIII sur les questions LGBTQ+. 

    Nous sommes plus sûrs si nous nous appuyons sur les propres mots du pape concernant le choix de son nom pontifical : « Il y a plusieurs raisons à cela, mais principalement parce que le pape Léon XIII, dans son encyclique historique Rerum Novarum, a abordé la question sociale dans le contexte de la première grande révolution industrielle. De nos jours, l’Église offre à tous le trésor de sa doctrine sociale en réponse à une nouvelle révolution industrielle et aux développements de l’intelligence artificielle qui posent de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail. »

    Il est bon que notre Pape se concentre sur la prochaine révolution, car elle est imminente et promet d'être encore plus perturbatrice et destructrice que la révolution industrielle qui a conduit le pape Léon XIII à écrire sa célèbre encyclique. On pourrait dire que nous sommes à la veille non pas d'une, mais de quatre révolutions, ou de quatre aspects d'un même bouleversement : la révolution technologique de l'intelligence artificielle, explicitement mentionnée par le Pape , et les révolutions économiques, sociales et politiques qui suivront de près, comme les quatre cavaliers de l'Apocalypse.

    La révolution de l'IA a suscité le plus grand battage médiatique. Certains aspects sont peut-être exagérés, mais les signes avant-coureurs sont là. Une enquête menée en 2024 auprès des directeurs financiers a révélé que « plus de la moitié (61 %) des grandes entreprises prévoient d'utiliser l'IA d'ici un an » pour automatiser le travail humain. Une perturbation massive de l'emploi semble probable, mais elle ne se limitera pas au monde du travail. En 2023, en Belgique, un chatbot (relativement primitif) basé sur l'IA a convaincu un jeune homme, après six semaines de conversation, de se suicider pour la protection de l'environnement. Autre conséquence de la nouvelle révolution technologique : la dégradation du niveau d'éducation et même un déclin de la lecture, en particulier de la « lecture approfondie », qui nourrit l'esprit critique et l'introspection.

    La révolution économique qui en découlera ne sera pas seulement due aux perturbations de l'emploi dues aux nouvelles technologies – phénomène survenu lors de la dernière révolution industrielle – mais à d'autres facteurs. Un endettement massif menace de nombreuses économies, et pas seulement celles des États-Unis et de l'Europe. La dette publique mondiale devrait approcher les 100 % du PIB d'ici cinq ans. L'économie du futur proche promet non seulement d'être criblée de dettes, mais aussi de souffrir d'une pénurie de travailleurs et d'acheteurs, mettant en péril les systèmes de protection sociale et les services publics. Et plutôt que le vieux discours binaire d'un Occident riche exploitant un Sud pauvre, nous sommes confrontés au spectre bien plus déroutant d'un Occident de plus en plus appauvri dans un monde où la mondialisation ne fait plus – si elle l'a jamais fait – l'unanimité et où l'exploitation se fait tous azimuts, tandis que des entreprises chinoises impitoyables remplacent les entreprises occidentales paternalistes.

    La révolution sociale, qui touche également notre société, est liée à la fois à la technologie et à l'économie. Nous sommes non seulement confrontés à une pénurie mondiale de naissances d'une ampleur jamais vue dans l'histoire de l'humanité, mais aussi à une montée de l'euthanasie et de l'eugénisme avec une force jamais vue auparavant. Non seulement les familles seront soumises à une pression intense et sans précédent, mais il en sera de même pour des sujets aussi sacrés que la maternité, l'épanouissement humain et même la nature même de l'être humain. Alors que les anciennes coutumes semblent être balayées, nombreux sont ceux qui aspirent à vivre éternellement, à transcender l'humanité elle-même, écho inquiétant du plus ancien refrain diabolique : « Vous serez comme des dieux ».

    Si la technologie et les changements qui l'accompagnent bouleversent les économies et les sociétés dans les années à venir, les systèmes politiques seront eux aussi contraints d'évoluer vers autre chose. La révolution technologique semble annoncer l'avènement d'une élite managériale encore plus arrogante et retranchée que celle déjà au pouvoir. Les anciennes catégories de « droite » et de « gauche » semblent désespérément désuètes pour la décrire, mais il est fort probable qu'il s'agira d'une élite non chrétienne ou post-chrétienne. Le vieux dogme libéral du progrès et de la prospérité éternels semble presque épuisé . À sa place pourrait apparaître une bureaucratie permanente visant à distraire et à réprimer la dissidence – un populisme de droite et de gauche – à mesure que le fossé entre riches et pauvres se creuse, non pas entre les pays, mais au sein même de ceux-ci.

    Tel est le défi auquel le pape Léon XIV et l'Église universelle seront confrontés dans un avenir proche. L'attention est actuellement trop portée sur l'immédiat – Trump, les migrations ou l'éthique sexuelle, autant de questions d'actualité – plutôt que sur le proche avenir – ces crises massives qui se profilent. À ce propos, Léon XIII, dans Rerum Novarum, donne un guide : « Seule la religion […] peut détruire le mal à sa racine ; chacun doit être persuadé que l'essentiel est de rétablir la morale chrétienne, sans quoi tous les plans et stratagèmes des plus sages resteront de peu d'utilité. »

    Face à un scénario aussi désastreux, nous avons la Bonne Nouvelle du Christ et les paroles d'un nouveau pape qui a évoqué à plusieurs reprises la paix dans ses premières interventions. Pour moi, il s'agissait autant de paix au sein de l'Église et dans les cœurs que de paix mondiale. Car une Église unie et en paix avec elle-même est puissante et possède des réponses éprouvées à toutes les questions que soulèveront ces multiples nouvelles révolutions. C'est une Église qui a déjà converti des païens, réformé des libertins, inspiré les illettrés par sa beauté, qui offre dignité aux opprimés et sens à la vie aux perdus, qui sait que « le mystère est un antidote au spectacle ». Puisse le pape Léon être un pape guerrier – non pas en termes vulgaires ou terrestres – mais en combattant pour les choses durables dans un monde de plus en plus bâti sur des sables mouvants.